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LE CONSEIL DE SECURITE A LA RECHERCHE D'UN PARTENARIAT ENTRE L'ONU ET L'AFRIQUE POUR MIEUX CERNER LES CRISES SUR LE CONTINENT

15 décembre 1999


Communiqué de Presse
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LE CONSEIL DE SECURITE A LA RECHERCHE D'UN PARTENARIAT ENTRE L'ONU ET L'AFRIQUE POUR MIEUX CERNER LES CRISES SUR LE CONTINENT

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Les questions africaines mobilisent plus de la moitié du volume de travail du Conseil de sécurité. Il est donc dans son intérêt d'améliorer ses méthodes de travail et son approche des problèmes du continent africain afin d'obtenir des résultats plus satisfaisants, a observé le Président du Conseil de sécurité, M. Jeremy Greenstock (Royaume-Uni) qui a ouvert ce matin le débat du Conseil consacré au partenariat entre les Nations Unies et l'Afrique, organisé à l'initiative de son pays. La présidence du Conseil a ensuite été assurée par M. Peter Hain, Ministre d'Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni. Comment améliorer la coordination et la coopération entre le Conseil de sécurité, l'Organisation de l'unité africaine et les organisations sous-régionales? Comment subvenir de façon plus efficace aux besoins des soldats de la paix africains? Et quels instruments supplémentaires le Conseil pourrait-il envisager de mettre en place pour aider à résoudre et à prévenir les conflits en Afrique? Telles étaient les questions auxquelles les membres du Conseil et autres intervenants ont essayé d'apporter des éléments de réponse.

Le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a présenté au Conseil plusieurs propositions visant l'amélioration des modalités de la coopération entre l'ONU et l'Afrique. Il a suggéré de faire intervenir les groupes de contact des pays intéressés qui seraient chargés du suivi d'actions proposées dans le cadre d'un conflit, de créer des groupes de travail conjoints associant le Conseil de sécurité, le Secrétariat des Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales africaines, ou encore la création d'un groupe d'Etats chargé du suivi des initiatives du Conseil. Il a évoqué la possibilité pour le Conseil de tenir des réunions au Siège mais également en Afrique avec les dirigeants des organisations régionales. Le représentant du Cameroun, qui s'exprimait au nom du Groupe africain, a proposé la nomination d'un coordonnateur pour l'Afrique qui serait l'interface entre le Secrétaire général des Nations Unies et les dirigeants africains.

Le représentant de l'Algérie, qui s'exprimait au nom de la Présidence en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a estimé que l'un des domaines essentiels où il est possible de développer une relation privilégiée avec le Conseil et l'OUA est celui du maintien de la paix. Ce partenariat devrait s'appuyer sur des mécanismes de coordination réguliers.

(à suivre - 1a)

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Le raffermissement de l'action préventive du Conseil de sécurité pourrait passer par la création d'un fonds d'affectation spéciale de l'ONU consacré à l'Afrique qui financerait les activités de prévention des conflits de l'OUA et les programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration des anciens combattants lors d'opérations de maintien de la paix. Pour l'ensemble des intervenants, la mise en oeuvre plus stricte du régime de sanctions et des embargos, l'aide au développement et à la gestion démocratique des affaires publiques et une meilleure utilisation des voies diplomatiques existantes ont été perçues comme d'autres mesures de prévention des conflits. L'inadéquation entre l'ampleur des opérations de maintien de la paix et le montant des ressources allouées ainsi que leur imprévisibilité a constitué un motif d'inquiétude pour de nombreux orateurs qui ont regretté une tendance accrue visant à financer les opérations de maintien de la paix des Nations Unies par des contributions volontaires ou des fonds d'affectation spéciale. Seul le budget régulier peut garantir la durabilité et la prévisibilité des opérations de maintien de la paix, ont-ils expliqué. Le représentant des Etats-Unis, qui assurera la présidence du Conseil de sécurité le mois prochain, a indiqué que la situation en Afrique fera l'objet d'une série de débats publics et de consultations privées.

Les représentants d'Etats suivants membres du Conseil ont pris la parole: Royaume-Uni, Chine, Etats-Unis, Canada, France, Argentine, Pays-Bas, Malaisie, Bahreïn, Gabon, Gambie, Fédération de Russie, Brésil, Namibie, Slovénie. Les représentants d'Etats suivants sont intervenus: Algérie, Cameroun, Afrique du Sud, Finlande, au nom de l'Union européenne, Jamahiriya arabe libyenne, République de Corée, Nigéria, Japon, Ukraine, Rwanda, Egypte, Mozambique, République démocratique du Congo, Bangladesh, Inde, Nouvelle-Zélande, Bahamas, Kenya, Colombie, Sierra Leone, Ouganda, République-Unie de Tanzanie, Ghana, Zimbabwe, Burundi, Zambie, Norvège, Indonésie, Suède, Irlande, Belgique, Portugal, Italie et Espagne.

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LA SITUATION EN AFRIQUE

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

M. JEREMY GREENSTOCK a indiqué que le débat d'aujourd'hui sera centré sur les manières opérationnelles qui permettent de résoudre les conflits en Afrique. Cette réunion a pour objectif de donner lieu à un véritable échange d'idées et d'informations concernant les problèmes en Afrique. Les membres du Conseil du sécurité et d'autres Etats Membres des Nations Unies sont invités à faire des remarques succinctes sur les questions suivantes: Comment améliorer la coordination et la coopération entre le Conseil de sécurité et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) ainsi que les organisations clé au niveau sous-régional? Comment satisfaire de façon plus efficace et en temps réel les besoins de l'Afrique dans le domaine du maintien de la paix? Et quels instruments supplémentaires pourraient aider le Conseil de sécurité à prévenir et à résoudre les conflits en Afrique?

Déclaration du Secrétaire général

M. KOFI ANNAN a plaidé en faveur d'un engagement plus efficace du Conseil en Afrique et la nécessité d'une meilleure coordination entre les Nations Unies et les organisations régionales dans la mesure où le maintien de la paix a pris une dimension régionale importante sur le continent africain. Les pays d'Asie et l'Australie ont mené les opérations au Cambodge et au Timor oriental tandis que les Européens en ont fait de même au Kosovo. Il est donc naturel dans ce contexte d'attendre des pays africains qu'ils jouent un rôle de chef de file sur leur continent. La CEDEAO, a estimé le Secrétaire général, a joué un rôle héroïque au Libéria et en Sierra Leone. Il n'est pas en revanche juste d'attendre des pays d'Afrique qu'ils mènent ces opérations sans une aide au renforcement des capacités de leurs institutions régionales et sous-régionales. Nous avons intensifié notre coopération avec l'Organisation de l'unité africaine, a indiqué le Secrétaire général, et nous travaillons en étroite collaboration dans la mise en oeuvre de l'Accord de Lusaka en République démocratique du Congo. Les résultats ont été décevants en raison d'une absence de volonté réelle des parties.

Le Secrétaire général a demandé au Conseil de sécurité d'agir promptement en République démocratique du Congo avant que le cessez-le-feu ne se détériore davantage. Il est néanmoins tout autant urgent de mettre à la disposition de la Commission militaire mixte les ressources financières nécessaires. Nous devons maintenant évaluer avec l'OUA de quelle manière nous pouvons accroître l'efficacité de cette Commission et aligner son travail sur celui des Casques bleus. Ceci s'applique également à la CEDEAO qui a joué un rôle d'une valeur inestimable en Sierra Leone, au Libéria et en Guinée-Bissau. Le Conseil devrait examiner des modalités de coopération plus justes avec les opérations régionales. Le Secrétaire général a souligné que le financement

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des opérations en Sierra Leone et au Libéria ont dépendu dans une large mesure des Etats de la région dont les peuples peuvent difficilement se permettre de tels sacrifices. La MINUSIL en Sierra Leone, a ajouté le Secrétaire général, aura besoin de ressources financières supplémentaires si les troupes de la CEDEAO se retiraient du pays. Les organisations régionales et sous-régionales ne disposent pas actuellement de telles ressources. Elles sont tenues de financer leurs activités de maintien de la paix grâce à des fonds d'affectation spéciale qui, malheureusement, ne suffisent pas à l'ampleur des tâches requises. Les Nations Unies ne sont pas mieux loties dans la mesure où nous assistons à une tendance accrue visant à financer les opérations de maintien de la paix par des contributions volontaires. L'une des priorités du Conseil de sécurité doit être de trouver de meilleures modalités de financement des opérations de maintien de la paix.

Le Secrétaire général a suggéré la mise en place d'instruments supplémentaires visant à aider à la solution et, éventuellement, à la prévention des conflits. Il a évoqué la nécessité pour le Conseil de manifester un intérêt constant pour les questions africaines et d'éviter les réactions sporadiques ou purement réthoriques aux crises sans en assurer un suivi. Pour éviter cela, le Secrétaire général a suggéré de faire usage des groupes de contact des pays intéressés qui se chargeraient du suivi des actions relatives à des conflits particuliers. Dans certains cas, il serait utile de créer des groupes de travail conjoints qui rassembleraient les membres du Conseil, le Secrétariat et les organisations régionales et sous-régionales. Il serait également souhaitable d'envisager la création d'un autre type de groupe qui rassemblerait ceux qui portent un intérêt à un aspect particulier des mesures de prévention des conflits et accepteraient de mettre en oeuvre un mandat spécifique visant le suivi des initiatives du Conseil. Le Conseil pourrait également envisager de tenir des réunions au Siège mais également en Afrique pour que des contacts réguliers soient établis entre les membres du Conseil et les dirigeants des organisations régionales. Le Secrétaire général a souligné la valeur de certaines idées évoquées lors du dernier débat qui portent sur la prévention des conflits, notamment sur la nécessité de doter les missions de mandats clairs, la valeur de l'action préventive et la nécessité d'améliorer des capacités de réaction rapide des organisations régionales et de maintien de la paix.

