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CS/1125

LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX INFORME LE CONSEIL DES DERNIERS DEVELOPPEMENTS EN SIERRA LEONE

10 décembre 1999


Communiqué de Presse
CS/1125


LE SECRETAIRE GENERAL ADJOINT AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX INFORME LE CONSEIL DES DERNIERS DEVELOPPEMENTS EN SIERRA LEONE

19991210

Les Etats Membres s'inquiètent de la lenteur du processus de désarmement et des violations des droits de l'homme

A l'occasion de la publication du premier rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL), M. Bernard Miyet, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a informé les membres du Conseil de sécurité des derniers développements depuis la préparation du rapport. Citant la mise en place d'un Gouvernement d'union nationale associant les mouvements rebelles, M. Miyet a affirmé que des progrès ont été accomplis mais que l'un des volets majeurs de l'Accord de paix de Lomé, à savoir la réalisation du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants, progresse lentement. Près de 5 000 combattants, soit à peine 10% du nombre total estimé à 45 000, participent actuellement à ce programme. La situation en matière de sécurité dans le pays est instable, les entraves imposées aux personnel des organisations humanitaires se poursuivent tout comme les violations des droits de l'homme. Les membres du Conseil ont manifesté les mêmes inquiétudes.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a fait état de progrès significatifs dans le déploiement de la MINUSIL. La Mission a été créée en vertu de la résolution 1270 adoptée à l'unanimité le 22 octobre dernier. M. Miyet a précisé que le Commandant de la Force est arrivé le 7 décembre dernier à Freetown. Des discussions intensives ont été lancées avec la Guinée, la Gambie et le Nigéria pour faciliter le déploiement de leur personnel militaire et 2 000 militaires ainsi que 50 observateurs militaires pourront être transférés du Nigéria et d'autres pays d'ici la fin de l'année. Abordant les questions des membres du Conseil quant à la solidité de l'engagement du Front uni révolutionnaire (FUR) au programme de démobilisation, M. Miyet a estimé qu'il était difficile de répondre.

Les représentants des pays membres du Conseil suivants ont pris la parole: Pays-Bas, Argentine, Gabon, Canada, Fédération de Russie, France, Gambie, Bahreïn, Malaisie, Slovénie, Namibie, Etats-Unis, Brésil, Chine et Royaume-Uni.

Premier rapport sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) (S/1999/1223)

Ce premier rapport sur la MINUSIL couvre les faits nouveaux survenus en Sierra Leone jusqu'au 2 décembre 1999. Il fait suite à la demande adressée au Secrétaire général par le Conseil de sécurité qui le prie de lui communiquer tous les 45 jours des informations actualisées sur l'état du processus de paix, sur les conditions de sécurité sur le terrain et sur le maintien de l'effectif actuel du Groupe de contrôle de cessez-le-feu de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG), conformément à la résolution 1270 (1999) par laquelle le Conseil de sécurité a décidé de créer la MINUSIL.

Dans ce rapport le Secrétaire général brosse un portrait de la situation sur le plan politique, humanitaire, militaire et de la sécurité; dans le domaine du désarmement et de la démobilisation; du point de vue des droits de l'homme et du déploiement de la MINUSIL.

Sur le plan politique, observe le Secrétaire général, il ne fait aucun doute que des progrès ont été accomplis dans l'application de l'Accord de Lomé avec, notamment, le retour en Sierra Leone des dirigeants du FUR (Front uni révolutionnaire) et du CRFA (Conseil révolutionnaire des forces armées), la mise en place du Gouvernement d'union nationale et l'augmentation récente du nombre d'anciens combattants s'inscrivant au programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Il n'empêche que de graves violations des droits de l'homme, les violations de cessez-le-feu et la prise pour cible d'agents humanitaires sont extrêmement préoccupants, souligne le rapport.

S'agissant de la situation humanitaire et malgré certaines améliorations, la crise humanitaire en Sierra Leone ne perd en rien de son ampleur. L'acheminement de l'aide ne continue pas moins de se heurter à des procédures arbitraires de délivrance d'autorisations et à des menaces. Cela doit cesser, a exhorté le Secrétaire général.

