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FEM/1084

BEIJINGE5 DOIT REAFFIRMER LE LIEN ENTRE DIALOGUE POLITIQUE ET NORMES JURIDIQUES POUR LA PROMOTION DE LA FEMME ETABLI IL Y A CINQ ANS

3 mars 2000


Communiqué de Presse
FEM/1084


BEIJING+5 DOIT REAFFIRMER LE LIEN ENTRE DIALOGUE POLITIQUE ET NORMES JURIDIQUES POUR LA PROMOTION DE LA FEMME ETABLI IL Y A CINQ ANS

20000303

La complémentarité entre le Programme d’action, adopté à Beijing en 1995, à l’issue de la quatrième Conférence internationale sur les femmes, et la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes doit être reconnue, ont estimé, cet après-midi, un certain nombre de délégations devant le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée intitulée “Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle”. Le Comité qui achevait son débat général a ainsi entendu la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes souligner que le Programme d’action est en réalité largement fondé sur les droits humains qui sont au cœur de la Convention.

En demandant la ratification universelle de la Convention, la Conférence de Beijing a établi un lien clair entre le dialogue politique et les normes juridiques pour la promotion de la femme, lien qui a été renforcé au cours des cinq dernières. La session extraordinaire, a dit la Présidente du Comité, offre l’occasion de renforcer le lien entre les cadres politiques et juridiques pour la promotion de la femme et de réaffirmer l’importance fondamentale des droits humains de la femme dans la recherche de l’égalité entre les sexes, du développement et de la paix. A l’instar d’autres délégations, la représentante du Ghana a exhorté les Etats qui ont émis des réserves à la Convention à reconsidérer leur position et souhaité que l’occasion de la session extraordinaire soit une célébration de l’entrée en vigueur du Protocole facultatif adopté en octobre dernier.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Indonésie, République de Corée, Viet Nam, îles Salomon (au nom de Fidji, des Iles Marshall, des Etats fédérés de Micronésie, de la République de Nauru, de la Papouasie- Nouvelle-Guinée, de Samoa, du Royaume des Tonga et de Vanuatu), République islamique d’Iran, Equateur, Ghana, Pakistan, Soudan, Kenya et Zimbabwe. La Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes et les représentants du Comité interinstitutions sur les femmes et l’égalité entre les sexes du Comité administratif de coordination (CAC) et du Programme alimentaire mondial (PAM) ont fait une déclaration, ainsi que les représentants du Secrétariat du Commonwealth et de l’Union interparlementaire. Les rapports dont le Comité est saisi ont été présentés par la Directrice de la Division pour la promotion de la femme, Mme Yakin Erturk.

Par ailleurs, le Comité a adopté deux décisions concernant les modalités de participation des ONG à la session extraordinaire et les dispositions relatives à leur accréditation.

Le Comité reprendra ses travaux le lundi 6 mars à 10 heures. Il organisera un débat d’experts suivi d’un dialogue sur le thème “Avenir de l’égalité entre les sexes, du développement et de la paix au-delà de l’an 2000”.

PRÉPARATIFS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE : « LES FEMMES EN L’AN 2000 : EGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIÈCLE »

Fin du débat général

M. ABDULLAH CHOLIL (Indonésie) a estimé que la session extraordinaire de juin devait accorder une attention particulière à l'impact de la mondialisation sur les femmes et à leur vulnérabilité économique et sociale. Si l'on veut que les femmes jouissent de leur droit fondamental à l'égalité au niveau national, il faut assurer que les efforts déployés ne soient pas freinés par les incertitudes liées à la mondialisation de l'économie internationale. Le représentant a jugé essentiel que les agences internationales de développement travaillent en étroite coopération avec les gouvernements pour attaquer les causes profondes de la pauvreté structurelle, des injustices et de la violence fondées sur le sexe, et fournir aux femmes les moyens de les surmonter. Si nous sommes sincères à l'égard des engagements que nous avons pris à Beijing, nous devons assurer que tous les pays disposent des ressources nécessaires pour mettre en œuvre le Programme d'action, a estimé le représentant.

