SOC/4504

L'ONUSIDA SOULIGNE L'IMPACT DE L'EPIDEMIE SUR L'AVENIR DES SOCIETES ET SUR LA SECURITE DE L'HUMANITE

8 février 2000


Communiqué de Presse
SOC/4504


L'ONUSIDA SOULIGNE L'IMPACT DE L'EPIDEMIE SUR L'AVENIR DES SOCIETES ET SUR LA SECURITE DE L'HUMANITE

20000208

La lutte contre la pauvreté et l'exclusion passe par la création d'emplois rémunérés et décents

Le VIH/sida représente une menace globale à la sécurité de l'humanité et freine le développement humain des sociétés, a déclaré cet après-midi le représentant du Programme ONUSIDA, devant la Commission du développement social qui examinait les contributions qu'elle peut apporter à l'examen global de la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social (Copenhague, 1995). Le représentant a appelé la Commission et la session extraordinaire de l'Assemblée générale, qui se tiendra en juin, à soutenir les initiatives de lutte contre le sida. Il a rappelé que 33 millions de personnes vivent avec le virus du VIH/sida et que 16,3 millions sont mortes depuis le début de l'épidémie. La grande majorité des personnes malades du sida vit dans des pays en développement, et particulièrement en Afrique, où le développement humain a reculé du fait de la chute de l'espérance de vie, conséquence directe de l'épidémie.

Le représentant de l'Organisation internationale du travail a souligné, pour sa part, que l'une des conditions premières pour sortir de la pauvreté et de l'exclusion sociale, est d'avoir une activité générant des revenus. Disposer d'un travail décent est une aspiration partagée par tous. Or, la mondialisation a entraîné des pertes d'emplois dans de nombreux pays, en particulier dans le monde en développement où les mécanismes de compensation promis par les forces du marché se sont souvent avérés plus faibles et plus lents que prévus. En outre, la grande majorité des travailleurs dans les pays en développement travaillent dans le secteur informel, bénéficiant d'une protection sociale minimale, voire nulle, et de salaires bas. Se fondant sur ce constat, l'OIT a lancé un programme mondial sur le travail décent axé à la fois sur la création d'emplois, la promotion des droits de l'homme au travail, l'amélioration de la protection sociale et la promotion du dialogue social.

Le représentant de la Fédération de Russie a de son côté attiré l'attention sur l'apparition de nouveaux problèmes qui font obstacle au développement social, citant en particulier le terrorisme et le trafic d'armes. Le représentant du Japon a insisté sur la nécessité de placer la "sécurité humaine" au centre des efforts de développement.

Les délégations de la Fédération de Russie, du Japon et de l'Ukraine ont participé au débat, suivies par les représentants de l'Organisation internationale du travail (OIT) et du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Les organisations non gouvernementales suivantes ont ensuite pris la parole: Fédération internationale des arts ménagers, au nom de plusieurs autres organisations; Chambre internationale du commerce; Fondation pour les droits de la famille; Pax Christi, Mouvement international catholique pour la paix; Confédération internationale des syndicats libres; Coopération internationale pour le développement et la solidarité, en collaboration avec Caritas internationalis et Franciscans international; Social Watch; Organisation des volontaires de l'Organisation des Nations Unies et Values Task Force.

La Commission poursuivra ses travaux demain mercredi 9 février, à partir de 10 heures. Il est prévu qu'elle termine son débat sur ses contributions à l'examen global de la suite donnée au Sommet.

Suite du débat

M. OLEG MALGUINOVA (Fédération de Russie) a déclaré qu'il est particulièrement indispensable d'évaluer et d'analyser les problèmes économiques et sociaux de notre temps et de mettre l'humanité sur la voie du développement durable et du bien-être social. La session extraordinaire de l'Assemblée générale sera l'occasion d'un bilan des actions prises en ce sens, a-t-il estimé. De nouveaux problèmes extrêmement épineux, notamment le terrorisme et le trafic d'armes, et qui entravent le développement social, ont surgi. Il faut s'en défaire pour progresser, a souligné le représentant. Il a également appelé à l'élaboration d'une nouvelle architecture financière mondiale en vue d'amenuiser le fossé entre pays riches et pauvres. Les décisions du Sommet mondial pour le développement social n'ont pas été traduites dans les faits, a ensuite souligné le représentant. Il a regretté le manque de propositions pour remédier au tarissement des aides aux pays pauvres.