Déclarations

M. PETER HAIN (Royaume-Uni), Ministre d'Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth, a indiqué que l'ONU et l'OUA ne devraient pas être en concurrence mais devraient, bien au contraire, améliorer leur coopération. Nous avons besoin, par exemple, davantage d'envoyés communs ONU-OUA. Le Royaume-Uni se félicite par ailleurs des rapports du Secrétaire général sur les mécanismes d'alerte rapide. Il nous faut à présent nous demander ce que nous pouvons faire de plus pour améliorer notre aide au

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continent africain. Il nous faut un système de maintien de la paix bien meilleur, notamment quand la prévention s'effondre. Pourquoi les préparatifs du maintien de la paix en RDC sont-ils si difficiles? Il ne s'agit pas là d'une critique mais de la reconnaissance du fait que les Nations Unies ont besoin de davantage de moyens pour déployer plus rapidement de leur aide en Afrique. Par ailleurs, le moment est venu de faire respecter les sanctions en Angola et nous sommes convaincus que l'ONU peut, par des actions décisives, mettre fin à la guerre dans ce pays.

M. QIN HUASUN (Chine) a estimé que le Conseil de sécurité doit prendre des mesures supplémentaires pour appuyer les activités des organisations régionales et sous-régionales en Afrique. Il faudrait également faire des efforts pour renforcer les échanges entre le Conseil de sécurité et l'OUA. Il conviendrait d'inviter le Secrétaire général de l'OUA à faire des exposés réguliers sur la situation en Afrique. Nous pensons aussi qu'il faudrait continuer à respecter, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, les principes de neutralité et de consentement préalables des parties intéressées. Par ailleurs, le manque de ressources a gravement entravé le travail des opérations de maintien de la paix et nous appelons donc les Etats Membres qui ont encore des arriérés par rapport au financement de ces opérations à s'acquitter de leurs obligations. Nous pensons aussi que le Conseil de sécurité peut envoyer des missions semblables à celle qu'il a dépêchée au Timor oriental dans les régions pertinentes d'Afrique afin d'étudier la situation sur le terrain. Les comités des sanctions ont eux aussi un rôle plus important à jouer. Enfin, il convient d'examiner à la fois les symptômes et les causes profondes des conflits en Afrique pour apporter une aide meilleure aux pays de ce continent.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a déclaré que, de retour d'un voyage sur le continent africain, notamment au Mali, en RDC et au Niger, parmi les problèmes rencontrés celui qu'il convient de soulever en premier lieu est le problème du sida. Il s'agit là non seulement d'une question de santé mais aussi d'une question économique fondamentale. La déstigmatisation du sida est à cet égard fort importante et nous nous réjouissons de ce que certains pays ont engagé des campagnes d'information dans ce sens. Les Etats-Unis utiliseront leur présidence au Conseil de sécurité le mois prochain pour consolider ce qui sera fait aujourd'hui sur la question africaine et pour tenir une série de débats publiques et de consultations privées sur la situation en Afrique.

M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré, en tant que Président du Comité des sanctions en Angola, qu'il a l'intention de présenter son rapport en mars prochain et que ce rapport comportera des actions spécifiques à entreprendre par le Conseil. La dernière mission de l'ONU en Sierra Leone marque un pas dans la bonne direction et nous devons continuer à mettre au point un mandat plus clair dans ce pays. Par ailleurs, une coopération plus étroite entre

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l'ONU et l'OUA est nécessaire. Il convient également d'intensifier la coopération avec les organisations régionales en Afrique car ce sont elles qui seront appelées à assurer un rôle de chef de file dans la consolidation de la paix post conflit. Il est important de souligner cependant que ces efforts de coopération resteront vains si les parties résistent aux efforts faits pour parvenir à une paix durable. Nous devons aussi nous assurer que nos opérations de maintien de la paix sont financées de manière adéquate. A cet égard, notre expérience en Sierra Leone fait figure d'exemple, et il faudrait s'en inspirer pour d'autres opérations. Le défi consiste aujourd'hui moins à trouver de nouveaux instruments que de s'assurer que les instruments existants fonctionnent de manière plus efficace, a conclu le représentant.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a affirmé qu'il n'y a pas de recette unique ou de panacée pour toutes les crises et conflits en Afrique. Chacun a ses caractéristiques propres qui appellent un traitement adapté. Toutefois, on peut tirer des expériences passées quelques conclusions sur ce qu'il conviendrait de faire pour agir plus efficacement. Ainsi, il est essentiel d'assurer, de façon étroite et permanente, information mutuelle, concertation et coopération entre le Conseil de sécurité et les organisations régionales ou sous-régionales. En sens inverse, a souligné le représentant, il revient aux Etats qui en ont les moyens d'apporter un soutien financier et logistique à ces organisations ou aux coalitions ad hoc qui conduisent une opération de maintien de la paix.

Le représentant a souligné le fait que les Nations Unies devraient être en mesure d'agir rapidement, lorsque les conditions le permettent, afin de consolider une situation fragile et précaire. Prenant pour exemple la résolution 1279 visant la République démocratique du Congo par laquelle il est demandé au Secrétaire général de "prendre les mesures administratives nécessaires à l'équipement de 500 observateurs militaires en vue de faciliter les futurs déploiements rapides des Nations Unies", le représentant a souhaité que l'on continue dans cette voie. Par ailleurs, M. Dejammet a insisté sur le fait qu'il faut assurer une bonne adéquation entre le mandat et les moyens d'une opération. A cet égard, il a estimé que la dimension financière ne doit pas devenir une contrainte qui déterminerait tout le reste. Il a affirmé que la meilleure façon de résoudre les conflits, c'est d'essayer de les prévenir. Dans ce contexte, il conviendrait, selon le représentant, de promouvoir dans le domaine politique, un véritable partage du pouvoir qui protège les droits des minorités et évite un cercle vicieux d'accaparement et de revanche politiques ou ethniques. Pour ce qui est du domaine économique, il faudrait maintenir un niveau significatif d'aide au développement.

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M. FERNANDO PETRELLA (Argentine) a demandé une réflexion sur la coopération entre les Nations Unies et les organisations sous régionales, sur le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix et sur la prévention des conflits. Il a plaidé pour un dialogue plus fréquent entre les Nations Unies et les organisations régionales qui portent notamment sur un échange de l'analyse de l'information. Il faut explorer toutes les manières possibles de mettre en oeuvre le chapitre VIII de la Charte des Nations Unies. Pour ce qui est du renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, le représentant a évoqué le manque de ressources financières qui conditionnent la durée des opérations de maintien de la paix. Les contributions volontaires et les fonds d'affectation spéciale ne remplaceront jamais le budget régulier qui, lui seul, garantit la prévisibilité et la durabilité nécessaires aux opérations de maintien de la paix. Pour ce qui est de la prévention des conflits, l'on pourrait améliorer la capacité d'alerte rapide des Nations Unies. L'établissement de zones démilitarisées peut être, dans ce contexte, un instrument utile. Mais toutes ces mesures demeureront inefficaces si l'on ne tient pas compte des conditions économiques. Paix et développement sont en effet les différentes facettes de la même médaille. D'ou la nécessité de coordonner les activités de l'ECOSOC et des Institutions de Bretton Woods avec celles des autres institutions du système.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a souligné que les importantes sommes d'argent affectées par son pays aux opérations menées au Kosovo n'affectent en rien le montant des contributions versées par son pays à l'Afrique. Ainsi, le représentant a précisé que l'action des Pays-Bas en faveur de l'Afrique, et notamment en faveur des situations qui sont d'une importance particulière pour le Conseil, comme celles du Sierra Leone ou du Burundi, ne souffre d'aucun relâchement. Il a estimé que l'on ne pouvait pas en vouloir à son pays pour son engagement au Kosovo car la situation dans l'ex-Yougoslavie met en jeu sa propre sécurité. Par ailleurs, le phénomène de la mondialisation fait qu'aujourd'hui plus que jamais, les Pays-Bas considèrent l'Afrique comme leur région. En effet, l'époque où l'on pouvait considérer les catastrophes humanitaires comme des faits lointains dépourvus de conséquences directes est définitivement révolue. Le représentant a rappelé que ceux qui prétendent que la communauté internationale ignore les problèmes de l'Afrique alors qu'elle est prête à intervenir au Kosovo ou au Timor oriental, oublient deux faits. Les Nations Unies ont déployé plus d'opérations de maintien de la paix en Afrique que dans n'importe quelle autre région du monde. En effet, sur les 32 opérations de maintien de la paix déployées par les Nations Unies entre 1989 et 1998, 13 l'ont été en Afrique.

Certains diront peut-être que ces 13 opérations n'ont jamais atteint la dimension, la rapidité et le coût des opérations mises en oeuvre au Kosovo et au Timor oriental et que des opérations de cette envergure ne sont réalisables qu'en Europe. Le représentant s'est dit sensible à un tel argument, faisant toutefois remarquer que les actions menées au Kosovo et au Timor oriental

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étaient loin de répondre aux standards de l'action collective. En effet, les frappes aériennes menées contre la République fédérale de Yougoslavie ont été lancées sans mandat spécifique du Conseil de sécurité.

Le représentant a par ailleurs souligné que le cas du Timor oriental n'était pas non plus typique. Les deux cas présentaient des circonstances exceptionnelles qui ont facilité les actions précitées. Partant, le représentant a souligné que les rivalités ethniques en Afrique constituent un problème complexe. Il a rappelé la décision historique prise par l'Organisation de l'Unité africaine en 1963 par laquelle elle a reconnu les frontières héritées de la colonisation. Si cela a permis de doter l'Afrique de frontières sûres cela a également pérennisé l'existence d'Etats multiéthniques, a fait remarquer le représentant. Pour lui, ce n'est certainement pas à un européen de dire à l'OUA ce qu'elle devrait faire pour résoudre ce problème. Il a estimé toutefois que la suite logique de la décision de 1963 serait de définir des modèles africains viables de multiethnicité.

M. AGAM HASMY (Malaisie) a insisté sur la nécessité d'un suivi des mesures prises par le Conseil de sécurité, le Secrétariat et l'OUA. Il a demandé si l'échange d'informations entre les deux organisations était suffisante. Les membres du Conseil ont parfois l'impression de ne pas savoir ce que l'Afrique attend d'eux. Cette insuffisance de communication entre l'OUA et le Conseil a fait naître l'impression que le Conseil n'accorde pas suffisamment d'intérêt aux questions africaines. Le moment est venu pour que le Conseil réaffirme son engagement en Somalie et dans d'autres régions de l'Afrique. Il nous faut tirer les leçons du passé. Le Conseil doit dissiper l'idée qu'il pratique une certaine sélectivité dans l'examen des questions à son ordre du jour. Nous avons souvent proposé que le Secrétaire général de l'OUA vienne prendre la parole devant le Conseil de sécurité pour éclaircir certaines questions soulevées, au cours de nos débats. Le représentant s'est demandé si, lors de l'examen de certains aspects du maintien de la paix et de la prévention des conflits avec l'OUA, il y avait réellement une répartition des tâches. Considère-t-on plutôt que le Conseil renonce à assumer ses responsabilités ?

