L'INTEGRATION REGIONALE INDISPENSABLE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, DOIT VISER LA CREATION D'UNE MONNAIE UNIQUE, EXPLIQUE LA BID
Communiqué de Presse
CNUCED/B/244
LINTEGRATION REGIONALE INDISPENSABLE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE, DOIT VISER LA CREATION DUNE MONNAIE UNIQUE, EXPLIQUE LA BID
20000214La dixième CNUCED poursuit ses travaux à Bangkok
Bangkok, le 14 février -- Les travaux de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement se sont poursuivis, ce matin, par le deuxième débat interactif dune série de plusieurs rencontres organisées par la CNUCED dans le cadre de sa dixième Conférence à Bangkok. La Conférence a entendu ainsi M. Enrique Iglesias, Président de la Banque interaméricaine de développement (BID) et ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour lAmérique latine et les Caraïbes. M. Iglesias a observé que la question qui se pose actuellement dans le domaine économique est de trouver des réponses adéquates aux défis de la mondialisation, qui doit être abordée, du fait de son inéluctabilité, sous langle de ses réussites et des initiatives à prendre pour consolider son succès. Il a expliqué les différentes phases traversées par les stratégies de développement de lAmérique latine depuis le début du siècle, caractérisées essentiellement par le paradigme keynésien, le paradigme structurel le tout Etat- et le paradigme de l'orthodoxie économique libéralisation de léconomie-.
Constatant que les réformes nont pas suffi à aboutir à une croissance économique et sociale soutenue, il a plaidé pour un nouveau paradigme qui doit viser une croissance forte et durable, des politiques sociales efficaces, et le renforcement de la compétitivité. Pour cela, au niveau national, il faut une alliance stratégique entre gouvernement, secteur privé, ONG et société civile. Au niveau régional, le renforcement de lintégration économique doit englober la création dune monnaie unique pour le MERCOSUR, et au niveau international, il faut assurer la pleine participation des pays en développement dans les négociations concernant la nouvelle architecture financière et le système commercial international.
A la suite du débat interactif, le débat général des délégations participant aux travaux de la CNUCED a insisté sur la formulation des termes dune mondialisation dont les mécanismes seraient avant tout favorables à limpératif du développement et tiendraient compte de linterdépendance du commerce, des finances et du développement. LIrlande a fait remarquer que les politiques économiques à mettre en uvre au niveau international en ce
début de XXIe siècle devaient, au vu des leçons tirées au cours de ces dernières années, viser le bien-être des peuples et des populations. Il est regrettable que lon se soit trop longtemps soucié du respect dindicateurs économiques et dorthodoxie économique et financière au lieu de se préoccuper du sort des peuples. Abondant dans le même sens, la République démocratique populaire de Corée sest fermement élevée contre les termes dune mondialisation qui dépouille les Etats et les peuples de leurs capacités de gouvernance aux niveaux national et local et impose des choix et des structures économiques qui ne vont pas dans le sens des vrais besoins des populations.
Les personnalités des pays suivants ont pris la parole : Irlande, Thaïlande, Soudan, Iran, Koweït et République démocratique populaire de Corée. Le débat général reprendra cet après-midi à 15 heures et sera précédé dun débat interactif avec les Chefs des Commissions régionales économiques des Nations Unies.
