LA CREATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL CHARGE DU SUIVI DES RECOMMANDATIONS EN FAVEUR DE L'AFRIQUE APPUYEE A L'ASSEMBLEE GENERALE
Communiqué de Presse
AG/985
LA CREATION D'UN GROUPE DE TRAVAIL CHARGE DU SUIVI DES RECOMMANDATIONS EN FAVEUR DE L'AFRIQUE APPUYEE A L'ASSEMBLEE GENERALE
19991208De nombreuses délégations ont appuyé la création d'un Groupe de travail de l'Assemblée générale chargé de suivre l'application des recommandations du Secrétaire général dans le rapport sur la question qu'il a présenté au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale, en avril 1998, sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique. L'Assemblée générale qui entamait cet après- midi un débat sur ce point de l'ordre du jour, à entendu le Secrétaire général, M. Kofi Annan, lui expliquer qu'un tel Groupe de travail, qui serait composé de représentants des pays africains et de leurs partenaires, devrait, dans un premier temps, évaluer les progrès réalisés et s'attacher à renforcer la cohérence des efforts de mise en oeuvre de ces recommandations. Le Groupe de travail devrait ensuite veiller à établir de nouveaux partenariats efficaces en vue de réduire les taux de prévalence du sida en Afrique, dont l'impact sur les ressources humaines qualifiées, menace de saper tout progrès des indicateurs sociaux. Il devrait aussi se concentrer sur l'élaboration de moyens nouveaux qui permettraient de renforcer l'assistance après conflit, y compris par l'annulation de la dette. De l'avis du représentant de l'Algérie, qui parlait au nom de l'Organisation de l'unité africaine, le Groupe de travail devra reposer sur une volonté politique de s'engager véritablement et résolument aux côtés de l'Afrique dans ses efforts de réforme et sur la prise en considération constante des particularités des pays africains. Il devra tenir compte de l'évolution du Nouvel Ordre de jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 et inscrire ses délibérations dans la perspective de son évaluation finale en 2002. Enfin, il devra aussi contribuer à trouver un cadre unique et cohérent à même d'insuffler une nouvelle dynamique au dialogue et à la concertation entre l'Afrique et ses partenaires. Le représentant du Sénégal a souhaité que le Groupe de travail puisse commencer à travailler dès le mois de janvier prochain.
Les mesures nécessaires que devrait prendre la communauté internationale pour améliorer la situation économique du continent -- amélioration des termes de l'échange et de l'accès des produits africains aux marchés, règlement du problème de la dette, inversion de la tendance à la baisse de l'aide publique au développement --, ne suffiront pas à réaliser les objectifs du développement, si elles ne sont pas renforcées par la volonté ferme des
(à suivre 1a)
- 1a - AG/985 8 décembre 1999
Africains d'assumer eux-mêmes leur destin, ont souligné, d'autre part, plusieurs délégations. L'Afrique doit prendre conscience de ses réalités, de ses nombreux atouts, déterminer clairement où elle veut aller et compter avant tout sur ses propres forces, a ainsi déclaré le représentant du Burkina Faso. Plusieurs délégations ont fait état des progrès réalisés par de nombreux pays africains en matière de démocratisation, de bonne gouvernance, de transparence et de respect de la primauté du droit. Plusieurs pays du continent ont, en outre, lancé des réformes économiques courageuses en vue de libéraliser leur économie et créer au niveau national un climat favorable aux investissements étrangers et à la croissance économique. Mais, de l'avis d'une majorité des délégations, ces efforts resteront insuffisants sans un soutien ferme de la communauté internationale. Dans ce contexte, celles-ci ont déploré l'échec du Sommet de l'Organisation mondiale du commerce le mois dernier à Seattle, regrettant que les pays africains ne se soient pas vu offrir la possibilité de tirer davantage de profits de la mondialisation et de la libéralisation du commerce mondial. Or, a souligné le représentant de l'Afrique du Sud, l'accès aux marchés de produits agricoles et non agricoles africains sans quotas ni tarifs douaniers est vital pour les pays africains, en particulier pour les moins avancés. Pour le représentant du Sénégal, l'échec du Sommet de Seattle témoigne des obstacles à la prise en compte des intérêts des pays en développement dans les relations commerciales.
Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Algérie (au nom de l'Organisation de l'unité africaine), Sénégal, Cameroun (au nom du Groupe africain), Burkina Faso, Afrique du Sud, Egypte, Côte d'Ivoire, Inde, Malaisie, Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Indonésie et Bostwana.
Le Président de l'Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab, a annoncé que les rapports de la Commission des questions sociales, humanitaires et culturelles (Troisième Commission) seraient examinés le vendredi 17 décembre au matin.
L'Assemblée poursuivra ses travaux demain jeudi 9 décembre à 10 heures.
LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D'UNE PAIX ET D'UN DEVELOPPEMENT DURABLE EN AFRIQUE (Point 46)
Rapport du Secrétaire général (A/54/133)
Dans ce rapport qui a été présenté au Conseil économique et social (ECOSOC) à sa session de fond de 1999, le Secrétaire général estime que financer le développement de l'Afrique est crucial pour mener à bien le combat contre la pauvreté. Il explique que pour réduire de moitié la pauvreté d'ici à l'an 2015, l'Afrique se doit d'enregistrer une croissance annuelle de 7% de son produit intérieur brut (PIB) jusqu'à cette date et dresse un bilan, qui montre à l'évidence que les ressources internes du continent ne suffiront pas à atteindre cet objectif.
