En cours au Siège de l'ONU

AG/986

L'ASSEMBLEE DECIDE D'AIDER L'ORGANISATION DE COOPERATION ECONOMIQUE A RELEVER LES DEFIS DE LA MONDIALISATION

9 décembre 1999


Communiqué de Presse
AG/986


L'ASSEMBLEE DECIDE D'AIDER L'ORGANISATION DE COOPERATION ECONOMIQUE A RELEVER LES DEFIS DE LA MONDIALISATION

19991209

Elle termine son débat sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique

L'Assemblée a demandé, ce matin, aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale de continuer d'aider au renforcement des capacités des Etats membres de l'Organisation de coopération économique (OCE) et de son secrétariat afin qu'ils puissent relever les défis de la mondialisation et tirer parti des possibilités qu'elle offre. Par une résolution adoptée sans vote, elle demande de nouveau aux institutions financières internationales compétentes d'engager des consultations avec l'OCE et ses organismes associés en vue de la réalisation de leurs objectifs. Présentant la résolution, le représentant de l'Azerbaïdjan a indiqué que depuis son élargissement à dix membres en 1992, l'OCE est devenue plus dynamique. Il importe toutefois que les pays de l'Organisation renforcent leur coopération pour lutter contre le trafic de drogues et le blanchiment d'argent qui constituent un véritable fléau dans la région.

Le représentant de la République islamique d'Iran a fait une déclaration. Le représentant des Etats Unis a expliqué sa position sur la résolution.

L'Assemblée a ensuite terminé son débat sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique. La question du financement du développement du continent a été à nouveau au coeur des déclarations des délégations qui, soulignant les progrès réalisés par plusieurs pays en matière de démocratisation, de bonne gouvernance, de transparence et de libéralisation économique, ont plaidé en faveur d'un soutien multiforme accru de la part de la communauté internationale et d'une plus grande cohérence et coordination des initiatives en faveur de l'Afrique. Un financement adéquat du développement permettrait aux pays africains de soutenir leur croissance économique et d'améliorer les conditions de vie de leurs populations, a fait valoir le représentant du Mozambique. Réduire la pauvreté est, en outre, l'un des meilleurs moyens de prévenir les conflits qui constituent l'un des principaux obstacles au développement durable du continent. Dans ce contexte, la communauté internationale a été à nouveau invitée à aider l'Afrique à améliorer ses mécanismes de prévention, de gestion et de résolution pacifique des conflits, ainsi que ses capacités en matière de (à suivre 1a)

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maintien de la paix. Plusieurs appels ont été lancés en faveur de mesures immédiates pour lutter contre la prolifération des armes légères qui alimentent les conflits sur le continent et causent de nombreuses victimes. Dans ce contexte, l'organisation en 2001 d'une conférence internationale sur les armes légères et de petit calibre a reçu un large appui.

Alors que plusieurs représentant déploraient la poursuite des conflits et des foyers de tension sur le continent, le représentant de l'Ouganda a annoncé la signature, hier à Nairobi, d'un accord en vue de la normalisation des relations entre son pays et le Soudan. Appelant la communauté internationale à ne pas laisser s'effondrer les espoirs de paix dans la région des Grands Lacs, plusieurs délégations ont souhaité le déploiement rapide d'une mission de maintien de la paix en République démocratique du Congo. Evoquant, pour sa part, le conflit frontalier qui oppose son pays à l'Ethiopie, le représentant de l'Erythrée a appelé l'ONU à prendre des mesures fermes contre ce pays qui, en refusant les propositions de paix de l'OUA, met en danger la stabilité dans toute la région. La représentante de l'Angola a, de son côté, invité la communauté internationale à reconnaître Jonas Savimbi, dirigeant de l'UNITA, comme un criminel de guerre.

L'Assemblée sera saisie d'un projet de résolution sur ce point à une date ultérieure.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Argentine, République de Corée, Norvège, Japon, Chine, Mozambique, Colombie, Gabon, Jamahiriya arabe libyenne, Namibie, Angola, Erythrée, Ouganda et Nigéria. L'Observateur du Saint- Siège est également intervenu.

Les représentants de l'Ethiopie et de l'Erythrée ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée a, en outre, décidé de reporter à sa cinquante- cinquième session l'examen des questions suivantes: "Déclaration de la Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'unité africaine relative à l'attaque militaire aérienne et navale lancée en avril 1986 par l'actuel Gouvernement des Etats-Unis contre la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste" ; "L'agression armée israélienne contre les installations nucléaires iraquiennes et ses graves conséquences pour le système international établi en ce qui concerne les utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire, la non-prolifération des armes nucléaires et la paix et la sécurité internationales" ; "Conséquences de l'occupation du Koweït par l'Iraq et de l'agression iraquienne contre le Koweït" ; "Application des résolutions de l'Organisation des Nations Unies" et "Ouverture des négociations globales sur la coopération économique internationale pour le développement".

(à suivre 1b)

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L'Assemblée a approuvé, par ailleurs, le deuxième rapport de la Commission de vérification des pouvoirs.

L'examen de la question relative aux incidences mondiales du problème informatique posé par le passage à l'an 2000 qui était initialement prévu ce matin a été reporté au lundi 13 décembre au matin. Le point intitulé "Question de la représentation équitable au Conseil de sécurité et de l'augmentation du nombre de ses membres et questions connexes" sera examiné le jeudi 16 décembre au matin.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures. Elle examinera les rapports de la Commission des questions juridiques (Sixième Commission).

COOPERATION ENTRE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES ET L'ORGANISATION DE COOPERATION ECONOMIQUE (Point 28)

Rapport du Secrétaire général (A/54/168)

Ce rapport contient une brève description de l'état des relations entre l'Organisation de coopération économique (OCE) et les différents organismes des Nations Unies entre 1998 et 1999.

Il fait état d'un Accord signé entre l'OCE et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), en octobre 1998, au titre d'un projet intitulé "Renforcement des capacités du secrétariat de l'OCE". Le projet, en cours d'exécution, doit fournir au secrétariat de l'OCE des services consultatifs et une assistance technique. L'OCE a également participé à la Conférence de haut niveau sur la coopération économique régionale et sous- régionale entre pays en développement, qui s'est tenue du 2 au 5 décembre 1998 à Bali, sous les auspices du PNUD et du Groupe des 77.

