MALGRE DES AVANCEES POSITIVES, BEAUCOUP RESTE A FAIRE POUR GARANTIR L'EGALITE DES CHANCES AUX PERSONNES HANDICAPEES
Communiqué de Presse
SOC/4506
MALGRE DES AVANCEES POSITIVES, BEAUCOUP RESTE A FAIRE POUR GARANTIR L'EGALITE DES CHANCES AUX PERSONNES HANDICAPEES
20000209Le Rapporteur spécial souligne la nécessité de compléter les normes internationales concernant les handicapés
L'exclusion économique et sociale des handicapés se retrouve dans tous les pays et est profondément enracinée. Malgré des progrès accomplis au cours de la dernière décennie, beaucoup reste à faire en matière d'égalisation des chances des personnes handicapées et du respect de leurs droits, a déclaré cet après-midi M. Bengt Lindqvist, Rapporteur spécial de la Commission du développement social sur la situation des handicapés, en présentant à celle-ci son rapport final sur les activités de son deuxième mandat.
M. Lindqvist a ensuite répondu aux questions des représentants de la Suède, des Philippines, de la Jamaïque, du Portugal, de la Chine et de la Fédération de Russie. Ceux-ci ont souligné les lacunes des Règles pour l'égalisation des chances des handicapés, ainsi que la nécessité de les amender et de les compléter. Ces lacunes concernent particulièrement les droits des enfants handicapés, les problèmes sexospécifiques, les handicapés mentaux, les handicapés en situation d'urgence, ainsi que le secteur du logement. En ce qui concerne plus particulièrement les enfants, le Rapporteur spécial et les délégations ont mis l'accent sur l'importance de garantir leur accès à l'éducation, par le biais de l'intégration scolaire ou au sein de l'enseignement spécial. Par ailleurs, il a préconisé de créer des organes de coordination au plus haut niveau de l'Etat afin de coordonner les relations entre les instances gouvernementales et les organisations non gouvernementales s'occupant de handicapés. Face à l'ampleur du problème et les lacunes actuelles des normes internationales, des représentants se sont prononcés en faveur de l'élaboration d'une convention sur les droits des personnes handicapées.
Ce dialogue, qui se tenait dans le cadre de l'examen des plans et programmes d'action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux, a été suivi d'un débat général sur le même thème, au cours duquel les représentants de l'Organisation internationale du travail (OIT), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT) et la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) ont fait une déclaration. Les organisations non gouvernementales suivantes sont également intervenues : Fédération mondiale des sourds, Organisation mondiale des personnes handicapées, Inclusion International, Pax Romana et Union mondiale des aveugles.
La Commission a ensuite terminé son débat général sur ses contributions à l'examen global de la suite donnée au Sommet. Les représentants de l'Equateur et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont pris la parole.
La Commission poursuivra l'examen des plans et programmes d'action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux demain jeudi 19 février, à 10 heures. Elle entendra la présentation du rapport du Secrétaire général sur l'Année internationale des personnes âgées, 1999.
SUIVI DU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL
Examen des plans et programmes d'action pertinents des organismes des Nations Unies concernant la situation des groupes sociaux
Exposé du Rapporteur spécial de la Commission du développement social sur le suivi de l'application des Règles pour l'égalisation des chances des handicapés
M. BENGT LINDQVIST (Suède), a souligné la complexité de la réalité qui nous entoure et partant, les difficultés qu'il a éprouvées lors de la rédaction de son rapport qu'il a choisi de ne pas axer sur la réalité, parfois misérable, des personnes handicapées, ou sur la manière dont leurs droits fondamentaux sont violés constamment. L'une des principales caractéristiques des normes de l'ONU est la manière dont elles définissent la responsabilité des Etats. En ce qui concerne les handicapés, ceux-ci ont la responsabilité d'éliminer les obstacles à leur participation et à l'exercice de leurs libertés fondamentales. Le Rapporteur spécial a fait part de progrès en ce qui concerne l'adoption par les pays de législations reflétant l'esprit des Règles. L'un des problèmes sérieux dans ce contexte est le fait que le processus de mise en uvre est souvent très lent, a-t-il toutefois ajouté. Vu les progrès réalisés, M. Lindqvist a recommandé que l'activité de suivi concernant l'application des Règles se poursuive.