M. RASHID AL-DOSARI (Bahreïn) a indiqué que les problèmes du continent africain méritent d'être examinés de plus près. Rappelant que les peuples des pays africains ont souvent le sentiment d'être oubliés, le représentant a formulé l'espoir que les échanges de vue qui ont lieu aujourd'hui auront des incidences sur l'aide apportée à ces pays. La question africaine représente plus de la moitié des questions dont est saisi le Conseil, ce qui nous amène à réfléchir à l'amélioration de notre approche des problèmes de ce continent. Il serait notamment approprié d'inviter les parties au conflit aux débats du Conseil pour y écouter leurs points de vue. Il serait aussi nécessaire

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d'intensifier la coopération de l'ONU avec l'OUA. L'ONU pourrait également contribuer à mieux exploiter les ressources dont dispose l'Afrique. Par ailleurs, nous pensons qu'il est possible d'envoyer des observateurs des Nations Unies en RDC et d'établir un fonds d'affectation spécial permanent pour couvrir les coûts du déploiement initial des opérations de maintien de la paix dépêchées par le Conseil de sécurité jusqu'à ce que soit adopté le budget correspondant.

M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a fait observer que face à l'attitude de démission du Conseil, dont certains membres échaudés par des expériences malheureuses hésitent désormais à y envoyer des troupes, les pays africains sont de plus en plus amenés à entreprendre des missions de maintien de la paix coûteuses. Dans ce contexte, le représentant a estimé qu'il appartient au Conseil de sécurité d'intervenir auprès des donateurs afin d'obtenir le financement et la logistique qui font cruellement défaut aux pays africains dans leur volonté de rétablir la paix. Il a appelé le Conseil à rompre avec la pratique de tergiversation en ce qui concerne la création de missions de maintien de la paix en Afrique en souhaitant que les impératifs de paix et de stabilité prévalent sur les intérêts de certains de ses membres. Le représentant a souligné l'importance qu'il y a à éviter le vide entre la signature des accords de paix et la mise en place de missions de maintien de la paix pour, a-t- il expliqué, ne pas offrir aux parties l'occasion de reprendre les hostilités. Concluant sur la question de la prévention des conflits, le représentant a mis l'accent sur les mécanismes d'alerte rapide et le respect des embargos sur les armes.

M. BABOUCCAR-BLAISE JAGNE (Gambie) a été négligé au plan international. Il a souhaité que la visite en Afrique de l'Ambassadeur américain auprès des Nations Unies permette de plaider en faveur de la renaissance politique de l'Afrique. Pour ce qui est de l'amélioration de la coordination entre les Nations Unies et l'OUA, il a rappelé l'adoption de trois résolutions importantes. La résolution 1197 porte sur le renforcement de la coordination entre l'ONU , les organisations régionales et sous- régionales. La résolution 1196 porte sur les embargos sur les armes tandis que celle portant la cote 1209 concerne le trafic des armes en Afrique. Avec l'adoption de tels textes, le cadre juridique pour l'amélioration d'une telle coordination a été mise en place. L'OUA possède son propre mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. La création d'un Conseil d'anciens auprès de ce mécanisme et l'établissement d'un Bureau de liaison avec ceux des Nations Unies sont des outils importants. Pour ce qui est de l'amélioration de la capacité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, le représentant a rappelé que le Secrétaire général a été prié de mettre en place des équipes d'évaluation de telles opérations. L'on pourrait également encourager l'adoption de loi faisant de la violation de l'embargo sur les armes une infraction pénale.

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M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que tandis qu'il incombe en premier lieu aux Africains eux-mêmes de jouer un rôle clé pour régler les problèmes en Afrique, les efforts africains doivent être pleinement renforcés par la communauté internationale. Il est important de discuter de la complémentarité des efforts africains. La promotion d'un système panafricain et d'un mécanisme post-conflit constitue un élément clé. L'application de l'Article 65 de la Charte des Nations Unies sur la coopération entre les Nations Unies et le Conseil économique et social (ECOSOC) pourrait offrir une véritable possibilité. Le représentant a appuyé la création d'un fonds d'affectation spéciale pour renforcer les moyens de faire face aux difficultés en Afrique. Il a proposé que les parties réfléchissent ensemble à renforcer le rôle des organisations africaines telles que l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Les activités de maintien de la paix doivent être fondées sur le plein respect des principes énoncés par la Charte des Nations Unies, a souligné M. Lavrov. Il ne devrait y avoir aucune action sans l'autorisation du Conseil de sécurité. En retour, les Africains devront compter davantage sur eux-mêmes pour régler les conflits. M. Lavrov a espéré que l'on modifiera les approches visant à réagir de manière appropriée à des conflits spécifiques.

Rappelant que son gouvernement a fait preuve d'ouverture à l'égard de la situation en Afrique, M. Lavrov a souligné que l'assistance extérieure devrait compléter et non pas remplacer les mesures prises par les Africains eux-mêmes.

M. GELSON FONSECA Jr (Brésil) a observé qu'il n'y a pas lieu d'élaborer une nouvelle approche théorique et que le Conseil ne manque pas de moyens pour intervenir. Ceux-ci sont prévus par la Charte. Dans la mesure où le succès et l'échec d'une intervention dépendent, en grande partie, de la volonté politique, à la fois nationale et internationale, il s'agit maintenant de savoir comment stimuler cette volonté politique et comment appréhender de manière systématique les causes des conflits. Il convient donc d'améliorer la coopération entre les acteurs régionaux et les Nations Unies afin d'élaborer une stratégie commune qui tienne compte de la spécificité des conflits.

M. Fonseca s'est déclaré favorable à un plus grand engagement du Conseil dans la réalisation de la paix et à un plus grand recours à des missions du Conseil de sécurité dans les zones de conflit. Il a conseillé le recours à des personnes éminentes pour la réalisation de la paix, à des missions conjointes des Nations Unies, de l'OUA et des organisations sous- régionales, ainsi que la participation des représentant de l'OUA au haut niveau ou celle des institutions sous-régionales aux réunions publiques et privées du Conseil de sécurité ainsi que celle des parties concernées aux réunions privées. Il convient d'établir des bases claires d'évaluation permettant de déterminer l'implication du Conseil de sécurité dans le déploiement des missions de maintien de la paix. En aucun cas, le Conseil ne doit déléguer ses

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responsabilités à des organisations régionales ou sous-régionales qui manquent de moyens financiers pour les assumer, a-t-il souligné. Il importe donc de mettre en place un mécanisme interinstitutionnel afin d'élaborer une réponse globale, opérationnelle, concertée aux situations. L'intervention doit également dépasser le cadre d'action du Conseil de sécurité, car nombre de conflits trouvent leur origine dans les domaines économique et social. L'élaboration d'une stratégie à long terme exige la mise en place d'une "force spéciale" qui comprendrait des hauts fonctionnaires des Nations Unies, de la Banque mondiale, de l'OUA, des organisations sous-régionales, des fonds et programmes de développement, ainsi que de l'aide humanitaire des institutions bilatérales des pays donateurs.

M. ANDJABA MARTIN (Namibie) a fait part de la nécessité pour le Conseil de prendre des mesures innovantes au risque de perdre sa crédibilité en Afrique. Il a estimé que les membres du Conseil devraient séparer leurs intérêts nationaux de ceux des victimes des conflits. Il a estimé que les conflits en Afrique ne devraient pas recevoir un traitement différent de celui que reçoivent les autres conflits dans le monde. Le représentant a également plaidé en faveur d'une meilleure coordination et coopération entre le Conseil et le Secrétaire général qui ne doivent pas entrer en compétition. Les membres du Conseil doivent faire preuve d'une volonté politique réelle qui se traduirait par l'allocation de ressources humaines et financières. Les fonds d'affectation spéciale sont utiles mais ne peuvent pas se substituer aux budgets réguliers. Le représentant a engagé le Conseil à agir dès maintenant en République démocratique du Congo avant que la situation ne se détériore davantage. Il a par ailleurs estimé que le niveau d'informations qu'échangent les Nations Unies et l'OUA en matière de prévention des conflits n'est pas toujours optimal. Pour ce qui est des mesures supplémentaires que pourrait prendre le Conseil, le représentant a évoqué les missions de bons offices du Secrétaire général dans des zones vulnérables.

M. DANILO TURK (Slovénie) a déclaré qu'il est particulièrement important d'améliorer la coopération inter- institutions, en particulier entre les Nations Unies et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et les organisations sous-régionales clé. Le Conseil de sécurité appuie constamment les efforts de l'OUA et des organisations sous-régionales, et se dit prêt à renforcer l'efficacité de cet appui. Le déploiement récent de la force des Nations Unies au Sierra Leone en est une bonne illustration. Ce déploiement est important pour un certain nombre de raisons, y compris symboliques. Le succès actuel de la coopération entre les Nations Unies et la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) au Sierra Leone contribue largement à dissiper ce que le Secrétaire général qualifiait de "afro-pessimisme" dans son rapport sur les causes de conflit et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique. Il est donc impératif que le Conseil de sécurité, en coopération avec les Nations Unies et les parties sur le terrain, s'assure que le processus de paix au Sierra Leone aboutisse à un succès.

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Par ailleurs, le représentant a estimé que les sanctions constituent un autre domaine où le Conseil de sécurité devrait prendre de nouvelles mesures spécifiques. La tragédie de l'Afrique montre que la majorité des sanctions imposées par le Conseil de sécurité ont été dirigées contre des Etats Membres ou des groupes spécifiques en Afrique. A cet égard, la Slovénie appuie en particulier les efforts visant à améliorer la mise en oeuvre des embargos sur les armes et le contrôle du commerce illicite des armes vers et en Afrique. Dans ce contexte, la délégation slovène salue les efforts inlassables de l'Ambassadeur canadien, M. Robert Fowler, visant à faciliter un règlement politique de la crise en Angola en limitant la capacité de l'UNITA de poursuivre la guerre. Ces initiatives, ainsi que la création de groupes d'experts établissent de nouvelles méthodes pour les travaux du Conseil. Soulignant que les problèmes liés à la paix en Afrique exigent une attention constante, M. Türk a estimé que le présent débat constitue une phase importante dans ce processus. Le Conseil de sécurité devrait non seulement être en mesure d'offrir une vision pour répondre aux causes sous- jacentes des conflits en Afrique, mais également se montrer capable de faire face de manière efficace à des situations de crise particulières en Afrique.

