En cours au Siège de l'ONU

FEM/1083

LE COMITE PREPARATOIRE DE LA SESSION "BEIJINGE5" LANCE LES DERNIERS PREPARATIFS AVANT LE RENDEZ-VOUS DE JUIN PROCHAIN

3 mars 2000


Communiqué de Presse
FEM/1083


LE COMITE PREPARATOIRE DE LA SESSION "BEIJING+5" LANCE LES DERNIERS PREPARATIFS AVANT LE RENDEZ-VOUS DE JUIN PROCHAIN

20000303

La Commission de la condition de la femme, constituée en Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale intitulée "Les femmes en l'an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle" (5-9 juin 2000), a entamé, ce matin, ses travaux, dernière grande occasion pour les délégations de faire connaître leur point de vue sur les mesures qui devront être prises pour assurer la mise en oeuvre plus efficace du Programme d'action de Beijing au cours de la première partie de ce siècle. Ouvrant le débat, la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme Louise Fréchette, a rappelé que la promotion de l'égalité entre les femmes et les hommes est la responsabilité de tous. Cette idée a été largement partagée par les délégations et la Ministre de la promotion féminine du Luxembourg a réitéré une proposition déjà avancée par son pays, celle d’organiser une conférence sur « les hommes et le pouvoir ». Nombre de délégations ont d'emblée réaffirmé que les Accords conclus lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes restent pertinents et ne doivent donc pas être renégociés. Ainsi, le représentant du Portugal, qui parlait au nom de l'Union européenne et des pays associés, a-t-il rappelé que l'on dispose des instruments adéquats pour réaliser l'objectif de l'égalité entre les sexes dont la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes pose les normes et principes, et le Programme d'action de Beijing définit les mesures et programmes à mettre en oeuvre à cette fin. Cinq ans après la Conférence de Beijing, le bilan est certes mitigé, a-t-il reconnu, mais l'adoption en octobre dernier du Protocole facultatif à la Convention qui prévoit des mesures de redressement des dispositions de la Convention, et les initiatives qui seront décidées en juin contribueront sans aucun doute à accélérer les progrès en faveur de l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour la représentante de Cuba, l'évaluation de la mise en oeuvre du Programme d'action doit reposer sur une analyse différenciée des progrès et obstacles rencontrés dans les pays du Nord et dans les pays du Sud. Il s'agit avant tout d'identifier les raisons pour lesquelles les performances des pays du Sud ont été relativement faibles. Enumérant ces obstacles, le représentant de l'Algérie, à l'instar d'autres délégations, a imputé cette situation au système économique inique, au fardeau de la dette et à l'impact des programmes d'ajustement structurel. La persistance de la pauvreté et la pandémie de sida ont été cités comme d'autres obstacles aux progrès des femmes.

Soulignant la responsabilité première des pays dans le développement de leur population, y compris des femmes, la représentante des Philippines a préconisé le renforcement des mécanismes nationaux de promotion de la femme. Dans ce contexte, elle a proposé la création d'un fonds spécial qui serait alimenté par des contributions données ou prêtées par les institutions internationales et les donateurs intéressés. Le renforcement de la coopération Sud-Sud peut également venir en appui aux mécanismes nationaux, a-t-elle estimé, en proposant la conclusion d'arrangements ad hoc financés par des contributions volontaires et placés sous l'égide des Nations Unies. Ces arrangements devraient s'inscrire dans le cadre des structures existantes au sein de l'ONU, telles le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) ou les programmes par pays du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Outre le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et la Conseillère spéciale du Secrétaire général pour l'égalité entre les sexes et la promotion de la femme, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Portugal (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Namibie, Côte d'Ivoire, Luxembourg, Danemark, Chine, Cuba, Botswana, Zambie, Swaziland, Thaïlande, Canada (au nom du JUSCANZ), Algérie, Maroc, Venezuela, Etats-Unis (au nom du pays hôte de la session extraordinaire), Philippines et Madagascar.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

PREPARATIFS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLEE GENERALE INTITULEE « LES FEMMES EN L’AN 2000 : EGALITE ENTRE LES SEXES, DEVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIe SIECLE »

Déclarations liminaires

La Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme LOUISE FRECHETTE, a souligné les progrès relativement limités dans la mise en œuvre du Programme d'action depuis la quatrième Conférence mondiale sur les femmes à Beijing en 1995. Ce constat devrait nous pousser à déterminer comment aller plus avant vers l'égalité entre les hommes et les femmes dans le monde entier, a-t-elle dit. La détermination et la volonté politique avec laquelle les Etats abordent la session Beijing + 5 sont encourageantes. Les réunions régionales préparatoires ont permis aux régions de se pencher sur les obstacles qu'elles doivent surmonter pour mettre en œuvre les engagements de Beijing. Mme Fréchette s'est félicitée de ce que ces réunions s'appuient aussi sur les ONG et la société civile qui jouent un rôle important dans le processus de suivi de Beijing. Les défis qui attendent le Comité préparatoire sont doubles : il s'agit à la fois de renforcer les engagements pris à Beijing et de définir des initiatives nouvelles pour la poursuite de la mise en œuvre du Programme d'action.

Nous pouvons et nous devons faire beaucoup plus pour répondre aux attentes des populations et relever les nouveaux défis apparus depuis Beijing, a souligné la Vice-Secrétaire générale. Les préoccupations relatives à l'égalité entre les sexes doivent s'intégrer dans tous les domaines de discussions. Toutes nos mesures doivent tenir compte à la fois des hommes et des femmes, et porter sur tous les secteurs. Dans ce contexte, Mme Fréchette a souligné également l'importance de la session extraordinaire de suivi du Sommet de Copenhague sur le développement social et la tenue, en avril prochain, du dixième Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime et le traitement des délinquants. Elle a rappelé qu'en juillet, le Conseil économique et social examinerait, comme chaque année, le suivi intégré des grandes conférences des Nations Unies. Il s’agit de défendre l'égalité entre les sexes dans tous les domaines. Il ne faut jamais oublier que c'est notre responsabilité à tous d'assurer l'égalité entre les hommes et les femmes, a-t-elle insisté. Qu'il s'agisse de l'élimination des lois discriminatoires à l'égard des femmes, de l'augmentation du nombre de femmes dans la vie publique, du renforcement de leur participation aux prises de décision, ou de l'établissement de programmes visant à renforcer l'indépendance économique des femmes, nous devons prendre des mesures pour aller de l'avant. Le but est de créer une différence réelle pour les femmes et les filles dans le monde entier afin de leur permettre de jouir de la dignité et de l'égalité qu'elles méritent. La Vice-Secrétaire générale a assuré les délégations de son appui et s'est déclarée convaincue du succès de leurs travaux.

Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. NITIN DESAI, a estimé qu’à bien des égards le titre de la session extraordinaire, “Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle”, revêt un caractère prospectif. Il serait aussi utile, a-t-il encore estimé, de voir ce qu’il convient de faire dans le contexte des résultats déjà enregistrés. L’histoire moderne de la promotion de la femme, a rappelé M. Desai, remonte déjà à 150 ans voire plus, histoire à laquelle ont pris part de nombreuses personnalités masculines et féminines. Depuis plus de 50 ans, les Nations Unies ont pris le relais et contribué à des progrès remarquables qui viennent d’aboutir à l’adoption d’un Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Au cours de cette dernière décennie, a souligné M. Desai, on a pu constater l’émergence d’une conviction sur la nécessité d’impliquer davantage les hommes en matière de sexospécificité. C’est la raison pour laquelle on parle aujourd’hui d’”intégration de la dimension sexospécifique dans tous les programmes et plans des Nations Unies”. Cette intégration exige que la démarche soucieuse d’égalité entre les sexes soit véritablement intégrée dans tous les aspects des activités du système de l’ONU. Le défi est donc d’assurer une coordination entre les entités qui s’occupent de la promotion de la femme et les autres entités s’occupant d’économie, de finances, du social ou d’environnement, matières où hommes et femmes doivent travailler ensemble pour y intégrer la dimension sexospécifique. M. Nitin Desai a donc dit attendre avec impatience la contribution du Comité préparatoire à cette nécessaire coordination. Il a, à cet égard, attiré l’attention du Comité sur les réflexions menées, en la matière, par les ONG.

La Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Sous-Secrétaire générale, Mme ANGELA KING, a estimé que la plus grande révolution sociale pacifique du XXe siècle avait sans doute été l'émancipation de la femme. La Conférence de Beijing a été un jalon important sur la voie du succès de la promotion de la femme et en ce qui concerne l'adoption de stratégies concrètes à cette fin. La session « Beijing+5 » sera l'occasion de comparer les expériences, d'identifier les obstacles et de prendre de nouvelles mesures pour aller de l'avant. Tous les acteurs concernés doivent participer à ce processus. Les femmes dans le monde entier nous surveillent et attendent des stratégies concrètes fondées sur le Programme d'action de Beijing qui nous rapprocherons de l'objectif de l'égalité entre les hommes et les femmes, a souligné Mme King. Des progrès ont été réalisés depuis Beijing, comme en témoignent les rapports nationaux et les réponses au questionnaire du Secrétaire général. Ces progrès sont encourageants. Mais, il n'en reste pas moins qu'il faut se montrer lucide dans l'évaluation du Programme d'action car aucun pays ne connaît une égalité de facto entre les hommes et les femmes. Certains pays ont même connu des reculs, résultant de causes multiples.

Evoquant les défis à relever, Mme King a parlé de l'interdépendance accrue dans le cadre de la mondialisation qui a été citée par de nombreux pays comme l'un des facteurs les plus importants de changement depuis Beijing. La mondialisation influe sur le développement durable de l'homme et de la femme et sur les relations entre les sexes puisqu'elle crée des effets différents sur les individus, permettant à certains de prospérer mais affectant négativement d'autres. La mondialisation est cependant une tendance inévitable qui ne fera que s'accentuer. Il faut donc la considérer comme un défi et trouver les moyens d'en gérer le processus pour que tous les peuples et tous les individus puissent en bénéficier. Nous avons la responsabilité de faire en sorte que les femmes et les filles ne soient pas marginalisées. Parmi les autres défis à relever, Mme King a cité notamment l'accès inégal à l'information et aux technologies de la communication, la pauvreté croissante des femmes dans les zones rurales et dans les villes, les conflits armés, les mouvements de population, les stéréotypes et les pratiques nuisibles aux femmes, ainsi que la pandémie de sida. Le nouveau rôle des femmes dans l'établissement et le maintien de la paix, ainsi que les incidences des catastrophes naturelles, doivent également être pris en compte. La session extraordinaire nous offre l'occasion de décider de mesures concrètes pour relever tous ces défis. Le résultat de cette session établira le programme pour l'avancement des femmes au cours de la première partie de ce nouveau siècle. C'est sur la base de ces résultats que la société civile encouragera les gouvernements et l'ONU à mettre en œuvre des programmes en faveur de la promotion des femmes. Il faut donc établir des stratégies claires et concrètes, créer des partenariats entre les pays, entre les gouvernements et l'ONU, avec la société civile, et entre les hommes et les femmes. C'est pourquoi, il est important de permettre l'accès de tous les intéressés au processus « Beijing+5 », a déclaré Mme King.

Débat général

M. ANTONIO COSTA LOBO (Portugal), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a estimé que le principal objectif de la session extraordinaire de l’Assemblée générale doit être de réaffirmer la volonté et l’engagement de la communauté internationale envers le Programme d’action de Beijing et d’en accélérer la mise en œuvre. Ce faisant, l’Union européenne souligne que ce Programme d’action doit demeurer la base de l’action pour la promotion de la femme, n’est pas renégociable et doit guider le cours des progrès futurs. Pour l’Union européenne, l’engagement de traduire les droits en actes concrets doit être la priorité. L’Union européenne appuie l’élaboration d’un deuxième document final qui soit véritablement tourné vers l’action et qui aille au-delà d’une description des inégalités existantes. A cet égard, il est impératif de faire un engagement politique clair en faveur de l’égalité entre les sexes, de la promotion de la femme comme objectif essentiel, de l’implication des hommes dans la poursuite de l’égalité entre les sexes, de l’intégration d’une stratégie en la matière dans toute politique et tout programme; du développement de méthodes d’évaluation des progrès et, d’abord et avant tout, du concept de protection et de promotion des droits de l’homme comme cadre de l’action et des progrès futurs.