Dans le cadre des préparatifs de la session extraordinaire, l'Indonésie a répondu en juillet 1999 au questionnaire du Secrétaire général. Le document qui a été envoyé comprend un grand nombre des activités mises en œuvre au niveau national. L'Indonésie est déterminée à contribuer de manière constructive au processus d'examen et d'évaluation du suivi de Beijing.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a estimé que la session extraordinaire devrait accorder une attention particulière à la situation déplorable des femmes dans les conflits armés et s’attacher à élaborer des initiatives concrètes pour les protéger. A cet égard, il s’est félicité de l’initiative de la Présidente de la Commission qui propose d’accroître la participation des femmes à la résolution des conflits, au maintien et à la construction de la paix. Selon la République de Corée, il importe en effet d’associer les femmes à tous les niveaux des processus de décision, en particulier en nommant des femmes aux postes d’envoyés ou de représentants spéciaux.

Au regard de la mondialisation et du développement des technologies de l’information et de la communication, le représentant s’est déclaré convaincu que la session extraordinaire devrait fournir l’occasion de prendre des mesures concrètes en vue de faciliter l’accès des femmes à ces nouvelles technologies, et par conséquent, de favoriser leur intégration dans la société tout entière. Il importe également d’accorder une attention particulière aux conséquences dramatiques du VIH/sida sur les femmes et d’élaborer des mesures pour y pallier. En conclusion, il a estimé que cette session de la Commission préparatoire de la session extraordinaire devrait avoir pour objectif d’élaborer un plan succinct, orienté vers l’action, permettant de définir une nouvelle vision de la parité entre les sexes, du développement et de la paix pour l’ensemble de la planète.

Mme TRAN MAI HUONG, Secrétaire permanente du Comité national pour la promotion de la femme du Viet Nam, a déclaré que la réunion intergouvernementale de haut niveau organisée par la Commission économique pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) à Bangkok du 26 au 29 octobre dernier avait été très fructueuse. Le rapport régional sur l'évaluation de la mise en œuvre de la Déclaration de Jakarta et du Programme d'action mondial a été adopté en tant que contribution à la session extraordinaire. La représentante a invité le Comité préparatoire à prendre en considération les efforts régionaux de ce type. Elle a appuyé les recommandations figurant dans le rapport du Secrétaire général sur l'examen et l'évaluation de l'exécution du Programme d'action de Beijing qui est fondé sur les rapports des gouvernements.

Le Viet Nam est préoccupé de ce que nombre des objectifs du Programme d'action n'ont pas encore été atteints. Dans la région de l'Asie-Pacifique, les crises financières et économiques régionales, l'instabilité politique et les maux sociaux ont eu un impact négatif sur la vie des femmes et des enfants. On constate, en outre, la persistance de coutumes rétrogrades et de comportements discriminatoires à l'égard des femmes. Les préoccupations principales sont de redresser rapidement l'économie et de poursuivre les efforts en vue d'un développement durable, de créer davantage d'emplois, de générer des revenus pour les femmes et d'habiliter celles-ci. Ces progrès contribueraient à la stabilité politique, ainsi qu'à minimiser les maux sociaux dont la prostitution, le trafic des femmes et des enfants, et la violence domestique, assurant ainsi la protection des droits et de la dignité des femmes. Le maintien de la paix et de la stabilité politique constituent des conditions préalables à l'égalité entre les sexes et au développement des femmes, a souligné la représentante, en plaidant en faveur de mesures efficaces dans ces domaines. Elle a également préconisé une coordination étroite dans tous les domaines touchant les droits et les intérêts des femmes. Les progrès réalisés jusqu'à présent doivent constituer la base des initiatives futures qui doivent tenir compte des réalités d'aujourd'hui et correspondre aux capacités des pays.