Sur le plan de la sécurité, le Secrétaire général estime que pendant que l'Organisation des Nations Unies accélère le déploiement de ses contingents en Sierra Leone, l'ECOMOG devrait continuer à jouer un rôle critique en assurant la sécurité sur le plan national et en facilitant l'exécution du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Il lui faudra pour ce faire maintenir une force crédible de plusieurs milliers d'hommes, c'est pourquoi le Secrétaire général exhorte de nouveau les donateurs à doter le Groupe de contrôle des moyens nécessaires à l'accomplissement des tâches d'importance vitale qui lui sont confiées. Plus de 200 observateurs militaires et une équipe militaire de 15 personnes sont actuellement déployés dans le cadre de la MINUSIL, aux quartiers généraux de la mission à Freetown.

Le rapport rappelle que dès l'adoption de la résolution 1270 (1999) du Conseil de sécurité, une équipe technique des Nations Unies a été dépêchée en Sierra Leone à la fin octobre pour aider la mission d'observation à préparer le déploiement des 6 000 militaires des Nations Unies prévus.

Le Secrétaire général est d'avis qu'il faut en outre de toute urgence renforcer et accélérer le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants. Le Secrétaire général encourage, à cet égard, tous les intéressés à poursuivre leurs efforts pour instaurer la confiance entre les parties et améliorer les liens entre les diverses phases du programme. Le Secrétaire général a déjà demandé à la MINUSIL d'intensifier ses efforts pour appuyer ces aspects vitaux du processus de paix.

Les engagements des parties à l'Accord de Lomé seront mis à rude épreuve au cours de la période charnière qui s'ouvre, a conclu le Secrétaire général, en soulignant que les principaux mécanismes de la surveillance du cessez- le-feu et du désarmement sont maintenant en place et qu'il incombe au premier chef de faire progresser le processus de paix. Le Secrétaire général s'est dit convaincu que tous les efforts qui seront déployés en ce sens bénéficieront de l'appui de la communauté internationale en soulignant que l'Organisation des Nations Unies, en étroite collaboration avec l'ECOMOG, est prête à jouer ce rôle.

Déclaration par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix

M. BERNARD MIYET, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a présenté le premier rapport sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone et a informé le Conseil des derniers développements depuis la préparation du rapport. Des progrès importants ont été réalisés depuis la signature de l'Accord de Lomé, notamment avec la formation d'un gouvernement d'union nationale associant le Front révolutionnaire uni (FUR) mis en place. Les différentes parties avancent sur la voie de la paix et du développement. les rebelles font maintenant partie du Gouvernement et il leur incombe également de faire progresser le processus de paix. Le FUR est maintenant devenu un parti politique depuis le 22 novembre, mais doit néanmoins encore adopter ses statuts. Nous souhaitons que le FUR accorde la priorité à la transformation de ses structures militaires en un parti politique. Le Conseil révolutionnaire des forces armées (CRFA) et le FUR ont nommé leurs représentants à la Commission conjointe de contrôle et au Comité de contrôle du cessez-le-feu le 7 décembre dernier.

Le programme de désarmement et de démobilisation des anciens combattants a gagné un certain élan. Suite à un appel public lancé par M. Foday Sankoh, de nombreux anciens combattants se sont présentés pour y participer.

De même, suite à un appel de M. Johnny Paul Koroma, 158 soldats de l'ex-armée, y compris 77 enfants soldats, se sont présentés au camp d'Occra Hills. Il faut bien reconnaître cependant que la réaction est lente. En résumé, près de 5 000 combattants, soit 10% du nombre total estimé à 45 000, participent au programme de désarmement. Les différents groupes armés n'ont pas encore fourni des renseignements détaillés quant à l'état de leurs effectifs militaires. Le grand nombre d'anciens combattants et la nature complexe de ce programme exige une concertation étroite entre le Gouvernement de Sierra Leone et les différents acteurs nationaux et internationaux. Les Nations Unies sont prêtes à jouer leur rôle. L'ordre a été donné à la MINUSIL d'aider le Gouvernement à préparer les plans de destruction des armes remises par les ex-combattants. Le 6 décembre dernier, un programme de réorientation a été lancé dans le camp de Lungi et il a reçu un accueil favorable de la part des anciens combattants. Il faudra trouver les moyens de raccourcir au maximum la durée de séjour dans les camps de démobilisation.