M. ABDELKADER MESDOUA (Algérie) s'exprimant au nom de la Présidence en exercice de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) a rappelé les frustrations exprimées à maintes reprises par les Etats membres de l'OUA vis-à-vis du Conseil de sécurité dont l'attitude s'est caractérisée au cours des derniers mois par un manque d'intérêt et d'enthousiasme à l'égard des questions africaines, alors que dans le même temps, il faisait montre d'une remarquable célérité et d'une grande détermination pour le déploiement d'opérations dans d'autres régions du monde. Les Etats africains, a poursuivi le représentant, espèrent donc que le genre de rencontre que tient le Conseil aujourd'hui, saura répondre à leurs préoccupations et leurs attentes par l'établissement d'un partenariat réel, qui aille au-delà des bonnes intentions et qui se traduise par une concertation effective et une pleine participation de l'Afrique, à travers l'implication des Présidences de l'OUA et du Groupe africain, et la prise en compte de leurs opinions et préoccupations. Si l'Afrique a décidé de se prendre en charge et d'assumer pleinement ses responsabilités en ce qui concerne la prévention, la gestion et la résorption des conflits, cela ne signifie nullement que la communauté internationale, c'est à dire l'ONU, et singulièrement le Conseil de sécurité, que la Charte a investi de la responsabilité de maintenir la paix et la sécurité internationales, se sente déliée de ses obligations envers l'Afrique.

Un des domaines essentiels où il est possible de développer une relation privilégiée avec le Conseil et d'autres départements de l'ONU concernés par les conflits en Afrique, est celui du maintien de la paix, où l'OUA, grâce à son expérience prouvée sur le terrain, serait en mesure d'apporter sa contribution à la résorption des conflits, a dit M. Mesdoua. La proposition avancée par le Département des opérations de maintien de la paix, de mettre en

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place un Groupe de travail sur le renforcement des capacités africaines en matière de maintien de la paix, a été favorablement accueillie par les délégations africaines à l'ONU, a poursuivi M. Mesdoua, pour autant qu'elle ait pour objectif de soutenir, en particulier, l'action du Mécanisme africain de prévention, de règlement et de gestion des conflits, et de permettre aux pays africains de bénéficier de soutiens logistique et financier et de développer leurs capacités de maintien de la paix. Le Groupe africain attend, à cet égard, une réaction aux propositions qu'il avait soumises en août 1999. Le partenariat entre l'ONU et l'OUA devrait s'appuyer sur une coordination régulière entre le Conseil de sécurité d'une part, et le Secrétariat général de l'OUA, sa Présidence en exercice, sa Mission permanente auprès de l'ONU, et la Présidence du Groupe africain, d'autre part. Le Bureau de liaison de l'ONU auprès de l'OUA, mis en place depuis 1998, devrait, quant à lui, être renforcé.

Concernant l'action préventive du Conseil de sécurité, elle devrait être raffermie, et toute initiative de l'ONU en matière de prévention des conflits sur le continent africain, doit, si elle veut être efficace et bénéficier de la légitimité nécessaire, être menée conformément aux principes de la Charte, et notamment celui du respect de la souveraineté des Etats. L'adhésion des protagonistes et des parties au conflit est indispensable, et le consentement de l'Etat concerné et donc sa coopération, sont absolument indispensables, a souligné le représentant. Ce principe s'applique également à l'acheminement de l'aide humanitaire, et le Conseil devrait, sur la question cruciale de sa capacité de réaction, répondre aux accords de paix conclus sur le continent en déployant à temps les missions d'observation et/ou de maintien de la paix en Afrique. Nous voudrions rappeler, à ce propos, les péripéties par lesquelles est passé le projet de résolution sur la République démocratique du Congo, qui n'a, finalement, pas autorisé le déploiement recommandé par le Secrétaire général, a fait remarquer le délégué. Une autre question importante est celle des ressources, et nous pensons que la mise en place d'un Fonds d'affectation spécial de l'ONU consacré à l'Afrique mérite une attention soutenue. Ce fonds pourrait assister les activités de prévention des conflits de l'OUA et le financement des programmes de démobilisation, de désarmement et de réintégration des anciens combattants lors d'opérations de maintien de la paix.

M. MARTIN BELINGA-EBOUTOU (Cameroun), intervenant au nom du Groupe africain, a salué cette initiative qui intervient dans le sillage du débat à l'Assemblée générale du 8 décembre dernier consacré à l'examen du rapport du Secrétaire général sur la paix et le développement en Afrique. Ce débat public maintient également l'Afrique au centre du programme de travail du Conseil. Certes les questions africaines sont discutées au sein du Conseil mais les résultats sont décevants. Aujourd'hui, une vision nouvelle de l'Afrique comme partenaire est proposée. Ce dialogue interactif a le mérite de recrédibiliser le Conseil aux yeux des masses africaines. Nous espérons

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que ce débat mettra un terme à la politique de deux poids deux mesures. La situation de l'Afrique n'est pas une fatalité et c'est la raison pour laquelle chacune des grandes sous-régions du continent est dotée ou est en train de se doter d'outils de règlement des conflits. Le partenariat entre les Nations Unies et l'Afrique est indispensable en raison de l'immensité des richesses de l'Afrique qui attisent les convoitises et conflits. Le poids géopolitique du continent est évident. Les domaines privilégiés de ce partenariat doivent porter sur l'instauration d'un développement et d'une paix durables.

Le représentant a préconisé des actions en amont de diplomatie préventive et des actions en aval de maintien de la paix. Ces actions doivent, pour être efficaces, recueillir le consentement de l'Afrique d'où la nécessité de ce partenariat. Au niveau sous-régional, l'Afrique centrale dispose du Conseil pour la paix et la sécurité. L'Afrique de l'Ouest dispose de la CEDEAO et de son Conseil de médiation. L'Afrique australe a crée une structure ad hoc chargée de la paix et de la sécurité tandis que l'Afrique de l'Est s'est dotée de l'IGAD. Le représentant a préconisé des actions combinées entre le Conseil et ces organismes. Il a évoqué la question des ressources financières qui est une composante indispensable au règlement des conflits. Le Conseil pourrait en outre réfléchir à la possibilité de nommer un coordonnateur pour l'Afrique qui serait l'interface entre le Secrétaire général et les dirigeants du continent africain. Ce coordonnateur aiderait le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale à appliquer les recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport sur la paix et le développement en Afrique. Il faut promouvoir sans relâche l'application desdites recommandations.

M. DUMISANI SHADRACK KUMALO (Afrique du Sud) a souligné que les activités du Conseil de sécurité seront mises à l'épreuve à propos d'une situation critique, celle de la RDC. Si la situation s'effondre dans ce pays, a dit le représentant, ce serait un échec international et non un échec purement africain. Qu'a fait le Conseil de sécurité dans ce pays? s'est interrogé le représentant. Pour les habitants du Congo, il semble que rien ne se soit produit. Ce que nous sommes parvenus à mettre en place, à savoir l'Accord de paix, doit être maintenant traduit dans la réalité. Les Africains ont mis sur pied la Commission militaire mixte et la Zambie, notamment, a fourni de nombreux efforts. Mais où est la communauté internationale et où est le Conseil de sécurité?

Le représentant a en outre lancé un appel au Secrétaire général et aux Etats-Unis, en tant que pays hôte, pour qu'ils examinent sous l'angle pratique les privilèges accordés aux bureaux de l'OUA à New York, afin d'aider la représentation de cette organisation.

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M. HOLBROOKE (Etats-Unis), répondant au représentant de l'Afrique du Sud, a reconnu que son pays est partiellement la raison du retard qui caractérise certaines opérations de maintien de la paix. Evoquant son voyage récent dans plusieurs pays d'Afrique, il a fait état des violations répétées de l'Accord de paix de Lusaka en République démocratique du Congo.

Mme MARJATTA RASI (Finlande), au nom de l'Union européenne et pays associés, a souhaité que le nouveau format de cette réunion permette de déboucher sur de nouvelles approches et visions pour le partenariat des Nations Unies avec l'Afrique. Pour sa part, l'Union a cherché à développer une approche intégrée et globale de la question des conflits en Afrique fondée sur la position commune de 1997 et sur les conclusions du Conseil de l'Union européenne. Elle est d'avis que le Conseil de sécurité doit rapidement se pencher sur les zones de conflit potentielles, et, à cette fin, développer sa capacité d'action préventive. Dans ce contexte, elle a souligné la nécessité de mettre en oeuvre les instruments prévus dans la Charte ainsi que les moyens traditionnels dont dispose le Conseil, tel que la mise en place de zones démilitarisées ou le désarmement préventif, et a insisté sur la nécessité de les développer davantage. En outre, les organisations régionales devaient être consultées par le Conseil. En vue de trouver une solution à long terme aux conflits en Afrique, il est également impératif de s'attaquer au problème du trafic illicite d'armes de petit calibre, au commerce illicite de diamants et d'or et d'autres métaux précieux qui alimentent les conflits.

L'Union encourage le Conseil à considérer l'imposition de sanctions ciblées, y compris l'embargo sur les armements, le plus tôt possible lorsqu'un conflit débute, tout en insistant sur la nécessité de gérer ce type de sanctions après leur imposition. En outre, l'Union soutient le rôle central du Secrétaire général en matière de diplomatie préventive et ses efforts en vue de renforcer le système d'alerte rapide de l'Organisation, et insiste sur le rôle à jouer par le Conseil, y compris par l'envoi de missions d'établissement des faits. Elle considère que les possibilités à la disposition du Secrétaire général ne sont pas encore pleinement utilisées et rappelle les dispositions de l'article 99 de la Charte qui prévoit que ce dernier peut porter à l'attention du Conseil toute question qui présente une menace pour la paix et la sécurité internationales. En outre, l'Union encourage le Conseil de sécurité à mettre en place des missions de maintien de la paix en temps voulu, lorsque la situation le nécessite, et fait part, dans ce contexte, de ses préoccupations relatives à la situation en République démocratique du Congo.

