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CS/1148

LE CONSEIL DECIDE DE PORTER LE MAXIMUM DE LA COMPOSANTE MILITAIRE DE LA MISSION EN SIERRA LEONE A 11 100 HOMMES

7 février 2000


Communiqué de Presse
CS/1148


LE CONSEIL DECIDE DE PORTER LE MAXIMUM DE LA COMPOSANTE MILITAIRE DE LA MISSION EN SIERRA LEONE A 11 100 HOMMES

20000207

La MINUSIL devra assurer la sécurité des emplacements clefs, faciliter la libre circulation et coordonner son action avec les autorités sierra-léonaises

Le Conseil de sécurité - réuni sous la présidence de M. Arnoldo Manuel Listre (Argentine) - a adopté à l'unanimité cet après-midi la résolution 1289 (2000) par laquelle il décide que la composante militaire de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) sera portée à un maximum de 11 100 militaires, dont les 260 observateurs militaires déjà déployés. Cet effectif pourra être revu périodiquement en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain et des progrès réalisés dans le cadre du processus de paix, notamment ceux relatifs au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion.

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, le Conseil de sécurité décide également que le mandat de la MINUSIL sera élargi afin d'assurer la sécurité des emplacements clés et des bâtiments publics, en particulier à Freetown, ainsi que des carrefours importants et des principaux aéroports, y compris l'aéroport de Lungi; de faciliter la libre circulation des personnes et des biens ainsi que l'acheminement de l'aide humanitaire le long de certains axes déterminés; d'assurer la sécurité de tous les sites utilisés pour le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion; de coordonner son action avec les autorités sierra-léonaises de maintien de l'ordre et aider celles-ci, à l'intérieur des zones d'opérations communes, à s'acquitter de leurs responsabilités; et d'assurer la garde des armes, munitions et autres matériels militaires dont les ex-combattants ont été dessaisis et aider à en disposer ou à les détruire. Il décide en outre que le mandat révisé de la MINUSIL sera prorogé pour une période de six mois à compter de l'adoption de la présente résolution. A cet égard, il souligne qu'une transition sans heurt de l'ECOMOG à la MINUSIL est indispensable au succès de l'application de l'Accord de paix et à la stabilité de la Sierra Leone et engage tous les intéressés à coordonner le calendrier des mouvements et retraits de troupes.

Le Conseil affirme que la MINUSIL pourra prendre, dans l'accomplissement de son mandat, les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel et, à l'intérieur de ses zones d'opérations et en fonctions de ses moyens, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques, en tenant compte des responsabilités du Gouvernement sierra-léonais. Il autorise également les augmentations d'effectifs que le Secrétaire général a proposées le 11 janvier dernier pour les affaires civiles, la police civile et le personnel administratif et technique de la MINUSIL.

Le Conseil de sécurité demande à nouveau au Gouvernement sierra-léonais de conclure avec le Secrétaire général un accord sur le statut des forces dans les 30 prochains jours et rappelle qu'en attendant la conclusion d'un tel accord, c'est le modèle d'accord sur le statut des forces du 9 octobre 1990 qui s'appliquera provisoirement. Il engage par ailleurs le Gouvernement sierra-léonais, les institutions spécialisées, les autres organisations multilatérales, la société civile et les Etats Membres à redoubler d'efforts pour assurer la mise en place et le bon fonctionnement de la Commission de la vérité et de réconciliation, de la Commission des droits de l'homme et de la Commission pour la consolidation de la paix prévues par l'Accord de paix. Le Conseil souligne qu'il importe que le Gouvernement sierra-léonais contrôle intégralement l'exploitation de l'or, des diamants et d'autres ressources dans l'intérêt de la population du pays et, à cette fin, demande que la Commission de gestion des ressources stratégiques, de la reconstruction nationale et du développement commence sans tarder à fonctionner efficacement.

Les représentants des pays membres suivants du Conseil de sécurité ont expliqué leur position: Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Ukraine et Chine. Le représentant de la Sierra Leone a pris la parole.

Au titre de l'examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi du deuxième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) ainsi que d'une lettre du Secrétaire général adressée à son Président en date du 23 décembre 1999 (voir notre communiqué de presse CS/1147 daté d'aujourd'hui).