Le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a évoqué certains sujets de préoccupation et d'inquiétudes pour l'avenir. La situation en matière de sécurité dans le pays est instable même si au cours des derniers jours, elle s'est stabilisée. Le FUR, en octobre dernier, a déplacé plusieurs centaines de combattants de Kailahun à la ville de Makeni qui était sous le contrôle conjoint du FUR et du CRFA. La ville a été prise par le RUF, a rappelé M. Miyet qui a fait état de combats dans d'autres zones. Par ailleurs, a-t-il ajouté, un commandant du FUR, Sam Bockarie, a fait des déclarations mettant en doute son engagement en faveur du processus de paix. Un autre sujet de préoccupation a porté sur des déclarations publiques faites par M. Sankoh lui-même au sujet du rôle des forces des Nations Unies dans le processus de démobilisation. Deux médecins de l'organisation Médecins sans frontière sont actuellement détenus. Des efforts sont engagés sur place par le Gouvernement et les représentants des Nations Unies pour obtenir rapidement leur libération. Une autre source de préoccupation tient à la situation des droits de l'homme. Il y a encore trop fréquemment des viols, pillages et atteintes à la sécurité des civils. Seuls 1 000 adultes et enfants ont été relâchés. Un nombre considérable de civils restent captifs. La MINUSIL a demandé des actions immédiates de la part des parties pour que ces violations des droits de l'homme cessent. Nous avons invité les autorités gouvernementales et l'ECOMOG à assurer la protection des civils. La Commission des droits de l'homme et la Commission "Vérité et Réconciliation" n'ont pas encore été créées. La MINUSIL travaille étroitement avec le Haut représentant des Nations Unies aux droits de l'homme pour permettre la création de ces organes. La crise humanitaire se poursuit dans la mesure où la fourniture d'assistance humanitaire est rendue difficile par les flambées de violence ici et là. Les efforts déployés par les organisations humanitaires sont entravés par diverses menaces et procédures arbitraires qui leur sont imposées. Le personnel de ces organisations continue de subir des formes de harcèlement et des attaques. L'Accord de Lomé engage clairement les parties au conflit à assurer un accès sûr et sans entrave aux organisations humanitaires.

Pour ce qui est du déploiement de la MINUSIL, des progrès significatifs ont été réalisés dans le déploiement de la composante militaire de la Mission. Le Commandant indien de la Force est arrivé le 7 décembre dernier à Freetown. La bataillon indien et force de réaction rapide arrivera en trois vagues au cours du mois de décembre. Plus de la moitié du bataillon kenyan est déjà sur place et son déploiement devrait s'achever ce week-end. Le Secrétaire général a contacté plusieurs gouvernements, qui contribuent à l'ECOMOG pour demander leur participation à la MINUSIL. Le bataillon du Ghana, en tant que partie intégrante de l'ECOMOG, sera renforcé pour atteindre les spécifications imposées par les Nations Unies et il passera sous le contrôle des Nations Unies à la fin de ce mois. Des discussions intensives ont été lancées avec la Guinée, la Gambie et le Nigéria pour accélérer le déploiement de leur personnel militaire. Nous espérons que 2 000 militaires et 50 observateurs militaires pourront être transférés du Nigéria et d'autres pays d'ici la fin de l'année. L'ECOMOG continue de jouer un rôle majeur en assurant la sécurité dans les villes de Freetown et de Lungi et la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. Malgré les graves préoccupations évoquées, nous pensons que l'on peut faire preuve d'un optimisme prudent. L'engagement des parties à l'Accord de Lomé sera mis à rude épreuve. Le maintien de l'élan de paix incombe aux parties et aux rebelles en particulier.

Dialogue

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a noté avec préoccupation que la situation sur le terrain en Sierra Leone n'est pas de bonne augure pour l'installation d'une paix durable dans ce pays. De violents incidents, des violations flagrantes du cessez-le-feu et des droits de l'homme continuent d'être signalées et le processus de désarmement reste trop lent. Il devient de plus en plus difficile de décrire ces événements comme des incidents isolés. C'est pourquoi nous lançons un appel urgent aux dirigeants des parties rebelles pour qu'ils prouvent leur engagement réel en faveur du processus de paix. En premier lieu, les actions des rebelles et de leurs dirigeants doivent cesser immédiatement. Ensuite, le dirigeants des rebelles doivent exhorter leurs combattants à rendre leurs armes.