Dans ce monde changeant qui conduit à une modification des rôles des hommes et des femmes, des mesures s’imposent pour la promotion et le renforcement de la participation des femmes dans la vie professionnelle et publique comme en faveur de l’augmentation de la participation des hommes aux travaux ménagers et d’une plus grande implication de leur part dans les responsabilités familiales. L’égalité entre les sexes doit être vue comme une question de société dans l’intérêt de tous, hommes et femmes et d’abord et avant tout comme une question de démocratie et de droits de l’homme. Dans ce contexte, les hommes et les femmes, les gouvernements et la société civile, les partenaires sociaux, les ONG, et les institutions internationales, régionales, nationales et locales ont un rôle essentiel à jouer. A cet égard, l’Union européenne se félicite des résultats de la réunion préparatoire de la Commission économique pour l’Europe qui s’est tenue à Genève au mois de janvier dernier. L’Union se félicite surtout de la coopération qui a eu lieu avec la société civile et du rôle extrêmement actif des ONG. Les conclusions concertées de cette réunion ne comporte pas seulement des évaluations des progrès accomplis mais aussi de nouvelles initiatives qui méritent d’être examinées par le Comité préparatoire. Il existe aujourd’hui deux instruments essentiels à la promotion de la femme; la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes – normes et principes- et le Programme d’action de Beijing – actions et programmes-. A cela, a estimé le représentant, il faut ajouter deux nouveaux éléments; le Protocole facultatif à la Convention – mécanismes de redressement – et le document à venir en juin – mesures d’accélération de la mise en œuvre du Programme d’action -.

Mme NETUMBO NANDI-NDAITWAH, Directrice générale du Département des affaires des femmes au bureau du Président, (Namibie), a estimé que la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur “les femmes en l’an 2000: égalité entre les sexes, développement et paix pour le XXIe siècle” devrait prendre en compte les nouvelles questions liées aux mutations et à la dynamique de notre environnement. Le VIH/sida, qui était un problème sanitaire à l’époque de la Conférence de Beijing, est devenu un grave problème économique et social, notamment au niveau familial du fait de la perte de main-d’œuvre qu’il entraîne. Nous devons donc unir nos efforts afin de trouver des solutions à la pandémie de sida, a souligné la représentante.

La représentante a ajouté que l’érosion de la cellule familiale devrait aussi attirer l’attention lors de la session extraordinaire, notamment du fait que les jeunes et les vieillards se retrouvent isolés à une époque de leur vie où ils ont besoin du soutien de leur famille et de leur communauté tout entière. En Afrique, a-t-elle précisé, la famille, outre le père, la mère et les enfants, comprend la famille élargie. L’environnement traditionnel permettait que les jeunes soient guidés et préparés à devenir des membres à part entière de la société, tandis que les personnes âgées y recevaient l’attention qui leur était due en raison de leur contribution passée au fonctionnement de la société. Aujourd’hui, les personnes âgées sont mises à l’écart de la communauté dans laquelle elles vivaient lorsqu’elles étaient en pleine possession de leurs moyens, et sont placées dans des maisons de retraite. En Namibie, le Gouvernement verse une pension à toutes les personnes âgées de 60 ans afin d’encourager les autres citoyens à s’occuper des membres du troisième âge. Il faut mobiliser des ressources aux niveaux national et international afin de mettre en place des projets, en particulier à l’échelle communautaire locale, a préconisé la représentante. A cet égard, elle s’est étonnée du peu d’intérêt manifesté par les contributeurs et les institutions des Nations Unies envers la Foire commerciale et le Forum sur les investissements qui doit se tenir en mai 2000, à l’initiative des femmes d’affaires de la Communauté de développement de l’Afrique australe. Il y a toujours des fonds pour organiser des réunions de haut niveau, a fait remarquer la représentante, mais on manque d’argent et d’intérêt quand il s’agit d’aider des femmes pauvres qui travaillent dur pour améliorer leurs conditions de vie. La délégation de la Namibie est d’avis qu’il faudrait organiser moins de conférences, d’ateliers et de séminaires, et affecter les ressources disponibles au travail communautaire. C’est à ce prix seulement que le Programme d’action de Beijing sera pleinement appliqué, a conclu la délégation.

Mme YAI CONSTANCE (Côte d'Ivoire) a déclaré que cette période de transition, après un changement de régime, fait appel à toutes les bonnes volontés au niveau bilatéral comme multilatéral pour soutenir ses efforts afin que le pays puisse renouer avec le progrès économique et social. Les femmes ivoiriennes sont étroitement associées à cette œuvre de restructuration et sont représentées à tous les niveaux pour faire entendre leurs voix et leurs doléances en vue d'apporter leur contribution à l'élaboration des textes et à la mise sur pied des institutions qui vont régir la Côte d'Ivoire de demain. Dans la sous-région ouest-africaine, la CEDEAO, dans le processus d'intégration économique et sociale des 16 Etats qui la composent, a créé une institution spécialisée, l'AFAO (Association des Femmes de l'Afrique de l'Ouest). Cette structure, présidée par la Côte d'Ivoire, pourrait piloter, si elle est dotée de moyens suffisants, des programmes culturels, socio-économiques et politiques sous-régionaux qui auraient des impacts majeurs sur les femmes de la sous-région.

Au niveau international, il serait souhaitable que les modalités de prêt des bailleurs de fonds soient révisées et que la question de la dette des pays en développement soit réglée, a estimé la représentante. Selon elle, il ne fait aucun doute que la Côte d'Ivoire qui consacre 52% de ses ressources budgétaires au paiement de sa dette extérieure, pourrait dégager des ressources suffisantes pour financer des actions en faveur de la femme si ce fardeau pouvait être réduit de manière significative. Elle a affirmé fonder beaucoup d'espoir dans les travaux de la session extraordinaire qui se tiendra en juin prochain. Le chemin restant à parcourir est certes long et semé d'embûches comme les pesanteurs socioculturelles, les mentalités et le manque de ressources. Les femmes ivoiriennes sont déterminées à s'engager fermement dans la voie du progrès et à relever avec tous les autres acteurs de la cause des femmes ce grand défi.