LA SITUATION EN SIERRA LEONE

Projet de résolution S/2000/34

Le Conseil de sécurité,

Rappelant ses résolutions 1171 (1998) du 5 juin 1998, 1181 (1998) du 13 juillet 1998, 1231 (1999) du 11 mars 1999, 1260 (1999) du 20 août 1999, 1265 (1999) du 17 septembre 1999 et 1270 (1999) du 22 octobre 1999 ainsi que les autres résolutions pertinentes et la déclaration de son Président en date du 15 mai 1999 (S/PRST/1999/13),

Affirmant l'attachement de tous les États au respect de la souveraineté, de l'indépendance politique et de l'intégrité territoriale de la Sierra Leone,

Rappelant les principes pertinents énoncés dans la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé adoptée le 9 décembre 1994,

Accueillant avec satisfaction et encourageant l'action que les Nations Unies mènent en vue de sensibiliser le personnel de maintien de la paix à la nécessité de mener une action préventive et de lutter contre le VIH/sida et les autres maladies transmissibles dans toutes les opérations de maintien de la paix,

Prenant note de la lettre datée du 17 janvier 2000, adressée au Ministre sierra-léonais des affaires étrangères et de la coopération internationale par son Président (S/2000/31),

Ayant examiné les rapports du Secrétaire général en date des 23 septembre 1999 (S/1999/1003), 6 décembre 1999 (S/1999/1223) et 11 janvier 2000 (S/2000/13), ainsi que la lettre datée du 23 décembre 1999, adressée à son Président par le Secrétaire général (S/1999/ 1285),

Considérant que la situation en Sierra Leone continue de faire peser une menace sur la paix et la sécurité internationales dans la région,

1. Note que le déploiement de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) créée par la résolution 1270 (1999) est en voie d'achèvement;

2. Accueille avec satisfaction les efforts déployés par le Gouvernement sierra-léonais, la direction du Parti du Front uni révolutionnaire, le Groupe d'observateurs militaires (ECOMOG) de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la MINUSIL au titre de l'application de l'Accord de paix signé à Lomé le 7 juillet 1999 (S/1999/777);

3. Invite à nouveau les parties à respecter tous les engagements qu'elles ont pris en vertu de l'Accord de paix pour faciliter le rétablissement de la paix, la stabilité, la réconciliation nationale et le développement en Sierra Leone, et souligne que c'est au peuple et aux dirigeants de la Sierra Leone qu'il incombe en dernier ressort d'assurer le succès du processus de paix;

4. Note avec préoccupation que, malgré les progrès accomplis, le processus de paix reste entravé par la participation limitée et sporadique au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, l'absence de progrès dans la libération des personnes enlevées et des enfants soldats ainsi que par la persistance des prises d'otages et des attaques dirigées contre le personnel humanitaire, et se déclare convaincu que l'élargissement de la MINUSIL décrit aux paragraphes 9 à 12 ci-après créera les conditions nécessaires pour que toutes les parties puissent faire en sorte que les dispositions de l'Accord de paix soient appliquées intégralement;

5. Note aussi avec préoccupation que des violations des droits de l'homme continuent d'être commises contre la population civile en Sierra Leone, et souligne que l'amnistie accordée en application de l'Accord de paix n'est pas applicable pas aux violations commises après la date de la signature de celui-ci;

6. Engage les parties et tous les autres intéressés à faire en sorte que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion soit intégralement appliqué dans l'ensemble du pays et, en particulier, prie instamment le Front uni révolutionnaire (FUR), les forces de défense civile, les anciennes forces armées sierra-léonaises, le Conseil révolutionnaire des forces armées (CRFA) et tous les autres groupes armés de participer pleinement à ce programme et de collaborer avec tous les responsables de son exécution;

7. Prend note de la décision des Gouvernements nigérian, guinéen et ghanéen de retirer de la Sierra Leone ce qui reste de leurs contingents à l'ECOMOG, comme indiqué dans la lettre du Secrétaire général datée du 23 décembre 1999;

8. Exprime sa gratitude à l'ECOMOG pour son apport indispensable au rétablissement de la démocratie et au maintien de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Sierra Leone, rend hommage aux forces et aux gouvernements des États qui ont fourni des contingents pour leur courage et les sacrifices qu'ils ont consentis, et encourage tous les États à continuer d'aider les États fournisseurs de contingents à rentrer dans les dépenses qu'ils ont engagées afin de permettre le déploiement des forces de l'ECOMOG en Sierra Leone;

