ECOSOC/451

ECOSOC: LA LUTTE CONTRE LE SIDA EN AFRIQUE EXIGE LA CREATION D'UN PARTENARIAT ET D'UN CONTRAT DE SOLIDARITE

28 février 2000


Communiqué de Presse
ECOSOC/451


ECOSOC: LA LUTTE CONTRE LE SIDA EN AFRIQUE EXIGE LA CREATION D'UN PARTENARIAT ET D'UN CONTRAT DE SOLIDARITE

20000228

Réuni sous la présidence de M. Makarim Wibisono (Indonésie), le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu cet après-midi, une réunion d'information sur la question de la pandémie du VIH/sida en Afrique. Au cours de cette réunion, l'ECOSOC a entendu les Présidents des mois de janvier et de février du Conseil de sécurité, ainsi que le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le HIV-sida, auxquels s'est joint le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales. La réunion fait suite à la décision prise le 4 février dernier par l'ECOSOC de répondre favorablement à la proposition du Conseil de sécurité d'informer l'ECOSOC de ses réunions publiques du 10 janvier 2000 consacrées à l'impact du VIH/sida sur la paix et la sécurité en Afrique. Le Président du Conseil de sécurité avait alors proposé, dans le cadre du renforcement de la coopération entre les deux organes, d'examiner la possibilité de poursuivre une action dans ce domaine avec l'ECOSOC, ce qui pourrait se traduire par la prise d'initiatives spéciales Conseil de sécurité/ECOSOC impliquant l'ONUSIDA, les autres agences concernées du système de l'ONU, les institutions multilatérales et bilatérales, les sociétés pharmaceutiques et la société civile, en vue de discuter de l'établissement de partenariats effectifs pour lutter contre le fléau du VIH/sida.

Après que le Président de l'ECOSOC ait déclaré que l'Afrique ne pouvait être laissée seule face à la menace du sida, qui est un danger universel, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desaï, a souligné le rôle important de coordination que peut jouer le Conseil économique et social pour permettre une action plus efficace des différentes organisations de l'ONU, des institutions de développement, du secteur privé et de la société civile dans les pays affectés par la pandémie.

Pour le Président du Conseil de sécurité, M. Arnoldo Listre (Argentine) seule une coopération étroite entre les gouvernements, les institutiions concernées par la lutte contre le HIV-sida et les laboratoires pharmaceutiques, peut permettre de trouver des solutions efficaces aux problèmes que pose la pandémie en Afrique subsaharienne.

Ayant présidé le Conseil de sécurité au nom des Etats-Unis au mois de janvier, consacré "mois de l'Afrique", M. Richard Holbrooke (Etats-Unis) a déclaré que les Etats-Unis ne cautionneraient plus aucun mandat de maintien de la paix dont l'élaboration ne contiendrait pas un volet sur la question du HIV-sida. Il a estimé que la pandémie s'était répandue dans certaines zones en conflit du fait de la présence de combattants et de troupes de maintien de la paix infectés par le virus.

Le directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA) M. Peter Piot a fait le bilan des actions lancées par l'ONUSIDA en déplorant le manque de moyens et de ressources financières. L'ONUSIDA a besoin de 2 à 3 milliards de dollars pour mener des campagnes de prévention et ne les a pas, a-t-il déploré, en se félicitant toutefois que la question du sida soit de moins en moins un tabou en Afrique, de nombreux dirigeants en parlant désormais ouvertement dans le cadre de campagnes nationales de sensibilisation et de prévention. De plus, a dit M. Piot, le taux de nouvelles infections est en baisse dans certaines zones observées par l'ONUSIDA.

Après le débat sur le HIV-sida, le Conseil économique et social a adopté le projet de décision E/2000/L.3, aux termes duquel il décide d'autoriser la Commission du développement social à reprendre sa session pour une journée à titre exceptionnel, sous réserve d'obtenir les services nécessaires, afin d'achever les travaux de sa trente-huitième session.

Les représentants du Portugal (au nom de l'Union européenne et des pays associés), de Cuba, du Costa Rica, de l'Italie, de l'Inde, de la Norvège, du Japon, de l'Irlande, du Cameroun, du Rwanda, de l'Ukraine et du Brésil sont intervenus dans le cadre du débat général. Le délégué de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a pris la parole.

La prochaine réunion du Conseil économique et social sera annoncée dans le journal.