Le Rapporteur spécial a souligné la nécessité de renforcer les services consultatifs et de les intégrer dans les efforts de développement régionaux. Il a suggéré, à cette fin, de désigner des conseillers régionaux qui assumeraient de tels services au bénéfice des gouvernements. Le Rapporteur spécial au niveau mondial appuierait et coordonnerait ces activités et serait responsable d'évaluer les progrès au niveau mondial et de faire rapport à la Commission du développement social. Un tel système assurerait une plus grande efficacité des contacts entre le mécanisme de suivi et les gouvernements et ONG dans les pays. Il attirerait peut-être aussi plus facilement des fonds de la coopération pour le développement. Le système du Groupe consultatif d'experts, établi par les ONG internationales travaillant dans le domaine des handicapés, devrait être conservé. L'appui financier suffisant est bien entendu essentiel pour le fonctionnement de ce système.
Soulignant les lacunes et les insuffisances constatées dans les Règles, le Rapporteur spécial a suggéré d'amender le document. L'objectif principal devrait être de le compléter. Le Rapporteur spécial a souligné la vulnérabilité particulière des personnes handicapées mentales et des malades mentaux et a mis en avant la nécessité d'une coopération internationale et d'un travail important de développement en faveur de ces deux groupes qui ne disposent pas d'une organisation forte pour représenter leurs intérêts. Pour ce qui est des enfants handicapés, un groupe d'ONG lié au Comité des droits de l'enfant, a été constitué. Son objectif est de rassembler des renseignements sur la situation des enfants handicapés et d'aider le Comité des droits de l'enfant à relever les normes relatives à la situation des enfants handicapés. Davantage d'activités ont été entreprises en ce qui concerne la parité entre les sexes, a encore noté M. Lindqvist. La situation des femmes et des filles handicapées est devenue plus visible dans les travaux de la Commission de condition de la femme, mais il reste encore beaucoup à faire. Des progrès sensibles ont également été réalisés dans le domaine des droits de l'homme. Le défi aujourd'hui est de mettre en place les conditions nécessaires pour surveiller la situation de manière efficace. Il a indiqué que la Commission des droits de l'homme traiterait en avril prochain de la question des droits de l'homme et des handicapés, estimant qu'il y aura là une nouvelle occasion de renforcer la protection des droits de l'homme de ces personnes.
Le Rapporteur spécial s'est félicité des initiatives lancées par la Banque mondiale en faveur des handicapés, en particulier l'attention qu'elle porte sur la relation entre le handicap et la pauvreté. Tous ces progrès montrent qu'il y a un intérêt pour les problèmes des handicapés de la part de nouveaux acteurs. Il faudrait toutefois favoriser davantage les échanges d'informations et assurer une meilleure coordination. Un mécanisme nouveau pour l'échange d'informations devrait inclure une coopération et une coordination avec les ONG qui s'occupent des handicapés. Depuis 20 ans, l'ONU joue un rôle important dans le domaine des activités en faveur des handicapés. Des progrès ont été réalisés pendant les années 1990. Cet élan doit être conservé pour qu'il y ait un véritable changement dans les conditions de vie des handicapés. Le Rapporteur spécial a souhaité que la Commission trouve un accord sur les modalités d'un mécanisme de suivi. "Une société bonne pour les handicapés est une société meilleure pour tous", a conclu M. Lindqvist, citant la Présidente de la Fédération mondiale des sourds, Mme Lisa Kauppinen.
