En cours au Siège de l'ONU

SOC/4503

CINQ ANS APRES LE SOMMET SOCIAL, UN BILAN MITIGE EST DRESSE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL

8 février 2000


Communiqué de Presse
SOC/4503


CINQ ANS APRES LE SOMMET SOCIAL, UN BILAN MITIGE EST DRESSE DEVANT LA COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL

20000208

Cinq ans après le Sommet mondial sur le développement social (Copenhague, 1995), des progrès ont certes été réalisés, mais beaucoup reste à faire pour atteindre les objectifs principaux qui avaient été fixés en ce qui concerne l'éradication de la pauvreté, le plein emploi et l'avènement de sociétés sûres, stables et équitables. Tel est le constat dressé ce matin à la Commission du développement social qui entamait les travaux de sa trente- huitième session. En prévision de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social et à l'examen de nouvelles initiatives qui se tiendra à Genève du 26 au 30 juin, la Commission a choisi de se pencher prioritairement sur les contributions qu'elle peut apporter à cet examen de suivi.

Ouvrant le débat, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desai, a attiré l'attention des membres de la Commission sur l'impact des changements démographiques, notamment le vieillissement de la population et les conséquences de la pandémie du VIH/sida. Il a souligné la nécessité de répondre aux préoccupations que soulève la mondialisation au sein des populations de nombreux pays, en particulier dans le monde en développement. Dans ce contexte, il a appelé à articuler un cadre reflétant davantage les valeurs de la solidarité. Pour ce qui est de l'objectif de réduction de la pauvreté, M. Desai a fait observer que sans les ressources adéquates, ce but ne pourrait être atteint.

Présentant le rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social, M. John Langmore, Directeur de la Division des politiques sociales et du développement social, a fait remarquer, lui aussi, que les ressources nécessaires pour appliquer effectivement les plans nationaux avaient fait défaut dans de nombreux cas.

Au cours du débat qui a suivi, le Représentant du Nigéria, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a fait observer que la détérioration des termes de l'échange, l'augmentation de la dette extérieure, les programmes d'ajustement structurel, les conflits armés, les luttes ethniques, la mondialisation et les catastrophes naturelles constituent autant d'obstacles à l'élimination de la pauvreté qui, s'ils ne sont pas examinés sérieusement au cours de la session extraordinaire, réduiront l'objectif fixé dans ce domaine à un mirage.

Pour le Portugal, qui parlait au nom de l'Union européenne et des pays associés, de même que pour les Etats-Unis, la bonne gouvernance constitue un élément essentiel de la création d'un environnement favorable au développement social dont la population ne doit pas seulement être bénéficiaire mais auquel elle doit aussi participer pleinement.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Nigéria (au nom du Groupe des 77 et de la Chine), Portugal (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Irlande, Afrique du Sud, Etats-Unis et Chili.

En début de réunion, la Commission a élu à sa Présidence M. Zola Skweyiya, Ministre du bien-être et du développement de la population d'Afrique du Sud. M. Skweyiya a estimé que la tâche d'examiner les progrès réalisés depuis Copenhague et de proposer des initiatives nouvelles était herculéenne. La Déclaration et le Programme d'action de Copenhague demeurent tout autant pertinents aujourd'hui qu'en 1995. La mondialisation rend d'autant plus urgente la nécessité de trouver des réponses aux problèmes sociaux. Si la responsabilité première de la mise en œuvre des engagements de Copenhague est celle des gouvernements, partenariats et société civile sont des agents maîtres de leur application. Des accords doivent être conclus avec les organisations internationales pour appuyer les efforts nationaux. Le nouveau Président a mis l'accent sur la nécessité de tenir compte des différences régionales dans ce contexte.

M. Luis Fernando Carranza-Cifuentes (Guatemala), Mme Jaminska Dinic (Croatie) et M. Asith Kumar Bhattacharjee (Inde) ont été élus aux Vice- Présidences. Le Rapporteur sera désigné à une date ultérieure.

Dans une brève déclaration, le Président sortant, M. Aurelio Fernandez (Espagne), s'est réjoui du fait que l'on ait réussi à replacer la Commission du développement social parmi les commissions importantes de l'ONU.

La Commission a adopté l'ordre du jour provisoire et l'organisation des travaux de sa session, telle qu'amendée oralement.