Ce rapport, qui fait suite à celui sur «les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique» présenté par le Secrétaire général au Conseil de sécurité en avril 1998, se compose de trois sections qui traitent des mesures prises à la suite des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général; des domaines prioritaires; et de la coordination des initiatives prises par les organismes des Nations Unies en faveur de l'Afrique. Il s'appuie sur les informations fournies par les organismes des Nations Unies et par les pays donateurs, aussi bien développés qu'en développement.
Le rapport relève que 44% des Africains, dont 51% pour la seule région de l'Afrique au sud du Sahara, vivent dans des conditions de pauvreté absolue. Les taux de croissance, qui avaient atteint plus de 5% pendant une courte période au milieu des années 90, sont tombés à 2,7% en 1997 et 2,5% l'an dernier. La croissance devrait toutefois s'accélérer à nouveau pour atteindre environ 3% cette année et 3,5% en l'an 2.000. La dette des pays africains s'est accrue, passant de 344 milliards de dollars en 1997 à 350 milliards de dollars en 1998, ce qui représente plus de 300% du montant des exportations de biens et services. Le montant des investissements étrangers directs en Afrique n'a représenté en 1997 que 3% des flux mondiaux avec 4,760 milliards de dollars. L'aide publique au développement, apportée par les pays de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) a continué de baisser, passant de son niveau record de 23 milliards de dollars en 1992 à 18,7 milliards de dollars en 1997.
Depuis que le Secrétaire général a présenté son rapport au Conseil de sécurité et à l'Assemblée générale en avril 1998, des mesures et des programmes très divers ont été entrepris pour donner suite à ces recommandations. L'action conjuguée des Nations Unies, des gouvernements africains et du monde industrialisé se fonde sur six grandes mesures:
- Le renforcement de la bonne gouvernance. Il importe notamment d'aider chaque pays à identifier les causes et les effets de la corruption et de proposer les moyens pour en éliminer les causes, de promouvoir le professionnalisme et les normes d'éthique dans la fonction publique et de renforcer les capacités de décentralisation et de gouvernance au niveau local. Le Secrétaire général insiste également sur la nécessaire signature et ratification par tous des principaux instruments internationaux des droits de l'homme.
- Le développement social, avec, comme volets prioritaires, l'accroissement du taux de scolarisation dans le primaire, encore trop bas dans 16 pays, et l'amélioration de la situation sanitaire générale, qui demeure préoccupante en Afrique. En 1998, le Sida a fait 2,5 millions de victimes sur le continent, soit beaucoup plus que le paludisme. Le mal se répand au rythme moyen de 16.000 personnes par jour, alors que l'on compte déjà 35 millions de personnes séropositives ou malades du Sida.
- L'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
- Le développement du commerce. Des mesures ont déjà été prises par les Nations Unies et les pays donateurs pour aider les pays africains à intensifier leurs efforts de diversification, mais le rapport constate que beaucoup reste encore à faire pour améliorer la compétitivité des produits africains sur les marchés internationaux et faciliter accès de ces produits aux marchés internationaux.
- L'accroissement du flux des ressources financières. Le rapport insiste sur le fait que l'allégement de la dette ne devrait pas se faire au détriment de l'aide publique au développement.
- L'appui à la coopération et à l'intégration régionales. Les pays africains, en collaboration avec leurs partenaires du développement, devraient, suggère Le Secrétaire général, examiner les moyens de tirer parti de l'appui apporté à l'intégration régionale et sous-régionale pour promouvoir une discipline économique et des politiques macroéconomiques saines et contribuer à la création de liens solides permettant de renforcer la confiance institutionnelle entre pays voisins.
Le rapport du Secrétaire général propose que le Conseil économique et social joue un rôle de catalyseur et contribue, avec les pays africains et leurs partenaires du développement, à définir et à hiérarchiser les priorités, facilitant ainsi le processus d'harmonisation des diverses initiatives prises en faveur du continent. Dans le même temps, il suggère que, sous la houlette de l'ECOSOC, les institutions des Nations Unies, y compris celles de Bretton Woods, les organismes multilatéraux et régionaux et les pays donateurs collaborent avec les gouvernements africains pour assurer la cohérence des mécanismes de coordination en favorisant les synergies, en réduisant les doubles emplois, en évitant les disparités et en simplifiant le cas échéant les modalités et procédures de fonctionnement de ces mécanismes. Pour harmoniser les initiatives pour l'Afrique qui ne relèvent pas de l'ONU, le Secrétaire général suggère que l'ONU organise des consultations thématiques au cours desquelles des représentants de pays donateurs et du pays hôte examineront les priorités communes au niveau des choix d'orientation et au niveau opérationnel, dans le but d'encourager les organismes donateurs à simplifier et à rationaliser leurs activités respectives et à les rapprocher de celles du système des Nations Unies. Ces consultations pourraient aussi avoir pour objectif de mobiliser les ressources nécessaires à la mise en oeuvre d'activités dans les domaines prioritaires connus.
Lettre adressée au Président de l'Assemblée générale par le Président du Conseil économique et social (A/54/513)
Pour l'examen de ce point, l'Assemblée était également saisie d'une lettre datée du 25 octobre 1999, adressée au Président de l'Assemblée générale par le Président du Conseil économique et social (A/54/513), dans laquelle celui-ci appelle l'attention de l'Assemblée générale sur les conclusions concertées du Conseil sur le développement de l'Afrique : application et suivi coordonné des initiatives sur le développement de l'Afrique par les organismes des Nations Unies (contenues dans le document A/54/3 (p. 34). Le Président de l'ECOSOC rappelle que le Conseil a recommandé que les conclusions concertées et la discussion tenue sur ce point lors du débat consacré aux questions de coordination fassent partie intégrante des rapports et des questions qu'examinera le Groupe de travail à composition non limitée que l'Assemblée générale devait créer à sa cinquante-quatrième session.