Mme AIDA GONZALEZ MARTINEZ, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, a rappelé que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes avait fêté ses vingt ans le 18 décembre dernier. La Convention a été élaborée parallèlement au développement du cadre politique des Nations Unies pour la promotion de la femme. De la même manière, le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a travaillé à l'unisson avec le processus intergouvernemental pour fixer des objectifs sur la voie de l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes et de la réalisation de l'égalité entre les sexes. Ce processus intergouvernemental a culminé avec la Conférence de Beijing. Le Programme d'action qui a été adopté souligne l'importance fondamentale des droits de l'homme dans la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes et appelle instamment à la ratification universelle de la Convention et au retrait des réserves. Le Programme d'action est, en réalité, largement fondé sur les droits humains qui sont au cœur de la Convention. Le Comité a donc un rôle important à jouer puisqu'il demande aux Etats de faire figurer dans leurs rapports nationaux les mesures qu'ils ont adoptées en vue de la mise en œuvre du Programme d'action. Le Programme d'action demande en outre au Comité de tenir compte de ses objectifs et de ses recommandations lorsqu'il examine les rapports des Etats parties. Depuis la Conférence de Beijing, 65 rapports nationaux ont été examinés, ce qui a permis au Comité de se faire une idée claire et détaillée de la situation des femmes dans le monde, des progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action et des défis qu'il reste à surmonter. En mars 1999, le Comité a soumis au Comité préparatoire un rapport sur les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action, basé sur l'examen des rapports des Etats parties. Dans ce rapport, les progrès significatifs réalisés dans le domaine législatif sont mis en avant, les défis sont identifiés et des recommandations sont formulées en vue d'accélérer la mise en œuvre des engagements de Beijing. La Conférence de Beijing a établi un lien clair entre le dialogue politique et les normes juridiques pour la promotion de la femme, lien qui a été renforcé au cours des cinq dernières années. La session extraordinaire offre l'occasion de réaffirmer l'importance fondamentale des droits humains des femmes et de la mise en œuvre de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes dans la recherche de l'égalité entre les sexes, du développement et de la paix. Elle fournit aussi l'occasion de renforcer le lien entre les cadres politique et juridique pour la promotion de la femme. Dans ce contexte, Mme Gonzalez Martinez a appelé à reconnaître le lien entre le Programme d'action et la Convention, l'importance du mécanisme de contrôle de la Convention et la nécessité de lui donner plein soutien. Elle a souhaité que la Commission établisse une formule de suivi qui permettrait l'analyse périodique et systématique de la mise en œuvre du Programme d'action et des recommandations qui seront adoptées par la session extraordinaire dans les pays et par région.

M. JEREMIAH MANELE (Iles Salomon), prenant la parole au Non de Fidji, des îles Marshall, des Etats fédérés de Micronésie, de la République de Nauru, de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, de Samoa, du Royaume des Tonga et de Vanuatu, au regard des progrès réalisés depuis l’adoption du Programme d'action de Beijing, s’est inquiété des défis posés par les effets néfastes de la mondialisation et des programmes d’ajustement structurel sur les économies vulnérables des petits Etats insulaires. Il s’est toutefois félicité de l’engagement plus actif des gouvernements, des organisations non gouvernementales et des organisations internationales en faveur des petits Etats insulaires et a appelé les donateurs à augmenter les ressources. Il a estimé qu'une meilleure application du Programme d'action de Beijing dépend notamment d’une augmentation de l’Aide publique au développement, de l’adoption par les institutions des Nations Unies d’une approche intégrée et coordonnée et de la désignation d’une institution spécialisée des Nations Unies qui serait chargée de l’application du Programme d'action. Le représentant a demandé instamment à la Commission de soutenir l’appel de son pays en faveur de l’accréditation plus large des organisations non gouvernementales à la session extraordinaire de l’Assemblée générale. En conclusion, il a formé le vœu que les nations, réunies sous les auspices des Nations Unies, entrent dans le nouveau millénaire comme une famille dévouée à l’égalité, au développement et à la paix.

Mme NANCY SPENCE, Secrétariat du Commonwealth, a présenté le Plan d’action actualisé du Commonwealth pour la période 2000-2005. Ce Plan porte sur les 4 domaines prioritaires que sont l’intégration de la perspective sexospécifique par le biais du système de gestion de l’égalité entre les sexes (GMS); l’intégration de cette même perspective dans les budgets nationaux, les politiques macroéconomiques et les processus de mondialisation; la promotion des droits de la femme comme droits de l’homme par l’adoption d’une approche intégrée en matière de violence contre les femmes; et le renforcement de l’égalité entre les sexes dans la participation aux affaires publiques et dans les processus de maintien de la paix, de médiation et de résolutions des conflits.