Mme MARIE-JOSE JACOBS, Ministre de la Promotion féminine de Luxembourg, a déclaré qu'après la Conférence de Beijing, le ministère a tout d'abord élaboré un plan d'action national pour la mise en œuvre du Programme d'action intitulé Plan d'action 2000. Celui-ci stipule l'intégration de la dimension du genre dans toutes les actions politiques à réaliser à court, à moyen et à long termes. Il attribue la charge de la mise en œuvre des 12 points critiques du programme d'action aux ministres ayant dans leurs compétences ces domaines respectifs. Le Comité Interministériel de l'égalité entre femmes et hommes, composé de fonctionnaires des différents départements ministériels, est chargé de la mise en œuvre et du suivi du Plan d'action 2000. Le principe du "mainstreaming" en matière d'égalité de traitement entre femmes et hommes est respecté de manière généralisée dans le Plan d'action national en faveur de l'emploi. La loi du 12 février 1999 portant sur sa mise en œuvre prescrit comme obligation des négociations collectives, l'élaboration d'un plan d'égalité, de même que l'accès à la formation professionnelle continue des personnes en congé sans solde. Cette obligation renforce les actions des délégué(e)s à l'égalité dans les entreprises du secteur privé. Un droit individuel et non transférable de prendre 6 mois de congé parental pour chaque parent élevant un enfant de moins de 5 ans dans son foyer a été introduit par une loi. Le contrat de travail est simplement interrompu, de manière à ce que le salarié ou la salariée retrouve son emploi après l'écoulement du congé parental. Le/la salarié(e) est indemnisé(e) par l'Etat. Ont bénéficié de la mesure depuis le 1er janvier 1999, 1 342 femmes et 90 hommes.

Le Parlement luxembourgeois adoptera sous peu un projet de loi portant sur la lutte contre le harcèlement sexuel sur les lieux de travail. La Ministre a encore déclaré que pour répondre aux besoins des femmes étrangères, elle vient d'instituer au sein du Conseil national pour étrangers une commission spéciale "Femmes". Cette commission a, entre autres, pour mission de faire des propositions au Gouvernement pour améliorer l'intégration sociale et économique de ces femmes. Le Conseil National des Femmes luxembourgeoises a lancé une campagne pour sensibiliser plus de femmes à se porter candidate pour les élections communales. Les candidatures ont augmenté de 50%, le nombre de femmes élues de 5%. En 1999, ce Conseil a instauré avec l'appui du Ministère de la Promotion Féminine un observatoire des élections nationales, européennes et communales. Les données statistiques récoltées par ses soins alimenteront le débat d'orientation sur les femmes dans la prise de décision politique, qui aura lieu le 15 mars au Parlement. Depuis 4 ans, le Luxembourg s'emploie à développer dans l'éducation et dans la formation un nouveau concept pédagogique, à savoir celui de la pédagogie du genre. C'est une approche méthodologique qui part, d'une série de principes, selon lesquels les rapports entre les sexes ne sont pas immuables; les rôles se sont construits dans le cadre d'un processus historique, influencé par des facteurs sociaux; les rôles sont le fruit de notre culture qui donne plus de pouvoir à un sexe qu'à l'autre.

La pédagogie du genre permet aux filles et aux garçons, aux femmes et aux hommes, de développer toutes leurs potentialités. Elle est un outil méthodologique pour arriver à l'égalité des femmes et des hommes. Une dernière action à relever est l'organisation, sous présidence luxembourgeoise, de la conférence des femmes francophones, les 4 et 5 février 2000 à Luxembourg. L'intitulé de la conférence était "Femmes, Pouvoir et Développement".

En conclusion, la Ministre a réitéré la proposition faite par le Luxembourg d'organiser une conférence sur "Les hommes et le pouvoir".

Mme JYTTE ANDERSEN, Ministre de l'égalité entre les sexes du Danemark, a estimé qu'il ne pouvait y avoir de retour en arrière sur les engagements pris à Beijing. Des progrès importants ont été réalisés dans certains domaines, mais sont trop lents dans d'autres secteurs. Il faut donc faire beaucoup plus en faveur de l'égalité entre les sexes. Les femmes et les fillettes continuent de faire l'objet de discriminations tout au long de leur vie. Tous les obstacles existants sur la voie de l'égalité entre les sexes les empêchent d'obtenir des droits et des opportunités égales et sont inacceptables. La volonté politique est essentielle si nous voulons arriver à l'égalité entre les hommes et les femmes, a estimé la Ministre. Il faut trouver de nouvelles méthodes pour parvenir à cet objectif. Les plans établis doivent être suivis d'action concrètes. Des mécanismes institutionnels forts sont essentiels pour assurer le progrès. On manque d'indicateurs de développement et de jalons de mesure. L'évaluation de l'intégration d'une perspective sexospécifique doit être fondée sur les résultats et non sur des plans.

Une grande partie du Programme d'action se concentre exclusivement sur les questions relatives aux femmes. Pourtant, le grand défi est d'impliquer les hommes dans le processus, a poursuivi la Ministre. Elle a engagé les Etats à redéfinir les droits et les responsabilités des femmes et des hommes dans tous les domaines, la famille, le travail et la société en général. A cette fin, il est essentiel de mobiliser les hommes en tant que partenaires et de leur faire réaliser tous les avantages que présente l'égalité entre les sexes. Au Danemark, cela signifie de meilleures conditions de vie pour les familles, des relations plus étroites entre les pères et leurs enfants, le partage des responsabilités du poids économique de la famille et un environnement de travail meilleur pour les deux parties. La participation des hommes à la recherche de l'égalité entre les sexes est valable tant dans les pays développés que dans les pays en développement. En effet, si les femmes sont privées de l'accès aux ressources économiques, leurs possibilités d'améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille s'en trouvent limitées.