La participation de 5 000 ex-combattants aux activités de désarmement marque une première étape dans la bonne direction, a estimé le représentant qui a toutefois exprimé sa préoccupation du fait que 40 000 autres n'y participent toujours pas. Concernant le financement de ce programme de désarmement, le représentant a annoncé que les Pays-Bas finalisent actuellement des arrangements pour verser au Fonds de la Banque mondiale une contribution de 1,5 million de dollars américains. Par ailleurs, les Pays-Bas ont versé 8,2 millions de dollars américains au budget supplémentaire de la République du Mali pour permettre à ce pays de contribuer à la mission vitale

de l'ECOMOG en Sierra Leone. Le représentant est d'avis, d'autre part, que le travail relatif à la réconciliation doit commencer dans les plus brefs délais. Dans ce contexte, il a évoqué la question des liens entre la création de la Commission "Vérité et Réconciliation" et la mise en place d'une commission d'enquête sur les violations des droits de l'homme. Nous espérons que, dans son prochain rapport, le Secrétaire général pourra faire état d'un nombre de progrès accrus, a conclu le représentant.

M. FERNANDO ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a indiqué que le rapport du Secrétaire général est très complet et s'est félicité des détails apportés par M. Miyet. Il a souligné que la situation en Sierra Leone est précaire et préoccupante. C'est pourquoi le déploiement rapide de la MINUSIL revêt une importance capitale. Le déploiement sans heurt de la MINUSIL dont a fait état M. Miyet est, à cet égard, fort encourageant. L'appui donné par le Conseil de sécurité aux efforts du processus de paix ajoute à notre optimisme. Pour ce qui est de la teneur du rapport du Secrétaire général, notamment eu égard au paragraphe 34, nous tenons à exprimer notre vive préoccupation face aux dangers auxquels doivent faire face le personnel de l'ONU et le personnel associé. Tous les gouvernements qui reçoivent des personnels internationaux sur leur territoire sont tenus de leur garantir des conditions de sécurité nécessaires à l'accomplissement de leurs tâches, a conclu le représentant.

M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) s'est félicité du retour en Sierra Leone des dirigeants du Front uni révolutionnaire mais a cependant jugé déplorable que certaines parties poursuivent leurs hostilités, jetant ainsi un doute sur l'avenir de la reconstruction du pays. Nous en appelons à ceux qui n'ont pas encore rendu leurs armes et qui sont à la base de recrudescence de la violence, de cesser les combats. Il faut que les dirigeants des rebelles entament une campagne d'information auprès de leurs combattants au sujet du programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Le Gabon a loué les efforts de l'ECOMOG pour sa contribution au retour de la paix en Sierra Leone.

M. ROBERT FOWLER (Canada) s'est félicité de ce que le FUR soit devenu un parti politique. Bien que des progrès aient été réalisés dans l'application de l'Accord de Lomé, nous restons cependant préoccupés par les attaques contre le personnel sur le terrain, notamment le personnel humanitaire et le personnel de l'ECOMOG. L'enlèvement cette semaine de deux membres de Médecins sans frontière rappelle l'insécurité qui règne dans le pays. Des mesures devraient être prises pour que l'Accord de Lomé soit mis en oeuvre rapidement. Le représentant du Canada a demandé à M. Miyet dans quelle mesure les mines antipersonnel en Sierra Leone font obstacle au travail de l'ONU dans ce pays. Il a rappelé que le Conseil appuie la création de la Commission de la vérité. Ceux qui violent le droit humanitaire doivent être traduits en justice et les dirigeants rebelles doivent se voir rappeler que la MINUSIL a un mandat catégorique d'intervenir dans le domaine du désarmement des ex-combattants. Le rythme d'application du programme de désarmement reste lent mais nous sommes encouragés par le nombre croissant d'ex-combattants qui y participent, a conclu le représentant.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a dit sa satisfaction quant aux progrès sensibles réalisés dans la mise en oeuvre des Accords de paix de Lomé. Néanmoins, dans l'ensemble, la situation demeure précaire, tant au niveau des droits de l'homme que du respect du cessez-le-feu et de la situation humanitaire. D'où la nécessité d'assurer la présence des contingents de l'ECOMOG. Nous souscrivons à la conclusion du Secrétaire général selon laquelle la clé du règlement tient dans le respect scrupuleux des Accords de paix, notamment en ce concerne la démobilisation et le désarmement des anciens combattants.