Afin d'officialiser les rapports de coopération entre l'OCE et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), un projet de mémorandum, proposé par l'OCE, a été remis au siège de la CNUCED, à Genève, en décembre 1998. Approuvé par le siège, le mémorandum devrait donner lieu à un accord dans un proche avenir. Le Secrétaire général de l'OCE s'est d'autre part rendu au siège de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), où il a rencontré le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM). Suite à la conférence commune OCE/Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAO), en septembre 1998, à Bakou, un autre atelier commun sur l'élargissement du choix des moyens contraceptifs et l'amélioration de la qualité des programmes de santé génésique doit avoir lieu à Ankara en novembre 1999.

Le projet OCE/Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues (PNUCID) pour la création d'une cellule de coordination de la lutte contre la drogue est devenu opérationnel à partir du 25 juillet 1999. De même, un atelier de formation juridique conjoint au sujet du traitement des affaires de drogue et de blanchiment d'argent s'est tenu au secrétariat de l'OCE du 1er au 5 mars 1999.

La rapport présente aussi les activités de coopération entre l'OCE et la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique concernant notamment la libéralisation du commerce international, la promotion des investissements, l'élimination de la pauvreté, la valorisation des ressources humaines, les questions d'environnement et de développement en Asie et dans le Pacifique, et le transport multimodal. La Commission collaborera avec l'OCE en particulier pour créer ECONET, un réseau de communication électronique avec les Etats membres de l'OCE.

En mars 1999, l'OCE a obtenu le statut d'observateur auprès du Comité du commerce et du développement de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et demandé le statut d'observateur auprès du Comité des accords commerciaux régionaux et du Conseil général de l'OMC.

Adoption d'une résolution

Aux termes d'une résolution intitulée Coopération entre l'Organisation des Nations Unies et l'Organisation de la coopération économique (A/54/L.55) présentée par l'Azerbaïdjan et adoptée sans vote, l'Assemblée générale accueille avec satisfaction la coopération qui s'est instaurée entre l'Organisation de la coopération économique et le Programme des Nations Unies pour le développement grâce au projet relatif au renforcement des capacités du Secrétariat de l'Organisation de coopération économique, et invite les deux organisations à continuer d'améliorer et de renforcer cette coopération. Elle engage également l'Organisation de coopération économique et les institutions spécialisées des Nations Unies à développer les contacts entre eux et, le cas échéant, à participer réciproquement à leurs réunions et activités.

L'Assemblée générale accueille avec satisfaction les recommandations formulées par la Commission économique et sociale pour l'Asie et le Pacifique à sa cinquante-cinquième session, tenue à Bangkok du 22 au 28 avril 1999, tendant à promouvoir la coopération entre la Commission et l'Organisation de coopération économique dans les domaines reconnus comme étant d'intérêt commun, et invite la Commission à renforcer sa collaboration avec ladite Organisation, en se concentrant sur les projets réalisables des domaines d'activité prioritaires de celle-ci, à savoir les transports et les communications, le commerce, les investissements, l'énergie, l'environnement, l'industrie et l'agriculture, pour le bien de l'ensemble de la région.

L'Assemblée générale se félicite de l'intensification des contacts entre l'Organisation de coopération économique et la Banque mondiale et demande de nouveau aux institutions financières internationales compétentes d'engager des consultations avec l'Organisation de coopération économique et ses organismes associés en vue de la réalisation de leurs objectifs, et de poursuivre et développer ces consultations. Elle demande par ailleurs aux organismes des Nations Unies et à la communauté internationale de continuer à aider au renforcement des capacités des Etats Membres de l'Organisation de coopération économique et de son secrétariat afin qu'ils puissent relever les défis de la mondialisation et tirer parti des possibilités qu'elle offre.

Explication de position

M. MIKE GALLAGHER (Etats Unis) a formulé des objections contre le paragraphe 8 du projet de résolution qui demande aux institutions financières internationales compétentes d'engager des consultations avec l'OCE. En effet ces institutions ne sont pas encore certain de ce qui constitue des relations appropriées avec chaque Etat Membre. Dans ces circonstances, l'Assemblée générale serait mal venue de s'immiscer dans de telles questions, a-t-il estimé.

Débat

Présentant le projet de résolution, M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan) a rappelé que son pays attache une grande importance à la coopération régionale dans le cadre de l'Organisation de coopération économique (OCE). Depuis son élargissement en 1992, l'organisation est devenue plus dynamique et a amélioré son image sur la scène internationale, a-t-il précisé. L'expérience mondiale a montré que le développement efficace de la coopération des nations dans le domaine des transports a des répercussions positives sur le processus d'intégration d'une région. Ceci étant, l'OCE, avec ses ressources internes et sa position géographique, à la frontière de l'Europe et de l'Asie, est intéressée par un développement dynamique des transports dans la région. Il a fait observer qu'un certain nombre d'Etats membres de l'OCE se trouvant à la croisée des voix commerciales participent actuellement à un grand projet sur la restauration de la Route de la soie. Ce couloir Europe-Caucase-Asie sera la base d'un développement des ressources naturelles, d'une meilleure exploitation des potentiels économiques et de l'accroissement des échanges commerciaux. Cependant, le représentant a regretté que cette région soit rendue vulnérable à cause de la production et le trafic de stupéfiants ainsi que le blanchiment de l'argent. Il est donc plus urgent que jamais d'établir une coopération entre les Etats membres pour lutter contre ce fléau, a-t-il déclaré, et c'est pourquoi un groupe de coopération pour le contrôle des drogues a été créé au sein du Secrétariat de l'OCE avec l'aide du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues. Cette unité permet une meilleure prévention du trafic illicite en informant mieux les pays concernés.