9. Décide que la composante militaire de la MINUSIL sera portée à un maximum de 11 100 militaires, dont les 260 observateurs militaires déjà déployés, effectif qui pourra être revu périodiquement en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain et des progrès réalisés dans le cadre du processus de paix, notamment ceux relatifs au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, et prend note du paragraphe 33 du rapport du Secrétaire général en date du 11 janvier 2000;

10. Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, décide également que le mandat de la MINUSIL sera élargi aux tâches additionnelles suivantes, qui seront remplies par la MINUSIL en fonction de ses moyens et à l'intérieur de ses zones de déploiement, en tenant compte des conditions sur le terrain :

a) Assurer la sécurité des emplacements clefs et des bâtiments publics, en particulier à Freetown, ainsi que des carrefours importants et des principaux aéroports, y compris l'aéroport de Lungi;

b) Faciliter la libre circulation des personnes et des biens ainsi que l'acheminement de l'aide humanitaire le long de certains axes déterminés;

c) Assurer la sécurité de tous les sites utilisés pour le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion;

d) Coordonner son action avec les autorités sierra-léonaises de maintien de l'ordre et aider celles-ci, à l'intérieur des zones d'opérations communes, à s'acquitter de leurs responsabilités;

e) Assurer la garde des armes, munitions et autres matériels militaires dont les ex-combattants ont été dessaisis et aider à en disposer ou à les détruire,autorise la MINUSIL à prendre les dispositions voulues pour s'acquitter des tâches supplémentaires énumérées plus haut, et affirme que dans l'accomplissement de son mandat, la Mission pourra prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel et, à l'intérieur de ses zones d'opérations et en fonction de ses moyens, la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques, en tenant compte des responsabilités du Gouvernement sierra-léonais;

11. Décide en outre que le mandat révisé de la MINUSIL sera prorogé pour une période de six mois à compter de la date d'adoption de la présente résolution;

12. Autorise les augmentations d'effectifs que le Secrétaire général a proposées dans son rapport du 11 janvier 2000 pour les affaires civiles, la police civile et le personnel administratif et technique de la MINUSIL;

13. Se félicite que le Secrétaire général ait l'intention, comme il l'indique dans son rapport du 11 janvier 2000, de doter la MINUSIL d'un bureau de l'action antimines qui aura pour fonctions de former le personnel de la Mission et de coordonner l'action antimines des organisations non gouvernementales et des organismes à vocation humanitaire oeuvrant en Sierra Leone;

14. Souligne qu'une transition sans heurt de l'ECOMOG à la MINUSIL est indispensable au succès de l'application de l'Accord de paix et à la stabilité de la Sierra Leone et, à cet égard, engage tous les intéressés à coordonner le calendrier des mouvements et retraits de troupes;

15. Réaffirme l'importance de la protection, de la sécurité et de la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et du personnel associé, note que le Gouvernement sierra-léonais et le FUR sont convenus dans l'Accord de paix d'offrir des garanties à cet égard et appelle toutes les parties sierra-léonaises à respecter pleinement le statut du personnel des Nations Unies et du personnel associé;

16. Demande à nouveau au Gouvernement sierra-léonais de conclure avec le Secrétaire général un accord sur le statut des forces dans les 30 jours suivant l'adoption de la présente résolution, et rappelle qu'en attendant la conclusion d'un tel accord, c'est le modèle d'accord sur le statut des forces en date du 9 octobre 1990 (A/45/594) qui s'appliquera provisoirement;

17. Réaffirme qu'il faut continuer de promouvoir la paix et la réconciliation nationale et encourager le sens de la responsabilité et le respect des droits de l'homme en Sierra Leone, et engage le Gouvernement sierra-léonais, les institutions spécialisées, les autres organisations multilatérales, la société civile et les États Membres à redoubler d'efforts pour assurer la mise en place et le bon fonctionnement de la Commission de la vérité et de la réconciliation, de la Commission des droits de l'homme et de la Commission pour la consolidation de la paix prévues par l'Accord de paix;

18. Souligne qu'il importe que le Gouvernement sierra-léonais contrôle intégralement l'exploitation de l'or, des diamants et d'autres ressources dans l'intérêt de la population du pays et conformément au paragraphe 6 de l'article VII de l'Accord de paix, et, à cette fin, demande que la Commission de la gestion des ressources stratégiques, de la reconstruction nationale et du développement commence sans tarder à fonctionner efficacement;