M. YVES DOUTRIAUX (France), rappelant les positions de principe de la France, a déclaré que son pays soutient totalement la mise en oeuvre des Accords de Lomé et appelle toutes les parties prenantes, en particulier les mouvements rebelles, à en respecter scrupuleusement les dispositions. La France déplore et condamne les violations du cessez-le feu intervenues depuis le mois de juillet, et, tout en appelant les mouvements rebelles à faciliter l'accès sans entrave de l'aide humanitaire dans toutes les régions du pays, elle se félicite du déploiement des premiers éléments de la Mission des Nations unies en Sierra Leone (MINUSIL). Notre délégation, a ensuite dit M. Doutriaux, demande aux parties d'accélérer la mise en oeuvre du programme de démobilisation, de désarmement et de réinsertion des ex-combattants et remercie le Groupe de contact de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'Ouest (ECOMOG) pour le rôle qu'il joue en assurant la sécurité.

Concernant les questions que nous nous posons après examen du rapport du Secrétaire général, a poursuivi le représentant, elles ont d'abord trait au déploiement de la MINUSIL, qui s'est surtout opéré, à l'heure actuelle, dans le sud de la Sierra Leone. Quelles sont les intentions du Secrétaire général concernant le Nord du pays ? Et des garanties de sécurité pour les troupes de la MINUSIL ont-elles pu être obtenues de la part des mouvements rebelles ? D'autre part, qu'elle est la véritable position du Front révolutionnaire uni (RUF) en ce qui concerne la mise en oeuvre du programme de désarmement, démobilisation et réinsertion ? Son attitude actuelle reflète-t-elle un refus fondamental de mettre en oeuvre les Accords de Lomé et de se dessaisir du contrôle des zones diamantifères, ou traduit-elle simplement une tentative de faire monter les enchères ? Reflète-t-elle un problème de commandement au sein du mouvement ? Enfin, a fait remarquer le représentant, en ce qui concerne la manière dont M. Johnny Paul Koroma, Président de la Commission de consolidation de la paix, a indiqué qu'il entendait organiser les travaux de cet organe, reflète-t-elle bien les souhaits de toutes les parties sierra-léonaises, et a-t-elle été discutée avec l'ONU ?

M. BABOUCARR-BLAISE JAGNE (Gambie) a convenu des progrès réalisés et qui se sont traduits notamment par la participation des ex-rebelles au Gouvernement et l'inscription de l'ancien mouvement rebelle en tant que parti politique auprès de la Commission électorale. Il s'agit d'un processus

en cours qu'il faut suivre de près. Nous sommes néanmoins troublés par la situation humanitaire dans le pays. Il est difficile de comprendre comment le FUR et le CRFA participent au Gouvernement alors que leurs membres continuent de jouer les rebelles dans le reste du pays. Le représentant a en outre demandé des précisions à M. Miyet sur le déploiement d'une force de police civile dans le pays.

M. RASHID AL-DOSARI (Bahreïn) a indiqué que la participation du FUR et du CRFA au Gouvernement d'union nationale et le fait que le FUR soit devenu un parti politique sont des événements fort encourageants. Le Bahreïn souligne qu'il convient notamment de s'attacher à l'aspect du désarmement. Nous appelons les pays donateurs à appuyer le Programme de désarmement et le processus de paix en Sierra Leone. La situation politique reste cependant précaire et il convient de déployer rapidement la MINUSIL. Les enlèvements et les pillages restent fort préoccupants. Les dirigeants du FUR sont ceux qui sont responsables en premier chef de la situation de crise qui règne dans le pays et le Bahreïn les enjoint à faire cesser les hostilités. Au cours de consultations officieuses et à de maintes autres occasions, le Bahreïn a également souligné la nécessité d'étayer les activités du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) pour permettre aux victimes des amputations d'être rapidement réinsérées dans la société.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a dit sa préoccupation quant aux violations des droits de l'homme et du cessez-le-feu, aux pillages et aux viols qui devraient être fortement condamnés. On ne peut pas permettre que le pays revienne à la situation qui prévalait antérieurement. Nous demandons la démobilisation des anciens combattants, en particulier des enfants soldats et la libération immédiate des deux médecins de l'Organisation Médecins sans frontières. Nous appelons le Conseil à inclure cet élément dans une déclaration présidentielle. Nous engageons également la MINUSIL et l'ECOMOG à accomplir pleinement leur mandat. Le processus de désarmement et de démobilisation a été trop lent et le nombre de combattants y ayant participé est bien en-deçà du nombre total de combattants.

