LES MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DE L'UKRAINE ET DE LA NORVEGE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
Communiqué de Presse
CD/G/453
LES MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DE L'UKRAINE ET DE LA NORVEGE S'ADRESSENT A LA CONFERENCE DU DESARMEMENT
20000310La Conférence est saisie d'un message d'organisations de femmes dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la femme (8 mars)
La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, des déclarations des Ministres des affaires étrangères de l'Ukraine et de la Norvège.
M. Borys Tarasyuk, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a estimé que le manque de volonté politique de la part des principales puissances mondiales, l'insuffisance de leurs relations de coopération et, en conséquence, les instruments internationaux insuffisants pour assurer le désarmement ont entraîné de nouveaux phénomènes négatifs. Cette situation a permis à certains États de manipuler les divergences entre les puissances nucléaires reconnues pour aller de l'avant dans leurs programmes nucléaires. Les politiciens devraient devenir plus responsables envers leurs populations et moins vulnérables à l'influence du lobby militaire, a-t-il également déclaré. Ils devraient apprendre aussi à sacrifier les intérêts nationaux de leurs États respectifs pour le bien des intérêts universels de l'humanité.
Le Ministre des affaires étrangères de la Norvège, M. Knut Vollebaek, a souhaité que la Conférence soit un forum sur la transparence nucléaire afin que la méfiance le cède à la confiance et à la coopération. Pour garantir des réductions nouvelles et irréversibles dans les arsenaux d'armes nucléaires, il faut des assurances internationales que des matières fissiles permettant de fabriquer des armes ne sont plus produites. Des assurances doivent aussi être fournies que les stocks existants sont adéquatement contrôlés, en vue de parvenir à des réductions effectives.
Dans une déclaration d'adieu, M. Erwin Hofer, Ambassadeur de Suisse, qui est appelé à exercer d'autres fonctions à Berne, constatant l'absence de programme de travail au sein de la Conférence, a souligné que la Conférence reste néanmoins la seule et unique plate-forme de négociations universelles en matière de désarmement. La Conférence est également un lieu de dialogue et de transparence.
Le Pakistan et l'Inde ont également fait des déclarations ce matin, concernant les questions de sécurité dans le Sud asiatique.
Dans le cadre de la célébration, hier, de la Journée internationale de la femme, le Secrétaire général de la Conférence et représentant personnel du Secrétaire général, M. Vladimir Petrovsky, a fait une déclaration au nom des participants au Séminaire annuel de la Journée internationale de la femme, qui a réuni hier des organisations non gouvernementales de femmes sur le thème du rôle des médias pour favoriser une culture de la paix. Les participants ont notamment estimé que l'état d'insécurité au niveau mondial exige un effort plus important de la part des gouvernements pour sortir de l'impasse dans le domaine du désarmement. Des déclarations ont été faites sur ce point par les coordonnateurs des groupes régionaux représentés à la Conférence du désarmement.
Le Président de la Conférence, M. Iftekhar Chowdhury a, lui aussi, salué la contribution des organisations de femmes aux efforts de paix dans le monde. En fin de séance, M. Chowdhury, qui termine la semaine prochaine son mandat de Président de la Conférence, a déclaré qu'il n'avait pas obtenu les résultats escomptés au cours de ses consultations. Il avait proposé la nomination de trois coordonnateurs sur des questions qui recueillaient l'accord d'une grande majorité des membres du Comité, mais le consensus n'a pu être obtenu. Il a par ailleurs annoncé que son pays, le Bangladesh, a ratifié le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires.
À partir de la semaine prochaine, la présidence sera assumée par le Belarus pour une période de quatre semaines.
La prochaine séance plénière de la Conférence aura lieu mardi 14 mars 2000, à 10 heures.
Déclarations dans le cadre de la Journée internationale de la femme (8 mars)
M. VLADIMIR PETROVSKY, Secrétaire général de la Conférence du désarmement et représentant personnel du Secrétaire général, a fait une déclaration au nom des participants au Séminaire annuel de la Journée internationale de la femme, qui s'est déroulé hier et dont le thème était le rôle des médias pour favoriser une culture de la paix. Cette année est en effet l'Année internationale pour une culture de la paix. Le séminaire s'est penché sur la place des acteurs non-gouvernementaux dans les relations internationales en portant une attention particulière au rôle de la presse pour favoriser une culture de paix. L'expérience a montré que la presse pouvait, dans des situations de conflit, alimenter la falsification des problèmes et de l'histoire. Mais elle peut aussi contribuer sensiblement à la paix. Il faut qu'elle assure la promotion de la réconciliation au niveau
local afin que les communautés vivent en paix. À cet égard, les femmes ont démontré leur rôle d'avant-garde partout dans le monde et leur capacité à favoriser la paix grâce à des programmes de désarmement régionaux et la participation dans les négociations de paix et de réconciliation aux niveaux local et national.