Le représentant a déclaré que la politique économique et sociale de la Fédération de Russie s'inspire des décisions prises lors du Sommet mondial. L'appui de l'État est ciblé et accordé à ceux qui en ont besoin. Le dernier budget de l'Etat prévoit une augmentation des crédits affectés aux dépenses sociales. Le gouvernement juge indispensable d'éliminer le marché parallèle. Les autorités russes ont renforcé le contrôle fiscal et des activités d'exportation. Selon le Représentant, pour que les objectifs du Sommet mondial soient atteints, la coopération internationale en vue de l'humanisation de notre monde doit être renforcée.

M. KUNIO UMEDA (Japon) a estimé que l'effort d'examen global réalisé par la Commission devait être un pont de Copenhague à Genève. A cette fin, il faut identifier clairement les progrès réalisés et les obstacles rencontrés, comme les crises et les conflits, et, dans le même temps, chercher tout élément, toute tendance qui pourrait contribuer à la mise en œuvre plus efficace des engagements de Copenhague. Dans ce contexte, M. Umeda a insisté sur la nécessité d'une approche du développement social fondée sur l'être humain. Si cette approche a été privilégiée depuis le Sommet social, elle doit néanmoins être davantage encore encouragée afin que l'être humain soit véritablement placé au centre des politiques. Le Japon a, pour sa part, souligné la nécessité de placer la "sécurité humaine" au centre des efforts de développement, afin de protéger la vie et la dignité de chaque personne contre les nombreuses menaces auxquels nous sommes confrontés. Des efforts concertés doivent être poursuivis et renforcés afin d'assurer la réalisation du potentiel humain et l'amélioration des conditions de vie par la protection de la vie et de la dignité humaine.Le Japon, pour sa part, a fait des efforts continus en ce sens, y compris par l'établissement l'an dernier d'un Fonds de développement humain.

Le représentant a souligné, d'autre part, la nécessité d'établir des partenariats efficaces. Si la responsabilité première de la réalisation des objectifs de Copenhague incombe aux Etats individuels, des partenariats plus larges et plus forts sont cependant nécessaires, incluant les efforts de nombreux acteurs, y compris ceux de la société civile, des volontaires, du secteur privé et des organisations non gouvernementales. Dans ce contexte, M. Umeda a loué le travail réalisé par le Programme des volontaires des Nations Unies. Ces nouveaux partenariats doivent se faire à la fois aux niveaux international et régional, entre les organes du système de l'ONU et les autres organisations internationales pertinentes, par exemple. Les efforts pour les renforcer devraient être encouragés davantage en tant que l'une des approches clés dans le cadre du processus d'examen global du suivi du Sommet social.

MME SVITLANA VEGERA (Ukraine) a déclaré que la période qui s'est écoulée depuis le Sommet mondial a vu la création de nombreux plans nationaux. Tel est le cas en Ukraine, où le Président a signé un décret pour la mise en œuvre des objectifs du Sommet. Le Gouvernement ukrainien accorde une place particulière à la prévention de la pauvreté, notamment par le biais d'une politique de redistribution des revenus. Une réforme du système des retraites est également en cours. Un système de soutien aux couches les plus démunies de la population est en train d'être élaboré. La représentante a ajouté que son gouvernement encourage diverses stratégies pour stimuler la création d'emploi.