Le projet de renforcement du Secrétariat de l'OCE comprend la formation de son personnel et le développement de l'accès aux techniques de communication. Le représentant a indiqué que cette initiative renforcera les capacités de l'Organisation et aidera au développement durable de ses Etats membres. Dans le cadre de la coopération entre l'Organisation internationale du commerce et l'OCE, le représentant a fait état de la participation de l'OCE en tant qu'observateur à la récente réunion ministérielle de Seattle. Il y a quelques semaines l'OCE et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement ont également signé un Mémorandum de coopération. Le représentant a estimé que la coopération entre les institutions des Nations Unies et l'OCE accélérera l'intégration des dix pays membres de cette organisation dans le système économique mondial. M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré que le processus de mondialisation qui a différents aspects, dont la création de nouveaux marchés et de nouvelles technologies, prouve que nos vies sont aujourd'hui de plus en plus liées. Il n'y a plus de frontières technologiques ou humaines, a-t-il constaté. Des forces transnationales puissantes réforment les marchés et créent une interdépendance entre les pays. Dans ce contexte de l'abaissement des frontières, le représentant a estimé que les pays doivent mettre au point des instruments susceptibles d'éviter la marginalisation afin de s'intégrer dans ces nouveaux flux. Il a mis l'accent sur le fait que les défis posés par la mondialisation ne peuvent être relevés seul et impliquent la création de groupes régionaux. Pour M. Hosseinian, ceux-ci permettent aux pays d'être plus efficaces au niveau international par différents moyens, tels que les flux de capitaux à l'intérieur des groupes ou l'assistance aux pays en développement afin de faciliter leur intégration. Le représentant a rappelé que la région de l'Organisation de coopération économique (OCE) dispose de réserves en pétrole, en gaz et en ressources minières qui permettent la création de bonnes relations avec les autres pays et groupes régionaux. Il a néanmoins observé que des défis politiques et sociaux de taille se posent encore aux pays de l'OCE. Nombreux sont les pays de la région qui sont encore en transition politique ou économique, d'autres étant des enclaves isolées qui ne peuvent s'intégrer. Il a estimé que ce n'est que grâce à l'augmentation du flux de pétrole et de gaz de ces pays vers les marchés mondiaux qu'ils pourront s'adapter au marché mondial. Ces flux doivent, par ailleurs, se faire sur les bases d'une économie libre. M. Hosseinian a mis l'accent sur les dangers que représentent pour la région de l'OCE le trafic et la production illicites de stupéfiants. Pour éliminer ces activités illégales, l'OCE doit encore renforcer les efforts collectifs entre ses membres, mais elle a aussi besoin de l'assistance des Nations Unies ainsi que de la communauté internationale. Il a rappelé que l'OCE a déjà commencé à renforcer sa coopération avec les autres groupes régionaux par des échanges lui permettant d'acquérir expérience et technologie dans différents domaines.

LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D'UNE PAIX ET D'UN DEVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE (Point 46)

Fin du débat

M. MATEO ESTREME (Argentine) a déclaré que compte tenu des efforts déployés par la plupart des pays africains pour renforcer les institutions démocratiques, promouvoir les droits de l'homme et développer leurs économies, les résultats de ces dernières années sont loin d'être satisfaisants. La croissance économique a diminué dans la majorité des pays, car le poids de la dette extérieure continue de priver les pays africains de ressources utiles et nécessaires à leur développement. A cela s'ajoute les multiples violences et leurs conséquences humanitaires.

Pour établir une paix durable en Afrique, il faut créer les conditions minimales de développement nécessaires à l'élimination des causes des conflits, a-t-il ajouté. Il est fondamental de mettre en oeuvre les mesures prônées par le rapport et d'examiner les initiatives des Nations Unies destinées à coordonner les activités de développement. De son côté, l'Argentine a coopéré avec l'Afrique dans la mesure de ses possibilités, en participant à des tâches humanitaires en aidant au déminage, et en apportant une assistance alimentaire a-t-il indiqué. L'Argentine s'est aussi impliquée dans des programmes de coopération technique, comme le développement agricole, et la formation des ressources humaines dans le cadre d'un Programme spécial, le Fonds argentin de coopération horizontale. L'élimination des causes profondes des conflits en Afrique, principalement la pauvreté et la marginalisation, sont les bases de construction d'une paix définitive. Les Africains doivent guider cette entreprise, avec initiative et imagination. Mais la communauté internationale doit persévérer dans son assistance à ce processus a-t-il conclu.

M. SUH DAE WON (République de Corée) a invité les Etats Membres des Nations Unies a poursuivre leurs efforts individuels et à dégager avec détermination de nouvelles ressources en faveur les initiatives intégrées pour l'Afrique. Même si les années passées ont apporté leur lot de succès dans les domaines de la lutte contre la famine et les maladies ou encore de l'éducation, la mise en place effective du Nouvel Ordre du jour pour le développement de l'Afrique nécessitera, comme toutes les autres initiatives internationales et bilatérales, l'accentuation de la coordination accrue et un mandat clair pour les organismes concernés.