La Secrétaire de la Commission a attiré l'attention des délégations sur les résolutions de l'Assemblée générale relatives à l'utilisation des services de conférence et aux règles et règlements concernant le contrôle et la limitation de la documentation. Elle a rappelé qu'une page de documentation coûte 959 dollars et qu'une heure de réunion avec interprétation s'élève à 1.593 dollars. Les délégations ont été invitées à utiliser ces services avec mesure. Elle a également rappelé qu'aucun organe ne peut prendre une décision impliquant un changement dans le budget-programme approuvé par l'Assemblée générale ou une demande de dépenses à moins d'avoir reçu et pris en considération un rapport du Secrétaire général sur les implications de ce projet sur le budget-programme.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

Déclaration liminaire

M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a souligné l'importance du défi qui consiste à examiner les résultats de l'application des engagements de Copenhague et à envisager des initiatives nouvelles pour la poursuite de leur mise en oeuvre. En 1995, l'économie mondiale semblait bien se porter dans son ensemble. Les préoccupations exprimées lors du Sommet n'ont peut-être pas été bien comprises. Mais, aujourd'hui, il semble que le Sommet ait été en avance sur son temps. Grâce à ce Sommet, l'élimination de la pauvreté a été reconnue comme l'objectif central des politiques de développement et de la coopération au développement. En témoignent la réorientation des activités de la Banque mondiale, de même que l'évolution de la politique du Fonds monétaire international. Il s'agit là de l'un des impacts majeurs de Copenhague. Malheureusement, les ressources pour réaliser cet objectif n'ont pas été allouées dans la mesure voulue. C'est pourquoi, il faudra veiller, lors de l'examen de suivi, à faire en sorte que des ressources adéquates soient fournies pour les activités opérationnelles de l'ONU, pour les activités de la Banque mondiale, ainsi qu'au plan bilatéral. L'un des défis sera donc d'arriver à un consensus sur la priorité qu'il faut donner à l'élimination de la pauvreté et, au-delà, sur ce que cela signifie en termes d'engagement et de ressources, a souligné M. Desai.

Un deuxième domaine où le Sommet a eu un impact important est la prise en compte des dimensions démographiques dans le développement social, comme en témoignent les préoccupations relatives au vieillissement et à l'impact du sida. Il s'agit d'une importante évolution. Les personnes âgées constituent, en effet, une part importante de la population mondiale. Or, on ne dispose pas des structures économiques et sociales pour faire face à cette évolution que l'on a pourtant toujours voulue. L'impact du fléau de la pandémie du VIH/sida a lui aussi été mis à l'avant des préoccupations mondiales depuis le Sommet social. Le sida pose des problèmes sociaux-économiques et de santé importants et il faut se demander comment faire face à ce défi immense.

L'une des caractéristiques des cinq dernières années a été l'inquiétude grandissante face à la mondialisation, en particulier sur la question de savoir si le processus peut-être maîtrisé et si les crises peuvent être évitées, mais aussi sur la manière d'assurer un meilleur partage des biens. Environ 1,3 milliard de personnes vivent aujourd'hui dans la pauvreté absolue dans le monde. Les inquiétudes au sujet de la mondialisation touchent à l'emploi, aux inégalités, à la marginalisation. Il s'agit du troisième grand défi du processus de révision. Pourrons-nous trouver une réponse aux inquiétudes des populations, en particulier pour ce qui est des inégalités? Peut-on combiner mondialisation et justice sociale?

Enfin, une autre contribution précieuse du Sommet est la reconnaissance du fait que les valeurs doivent jouer un rôle dans la définition des politiques économiques qui ne peuvent reposer uniquement sur les lois du marché et la libre concurrence. Ainsi, on reconnaît de plus en plus qu'il faut mitiger ces considérations avec les valeurs sociales et de solidarité. C'est dans cet esprit que les Ministres des finances du monde ont appelé à des principes sociaux pour guider les travaux des institutions financières mondiales. Voilà encore un défi que le Sommet social + 5 doit relever. Peut- on donner une suite pratique à ces préoccupations ? Lors d'une réunion d'experts sur ce thème, il y a quelques semaines, la nécessité d'articuler un ensemble de principes pour lier les valeurs sociales et de solidarité au fonctionnement des marchés est clairement apparue. En conclusion, il faut réfléchir davantage aux conséquences des changements démographiques, et essayer de répondre aux inquiétudes liées à la mondialisation et articuler un cadre reflétant davantage les valeurs sociales et de la solidarité. Le Sommet social était au départ un processus dont on n'attendait pas grand chose. Il est remarquable qu'aujourd'hui un grand nombre des préoccupations exprimées à cette occasion se reflètent dans les activités des institutions et organisations internationales, ainsi qu'au niveau national. A bien des égards, le défi aujourd'hui est d'aller au-delà d'un simple processus d'examen pour articuler de nouvelles initiatives et pour que le Sommet social + 5 soit tout aussi important que le processus de Copenhague. M. Desai s'est déclaré convaincu qu'en déployant les efforts voulus, on pourrait assurer une mondialisation à visage humain.