Dialogue de M. Lindqvist avec les représentants
En réponse à des questions concernant la manière dont la Convention relative aux droits de l'enfant complète les Règles pour l'égalisation des chances des handicapés, le Rapporteur spécial a déclaré que ces instruments ont des statuts juridiques différents. Il a été d'avis que ces instruments se complètent de manière satisfaisante. Il a toutefois admis que les Règles ne couvrent pas certaines situations, et qu'elles pourraient étayer la Convention si elles contenaient davantage de dispositions concernant les enfants. A propos de la régionalisation des services consultatifs, le Rapporteur spécial a estimé que l'on ne peut atteindre efficacement qu'un nombre très restreint de gouvernements, donc le mécanisme au niveau mondial devrait être complété par des mécanismes régionaux.
Répondant à une question sur l'intégration scolaire des enfants handicapés, M. Lindqvist a rappelé que la Règle 6 sur l'éducation est celle qui a fait l'objet des négociations les plus âpres. Il a déclaré que les enfants doivent recevoir une éducation dans l'environnement le plus approprié. C'est au Ministère de l'éducation de veiller à l'éducation des enfants handicapés. Les personnes handicapées ne doivent pas être systématiquement renvoyées à la responsabilité des services sociaux.
Le Rapporteur spécial a également évoqué la prise en compte des besoins des handicapés lors de la construction des habitats en souhaitant que les architectes reçoivent toujours une formation à cette question.
Pour ce qui est de la manière dont les Règles se traduisent dans la vie quotidienne des personnes handicapées, M. Lindqvist a répondu que de nombreuses recherches restent à faire pour comprendre la situation réelle de ces personnes. Il a regretté les périodes très longues qui peuvent s'écouler avant que des mesures concrètes ne viennent compléter des dispositions législatives. L'exclusion se retrouve dans tous les pays et est profondément enracinée, a-t-il regretté.
Mme AKIKO ITO, Division des politiques sociales et du développement social au Département des affaires économiques et sociales, a précisé, à l'attention de la représentante de la Jamaïque, que la question des handicapés avait fait l'objet de différentes mesures au sein de la Division. Plusieurs réunions ont été organisées. Ainsi, une réunion sur les Règles a été organisée en 1998, à laquelle ont participé le Président du Comité des droits de l'enfant, des ONG et des juristes. Cette réunion a permis d'examiner comment les Règles pouvaient contribuer au renforcement des droits des enfants handicapés. Sur la question des moyens d'accès, une réunion interrégionale a été organisée qui a plus précisément porté sur l'accès dans l'infrastructure urbaine. Au mois de décembre dernier, un séminaire interrégional a été organisé à Hong Kong, en coopération avec la Division, sur les normes internationales intéressant les handicapés. Divers problèmes auxquels font face les handicapés ont été discutés à cette occasion. Mme Ito a précisé que tous les rapports et documents de la Division étaient à la disposition des délégations et pouvaient être également consultés sur l'Internet.
Reprenant la parole pour répondre à une deuxième série de questions des délégations, le Rapporteur spécial, M. Bengt Lindqvist, s'est déclaré convaincu de ce que les organisations qui travaillent en faveur des handicapés pourraient apporter une contribution à la session extraordinaire de juin. S'agissant de l'adoption éventuelle d'une convention relative aux droits des handicapés, il a suggéré aux pays qui y sont favorables de faire une proposition en ce sens. Si la question n'a pas encore été abordée, c'est parce qu'il semble qu'un nombre important de gouvernements n'est pas encore convaincu de l'utilité d'une telle convention. Il a reconnu que les Règles n'abordent pas l'aspect du vieillissement des personnes handicapées. Cette question doit être examinée plus avant. M. Lindqvist a aussi suggéré de voir comment suivre l'application des normes relatives aux droits de l'homme pour ce qui est des personnes handicapées.
M. Lindqvist a déclaré que l'une des qualités que nous devons encourager est la coopération entre les instances gouvernementales et les organisations non gouvernementales, en particulier celles qui représentent des handicapés.