Déclaration liminaire

M. MAKARIN WIBISONO (Président du Conseil économique et social) : 4 millions d'enfants de moins de 15 ans sont aujourd'hui orphelins en Afrique du fait de la pandémie du sida qui touche 30 millions d'adultes. L'Afrique, déjà frappée par le sous-développement et la pauvreté, est encore plus affaiblie du fait de la pandémie du VIH/sida, qui affecte les capacités du continent à redresser son économie et son tissu social déjà fortement éprouvés. L'ECOSOC ne peut rester les bras croisés face à ce désastre et tous les moyens doivent être déployés pour faire face à la crise que nous observons actuellement. A long terme, nous estimons que l'on doit travailler de manière accélérée au développement économique et social du continent africain. La coopération par le partenariat est la solution optimale qui soit en mesure de répondre aux besoins actuels du continent africain en matière sanitaire, et l'ECOSOC peut et doit jouer un rôle crucial de coordination en vue de favoriser une réponse coordonnée aux problèmes que rencontre l'Afrique.

Allocution de M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales

M. NITIN DESAI : l'initiative prise le mois dernier par le Conseil de sécurité et visant la pandémie du HIV-sida, vient à un moment pertinent. Nous présentons au Mozambique l'expression de notre soutien face à la catastrophe qui le frappe, et l'ONU va répondre de manière appropriée dans les jours qui viennent, à la catastrophe que représentent les inondations. Concernant le sida, il ne doit pas seulement être perçu comme une maladie en Afrique. Les projections faites par notre Département, montrent que l'espérance de vie sera réduite de 20% en Afrique dans les années qui viennent, et de 10% à 20% de la population risquent de disparaître. En Afrique du Sud seule, 8,5 millions de personnes sont en danger de mort, et la plupart d'entre elles sont des gens dans la force de l'âge et des jeunes productifs sur le plan économique. Concernant les enfants et les orphelins, l'UNICEF prévoit que leur nombre ira en augmentant, et l'économie des pays les plus affectés, va perdre de ses capacités, du fait de l'impact de la pandémie sur les femmes. C'est donc un problème de développement et non plus de santé, qui se pose à l'Afrique à la suite de la pandémie du sida.

L'ECOSOC joue un rôle important dans la coordination des efforts que doit déployer le système des Nations Unies en vue de lutter contre la pandémie. Quand l'ECOSOC a commencé à s'intéresser à la question, c'était dans un cadre de coordination, mais maintenant, il s'agit de favoriser le partenariat à la fois entre les agences de l'ONU et entre les acteurs de développement multilatéraux, bilatéraux et les organes de la société civile.

Exposé de S.E. M. Arnoldo Listre (Argentine) Président du Conseil de sécurité en février

M. ARNOLDO LISTRE : il serait utile de réunir une conférence tripartite dans le domaine de la lutte contre le VIH/sida à laquelle participeraient les donateurs, les gouvernements et les entreprises pharmaceutiques afin d'étudier de nouvelles possibilités de coordination dans la lutte contre le VIH/sida. Les pays touchés par la maladie pourraient également participer

Exposé de S.E. M. Richard C. Holbrooke (Etats-Unis) Président du Conseil de sécurité en janvier

M. RICHARD C. HOLBROOKE : la réunion du Conseil de sécurité du 10 janvier a rappelé que les Nations Unies doivent s'attaquer à la pandémie du sida sous tous ses aspects, de la même manière que l'Organisation agit pour éliminer la guerre. Nos paroles doivent être suivies par des actes. Trop de pays ont ignoré le problème ou pensé qu'ils pourraient y échapper. A présent, l'ECOSOC et le Conseil de sécurité doivent donner l'exemple et appliquer le contenu de la résolution du Conseil de Sécurité du 10 janvier, selon laquelle le personnel du maintien de la paix ne doit pas contribuer à répandre le VIH/sida, qui est une menace pour l'humanité. Toutes les résolutions de maintien de la paix devront inclure une formule stipulant sans ambiguïté que les forces du maintien de la paix ne doivent pas risquer de contribuer à la propagation de l'épidémie de sida. Les Etats-Unis essayent de faire face à leurs responsabilités financières et des consultations sont en cours avec le Congrès pour augmenter les sommes allouées à la lutte contre le sida. Les autres gouvernements doivent aussi prendre des initiatives afin d'améliorer la situation sociale des personnes touchées par le VIH/sida. Des pays, comme l'Ouganda, ont entrepris des mesures d'éducation très positives. Un partenariat élargi avec le secteur privé sera mis en place par le gouvernement des Etats-Unis. Si nous poursuivons nos efforts conjoints dans la lutte contre le sida, je suis persuadé que nous réussirons à enrayer cette épidémie.