Débat interactif
M. ENRIQUE IGLESIAS, Ancien Secrétaire exécutif de la Commission économique pour lAmérique latine et les Caraïbes (CEPALC) et Président de la Banque interaméricaine de développement (BID), a rappelé que la CNUCED, lors de sa création, se devait dêtre la première esquisse dune vision dun rôle croissant des pays en développement dans les décisions commerciales. La CNUCED symbolisait aussi une nouvelle vision économique qui ne se limitait pas aux spécificités nationales ou à la microéconomie mais qui tendait plutôt à lélaboration de la vision dune économie globale. Aujourdhui, lorsque lon regarde les ouvrages sur la question de la mondialisation, lon constate que la question fait lobjet dune divergence de points de vue. Il faut dire que chaque fois que lhumanité passe par un bouleversement, ce dernier provoque des craintes et des réticences. La question qui se pose est de trouver des réponses adéquates aux défis actuels et de voir comment les accords entre les nations peuvent restaurer léquilibre et ouvrir de nouvelles opportunités. La mondialisation doit donc être abordée sous langle des réussites et de ce quil convient de faire pour consolider son succès. A cet égard, les Nations Unies occupent une place unique pour promouvoir ce type de débat. En Amérique latine, au début des années 50, le paradigme structurel symbolisait un nouveau type de croissance. Cétait labandon de la théorie de Keynes entachée par les crises des années 30. Le paradigme structurel visait à mettre au premier plan le rapport entre les différents partenaires commerciaux. Il sagissait dune période où les idées se fondaient sur lintervention de lEtat et une internationalisation de léconomie en passant par les initiatives internes. Après cela, il y a eu ensuite les années 80 et 90 qui ont été caractérisées la crise pétrolière, premier phénomène mondialisé. Ces années ont aussi été caractérisées par la désuétude de lancien paradigme qui sexplique notamment par les déséquilibres budgétaires et les politiques monétaires très souples quil a engendrés. Lune des erreurs était, en effet, que lon demandait trop au gouvernement en encourageant ainsi linflation. Cétait le début dune période de stagnation avec une hyperinflation et l'érosion sociale. Ensuite, lon a prôné un autre paradigme, celui du retour à lorthodoxie économique qui prend en compte une rigueur économique essentielle, entérinée par le Consensus de Washington.
Partant, la région a pu constater le retour de léquilibre budgétaire et la baisse de linflation; louverture des économies avec la signature de plusieurs accords régionaux et la revitalisation du processus dintégration; et les privatisations et la stimulation des investissements étrangers directs. Cette orthodoxie a donc permis la restauration de la confiance dans le marché. A cette fin de siècle, une grande question se pose; quelle est la phase suivante ? Y aura-t-il un nouveau paradigme de développement économique et social ? Oui, car il faut convenir que les réformes de la dernière décennie nont pas suffi pour aboutir à une croissance soutenue. Léchec des réformes structurelles et les défis de la mondialisation a entraîné, en Amérique latine, des craintes sur le retour probable des politiques autoritaires du passé. Au cours des années à venir, il faut donc sarrêter sur linstabilité de la croissance liée à la vulnérabilité
extérieure et à la vulnérabilité sociale. La croissance de 1,5% est insuffisante et lon ne peut envisager lavenir avec optimisme sans doubler ce taux de croissance et réduire les fluctuations monétaires importantes. Cela va de pair avec les solutions à apporter au faible niveau des exportations et à la qualité des exportations les produits de base - dont les cours sont très volatiles. Des mesures encourageantes ont fait jour telles que la création du MERCOSUR qui a multiplié par 5 le volume des échanges. Il est clair, toutefois, quil faut assurer une croissance plus stable et une protection contre les forces extérieures telles que les capitaux à court terme et leur corollaire, la volatilité.
Sur le plan social, cet état de choses a engendré des distorsions sociales particulièrement en Amérique latine. La répartition des revenus est inégale et montre que 20% de la population riche gagne 12 fois plus que les 20% de la population la plus pauvre. Il faut donc aller au-delà des succès du passé en tenant compte des défis futurs. Il faut une croissance forte et durable, des politiques sociales saines et le renforcement de la compétitivité. Cela exige une certaine stabilité macroéconomique, donc une politique monétaire et budgétaire bien pensée. Dans le domaine social, il faut prioritairement déployer des efforts dans le domaine de léducation qui est la base de la transformation sociale. 55% de la main-duvre travaillant dans le secteur informel, il faut aussi accorder la priorité aux microentreprises. Une autre priorité doit concerner la lutte contre la pauvreté. Concernant la compétitivité, il faut introduire les nouvelles technologies comme lont fait les pays asiatiques. Le marché ne pouvant résoudre tous les problèmes; il convient donc détablir une alliance stratégique entre les gouvernements, le secteur privé, les ONG et la société civile. Une autre conception du rôle de lEtat doit apparaître. Il faut moins dEtat mais surtout un Etat différent. Lon ne saurait finir sans mettre laccent sur limportance de concepts tels que la bonne gouvernance pilier de tout effort de développement; et la coopération, au niveau national et aussi au niveau international nécessité de travailler ensemble de façon constructive -. A cet égard, en Amérique latine, lintégration est devenue le moteur de la croissance et du développement. Lintégration doit continuer de jouer un rôle important dans les années à venir. Cela suppose la libéralisation et louverture des marchés. Il faut aller plus loin et envisager, par exemple, une monnaie unique pour le MERCOSUR. Pour lAmérique latine, il faut que lintégration soit au centre des préoccupations.