En dépit de tous ces efforts, a déploré la représentante, notre Etat se heurte à de nombreux obstacles, notamment budgétaires, car l'Ukraine a hérité d'une économie structurellement déséquilibrée. En outre, les séquelles de crises de l'environnement, telles que la catastrophe de Tchernobyl, se font sentir. La représentante a donc appelé la communauté internationale à soutenir la réalisation du développement social en Ukraine. Elle a également souligné les effets néfastes que peuvent avoir certaines politiques financières sur la situation sociale des pays.

M. FRANKLYN LISK, représentant de l'Organisation internationale du travail (OIT), a souligné que pour sortir de la pauvreté, il faut tout d'abord avoir une occupation générant des revenus. La création d'emplois a été identifiée comme l'une des priorités lors du Sommet de Copenhague. Or, par son mandat, ses structures triparties et son expérience, l'OIT a un rôle particulier à jouer dans ce domaine. L'OIT note ainsi avec intérêt les défis lancés ce matin par M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, sur la manière de répondre aux craintes liées à la mondialisation. Là aussi, l'OIT peut jouer un rôle. La mondialisation s'est accompagnée de toute une série de problèmes sociaux, dont un bon nombre sont liés au domaine du travail. Dans de nombreux pays, la mondialisation a entraîné des pertes d'emplois. Dans le même temps, les mécanismes de compensation promis par les forces du marché, à savoir la création de nouveaux emplois et le redéploiement en douceur des travailleurs déplacés, se sont souvent avérés plus faibles et plus lents que prévus. Dans de nombreux pays en développement sans assurance-chômage et sans aide à la réorientation professionnelle, les coûts sociaux ont été particulièrement élevés et ont été ressentis en premier lieu sur les membres les plus vulnérables de la société. Or, le travail est la clé pour la création de la richesse et la première mesure dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

Pour renforcer les engagements des gouvernements envers le plein emploi, l'OIT a engagé diverses actions. Des examens des politiques d'emplois ont été réalisés dans plusieurs pays, ainsi que des analyses comparatives. Ces études ont permis d'examiner la situation de l'emploi et de tirer des leçons des échecs et des succès. Elles sont en outre utiles pour développer un ensemble de grandes lignes sur l'emploi et les stratégies génératrices de revenus à l'attention des Coordonnateurs résidents du PNUD. Le Sommet social a mis en lumière les principes et droits que défend l'OIT. En 1998, l'OIT a adopté une Déclaration sur les principes et droits fondamentaux au travail qui constitue une étape décisive vers le respect universel de ces droits. Un autre développement récent important a été l'adoption de la Convention sur les pires formes de travail des enfants. Pour mettre en œuvre les résultats du Sommet social, l'OIT a organisé plusieurs réunions tripartites sur l'emploi au niveau régional.

Le représentant a plaidé en faveur de la pleine mise en œuvre des engagements de Copenhague par des efforts renouvelés et la volonté politique nécessaire. Depuis le Sommet social, l'OIT a renforcé ses efforts en vue d'aider les Etats à mettre en place des politiques et des stratégies globales visant à la création d'emplois. L'OIT a également accordé une assistance technique en vue de l'application des conventions relatives au travail, de l'élaboration et du renforcement des filets de sécurité sociale, y compris pour ce qui est du secteur non structuré. L'objectif de l'OIT est un travail décent pour tous, premier pas pour sortir de la pauvreté. Avoir accès à un travail décent est d'ailleurs une aspiration partagée par tous. Cette occasion doit être fournie par l'économie mondiale. Or, la grande majorité des travailleurs dans les pays en développement travaillent dans le secteur informel, bénéficiant d'une protection sociale minimale, voire nulle, et de salaires bas. L'OIT a donc lancé un programme mondial sur le travail décent dont l'objectif est de réduire la pauvreté et de promouvoir l'intégration sociale par l'intégration des préoccupations relatives à l'emploi dans les politiques économiques et sociales. Ce programme vise à la création d'emplois, la promotion des droits de l'homme au travail, l'amélioration de la promotion sociale et la promotion du dialogue social, a précisé le représentant.