M. ANDREJ BENEDEJCIC (Slovénie) a rappelé avec inquiétude certains faits violents témoignant d'une détérioration de la situation en Sierra Leone au cours des dernières semaines. Dans ses conclusions, M. Miyet a indiqué que l'on pouvait nourrir un optimisme prudent quant à l'avenir du processus de paix, notamment à cause de l'augmentation du nombre d'ex-combattants qui se sont présentés pour participer au programme de désarmement et de la transformation du FUR en un parti politique. Il faudrait éviter à tout prix la reprise des hostilités par les parties rebelles et il faut que les réunions qui ont lieu au sein du Conseil de sécurité facilitent la voie permettant à tous les acteurs sur le terrain de contribuer au processus de paix.

Mme SELMA NDEYAPO ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a regretté que depuis la signature de l'Accord de Lomé, les violations des droits de l'homme par les forces rebelles restent la caractéristique de la situation sur la terrain. La représentante s'est associée à tous ceux qui ont lancé un appel en faveur de la libération des deux médecins détenus par les rebelles. Elle a dit sa satisfaction quant au fait que le FUR est devenu un parti politique et s'est inscrit auprès de la Commission électorale intérimaire. Mais elle a fait part de sa préoccupation face à la situation militaire et à la lenteur du processus de désarmement des anciens combattants. Elle a dit tenir pour responsables les mouvements rebelles de la situation instable qui règne dans le pays. Ces mouvements ne peuvent pas prétendre avoir un statut de parti politique et jouer les rebelles en même temps. Nous demandons à ceux qui contrôlent les rebelles de prendre les mesures visant leur démobilisation. Nous nous réjouissons par ailleurs de constater l'amorce du déploiement de la MINUSIL et nous lançons un appel pour le déploiement rapide de la totalité des 6 000 militaires. On peut se demander néanmoins, à la lumière de la situation sur le terrain, si la Mission des Nations Unies sera en mesure de s'occuper de la démobilisation des 45 000 anciens combattants. La représentante a évoqué la pertinence de la disposition évoquée par le Secrétaire général sur la révision des effectifs de la Mission des Nations Unies en fonction de la situation sur le terrain. L'Accord de Lomé est mis à l'épreuve tout comme l'est la détermination de la communauté internationale.

Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a rappelé que l'ONU apportera toute sa contribution au processus de paix en Sierra Leone. Le rôle de l'ONU dans la surveillance du cessez-le-feu et dans le domaine du désarmement est capital et nous nous félicitons de ce que le processus soit en cours dans le pays. Les seuls efforts de l'Organisation ne suffiront cependant pas; c'est aux parties elles-mêmes d'appuyer les efforts de paix en respectant et en appliquant l'Accord de Lomé. On constate d'importants progrès en matière de désarmement, même si un certain retard est à relever sur le terrain. Nous espérons que tous les dirigeants de la région maintiendront la pression sur les dirigeants en Sierra Leone et nous espérons que le Sommet de la CEDEAO sera une bonne occasion à cet égard. L'enlèvement de plusieurs médecins de Médecins sans frontières constitue une grave source de préoccupation et nous lançons un appel urgent pour qu'ils soient libérés.

M. GELSON FONSECA (Brésil) a convenu des progrès dans la mise en oeuvre de l'Accord de Lomé qui se sont traduits en partie par l'arrivée des premiers contingents de la MINUSIL et la création d'un Gouvernement d'Union nationale. Le pays reste néanmoins confronté à d'immenses difficultés. Les activités des groupes rebelles sont inacceptables. Nous souhaitons la libération des deux médecins qui sont détenus en otages. C'est aux parties sierra-léonaises qu'il incombe de promouvoir la réconciliation nationale. Il faut les persuader que le dialogue est la seule option viable et que la communauté internationale

est déterminée à empêcher que le pays retombe dans le chaos. La réalisation rapide du Programme de réinsertion et de démobilisation est essentiel et le Brésil demande un respect scrupuleux de l'embargo sur les armes et la mise en place d'un mécanisme de contrôle maritime permettant de renforcer le régime de sanctions. Le représentant a également plaidé en faveur de l'accès libre du personnel humanitaire aux personnes vulnérables. En ce moment critique du processus de paix, il est indispensable que la communauté internationale soutienne financièrement la mise en oeuvre de l'Accord de paix de Lomé.