L'état d'insécurité au niveau mondial exige un effort plus important de la part des gouvernements pour que 2000 soit l'année de la sortie de l'impasse dans le domaine du désarmement. S'agissant du Traité sur la non-prolifération nucléaire, il serait gravement menacé si les cinq États dotés d'armes nucléaires s'attendent à ce que les 182 États qui l'ont ratifié continuent de s'acquitter de leurs obligations alors qu'eux-mêmes ne s'acquittent pas véritablement des leurs. Les participants au Séminaire estiment décevant que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires n'ait pu encore entrer en vigueur. Le déploiement de systèmes de défense anti-missile balistiques sont également une cause de vive inquiétude.
Enfin, les participants au Séminaire ont exhorté la Conférence du désarmement à assurer une plus grande participation des organisations non gouvernementales.
Au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), M. ANTONIO DE ICAZA (Mexique) a rendu hommage à la communauté des organisations non gouvernementales de femmes et a exprimé sa reconnaissance pour l'intérêt des organisations de femmes aux travaux de la Conférence et pour le soutien qu'elles apportent à ses objectifs. Leurs actions engagées en faveur de la paix et de la sécurité internationales doivent encourager la Conférence à poursuivre ses efforts pour parvenir à un monde libéré de la menace nucléaire. M. de Icaza a adressé ses félicitations aux femmes qui sont membres des délégations et aux femmes du secrétariat.
Au nom du Groupe occidental, MME HENRIETTE HOUBEN-VAN NOTTEN (Pays-Bas) a déclaré que l'absence d'accord au sein de la Conférence du désarmement ne doit pas être interprétée étant la conséquence d'une absence de volonté d'avancer de la part du Groupe occidental, notamment sur la négociation d'un traité d'interdiction de la production de matières fissiles destinées à la fabrication d'armes nucléaires. Le Groupe rend hommage aux femmes pour leur contribution aux luttes en faveur de la paix et de la sécurité internationales. Au nom des femmes de la Conférence du désarmement, Mme Houben-van Notten a souligné que ces femmes se sont réunies hier et elle a suggéré qu'elles adressent l'an prochain un message à la Conférence. La tâche des femmes est rendue d'autant plus difficile qu'elles doivent s'adresser à des hommes, a-t-elle conclu.
Au nom du Groupe des pays de l'Europe orientale, M. VASILI SIDEROV (Russie) a souhaité que les organisations non gouvernementales de femmes continuent de montrer un vif intérêt pour les travaux de la Conférence du désarmement. Il a exprimé ses félicitations à ses collègues femmes, ainsi qu'aux femmes qui travaillent pour le secrétariat.
M. HU XIAODI (Chine) a exprimé ses félicitations à toutes les femmes à l'occasion de la Journée internationale. Il a rappelé que les femmes et les enfants ont toujours été les principales victimes de la guerre. Les femmes souhaitent la paix et la sécurité dans tous les domaines de la vie et c'est pourquoi elles jouent un rôle important dans les efforts de désarmement. Il s'est félicité du renforcement des organisations de femmes oeuvrant pour la paix.
Déclarations dans le cadre du débat général
M. BORYS TARASYUK, Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine, a déclaré que la situation actuelle en matière de sécurité internationale est étroitement liée aux progrès réalisés dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération ou à leur absence. L'Ukraine a fait une contribution importante au processus de désarmement. Le renoncement volontaire à un potentiel nucléaire qui était au troisième rang mondial a entraîné d'importants avantages pour le pays en matière de coopération économique et politique. Malheureusement, ce bon exemple n'a pas été suivi par d'autres États nucléaires ou ayant un potentiel nucléaire. Le progrès dans le désarmement a souvent été la victime de considérations divergentes en matière de sécurité nationale, d'ambitions en matière de politique étrangère, de débats politiques internes ou de confrontation politique entre États voisins.