Le représentant s'est félicité des progrès de la démocratie en Afrique, notamment au Nigéria et en République centrafricaine, et des efforts déployés par l'OUA en ce domaine. De par sa propre expérience, la République de Corée estime que la démocratie et la bonne gouvernance, soutenues par les principes du marché libre, sont indispensables à la paix et la prospérité à long terme. L'assistance et les échanges techniques peuvent également grandement contribuer au développement de l'Afrique. A ce titre, le représentant a demandé l'application rapide des résultats obtenus à Genève en 1997 en faveur des PMA. De son côté, le Gouvernement coréen a accueilli, en décembre 1998, un Forum Asie-Afrique sur la promotion des exportations, et en janvier dernier un Forum de haut niveau sur la coopération Sud- Sud en matière de science et de technologie pour un développement durable. 2,3 millions de dollars ont été alloués sous forme de projets, d'études et de stages de formation. La Corée mise également beaucoup sur l'Internet pour le développement, et soutient la CEA par l'intermédiaire du Fonds de coopération Corée-CEA. Consciente de l'importance de la prévention des conflits, elle a contribué au Fonds d'affectation spéciale pour les actions préventives du Secrétaire général depuis sa mise en place en 1997. Le renforcement des capacités africaines de maintien de la paix, notamment grâce à une coopération accrue avec l'OUA et la CEDEAO, jouent également un rôle crucial.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a rappelé l'importance des défis que doit aujourd'hui relever l'Afrique. Ce continent compte le taux le plus élevé de personnes vivant avec moins d'un dollar par jour. Les taux de croissance sont trop bas pour réduire la pauvreté due en partie aux conflits, à l'absence d'un soutien international et aux conditions climatiques difficiles, a-t-il ajouté. Dans ce contexte, il est primordial que les pays africains et la communauté internationale construisent des partenariats pour contrecarrer la baisse de l'aide au développement, pour accroître les investissements étrangers et pour utiliser les ressources de façon plus efficiente. Le représentant a annoncé que la Norvège maintiendrait son aide à 0,89% de son PNB en l'an 2000. Il a également encouragé tous les pays donateurs à aider les pays pauvres les plus endettés, faisant remarquer que 18 des 22 pays auxquels son pays a donné la priorité dans ce domaine étaient africains. Considérant que les Nations Unies sont l'Organisation la plus qualifiée pour mener les opérations de maintien de la paix, il n'en a pas moins estimé qu'elles devaient s'appuyer sur les organisations régionales et sous-régionales lorsqu'il s'agit d'importants déploiements de forces de maintien de la paix. En effet, les organisations régionales peuvent plus rapidement mobiliser leurs moyens et les rassembler en une force unique. Les Nations Unies devraient également travailler en étroite collaboration avec celles-ci afin d'établir des principes communs pour la formation du personnel participant aux missions, a suggéré le représentant. Dans ce contexte, la Norvège a mis en place un Programme appelé "Formation pour la paix en Afrique australe" par lequel ont été organisés des cours destinés à la police civil et aux officiers militaires qui serviront dans les missions de maintien de la paix, a-t-il expliqué. Il a précisé que la Norvège avait également soutenu les efforts visant à réduire le nombre d'armes de petit calibre et en faveur de l'action antimine.

M. YUKIO SATOH (Japon) a reconnu qu'il est difficile de trouver des solutions aux problèmes graves et anciens qui se posent à l'Afrique et qui se traduisent par le cercle vicieux de la pauvreté et des conflits. Prévenir les conflits ou les empêcher d'éclater par tous les moyens revêt donc une importance particulière. Quant aux progrès du développement économique et social, il importe que les Africains s'en chargent eux-mêmes en premier lieu. Le représentant a cependant insisté sur la nécessité de soutenir ces efforts par une importante coopération internationale au niveau régional et mondial. Il est du devoir de l'ONU et du Conseil de sécurité de jouer un rôle moteur dans la prévention des conflits, alors que les engagements des pays donateurs sont vitaux pour le développement économique.

En guise d'exemple de l'aide apportée par son pays, le représentant a évoqué le cas du récent Forum d'affaires Asie- Afrique, tenu à Kuala Lumpur, en octobre dernier, avec la coopération du PNUD. Son objectif est de promouvoir le commerce et les investissements entre les entreprises des deux continents. Les négociations ont déjà entraîné la signature de contrats d'une valeur de 2,45 millions de dollars, et on attend bien davantage. Le représentant a conclu que l'ONU a un rôle central et catalytique dans ce processus qui vise à assurer la paix et la prospérité aux peuples d'Afrique.

M. QIN HUASUN (Chine) a fait observer qu'au cours de l'année dernière, le continent africain avait connu en général la stabilité et bénéficié d'une certaine croissance économique. Néanmoins, il ne faut pas oublier que l'Afrique est encore la région du monde la moins développée économiquement, a-t-il ajouté. En effet les problèmes du continent sont loin d'être résolus et la communauté internationale a encore beaucoup à faire pour les combattre. Selon le représentant, la principale solution à cette situation est le développement économique. Ainsi, il est urgent de coordonner et d'ordonner les nombreuses initiatives développées en Afrique afin d'en améliorer l'efficacité. Il faudrait de même, a suggéré le représentant, s'attacher à freiner la baisse continue de l'aide publique au développement, à réduire la dette des pays africains jusqu'à un niveau supportable, à améliorer les ressources humaines, en particulier, grâce à l'éducation et au transfert de technologies, à réformer les structures financières et à garantir que ces pays bénéficient de leur intégration dans le processus de mondialisation. Notant que le Conseil de sécurité et l'ECOSOC s'intéressaient de plus en plus aux problèmes de l'Afrique, le représentant a toutefois souhaité que les divers organes des Nations Unies renforcent leur coordination et leur coopération, parce qu'aucune de ces questions ne pourra être réglée par une ou deux institutions seulement. Dans ce contexte, l'Assemblée générale devrait davantage jouer un rôle de coordonnateur et s'impliquer plus à fond dans la mobilisation de la communauté internationale.

Le représentant a signalé que son pays s'était engagé à renforcer la coopération économique et le commerce entre la Chine et l'Afrique et avait offert son aide inconditionnelle à différents pays africains. Afin de renforcer cette coopération, la Chine accueillera le Forum de coopération Chine-Afrique à Beijing à l'automne 2000, a-t-il indiqué.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a déclaré que, si la responsabilité première de la résolution des conflits et de la promotion d'un développement durable incombe aux Africains eux- mêmes, il est néanmoins évident qu'ils ont besoin du soutien inconditionnel de la communauté internationale pour que les efforts menés au niveau du continent portent leurs fruits. De nombreuses initiatives ont été lancées pour relever les divers défis posés à l'Afrique, mais la plupart doivent encore être mises en oeuvre et nombre d'entre elles sont restées lettre morte. La raison en est souvent l'absence de moyens financiers et d'autres ressources pour traduire ces initiatives en actions concrètes. Une autre raison a été l'absence de cohérence, de coordination et d'harmonisation qui a eu pour résultat des doubles emplois et des investissements dans les domaines moins fondamentaux. En conséquence, le Mozambique appuie fermement l'examen par le Conseil économique et social de la question de la mise en oeuvre et du suivi coordonné des initiatives en faveur du développement de l'Afrique, et attache une grande importance à la résolution adoptée l'an dernier par l'Assemblée qui invitait les pays africains et leurs partenaires à identifier des priorités, définir les responsabilités respectives et se mettre d'accord sur des objectifs réalistes et mesurables dans les domaines prioritaires. Une telle démarche permettrait de développer une approche globale de la situation. Dans la plupart des cas, des plans et programmes réalistes ont d'ailleurs été adoptés par l'OUA et les organisations sous-régionales, et exigent simplement des ajustements et des ressources pour leur mise en oeuvre effective. Pour ce faire, la collaboration des Gouvernements africains entre eux, ainsi que l'amélioration constante et le renforcement de la coordination entre l'ONU et les organisations régionales et sous-régionales sont plus que jamais indispensables, a estimé le représentant.