Thème prioritaire: contributions de la Commission à l'examen global de la suite donnée au Sommet

Débat général

M. OLUSEGUN APATA (Nigéria), prenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que cinq ans après le Sommet pour le développement social, les objectifs louables qui avaient été fixés demeurent des vœux pieux pour les pays en développement. Depuis le Sommet de Copenhague, l'objectif de l'élimination de la pauvreté a été au centre des politiques des pays en développement. Pourtant, la pauvreté n'a fait que croître et demeure le principal défi pour les pays du Groupe des 77. La détérioration des termes de l'échange, l'augmentation de la dette extérieure, les programmes d'ajustement structurel, les conflits armés, les luttes ethniques, la mondialisation et les catastrophes naturelles constituent autant d'obstacles à la réalisation de cet objectif. A moins que la session extraordinaire ne traite spécifiquement de ces problèmes, l'objectif de réduire de moitié la pauvreté d'ici à 2015 restera un mirage.

Le plein emploi est au centre de la diminution de la pauvreté. Or, dans les pays en développement, le secteur formel a stagné et dans certains cas régressé, a poursuivi le représentant. L'objectif du plein emploi est souvent entravé par les politiques de stabilisation, d'austérité fiscale et d'équilibre budgétaire qui handicapent les efforts des gouvernements pour créer un environnement favorable à la création d'emplois. Il faut renforcer le rôle des gouvernements, encourager le secteur non structuré et proposer des programmes de microcrédit. Le fardeau de la dette constitue cependant un obstacle majeur. Le service de la dette rend impossible la réalisation de l'objectif de l'élimination de la pauvreté. S'ils veulent véritablement éliminer la pauvreté, les pays développés devraient, comme première mesure, considérer l'an 2000 comme un jalon et s'engager en faveur d'un calendrier d'élimination de la dette des pays en développement sur cinq ans. Cela pourrait être la base d'un renouveau économique et permettre des avancées importantes dans le domaine du développement social.

Dans le monde d'aujourd'hui, les gouvernements ne sont pas en mesure de contrôler les facteurs du développement social, comme l'ont montré les crises financières. Une approche holistique du développement s'impose. Les politiques nationales doivent être appuyées par des efforts internationaux. Il faut plus particulièrement renverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement et s'attaquer au problème de la dette, à la détérioration des termes de l'échange et veiller à atténuer les effets négatifs de la mondialisation. On pourrait atteindre les buts de Copenhague, mais la volonté politique à cette fin fait défaut. La même volonté qui est montrée pour résoudre les conflits ou répondre à des catastrophes naturelles doit être appliquée au développement social, a conclu le représentant.

ANTONIO MONTEIRO (Portugal) au nom de l'Union européenne et des pays associés a évoqué des secteurs du développement social dans lesquels des progrès ont été réalisés en matière de promotion de l'emploi, d'intégration sociale et d'éradication de la pauvreté. Il a indiqué que la priorité donnée à l'emploi est renforcée par une stratégie commune au niveau de l'Union européenne (UE) et de ses Etats Membres grâce à la formulation de lignes directrices européennes, le développement de plans d'action nationaux, ainsi que l'évaluation et la surveillance commune des progrès dans ce domaine.

Le représentant a ajouté que les systèmes de protection sociale des Etats Membres de l'UE affrontent des difficultés communes en ce qu'ils doivent s'adapter à des schémas familiaux, démographiques et d'emploi en mutation. Ces systèmes de protection sociale doivent également répondre aux aspirations des citoyens qui souhaitent le maintien de niveaux élevés de protection sociale dans un contexte de restrictions budgétaires. La part du PNB que les pays de l'UE consacrent à la protection sociale s'élève à environ 28,8% dont la plus grande partie est dépensée pour les pensions et les soins de santé des personnes âgées. L'UE accorde une grande importance à la protection sociale qui est un facteur productif dans la société active.