Exposé de M. Peter Piot, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA)

M. PETER PIOT : la réunion du Conseil de sécurité consacrée au problème du sida en Afrique a démontré que le sida ne peut être comparé aux autres problèmes sanitaires ou de développement. De nouvelles informations indiquent que, dans plusieurs villes africaines, les fillettes âgées de 15 à 19 ans risquent cinq à six fois plus d'être séropositives que les garçons. Il ne faut pas sous-estimer l'effet qu'aura à long terme la tragédie de ces enfants sur le développement et la stabilité de l'Afrique. Toutefois, nous disposons de moyens d'action face à cette épidémie. En six mois, depuis le dernier examen de la question du sida à l'ECOSOC, des progrès importants ont été réalisés. De nombreux chefs d'Etat africains ont brisé le silence et le rejet qui accompagnent l'épidémie. Des commissions de haut niveau chargées de la lutte contre l'épidémie ont été créées. Dans plusieurs communautés africaines, le nombre de nouvelles infections a diminué. Dans d'autres, le taux d'infection au VIH est resté très bas.

Nous avons identifié les éléments essentiels dans la lutte contre le sida, à savoir la visibilité et la transparence, mettre en place des politiques sociales en vue de trouver une solution aux conséquences les plus sensibles de la pandémie, reconnaître la synergie entre la prévention et les soins, cibler les interventions sur les personnes les plus vulnérables, encourager la participation des communautés et concentrer les initiatives sur les jeunes. Le projet d'accord-cadre de partenariat de lutte contre le sida prévoit notamment que les gouvernements s'engagent à renforcer leurs initiatives nationales dans le domaine de lutte contre le sida. Les partenaires devraient s'engager à renforcer le soutien qu'ils fournissent aux

activités de prévention, y compris en concrétisant leur action de réduction de l'infection chez les jeunes. Les partenaires devraient renforcer le soutien qu'ils apportent aux personnes infectées et touchées par le VIH. En matière financière et afin de poursuivre les initiatives de lutte contre le sida en Ouganda, au Sénégal et dans d'autres pays, nous devons mobiliser entre 2 et 3 milliards de dollars par an. Les dernières statistiques, qui datent de 1997, indiquent que la communauté internationale n'a mobilisé que 150 millions de dollars pour la prévention du sida. De nombreux gouvernements, des fonds d'aide sociale, ainsi que la Banque mondiale et l'UNICEF ont décidé d'augmenter les budgets accordés à la lutte contre la pandémie du sida. L'ONUSIDA rejette l'argument selon lequel la capacité d'absorption de l'Afrique rendrait difficile l'apport d'une aide. Selon nos estimations, l'Afrique pourrait absorber une aide cinq fois plus élevée. L'ONUSIDA estime qu'il faut en priorité, améliorer l'accès aux traitements médicaux contre le VIH/sida.

Débat général

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal, au nom de l'Union européenne) : l'Union européenne a consacré plus d'un milliard d'Euros aux pays ACP, en plus des efforts individuels déployés par les pays de l'UE en vue de lutter contre le HIV-sida. Nous encourageons tous les autres pays à augmenter leurs contributions à cette lutte. L'UE partage toutes les résolutions et conclusions atteintes par l'ONUSIDA sur la question du sida en Afrique. Nous sommes d'accord avec le point de vue selon lequel l'ECOSOC doit jouer un rôle accru de coordination dans la lutte contre le sida en Afrique. Concernant les partenariats à mettre en place, nous pensons que les stratégies et les financements pour les mettre en oeuvre, devront être élaborés de manière pertinente pour répondre de façon efficace aux trois phases qu'envisage l'ONUSIDA.

M. RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) : 23 millions de personnes sont atteintes du sida et qu'environ la moitié sont des femmes. L'Afrique connaît des conditions économiques extrêmement difficiles et il faut prendre des mesures énergiques afin de fournir à ce continent des ressources lui permettant de lutter contre la pandémie. Le représentant a estimé que l'ECOSOC pourrait proposer au Conseil de sécurité d'examiner la question du sida dans le cadre de ses travaux. Cuba suggère que l'Assemblée générale et l'ECOSOC agissent pour ce qui est de la lutte contre le sida de même que dans le cadre de la lutte contre la pauvreté.

Mme MARIA ELENA CHASSOUL (Costa Rica) : le sida menace l'ensemble de l'humanité. Nous ne pouvons ignorer les millions d'Africains aujourd'hui infectés, ni le nombre croissant d'orphelins sur le continent africain. Cette pandémie ne connaît pas de frontière, et aucun pays n'en est à l'abri. Notre délégation estime que l'ECOSOC est l'enceinte compétente pour proposer des solutions aux problèmes que rencontrent aujourd'hui les malades et les orphelins sur le terrain. Le sida est un problème de développement dû à la pauvreté que connaissent les pays du continent africain, et nous sommes pour que des mécanismes adéquats d'aide urgente soient mis en place pour porter secours aux zones les plus affectées.