De l'avis du Mozambique, l'objectif consistant à réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté d'ici à 2015 peut encore être atteint. Avec un financement adéquat du développement, les pays africains pourraient soutenir leur croissance économique et améliorer les conditions de vie de leurs populations, réduisant ainsi la pauvreté sur le continent. Le financement du développement de l'Afrique doit provenir à la fois d'une augmentation de l'aide publique au développement, de l'épargne domestique, d'investissements étrangers directs diversifiés et des institutions financières internationales. Cruciale à cet égard est la question de la dette extérieure qui demeure un obstacle à la croissance économique durable. Des initiatives comme celle en faveur des pays pauvres très endettés n'ont pas encore permis de renverser la tendance actuelle. Il ne fait, en outre, aucun doute qu'à moins de mettre un terme aux conflits armés sur le continent, tous les efforts visant à promouvoir le développement durable seront vains. Les dirigeants africains se sont efforcés de restaurer la paix sur le continent, mais ces efforts n'ont pas toujours bénéficié d'un appui adéquat de la communauté internationale. Les arguments généralement avancés pour justifier l'inaction ou les délais laissent penser qu'il y a, de la part du Conseil de sécurité et des Nations Unies, un traitement sélectif, discriminatoire à l'égard de l'Afrique. L'ONU et la communauté internationale peuvent faire davantage et agir de manière efficace, comme en témoignent les cas de la Namibie, de l'Afrique du Sud et du Mozambique. C'est pourtant cette même région qui assiste aujourd'hui à une réponse lente de la communauté internationale aux occasions qui s'offrent de résoudre les conflits par des moyens pacifiques.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) Vice-président du Conseil économique et social (ECOSOC), a souhaité évoquer certains aspects des conclusions du Conseil. Bien qu'il existe un accord unanime sur les priorités aux développement en Afrique, les situations et besoins des divers pays africains sont variés. Pour lui, les programmes d'aide doivent être mieux coordonnés, harmonisés, et financièrement plus conséquents et mieux répartis par les pays bénéficiaires. Il faut toujours se baser sur les stratégies de développement national et veiller à renforcer les capacités nationales, à coordonner les programmes, a-t-il ajouté. Il a souhaité que les ressources fournies par les pays donateurs soient plus stables, sûres et prévisibles, et a recommandé une meilleure coordination entre les pays donateurs, les agences des Nations Unies chargées d'appliquer les programmes et les pays concernés dans les cadres

régionaux et sous-régionaux. Des consultations thématiques entre tous les participants sont souhaitables à cet égard, et s'est félicité de l'adoption de la résolution, hier, sur le renforcement des relations entre l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a-t-il précisé.

Pour M. Valdivieso, les donateurs et les partenaires commerciaux de l'Afrique devraient adopter un comportement plus solidaire. Les pays africains devraient promouvoir une solidarité régionale pour mettre en place une discipline économique et créer des institutions nationales plus solides, susceptibles de générer une confiance mutuelle entre pays voisins. La Colombie a, elle-même, mis en pratique avec succès cette méthode avec ses voisins. En conclusion, M. Valdivieso s'est félicité de l'amélioration récente de la situation économique, politique et sociale dans de nombreux pays africains.

M. CHARLES ESSONGHE (Gabon) a déclaré qu'en dépit des réactions encourageantes que le rapport du Secrétaire général a suscité, force est de constater que sur le terrain, peu de progrès et de réalisations tangibles ont été accomplis. Sur le plan économique, il conviendrait de palier les carences et les handicaps des économies africaines, étant donné que la quasi totalité des conflits qui sévissent en Afrique ont pour mobile la répartition inéquitable du fruit de l'expansion qui, lui, est tributaire de la santé économique; celle-ci à son tour dépend de l'environnement international souvent inhospitalier et hostile aux pays africains, a-t-il expliqué.

Pour M. Essonghe, il conviendrait, en outre, de parvenir à un relèvement de l'aide publique au développement, ainsi qu'au renversement de la tendance à la baisse du flux des capitaux en direction du continent. Concrètement, il est nécessaire de renforcer les contributions au Fonds d'affectation spéciale créé par l'ONU et l'OUA pour améliorer les capacités de prévention des conflits et le maintien de la paix en Afrique. En effet, la question des opérations de maintien de la paix demeure cruciale, étant donné les distorsions et les atermoiements constatés dans le traitement discriminatoire des conflits d'une région à une autre, ce qui est contraire à la volonté des Nations Unies de résoudre les conflits. Il faut une mobilisation générale et un ferme engagement, débordant les simples déclarations d'intentions, si l'on veut que le continent participe à l'édification d'un monde meilleur, a-t-il conclu.