Déclaration liminaire
M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que la plupart des 48 pays les moins avancés sont situés en Afrique. Le continent compte la majorité des réfugiés dans le monde. Plus de 90 % des orphelins du sida vivent en Afrique. L'Afrique centrale voit la persistence d'une guerre qui implique un grand nombre de pays et menace la région toute entière. C'est dire si l'Afrique a plus que jamais besoin de nos efforts, a souligné le Secrétaire général. Il s'est félicité de la volonté croissante de résoudre les problèmes sur le continent par des moyens politiques plutôt que militaires et a salué, dans ce contexte, la décision de l'OUA de ne plus considérer comme égaux dans une Assemblée élue les gouvernements ayant accédé au pouvoir par des moyens non constitutionnels. Le Secrétaire général a exprimé l'espoir que l'Assemblée générale de l'ONU suive cet exemple. La communauté internationale a, elle aussi, montré sa volonté de trouver des solutions politiques aux problèmes politiques, en particulier par de nouvelles initiatives dans le domaine de la prévention des conflits et l'utilisation de "sanctions intelligentes" visant les dirigeants des régimes et groupes rebelles agissant en violation du droit international humanitaire. Des progrès ont aussi été réalisés en ce qui concerne la bonne gouvernance, le respect des droits de l'homme et de la primauté du droit, la promotion de la transparence et des capacités dans l'administration publique. Les gouvernements démocratiquement élus constituent aujourd'hui la norme plutôt que l'exception.
Pourtant, des obstacles structurels et des défis continuent d'affecter la transformation potentielle de la région, a déploré le Secrétaire général, mentionnant en particulier la pauvreté endémique, l'épidémie du sida, le fardeau de la dette et la persistence des conflits internes dans un certain nombre de pays. Partant, M. Annan a appelé instamment les institutions financières internationales à prendre des mesures supplémentaires pour aider les pays sortant d'un conflit. Il a déploré la progression dramatique de l'épidémie du VIH/sida, dont l'impact sur des ressources humaines qualifiées, déjà insuffisantes, risque de mettre en péril tout progrès dans les indicateurs sociaux, et appelé les Africains et leurs partenaires à lutter ensemble contre cette pandémie. Le Secrétaire général s'est félicité du renforcement de la coopération entre l'ONU et l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui a contribué à une meilleure efficacité des efforts d'établissement et de maintien de la paix sur le continent.
De l'avis du Secrétaire général, l'attention prioritaire qui doit être accordée à l'Afrique doit être reflétée dans les priorités budgétaires et financières de l'Assemblée générale. En effet, on ne peut affirmer que l'Afrique est une priorité et ensuite lui dénier les ressources qui permettront de lui donner une forme tangible. L'Assemblée générale devrait, tout d'abord, créer son propre groupe de travail, regroupant des représentants des Etats africains et d'autres Etats Membres soucieux de l'avenir de l'Afrique. Le Secrétariat est prêt à fournir un appui substantiel à un tel groupe de travail. Celui-ci pourrait faire le point des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des recommandations du rapport et consolider et rendre plus cohérents les efforts de mise en oeuvre. Le Groupe de travail pourrait ensuite chercher des moyens nouveaux d'établir des partenariats efficaces en vue de réduire les taux de prévalence du sida en Afrique. A cet égard, le Secrétaire général a appelé instamment l'Assemblée à appuyer l'initiative lancée la semaine dernière lors de la réunion entre gouvernements africains, organisations non gouvernementales et donateurs de l'OCDE au cours de laquelle de nouveaux moyens d'éradiquer l'épidémie ont été élaborés. Il a invité l'Assemblée à appuyer ses efforts sur les engagements pris par cette coalition. Le Secrétaire général a encore proposé que le Groupe de travail se concentre sur l'élaboration de nouveaux moyens de renforcer l'assistance après conflit, y compris par l'annulation de la dette. Vu le lien essentiel entre paix et prospérité, on ne peut espérer réaliser un développement durable tant que les conflits se poursuivent et que la prévention n'est pas une priorité, a-t-il dit.
Débat
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) prenant la parole au nom de l'Organisation de l'unité africaine, a affirmé que le suivi de l'évolution générale du continent africain, par rapport à l'objectif fondamental de la promotion d'une paix et d'un développement durables, devra constituer l'axe prioritaire de l'instrument de dialogue et de concertation que présentera le Groupe de travail plénier sur l'Afrique. Il a estimé, à cet égard, que le débat sur la situation de l'Afrique que le Conseil de sécurité a tenu à la fin du mois de septembre dernier comporte des éléments d'un intêret certain pour le Groupe de travail envisagé. M. Baali a toutefois mis l'accent sur la complexité qui entoure la question de ce Groupe de travail. Celui-ci devra, en effet, prendre en charge de nombreux aspects de la problématique africaine, dont le rôle des principaux organes de l'ONU en fonction de leur mandat respectif, ainsi que l'approche globale des relations entre l'Afrique et le reste du monde, notamment en matière de coopération pour le développement.