Lamélioration de lenvironnement international est, bien entendu, un élément important de la réalisation de ces objectifs. Dans ce contexte, lélaboration de la nouvelle architecture financière internationale doit seffectuer avec une pleine participation des pays en développement. Il en va de même pour les discussions sur le système commercial international. Il faut sattaquer durgence aux questions des barrières tarifaires et non tarifaires imposées par les pays développés. Léchec de Seattle constitue un revers grave au processus de réformes en Amérique latine et ailleurs dans le monde en développement. Les grands perdants de Seattle sont les pays en développement.
Abondant dans ce sens, la représentante de lArgentine a souhaité que la communauté internationale assume ses responsabilités et assure lexistence dun commerce international ouvert et libre. Il est aussi nécessaire que la nouvelle architecture internationale tienne compte des problèmes de la région de lAmérique latine qui pâtit de la volatilité des capitaux. Dans le même ordre didées, le Secrétaire général de la Communauté andine est revenu sur limportance de lintégration en Amérique latine et a demandé de savoir les mesures à prendre pour établir des liens plus forts entre les économies de la région et créer des marchés communs tout en augmentant ainsi la compétitivité dans une économie mondialisée. A son tour, le Secrétaire exécutif de la CEPALC, a jugé important de rappeler que la crise des années 80 en Amérique latine est surtout imputable aux défaillances du marché international des capitaux et à la mauvaise gestion internationale de la crise de la dette. Venant à limportance des programmes daction multilatérale, il a jugé utile de renforcer les institutions nationales afin quelles soient à même de faire face au pouvoir des institutions internationales. Il faut également, a-t-il dit, des institutions régionales fortes tant il est vrai que la mondialisation a montré que seule le régionalisme permet une intégration réussie dans le marché mondial. Partant, lagenda multilatéral doit comprendre les questions importantes de la mobilité de la main-duvre, de la difficulté à imposer des impôts sur les capitaux flottants et autres du genre ou encore du transfert des technologies.
Il a soulevé la question de la mobilisation des ressources pour mettre en uvre lagenda social défini par les conférences internationales des Nations Unies.
Répondant essentiellement à lArgentine sur la possibilité dinstaurer un commerce véritablement libre, le Président de la Banque interaméricaine de développement a souligné quil existe aujourdhui un consensus sur la nécessité daméliorer le fonctionnement du commerce international mais que pour linstant la volonté politique fait défaut. En ce qui concerne la nouvelle architecture financière internationale, le Président de la BID a dit ne pas croire à un bouleversement important à condition quun dialogue réel entre pays développés et pays en développement sétablisse. Revenant sur la question de lintégration économique, M. Iglesias a souligné à nouveau limportance de cet élément pour les progrès en Amérique latine. Commentant la question sur le renforcement des institutions, le Président de la BID a souhaité que le renforcement de la société civile quil appelle de ses vux aille de pair avec le renforcement de lEtat.