M. GUMA IBRAHIM AMER (Jamahiriya arabe libyenne) a rappelé que lors de sa dernière session, l'Assemblée avait adopté une résolution qui encourageait au renforcement des efforts en faveur de la paix et du développement durables en Afrique et s'est félicité de la participation concrète du Secrétaire général aux efforts visant à aider l'Afrique à sortir de la guerre et de la misère. Il a cité en exemple les activités des envoyés spéciaux, la mise en place de groupes de travail et la publication de rapports. Le représentant a néanmoins regretté que les dispositions et recommandations des résolutions antérieures n'aient pas été complètement appliquées. Les Nations Unies n'ont pas, selon lui, accordé la même assistance à l'Afrique que celle qu'elle a fournie à d'autres régions, dans le domaine des conflits, du maintien de la paix et de l'aide aux réfugiés. Les actions de l'ONU en Somalie ou en Angola attestent de ce manque d'empressement à l'égard de l'Afrique. De plus, les efforts déployés par les Nations Unies se situent souvent en deça des besoins humanitaires des régions africaines. Il a déploré qu'au- delà des déclarations d'intentions, les efforts concrets en faveur du développement de l'Afrique restent faibles et n'arrivent pas à la hauteur des mesures nécessaires à l'évolution du continent. Le Sida continue de se propager, la pauvreté est toujours présente, les prix des matières premières ne sont toujours pas justes et la dette continue d'épuiser les économies africaines. Les paroles n'aideront pas l'Afrique à régler ces questions, a-t-il estimé.

Malgré ces problèmes, l'Afrique s'est mise à l'oeuvre en comptant sur ses capacités de façon sérieuse. Elle a notamment renforcer la coopération économique au niveau de la région. Elle a réussi à convaincre les parties en conflits sur le continent, notamment en RDC, à déposer les armes. L'Afrique, a-t-il continué, comprend que l'aspect global et la réalisation du développement incombent à ses enfants, mais elle attend et espère de la communauté internationale un appui pour déployer ses efforts. Car elle ne peut mettre fin, avec ses faibles moyens à la pandémie Sida ni même à la Malaria endémique dans la région. Le représentant a mis l'accent sur la nécessité de créer un programme de travail précis pour lutter contre ces maladies.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a fait observer que le développement de l'Afrique dépend principalement des gouvernements africains qui doivent créer les conditions favorables à la prospérité de leur population. Cette volonté politique doit toutefois être encouragée par la communauté internationale afin de faire de la paix et du développement durable une réalité en Afrique. Le développement de l'Afrique étant entravé par les conflits qui éclatent dans certaines régions du continent, il est essentiel de prendre en considération leurs causes internes et externes. Le représentant a insisté sur le rôle des Nations Unies destiné à apporter une aide à la reconstruction de la paix après les conflits. En outre, il est indispensable de renforcer la capacité des pays africains de participer aux opérations de maintien de la paix. Rappelant que le manque de ressources peut entraîner des retards importants dans le rétablissement de la paix, le représentant a souhaité que des mesures soient prises en temps opportun en République démocratique du Congo et que la coopération entre l'ONU et l'OUA dans ce domaine soit renforcée. Il a également demandé à la communauté internationale de poursuivre ses efforts afin de permettre la mise en place de l'accord de cessez le feu dans ce pays. De même, l'établissement de la Communauté économique africaine bénéficierait grandement d'une plus forte coopération régionale.

Compte tenu du déclin de la croissance économique de nombreux pays africains, il faut revoir l'assistance technique afin de combler le fossé entre les pays africains et les pays développés en accélérant le transfert des connaissances, du savoir-faire et de l'expertise. Le représentant a précisé

que la Namibie avait pour sa part demandé aux institutions des Nations Unies de l'assister dans le renforcement de ses institutions. A cet égard, les institutions financières internationales devraient encourager les réformes entreprises par l'Afrique.

Le représentant a alors évoqué le niveau de pauvreté qui pèse sur l'Afrique comme la pandémie de Sida dont les conséquences économiques et sociales désastreuses sur le continent appellent à des actions rapides et efficaces.

Mme JOSEFA COELHO DA CRUZ (Angola) a appelé la communauté internationale et l'ONU, en particulier le Conseil de sécurité, à prendre des mesures immédiates pour appuyer les accords de paix parrainés par l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et les organisations régionales. Elle a jugé crucial d'améliorer les mécanismes diplomatiques existants et autres cadres institutionnels du continent en vue de la prévention, de la gestion et de la résolution pacifique des conflits, ainsi que de renforcer les institutions à même de déployer les efforts de paix. Des restrictions en matière de guerre et d'armements sont une nécessité pour les Etats africains. Tout d'abord, parce qu'aucune économie ne peut résister à une expansion sans limite des dépenses militaires. Ensuite, parce que le progrès technologique constitue un impératif fonctionnel de tout système de défense. Enfin, parce que les équilibres militaires régionaux sont dynamiques, chaque pays ayant une limite naturelle en ce qui concerne le développement de ses capacités militaires qui dépend à son tour des capacités des autres pays. C'est pourquoi, l'Angola appuie la tenue en 2001 d'une conférence internationale sur les armes de petit calibre et les armes légères. Il est en effet impératif que des mesures soient prises pour contrôler et réduire la fabrication, le transfert et le stockage de ces armes, qui causent le plus grand nombre de victimes dans les conflits actuels. Le déminage requiert aussi l'implication et l'appui de la communauté internationale.

La représentante a imputé la situation actuelle dans son pays au manque de volonté politique et de désir de faire la paix de l'UNITA. Au lieu de démobiliser, l'UNITA a mobilisé de nouvelles troupes, renforcé ses capacités militaires et occupé de nouvelles localités dans la région du diamant en vue de financer les efforts de guerre planifiés par Savimbi. En outre, l'UNITA tente de répandre le conflit aux pays voisins, comme la République démocratique du Congo, la République du Congo et la Namibie. La représentante a appuyé les efforts déployés par le Comité des sanctions établi par le Conseil de sécurité et a appelé tous les gouvernements et les organisations internationales et non gouvernementales, à coopérer avec celui- ci. L'Angola estime que la communauté internationale peut et devrait faire davantage pour tenir Savimbi responsable de son comportement criminel et de va-t-en guerre, a-t-elle dit. Savimbi est responsable du meurtre de membres du personnel de maintien de la paix et d'organisations humanitaires, d'avoir abattu un avion de l'ONU, de se moquer de la communauté internationale et du meurtre de centaines de milliers d'Angolais. Pour l'OUA, la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et le Mouvement des non-alignés, Savimbi est un criminel de guerre. La représentante a souhaité le déploiement rapide d'une mission de maintien de la paix en République démocratique du Congo, estimant que les Accords de paix signés en juillet dernier pourraient dérailler en l'absence d'une réponse immédiate de la communauté internationale.