M. Tarasyuk a estimé que le manque de volonté politique de la part des principales puissances mondiales, l'insuffisance de leurs relations de coopération et, en conséquence, les instruments internationaux insuffisants pour assurer le désarmement ont entraîné, bien malgré elles, de nouveaux phénomènes négatifs. Cette situation a permis à certains États de manipuler les divergences entre les puissances nucléaires reconnues pour aller de l'avant dans leurs programmes nucléaires. La non-accession au Traité sur la non-prolifération nucléaire par les principaux États nucléaires a également favorisé les *ðterroristes nucléaires+ð qui ont trouvé de nouvelles occasions d'accéder à la technologie dans ce domaine. En outre, la lenteur du désarmement mondial a donné à quelques États des arguments concernant l'approche discriminatoire dont ils peuvent être victimes et les ont encouragés à déclarer ouvertement la mise en oeuvre de leurs propres programmes nucléaires. Il est également évident que les réductions d'armes nucléaires ne seront possibles que lorsque leur rôle dans les principes de sécurité nationale des États dotés d'armes nucléaires se sera considérablement réduit. M. Tarasyuk a rappelé que, dans ses efforts pour contribuer à la réduction des arsenaux nucléaires dans le monde, l'Ukraine a participé activement aux efforts de consolidation du régime de non-prolifération et de renforcement de la stabilité dans le Sud asiatique.
En conclusion, M. Tarasyuk a constaté que la Conférence du désarmement est confrontée aux mêmes défis que les aux autres mécanismes internationaux dans ce domaine. C'est pourquoi il faut de nouvelles approches pour devenir plus opérationnels et efficaces. L'Ukraine efforcera de promouvoir le processus de désarmement dans le cadre des Nations Unies. À cet égard, le Ministre ukrainien des affaires étrangères a souligné l'extrême importance de la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies par un élargissement de sa composition, un réexamen de la règle du veto et l'augmentation des pouvoirs des membres non-permanents. Il faudra une réelle volonté politique des principales puissances - les membres permanents du Conseil de sécurité - de rechercher une base commune pour l'avenir de désarmement et pour l'avenir de la sécurité internationale indivisible. Les politiciens devraient devenir plus responsables envers leurs populations et moins vulnérables à l'influence du lobby militaire. Ils devraient apprendre aussi à sacrifier les intérêts nationaux de leurs États respectifs pour le bien des intérêts universels de l=ðhumanité. Il n'y aurait pas de sacrifice si tout le monde oeuvrait de concert pour atteindre des objectifs communs.
M. KNUT VOLLEBAEK, Ministre des affaires étrangères de la Norvège, a estimé que la Conférence du désarmement doit préserver son rôle en tant que principale instance pour le désarmement. La Norvège exprime sa déception devant le manque de progrès sur tant de questions au cours des dernières années. Il est essentiel d'éviter de donner l'impression que la Conférence est marginalisée. La Norvège avait espéré que ses membres uniraient maintenant leurs forces pour assurer le fonctionnement efficace de la Conférence en vue de parvenir à des résultats concrets. Il faudra redoubler d'efforts pour relancer le désarmement et la non-prolifération nucléaires, et inscrire désormais ces efforts dans les priorités de politique étrangère et de sécurité de tous les pays.
M. Vollebaek a estimé que le défi de la prochaine Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire consistera à trouver les moyens de traduire les principes et les objectifs de désarmement et de non-prolifération nucléaire recueillant l'adhésion de tous en actions concrètes. Un autre défi à relever concerne l'élaboration de nouvelles mesures et initiatives ayant l'appui de toutes les parties. Il faut reconnaître que le processus d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire n'a pas fonctionné comme on l=ðaurait souhaité. Ceci d'explique en partie par la réalité de la situation internationale et le désaccord politique fondamental sur de nombreuses questions.
Afin de préserver la crédibilité du Traité sur la non-prolifération nucléaire, il faudra revitaliser le processus d'examen, a estimé M. Vollebaek. Trois éléments pourraient faire partie d'une stratégie de revitalisation : il faut conserver l'intégrité des principes et objectifs de non-prolifération nucléaire et de désarmement adoptés à la Conférence d'examen de 1995; le processus d'examen doit disposer d'un mécanisme susceptible de transformer les principes et objectifs en action en facilitant leur mise en oeuvre; la fréquence des Conférences d'examen devrait être augmentée. Il faudra aussi prendre en compte les questions régionales dans le cadre de la non-prolifération et du désarmement. Pour l'instant, la situation au Moyen-Orient est la seule question régionale examinée dans le cadre du Traité, mais la situation en Asie du Sud est, elle aussi, extrêmement préoccupante. L'Inde et le Pakistan doivent favoriser des mesures de renforcement de la confiance qui pourraient être suivies de consultations sur un régime séparé de contrôle des armements dans la région.