Soulignant l'importance du désarmement, de la démobilisation et de l'intégration (DDI) des anciens combattants, l'Union encourage le Conseil à définir des mandats qui prévoient que les programmes de DDI soient mis en oeuvre à l'échelle régionale. Elle se félicite du rôle croissant et de la contribution de la société civile et des organisations non gouvernementales

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dans le règlement de conflits. En outre, elle est en faveur du renforcement de la coopération entre le Conseil et l'Organisation de l'unité africaine (OUA), et encourage les Etats Membres à participer aux arrangements des forces et moyens en attente de l'ONU en vue de renforcer sa capacité de déploiement rapide. Pour sa part, l'Union est disposée à contribuer à renforcer la capacité de prévention de conflits de l'Afrique, en particulier à travers l'OUA et d'autres organisation sous-régionales et encourage le Conseil à s'impliquer également en ce sens.

M. ISA AYAD BABAA (Jamahiriya arabe libienne) a estimé que des ressources importantes humaines et financières sont indispensables si l'on veut que les grandes déclarations de partenariat ne restent pas lettre morte. Il faut que les Nations Unies mettent en place un fonds de reconstruction de l'Afrique. Le représentant a relevé la responsabilité particulière qui incombe aux pays qui ont colonisé le continent pour ce qui est du financement de ce fonds. Le Conseil doit appuyer les décisions prises par les organisations régionales et accorder un appui financier et humain aux opérations de maintien de la paix régionales. Le Conseil devrait également s'attacher à développer la capacité des pays africains à former leur personnel, à appuyer les mécanismes de règlement des conflits de l'OUA. La communauté internationale doit accepter un niveau minimum de risque lors de l'envoi d'une mission de maintien de la paix. Pourquoi avons- nous attendu si longtemps avant d'intervenir en RDC? s'est demandé le représentant. Il faut régler les conflits africains sur la base des normes sur lesquelles reposent d'autres opérations de maintien de la paix dans le monde.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée) s'est félicité de l'attention renouvelée du Conseil de sécurité aux problèmes qui sévissent en Afrique. Nous pensons qu'il y a un besoin urgent pour le Conseil de participer davantage aux activités de renforcement de la paix en Afrique. Le Conseil de sécurité pourrait envisager d'envoyer en Afrique des missions semblables à celle qui a été envoyée au Timor oriental. De même, le Conseil devrait envisager de créer une unité de travail spéciale ayant pour tâche de rassembler les informations auprès des organisations pertinentes au sujet de l'Afrique et d'établir des rapports. Le Conseil devrait enfin envisager de mettre en place un centre régional pour les opérations de maintien de la paix en Afrique afin de renforcer les capacités de maintien de la paix et de détecter à l'avance les violations des droits de l'homme.

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M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigéria) a souligné que l'ECOMOG est devenu un véritable instrument de maintien de la paix dans la sous-région ouest-africaine, rappelant ses récentes contributions en Afrique. L'ECOMOG a réussi à prévenir une situation de chaos et de tragédie humanitaire qui ont caractérisé les premières étapes de la crise au Libéria. De même, il convient de relever la création de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) en tant qu'initiative fort louable en ce qu'elle formalise le type de partenariat qui devrait être suivi entre les Nations Unies et une organisation sous-régionale, telle que la CEDEAO. Pour faire en sorte que cette coopération fonctionne dans le domaine de la promotion de la paix et de la sécurité, elle devrait comprendre des consultations régulières entre le Secrétaire général des Nations Unies et les dirigeants de la CEDEAO et des engagements de la part des pays donateurs afin de soutenir les mesures de maintien et de renforcement de la paix dans la sous-région.

S'agissant des mesures à prendre pour prévenir les conflits, il convient de s'intéresser à la manière de prévenir les situations dans lesquelles les pays qui viennent de sortir d'un conflit ne retombent dans une telle situation. La communauté internationale devrait par conséquent faire preuve, en Afrique, du même engagement qu'elle a manifesté pour les efforts de reconstruction dans les Balkans. Rappelant que la situation économique de l'Afrique n'est pas telle que les dirigeants africains sont en mesure de mettre en place des programmes qui rapportent des "dividendes démocratiques", en termes de bénéfices tangibles pour leurs peuples, le représentant a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle soutienne les pays d'Afrique. Ces mesures devraient notamment comprendre l'annulation des dettes des pays africains. Si les pays d'Afrique étaient libérés du fardeau de la dette, ils seraient plus à même d'utiliser leurs ressources pour la mise en oeuvre de programmes qui bénéficieraient à leurs peuples, a conclu le représentant.

M. YUKIO SATOH (Japon) a souligné la nécessité de répondre aux crises africaines de manière plus rapide et plus adéquate. A cet égard, il est important que les membres du Conseil, et, en particulier, les membres permanents, prennent en considération que de l'échec du Conseil à prendre les mesures nécessaires en temps voulu résulte la souffrance humaine. A ce propos, le représentant a observé que l'échec du processus de paix en République démocratique du Congo aurait de graves conséquences dans tout le continent et que, par conséquent, il est impératif que la communauté internationale soutienne vivement les Accords de Lusaka. M. Satoh a exprimé le souhait que le Conseil de sécurité déploie rapidement 500 observateurs militaires en République démocratique du Congo afin de s'assurer que toutes les parties concernées respectent les Accords, et qu'il s'engage également à y envoyer une force de maintien de la paix pleinement appuyée aussitôt que possible. Le Japon, qui fournit 20% des coûts des opérations de maintien de la paix, soutiendra toute décision à cette fin.

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En outre, M. Satoh a déclaré qu'il faudrait renforcer la capacité de maintien de la paix des organisations régionales et sous-régionales. Les expériences récentes de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ont démontré qu'il existe un consensus parmi les peuples africains sur le rôle actif que ces organisations jouent dans le domaine de la prévention et de la médiation, mais elles ont également révélé les obstacles auxquels la capacité de ces dernières est confrontée notamment dans les domaines des infrastructures administratives et des ressources financières. Dans ce contexte, il conviendrait que le Conseil de sécurité renforce son rôle de chef de file en ce qui concerne la mobilisation de la communauté internationale à renforcer la capacité de maintien de la paix des organisations régionales et sous-régionales en Afrique. Le Japon organisera, en mars prochain, à Tokyo, un symposium sur "le rôle des organisations sous-régionales et des organisations non gouvernementales dans la prévention et la résolution des conflits en Afrique" auquel sont invités les représentants de l'ONU, de l'OUA, de la CEDEAO, de la SADC, de l'IGAD, ainsi que les représentants des instituts de recherche et d'organisations non gouvernementales.

M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a souligné l'asymétrie entre l'attention constante que porte le Conseil de sécurité à la question africaine et la réalité des succès obtenus jusqu'à ce jour. Il est impératif de soutenir la coopération entre l'ONU et l'OUA ainsi que les autres organismes régionaux d'Afrique. Le Conseil de sécurité doit faire preuve de plus d'initiative et de créativité dans cette coopération. Les membres du Conseil devraient par ailleurs mettre en place un organe subsidiaire spécial chargé de la coopération entre l'ONU et l'OUA. Sur la question de savoir comment faire face aux besoins de l'Afrique en matière de maintien de la paix, la nécessité d'un financement adéquat est essentielle. S'agissant des suggestions pour les instruments supplémentaires du Conseil de sécurité visant à améliorer son aide à l'Afrique, l'Ukraine accorde une importance particulière à une meilleure utilisation des instruments de prévention des conflits en Afrique. Le représentant a exhorté le Conseil de sécurité à se concentrer davantage sur les missions envoyées dès les premiers stades de l'éclatement d'un conflit. Le représentant a réitéré la proposition de l'Ukraine visant à organiser sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies une réunion d'experts internationaux de pays producteurs d'armes légères afin d'étudier les moyens d'interdire la revente de ces armes à des tiers.

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M. JOSEPH MUTABOBA (Rwanda) a estimé qu'avant d'analyser le fond de la question, il fallait identifier les vrais problèmes. De nombreux soit-disant experts internationaux des questions africaines n'ont pas été en mesure d'analyser les causes du génocide au Rwanda. Si les membres du Conseil se rendaient plus souvent en Afrique ils seraient en mesure d'enrichir leurs connaissances. Nous devons engager de véritables experts des questions africaines pour éviter toute vision erronée. Dans ce contexte, on ne peut plus ignorer ou méconnaître l'OUA.

Le représentant a rappelé la responsabilité première du Conseil pour ce qui est du maintien de la paix. Le problème réside dans le mandat qu'accorde le Conseil à ses opérations de maintien de la paix. Le conflit en République démocratique du Congo est le résultat de l'inertie de la communauté internationale et d'un manque de volonté politique. En ne préservant pas l'élan acquis en août dernier, on a permis à certains éléments de répéter les mêmes refrains d'agression. Pourquoi les tueries en Afrique sont-elles qualifiées de guerres tribales alors que celles qui ont eu lieu en Europe ou ailleurs sont appelés épuration ethnique? Il nous faut revoir nos mentalités et ce n'est qu'à ce moment-là que nous serons en mesure d'empêcher l'apparition de conflits futurs en Afrique et dans le monde.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a regretté que l'Afrique et ses problèmes n'obtiennent pas toute l'attention accordée aux autres questions sur le plan international. Concernant le maintien de la paix, nous appuyons pleinement le concept des missions de maintien de la paix en Afrique. Mais il est essentiel d'apporter les ressources humaines et financières adéquates compte tenu des mandats assignés. Toutes les activités qui permettraient d'augmenter la capacité des pays africains en matière de maintien de la paix ne devraient pas contribuer à décharger la responsabilité des pays africains. Pour renforcer la capacité africaine à résoudre les conflits, l'Egypte est d'avis qu'il conviendrait de renforcer, d'une part, la capacité des pays d'Afrique pris individuellement et, d'autre part, celle de l'OUA. Concernant la RDC, le représentant a indiqué que la crédibilité du Conseil sera mise à l'épreuve par la façon dont il répondra au conflit dans ce pays. S'agissant de la coopération entre l'ONU et l'OUA, il convient d'éviter tout double emploi entre les deux organisations et, pour ce faire, il faudrait parvenir à un accord cadre stipulant clairement le rôle de chaque partie avant de mettre en place des initiatives ou missions communes.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a estimé que les Africains sont les premiers responsables de la prévention, de la gestion et du règlement des conflits sur le continent africain tout en reconnaissant la responsabilité première du Conseil pour ce qui est de la paix et de la sécurité dans le monde, y compris l'Afrique. Le continent africain souhaite être traité sur un pied d'égalité avec le reste du monde, a souligné le représentant. Par ailleurs, lors du lancement d'une opération de maintien de la paix, il faut

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s'assurer que les ressources financières qui lui sont allouées sont suffisantes et en proportion avec l'ampleur du problème. Dans ce contexte, il serait bon d'envoyer des missions d'évaluation du Conseil de sécurité dans les zones touchées par les conflits. L'opinion de l'OUA et des dirigeants africains devrait guider les décisions du Conseil. Les instruments à la disposition du Conseil devraient être plus efficaces. Les sanctions à l'encontre de l'UNITA constituent un exemple positif dont il faut tirer un enseignement, a ajouté le représentant. Il faut également introduire, dans le cadre des missions de maintien de la paix, des éléments permettant de passer d'une phase de reconstruction à une étape de renforcement de la paix. Mais il faudrait, pour ce faire, que le Conseil entretienne de bonnes relations de coopération avec ses institutions. La Communauté de développement de l'Afrique australe est un exemple d'organisation sous-régionale qui a connu de bonnes et moins bonnes expériences. Son travail conjoint avec le Conseil sur la question de la RDC s'est avéré valable aux yeux de tous. Il s'agit en l'occurrence d'un bon mécanisme de règlement des conflits.