19. Se félicite des contributions versées au Fonds d'affectation spéciale multidonateur créé par la Banque internationale pour la reconstruction et le développement pour financer le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion et engage tous les États et les organisations internationales et autres qui ne l'ont pas encore fait à contribuer

généreusement à ce fonds de façon que ce programme dispose de ressources suffisantes et que les dispositions de l'Accord de paix puissent être intégralement appliquées;

20. Souligne que c'est en dernier ressort au Gouvernement sierra-léonais qu'il incombe de doter le pays de forces de sécurité adéquates, l'invite, à cet effet, à prendre d'urgence les mesures voulues pour mettre en place une force de police et des forces armées nationales professionnelles et responsables, et souligne également qu'il importe que la communauté internationale apporte une aide et un appui généreux en vue de la réalisation de cet objectif;

21. Réaffirme qu'il demeure nécessaire d'apporter d'urgence une aide humanitaire importante à la population sierra-léonaise ainsi qu'une assistance soutenue et généreuse au titre des tâches à long terme en matière de consolidation de la paix, de reconstruction, de redressement économique et social et de développement en Sierra Leone, et demande instamment à tous les États et aux organisations internationales et autres d'accorder la priorité à cette assistance;

22. Prie le Secrétaire général de continuer à lui faire rapport tous les 45 jours, en particulier sur des évaluations des conditions de sécurité sur le terrain, afin que les effectifs militaires et les tâches à accomplir par la MINUSIL puissent être régulièrement revus ainsi qu'il est indiqué dans le rapport du Secrétaire général en date du 11 janvier 2000;

23. Décide de demeurer activement saisi de la question.

Déclarations

M. IBRAHIM M'BABA KAMARA (Sierra Leone) a souhaité que l'élan donné au cours du mois que le Conseil a consacré à l'Afrique, se poursuive. Il a suggéré, dans le cadre du suivi, la tenue occasionnelle de réunions conjointes avec le Conseil économique et social sur des questions telles que les réfugiés, le sida, la malaria et la malnutrition. Bien que la situation en Sierra Leone n'ait pas été discutée lors d'une réunion formelle en janvier, d'intenses consultations ont été menées sur le projet de résolution dont est saisi le Conseil aujourd'hui. Dans ce contexte, la décision d'autoriser le renforcement de la MINUSIL constitue le résultat le plus significatif du "mois de l'Afrique". Le Gouvernement de la Sierra Leone était gravement préoccupé par l'éventualité d'un vide sécuritaire dans le pays, lorsque le retrait de son territoire des troupes restantes de l'ECOMOG semblait imminent.

C'est cette possibilité, combinée aux progrès relativement lents des processus de désarmement et de démobilisation, qui ont motivé nos appels constants à la communauté internationale pour qu'elle aide l'ECOMOG à assurer la sécurité de l'Etat, une fonction qui, aux termes de l'Accord de Lomé, était liée à la création et au déploiement par étapes de forces armées sierra-léonaises restructurées. La Sierra Leone ne s'attendait toutefois pas à ce que l'ECOMOG reste dans le pays indéfiniment, a souligné le représentant.

Le nouveau calendrier de retrait du contingent nigérian restant de l'ECOMOG, ainsi que la décision du Conseil de sécurité de renforcer la composante militaire de la MINUSIL jusqu'à 11 100 personnes au maximum, est en mesure d'apaiser certaines de nos craintes quant à la sécurité de l'Etat. Cela vaut également pour la décision du Conseil de donner à la MINUSIL, sinon toutes, au moins un grand nombre de fonctions actuellement exercées par l'ECOMOG. A cet égard, le Gouvernement de la Sierra Leone se réjouit que le mandat révisé et les responsabilités additionnelles, confiées à la MINUSIL, se fondent pleinement sur le Chapitre VII de la Charte. Il se félicite également que le Conseil de sécurité autorise à nouveau la MINUSIL à protéger les civils menacés de violence physique. Il s'agit là de l'une des dispositions les plus importantes de la nouvelle résolution, a affirmé le représentant. Celui-ci a assuré le Conseil que la majorité écrasante des Sierra-Léonais qui souhaitent une paix véritable, continuent de croire en la capacité et l'engagement de l'ECOMOG à protéger le pays. Ils maintiennent leur confiance à l'ECOMOG et développent actuellement le même degré de confiance en la MINUSIL dans le cadre des processus de désarmement et de démobilisation. L'adoption de cette résolution apportera une nouvelle lueur d'espoir à la population de la Sierra Leone, lui donnant une nouvelle fois l'assurance que le Conseil se soucie de sa sécurité. C'est aussi une mesure de confiance supplémentaire. La mise en application en temps voulu de ses dispositions devrait contribuer fortement à la consolidation de la paix dans le pays, a conclu le représentant.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a souligné que la présente résolution montre que la communauté internationale est prête, par le biais des Nations Unies, à assumer le rôle joué jusqu'ici par le Groupe de contrôle de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG). Bien que la Sierra Leone soit un pays de petite taille, le défi que représente sa situation pour les Nations Unis est immense. La MINUSIL, a poursuivi M. Greenstock, ne représente pas une opération d'application de la paix au titre du Chapitre VII de la Charte, mais nous reconnaissons tous qu'en formulant le mandat de cette force, cette tâche exigera une attitude ferme à l'égard d'éventuelles menaces. Le Commandant de la MINUSIL aura besoin du plein soutien du Secrétariat des Nations Unies et tous les pays qui contribuent des troupes à la MINUSIL doivent faire en sorte que ces troupes soient capables de faire face aux défis auxquels elles seront confrontées. La communauté internationale doit elle aussi faire preuve d'une détermination et d'un soutien continus, sans lesquels même une force élargie de la MINUSIL ne pourra maintenir le Sierra Leone dans une voie positive.