Le représentant a rappelé que par sa résolution, de 1998, sur "les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique", l'Assemblée générale a non seulement préconisé la création de ce Groupe de travail, mais aussi invité les Etats africains et leurs partenaires à arrêter ensemble leurs priorités et l'ordre de celles-ci. Elle les a aussi invités à définir leurs responsabilités respectives et à convenir d'objectifs réalistes et quantifiables dans ces domaines prioritaires et ce, dans le cadre de la session de fonds de l'ECOSOC. Estimant que cet exercice d'identification n'a pas pu avoir lieu pleinement durant la session de fond de 1999 de l'ECOSOC, M. Baali a souligné l'importance que revêt cet examen, comme l'une des composantes essentielles du Programme d'action ou du Plan de route du Groupe de travail plénier.
Le représentant a suggéré que l'action du Groupe de travail s'inspire de quelques pistes de réflexion, dont la volonté politique de s'engager véritablement et résolument aux côtés de l'Afrique dans ses efforts de réforme ou encore la prise en considération constante des particularités des pays africains. Dans le cadre du suivi global qu'il aura a entreprendre, a-t-il continué, le Groupe de travail devra tenir compte de l'évolution du Nouvel Ordre de jour des Nations Unies pour le développement de l'Afrique dans les années 90 (UN-NADAF). Les délibérations du nouveau Groupe de travail plénier pourront, en outre, s'inscrire dans la perspective de l'évaluation finale de l'UN-NADAF en 2002. M. Baali a également indiqué que ce Groupe pourra même aider à réfléchir à un cadre ou un Programme de substitution de l'UN- NADAF pour l'après 2002. Le Groupe aura ainsi contribué à trouver un cadre unique et cohérent à même d'insuffler une nouvelle dynamique au dialogue et à la concertation entre l'Afrique et ses partenaires.
M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal) a déclaré que l'Afrique est devenue un terrain d'intervention dans tous les domaines. Pour venir à bout des problèmes qui l'assaillent, et parce que l'Afrique mérite une attention soutenue, le représentant a espéré que le Groupe de travail de l'Assemblée puisse commencer son travail dès le mois de janvier de l'an 2000.
Le représentant a fait observer que des conflits intra- étatiques aux causes multiples et aux incidences sous-régionales sont venus s'ajouter aux conflits inter-étatiques. Ces nouveaux aggrégats de violence en Afrique subsaharienne méritent d'être traités sérieusement et avec plus de conséquence, a-t-il ajouté. Il s'est félicité de ce que le Secrétaire général ait suggéré des mesures et initiatives pertinentes pour y faire face, en mettant en avant le développement social, les facilitations commerciales, l'accroissement des ressources financières vers l'Afrique et l'appui au processus d'intégration et de coopération qui se développe à travers le continent. Il a également noté de nombreux progrès des pays africains, notamment en ce qui concerne la bonne gouvernance, la transparence et l'Etat de droit. Le Sénégal est favorable à l'élaboration, sous l'égide de l'OUA, d'une Convention africaine de lutte contre la corruption en Afrique. Par ailleurs, nombre de pays ont entrepris des réformes courageuses pour libéraliser leurs économies. Dans le domaine des ressources humaines, un Plan d'action a été élaboré par les organismes de l'ONU ciblant 16 pays africains qui ont les plus faibles taux de scolarisation dans le primaire et des taux faibles d'alphabétisation des femmes. Dans le domaine de la santé publique, l'ONUSIDA a intensifié son action en Afrique.
Mais ailleurs, les progrès sont très lents, voire inexistants. Le représentant a regretté l'échec du Sommet de Seattle, qui témoigne des obstacles à la prise en compte des intérêts des pays en développement dans les relations commerciales. Beaucoup reste à faire par les pays industrialisés en terme de réduction des barrières tarifaires et non tarifaires. L'aide internationale mérite d'être sensiblement accrue en qualité et en quantité, a ajouté le représentant. Il a salué l'initiative du Secrétaire général tendant à mobiliser une assistance d'urgence pour le relèvement économique après le conflits de 11 pays d'Afrique subsaharienne pauvres et très lourdement endettés. L'annulation entière de la dette découlant de l'assistance technique bilatérale consentie aux pays les plus pauvres, et la réduction de 90% de toutes les autres formes de dettes bilatérales de ces pays seraient souhaitables, a noté le représentant. Il a salué l'importante initiative prise par le G7 à Cologne, mais a estimé qu'elle devrait être sensiblement élargie, avec les critères d'accessibilité assouplis et la durée du processus d'allègement réduite de six à deux ou trois ans. Le représentant a noté que les pays africains ont besoin de structures d'appui pour consolider la paix après les conflits, d'une meilleure coordination de l'action humanitaire sur le terrain, de contributions importantes des pays partenaires pour alimenter les fonds de l'OUA pour assurer le succès du mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits qu'ils ont eux-mêmes mis en place. Ils ont également besoin d'une réaction rapide et efficace de la communauté internationale, notamment de celle du Conseil de sécurité en cas de crise, a conclu le représentant.
M. MARTIN BELINGA EBOUTOU (Cameroun), prenant la parole au nom du Groupe des Etats africains, a rappelé que les priorités africaines ont incontestablement trait à la paix et au développement. S'agissant de la paix, il a accueilli avec satisfaction les décisions du Conseil de sécurité relatives au déploiement de deux grandes opérations de mantien de la paix en Sierra Leone et en République démocratique du Congo. Il est certain que ces actions en aval de la communauté internationale doivent se renforcer. Le représentant a réaffirmé que la communauté internationale se doit de venir en aide de façon accrue et plus déterminée, aux efforts déployés par les pays africains en faveur de la paix sur leur continent.