M. ANDRE M. KAPANGA (République démocratique du Congo) a déclaré que la question de la coopération entre l'ONU, plus précisément son Conseil de sécurité, et l'OUA est d'actualité en regard des multiples foyers de tensions en Afrique, depuis la fin de la guerre froide. Il a rappelé que la Charte confère au Conseil de sécurité la responsabilité de la sécurité collective, principalement du maintien de la paix et de la sécurité internationales. L'article 51 de cette même Charte, a-t-il poursuivi, reconnaît aux Etats le droit naturel de légitime défense individuelle et collective, article qui s'inscrit toutefois dans la prolongation immédiate de l'article 27, alinéa 3 qui, en conférant le droit de veto aux membres permanents du Conseil de sécurité, institutionnalise en réalité la possibilité de blocage du mécanisme de sécurité collective. Cette situation a eu des effets dévastateurs sur les tentatives visant la définition de l'agression dont mon pays est la victime de la part de ses voisins, a déclaré le représentant. Il a félicité M. Kofi Annan pour les efforts inlassables que celui-ci ne cesse de déployer pour que la paix revienne en RDC, et que la Mission de l'Organisation des Nations Unies en RDC, la MONUC, devienne enfin une réalité.

Le représentant a déclaré que les clivages diplomatiques ou alignements aux conflits ouverts contrarient et empêchent même le fonctionnement impartial de la sécurité collective. Les Nations Unies, a-t-il ajouté, illustrent donc par leur évolution ces relations étroites entre les alliances et le fonctionnement imparfait du mécanisme de sécurité collective. Cela a favorisé la définition d'une diplomatie coercitive, laquelle tend à résoudre le conflit armé et ses incertitudes par l'acceptation des conditions d'accord fixées par la partie qui en a pris l'initiative. C'est ainsi que dans le cas de la guerre en République Démocratique du Congo, ce pays est surpris des contradictions suscitées au sein même du Conseil de sécurité; il est également

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surpris des lenteurs dans l'application de ses résolutions et de ses décisions du fait de l'action de certains de ses Etats Membres qui s'y opposent, et il constate avec regret que ces Membres ne font en réalité que perpétuer la misère, la désolation, la souffrance des populations civiles, femmes, enfants et vieillards compris, a déclaré le représentant.

Ces Etats Membres, a poursuivi le représentant, n'hésitent pas à pousser le cynisme jusqu'à exiger ensuite de l'adversaire qu'ils ont eux-mêmes déterminés une application discriminatoire de respect des droits de l'homme. Il est étonnant, a-t-il estimé, que ces mêmes membres du Conseil de sécurité soient les premiers à dénier aux populations civiles les mêmes droits qu'ils prétendent vouloir protéger. Ce comportement est pitoyable et regrettable, a souligné le représentant. En outre, le représentant a déploré qu'en République Démocratique du Congo, du fait de cette attitude irresponsable, environ 800 000 déplacés internes et 200 000 réfugiés errent dans l'ensemble du territoire national, dans l'attente que le Conseil de sécurité ou certains de ses Etats Membres se fourvoient dans la recherche d'une solution à cette guerre sous la menace des canons meurtrier venus de l'Est.

Le représentant a préconisé une répartition adéquate des pouvoirs entre le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale et le Secrétaire général, afin de permettre à ce dernier de définir et de mener à bien une diplomatie préventive. En stabilisant un conflit local, notamment par l'interposition d'une force militaire, cette diplomatie constitue aussi la meilleure voie à même de prévenir un conflit généralisé entre les grandes puissances. Cette démarche est une condition sine qua non pour que l'Organisation universelle s'attaque efficacement aux défis de la paix mondiale, et partant celle du continent africain, a-t- il conclu.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s'est félicité du fait que, sous la présidence des Etats-Unis le mois prochain, quatre séances seront consacrées à l'Afrique. S'agissant de la coopération avec les organisations régionales africaines, notamment l'OUA, nous nous inspirons de la résolution 897 du Conseil, en particulier pour la mise en place d'un mécanisme d'alerte rapide. Rappelant que la mission envoyée par le Conseil de sécurité au Timor oriental a créé un précédent dans la façon de répondre rapidement à un conflit, le représentant a souligné que le Conseil devrait jouer un rôle plus volontariste encore, notamment dans le domaine des enquêtes et des missions de médiation pour résoudre les crises. Le représentant s'est notamment félicité que le Président Mandela ait accepté de faire office de facilitateur au Burundi. Par ailleurs, la question des enfants dans les situations de conflits armés devrait faire l'objet d'un examen constant au sein du Conseil. Enfin, en vue d'endiguer les transferts d'armes en Afrique, le Conseil devrait suivre le moratoire de la CEDEAO sur la fabrication, la vente et l'exportation d'armes légères. Le représentant a enfin souhaité que la présidence répertorie, sous forme de tableau, les propositions faites aujourd'hui par les Etats Membres lors du débat sur la question de l'Afrique.

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M. KAMALESH SHARMA (Inde), tout en se félicitant de l'organisation de la session interactive sur le partenariat des Nations Unies avec l'Afrique, se demande dans quelle mesure le Conseil a tenu compte des vues et idées exprimées lors de sa dernière réunion sur l'Afrique et espère que ce dernier tiendra sérieusement compte des opinions des Etats qui n'en sont pas membres, ajoutant que s'il s'agit uniquement de réunions symboliques, ce type d'échange a peu d'intérêt.

En ce qui concerne la coopération entre le Conseil de sécurité et l'OUA, l'Inde est d'avis que les pays africains sont en meilleure position pour s'exprimer. Toutefois, en tant que principe général, elle soutient l'idée que, au moment de l'émergence d'un conflit ou après, la paix ne peut être réinstaurée que si les parties au conflit veulent elles-mêmes régler leurs différends, ce qui signifie que les pays concernés doivent faire preuve de la volonté politique de régler leurs problèmes de manière pacifique. A ce sujet, le représentant a rappelé que dans la plupart des conflits africains actuels, les parties concernées ont elles-mêmes cherché des solutions diplomatiques. Dans ce contexte, le soutien de la communauté internationale devient essentiel et le rôle du Conseil crucial. Le Conseil doit notamment déployer des opérations de maintien de la paix et appuyer politiquement les accords de paix. A cet égard, l'Inde regrette que les efforts africains aient souvent été sapés par un manque de soutien de la part du Conseil, ajoutant que, au nom du soutien aux initiatives africaines, le Conseil ne doit pas abdiquer de ses responsabilités en vertu de la Charte. En outre, l'Inde se félicite des efforts internationaux déployés en vue de renforcer la capacité de maintien de la paix de l'Afrique, et soutient l'idée selon laquelle le coût des opérations de maintien de la paix et les risques du personnel des Nations Unies ne sont pas des arguments valables pour justifier l'attitude du Conseil vis-à-vis des conflits africains.

Par ailleurs, la délégation indienne estime qu'il n'y a pas lieu de développer de nouveaux instruments pour régler les conflits en Afrique, mais qu'il faut plutôt chercher à utiliser de manière effective, impartiale et transparente, les instruments existants. C'est la raison pour laquelle le Conseil doit suivre de plus prêt dans quelle mesure ses décisions sont appliquées et respectées. Compte tenu de la complexité des problèmes que connaît l'Afrique, l'Inde préconise l'adoption d'une approche pluridisciplinaire comprenant une composante économique et sociale importante, qui ne relève pas du mandat du Conseil de sécurité mais plutôt de l'Assemblée générale, des institutions spécialisées de l'Organisation ainsi que des institutions financières internationales. En effet, l'Inde considère que, alors que le Conseil doit être plus actif en Afrique, il ne doit pas céder à la tentation de s'occuper de domaines qui sortent du cadre de son mandat.

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M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays a contribué modestement aux efforts de maintien de la paix en Afrique, en particulier en Angola, en Somalie, au Mozambique et en Sierra Leone, ainsi qu'aux missions de secours aux réfugiés dans la région des Grands Lacs. Faisant observer qu'il y a un sentiment largement ressenti et compréhensible que l'Afrique ne profite pas de manière équitable des ressources de maintien de la paix des Nations Unies. La crédibilité du Conseil exige qu'il accorde une attention particulière aux crises, quel que soit l'endroit où elles éclatent et que CNN soit présente ou non. La Nouvelle-Zélande est profondément préoccupée par la tendance qui a marqué ces dernières années - à certaines exceptions près - de financer les opérations de maintien de la paix par des contributions volontaires versées aux fonds d'affectation plutôt que par le budget régulier. En termes concrets, les régions qui ne réussissent pas à attirer l'appui des bailleurs de fonds ne recevront pas des Nations Unies la réponse escomptée.