M. DAVID LAWSON, représentant d'ONUSIDA a indiqué que plus de 33 millions de personnes vivent aujourd'hui avec le virus du HIV/sida. Au cours de l'année 1999, 5,6 millions de personnes ont été infectées. 2,6 millions de personnes sont mortes. Il s'agit du total global annuel le plus élevé depuis que l'épidémie a commencé. En tout, 16,3 millions de personnes sont mortes du sida depuis le début de l'épidémie, a rappelé le représentant. La grande majorité des personnes séropositives ou malades du sida vit dans des pays en développement. L'Afrique subsaharienne continue de supporter le fardeau écrasant de l'épidémie puisqu'elle compte 23,3 millions de personnes vivant avec le HIV/sida. Le Sud et l'Est de l'Afrique abritent moins de cinq pour cent de la population mondiale mais plus de 50 % des cas de sida y sont enregistrés. Le rapport sur le développement humain pour l'année 1999 observe de sérieux reculs de plusieurs pays du continent. Ces reculs découlent de la chute de l'espérance de vie, qui est une conséquence directe du sida: en Afrique australe, l'espérance de vie était de 59 ans dans les années 1990 mais, à cause du sida, on estime qu'elle sera de 45 ans entre 2005 et 2010.

Nous savons tous que le VIH/sida a été un frein très puissant à la réalisation des objectifs fixés en 1995 pour la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne. Pour répondre à cette "urgence humanitaire sans précédent, et à ses catastrophiques conséquences sociales et économiques, l'ONUSIDA et ses partenaires ont lancé un nouveau Partenariat international contre le VIH/sida en Afrique afin de soutenir les efforts des gouvernements africains et de la société civile dans leur lutte contre cette maladie. Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité a reconnu, en début d'année, que le VIH/sida représente une menace globale à la sécurité de l'humanité. Il s'est félicité de la décision, qui est actuellement discutée, de charger l'Assemblée générale d'examiner le problème du VIH/sida dans sa totalité. Il a déclaré que la propagation de plus en plus rapide de l'épidémie appelle des mesures nouvelles et une lutte à différents niveaux. De même a été lancée l'idée d'une coopération accrue entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social en ce qui concerne la lutte contre le sida. Il a espéré que la Commission et la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi du Sommet mondial soutiendront les initiatives de lutte contre le sida et prendront de nouvelles mesures pour lutter contre l'épidémie.

La représentante de la Fédération internationale des arts ménagers, prenant la parole au nom de plusieurs organisations non gouvernementales, a attiré l'attention sur une préoccupation commune à ces ONG, à savoir la famille, question qui devrait constituer une partie intégrante des travaux de la Commission. Le souci de la famille est en effet vital pour toute politique de développement social. La représentante a appelé les gouvernements à respecter leurs engagements concernant la protection de la famille et à renforcer l'accès de toutes les familles à des moyens de subsistance durables. Les familles défavorisées doivent être prioritaires dans cette action et dans l'accès à des moyens de vie décents. L'élimination de la pauvreté doit être au centre de toute stratégie de développement et ce, à tous les niveaux. L'approche doit être holistique et générale. Il faut s'efforcer d'atteindre l'objectif des services sociaux pour tous. Il faut assurer aux familles un revenu suffisant par la création d'emplois suffisamment payés, librement choisis et décents afin d'assurer l'intégration sociale de tous les membres de la famille dans la société. Le fossé qui sépare les pauvres et les riches ne cesse de s'élargir. Ce sont autant de familles qui vivent en deçà des normes. Dans ces conditions, les adultes sont dans l'impossibilité de soutenir et d'aider les enfants et ces derniers ne bénéficient pas de l'éducation à laquelle ils ont droit, a souligné la représentante.