M. Eboutou a souligné l'aspect crucial du rôle des organisations sous-régionales en matière de paix et de sécurité. C'est, en effet, grâce à la SADEC et aux Etats membres du Comité consultatif des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale que toutes les parties impliquées dans la guerre en RDC ont approuvé et signé les Accords de paix, a-t-il rappelé. Le représentant a, par ailleurs, souligné le caractère prioritaire de la mise en oeuvre d'actions pouvant conduire à un développement durable. Cette mise en oeuvre se heurte, pourtant, à trois problèmes d'importance: le financement, la coordination et les effets des pandémies. Il a également mis l'accent sur l'effet néfaste de la dette et a estimé nécessaire que soit trouvée une solution radicale au lourd fardeau de la dette.
Le représentant a regretté que l'aide publique au développement (APD) court le risque d'être disparate. Il faut, à cet égard, renforcer tous les cadres d'harmonisation pour une aide extérieure cohérente et qui laisse chaque pays maître de ses choix et de ses initiatives. L'action des Coordinateurs résidents qui concourent à rationaliser dans chaque pays les interventions de l'ensemble du système des Nations Unies est appréciable, a-t-il indiqué. Il a ajouté que le travail en commun de toutes ces institutions doit être renforcé, tout comme l'activité de chacune doit être relancée. Le représentant a enfin émis l'espoir que soient annoncées, à l'issue de ce débat, la constitution et la convocation du Groupe de travail plénier sur l'Afrique, indiquant que l'ordre du jour de celui-ci intégrerait des priorités mentionnées ici.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a déclaré que, si beaucoup de conflits actuels ne sont que des prolongements des déchirures de la colonisation, certains conflits africains trouvent leur explication dans des rivalités d'ordre politique. L'Afrique a besoin de paix. C'est pourquoi, les actions de l'ONU dans ce domaine méritent un soutien franc et massif de la communauté internationale. Après les mésaventures onusiennes en Somalie, il importe que l'ONU élabore ses stratégies de paix en collaboration étroite avec l'OUA et les organisations sous-régionales. Une telle coopération a, en effet, permis par exemple de ramener la paix au Libéria. Ce n'est que lorsque la stabilité aura été établie que le continent pourra véritablement engager la bataille contre le sous-développement, a déclaré le représentant. Il a déclaré qu'il apparaissait désormais incontournable aux Etats africains de sortir de l'ornière, d'arrêter de spéculer sur les expédients et de se prendre totalement en charge. Dans ce contexte, il a néanmoins souligné l'importance de l'aide au développement, du règlement de la dette africaine, de l'accès aux marchés pour les produits africains et de la réduction de la détérioration des termes de l'échange pour améliorer la situation économique du continent.
Toutes ces mesures ne permettront toutefois pas à elles seules de réaliser les objectifs de développement, si elles ne sont pas confortées par la volonté ardente des Africains d'assumer eux-mêmes leur destin, a poursuivi le représentant. L'Afrique doit prendre conscience de ses propres réalités et déterminer clairement où elle veut aller et à quoi elle entend aboutir. Elle doit prendre conscience de ses nombreux atouts et compter avant tout sur ses propres forces. Parmi les tentatives lancées dans cet objectif, il a mentionné le Plan d'action de Lagos qui était sensé doter l'Afrique d'un développement endogène, autocentré et autogéré, et le Traité d'Abuja qui a défini les principes directeurs d'un développement économique prenant en compte les réalités africaines, mais a regretté que ces initiatives tardent à se concrétiser. Il y a trois mois, à Syrte, en Libye, dans un sursaut salutaire, les Etats africains se sont engagés à promouvoir un véritable développement économique du continent basé sur la perception que c'est à l'Afrique d'assumer son propre développement. Il est à souhaiter que cet engagement soit l'amorce d'un véritable développement intégré, solidaire et durable du continent africain dans la paix et la sécurité, a conclu le représentant.
M. DUMISANI KUMALO (Afrique du Sud) a regretté que l'Afrique soit d'abord connue pour ses guerres. L'Afrique du Sud estime qu'il convient d'abord de comprendre les racines des conflits pour mieux y mettre fin. Parce que les conflits intra-étatiques naissent du fossé toujours plus profond entre riches et pauvres, l'Afrique du Sud s'est engagée dans des projets de développement économiques sous-régionaux, comme les couloirs de développement de Maputo ou la réhabilitation du barrage Cabora Bassa au Mozambique. Le représentant a regretté l'échec du récent Sommet de l'OMC à Seattle, car les questions d'accès aux marchés de produits agricoles et non agricoles sans quotas ni tarifs douaniers sont vitaux pour les pays africains, en particulier les pays les moins avancés (PMA). Les efforts pour coordonner les engagements internationaux seront cependant vains, sans paix et sans stabilité en Afrique, a ajouté le représentant, d'où le besoin de prévenir et de résoudre les conflits existants. A ce titre, les efforts de l'OUA et son engagement à exclure de ses rangs les dirigeants arrivés au pouvoir par des mesures illégales sont particulièrement engageants. Il a noté les progrès substantiels faits par la démocratie dans la sous-région de l'Afrique australe et sub-tropicale, déplorant l'aggression de l'UNITA en Angola et le ralentissement du processus de Lusaka en RDC. L'Afrique du Sud a appelé l'ONU à soutenir les systèmes d'alerte rapide en Afrique, ainsi que tout autre système de prévention des conflits.