Par ailleurs, les parties à un conflit qui ont convenu de la nécessité d'accueillir une opération de maintien de la paix sont obligées de faire tout leur possible pour garantir la sécurité du personnel de maintien de la paix et celle du personnel associé qui pourraient être déployés sur le terrain. Il faudrait insister davantage sur la prévention, en particulier par le biais du Secrétaire général exerçant son rôle d'alerte rapide tel qu'il est défini dans l'Article 99 de la Charte des Nations Unies. En outre, conformément à l'Article 65 de la Charte, le Conseil de sécurité devrait tenir compte des questions de la pauvreté, du sous-développement et des inégalités des chances entre les différents groupes de la société dans le cadre de ses relations avec l'ECOSOC.

M. MAURICE MOORE (Bahamas) a souligné que l'idée d'un échange de vues sur la situation en Afrique est fort louable dans la mesure où il donne aux pays qui portent un intérêt profond à la stabilité du monde, l'occasion d'exprimer leurs sentiments sur cette question. Pour les Nations Unies, il ne saurait y avoir d'engagement plus noble que la prévention de nouveaux conflits armés sur le continent africain. Une véritable volonté politique est cependant nécessaire pour faire face aux problèmes de l'Afrique, et cette volonté doit émaner non seulement de la part des Etats africains eux-mêmes, mais aussi de tous les autres pays du monde. Le représentant a fait remarquer que la période actuelle marque un véritable moment historique pour l'Afrique, soulignant que plusieurs "fils de l'Afrique" président actuellement à de nombreux organes internationaux, tels que le Conseil de sécurité, l'Assemblée générale de l'ONU, le Groupement parlementaire du Commonwealth, le Mouvement des pays non-alignés et le Groupe des 77. Le délégué a indiqué que l'attention du monde est actuellement centrée sur l'Afrique et le moment est par conséquent opportun de mettre en place des actions concrètes sur ce continent. Toutefois, la volonté politique nécessaire pour y parvenir doit émaner de cette enceinte, a-t-il dit.

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M. FARES M. KUINDWA (Kenya) a abordé la question de l'amélioration de la coordination et de la coopération entre le Conseil de sécurité, l'Organisation de l'unité africaine et les organisations régionales ou sous-régionales dont le rôle est décisif. Dans ce contexte, il a appuyé la création par le Secrétaire général d'un Comité exécutif de la paix et de la sécurité. Le représentant s'est demandé par ailleurs comment fonctionne le Bureau de liaison des Nations Unies à Addis Ababa depuis qu'il a été chargé de consolider la coopération entre ONU et OUA, et de coordonner le déploiement des efforts politiques visant à prévenir, contenir et résoudre les conflits en Afrique. Pour le Kenya, la rencontre annuelle entre les deux Secrétaires généraux de l'ONU et de l'OUA est un mécanisme efficace qu'il conviendrait de réactiver. Il propose par ailleurs de mettre en place un mécanisme qui permettrait aux responsables d'organisations ou d'initiatives régionales de se rencontrer afin d'échanger des idées et de consolider les propositions visant la résolution des conflits. Il serait opportun d'améliorer la liaison entre les représentants africains auprès des Nations Unies et le Secrétaire général en organisant des rencontres périodiques. Il serait utile de renforcer le Bureau du Conseiller spécial sur l'Afrique, a souligné le représentant.

Il a abordé la question des instruments qui pourraient être utilisés par le Conseil dans l'action qu'il mène en vue de la prévention, de la gestion et de la résolution des conflits en Afrique. A cet égard, il a souligné que, si les instruments dont il dispose, étaient effectivement mis en oeuvre, les problèmes actuels pourraient être traités de façon appropriée. Pour le Kenya, le problème essentiel réside dans l'absence de volonté politique de la communauté internationale et dans la réticence à consacrer les fonds nécessaires aux moyens de les résoudre. Le représentant a insisté sur la nécessité pour le Conseil de procéder à la mise en oeuvre des résolutions qu'il a adoptées, et plus particulièrement de celles visant la prévention et la résolution des conflits. Le représentant a suggéré au Conseil d'organiser en Afrique l'une de ses réunions concernant ce continent. Il serait souhaitable de renforcer la coordination entre le Conseil, l'Assemblée générale, le Programme des Nations Unies pour le développement et les institutions de Bretton Woods afin de mieux traiter des questions telles que la pauvreté, la dette, le financement du développement ou encore le SIDA qui sont à la base des problèmes de l'Afrique. Pour le Kenya, le Conseil devrait multiplier ses sources d'information afin de permettre des prises de décision en temps opportun. Il faudrait également renforcer et soutenir les mécanismes de coopération et d'intégration régionales.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) accueille favorablement le nouveau format interactif de la réunion du Conseil de sécurité d'aujourd'hui. Il constate avec regret que plus de la moitié des conflits violents en cours se déroulent en Afrique et que les populations civiles en sont les premières victimes. L'Indonésie est d'avis que, indépendamment du lieu où se déroule un conflit, la population concernée détient souvent la clef du règlement. Dans ce contexte, les Etats faisant preuve d'une volonté soutenue en vue d'un

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règlement pacifique méritent un soutien plus important de la part de la communauté internationale que celui dont ils bénéficient actuellement. M. Wibisono a ajouté que la situation difficile de l'Afrique peut être attribuée en partie à un manque d'engagement sincère de la communauté internationale, et en particulier du Conseil de sécurité, à la fois en ce qui concerne le déploiement de personnel de maintien de la paix suffisant, les efforts de prévention de conflit et les fonds nécessaires à cet effet.

La délégation indonésienne est d'avis que si la communauté internationale, et en particulier les Etats Membres disposant de ressources suffisantes, faisait preuve d'un véritable engagement envers l'Afrique, cela contribuerait à améliorer les perspectives de paix et de prévention de conflits sur ce continent et à ouvrir la voie aux efforts de développement durable dans le domaine de la consolidation de la paix après conflit. Par ailleurs, l'Indonésie se félicite du rôle joué par l'OUA et d'autres organisations sous-régionales en matière de règlement des conflits et encourage le développement de la coopération entre le Conseil de sécurité et ces organisations. Elle préconise en outre la mise en place d'une équipe du Conseil de sécurité chargée des questions relatives à l'Afrique et composée de plusieurs membres du Conseil représentant chacun un Groupe régional qui pourrait rassembler et traiter les informations pertinentes sur les questions africaines et soumettre des recommandations, en étroite collaboration avec le Secrétariat, l'OUA, d'autres organisations sous-régionales et certains états africains concernés, dans les domaines du maintien de la paix et de la prévention des conflits. Ce type de mécanisme pourrait également servir de système d'alerte rapide pour éviter des catastrophes humanitaires à l'avenir. Par ailleurs, l'Indonésie encourage tout effort de la communauté internationale visant à renforcer les capacités de maintien de la paix de l'Afrique, à la fois aux niveaux national et régional.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a estimé que les difficultés que connaissent les Nations Unies pour relever les défis de la paix en Afrique ne résultent pas tant d'un manque de volonté politique ou de ressources financières mais de leur capacité de gestion des Nations Unies. Nous connaissons les mécanismes de maintien de la paix de l'ONU, a ajouté le représentant. Mais une fois la paix rétablie il faut assurer une atmosphère propice au développement. Pour que l'Organisation utilise au mieux ses maigres ressources il est nécessaire qu'elle renforce sa coopération avec ses divers organes que ce soit l'ECOSOC ou l'Assemblée générale. La décision prise par l'Assemblée générale de créer un groupe de travail chargé de la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général qui sont contenues dans son dernier rapport sur l'Afrique permettra peut- être de mettre au point une instance appropriée permettant d'harmoniser les efforts de paix sur le continent.

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M. SYLVESTER ROWE (Sierra Leone) a félicité le Royaume-Uni qui a lancé l'idée de cette discussion interactive entre l'ONU et l'Afrique. Il a formulé l'espoir que ces discussions deviendront d'un usage courant au Conseil de sécurité. Le représentant a dit partager la plupart des propositions faites pour prévenir les conflits en Afrique. Il a estimé d'autre part que le Conseil devrait prendre des risques, donner des noms en dénonçant ceux qui attisent le feu de la guerre en envoyant dans les pays africains des armes dans l'illégalité. Les conflits en Afrique ont des dimensions internationales et, trop souvent, on hésite à faire pression sur les "marchands de guerre". Le Conseil devra aussi renforcer son partenariat avec l'Afrique pour prévenir les conflits. L'OUA, de son côté, a tout fait pour décourager les putschs et c'est là une entreprise fort courageuse qui mérite d'être mentionnée. Peut-être le Conseil pourrait-il dissuader certains Etats Membres d'appuyer les parties rebelles qui tentent de bousculer des gouvernements légitimes en Afrique? Le représentant a souhaité qu'un document final sur cette réunion, reprenant les propositions faites aujourd'hui, soit rendu public à l'issue de la réunion.

M. MATIA SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a estimé que cette réunion trouve son origine dans la crise continue que connaît l'Afrique, dans une kyrielle de conflits, dans l'incapacité du Conseil à prendre les mesures nécessaires, dans une carence politique et dans un manque de ressources financières nécessaires au règlement des conflits. De plus, nos organismes régionaux n'ont pas la capacité de répondre aux problèmes du continent et c'est une des raisons qui justifient notre présence. L'Afrique n'a pas besoin de tant de réunions mais d'actions concrètes. Il nous faut songer à des mesures immédiates de prévention et de désescalade des conflits. Sans le déploiement rapide de Casques bleus, les accords en vigueur s'effondreront. Les forces de maintien de paix maintiennent une paix fragile entre groupes ennemis. Nous l'avons vu au Kosovo et au Timor oriental. Mais curieusement dans ces deux cas, le Conseil n'a pas demandé aux parties de mettre un terme aux combats avant que l'ONU n'intervienne. Nous voudrions que le conflit en RDC soit traité de la même façon. Le représentant a estimé en outre que le développement durable, la gestion démocratique des affaires publiques et le respect des droits de l'homme constituent d'autres mesures de prévention des conflits.

M. DAUDI NGELAUTWA MWAKAWAGO (République-Unie de Tanzanie) a souligné la réalité de l'Afrique en rappelant certains chiffres selon lesquels 33 des pays les moins avancés se trouvent en Afrique, 1% seulement des investissements étrangers est consacré à l'Afrique et ce continent a le plus grand nombre de réfugiés, la Tanzanie, à elle seule, compte 800 000. Par ailleurs, l'aide à l'Afrique va décroissante et, dans ce domaine, la rhétorique semble prendre le pas sur le fond. Comme l'a dit le représentant de l'Ouganda, il faut maintenant passer à l'action. Mais encore faut-il que cette action soit bien orientée. Où en sommes-nous avec l'application des nombreuses résolutions sur l'Afrique? Un calendrier de mise en oeuvre de ces résolutions est nécessaire.