L'exclusion sociale est de nature structurelle et multidimensionnelle, et il s'agit d'un obstacle majeur à la cohésion sociale, a poursuivi le représentant. Il a reconnu que l'exclusion sociale est une réalité qui empêche encore de nombreuses personnes vivant dans l'UE d'exercer leurs droits sociaux. Il a également reconnu que la totalité de la population de chaque pays n'a pas accès, à chaque instant, aux services sociaux. A cet égard, l'UE s'est engagée afin d'assurer à tous l'accès aux services sociaux qui représente une étape importante dans l'éradication de la pauvreté et l'insertion sociale. En outre, l'UE envisage de renforcer l'action de la Communauté dans le domaine de l'élimination de la discrimination fondée sur l'origine raciale ou ethnique, la religion ou la croyance, les handicaps, l'âge ou les orientations sexuelles.

Pour l'UE, l'intégration des objectifs de développement social, la participation de tous les acteurs sociaux et l'égalité entre les sexes sont trois points transversaux et fondamentaux pour parvenir au plein emploi, au renforcement de la protection sociale et à l'éradication de la pauvreté. Bien que le développemement social relève d'abord de la responsabilité de l'Etat, la société civile, y compris le secteur privé, a également un rôle important à jouer dans l'application des résultats du Sommet, a estimé le représentant.

Les changements intervenus dans les pratiques commerciales, les nouvelles technologies et le processus de mondialisation ont créé de nouvelles possibilités mais aussi de nouveaux problèmes et risques qui visent le processus de développement. De ce fait, il est nécessaire de renforcer l'assistance internationale au développement et particulièrement à l'intention des pays les moins avancés, notamment les pays d'Afrique subsaharienne. L'UE est d'avis que la promotion renforcée des bonnes pratiques et du développement de principes de politique sociale approuvés au niveau international contribueraient à augmenter les bénéfices découlant du processus de mondialisation. Dans le contexte de la mondialisation, il est important de passer à l'application effective des normes de travail établis par l'OIT.

Par ailleurs, le représentant a souligné la préoccupation de l'UE face à l'augmentation du nombre de personnes qui vivent dans une pauvreté extrême observée depuis 1995. Il a déclaré que l'accès à la terre, le microcrédit et l'information sont des instruments essentiels pour éradiquer la pauvreté du fait de leur influence positive sur le développement social, la création d'emplois et l'intégration sociale. Le développement social durable ne peut être mis en place qu'au sein d'un environnement politique de bonne gouvernance respectant tous les droits de l'homme et les libertés fondamentales, ainsi qu'au sein d'institutions démocratiques, a conclu le représentant.

M. RICHARD RYAN (Irlande), prenant la parole au nom de la Présidence du Comité ministériel du Conseil de l'Europe, a rappelé qu'à la suite du Sommet de Copenhague, les pays européens avaient réaffirmé le rôle fondamental du développement social dans le développement humain et fait de la cohésion sociale une priorité politique majeure du Conseil de l'Europe, créant dans la foulée un organe intergouvernemental, le Comité européen pour la cohésion sociale qui gère un programme intensif d'activités visant à faciliter l'échange d'expériences et à élaborer des directives sur les bonnes pratiques à l'attention des Etats Membres. La Banque de développement du Conseil de l'Europe octroie des prêts pour la création d'emplois et des infrastructures sociales dans les domaines de la santé, du logement et de l'éducation. Le Conseil de l'Europe dispose, en outre, d'un Centre pour l'interdépendance mondiale et la solidarité. Une campagne de sensibilisation intitulée "Interdépendance mondiale et solidarité: l'Europe contre la pauvreté et l'exclusion sociale" a été lancée en septembre 1998 et se poursuivra jusqu'en juin 2000 pour coïncider avec la session extraordinaire de Genève.

M. Ryan a ensuite fait part des résultats de la Conférence européenne sur le développement social qui s'est tenue à Dublin les 17 et 18 janvier dans le cadre des préparatifs de la session extraordinaire. Rassemblant quelque 200 hauts représentants nationaux, la Conférence a axé ses discussions sur les thèmes de la promotion d'un environnement politique, économique, culturel et juridique favorable au développement social; la promotion de la cohésion sociale fondée sur le renforcement et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales, en particulier les droits sociaux; et l'élimination de la pauvreté et de l'exclusion sociale en Europe. Un Forum des ONG s'est réuni avant la Conférence sur le thème "les droits sociaux sont des droits humains - Priorités des peuples pour le suivi du Sommet social" dont plusieurs propositions ont été reprises dans les conclusions de la Conférence. Le Gouvernement français a, pour sa part, financé une évaluation des rapports nationaux de suivi du Sommet social soumis à l'ONU par les membres du Conseil de l'Europe. Les déclarations entendues lors de la Conférence ont clairement montré l'importance de la nouvelle stratégie de cohésion sociale et la Conférence a ouvert la voie à une contribution active et constructive de l'Europe à la session extraordinaire, a souligné le représentant.