Débat général
M. GARETH HOWELL, Directeur adjoint de l'Organisation internationale du travail (OIT), a indiqué qu'en ce qui concerne la situation des groupes spéciaux, l'OIT vise notamment à promouvoir et réaliser les principes et droits fondamentaux au travail, à renforcer la couverture et l'efficacité de la protection sociale pour tous. L'objectif de l'OIT, s'agissant des personnes handicapées, est d'assurer un plus grand respect de leurs droits et le développement d'un environnement favorable à leur intégration économique et sociale. La politique de l'Organisation dans ce domaine se fonde sur les Conventions No 99 et 159 et la recommandation No 168. Le Comité d'experts de l'OIT a procédé en 1998 à une enquête générale sur l'application de la Convention No 159 d'où il est ressorti qu'un grand nombre de pays ont inclus dans leur législation des dispositions visant à protéger les personnes handicapées contre toute discrimination dans les domaines de l'éducation et de l'emploi. D'autres pays ont apporté des amendements adéquats à leur législation. Le Comité a rappelé l'importance fondamentale des consultations entre le gouvernement et les partenaires sociaux, et a mis l'accent sur le fait qu'il est essentiel que les comités représentant les personnes handicapées
soient dûment consultés. Le Comité a noté des progrès concernant l'intégration des personnes handicapées dans la vie économique et sociale de leur communauté dans un certain nombre de pays en développement. Il a exprimé l'espoir que la Convention 159 serait ratifiée par un grand nombre d'Etats dans un avenir proche.
Au cours de la période couverte par le rapport du Rapporteur spécial, l'OIT s'est efforcée de promouvoir l'emploi des personnes handicapées et a pris des mesures pour éliminer la discrimination fondée sur les handicaps physiques et mentaux. S'il y a eu des progrès significatifs tant dans les pays industrialisés que dans les pays en développement, des efforts accrus sont cependant nécessaires. Au niveau pratique, l'OIT a fourni des conseils sur les questions relatives aux handicaps aux pays en développement et en transition, et a lancé des projets d'assistance technique dans de nombreux pays en vue de créer des opportunités d'emploi. L'OIT a continué à tenir des consultations intensives avec les ONG s'occupant de personnes handicapées. L'un des objectifs principaux est de renforcer l'attention sur les questions intéressant les personnes handicapées dans les entreprises. L'OIT est particulièrement préoccupée par l'augmentation des handicaps mentaux dans la société en général et dans les entreprises. L'OIT collabore avec l'Organisation mondiale de la santé dans ce domaine.
M. ENRICO PUPULIN, Organisation mondiale de la santé(OMS) a fait remarquer que la tendance est à l'augmentation du nombre de personnes handicapées, notamment du fait du vieillissement général de la population, de l'augmentation d'épidémies de maladies contagieuses et des changements dans les modes de vie. L'augmentation des naissances d'enfants handicapés préoccupe également l'OMS car, dans les pays en développement, leur handicap n'est souvent signalé qu'au cours de leur troisième année, lorsqu'il est trop tard.
L'OMS appuie activement les règles de l'ONU et participe à leur suivi. Il a suggéré un partenariat par le biais d'un programme commun de l'ONU et de ses institutions spécialisées. Un programme interinstitutions en faveur des personnes handicapées permettrait à tous les pays d'apporter leur contribution à l'égalisation des chances pour tous et une réelle amélioration de la situation de ces personnes. Le représentant a également espéré que l'OMS, aidée de tous les partenaires, pourra résoudre le problème de l'accès aux soins.
M. SELMAN ERGUDEN, Centre des Nations Unies pour les établissements humains (Habitat), a déclaré que le Centre a récemment intensifié son action en faveur de l'intégration sociale et de la lutte contre l'exclusion dans les villes. Habitat a des activités spécifiques visant à satisfaire les besoins des personnes âgées et de la jeunesse. Dans le cadre de l'Année internationale des personnes âgées, un projet de recherche a notamment été lancé, en collaboration avec l'Institut de l'administration publique des Etats-Unis et le Comité des ONG de l'ONU qui a pour objectif de sensibiliser davantage l'opinion publique à l'accroissement de la population âgée dans les zones urbaines; d'identifier les divers aspects des conditions de vie des personnes âgées; de suggérer des politiques et programmes appropriés pour améliorer les conditions de vie des personnes âgées; et d'aider les fonctionnaires locaux en proposant des directives et les meilleures pratiques pour mettre en uvre des activités visant à assurer la participation des personnes âgées à l'amélioration de leur environnement. Le rapport relatif à ce projet est disponible sur le site Web d'Habitat.