Mme EKAAS, Comité interinstitutions sur les femmes et l'égalité entre les sexes du Comité administratif de coordination (CAC), a rappelé que le Comité interinstitutions, présidé par Mme Angela King, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, se réunit une fois par an pour discuter des progrès réalisés dans la mise en œuvre et le suivi des mesures décidées par le Conseil économique et social en vue d'intégrer une perspective sexospécifique dans les politiques et programmes du système des Nations Unies et le suivi du plan à moyen terme à l'échelle du système pour la promotion de la femme. Les membres du Comité interinstitutions estiment que les femmes doivent devenir des partenaires égaux des hommes pour décider de l'avenir. Les instruments relatifs aux droits de l'homme et les engagements pris lors des conférences mondiales récentes fournissent le cadre mondial pour la réalisation de l'égalité entre les sexes et la promotion de la condition des femmes et des filles, ainsi que pour assurer la contribution des femmes au processus de développement, a rappelé Mme Ekaas. Les processus d'évaluation aux niveaux mondial, régional et national ont constitué d'excellentes opportunités d'évaluer les progrès, les lacunes et les obstacles. Au cours de cette semaine, plusieurs délégations se sont montrées préoccupées de la lenteur de la mise en œuvre du Programme d'action et ont souligné la nécessité d'un plus grand engagement au plus haut niveau politique et de mesures accélérées à tous les niveaux de gouvernance, y compris le renforcement de partenariats avec la société civile.

Les membres du Comité interinstitutions recommandent à l'attention du Comité préparatoire la déclaration faite, au sein du Comité administratif de coordination par les Directeurs exécutifs des organes de l'ONU sur la mise en œuvre du Programme d'action. Ils réaffirment leur engagement envers les objectifs et les mesures du Programme d'action et leur mise en œuvre. A travers leurs mandats et par le biais des programmes de coopération régionaux et par pays, ils continueront à contribuer aux efforts des Etats Membres et des partenaires de la société civile pour réaliser les objectifs de l'égalité entre les sexes, du développement et de la paix.

M. ROMERO, Union interparlementaire, a lancé un appel au Comité préparatoire pour qu’il n’élabore pas un document qui ne s’adresse qu’aux gouvernements et à la société civile en ignorant ainsi que le Parlement, qui, a-t-il souligné, représente un acteur-clé au niveau des institutions nationales. La participation des parlements est un passage obligé d’une mise en œuvre complète du Programme d’action de Beijing. Le représentant a ensuite attiré l’attention du Comité sur une publication de l’Union interparlementaire, intitulée “La participation des femmes dans la vie politique : une évaluation des changements dans les parlements nationaux, les partis politiques, les gouvernements et dans l’Union interparlementaire, cinq ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.” Il a également annoncé la tenue le 7 juin, pendant la session extraordinaire, d’une réunion sur le thème de la “démocratie par le biais du partenariat entre les hommes et les femmes”. Le représentant a terminé sa déclaration en annonçant la parution, le 6 mars prochain, d’une publication intitulée “Politique, le point de vue des femmes” qui, a-t-il dit, répondra à la question fréquemment posée sur la différence que les femmes peuvent faire dans la vie politique.

Mme ELINA SANA, Programme alimentaire mondial (PAM), s'exprimant au nom de la Directrice exécutive du PAM, Mme Catherine Bertini, a rappelé que la grande majorité des personnes souffrant de malnutrition ou se trouvant en situation d'extrême pauvreté sont les femmes et les enfants. L'expérience montre que l'aide à l'éducation, à la santé et aux programmes de nutrition revêt une importance critique en temps de paix, mais aussi, et même si cela est moins évident, dans les situations de crise. Par exemple, les femmes réfugiées, déplacées ou victimes de catastrophes naturelles continuent d'avoir besoin de ce type d'aide pour survivre et à terme être capables de se prendre en charge. La force du PAM réside dans sa rapidité de réaction. C'est pourquoi, il a mis en place un véritable réseau logistique dans les pays particulièrement vulnérables aux catastrophes naturelles ou qui se trouvent en situation de conflit ou d'urgence. De cette manière, le PAM contribue également aux efforts de renforcement des capacités nationales. Tout récemment encore, dans les cas des inondations qui ravagent le Mozambique, le PAM a utilisé une partie de sa flotte aérienne basée dans la région pour procéder à des largages de nourriture dans les régions inaccessibles et pour sauver les personnes réfugiées dans les arbres ou sur les toits.