Pour sa part, la contribution du Royaume-Uni à l'assistance à la Sierra Leone s'est élevée à 40 millions de livres, soit a près de 65 millions de dollars, depuis le mois de mars 1998. Mais le Royaume-Uni ainsi que d'autres pays donateurs ne peuvent assumer indéfiniment et à eux seuls ce fardeau. Un soutien plus important de la part de la communauté internationale est donc nécessaire, a indiqué M. Greenstock avant de souligner que le secteur qui a le plus besoin de financements est celui du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants. La Communauté internationale a également pour tâche de veiller à ce que les parties respectent leurs engagements.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a rappelé que les membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (CEDEAO) avaient annoncé qu'ils ne seraient plus en mesure de maintenir les forces du Groupe de contrôle de la CEDEAO (ECOMOG) en Sierra Leone. Elle a regretté cette décision mais reconnaît les efforts considérables que les troupes du Ghana, de la Guinée, du Mali et en particulier du Nigéria ont déployés pour contribuer à la restauration de la paix et de la démocratie en Sierra Leone. A la suite de la décision de l'ECOMOG de retirer ses troupes, il est impératif d'éviter un vide en matière de sécurité. Le processus de paix en Sierra Leone demeure fragile et il est dans l'intérêt de tous de contribuer à son succès. C'est pourquoi, les Etats-Unis appuient la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de la MINUSIL pour assurer la sécurité après le retrait des forces de l'ECOMOG. Mme Soderberg a prié instamment les Nations Unies et le gouvernement nigérian à oeuvrer en étroite coopération pour assurer une transition efficace avec un appui logistique adéquat. Les anciens rebelles continuent d'intimider les soldats de la MINUSIL et de s'emparer de leurs armes, exposant le personnel des Nations Unies à de grands risques. La délégation des Etats-Unis appelle le responsable du Front uni révolutionnaire, M. Foday Sankoh, et les dirigeants des rebelles du Conseil révolutionnaire des forces armées (CRFA) à mettre immédiatement fin à ces actions graves et répréhensibles. Ils doivent permettre aux forces des Nations Unies de s'acquitter de leur mandat en Sierra Leone sans confrontation ni violence.

Les Etats-Unis exhortent également les hauts fonctionnaires de l'ONU à faire face à ce problème rapidement et efficacement. A cet égard, Mme Soderberg a rappelé aux forces des Nations Unies le mandat établi par la résolution 1270 du Conseil de sécurité et par celle que le Conseil adopte aujourd'hui qui permet aux troupes des Nations Unies d'exercer leur autorité en vertu du Chapitre VII de la Charte pour prendre les mesures nécessaires visant à garantir la sécurité et la libre circulation du personnel de la MINUSIL et, dans le cadre de ce mandat, à assurer la protection de la population civile en tenant compte des responsabilités du Gouvernement de Sierra Leone. Tout en accomplissant de nombreux progrès, le processus de paix en Sierra Leone est maintenant dans une phase particulièrement sensible. Le cessez-le-feu est généralement respecté et plus de 13 000 combattants ont été démobilisés, mais la situation demeure fragile. Le désarmement, la démobilisation et la réinsertion dans la société des 45 000 anciens combattants sont très lents.