Les ONG s'opposent à tout ce qui peut séparer les membres de la famille. Or, des politiques ont été adoptées dans plusieurs pays qui entraînent la dislocation des familles, a déploré la représentante, citant à titre d'exemple, certaines politiques d'immigration. Citant un article paru dans le New York Times, elle a fait observer que pratiquement tous les enfants qui se trouvent dans des foyers d'accueil sont issus de familles pauvres et sont handicapés par la séparation. En général, après quelques années, ces enfants sont d'ailleurs rendus à leur famille, ce qui soulève des questions quant au bien-fondé de ces politiques, a-t-elle souligné. Partant, elle a préconisé de mettre l'accent sur les services de prévention. La représentante a encore souligné l'importance de l'éducation qui doit commencer à la maison et se poursuivre tout au long de la vie. La coopération constante et la collaboration des ONG sont indispensables pour assurer le bien-être des familles dans le monde entier, a-t-elle déclaré. En conclusion, la représentante a plaidé en faveur de la mise en oeuvre de politiques de protection des familles dans leur vie quotidienne.

Le représentant de la Chambre internationale de commerce au nom de l'Organisation des employeurs a déclaré qu'une croissance impressionante s'est produite au cours des cinq dernières années. Parallèlement, la situation de l'emploi et les progrès dans l'éradication de la pauvreté dans de nombreuses parties du monde restent insatisfaisants et inquiétants. Dans ce contexte, les engagements pris dans la Déclaration de Copenhague et les décisions du sommet concernant la création d'emplois et la réduction de la pauvreté gardent toute leur actualité.

La bonne gouvernance est essentielle, a souligné le représentant. Le monde des affaires a besoin d'une législation qui lui permette de faire des bénéfices, a-t-il ajouté. Evoquant les grandes crises survenues au cours des cinq dernières années, il a déclaré qu'elles sont plus dues à l'échec de certains aspects des politiques nationales, ou à leur absence, qu'à la mondialisation. Le représentant a estimé qu'il ne faut pas tenter d'arrêter ou de freiner la mondialisation car il s'agit d'un processus irréversible. Au niveau national, les politiques, législations et régulations doivent tendre à une bonne gestion de l'environnement, à la protection des droits de l'homme et à la promotion des droits fondamentaux des travailleurs. Il faut s'attaquer aux pires aspects de la pauvreté et protéger les "perdants" lors de l'inévitable ajustement structurel. Ces mesures doivent être soutenues au niveau international par les institutions financières et les organisations internationales, a-t-il également estimé.

Le représentant de la Fondation pour les droits de la famille, a mis l'accent sur l'importance de la famille dans le développement social. En 1992, un groupe de travail d'ONG, dont la Fondation pour les droits de la famille, est parvenu à un consensus sur un document intitulé "Principes directeurs sur la famille" qui a été présenté à toutes les ONG intéressées, aux gouvernements et aux organes de l'ONU en tant qu'instrument pouvant faciliter la réflexion sur l'adoption éventuelle d'une déclaration sur les droits et les responsabilités des familles. Au cours des dernières années, plusieurs délégations se sont prononcées en faveur d'une telle déclaration. Un tel texte est nécessaire en raison de l'impact de la famille sur la société. L'ONU doit donc faire office de catalyseur et promouvoir l'action des gouvernements en faveur de la famille. Il faut, à cette fin, définir clairement le périmètre des libertés individuelles, car il faut veiller dans le même temps à garantir le bien commun. La famille est une structure complexe de relations qui implique à la fois des devoirs et des responsabilités. Une déclaration sur les droits de la famille devrait insister sur les rôles, les fonctions et les responsabilités de la famille et les droits des individus, y compris ceux des membres les plus vulnérables de la famille. Ceci ne veut pas dire que l'on impose un modèle de politique familiale. Au contraire, le défi est la coexistence de divers types de familles et différentes situations familiales doivent être acceptées. Les droits sociaux de la famille devraient inclure notamment: la dignité et le caractère privé de la famille, sa création, son fonctionnement, la détermination du nombre et de l'espacement des naissances, l'éducation des enfants, le droit de transmettre certaines valeurs morales et culturelles, l'égalité entre les sexes, la protection sociale et juridique de la famille, le droit d'association et de participation aux processus de décision sur les questions relatives aux politiques et programmes touchant la famille, la reconnaissance du travail ménager.