Un projet de recherche a également été lancé en ce qui concerne la jeunesse qui a permis de mettre en lumière les approches réussies ainsi que les difficultés communes auxquelles sont confrontés les jeunes et les organisations de jeunes. Des priorités pour l'avenir ont également été identifiées. Parmi les problèmes communs, les organisations de jeunes ont mentionné des services urbains insuffisants, l'absence de reconnaissance complète du potentiel de la jeunesse, l'absence de reconnaissance des organisations de jeunes qui travaillent dans le domaine de l'habitat, le manque de ressources financières, les obstacles posés par les politiques et la bureaucratie, et l'absence de réseau parmi les organisations de jeunes et les autres institutions. Au cours de la 17ème session de la Commission des établissements humains, un plan d'action sur deux ans a été adopté qui vise à coordonner et à guider les actions de la jeunesse. L'objectif de ce plan d'action est l'institutionnalisation des activités des jeunes relatives aux établissements humains; le renforcement de la participation des jeunes aux processus de décisions sur les questions du développement des établissements humains. Il s'agit aussi de permettre aux jeunes de mettre en uvre l'agenda d'Habitat par leurs propres initiatives, en particulier au niveau local, et de renforcer les échanges d'informations entre les membres du réseau des jeunes pour l'Habitat.
Le représentant a encore fait part des activités du Centre en faveur des sans-abris. Le Centre s'efforce d'améliorer la définition de cet état et prépare un rapport intitulé "stratégies pour combattre le phénomène des sans- abris". Un programme sur la réalisation des droits au logement est en outre développé en coopération avec le Bureau du Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.
La représentante de la Fédération mondiale des sourds a déclaré que ce système de suivi de Règles pour l'égalisation des chances des handicapés doit être maintenu, car certains pays n'ont pas encore appliqué les Règles. Il a préconisé une application renforcée des Règles. Il a également estimé que les Règles devraient prévoir davantage la situation des femmes et des réfugiés handicapés ou encore des handicapés en temps de guerre. Il a ensuite évoqué la Décennie pour les personnes handicapées en Afrique ( du 1er janvier 2000 au 31 décembre 2009) et demandé aux Nations Unies de l'appuyer. La Décennie a notamment pour objectif de lutter contre la pauvreté et la malnutrition qui frappent les personnes handicapées. Les personnes handicapées détiennent une expertise et des solutions uniques à la résolution de leurs propres problèmes. Cette Décennie devrait aussi favoriser l'échange d'informations entre les différentes organisations uvrant en faveur des personnes handicapées.
La représentante de l'Organisation mondiale des handicapés a apprécié la possibilité qui lui est offerte de faire prendre conscience des problèmes graves qui touchent les handicapés, lesquels représentent plus de 10% de la population mondiale. Les problèmes des personnes handicapées ne peuvent être considérés séparément des problèmes sociaux globaux. Si on ne tient pas compte de leurs préoccupations et de leurs problèmes dans les stratégies de développement, ces personnes continueront d'être le groupe le plus pauvre et le plus abandonné de la société, vivant souvent dans des conditions inhumaines. Les handicapés veulent être des partenaires. L'éducation, la santé et l'emploi sont des conditions essentielles à cette fin. L'objectif du plein emploi reste un simple rêve pour des millions de personnes handicapées qui peuvent et veulent travailler. La représentante a invité la communauté internationale à collaborer avec son organisation pour mettre en uvre les activités en faveur des handicapés dans diverses régions du monde.