M. SERGIO VENTO (Italie) : il est nécessaire que l'on mette l'accent, en matière de lutte contre le sida, sur les problèmes de réfugiés et de personnes déplacées, sur le poids de la dette et sur les problèmes liés à la pauvreté. Le représentant a indiqué que l'Italie a concentré ses dépenses pour la lutte contre le sida sur les activités de recherche. Le représentant a déclaré que la construction de la paix après les conflits doit réunir les travaux de tous les acteurs dans ce domaine. Evoquant la situation dramatique au Mozambique, le représentant a annoncé qu'une aide humanitaire a été rassemblée pour ce pays.

M. SATYABRATA PAL (Inde) : le sida ne peut pas être classé ou perçu comme un problème de sécurité. Ces débats ne peuvent donc se tenir sous le chapitre 7 de la Charte. Le Conseil de sécurité n'a aucun moyen de l'arrêter, et nous voudrions demander aux Etats-Unis de revoir leurs propositions. Tout mandat de maintien de la paix ne peut être conditionné par l'inclusion d'un volet sur le sida. Aucun soldat de la paix indien n'a été atteint par le sida ou n'a contaminé quelqu'un. Les affirmations américaines sont, nous semble-t- il, sans fondement, et aucune information vérifiable ne peut les soutenir. Le processus de mondialisation et d'intégration économique est le vrai responsable de la propagation du sida, du fait de l'appauvrissement qu'il entraîne dans les pays du Sud. Un seul des huit pays les plus atteints par la pandémie est en situation de conflit, les autres vivant pourtant dans des conditions de démocratisation acceptable. La mondialisation, l'ouverture des frontières, le tourisme, et le relâchement des moeurs qui les accompagne, sont les coupables.

La question du traitement nous a montré qu'un vaccin est moins profitable qu'un coûteux processus de traitement à long terme. Les sociétés pharmaceutiques ont donc sans doute tout intérêt à ne pas mettre au point un vaccin. C'est juste une question de profit. A preuve, les médicaments génériques à faible coût que des entreprises indiennes ont pu produire ont été attaqués légalement par les firmes pharmaceutiques occidentales, notamment Glaxo-Wellcome, qui en ont le brevet.

M. ARNE BIRGER HONNINGSTAD (Norvège) : la discussion entamée au Conseil de sécurité sur le VIH/sida en Afrique a été utile et a prouvé qu'il s'agissait d'une question d'importance. Le représentant s'est réjoui de ce que les Etats-Unis aient promis de nouveaux financements tout en appelant à une mobilisation concertée au niveau international en faveur du financement de la lutte contre le sida. Tous les pays donateurs devraient prendre exemple sur le Gouvernement des Etats-Unis et augmenter leur financement à l'ONUSIDA ainsi qu'à d'autres organisations qui luttent contre ce problème. L'ECOSOC devra jouer un rôle vital dans la surveillance des divers programmes du sida.

M. YUGI KUMAMARU (Japon) : le sida est une menace sérieuse contre la sécurité de toute l'humanité. Un partenariat mondial doit être mis au point entre les Etats, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé pour faire face à cette menace. Nous nous félicitons des efforts de coopération entre le Conseil de sécurité et l'ECOSOC. Le Japon se félicite des initiatives concrète prises par l'ONUSIDA après la réunion du mois de janvier par le Conseil de sécurité. L'ONUSIDA, espérons-nous, restera en proche contact avec l'ECOSOC pour le tenir informé de tout développement majeur dans le domaine du HIV-sida. Le Japon réitère tout son soutien à l'Afrique dans sa lutte contre le HIV-sida.

M. BASSANI (Organisation mondiale de la santé, OMS) : les organes directeurs de l'OMS ont reconnu qu'il faut mettre la priorité sur la prévention des maladies en Afrique, et particulièrement du sida. Nous commençons à comprendre que la mauvaise santé entraîne aussi la pauvreté, a-t- il notamment souligné.