Le représentant de Pax Christi, Mouvement international catholique pour la paix, a engagé la Commission à chercher des moyens encore plus efficaces de collaboration avec les ONG. Les peuples ne peuvent pas être convenablement représentés seulement par les gouvernements dont les représentants appartiennent de par leur situation à des élites privilégiées. Il s'agit là d'une réalité d'importance critique dans la mesure où ne cesse de se creuser le fossé qui sépare ceux qui disposent de ce qu'il faut pour bien vivre de ceux qui ne l'ont pas, a affirmé le représentant, estimant que l'humanité ne pourra pas prospérer, voire survivre, à moins que ce fossé ne soit comblé. L'enjeu, a-t-il souligné, dépasse largement l'accès aux biens matériels de subsistance car tout aussi important est l'accès au pouvoir et à un rang social. Pax Christi demande instamment que l'on recherche le moyen de faire participer les pauvres eux-mêmes aux travaux de l'ONU, et ce de façon réelle et pas seulement symbolique. Sans solidarité, la mondialisation risque de voir les puissants et les riches recourir à tous les moyens, y compris la négligence, pour détruire ceux qu'ils considèrent inefficaces ou qui ne servent pas leurs objectifs.

Pax Christi appelle aussi instamment à réfléchir aux valeurs qui sous- tendent les stratégies de développement social. Une certaine attention a été accordée aux valeurs fondamentales lors du Sommet de Copenhague. Ce type de débat doit être incorporé aux procédures de la Commission du développement social ainsi que de l'Assemblée générale. Un tel dialogue permettrait, en effet, d'examiner ensemble les questions de développement social et de développement durable. Or, pour de nombreuses personnes, c'est une erreur de séparer le développement social du développement durable lorsqu'on examine les grandes orientations. Le représentant a encore souligné le fait que les modes de consommation des sociétés hautement industrialisées ne pouvaient servir de norme pour la survie du monde et encore moins pour le développement. Un tel constat exige que l'on s'emploie plus sérieusement à rechercher ensemble une nouvelle perception du bien-être, laquelle définira non seulement ce que doit inclure le bien-être mais aussi ce qu'il doit exclure si nous voulons la paix à tous les niveaux.

La représentante de la Confédération internationale des syndicats libres, s'exprimant au nom de 125 millions de travailleurs représentés par les 215 centres syndicaux nationaux de 145 pays et territoires, s'est déclarée convaincue que la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se déroulera à Genève vient à point nommé pour la communauté internationale. Les processus de mondialisation, la libéralisation accélérée des marchés de biens et de services se sont en effet emballés et ne sont d'aucun bienfait pour les travailleurs ordinaires. Cinq ans après Copenhague et alors qu'un nouveau siècle a commencé, la Confédération est arrivée à la conclusion que la communauté internationale a sous-estimé l'intensité de la volonté politique et de la coopération qui seraient nécessaires pour réaliser efficacement les engagements de Copenhague et progresser dans la réduction de la pauvreté, du chômage, de l'exclusion sociale et de l'érosion des droits de l'homme et des droits syndicaux.

La représentante a suggéré que le document final qui sera adopté à l'issue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale à Genève accorde notamment la priorité à l'application de la Déclaration de principes et les droits des travailleurs de l'OIT et de son suivi, à l'incorporation de principes de bonne gouvernance dans les politiques sociales, à une prise de conscience des questions liées à la sexospécificité, au renforcement de l'engagement de la communauté internationale pour mettre fin à la marginalisation de l'Afrique et des pays les moins avancés, à l'amélioration de la fourniture des services sociaux pour mettre fin à la pauvreté et à l'exclusion, ainsi qu'à l'engagement en faveur des objectifs d'élimination de la pauvreté d'ici à 2015.