La Stratégie européenne de cohésion sociale sera consolidée d'ici à l'an 2000 et mise en œuvre au cours des années suivantes. En 2003, une évaluation sera présentée sous forme de rapport sur la cohésion sociale en Europe, a encore précisé le représentant. Des plans sont actuellement développés pour renforcer la coopération sur les projets sociaux avec les institutions financières internationales. Dans les programmes de coopération avec les pays d'Europe centrale et orientale, un effort substantiel est réalisé pour aider ces pays à réformer leur législation en vue de la rendre compatible avec la Charte sociale européenne et le Code européen de sécurité sociale.

M. Ryan a souligné la complémentarité entre le Conseil de l'Europe et les processus de consultation au sein de l'Union européenne et a souhaité que l'ONU, le conseil de l'Europe et l'Union européenne continuent à travailler ensemble pour faire avancer le développement social.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) s'est associé au discours prononcé au nom du Groupe des 77 et de la Chine. Il a indiqué qu'en Afrique du Sud, le Programme de reconstruction et de développement (PRD), qui établit le cadre de la politique nationale, tient pleinement compte des objectifs du Sommet mondial pour le développement social. Le PRD place les personnes au cœur du développement. Notre vision du développement, a précisé le représentant, implique la démocratisation de la société, la satisfaction des besoins de base et la transformation du secteur public et des institutions publiques. Le représentant a déclaré que l'Afrique du Sud reconnaît que les diverses forces sociales ont des intérêts divers et concurrents. Ce pays a donc mis en place des mécanismes et des institutions chargés de rassembler ces divers intérêts au sein d'un programme social commun. Des institutions telles que le Conseil national de l'économie, du travail et du développement instituent un partenariat social entre les secteurs-clés de la société. Ces partenariats concernent les travailleurs, le secteur des affaires, le gouvernement et différentes organisations de la société civile.

Le Gouvernement de l'Afrique du Sud a également la ferme intention de lancer une offensive nationale commune contre toutes les formes d'inégalité et de discrimination, y compris les inégalités en raison de la race et du sexe ainsi que la discrimination fondée sur les handicaps et l'âge. Il s'agit d'un élément essentiel pour réaliser l'engagement en faveur de l'intégration sociale, l'éradication de la pauvreté et la réduction des inégalités sociales.

Pour que les Etats puissent donner suite aux engagements pris lors du sommet social, il est indispensable que leurs efforts soient soutenus par la communauté internationale, a ajouté le représentant. Il reste encore à concrétiser les mesures telles que l'amélioration des termes de l'échange, l'inversion de la tendance au déclin de l'aide publique au développement dont le montant accepté par les pays donateurs devrait être de 0,7 pour cent de leur produit national brut, le soutien aux plans de microcrédit et l'annulation de la dette. Pour ce qui est du développement durable, les pays doivent accorder plus d'importance à l'intégration des stratégies de croissance au développement humain. L'augmentation du taux de chômage et la féminisation de la pauvreté exacerbent les formes existantes d'exclusion sociale. C'est dans ce contexte que l'Afrique du Sud continue de poursuivre des stratégies visant à protéger les droits des groupes vulnérables et à soutenir les initiatives en faveur de l'égalité entre les sexes. En reconnaissant l'importance de ces facteurs, l'Afrique du Sud examine l'impact sur les personnes des deux sexes de la politique macroéconomique qui s'attaque à la pauvreté et à l'inégalité. Dans un monde dominé par les marchés ouverts, le défi est de réussir à donner de la valeur aux activités non lucratives.

Les conséquences dévastatrices du VIH/sida entravent le développement social et exacerbe encore plus l'inégalité et la pauvreté. La pauvreté et le VIH/sida combinés créent une forme d'impuissance et de dislocation sociale contre laquelle les pays ne peuvent se défendre individuellement. Ce problème démontre que pour réagir de manière efficace, il est urgent d'élaborer un programme mondial s'appuyant sur l'apport de soins et la solidarité.