Le représentant a déploré la baisse de l'aide publique au développement (APD) au cours des années 90. Il s'est cependant félicité de ce que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Suède, la Norvège et le Danemark aient récemment augmenté l'APD ou aient l'intention de le faire. Il s'est également félicité du développement d'initiatives de coopération économiques régionales, notamment de la création la Communauté économique africaine. Il a salué le fait que les institutions de Bretton Woods tentent désormais de dresser des plans de rétablissement économique tenant compte les opinions des gouvernements qui doivent les mettre en oeuvre. La réforme du PNUD, essentielle pour continuer à promouvoir le développement sur place, a également été saluée.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a déclaré qu'en ces temps de mondialisation, il est impératif que l'Afrique agisse de façon rapide. Dans ce contexte de défis, elle doit s'intégrer de façon positive dans le réseau économique mondial pour éviter les risques de marginalisation. Concernant le rapport du Secrétaire général sur l'Afrique et sa déclaration, le représentant a indiqué que les efforts de développement en Afrique doivent reposer sur l'intensification des efforts des pays africains en vue de créer un environnement favorable et de réformer leurs économies. M. Gheit a accueilli avec satisfaction l'Accord intervenu avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international en faveur des pays hautement endettés. Mais, jusqu'à présent, la plus grande partie de ces engagements n'a pas eté mise en application. Récemment le président de la Banque mondiale a même déclaré que le financement nécessaire à cette initiative n'est pas disponible. Le représentant a également déploré que la récente rénion de l'OMC à Seattle n'ait pas offert aux pays africains de bénéficier des possibilités créées par la mondialisation économique et la libéralisation économique. Il a estimé qu'une injustice a été commise envers les pays les plus pauvres, dans la mesure où les parties à cette conférence n'ont pas pu se mettre d'accord sur une exemption des droits de douanes en faveur des pays les plus pauvres.
Il importe, de plus en plus, que la communauté internationale s'acquitte de ses devoirs moraux vis à vis du continent africain, a-t-il affirmé. Ces problèmes ont été discutés de façon approfondie à l'infini et les informations et les données pour les surmonter sont disponibles. Pour le représentant, c'est la volonté politique nécessaire à la promotion d'efforts concertés, tels que les Etats africains ont eux-mêmes décidé, qui est aujourd'hui nécessaire. Pour relever le défi du développement, l'Afrique a aussi besoin de l'action concrète et efficace des Nations Unies en faveur du règlement des conflits, a-t-il ajouté. Elle s'attend à ce que la communauté internationale agisse en amont et non pas uniquement en aval dans ce domaine. M. Gheit a estimé que les alertes rapides doivent être suivies d'actions efficaces aussi rapides, pour être valables. Il a par ailleurs indiqué que le rapport du Sécrétaire général sur les causes des conflits en Afrique contient des recommandations ambitieuses qui constituent la base de l'examen par l'Assemblée générale de ce point et aussi celles du traitement par le Conseil de sécurité des problèmes dont souffre l'Afrique. Le représentant a annoncé qu'il attendait avec impatience la mise en place du Groupe de travail sur l'Afrique pour le suivi de la résolution de l'Asemblée générale sur cette question.
Mme KABA CAMARA (Côte d'Ivoire) a rappelé que depuis la publication du rapport du Secrétaire général, le 12 avril 1998, l'essentiel a été dit sur le rôle de la communauté internationale dans la restauration de la paix en Afrique. La représentante a cependant insisté sur les aspects du rapport qui relèvent de la compétence de l'Assemblée générale : les facteurs sociaux, économiques et culturels, dont l'interaction, créent une situation explosive qui peut déboucher sur une guerre civile. Elle a estimé que le facteur le plus important est le facteur économique. En effet, les secousses dues à la flambée du prix du pétrole, à la chute brutale des prix des produits de base, aux problèmes de l'endettement assortis des politiques d'ajustements structurels ont provoqué des mécontentements sociaux remettant en cause l'ordre établi, a-t-elle rappelé. La promotion de la démocratie dans un contexte de crise économique chronique a mis à rude épreuve les institutions politiques fragiles des Etats africains. Il fallait gérer la crise économique tout en faisant face aux exigences des populations qui réclament le respect des droits de l'homme, notamment la jouissance de leurs droits économiques et sociaux.
Mme Camara est revenue sur les mécontentements qui ont provoqué l'éclatement des partis politiques, donnant jour à la multiplication des ambitions politiques. Ceux qui étaient frustrés pensaient accéder à la prospérité par la détention du pouvoir politique, provoquant une succession des coups d'Etat, de révoltes sociales, précipitant certains pays d'Afrique dans une instabilité politique chronique. La représentante s'est interrogée sur les moyens de sortir de ce cercle vicieux de la pauvreté et des crises politiques. Le plus grand danger dans ce contexte difficile est de prendre des mesures et sanctions qui aggravent la crise économique et paralysent le fonctionnement des institutions étatiques, a-t-elle ajoutée. La communauté internationale se trouve alors dans l'obligation de déployer les moyens pour contenir la crise et éviter l'embrasement de la région. Elle a réaffirmé que l'Afrique a besoin de la mobilisation de la communauté internationale pour permettre sa reprise économique. A cet égard, la représentante a suggéré la mise en place d'une initiative généreuse, comme un plan Marshall, en faveur de l'Afrique, pour lui donner des assises sûres pour son développement et assainir la situation économique. Il faut augmenter les ressources, annuler la dette extérieure, diversifier les cultures et assurer des prix rémunérateurs pour les produits d'exportation, a-t-elle déclaré.