La représentante de la Coopération internationale pour le développement et la solidarité, parlant également au nom de Caritas International et Franciscans International, a invité les gouvernements à participer activement à la session extraordinaire de juin ainsi qu'à la conférence sur le financement du développement qui se tiendra l'an prochain. Elle a souligné l'importance d'harmoniser les indicateurs de développement et de faire en sorte que ceux-ci mesurent efficacement les objectifs internationalement convenus, notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de la réduction de la pauvreté et de la mortalité infantile. Elle a préconisé d'autres mesures pour réaliser les objectifs convenus à Copenhague dans les délais fixés. Les crises financières ont montré les risques de marchés financiers mondiaux trop libéraux. Il faut réglementer la spéculation financière excessive. Les organisations internationales et les ONG devraient formuler des recommandations concrètes en vue de la construction d'une nouvelle architecture financière mondiale, a-t-elle suggéré. Elle a souligné aussi la nécessité de ressources nouvelles et d'un allègement de la dette des pays les plus pauvres pour qu'ils puissent libérer des moyens financiers pour les besoins primaires, notamment dans le domaine des services sociaux.

La représentante a plaidé en faveur de la réalisation d'évaluations des impacts sociaux des politiques et stratégies adoptées. Ainsi, la session extraordinaire devrait demander aux gouvernements de faire des études d'impacts sociaux avant, pendant et après la mise en œuvre de programmes d'ajustement structurel. Elle a aussi demandé à tous les pays qui ne l'ont pas encore fait de ratifier le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à tous les gouvernements de mettre en œuvre les accords pertinents, en particulier en ce qui concerne l'élimination de la pauvreté. La représentante a demandé un soutien en faveur des mesures de renforcement de la protection des droits de l'homme aux niveaux national, régional et international. Elle a exprimé l'espoir qu'une véritable volonté politique de mettre pleinement en œuvre les engagements de Copenhague verra le jour lors de la session extraordinaire.

La représentante de Social Watch a déclaré que le monde est encore loin d'avoir réalisé les objectifs du Sommet mondial pour l'an 2000, en dépit du fait que ces objectifs ne soient pas irréalistes. La moitié de la population vit dans la pauvreté, a rappelé la représentante. Cette situation scandaleuse n'est pas due à un manque de ressources, mais à une absence de volonté politique, a-t-elle pourtant fait remarquer. Les domaines prioritaires dans lesquels des mesures doivent être recommandées au cours de la session extraordinaire de l'Assemblée générale à Genève sont notamment l'accroissement des ressources allouées au développement, l'annulation de la dette, la compensation des effets négatifs des ajustements structurels et de ceux du chômage et l'application effective des conventions de l'OIT. Les nantis devraient avoir honte de constater que ce sont les nations les plus pauvres qui fournissent les efforts les plus intenses, par le biais de leurs populations et de leurs dirigeants, a-t-elle conclu.

Le représentant des Volontaires des Nations Unies, a souligné le rôle important du volontariat pour le bien-être des nations tant dans le monde développé que dans le monde en développement. Les efforts déployés par les volontaires visent à créer une société pour tous dans laquelle chacun joue une part active. L'effet de la volonté d'assurer ces fonctions n'est cependant pas reconnu par la communauté internationale. Or, celle-ci peut pousser les peuples à s'impliquer dans des activités civiques au service de leur pays. Le représentant a estimé que la communauté internationale devrait renforcer le rôle du partenariat pour créer une société internationale plus juste et plus équitable.

La représentante de The Values Task Force a déclaré que les pauvres deviennent souvent des parias de la société et que la plupart ont un grand besoin des services sociaux. Souvent sans emploi, ces derniers finissent par ne plus être en mesure d'occuper un emploi. Elle a déclaré que la pression de la pauvreté provoque une désintégration sociale, par le biais du phénomène de la drogue ou de celui de l'émigration en masse, qui touche jusqu'aux pays développés. Elle a souligné l'interdépendance qui existe dans notre monde et a suggéré que l'on favorise la prise de conscience de cette interdépendance et des valeurs de tolérance, notamment par le biais de l'éducation.

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