Depuis Beijing, le PAM s'est aussi engagé de manière accrue en faveur des femmes dans les situations de conflit armé. Il apporte une aide dans des situations d'urgence complexes, où se mêlent à la fois désastres naturels et destructions humaines. C'est ainsi qu'en 1999, le PAM a apporté une aide alimentaire à plus de 80 millions de personnes, dont près de 80% étaient en situation d'urgence. Ces situations d'urgence ont un lourd effet en termes de sexospécificité puisqu'elles conduisent à une augmentation spectaculaire de femmes se retrouvant chefs de famille. Ce phénomène est une grande source de préoccupation pour le PAM, comme pour les autres institutions du système concernées. C'est pourquoi il reconnaît la nécessité de mettre en œuvre la déclaration de programme du Comité permanent interinstitutions sur les aspects sexospécifiques de l'aide humanitaire. De son côté, le PAM favorise la participation des femmes à la prise de décisions le plus tôt possible, notamment au sein des comités alimentaires, et fait en sorte que les femmes qui reçoivent l'aide aient conscience de leurs droits. Les catastrophes et les situations d'urgence peuvent en effet être propices à des changements dans le rôle des deux sexes qui peuvent perdurer une fois le conflit passé. C'est pourquoi, le PAM espère que la session extraordinaire de l'Assemblée générale accordera une importance particulière à l'autonomisation des femmes et à leur participation à la prise de décisions pour établir une sécurité alimentaire durable. Il plaide aussi fortement en faveur de l'intégration de la perspective sexospécifique chaque fois qu'une stratégie d'aide humanitaire, d'atténuation des désastres et de reconstruction est développée.

Selon Mme PAIMANEH HASTAIE (République islamique d’Iran), la prochaine session extraordinaire de l’Assemblée générale doit fournir l’occasion de renouveler les engagements de Beijing. En vue de partager l’expérience acquise au niveau national, elle a indiqué qu’en République islamique d’Iran, le Centre pour la participation des femmes, qui a constitué un Comité spécial «Beijing+5», publiera prochainement le rapport national sur la promotion de la femme. En outre, le Centre, en collaboration avec des organisations non gouvernementales, a organisé des ateliers sur une base régulière en vue d’évaluer les progrès accomplis et d’identifier les obstacles subsistant depuis Beijing dans le domaine de la promotion de la femme. Ce processus a révélé l’importance des plans d’action nationaux et de la participation de la société civile, ainsi que la nécessité d’accroître les ressources et de les employer de manière novatrice, a-t- elle ajouté. Mme Hastaie a également estimé que la prochaine session extraordinaire devrait fournir l’occasion d’examiner les nouveaux problèmes. A cet égard, elle a attiré l’attention de la Commission sur la nécessité de renforcer le pluralisme et la diversité des cultures et des civilisations afin d’accroître l’universalité des instruments internationaux. Il importe également d’aborder les problèmes sexospécifiques dans le contexte du développement, car les droits de l’homme et ceux des femmes en particulier n’ont de sens que dans un système économique et social juste, a-t-elle déclaré. Il apparaît en outre que la mondialisation, la libéralisation de l’économie et le déclin de l’aide internationale au développement ont eu des conséquences négatives sur la vulnérabilité des femmes dans les pays en développement et qu’il convient de porter une attention particulière au problème de la féminisation de la pauvreté, a-t-elle poursuivi, avant de recommander que l’on s’attache à élaborer des programmes et des politiques en faveur de la famille, notamment dans le cadre des Nations Unies et que l’on adopte une approche historique dans la lutte contre la violence à l’égard des femmes qui doit être complétée par un renforcement des valeurs morales et religieuses des diverses sociétés.

En conclusion, la représentante a souligné que les gouvernements ne peuvent pas créer un environnement favorable à la promotion de la condition de la femme au niveau national s'il n'existe pas un partenariat solide entre les Etats Membres.

Mme LOLA VILLAQUIRAN DE ESPINOSA, Directrice exécutive du Conseil national des femmes de l'Equateur, a souligné l'importante contribution des conférences régionales au processus préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les femmes en l'an 2000. Elle a plus particulièrement évoqué la huitième Conférence régionale de l'Amérique latine et des Caraïbes.

La représentante a décrit les progrès réalisés par l'Equateur en matière de droits des femmes, cinq ans après la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et l'adoption du Programme d'action de Beijing. Elle a indiqué que la Constitution de 1998 garantit les droits fondamentaux des femmes et que son Gouvernement a formulé et exécuté des politiques, programmes et projets s'inspirant des recommandations de Beijing en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes, d'éducation, de travail et d'accès aux ressources. Les mouvements de femmes ont aussi été renforcés et leur participation au processus de prise de décisions accrue. Au cours de cette période, le Gouvernement a bénéficié des enseignements découlant du rapprochement entre les organes étatiques chargés des questions relatives aux femmes et les mouvements de femmes.