Le représentant a ensuite relevé que le processus de mondialisation a eu des effets différents sur les pays développés et sur les pays en développement. Ces derniers sont devenus plus vulnérables et ont été marginalisés. Les bénéfices réalisés grâce à des politiques économiques responsables et prudentes ont été balayés en quelques secondes à cause de marchés financiers dérégulés et non contrôlés. Il n'a jamais été aussi urgent de démocratiser les institutions financières mondiales et de développer une nouvelle architecture financière.

M. MICHAEL GALLAGHER (Etats-Unis) a souligné la nécessité de créer un environnement favorable au développement social et estimé que la bonne gouvernance constitue à cet égard un élément essentiel. Dans un tel environnement, la population ne doit pas seulement être bénéficiaire, mais aussi contribuer au développement social. C'est pourquoi, il importe de trouver les moyens d'améliorer l'éducation et les soins de santé et d'alléger la pauvreté extrême. Il faut aider les populations à participer pleinement à la société. C'est ce que le Sommet a appelé un "développement centré sur les gens". Le développement doit reposer sur les capacités locales. C'est pourquoi, les Etats-Unis encouragent les pays en développement à choisir des politiques qui donnent la priorité aux ressources nationales, attirent les investissements étrangers et utilisent avec sagesse l'aide publique au développement. Celle-ci peut en effet agir comme catalyseur d'un développement durable. L'esprit d'entreprise constitue un instrument de croissance économique, a observé le représentant qui a encouragé l'adoption de politiques visant la création d'emplois et la promotion des petites et moyennes entreprises.

De l'avis des Etats-Unis, une lutte efficace contre la pauvreté doit traiter de deux préoccupations essentielles: la bonne gouvernance et des politiques économiques saines. Forts de ce constat, les Etats-Unis ont lancé de nombreux programmes bilatéraux et multilatéraux dans plusieurs régions du monde en vue d'aider les pays à promouvoir la croissance économique par le biais du développement, de renforcer la démocratie et la bonne gouvernance, d'assurer une alimentation et des soins de santé adéquats, de développer les capacités par l'éducation, de protéger l'environnement et de fournir une assistance humanitaire en cas de catastrophe. Outre l'engagement qui a été pris au titre de l'Initiative de Cologne, les Etats-Unis ont accepté d'effacer 100 % de la dette des pays pauvres qui remplissent les critères fixés afin d'appuyer les efforts qu'ils déploient pour diminuer la pauvreté et assurer une base solide en vue de la croissance économique. Le Président Clinton s'est également engagé à travailler cette année en vue d'assurer le financement de la part qui revient aux Etats-Unis en ce qui concerne les initiatives multilatérales d'allégement de la dette.

Pour les Etats-Unis, des marchés ouverts et fondés sur les lois du commerce constituent le meilleur moyen de relever les niveaux de vie, de réduire la dégradation de l'environnement et de construire sur une prospérité partagée. Mais, le commerce à lui seul ne peut sortir les pays pauvres de la pauvreté. La croissance économique exige des investissements dans les ressources humaines, dans l'éducation, dans les soins de santé, les technologies et les infrastructures. Les pays en développement peuvent parvenir à la croissance sans faire les mêmes erreurs que les pays développés en ce qui concerne la protection des travailleurs et de l'environnement, a affirmé le représentant, estimant qu'il est de l'intérêt de ces pays de protéger leurs travailleurs et de garder leurs enfants à l'école.

Le représentant du Chili a évoqué la manière dont la communauté internationale pourrait soutenir les efforts déployés par chaque pays pour progresser dans le domaine du développement social. Il a demandé si les thèmes relatifs au développement social ne pourraient pas être abordés dans les différentes enceintes, et notamment celles qui traitent des questions d'environnement.

Documentation

L'ordre du jour provisoire et l'Organisation des travaux de la session sont parus sous les cotes E/CN.5/2000/1 et E/CN.5/2000/L.1. Selon l'amendement apporté à l'organisation des travaux, la date limite de soumission des projets proposés au titre du point 3 (b) a été fixée au vendredi 11 février à 6 heures et celle pour les projets proposés au titre du point 3 (a) au mardi 15 février à 6 heures. Dans le cadre de l'adoption de son ordre du jour et autres questions d'organisation, la Commission était également saisie d'une note du Secrétariat contenant des propositions concernant le plan à moyen terme pour la période 2002-2005, parue sous la cote (E/CN.5/2000/6). Cette note sera examinée à une date ultérieure.

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