Au Danemark, la participation des femmes au marché du travail est aujourd'hui quasiment égale à celle des hommes. Pourtant, les femmes ne jouissent pas encore des mêmes droits et des mêmes opportunités que les hommes, en raison de la persistance de schémas traditionnels dans le système d'éducation, dans les politiques de recrutement et dans la culture sur le lieu de travail. On voit se reproduire les obstacles qui s'opposent à l'égalité entre les sexes. Le Danemark a signé en octobre dernier le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et espère le ratifier avant la session extraordinaire. La Ministre a appelé les autres Etats Membres à faire de même. Dans le monde entier, la société continue d'être fondée sur les valeurs et les normes établies par les hommes. L'égalité entre les sexes est la vision d'une société meilleure dans laquelle les aspirations des deux sexes sont reflétées et des opportunités égales existent à tous les niveaux. Cette vision nous pouvons, ensemble, en faire une réalité, a conclu la Ministre.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a estimé que les documents qui seront soumis à la session extraordinaire doivent être fondés sur l'évaluation de la mise en œuvre du Programme d'action de Beijing, identifier les obstacles majeurs et définir des priorités claires. Ces documents, la déclaration politique en particulier, doivent être concis, précis, pratiques et susceptibles d'être mis en œuvre par tous les gouvernements, la communauté internationale et les organisations non gouvernementales. Les thèmes de l'égalité, du développement et de la paix doivent être mis en avant. L'accent doit aussi être mis sur la coordination, la coopération et la recherche des intérêts communs. Ils doivent contenir des stratégies d'appui efficaces et pratiques en faveur des pays en développement pauvres et désavantagés. La détermination et la volonté des gouvernements, des institutions de l'ONU et de la communauté internationale doivent être démontrées et un appel doit leur être lancé pour que tous s'engagent à matérialiser les promesses prises dans le cadre du Programme d'action et à renforcer leur apport humain, financier et matériel.

Les technologies de l'information et la mondialisation devraient permettre le développement commun et la prospérité de tous, a poursuivi le représentant. Pourtant, le processus de mondialisation accroît l'écart entre les pays développés et les pays en développement, les riches deviennent plus riches et les pauvres plus pauvres, ce qui constitue un obstacle important à la mise en œuvre du Programme d'action. La Chine lance un appel pour que la déclaration politique et le document final de la session extraordinaire reflètent un esprit de coopération internationale et une volonté d'aider les pays en développement en tant que priorité. Les objectifs fixés dans le Programme d'action ne pourront être réalisés sans une réduction de l'écart entre les pays riches et les pays pauvres, l'établissement d'un ordre politique et économique international juste et équitable, la création d'un environnement extérieur favorable et un changement fondamental de la situation désavantageuse des pays en développement, a souligné le représentant.

Mme MERCEDES GARCIA DE ARMAS (Cuba) a estimé qu’il reste encore beaucoup à faire car en raison de motifs divers de nombreux acteurs sociaux dont les nombreuses femmes et filles des pays en développement, n’ont pas bénéficié des bienfaits de la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing. Les Gouvernements ont donc le devoir de donner la priorité à l’évaluation internationale et régionale de cette mise en œuvre. Les ONG, les organismes des Nations Unies et les institutions internationales se joignent à cet effort sans pour autant minimiser la responsabilité des gouvernements ou empiéter sur leurs prérogatives. Cuba souligne, une nouvelle fois, que les mesures stratégiques du Programme d’action sont d’une pertinence absolue. Lors de la session extraordinaire, Cuba estime qu’il ne serait pas juste de définir de nouvelles actions qui demandent des efforts parallèles, des priorités plus ambitieuses, la réaffectation des ressources limitées, et qui ne contribueraient qu’à affaiblir les mesures qui doivent assurer la solution des problèmes identifiés dans le Programme d’action de Beijing. Il est essentiel, au contraire, d’étudier les effets différenciés de la mondialisation néolibérale et des programmes d’ajustement structurel sur les femmes, en comparant la situation des femmes du Nord à celle des femmes du Sud. Seule une analyse différenciée permettra de définir des stratégies précises et pertinentes. Une telle analyse permettra de diriger les actions que doivent prendre les organisations internationales, les institutions financières, les donateurs potentiels. « Beijing+5 » doit aller au-delà de la rhétorique et définir des mesures qui permettront réellement d’avancer dans le domaine de la promotion de la femme.

M. BATSHANI TJIYAPO (Botswana), évoquant les progrès réalisés dans son pays, après la Conférence de Beijing, a rappelé que son Gouvernement a promulgué la Politique nationale sur les femmes et le développement qui consiste en une approche intégrée et multisectorielle. Il a indiqué également qu’en 1999, le Programme national sur la parité entre les hommes et les femmes a été finalisé. Il inclue une Stratégie de mobilisation sociale et des activités de plaidoyer ainsi qu’un Programme d’action à court terme. La même année, le Conseil national pour la femme a été créé. Bien que le Botswana ait déployé des efforts importants pour redresser les inégalités entre les sexes, à travers l’éducation et des ateliers de formation, les attitudes traditionnelles et les barrières culturelles qui sont des facteurs de la marginalisation des femmes, persistent. Nous nous heurtons également, a ajouté le représentant, à des ressources financières limitées pour pouvoir mettre en œuvre efficacement le Programme national sur la parité entre les sexes. Les hommes n’étant pas suffisamment actifs dans les activités d’autonomisation des femmes, il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies permettant de les impliquer davantage dans des programmes relatifs à la santé reproductive et à la lutte contre la violence domestique. Il faut aussi que les femmes soient plus présentes dans le processus de prise de décisions. Le représentant a également évoqué les ravages causés par la pandémie de sida et a plaidé en faveur d’approches multisectorielles et holistiques. Un engagement politique existe, a-t-il expliqué, et il s’est concrétisé par la création d’un Conseil national sur le sida et du poste de Coordonnateur national pour la lutte contre le sida.