Les pays se heurtent à de nombreux obstacles dans la réalisation de l'égalité des sexes, en particulier au phénomène de la pauvreté, qui devient de plus en plus aiguë et se féminise. L'augmentation de la dette extérieure des pays en développement est insoutenable et représente l'un des principaux obstacles à un progrès centré sur l'être humain. Au cours des cinq dernières années, l'Equateur a affronté des processus "incomplets et contradictoires" d'ajustement macroéconomique et de réforme institutionnelle qui ont provoqué des crises successives et une aggravation continue de la situation sociale et politique. Ces crises ont frappé directement et de plein fouet les femmes du pays, mettant ainsi en danger les progrès réalisés dans le domaine de l'égalité entre les sexes.

Mme CHARLOTTE C. ABAKA, Présidente du Conseil national sur les femmes et le développement du Ghana, a fait remarquer qu’il était nécessaire de prendre en considération les accords atteints aux diverses sessions de la Commission de la condition de la femme concernant l’application du programme d’action de Beijing. En outre, elle a recommandé que la session extraordinaire de l’Assemblée générale reconnaisse la complémentarité entre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et le Programme d’action de Beijing. En effet, le Plan d’action mentionne à plusieurs reprises la Convention et l’application effective de ces deux documents permettrait de progresser vers l’égalité entre les femmes et les hommes. Dans ce contexte, le Ghana a exhorté tous les Etats qui ont émis des réserves sur des articles de fond de la Convention d’envisager de reconsidérer leurs positions. Ainsi Mme Abaka a émis le souhait qu’au moment de la session extraordinaire, l’entrée en vigueur du Protocole facultatif pourra être célébrée.

M. JALIL ABBAS (Pakistan) a estimé que le renforcement des aspects institutionnels et organisationnels de l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les politiques économiques et sociales des gouvernements constituait peut être l'un des défis les plus importants pour ce qui est de leur capacité d'accélérer la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. Puisque le processus de mise en œuvre est lié au niveau intergouvernemental, il pourrait être bénéfique pour tous que l'initiative et le rythme de ce processus soient établis par et au sein du Secrétariat de l'ONU et de ses institutions et organes. Le représentant a suggéré, par ailleurs, d'inclure les préoccupations relatives à la parité entre les sexes dans toutes les conférences des Nations Unies. Ainsi, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) a fixé parmi ses priorités l'aspect sexospécifique du commerce international. Pourtant, tous les ministres du commerce n'en ont pas pleinement conscience ou n'ont pas la capacité d'évaluer tous les effets du commerce sur les populations.

Il faut, en outre, absolument établir un lien horizontal entre et au sein de l'assistance extérieure et des conseils fournis aux gouvernements nationaux pour éviter les doubles emplois entre les programmes de pays des différents organes de l'ONU. Une telle coordination est particulièrement importante pour associer les institutions de Bretton Woods. Les programmes de gouvernance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui ont un impact vital dans certains pays de la région Asie-Pacifique pourraient être coordonnés avec les programmes de pays d'autres organes de l'ONU en particulier ceux qui traitent plus particulièrement des questions relatives aux droits des femmes et des enfants, comme le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation internationale du Travail (OIT) et l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). Il faudrait aussi aider les gouvernements nationaux et les ONG à développer des compétences professionnelles et une expertise qui contribueraient à réaliser les changements souhaités en matière d'analyse politique, de planification financière et de procédures institutionnelles et méthodes de travail.

Mme ABU ELGASIM (Soudan) a estimé que cette session du Comité préparatoire constitue une session importante car elle aura un impact certain sur la session extraordinaire de l’Assemblée générale. La représentante a donc souhaité que l’attention requise soit accordée à la nécessité de combler les lacunes dans la mise en œuvre du Programme de se concentrer sur les conflits armés, le manque de ressources, la faiblesse des mécanismes institutionnels, la pauvreté et les effets néfastes de la mondialisation comme causes des retards dans la mise en œuvre du Programme. La représentante a insisté sur la nécessité de traduire les promesses en actes et, par conséquent, de faire en sorte que la déclaration finale de la session extraordinaire contienne une disposition claire appelant à l’intensification de la coopération internationale.