La représentante a souligné que la paix en Sierra Leone pourrait garantir la stabilité en Afrique de l'Ouest. Elle a également souligné que les Nations Unies doivent agir plus rapidement pour assurer le succès de l'important programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants qui tracera la voie à la consolidation du processus de paix. Ce programme est essentiel pour encourager les réfugiés et les personnes déplacées à l'intérieur des frontières à regagner leur foyer. Leur nombre s'élève à 500 000. Les Etats-Unis souhaitent que l'Accord de Lomé soit mis en oeuvre et couronné de succès.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a estimé que le mandat spécifié dans la résolution adoptée aujourd'hui prouve que le Conseil a su tirer les leçons de ses erreurs passées et que les missions actuelles et futures de maintien de la paix en Afrique pourront compter sur l'appui indéfectible de la communauté internationale. La prochaine phase de la MINUSIL, a poursuivi le représentant, devrait garantir au pays une stabilité et une sécurité dont il a grand besoin tout en donnant un meilleur accès à l'aide humanitaire et un appui vital au processus de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Le Canada, a-t-il ensuite annoncé, favorisera la réalisation de ces objectifs en versant une contribution de 9 millions de dollars pour financer les projets de consolidation de la paix et en déployant au sein de la MINUSIL des observateurs militaires canadiens.

Le représentant s'est félicité que pour la première fois le mandat d'une mission de maintien de la paix comporte des dispositions en faveur du déminage et d'une gestion responsable des ressources naturelles avant d'insister sur la nécessité de rester vigilants quant à la situation dans ce pays. Il s'est dit confiant, à cet égard, que le Chef du FUR, M. Foday Sankoh, qui a fait récemment des commentaires négatifs à propos de l'ONU, ne s'écartera pas du chemin qui mène la paix.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a loué le courage et le sens des responsabilités dont les Sierra-léonais ont fait preuve et qui ont abouti à des décisions capitales pour mettre fin à la longue guerre civile en Sierra Leone. L'Accord de paix de Lomé, signé le 7 juillet 1999, a donné la possibilité au peuple de la Sierra Leone de retrouver la voie de la paix. L'Ukraine estime cependant que ce document est loin d'être parfait. Nos réserves le concernant sont principalement motivées par les dispositions d'amnistie générale qu'il contient. Nous nous associons pleinement à la position adoptée par les Nations Unies selon laquelle les mesures d'amnistie et de pardon évoquées à l'Article IX de l'Accord de Lomé ne doivent pas s'appliquer aux crimes internationaux de génocide, aux crimes contre l'humanité, aux crimes de guerre et aux autres violations graves du droit international humanitaire.

L'Ukraine salue la contribution majeure des pays africains, tout d'abord, et des membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) sous la présidence du Nigéria dans la mise en oeuvre du processus de paix. L'aboutissement réussi de ce processus pourrait inspirer un rétablissement de la paix dans d'autres parties du continent et, ainsi, poser les jalons indispensables à la réalisation du rêve d'un siècle africain.

Le Conseil de sécurité a déjà entendu l'expression "optimisme prudent" au sujet de l'état d'avancement actuel de l'application de l'Accord de Lomé. Il est également très préoccupant que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion avance aussi lentement.

Dans la mesure où les États Membres qui financent l'ECOMOG ont décidé de retirer leurs troupes du territoire de la Sierra Leone, les Nations Unies ont la responsabilité de remplir le vide laissé en matière de sécurité et d'empêcher que de nouveaux combats aient lieu. A cet égard, il est fondamental que le Conseil de sécurité prenne des mesures pour assurer l'élargissement de la MINUSIL. Par ailleurs, l'Ukraine a l'intention de fournir une unité d'hélicoptères MI-24 à la MINUSIL élargie.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a noté avec préoccupation que de nombreux facteurs d'instabilité subsistent encore en Sierra Leone et que la situation sur le plan humanitaire reste précaire. A cet égard, M. Guofang a exprimé l'espoir que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants sera entrepris de façon efficace. La Chine, a-t-il rappelé, a toujours été favorable à une action pratique du Conseil en Sierra Leone et c'est pourquoi elle souscrit aujourd'hui à la proposition du Secrétaire général d'élargir la MINUSIL. M. Guofang s'est en outre félicité de ce que la première phase du déploiement de la MINUSIL ait été accélérée, en espérant que le Secrétariat entreprendra rapidement les actions correspondantes à la mise en oeuvre de la résolution présente.

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