Lançant la deuxième série de questions, le représentant de lEquateur a souligné limportance de lappui international pour gérer les crises dont sont frappés les pays de lAmérique latine. Abordant la question de la compétitivité, le représentant du Venezuela a jugé que cette question suppose, au niveau national, une redéfinition du rôle de lEtat qui mettre en uvre des politiques dintégration encourageantes de fusions et des alliances entre les entreprises. Un élément central résidant dans la difficulté à absorber les nouvelles technologies et les nouvelles donnes; lEtat doit certes améliorer léducation mais, outre une assistance technique et
financière, lEtat devra donner aux PME la capacité véritable de négocier. LEtat doit mettre en uvre des règles budgétaires et monétaires nouvelles. Intervenant à son tour, le représentant des Philippines est revenu sur la question de la promotion de la société civile et des femmes. Il faut trouver en la matière des mécanismes plus efficaces et plus transparents pour encourager une participation plus active de ces deux groupes. Terminant la série de questions, la représentante du Mexique a souhaité savoir quel est lavenir de la CNUCED dans le nouveau paradigme à trouver qui daprès lorateur principal doit avoir pour centre le multilatéralisme. Il est, en effet, absurde que lon veuille que la CNUCED se distance de Seattle. Nous ne sommes pas sur une autre planète et il nest pas question que lon se comporte comme si Seattle sest déroulé sans aucune difficulté alors que nous sommes ici pour parler du lien entre le commerce et le développement.
Le Président de la BID, M. IGLESIAS, a répondu à lEquateur en affirmant que la Banque est disposée à venir en aide à son pays. Sagissant de la question du Venezuela, il a fait observer que la phase dans laquelle nous entrons suppose que les forces du marché soient complétées par des mesures judicieuses et anticipatrices de la part de lEtat et ceci est valable, par exemple, pour labsorption des nouvelles technologies. Après ces brèves réponses, le représentant du Guatemala a souligné que le nouveau paradigme prôné par le Président de la BID ne doit pas signifier le rejet des anciens paradigmes dans ce quils ont de plus positif et de toute manière, a-t-il demandé, comment faire pour renforcer le processus interactif nécessaire à la mise en uvre des idées exprimées dans le cadre du nouveau paradigme dit paradigme du développement humain. Comment faire pour que les idées se reflètent dans les actions politiques ? Répondant à cela, le Président de la BID a indiqué quaujourdhui ces questions sont traitées au plus haut niveau des administrations publiques. LAmérique latine avance en la matière et dune certaine façon, elle sera mieux à même de gérer le secteur public. A son tour, le représentant de lEgypte a souligné limportance quaccordent la société civile et le secteur privé aux travaux de la dixième session de la CNUCED en espérant quelle sera à la hauteur des attentes. Abondant dans ce sens, le représentant de lOrganisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a souhaité savoir, par ailleurs, ce quil faut faire pour que léducation soit au centre des stratégies et des politiques en Amérique latine.
Débat général
Mme MARY HARNEY (Vice-Premier Ministre de lIrlande) : nous nous associons à la déclaration faite hier par le Portugal au nom de lUnion européenne. Notre délégation partage le souci des pays dAsie et des pays en développement en général de placer la mondialisation sous le signe du développement. Le Sud-Est asiatique tire en ce moment les leçons de la crise quil a traversée récemment, et nous soutenons les pays de la région dans les efforts quils font pour occuper leur juste place sur la scène internationale. De nombreuses entreprises irlandaises sont présentes dans cette région, ce qui traduit la confiance que nous avons en ses peuples.
Dautres régions du monde ne sont pas aussi favorisées que celle-ci, et la pauvreté est devenue un fléau qui menace la survie de nombreux peuples. Il est dommage que lon se soit trop longtemps soucié de chiffres et dindicateurs économiques, au lieu de faire attention au sort des populations. Nous sommes pour la primauté du droit, la bonne gouvernance et la responsabilité des Etats et des populations. La CNUCED a le mérite davoir été le premier organisme a avoir tiré la sonnette dalarme devant les excès et les déséquilibres de la mondialisation. Il en va ainsi de la répartition des investissements étrangers directs, qui se dirigent seulement vers une petite poignée de pays riches et de pays en développement. Cet état de choses doit être redressé si lon veut réellement mettre fin à la progression fulgurante de la pauvreté, notamment dans les pays les moins avancés, qui doivent bénéficier de toute lattention de la communauté internationale et de ses institutions. Nous demandons à la Xe CNUCED de prendre à cur le sort de ces pays et de redresser les Initiatives de la IXe CNUCED qui navait pas accordé aux pays les plus pauvres les soins quils méritent. Quant à nous, nous soutenons les revendications des pays en développement concernant laccès aux marchés, et estimons regrettables les blocages constatés sur cette question à Seattle.