M. RICHARD RYAN (Irlande) : nous nous associons à la déclaration faite par le Portugal au nom de l'Union européenne et des pays associés. L'Irlande a joué de façon active un rôle de soutien à la lutte contre le mauvais développement et contre le sida en Afrique subsaharienne au cours de la décennie écoulée. Le Premier Ministre irlandais a réitère notre volonté d'engagement dans ce domaine. Nous souhaitons qu'une discussion plus élaborée et plus inclusive ait lieu sur cette question au sein des instances de l'Union européenne. La communauté internationale devra, selon nous, d'abord veiller à ce que les traitements disponibles soient mis à la disposition des pays africains. La mise au point d'un vaccin s'avère urgente, et nous pensons que l'ECOSOC a un rôle important de plaidoyer à jouer en ce sens. Notre pays vient de publier un document de réflexion sur la manière dont l'ECOSOC et les institutions de Bretton Woods pourront prendre part à cette stratégie.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun) : le VIH/sida a fait dix fois plus de morts en Afrique que les conflits armés. Le VIH/sida est un mal qui concerne l'humanité entière, c'est pourquoi il faut livrer une guerre sans merci contre cette maladie. Le débat que l'ECOSOC mène sur le sida est un début. Il a proposé que l'on réalise une étude sur le coût de la "croisade" contre le sida. Le représentant a ajouté que les pays africains croulent sous d'autres fardeaux, et particulièrement celui de la dette. Il a déclaré que le manque de moyens sanitaires est largement responsable des difficultés de l'Afrique face au sida. Le représentant a suggéré que l'ECOSOC élabore un "contrat de solidarité centré sur ce qu'il y a de plus cher : l'homme", et détermine des mesures d'action coordonnée.

M. JOSEPH W. MUTABOBA (Rwanda): le Rwanda éprouve de très forts sentiments de peine et de répulsion envers le HIV-sida. D'autres maladies affectent le continent africain, notamment le paludisme et d'autres grandes endémies qui font plus de victimes que le sida. Sans vouloir minimiser le HIV-sida, nous voulons simplement rappeler que l'Afrique fait face à d'autres maux. La recherche d'un vaccin devra être, selon nous, la première priorité de la lutte anti-sida. Nous ne voulons jeter la pierre à personne, mais nous pensons que l'ECOSOC et d'autres instances internationales devront oeuvrer en vue de convaincre les milieux concernés à mettre au point ce genre de traitement. Il est d'autres souffrances auxquelles l'Afrique doit faire face, notamment la faim et la pauvreté, et elle a besoin d'aide, pour faire face à tous les problèmes d'orphelins et de réfugiés qui l'accablent. Notre pays pense que des pressions pourraient être faites sur les sociétés pharmaceutiques, pour qu'elles prennent vraiment à coeur les souffrances engendrées par le HIV-sida. Les pauvres ne peuvent donner que ce qu'ils ont.

M. KUCHYNSKI (Ukraine) : l'Ukraine a aussi été touchée par l'épidémie de VIH/sida, au point que le Gouvernement le traite désormais comme un problème de sécurité nationale. Il a été d'avis que ce n'est que grâce à un effort concerté de la communauté internationale qu'on pourra enrayer la pandémie du sida. Le représentant a suggéré que la lutte contre le sida soit adopté comme sujet d'étude de l'Assemblée du millénaire.

M. ANTONIO RICARDO FERNANDES CAVALCANTE (Brésil) : l'ECOSOC et l'Assemblée générale sont des organes appropriés pour examiner les questions liées à la pandémie du sida. L'ECOSOC pourrait oeuvrer afin que les pays en développement puissent avoir accès aux traitements médicaux contre le sida, a- t-il suggéré.

Réponses aux questions

M. PETER PIOT, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a rappelé que l'ONUSIDA est né de l'ECOSOC. Les gouvernements africains s'efforcent de mobiliser des ressources dans leur pays. L'ONUSIDA travaille avec des pays africains de façon à mettre au point des stratégies de mobilisation des ressources. Pour ce qui est de la prévention, l'ONUSIDA dispose d'une expérience documentée. Lorsqu'il s'agit de donner accès à des médicaments, nous avons une solution technique qui est pourtant entravée par un coût trop élevé. Le Président du Conseil d'administration de Glaxo-Wellcome a évoqué la possibilité de mettre en place des prix préférentiels, a déclaré M. Piot. Les malades du sida auraient aussi tout à gagner d'une baisse du prix des médicaments qui permettent de traiter les maladies "opportunistes". Etant donné l'état des connaissances scientifiques actuelles, en étant optimiste, il faudra environ dix ans pour mettre au point un vaccin contre le sida. M. Piot a déclaré qu'un accroissement d'activités de financement des secteurs public et privé est nécessaire. Il a appelé à l'établissement du "contrat de solidarité" évoqué par le représentant du Cameroun, et à la disparition du tabou lié au sida.

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