M. HAILE MENKERIOS (Erythrée) a souligné les efforts de l'Afrique pour résoudre ses problèmes, et a demandé que la coopération ne soit pas perçue comme de la charité mais comme un acte pour le bien de tous. Si les efforts africains pour le règlement pacifique des conflits n'ont pas toujours porté leurs fruits, c'est plus par manque de moyens que par manque d'initiatives et d'intérêt. Bien que des facteurs exogènes soient également responsables, c'est principalement la multiplication des conflits qui a handicapé l'Afrique dans ses efforts pour le développement, a-t-il indiqué. Le manque de volonté politique de certaines parties de résoudre pacifiquement les conflits a permis à l'instabilité de se développer.

En ce qui concerne le conflit entre l'Erythrée et l'Ethiopie, l'OUA a présenté une série de propositions que l'Erythrée a intégralement acceptées, faisant les compromis nécessaires à la paix. Cependant, le Gouvernement éthiopien a rejeté les propositions de paix de l'OUA, les jugeant inacceptables et demandant à la communauté internationale d'arrêter d'exercer sa pression inutile. Il n'y a donc pas d'alternative et l'Erythrée est contrainte de défendre sa souveraineté, a-t-il regretté. Mais qu'attendons nous de la communauté internationale, s'est-il élevé ? Le Conseil de sécurité et la communauté européenne ont exprimé leur soutien à ces propositions de paix, les jugeant justes et équitables. Le rejet de l'Ethiopie est donc un affront à la communauté internationale, a-t-il renchéri. Si un tel acharnement dans la guerre et l'agression n'est pas contré par une action internationale concertée, la communauté internationale trahira l'Afrique dans ses efforts de paix, et portera atteinte à la crédibilité des instruments établis pour la paix et la sécurité. Ce conflit est un test pour l'Afrique qui compte sur l'ONU pour défendre fermement la paix contre ceux qui prônent la guerre, mais aussi pour les principes mêmes de l'ONU. Nous pensons que l'ONU ne peut manquer de prendre une décision ferme contre l'Ethiopie qui met en danger la stabilité de toute la région, a- t-il conclu.

M. MATIA MULUMBA SEMAKULA KIWANUKA (Ouganda) a estimé que le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique restera une référence pendant de nombreuses années. Dressant un bilan de la situation sur son continent, le représentant a expliqué que l'Afrique reste confrontée à de nombreux défis. Il a toutefois mis l'accent sur les récentes évolutions positives qu'ont connues les pays africains. Les éléments favorables sont notamment l'encouragemement de la gouvernance démocratique et les efforts de lutte contre la pauvreté. Il a aussi annoncé que les présidents du Soudan et de l'Ouganda ont signé, hier à Nairobi, un accord par lequel ils s'engagent à normaliser les relations entre les deux pays. M. Kiwanuka est revenu sur les avancées de la paix dans de nombreuses régions, prenant pour exemple l'Accord

de Lusaka. La paix est aussi en marche en Sierra Leone et en Guinée Bissau, a-t-il ajouté. Il a exprimé l'espoir que l'Erythrée et l'Ethiopie accepteront bientôt le plan de paix proposé par l'OUA, tout en regrettant que l'une des deux parties ait rejeter ce plan, ce matin même.

Le représentant a estimé que l'Afrique connaît aujourd'hui une période de changements. Les années 90 ont connu l'éloignement de l'autoritarisme et l'entrée en démocratie. On a même parlé, a-t-il rappelé, d'une renaissance africaine. Il s'est félicité de ces avancées démocratiques, tout en rappelant qu'il s'agit à présent de maintenir la démocratie et la bonne gouvernance. Au plan économique, a-t-il continué, les années 90 ont été des années perdues, mais les perspectives se sont à présent éclaircies. Il a indiqué, à cet égard, que les revenus augmentent. En 97, 40 pays ont doublé leur taux de croissance, passant de 3 à 6%. L'inflation et les déficits budgétaires sont à la baisse, depuis 5 ans.

Il a rappelé que malgré ces tendances positives, l'Afrique connaît encore de nombreux défis. Elle a besoin de l'aide de la communauté internationale et, plus particulièrement, du Conseil de sécurité. Pour le représentant, l'ONU et le Conseil de sécurité doivent accorder plus d'attention et de ressources à la prévention des conflits et renforcer les activités relatives à la réaction rapide. Il a regretté que certains trainent encore les pieds dans ce domaine, comme le prouve la réponse du Conseil à l'Accord de Lusaka. Pour éviter que cet Accord s'effondre, il faut plus que des visites d'équipes d'études, qui ne sont pas à même de protéger la paix.

Pour M. Kiwanuka, la prolifération et le trafic illicites des armes légères et de petit calibre menacent gravement l'Afrique, puisqu'elles nourissent tous les conflits du continent. Les ressources bien maigres des gourvenements sont consacrées à des dépenses militaires. L'institut de recherche de Stockholm a estimé que l'Afrique consacre 800 milliards de dollars à l'achat d'armes. Ces armes sapent le développement, empêchent les perspectives d'investissement et alimentent la délinquence, a-t-il expliqué. Il s'est néanmoins félicité des mesures prises pour lutter contre ce fléau par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'OUA, lors du Sommet d'Alger.

M. OLUSEGUN APATA (Nigéria) a rappelé que le développement d'un pays ne pouvait aller de pair avec les crises et les conflits. Membre du Groupe d'observateurs militaires de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (ECOMOG), le Nigéria s'est efforcé d'aider à la restauration de la paix au Libéria. Il s'est réjoui du fait que nombre d'Etats de l'Afrique de l'ouest, auparavant en conflit, jouent aujourd'hui un rôle majeur dans le maintien de la paix sur ce continent. L'initiative de sept chefs d'Etat et de gouvernement africains qui on décidé de convoquer, au Gabon, une réunion sur la Commission du Golf de Guinée est, à cet égard, de bon augure. Le renforcement de la bonne gouvernance, le développement social, l'amélioration des flux commerciaux et le soutien de la coopération régionale comme de l'intégration contribueront tous à la mutation de l'Afrique dans les domaines socio-économiques et au renforcement de sa stabilité, a déclaré le représentant. Il a cependant regretté que les membres de la communauté des donateurs, y compris les organisations non gouvernementales, donnent souvent l'impression d'être en concurrence les uns avec les autres. Tout chevauchement doit être évité, surtout compte tenu de la rareté des ressources financières.