M. NKANDU LUO (Zambie) a souligné l’importance de l’assistance internationale en appui aux efforts nationaux avant d’expliquer que les efforts de son pays en matière de promotion de la femme sont confrontés à un “trio d’obstacles” liés entre eux, à savoir, la pauvreté, la dette extérieure et la pandémie du VIH/Sida. En Zambie, a-t-elle expliqué, 70% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté. Les ménages dirigés par des femmes étant les plus touchés; le Gouvernement a reconnu la nécessité de donner la priorité à la réforme des lois sur la propriété terrienne et celles sur l’héritage. S’agissant de l’impact du VIH/Sida, la représentante a expliqué la raison pour laquelle la vulnérabilité des femmes est supérieure à celles des hommes. La situation inférieure des femmes dans le domaine économique, leur faible niveau d’éducation et par conséquent, leur dépendance vis-à-vis de leurs partenaires masculins leur donnent très peu de moyens d’intervenir dans les décisions relatives à la bonne marche du foyer. Ainsi, elles sont confrontées à l’impossibilité d’insister sur l’utilisation du préservatif ou de persuader leur partenaire de s’abstenir de comportements sexuels à risques. Les estimations indiquent que compte tenu de la charge directe des traitements médicaux, les coûts associés au VIH/Sida, en l’absence d’un accroissement de l’aide extérieure, feront chuter le PNB de 9% par rapport aux prévisions. Sans l’aide extérieure, les revenus nationaux de la Zambie pourraient connaître une baisse de 10%.

S’agissant de la dette extérieure, la représentante a rappelé que son pays fait partie des pays pauvres les plus endettés, en ajoutant que compte tenu de l’impact de la question sur le bien-être de la population, son pays est en droit de demander un allègement substantiel de sa dette sinon son annulation pure et simple. La réalité est que les paiements liés au service de la dette dépassent de loin l’aide internationale. Partant, la mise en œuvre du Programme d’action serait largement renforcée si le Gouvernement était en mesure d’aborder les dépenses sociales sans les mettre en balance avec les obligations liées au service de la dette. D’autres éléments sont venus compliquer la mise en œuvre du Programme d’action, a poursuivi la représentante en soulignant les lacunes de l’approche largement répandue des “Femmes dans le développement”, qui, en ce concentrant sur des projets générateurs de revenus, de petites tailles et insuffisamment financés à conduit au maintien des femmes dans les groupes marginalisés de la société. Les microprojets sont utiles mais il faut faire beaucoup plus. La représentante a terminé sur la nécessité d’analyser en profondeur l’impact de la mondialisation sur les économies et en donnant comme solution l’établissement d’un ordre international plus juste et plus équitable.

M. CLIFFORD M. MAMBA (Swaziland) a estimé, au vu des éléments qui continuent à faire obstacle à la réalisation des objectifs de Beijing, qu’il convient de redéfinir une stratégie et de restructurer les programmes afin de tenir compte des nouveaux problèmes. Pour faire face à l’aggravation de la pandémie de sida, une Commission nationale de crise sur le VIH/sida, comprenant des représentants du Gouvernement, des ONG, du secteur privé et de la société civile, a été établie. Le représentant a précisé que 31% des femmes enceintes enregistrées dans les cliniques prénatales au Swaziland sont séropositives et que l’on recense quatre fois plus de filles atteintes du sida que de garçons. Se déclarant encouragé par l’engagement des institutions des Nations Unies dans ce domaine, il a recommandé une meilleure coordination des efforts en vue d’assurer une couverture médicale aux personnes infectées par le virus et vivant avec le sida et de les aider à faire face aux difficultés économiques qui les assaillent, en particulier les orphelins du sida.

Dans le domaine de l’éducation des filles, il a indiqué que son pays fait des efforts particuliers pour intégrer une perspective sexospécifique aux manuels et aux programmes scolaires. En outre, un conseil, établi par la reine mère du Swaziland, s’attache à l’émancipation des femmes, notamment dans le domaine de la santé génésique. En ce qui concerne l’éradication de la pauvreté, il a mentionné la création d’un Fonds de développement des petites et moyennes entreprises qui cible principalement les régions rurales et les entreprises dirigées par des femmes. Le Swaziland s’emploie également à codifier ses lois coutumières afin de fournir une base de discussion qui devrait permettre une réforme en vue de prendre en considération la promotion de la femme.

Mme PRISNA PONGTADSIRIKUL (Thaïlande) a rappelé qu'après la proclamation par les Nations Unies de l'année internationale de la femme en 1975 et de la décennie de la femme en 1976, le Gouvernement thaïlandais a déployé de façon constante des efforts en vue de répondre aux besoins des femmes. Ces efforts, a-t-elle poursuivi, ont conduit à l'élaboration en 1982 d'un plan pour le développement des femmes sur une période de dix ans, à sa révision en 1992 et au plan quinquennal actuellement en vigueur pour le développement des femmes, lequel intègre les éléments du Programme d'action de Beijing. La Constitution thaïlandaise a, par ailleurs, apporté en 1997 une contribution précieuse au renforcement efficace de la protection des droits de la femme en adoptant des mesures palliatives visant à éliminer les pratiques discriminatoires dont sont victimes les femmes. Aux termes de la nouvelle Constitution, la Commission nationale des droits de l'homme sera créée d'ici la fin de ce mois afin d'assurer la promotion et la protection des droits de l'homme, y compris ceux des femmes

S'agissant des douze domaines identifiés par le Programme d'action, la Thaïlande accorde une place prioritaire aux questions liées à l'égalité entre les sexes, à la violence à l'égard des femmes, aux fillettes, aux droits de l'homme de la femme ainsi qu'au trafic des femmes et des enfants. A cet égard, la Thaïlande estime qu'une coopération par-delà les frontières est nécessaire pour mener une lutte efficace contre ce trafic. Par ailleurs, les mass médias devraient intensifier leurs efforts afin d'éliminer les images stéréotypées et négatives qu'ils transmettent des femmes. Malheureusement, a poursuivi la représentante, la crise économique qui afflige la Thaïlande touche en premier lieu les femmes qui travaillent dans le domaine de l'exportation, avec pour conséquence négative de renforcer les préjugés profondément enracinés dans la société sur le rôle des femmes. Parmi les actions et initiatives supplémentaires à réaliser pour parvenir à une pleine application du Programme d'action au-delà de l'année 2000, devraient figurer, de l'avis de la Thaïlande, une sensibilisation accrue du public face à l'égalité des sexes, l'amendement de lois obsolètes en vue d'éliminer de facto et de jure les pratiques discriminatoires à l'égard des femmes et une implication plus grande des femmes dans le développement économique.