M. KAMLESH SHARMA (Inde) a rappelé que l'Inde et l'Afrique sont intimement liées à l'Afrique par l'histoire, le commerce et les expériences communes tels le colonialisme et le développement. La coopération de l'Inde s'inscrit dans le cadre Sud-Sud, notamment à travers son Programme de coopération technique et économique, l'offre de postes de formation et de place aux étudiants africains, l'amélioration des ressources humaines et de l'administration publique, le développement d'entreprises mixtes qui fournissent des technologies et des capitaux à l'Afrique. L'Inde soutient également l'utilité des zone de libre échange. A ce titre, elle a conclu un Mémorandum d'entente et de coopération avec la Sadec et en négocie d'autres avec la CEDEAO ainsi que d'autres organisations régionales.
Le représentant a regretté que le déclin de la croissance de l'Afrique se poursuive. Seule la croissance peut permettre une réduction de la pauvreté. La CEA a noté que le bien-être en Afrique est lié au revenu par tête. La dépendance de l'Afrique vis-à-vis du secteur primaire, le plus fragile, et la baisse des revenus pétroliers et miniers affectent le continent. Le représentant a soutenu l'appel du Président de l'Assemblée générale, "de la ferme à l'usine pour un avenir meilleur", et exigé l'accroissement de la productivité agricole et l'industrialisation de l'Afrique. Le représentant a également souligné l'inutilité de l'accroissement de la part des exportations dans le PNB africain tant que se poursuivra la détérioration des termes de l'échange en sa défaveur. Il a déploré le protectionnisme des pays développés, protégés par des pseudo-mesures anti-dumping et des barrières douanières. L'OCDE seule dépense 65% du PIB de l'Afrique pour subventionner son agriculture. La communauté internationale doit autoriser un réel accès des produits africains aux marchés mondiaux.
Le représentant a ajouté que l'élément central du développement consiste en des ressources suffisantes. Alors que les besoins actuels sont plus importants que ceux de 1992, estimés à 30 milliards de dollars, leur montant ne cesse de baisser. Le service de la dette saigne les pays africains. Les prêts privés ont de fait cessé, prouvant l'incapacité des marchés financiers à rétablir des rapports de crédits normaux avec l'Afrique. Pour combler les besoins, l'aide extérieure devrait se monter à 9% du PIB des pays. Jusqu'ici, l'aide de la communauté internationale n'a jamais dépassé 2 à 3% du PIB. Le représentant a exigé le retour des capitaux détournés injustement des pays, quelques 22 milliards de dollars, selon le Secrétaire général. Mais quels que soient les besoins de bonne gouvernance, ils ne transformeront pas le paysage industriel de l'Afrique. L'Inde continuera donc à s'opposer à lier les aides et investissements à des jugements subjectifs en rapport avec la promotion des droits de l'homme. Elle juge également le cadre global pour le développement de la Banque mondial prématuré.
Le représentant s'est félicité des progrès de coordination au sein du système de l'ONU pour la mise en oeuvre du Nouvel Ordre du jour, mais a invité les donateurs à ne pas multiplier les actions unilatérales qui minent ces efforts. Il a réitéré l'importance du fait que les donateurs respectent les secteurs d'aide prioritaires définis par les pays africains eux-mêmes. Enfin, le représentant a espéré que le Groupe de travail de l'Assemblée générale, auquel l'Inde compte apporter une contribution active, développe notamment une analyse fiable des donnés sur la croissance en Afrique indispensable aux donateurs pour agir à bon escient.
M. JASMI MD YUSOFF (Malaisie) a rappelé que compte tenu des conflits actuels en Afrique, la communauté internationale doit déployer de véritables efforts concertés afin de mettre fin à cette vague de violence. A cet égard, la Malaisie a soutenu les efforts de l'Afrique pour établir des mécanismes adéquats de prévention, gestion et résolution des conflits, aussi bien aux niveaux régional que sous-régional. Les pays africains ont le droit comme le devoir de prendre en main leur propre destin avec le soutien et l'aide continus de la communauté internationale, a- t-il ajouté. Si les problèmes de l'Afrique sont largement présents dans le travail du Conseil de sécurité, certains sont toutefois sceptiques quant à la détermination du Conseil à intervenir sur ce continent. En tant que membre du Conseil, la Malaisie s'est engagée à établir des critères précis pour autoriser les opérations de
maintien de la paix dans les régions de crise et ce, quelqu'en soit l'emplacement géographique. Dans ce contexte, le représentant a indiqué que les actions du Conseil en République démocratique du Congo constitueront la plus importante opération dans l'histoire de l'Organisation.
Le représentant a estimé que la communauté internationale devrait aider l'expansion des économies africaines pour sauver des millions de pauvres de la maladie, de la misère et de la faim, et encourager les populations des régions concernées à utiliser pleinement leur potentiel. Dans le cadre de la mondialisation actuelle, la marginalisation de l'Afrique ne sera qu'aggravée si des efforts ne sont pas faits pour intégrer son économie au commerce mondial, a-t-il averti. En ce qui concerne le problème paralysant de la dette extérieure, le représentant a appuyé l'appel du Secrétaire général en vue de convertir en allocations les dettes officielles bilatérales des nations les plus endettées d'Afrique. Il a insisté sur le fait que le déclin de l'aide au développement ainsi que le manque d'investissements étrangers sont susceptibles de ralentir le développement de l'Afrique. Mais en même temps, les pays africains doivent envisager la réduction de leur budget de la défense, a-t-il ajouté.