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L'Afrique écoute ce débat avec un vif intérêt. En effet, à chaque fois qu'il y a un débat au Conseil, on constate une "inflation" des attentes. Les Africains ont besoin du développement comme les autres peuples. Leurs gouvernements ont certes pris des initiatives mais davantage d'initiatives, soutenues par la communauté internationale, sont nécessaires.

M. YAW ODEI OSEI (Ghana) a jugé la réunion opportune car elle permet au Conseil de prendre connaissance des perceptions qu'ont les pays africains du rôle joué par le Conseil en Afrique. Dans le cadre des consultations entre les Secrétaires généraux de l'ONU et DE l'OUA, le Conseil pourrait envisager des réunions régulières pour prendre des mesures de suivi appropriées. Pour ce qui est de la prévention des conflits, le représentant a souligné le rôle des organisations sous-régionales comme la CEDEAO et la SADEC qui ne saurait être sous-évalué. La participation du Ghana aux opérations de maintien de la paix en Afrique a été motivée par un souci de bon voisinage. Par ailleurs, l'examen des conflits par le Conseil de sécurité devrait suivre l'évolution des forces régionales. Les représentants des pays qui participent à ces opérations devraient assister aux réunions du Conseil pour connaître le niveau de participation qu'on attend de lui. La prévention de conflits est plus économique que leur résolution. Le représentant a suggéré d'imposer des sanctions aux groupes menant des actions destabilisatrices.

M. MISHECK MUCHETWA (Zimbabwe) espère qu'un programme d'action pourra prendre forme à l'issue de la réunion actuelle. Rappelant que si les mesures prises par le Conseil de sécurité étaient respectées, les conflits en Afrique pourraient être évités. L'OUA devrait envoyer régulièrement des documents soumis à l'attention du Conseil par l'entremise du Secrétariat et ces documents devraient porter sur des signaux d'alerte concernant les foyers de crise en Afrique. Dans les zones où les conflits ont déjà éclaté, le Conseil devrait oeuvrer de façon diligente avec l'OUA pour trouver une solution aux conflits. Par ailleurs, une certaine équité devrait être respectée dans le traitement des questions liées à l'Afrique par rapport à d'autres zones de conflit. Cependant, tant que la volonté politique fera défaut, il n'y aura pas lieu de créer de nouveaux instruments pour prévenir les conflits.

M. NTETURUYE (Burundi) a attribué les difficultés de l'ONU en Afrique aux tergiversations résultant du manque d'informations crédibles sur la situation, à une attitude attentiste, à un manque d'intérêt de certains membres du Conseil pour l'Afrique, et aux erreurs d'appréciation des situations en Afrique. L'idée de partenariat ONU-Afrique doit reposer sur une collaboration avec tous les Etats concernés qu'ils soient démocratiques ou non, respectueux des droits de l'homme ou non. Dans les situations de conflits internes, il faut privilégier une diplomatie discrète et délicate. Il faut également que la collaboration avec les organismes régionaux reconnus se fasse d'amont en aval pour éviter des violations de la Charte des Nations Unies et du droit international. Le Conseil doit avaliser toute intervention majeure comme l'envoi d'une force de maintien de la paix ou l'imposition de

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sanctions. Il faut également accorder plus d'attention aux questions économiques et de développement dans la résolution des conflits. Il faut initier des méthodes de travail adaptées au sein du Conseil comme un mécanisme de consultations informelles entre représentants des divers acteurs intéressés et attribuer à l'Afrique une représentation permanente au Conseil de sécurité. M. PETER LESA KASANDA (Zambie), évoquant le partenariat entre l'ONU et l'OUA, a rappelé que l'Organisation de l'unité africaine est de nature politique. Ses actions en matière de maintien de la paix sont limitées, d'où la nécessité de cette coopération. Le représentant a appelé à une réflexion sur la durée des mandats des missions de maintien de la paix qui doivent dépasser les trois ou six mois habituels. Il faut également assurer une adéquation entre les effectifs de la mission et la situation sur le terrain. Par ailleurs, le régime amélioré des sanctions à l'encontre de l'UNITA est un exemple à suivre. Le représentant a évoqué la nécessité de mettre en place des mécanismes permettant d'endiguer le trafic illicite des armes, compte tenu du fait que les moratoires volontaires sur les armes ne fonctionnent pas. Il faut mettre à l'index les compagnies qui mettent le profit avant le respect pour la vie humaine.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a estimé qu'il est de la plus haute importance d'adopter une approche globale concernant les conflits en Afrique. Il convient également d'appuyer les mécanismes de règlement des conflits. A cet égard, il faut passer de la culture de la réaction à celle de la prévention. C'est pourquoi nous soutenons le fond pour l'action préventive des Nations Unies. Il faut que les décisions du Conseil de sécurité soient harmonisées avec les stratégies des organismes régionaux. Une étroite collaboration entre l'OUA et l'ONU est indispensable pour prévenir les conflits, ce qui montre qu'il faudrait faire appel plus souvent aux organisations régionales. Plusieurs suggestions ont été avancées pour améliorer le partenariat des Nations Unies avec l'OUA mais il faudra trouver des ressources financières suffisantes pour permettre un partenariat fructueux. Nous lançons donc un appel à la communauté internationale pour qu'elle soutienne cette coopération.

M. HANS DAHLGREN (Suède) a souligné que le Conseil de sécurité doit être plus sérieux dans la mise en place de mécanismes de mise en oeuvre des embargos d'armes dans les pays africains. Le déploiement d'un personnel supplémentaire pour vérifier la situation aux frontières devrait également être envisagé.

M. RICHARD RYAN (Irlande) s'est associé aux propos des Pays- Bas et de la Finlande. Un large éventail de suggestions ont été faites aujourd'hui. Nous avons vu l'apparition de toute une série d'organisations régionales qui recherchent la paix, c'est là un développement constructif qui mérite tout notre appui. Néanmoins la prévention des conflits ne peut se doter d'une capacité du jour au lendemain. Il faut donc, pour que le maintien de la paix réussisse, que les parties ne montrent plus de mauvaise foi.

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M. ANDRE ADAM (Belgique) a réagi sur le sujet du sida qui tue "plus que la guerre et comme la guerre" en ce qu'elle tue des hommes en âge de procréer et que les survivants en sont les enfants et les personnes âgées. Concernant les attentes des pays africains, si nous décidons d'attendre que les conditions idéales soient réalisées pour intervenir en Afrique, il sera trop tard. Il faut donc envisager un certain risque. Les Africains enfin doivent nous aider à les aider, il faut qu'une mentalité de paix s'installe en Afrique car trop de personnes encore en Afrique pensent que le seul moyen d'améliorer leur sort est de recourir aux armes.

M. ANTONIO MONTEIRO (Portugal) a estimé qu'il fallait se servir plus efficacement des instruments à la disposition des Nations Unies. L'Organisation doit travailler plus étroitement avec les organisations régionales et sous-régionales sans pour autant renoncer à ses responsabilités pour ce qui est du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Le représentant a rappelé les avantages de la diplomatie préventive par le biais, notamment, des représentants spéciaux du Secrétaire général. Au sujet des sanctions, le représentant a souhaité que de tels régimes échappent à un fonctionnement administratif pour être véritablement efficaces. Le rétablissement de la paix après les conflits est une idée intéressante a-t-il ajouté. L'on songe à déployer une opération en RDC qui pourrait être suivie d'une équipe de renforcement de la paix.

M. PIER BENEDETTO FRANCESE (Italie) a relevé l'importance d'une telle réunion à la lumière des menaces militaires comme non militaires (maladies, faiblesses socio-économiques) que l'ONU doit affronter en ce qui concerne l'Afrique. Il a estimé que la Charte contient un nombre d'instruments qui pourraient être utilisés de façon plus optimale. Il a relevé qu'il était nécessaire pour l'ONU de développer une meilleure organisation logistique. Le Conseil devrait tenir davantage compte de ce qui est fait par des groupes de pays intéressés. Nous sommes en faveur de l'exploitation maximale des ressources politiques existantes comme la création, par exemple, de groupes de contact. Le représentant a dit accueillir avec satisfaction les différentes propositions avancées aujourd'hui. Il est temps de passer de la théorie à la pratique et de donner un réel élan aux mesures proposées par le Secrétaire général.

M. FLORES (Espagne) a indiqué que sa délégation souscrivait aux propos de la Finlande. Dans toutes ses actions, le Conseil doit améliorer la transparence de ses méthodes de travail. En ce qui concerne les opérations de maintien de la paix, le représentant a jugé cruciale la coopération entre l'ONU et les organisations régionales et sous-régionales en Afrique. Il est fondamental de mettre en place des programmes de désarmement et de réinsertion des anciens combattants. A cet égard, les programme mis sur pied en Amérique du Sud font figure d'exemple à suivre.

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M. HAIN (Royaume-Uni), Ministre d'Etat aux affaires étrangères et du Commonwealth, aurait souhaité plus de temps pour poursuivre le dialogue. Il a souligné que de nombreuses suggestions, lesquelles seront publiées ultérieurement, ont été mises en avant, notamment pour remplacer la politique des deux poids deux mesures par une intention de coopérer en étroite collaboration sur les problèmes en Afrique. Un consensus s'est par ailleurs dégagé sur la coopération entre l'ONU et l'OUA concernant des missions conjointes et des échanges de personnel. Par ailleurs, les Etats Membres, notamment ceux d'Afrique, ont souligné que l'ONU ne répond pas assez rapidement aux besoins en Afrique. Des propositions ont donc été faites pour déployer plus rapidement le personnel du maintien de la paix. De même, il est essentiel de fournir des ressources financières en adéquation avec l'envergure des mandats. D'autres propositions visaient une meilleure utilisation des voies diplomatiques existantes, une action diplomatique plus efficace par les membres du Conseil, une mise en oeuvre plus stricte des sanctions et des embargos, la prévention du sida ainsi que la protection des droits des minorités. Les problèmes de l'Afrique sont cités dans la presse mais ce dont l'Afrique a besoin, c'est de la paix et de la démocratie et le débat que nous avons engagé aujourd'hui a montré que les Etats Membres sont résolus à apporter cette aide, a conclu le Ministre.

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