Mme F.R.B. OERI, Commissaire pour les services sociaux du Kenya, a indiqué que le VIH/sida constituait un énorme défi dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing. Le Kenya a récemment déclaré le sida catastrophe nationale et diverses initiatives visant à lutter contre la pandémie ont été lancées. Les aspects sexospécifiques du sida doivent toutefois encore être examinés plus avant en vue de garantir aux femmes et aux jeunes les informations appropriées et des moyens de se protéger. Il est essentiel de répondre aux besoins des femmes infectées et à celles qui s'occupent de malades du sida.

La représentante a souligné, d'autre part, les préoccupations que suscitent les effets négatifs de la mondialisation sur les pays en développement. La mise en œuvre des programmes d'ajustement structurel a eu un impact négatif sur les droits et le bien-être des femmes et des enfants, a-t-elle souligné. Les secteurs sociaux, en particulier ceux de la santé et de l'éducation, ont été sévèrement affectés et, en conséquence, les femmes n'ont pas l'accès qu'elles devraient avoir à ces services vitaux. Non seulement, les progrès réalisés en ce qui concerne l'accès des femmes aux services de santé et d'éducation ont-ils été renversés dans certains pays, mais les femmes et les enfants sont véritablement repoussés dans l'analphabétisme et se voient privés de services essentiels en raison des coupures budgétaires dans le secteur public. Cette préoccupation est partagée par d'autres délégations. Pour mesurer les progrès effectivement réalisés dans la mise en œuvre du Programme d'action, il faut établir des mécanismes de surveillance et d'évaluation. En collaboration avec ses partenaires du développement, le Kenya est en train de développer un tel cadre de surveillance et d'évaluation, a indiqué la représentante. Elle a souhaité, en conclusion, que des engagements précis dans le temps soient pris lors de la session extraordinaire.

M. MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) a indiqué qu’à la suite de la Conférence de Beijing, son pays a pris des mesures pertinentes dont la création de mécanismes nationaux. La priorité a été donnée aux cinq domaines critiques suivant les douze identifiés à Beijing : la santé, l’éducation, la petite fille, la participation à la prise de décisions, la violence contre les femmes, l’emploi et le pouvoir économique des femmes. Pour le représentant, l’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action peut dériver d’une implication plus avant des communautés. Il a terminé en soulignant que les droits de la femme dans son pays continuent d’être bafoués en raison des traditions discriminatoires et des restrictions financières auxquels fait face le Gouvernement. Le représentant a dit espérer qu’à l’occasion de la session extraordinaire, la communauté internationale renouvellera son engagement à mobiliser les ressources nécessaires.

Adoptions de décisions

Le Comité a adopté, sans vote, un texte sur les modalités de participations des ONG à la session extraordinaire (E/CN.6/2000/PC/L.3), par lequel il décide que les représentants des ONG accréditées à la session pourront prendre la parole au Comité plénier. Il décide également que, si le temps le permet, un petit nombre d’ONG dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social pourront prendre la parole lors du début de la session extraordinaire en plénière sous réserve qu’elles choisissent entre elles des ONG porte-parole.

Par un autre texte sur les dispositions concernant l’accréditation d’ONG auprès de la session extraordinaire de l’Assemblée générale (E/CN.6/2000/PC./L.4), adopté également sans vote, le Comité décide que les ONG qui ne sont pas dotées du statut consultatif auprès du Conseil économique et social peuvent participer à la session et qu’elles doivent soumettre leur demande d’accréditation à un comité comprenant des membres du Bureau du Comité préparatoire et du Secrétariat d’ici au 5 avril 2000. Le Comité prie, en outre, les organes pertinents des Nations Unies d’aider les ONG qui ne disposent pas de ressources suffisantes en vue de leur participation à la session.

Documentation

Les rapports dont le Comité est saisi ont été présentés dans notre communiqué FEM/1082.

Bureau

Mme Roselyne Asumwa Odera (Kenya), Présidente; Mmes Asit Bhattacharjee (Inde) et Missako Kaji (Japon), Mme Monica Martinez (Equateur) Vice-Présidentes. Mme Martinez assume également les fonctions de Rapporteur.

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