Si les dirigeants africains ont seuls lancé le Plan d'action du Caire, ils oeuvrent aujourd'hui avec assiduité à la mise en place de la Communauté économique africaine. Dans ce contexte, l'Afrique doit voir au delà des situations de conflits actuels, restaurer les infrastructures détruites dans le secteur social, se libérer du poids de sa dette, devenir plus compétitive pour s'intégrer à son avantage dans l'économie mondiale, et, enfin, promouvoir les bienfaits de la paix, a recommandé le représentant.

Mgr GEORGE PANIKULAM, Observateur du Saint-Siège, a rappelé que le Pape Jean-Paul II se considère comme un "ami de l'Afrique", continent qui n'a pas besoin de compassion, mais de solidarité. Pour le Saint-Siège, il faut agir dans cinq domaines prioritaires: le respect de la vie et la diversité ethnique, l'éradication de la pauvreté, l'arrêt du flux d'armes, la résolution des conflits et les actions en faveur du développement motivées par la solidarité. Le représentant a évoqué les millions de morts engendrées par ces conflits, les orphelins, les enfants-soldats et le cercle vicieux de la violence. Il a regretté que les actions conduites par la communauté internationale soient parfois rejetées par les parties aux conflits, ou sabotées. Il a également déploré l'humiliante pauvreté - selon le Secrétaire général, 44% des Africains et 51% des habitants de l'Afrique sub-saharienne vivent dans la pauvreté absolue. Le commerce ou le trafic d'armes contribue à ce désastre, certains pays allant jusqu'à hypothéquer leurs récoltes pour se payer des armes légères. Ceux qui accumulent des armes aux dépens de millions d'affamés et ceux qui fournissent ces armes sont également coupables, a déclaré le représentant. Il a appelé de ses voeux une culture de paix et de développement, et l'engagement de la communauté internationale en cette direction. "Le développement est le nouveau nom de la paix", a dit le Pape. Pour l'Observateur du Saint-Siège, cela nécessite notamment l'annulation des dettes étrangères, l'ouverture des marchés sans conditions dissuasives, une assistance économique préférentielle, ainsi que le transfert de technologies et de ressources humaines.

Droits de réponses

Exerçant son droit de réponse, le représentant de l'Ethiopie a déclaré que l'Erythrée avait essayé de désinformer l'Assemblée. En effet, l'Ethiopie a, dès le début de la crise, fait preuve de modération et de retenue en acceptant les propositions de paix. Le représentant de l'Erythrée a accusé l'Ethiopie d'avoir rejeté les propositions de l'OUA alors qu'elle n'a elle-même jamais eu confiance dans les efforts de l'Organisation. La crise entre les deux pays a pour cause l'agression et l'occupation du territoire éthiopien depuis 1998, a indiqué le représentant. Ainsi les autorités érythréennes doivent-elles être jugées pour ce qu'elles font et non pas pour ce qu'elles disent. L'Erythrée qui s'est présentée comme victime de l'agression a en réalité refusé de mettre en oeuvre l'Accord cadre, ce qui a engendré un conflit majeur en février 1999, a expliqué le représentant. L'acceptation tardive et non sincère de l'Accord est une tactique de l'Erythrée pour regrouper son armée en défaite et pour relancer une offensive militaire. Il s'est alors interrogé sur ce que faisaient concrètement les autorités erythréennes. Si celles-ci accusent de façon éhontée l'Ethiopie de faire obstruction aux tentatives de paix, l'Accord cadre de l'OUA demande à l'Erythrée de se retirer de tous les territoires éthiopiens, a ajouté le représentant. L'Ethiopie a pour sa part accepté pleinement cet Accord et souhaite qu'il soit mis en oeuvre sans atermoiements.

Avant de donner la parole au représentant de l'Erythrée, le Président de l'Assemblée s'est déclaré déçu par l'Ethiopie et l'Erythrée. Il a fait observer que de nombreux pays africains avaient saisi l'occasion de ce débat pour réaffirmer leur solidarité envers l'Afrique et s'étaient engagés à continuer à soutenir les efforts en vue de l'instauration de la paix. Insistant sur la somme de travail de l'Assemblée, il a demandé à ces deux pays de faire preuve de modération et de retenue. "Vous ne convaincrez plus personne, car tous ces arguments ont déjà été présentés. C'est à la fin du conflit entre deux pays frères et voisins que nous voulons assister".

Le représentant de l'Erythrée a regretté que ce conflit se poursuive puisqu'il pourrait être réglé par des moyens pacifiques. C'est la modification délibérée par l'Ethiopie des frontières à la fin de la décolonisation qui est la cause du conflit, a-t-il déclaré. Le refus par l'Ethiopie de l'enquête de l'OUA visant à déterminer qui est l'agresseur dans ce conflit la dénonce, a-t-il estimé. Il a ainsi souhaité attendre le résultat de l'enquête. Il existe un ensemble de propositions qu'il a fallu 18 mois pour rédiger et l'Erythrée s'est déclaré pour sa part prête à les signer.

Le représentant de l'Ethiopie a précisé que l'Erythrée a commis un acte d'agression contre l'Ethiopie, comme il a déjà été établi, et porte de ce fait la responsabilité de la crise. L'Ethiopie a accepté les documents de base qui impliquent que les troupes Erythréennes se retirent des territoires qu'ils ont occupés par la force. Le représentant a estimé que l'Erythrée continuait d'essayer d'obtenir des amendements afin de lui permettre de rester sur le sol éthiopien. Il a demandé que l'Erythrée fasse la preuve de son intention de se retirer des territoires occupés.

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