En conclusion, M. Vollebaek a indiqué que la Norvège souhaite que la Conférence soit un forum favorisant la transparence dans le domaine des armes nucléaires afin que la méfiance le cède à la confiance et à la coopération. Dans cet esprit, la Norvège, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie et les Pays-Bas avaient présenté, l'an dernier, une proposition pour établir un comité spécial pour étudier les moyens d'échanger les informations et les points de vue sur les efforts de désarmement nucléaire. Pour assurer des réductions nouvelles et irréversibles dans les arsenaux d'armes nucléaires, il faut des garanties internationales que des matières fissiles permettant de fabriquer des armes ne seront plus produites. Des assurances doivent aussi être fournies que les stocks existants sont adéquatement contrôlés, avec pour objectif des réductions effectives.
M. ERWIN H.HOFER (Suisse), dans un discours d'adieu à la Conférence, a rappelé que, durant son séjour à Genève, la Conférence a réalisé une étape extrêmement importante avec la conclusion de la négociation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. La Suisse a, pour sa part, eu l'occasion de contribuer à la réalisation d'avancées majeures en matière de maîtrise des armements à Genève.
Il faut malheureusement constater qu'une nouvelle négociation à la conférence n'a pas encore débuté. L'absence de programme de travail est nullement dû à un manque d'engagement de la présidence ou des délégations. Il existe, au contraire, une volonté tenace et créative parmi les membres de la Conférence - il a salué à ce titre les efforts de l'ambassadeur Dembri de l'Algérie - mais cette volonté n'a pas suffi jusqu'ici à déclencher des négociations spécifiques. Après avoir largement profité des dividendes de la paix de l'après Guerre froide, la Conférence doit maintenant faire face à de nouvelles constellations stratégiques dont la portée est encore largement sous-estimée. Elles n'ont pas permis jusqu'à présent d'établir le consensus nécessaire au démarrage de la négociation d'un nouveau traité de désarmement. M. Hofer est cependant certain que l'élan du consensus viendra tôt ou tard. Dans l'intervalle, la Conférence reste la seule et unique plate-forme de négociations universelles en matière de désarmement, même si sa composition conserve, et la Suisse le regrette, un caractère restreint. La Conférence est également un lieu de dialogue et de transparence.
M. Hofer a indiqué que son gouvernement lui confie, dans la capitale, la direction des services combinés des Organisations internationales, des Nations Unies et du désarmement. Il s'agira notamment de préparer la votation fédérale sur l'adhésion de la Suisse à l'ONU, qui devrait très probablement intervenir avant la fin de l'année 2002.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a souhaité répondre à des observations faites aujourd'hui concernant les *ðdangers en Asie du Sud+ð. La période actuelle n'est pas bonne pour le désarmement, comme en témoignent de nombreuses déclarations devant la Conférence : il y a eu détérioration dans les relations entre les puissances et notamment en Asie du Sud. Il s'est dit d'accord avec le Ministre des affaires étrangères de la Norvège sur un régime séparé de sécurité pour cette région. Après les explosions de dispositifs nucléaires l'an dernier, lorsque que les armes nucléaires sont devenues une réalité pour la région, le Pakistan a proposé un régime de retenue fondé sur la retenue en matière de vecteurs et d'ogives, modération en matière d'opérations militaires et des efforts pour traiter les problèmes de fond, et en particulier la question au coeur du problème, la situation au Jammu-et-Cachemire.
M. Akram a déploré que le dialogue ait été rompu, qu'une doctrine nucléaire ait été déclarée et que le pays voisin du sien ait augmenté ses dépenses militaires alors que le Pakistan les a réduites. La Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire devrait s'occuper des questions régionales d'une façon plus globale et inclure l'Asie du Sud dans les questions régionales à l'examen. Le Pakistan ne s'oppose pas à un régime séparé de contrôle des armements, mais souligne qu'il faut la participation de toutes les parties concernées.
Le Pakistan lance un appel à la communauté internationale pour qu'elle engage les deux parties à promouvoir la retenue, à rechercher un règlement des problèmes et à raviver