Mme ANDREWS (Canada), au nom du JUSCANZ (Australie, Canada, Islande, Japon, Liechtenstein, Nouvelle-Zélande, Norvège, Suisse et Etats-Unis), a déclaré que le JUSCANZ œuvrerait à l'adoption d'un document final qui ne réécrive pas le Programme d'action, mais soit prospectif et orienté vers l'action, et fournisse un langage clair en vue d'aide à la mise en œuvre des engagements de Beijing. Nos actions et nos initiatives futures doivent être fondées sur les meilleures pratiques et les leçons tirées qui contribueront à identifier des buts et objectifs mesurables pour l'habilitation des femmes et des filles, la réalisation de leurs droits humains, de l'égalité entre les sexes, du développement et de la paix. La poursuite de la mise en œuvre du Programme d'action exige qu'un plus grand accent soit mis sur les principes qui le sous-tendent. Ainsi, le renforcement et la mise en œuvre des instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme, y compris la révision et le retrait des réserves incompatibles avec l'objet de ces instruments, sont fondamentaux pour assurer que ces droits soient respectés. Il faut à la fois veiller à l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans toutes les lois, politiques et programmes, et prendre des mesures spécifiques et ciblées en faveur des femmes et des filles tant aux niveaux national qu'international. La participation active des hommes et leur volonté d'assumer des responsabilités dans la réalisation de ces objectifs sont également essentiels pour parvenir à l'égalité entre les sexes.

La représentante a défendu une approche tout au long du cycle de la vie. La nécessité d'assurer que les bénéfices de la mondialisation sont également partagés, tout en en minimisant les effets négatifs sur les femmes, mérite également une grande attention. Dans ce cadre, il est crucial de surmonter la division stéréotypée des rôles et de prendre des mesures adéquates pour répondre aux besoins particuliers des femmes en ce qui concerne la pauvreté, la dégradation de l'environnement, le sida, les déplacements de population et le trafic d'êtres humains.

Le JUSCANZ estime que le processus préparatoire doit être fondé sur la collaboration avec les partenaires à l'intérieur et en dehors des gouvernements. Il appuie fermement la participation active des ONG au Comité préparatoire et à la session extraordinaire et encourage un processus plus interactif avec la société civile, y compris lors de la réunion "Beijing + 5" en juin.

Le Groupe estime également important de reconnaître le rôle et les contributions des cinq réunions préparatoires régionales qui offrent une perspective régionale sur des questions clés dont traitent les Nations Unies au niveau mondial, ainsi qu'une opportunité de dialogue entre les gouvernements et les ONG. Le JUSCANZ présentera des propositions spécifiques pour intégrer le langage émanant des conclusions agréées des réunions régionales dans le document final. Des progrès plus rapides ne pourront être réalisés qu'avec une volonté politique et l'établissement de partenariats entre tous les acteurs, y compris entre les gouvernements et les ONG, entre les organisations internationales, les gouvernements, les ONG et le secteur privé, et entre les organisations internationales et régionales, a-t-elle encore souligné.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a souligné que dans les pays en développement ce sont, à l’évidence, les moyens financiers qui ont fait défaut dans la mise en œuvre du Programme d’action de Beijing du fait de la conjugaison de plusieurs facteurs non maîtrisés, tels que l’environnement économique “inique” qui continue de prévaloir avec, pour conséquence, une détérioration constante des termes de l’échange qui affecte gravement leurs revenus. De plus, les bienfaits attribués à la mondialisation n’ont profité, pour l’instant, qu’aux riches. Le problème de l’endettement, a estimé M. Baali, est lui aussi un obstacle majeur pour bon nombre de pays en développement qui consacrent une part importante de leurs revenus déjà maigres à son remboursement. Enfin les coûts sociaux et économiques des programmes d’ajustement structurel sont considérables pour les populations et donc pour les femmes, et dans certains cas, ils ont remis en cause certains acquis. Partant, l’appui de la communauté internationale est nécessaire et vital. Elle doit assumer sa responsabilité en faveur de l’accélération du développement de l’Afrique et des Pays les moins avancés et soutenir encore plus fermement et plus résolument le Continent en général et la femme africaine. Ayant fait état des victoires de la femme algérienne en matière d’égalité avec les hommes et des efforts entrepris par son Gouvernement pour l’appuyer, le représentant a estime qu’afin de répondre aux attentes réelles des femmes, il serait souhaitable que les préparatifs de la session extraordinaire soient menés dans la transparence et la sérénité. Ce n’est, en effet, que dans ces conditions que “nous pourrons proposer des actions qui bénéficieront véritablement aux femmes, favoriseront davantage leur promotion, parachèveront leur émancipation et leur permettront d’atteindre l’égalité à laquelle elles ont droit dans la dignité et dans le respect de leur différence.”

M. MOHAMED SAID SAADI, Secrétaire d’Etat chargé de la protection sociale, de la famille et de l’enfance, (Maroc), a indiqué qu’en mars 1998, le Gouvernement du Maroc a créé un Secrétariat d’Etat chargé de la protection sociale, de la famille et de l’enfance avec comme principale prérogative la promotion et la coordination des politiques et des interventions ciblant les femmes. Cette structure, la première du genre depuis l’indépendance du Maroc a-t-il précisé, a déjà à son actif l’élaboration du projet du Plan d’action pour l’intégration des femmes au développement, mené en étroite collaboration avec les associations féminines et tous les autres acteurs impliqués dans les activités de développement. Dans ce contexte, un accord consensuel est intervenu pour donner la priorité aux femmes rurales; à la participation des femmes à l’éducation et à la promotion de la culture égalitaire dans le cursus éducatif; à la santé reproductive; à l’emploi, la formation et la lutte contre la pauvreté; au renforcement des pouvoirs des femmes dans les domaines juridiques, politiques et institutionnel. Le représentant a notamment expliqué que ce Secrétariat avait organisé la signature d’un important accord de projet entre le FNUAP, l’UNIFEM, le PNUD et le Maroc pour la “promotion de la femme et de la famille à travers la perspective genre et développement”. La volonté politique du Maroc de promouvoir l’égalité et la parité est illustrée par des actions concrètes, a fait remarquer M. Said Saadi, comme par exemple le renforcement de la scolarisation de la petite fille, les campagnes de sensibilisation et d’éducation menées par le Ministère de la santé, le projet de création d’une commission nationale de la femme, un projet de réforme du code électoral, la création d’une chaire “femmes et développement” à l’Université de Rabat et un projet de création d’une base de donnée relative au mariage, divorce et violences à l’encontre des femmes par le Ministère de la Justice.