M. SURIN PITSUWAN (Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande) : la Thaïlande est entrée dans une période de redressement et de relance de son économie. En 1999, son taux de croissance a été de 4% et ses réserves financières ont atteint 34 milliards de dollars américains. La consommation domestique est en hausse, et notre secteur dexportation prévoit une robuste croissance de ses activités. En vue de maintenir ce redressement et revigorer notre dynamisme économique, nous sommes en train de restructurer notre secteur financier, et nos secteurs agricole et industriel sont de plus en plus diversifiés et basés sur des avancées technologiques de pointe, ce qui augmente leur compétitivité sur les marchés mondiaux. Mais malgré ces bons résultats, nous sommes conscients que les tendances mondiales de léconomie doivent nous inciter à la vigilance.
La Thaïlande juge indispensable une approche globale, en vue de définir et de gérer le processus de mondialisation pour en maximiser les opportunités et en minimiser les risques, qui peuvent mener certains pays à la marginalisation. Pour que la libéralisation joue le rôle dune stratégie de croissance, les règles actuelles du système multilatéral déchanges doivent être améliorées pour créer un meilleur équilibre entre les obligations croissantes qui leur sont imposées et les droits inaliénables des Etats Membres de lONU et de la communauté internationale. Ces règles doivent être premièrement orientées vers la dimension du développement. Les pays doivent, dautre part, travailler ensemble pour améliorer le système financier international actuel en vue de prévenir toute nouvelle crise financière. Des mécanismes adéquats doivent être trouvés pour la prévention et la gestion de ces crises. Enfin, il est impératif que nous définissions des politiques et des stratégies de développement basées sur un juste équilibre entre la libéralisation, la compétitivité et le développement lui-même, ceci pour créer les conditions de plus déquité entre les nations.
M. MAKKI ALI BALAIL (Ministre du commerce extérieur du Soudan) : leffondrement dun certain nombre de barrières politiques, commerciales et technologiques a réduit les distances entre les nations et accru leur interdépendance. Cependant, tout ne va pas pour le mieux dans ce processus. La mondialisation a fait naître de nouveaux défis, au niveau, par exemple, des modèles socioculturels. Les pays en développement doivent aujourdhui affronter la marginalisation, la richesse étant détenue par un nombre réduit de pays. La question est donc de savoir comment faire pour maîtriser ce processus. Lheure a sonné pour que la communauté internationale travaille ensemble pour faire de la mondialisation un outil du bien-être. A cet égard, la CNUCED a un rôle important à jouer. Il convient aussi que les pays développés jouent leur rôle pour créer les conditions propices à lintégration des pays en développement, en particulier les pays les moins avancés. Il faut de réels engagements moraux et politiques qui passent par lannulation de la dette extérieure qui sape les possibilités de croissance de 90% des PMA. Les pays développés doivent honorer leurs engagements en matière dAide publique au développement. En dépit de la libéralisation du commerce, le flux des investissements directs étrangers ne se dirige que vers 1% des pays en développement. Il faut donc aider les pays en développement à mettre en uvre des politiques visant à attirer le flux des capitaux.
La mise en place dun système commercial international na pas donné toute la mesure de son potentiel. Il est temps de procéder à un inventaire de lactif et du passif de ce système. Quant aux initiatives concernant lAfrique et les PMA, elles demeureront lettre morte en labsence de la volonté politique et des ressources nécessaires. Il faut réviser la logique qui sous-tend ses programmes pour assurer leur mise en uvre réelle. Laccès à lOMC est une véritable gageure pour les PMA. En dépit des appels lancés par certains membres de lOrganisation, le processus dadhésion reste long et coûteux; certains Etats tendant à punir ceux qui ont accusé des retards dans lintégration à la mondialisation.