Le représentant d'"Inclusion International" a salué les améliorations de la situation des personnes handicapées mentales réalisées grâce aux Règles pour l'égalisation des chances. Il a cependant jugé inacceptables les mauvaises conditions de vie, les institutions inhumaines dans lesquelles sont encore internées des personnes handicapées mentales et la ségrégation et les violations des droits de l'homme dont elles sont victimes. Il a recommandé de renforcer le système de suivi actuel en nommant des conseillers régionaux, de travailler sur l'amendement des Règles et d'assurer une coordination à l'échelle des Nations Unies, des actions entreprises au niveaux national et régional pour l'amélioration du sort des personnes handicapées. Il a espéré que le Rapporteur spécial et le Groupe d'experts pourront poursuivre leurs travaux.
Le représentant de Pax Romana a engagé à tirer les leçons de la crise financière récente pour éviter que les problèmes qu'elle a provoqués ne se reproduisent. Il a préconisé l'adoption de mesures fermes et la construction d'une nouvelle architecture financière mondiale sur la base d'une démocratie participatoire. Le but du capital ne doit pas être d'enrichir certains mais d'améliorer les conditions de vie de tous. La transparence, acceptée par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, doit également être appliquée par l'Organisation mondiale du commerce. Pax Romana se réjouit de la conférence qui se tiendra l'an prochain sur le financement du développement.
Le représentant de l'Union mondiale des aveugles a souligné que les besoins des personnes handicapées varient en fonction de leur handicap. Celles qui n'ont pas accès aux services de soutien sont extrêmement isolées, a-t-il souligné. Dans de nombreux pays, les connaissances sur la situation des sourds et des aveugles, leur nombre et leurs conditions de vie sont inexistantes et il est difficile de prendre les mesures nécessaires pour améliorer leurs conditions de vie. C'est pourquoi l'Union mondiale des aveugles a entrepris une collecte de données pertinentes.
M. HASUDUNGAN TAMPUBOLON, Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique (CESAP) a indiqué que la CESAP contribuait à l'établissement de bases solides pour le suivi de la Décennie des personnes âgées (1993-2002) en Asie et dans le Pacifique. La CESAP a suscité un élan régional sur des questions cruciales pour la participation et l'égalité des personnes handicapées, en particulier dans les domaines de l'éducation, et de l'emploi. La CESAP a également appuyé des projets pilotes à Bangkok, Beijing et New Delhi visant à promouvoir des environnements favorables aux handicapés. Les résultats ont excédé les objectifs initiaux qui étaient d'installer des moyens d'accès dans une zone d'un kilomètre carré dans chaque ville. Les organismes chargés de la mise en uvre de ces projets ont en effet introduit des politiques et des amendements législatifs et ont réussi à lever des fonds substantiels pour soutenir leurs projets. Parallèlement à ces succès, la CESAP a continué d'appuyer les initiatives visant à ce que les handicapés puissent s'aider eux-mêmes. Un projet de directives sur la formation des handicapés comme formateurs pour la promotion d'environnement favorables aux personnes handicapées a été testé sur le terrain dans divers contextes. Ce travail est renforcé par des initiatives au niveau régional allant dans le même sens.
Thème prioritaire: contributions de la Commission à l'examen global de la suite donnée au Sommet
Fin du débat général
M. MARIO ALEMAN (Equateur) a exprimé son accord avec les positions prises par le Groupe des 77 et la Chine. Il a estimé que, cinq ans après le Sommet de Copenhague, les objectifs en matière de développement social restent lointains. Le phénomène de la mondialisation a en effet eu ses bénéficiaires et ses laissés pour compte, au nombre desquels les pays en développement. La pauvreté absolue a augmenté et le plein emploi est un but qui est loin d'être atteint.
Le représentant a regretté que les organismes financiers internationaux aient suggéré des politiques économiques négligeant le facteur social et affaiblissant considérablement l'action de l'Etat en tant qu'instance régulatrice de son propre marché. Le représentant a déclaré que les politiques d'ajustement structurel ne pourront porter leurs fruits tant qu'elles négligeront le facteur social, car la pauvreté est une violation des droits de l'homme. Il a poursuivi en exposant les efforts économiques, législatifs et de mobilisation sociale déployés par le Gouvernement équatorien pour lutter contre la pauvreté et créer des emplois. Ainsi, la Constitution prévoit que 30 % des dépenses soient consacrées à l'éducation. Le représentant a également indiqué que son gouvernement prend des mesures pour résorber le secteur non structuré. Il a cependant déclaré que son pays croule sous l'énorme fardeau de la dette extérieure, qui représente 117% du PIB en Equateur et dont le service s'élève à plus de 40% du budget annuel.