Mme REINA ARRATIA (Venezuela) a indiqué que son pays s’est lancé dans un processus de démocratisation visant à créer de nouveaux rapports sociaux auxquels les citoyens et les citoyennes prendront une part égale. La nouvelle constitution propose non seulement un nouvel ordre du jour mais consacre surtout l’égalité entre les hommes et les femmes. Dans cet élan, le Gouvernement a créé le Bureau du peuple chargé du respect des droits de l’homme et a adopté des mesures importantes pour renforcer l’Institut national de la femme créé en 1993; le budget alloué aux efforts de promotion de la femme a triplé. 80% de la population vivant dans la pauvreté, le Venezuela a décidé d'entreprendre des changements en matière constitutionnelle et institutionnelle pour réaliser l’égalité sociale et l’égalité entre les hommes et les femmes par une participation égale dans les domaines économique, politique, social et culturel.

Mme BETTY KING (Etats-Unis) s'est associée à la déclaration faite par la représentante du Canada au nom du JUSCANZ. Prenant ensuite la parole au nom du pays hôte de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, elle a indiqué que le Comité d'accueil « Beijing+5 » était composé de plus de 40 ONG et fondations et travaillait en partenariat avec le gouvernement et le secteur privé, ainsi qu'en collaboration avec le Comité des ONG sur la condition de la femme. La représentante a fait remarquer qu'il pourrait y avoir plus de participants que ne peut accueillir le bâtiment des Nations Unies. Les Etats-Unis et leurs partenaires des ONG font donc tout ce qui est possible pour assurer que tous ceux qui viendront à New York aient le sentiment de participer à cet événement important. On prépare également une conférence par satellite, le jeudi 8 juin, avec des femmes dans le monde entier. Des discussions sont en cours avec le Secrétariat de l'ONU pour organiser, le jour de l'ouverture de la session extraordinaire, une manifestation en dehors des Nations Unies qui permettrait d'accueillir un grand nombre de participants. Tout au long de la session extraordinaire, la Maison des douanes des Etats Unis, qui se situe à quelques stations de métro des Nations Unies, sera ouverte aux participants. Les délibérations de l'ONU seront diffusées dans un auditorium pouvant accueillir 350 personnes. La Maison des douanes a aussi des salles de réunion et devrait avoir un cybercafé et des téléphones. Il s'agit d'un bâtiment historique qui abrite le "Smithsonian Museum of the American Indian".

La représentante a encore indiqué que l'ambassadeur Holbrooke inviterait les délégations à une réception le 6 juin au Hayden Planetarium, au Musée d'histoire naturelle. Un certain nombre d'autres événements seront organisés parallèlement à la session extraordinaire dont la liste complète figure sur le site Web du Comité d'organisation (www.beijingplus5hostcomm.com). Elle a souhaité que les délégations informent le Comité d'accueil du nombre de délégués et de représentants d'organisations non gouvernementales qu'ils comptent envoyer à New York afin de faciliter la planification de l'événement. Elle a indiqué que les Etats-Unis collaboraient avec toutes les missions et ambassades dans le monde pour faciliter la délivrance des visas. En dépit de ces efforts, il y aura forcément des anicroches. La représentante a, en conséquence, demandé que les problèmes qui pourraient surgir soient signalés immédiatement au Comité d'accueil. Mme AMELOU BENITEZ REYES (Philippines) a estimé que les programmes d’appui au renforcement de la promotion de la femme doivent être pensés à deux niveaux; l’élaboration de projets spécifiques pour les femmes et l’intégration de la dimension sexospécifique dans la formulation de tous les programmes et toutes les activités de développement. Pour elle, le renforcement des mécanismes nationaux fonctionnant comme une base de ressources pour l’intégration de la dimension sexospécifique peut faciliter la formulation et l’adoption de politiques, législations, programmes et projets de renforcement des capacités pour la promotion de la femme. Pour le financement des mécanismes nationaux, la représentante a proposé la création d’un fonds qui serait financé par des ressources fournies ou prêtées par les institutions internationales et les donateurs intéressés. Venant à l’importance de la coopération Sud-Sud pour les efforts visant la promotion de la femme, la représentante a fait part de la proposition de son pays visant à la conclusion d’accords ad hoc qui seraient financés par des fonds volontaires mais placés sous les auspices des Nations Unies. Cela aiderait les Etats Membres à mettre en place leur mécanisme national dans le contexte de la coopération Sud-Sud, les pays du Nord pouvant y participer par le biais de la coopération triangulaire. La proposition vise aussi, a ajouté la représentante, à tirer parti des cadres et des mécanismes existants comme le Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM) ou les programmes de coopération par pays du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).

Mme NOROMALALA LYDIE CLAIRETTE RAKOTO JOSEPH (Madagascar)a cité les principaux freins à l’application du Programme de Beijing, dans son pays, dont le manque de ressources causé par le niveau de développement économique très bas et le manque d’emploi entraînant l’inaccessibilité aux services sociaux de base en ce qui concerne la santé et l’éducation. L’insuffisance du niveau de connaissance en matière de droits de l’homme pour faire connaître aux femmes leurs droits et les responsabilités qui en découlent; la féminisation de la pauvreté engendrée par les impacts négatifs de la mondialisation; et l’accès difficile ou même inexistant des femmes au crédit causé par l’insécurité de l’emploi et la réduction du budget alloué aux services sociaux affectant la promotion sont autant de facteurs qui entravent la mise en oeuvre du Programme d’action, a ajouté la représentante. Elle a de plus signalé la non-existence d’un budget propre aux actions en faveur de la sexospécificité. La représentante a ensuite énuméré les questions qui, selon elle, méritent un examen approfondi dans les domaines de la mobilisation des ressources et de l’accès des femmes aux postes de responsabilités, au niveau national. S’agissant du renforcement de la coopération internationale, elle a notamment cité l’augmentation de l’aide publique au développement, l’annulation des dettes, la maîtrise des composantes de la croissance démographique et l’accès aux marchés.

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