M. MOHAMMAD SHRIATMADARI (Ministre du commerce de lIran) : pour assurer léquilibre et la durabilité du développement dans les pays les moins avancés et les pays en développement, il convient dadopter une approche mondialisée du développement. Il faut, dans ce cadre, restructurer lOMC, sa structure actuelle pouvant être manipulée pour en interdire laccès à certains pays en développement. Ainsi la candidature de lIran et sa proposition détablir un groupe de travail ont été rejetées pour des raisons politiques. Dans cet effort, il convient de restructurer les autres institutions financières et monétaires principales. Lutilisation de concepts tels que le développement durable, la transparence, la bonne gouvernance et les normes écologiques comme moyen de pression contre les pays en développement doit être évitée. Il convient, en outre de faire de sorte que les conflits ou les hostilités cèdent la place à un dialogue entre les civilisations, initiative que lAssemblée générale des Nations unies a examinée. Il faut prévenir lapplication extraterritoriale de législations nationales et renforcer les lois visant à prévenir limpact négatif des activités des sociétés transnationales et leur fusion sur la compétitivité des pays en développement.
M. ABDUL WAHAB M. AL-WAZZAN (Ministre du commerce et de lindustrie et Ministre des affaires sociales et du travail du Koweït) : la plupart des pays en développement souffrent dun recul de leur niveau de croissance et du déficit de leur balance commerciale. La crise asiatique et la baisse du prix du pétrole ont contribué à la montée de linflation, du chômage et de la pauvreté pendant que les pays développés tiraient profit de ces crises. La plupart des pays en développement qui ont tout fait pour sintégrer au système commercial international nont pu bénéficier des Accords de lOMC. Il faut donc appeler les pays développés à éliminer les barrières tarifaires et non tarifaires, à faciliter le transfert de technologies et à apporter une assistance technique aux pays en développement. Les pays développés doivent également faire preuve de souplesse en ce qui concerne les spécificités des pays en développement, en particulier les PMA. Ils doivent aplanir les difficultés des pays en développement et les aider à sintégrer dans léconomie mondialisée. Le Koweït appuie, dautre part, la proposition de lArabie saoudite dorganiser une conférence internationale encourageant un dialogue constructif sur le lien étroit entre le transfert de technologies et le développement.
Il est également, nécessaire que la CNUCED mette au point des mécanismes pratiques pour le transfert des technologies, le commerce électronique, laccès au marché, le développement des ressources humaines, les investissements, le renforcement de lefficacité commerciale et quelle élargisse ses activités dassistance technique, danalyses des questions commerciales internationales et daide aux pays dans leurs négociations avec lOMC. La CNUCED doit aussi entreprendre une coopération active avec les institutions internationales financières et monétaires. Il est enfin important de renforcer le statut de la CNUCED dans le processus de prise de décisions en revitalisant son mandat de forum de négociations et dorgane propre à dégager un consensus.
M. KANG JONG MO (Ministre du commerce extérieur de la République démocratique populaire de Corée) : bien que lon prétende que la mondialisation soit une immense source dopportunités favorables à la croissance et quelle porte de grands espoirs de développement technologique et dexpansion financière, la vérité est que la plupart des pays en développement nen bénéficient absolument pas. Au contraire, ils ne sont que les pauvres victimes de ce phénomène et des crises quil engendre. Les programmes dajustement structurel et de dérégulation imposés par la mondialisation, font naître de nouveaux défis toujours plus difficiles à relever. Ces défis, eux-mêmes, posent de sérieux dangers, puisquils limitent et affaiblissent la gouvernance des pays en développement et les moyens locaux de gestion. Notre pays considère cette session de la CNUCED comme le cadre dans lequel doivent être proposées des stratégies de développement économique international. Ces stratégies devraient garantir un nouvel ordre économique mondial basé sur léquité, la stabilité et la prospérité de tous les peuples et des nations. Pour ce faire, des mesures devraient être urgemment prises pour créer et assurer un environnement
international stable favorable à la croissance et au développement des pays en développement. Léchec des négociations de Seattle a clairement prouvé quil serait injuste de vouloir imposer à ces pays les normes qui régissent lactivité économique des pays riches. Nos niveaux de développement ne sont pas les mêmes, et nous demandons que les négociations sur le système commercial multilatéral redressent les injustices actuelles et respectent les termes arrêtés lors du Cycle dUruguay.
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