M. SIBA DAS, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a indiqué que parallèlement aux efforts des gouvernements, le PNUD s'efforce de contribuer à l'élimination de la pauvreté en promouvant une gouvernance mondiale plus ouverte et plus équitable, en plaidant pour l'annulation de la dette extérieure, pour l'augmentation de l'accès aux marchés et pour une meilleure gestion et orientation de l'aide extérieure. Au niveau national, le PNUD appuie les efforts des gouvernements visant à apporter des changements propices, en soutenant des systèmes de gouvernance politique, économique et sociale sains, en contribuant à une meilleure compréhension des causes de la pauvreté, en aidant à faire des choix politiques éclairés, et en évaluant de manière fiable les progrès. Un autre accent clé pour le PNUD est la prestation d'un appui aux stratégies nationales de réduction de la pauvreté. Ainsi, le PNUD exécute, en ce moment, une évaluation sur le terrain de l'Initiative des stratégies de lutte contre la pauvreté, un programme appuyé par plusieurs donateurs qui vise à aider les pays dans leurs efforts pour réaliser les engagements pris au Sommet social. Cette évaluation, de même que le quatrième rapport du PNUD sur la pauvreté devraient permettre d'identifier les progrès réalisés depuis Copenhague et de redéfinir et développer de nouvelles stratégies de réduction de la pauvreté. Le représentant a souligné la nécessité de continuer à travailler en coopération avec la société civile dans ce contexte.
Moins d'un tiers des pays ont fixé des objectifs pour éliminer la pauvreté extrême ou réduire sensiblement la pauvreté générale. C'est là une lacune grave. La pauvreté est multidimensionnelle en ce sens qu'elle ne concerne pas seulement le revenu. Il faut donc incorporer d'autres objectifs dans la lutte contre la pauvreté, tels que des programmes de lutte contre l'analphabétisme, la malnutrition. De nombreux pays n'ont pas du tout de plan explicite de lutte contre la pauvreté même si nombre d'entre eux ont introduit cette question dans leur planification nationale. Beaucoup reste donc à faire. Les stratégies de lutte contre la pauvreté doivent être globales. Il faut bien plus que quelques projets visant les pauvres. La pauvreté doit être attaquée par une approche multisectorielle qui inclue les divers partenaires, gouvernements et communautés locales. La base pourrait être une approche favorisant des modèles de vie durables, approche dont le PNUD a été un pionnier.
L'un des obstacles dans la voie de ces programmes intégrés de lutte contre la pauvreté est l'approche communément appelée à deux voies: croissance et développement humain, deux voies qui se recoupent rarement puisque les politiques économiques ne sont pas faites pour préserver les intérêts des pauvres, alors que les services sociaux sont chargés de traiter de la question de la pauvreté. Une partie du problème tient à la définition d'une croissance favorable aux pauvres et au fait que l'on n'aborde pas les raisons de la répartition inégale des richesses, a estimé le représentant. Le PNUD reconnaît que les plans de lutte contre la pauvreté doivent être nationaux dans tous les sens du terme et ne pas être dirigés par les bailleurs de fonds. Dans ce contexte, il attache une grande importance à l'aide qu'il peut apporter aux pays pour préparer des Papiers stratégiques de réduction de la pauvreté et fournit un appui à un bon nombre de pays qui établissent ces documents. S'agissant du suivi du Sommet social, le PNUD a été prié de fournir des informations relatives à la réduction de la pauvreté, aux modèles de vie durables, à la mise en uvre de l'initiative 20/20 et à la coordination de l'aide. Le PNUD entend continuer à travailler avec les pays en développement pour réaliser les engagements de Copenhague, a conclu le représentant.
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