M. QIN HUASUN (Chine) a indiqué que la situation en Sierra Leone semble être en bonne voie notamment par la création d'un Gouvernement d'union nationale. Néanmoins, nous sommes préoccupés par le fait que la situation politique et en matière de sécurité reste précaire. Le processus de paix risque encore de se heurter à des obstacles majeurs. La mise en oeuvre du programme de désarmement est essentielle. Nous sommes étonnés par le discours de M. Sankoh indiquant que le FUR allait peut-être suspendre sa participation à ce programme. Une certaine agitation règne dans les centres de démobilisation et nous appelons la communauté internationale à appuyer le programme de désarmement à poursuivre ses efforts collectifs pour permettre au peuple sierra-léonais de parvenir à la réconciliation de leur pays.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s'est dit d'un optimisme prudent notamment à la lumière de la situation du Programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des anciens combattants et de la situation humanitaire. Il s'est dit affligé par la prise en otage des deux médecins de MSF et a demandé leur libération immédiate. Il faut que le dialogue entre rebelles soient maintenu pour permettre l'application de l'Accord de Lomé. Une stratégie de sensibilisation est essentielle pour garantir la démobilisation de tous les combattants. Le représentant a demandé instamment aux parties de s'engager fermement dans l'application des dispositions de l'Accord de Lomé.

Répondant aux questions des délégations, M. MIYET a indiqué qu'effectivement le problème des mines fera l'objet d'une réévaluation pour déterminer les besoins de la MINUSIL. Au sujet de la situation sur le terrain, a-t-il ajouté, on s'attend à ce que les troupes de l'ECOMOG se manifestent par une présence forte à Freetown et à Lungi. Il ne sera pas nécessaire d'augmenter les effectifs de l'ONU à ces endroits. Il y a un lien étroit entre les troupes de l'ONU et celles de l'ECOMOG. M. Miyet a expliqué que le déploiement au nord du pays sera le fait des contingents indien et kenyan. Ce déploiement est lié à la nécessité de montrer la détermination et l'impartialité des Nations Unies. Les discussions se poursuivent sur ses modalités. L'arrivée des troupes indiennes et kenyanes dotées de moyens importants a peut-être généré des craintes et interrogations qu'il convient de prendre en compte. Pour ce qui est de la nature de l'engagement du FUR

au programme de démobilisation, M. Miyet a estimé qu'il était difficile de répondre clairement à cette question. Il a ajouté que les dirigeants des deux mouvements rebelles sont à Freetown et participent aux discussions de façon active. S'il existait une volonté délibérée de ne pas mettre en oeuvre le processus de démobilisation, ils ne se trouveraient certainement pas à Freetown. Un autre aspect suscitant doutes et inquiétudes, est le désir de s'assurer que le programme de désarmement progresse du côté des rebelles comme du côté de celui de toutes les forces en présence. M. Miyet a expliqué que le programme de désarmement et les conditions d'accueil dans les camps de démobilisation ont été à la source d'un certain nombre de frustrations et d'insatisfactions. Il importe dans ces conditions de poursuivre le dialogue.

M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a repris la parole pour souligner à nouveau que sa délégation a fait une proposition pour que soit créé un centre de fabrication de prothèses et un centre de réadaptation, compte tenu du nombre élevé de victimes mutilées et handicapées en Sierra Leone. Il faut à tout prix permettre à ces personnes d'être réintégrées le plus rapidement possible dans la société. Nous avions caressé l'espoir, a souligné le représentant, de recevoir des réactions du Secrétariat à cette proposition qui s'inscrit dans le cadre du renforcement de la paix postconflit. Cette mesure ferait intervenir d'autre organismes autres que le Conseil de sécurité et nous voudrions savoir à qui il convient d'adresser notre proposition.

Répondant au représentant, M. MIYET a salué cette proposition. Il a indiqué qu'il conviendrait de discuter de cette question avec la coordinatrice suppléante à l'aide humanitaire, avec l'UNICEF et le Haut Commissariat aux droits de l'homme pour savoir quel serait l'organisme le mieux à même de soutenir cette initiative.

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