Dans le cadre de la coopération Sud-Sud, la Malaisie a depuis 1981 établi un Programme de coopération technique avec ses partenaires du sud et environ 4 000 participants, la plupart venant d'Afrique, ont suivi diverses formations dans les domaines technique, administratif et public, a expliqué le représentant.
Mme ANNA-MAIJA KORPI (Finlande), prenant la parole au nom de l'Union européenne et des pays associés, a réaffirmé que les pays africains sont les premiers responsables de leur avenir, même si l'aide de la communauté internationale leur est essentielle. Elle a félicité les chefs d'Etats africains, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales pour les efforts déployés en faveur du règlement des conflits et de la construction de la paix et les a invités a intensifier ces efforts. Le dialogue inter-régional devrait être renforcé et l'Union est prête à aider au renforcement des capacités de prévention des conflits. Elle a, à cet égard, accueilli avec satisfaction l'adoption par l'OUA d'un programme de renforcement du Centre de gestion des conflits et engagé les pays donateurs a lui apporter leur soutien. La représentante a fortement déploré l'augmentation des budgets consacrés à l'acquisition d'armes et de munitions par certains pays africains. Elle a réaffirmé l'engagement de l'Union en faveur du désarmement préventif. Dans la recherche d'une solution à long terme en Afrique et pour limiter immédiatement les souffrances humaines sur le continent, il importe que soit mis fin au trafic illégal des armes légères et de petit calibre . Mme Korpi a notamment expliqué que le commerce illicite de diamants, d'or et d'autres minéraux précieux doit être stoppé, dans la mesure où il alimente le trafic d'armes.
L'Union européenne, a-t-elle continué, encourage le Conseil de sécurité et les organisations régionales et sous-régionales à utiliser de façon plus décisive et efficace les instruments dont ils disposent pour lutter contre ces flux commerciaux illégaux. Elle a, en outre, félicité l'OUA qui a décidé, au cours de son dernier Sommet, de convoquer une conférence régionale sur les armes de petit calibre, en vue d'élaborer des recommandations relatives à leur utilisation, transfert et fabrication. De façon plus générale, la représentante a estimé que la communauté internationale devrait utiliser de manière plus efficace les instruments dont elle dispose pour régler les conflits en Afrique. Les sanctions sont plus efficaces quand elles touchent directement les responsables des conflits, a-t-elle remarqué. De plus, les sanctions imposées devraient s'accompagner d'exceptions humanitaires. Concernant le problème de la dette, la représentante a mis l'accent sur la nécessité de repenser l'aide internationale dans ce domaine et d'intensifier les efforts internationaux en faveur de mesures d'allégement plus effectives. Elle a enfin accueilli avec satisfaction la tenue d'un futur Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne et de l'OUA. La préparation de ce Sommet a déjà commencé et devrait s'orienter vers une approche équilibrée des questions économiques et politiques à même de mener à des résultats concrets.
M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que la prévention et le renforcement de la paix après conflit étaient dépourvus d'intérêt s'ils n'avaient pas un impact sur le développement d'une société. Alternant entre stagnation économique et progrès très modestes, l'Afrique connaît toujours des contraintes terribles pour son développement, a-t-il reconnue. Les efforts, tels que le projet d'accroître l'accès des exportations africaines aux marchés dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce et de la Convention de Lomé, doivent être renouvelés. De même, le manque d'investissements étrangers dont souffrent les pays africains risque de les marginaliser davantage. Par ailleurs, en dépit d'initiatives, la dette des pays africains continue d'augmenter, a-t-il souligné. Bien qu'il existe un besoin critique pour l'annulation de la dette, cela ne représente qu'un aspect d'une stratégie globale nécessaire pour garantir le retour à une croissance et à un développement soutenus. Une annulation de la dette apporterait tout de même une aide précieuse à la revitalisation de l'économie et remettrait les pays concernés sur la voie du développement.
Il a souhaité qu'une aide sous toutes les formes possibles soit apportée aux pays africains afin de répondre aux besoins en matière de santé des populations africaines. Tout en notant les progrès effectués en matière d'éducation primaire, il a regretté que le taux d'analphabétisme restait trop élevé. Les efforts en matière de santé et d'éducation sont cruciaux, car les ressources humaines représentent la force productive pour le développement, a-t-il ajouté.
M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a déclaré que, si la prévention et la gestion des conflits la promotion d'une paix et d'un développement durables sont la responsabilité première des Africains, la communauté internationale doit aussi assumer sa part. Les Africains ont le devoir de mettre de l'ordre chez eux pour faire en sorte que l'aide reçue soit mieux utilisée. Les efforts visant à réaliser une paix et un développement durables sur le continent seront toutefois réduits à zéro s'ils continuent d'être entravés par la persistance de conflits armés. L'intolérance à l'intérieur de nos frontières engendrée par des rivalités ethniques, l'antipathie ou l'hostilité sont l'une des principales sources de conflits en Afrique. Il faut donc que les Africains travaillent de façon plus déterminée afin de créer des sociétés où la diversité soit considérée comme source d'enrichissement et non comme obstacle à la promotion des intérêts étroits d'un groupe au détriment de l'autre. En outre, le rythme actuel d'établissement d'une culture de transparence et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques doit être maintenu. Une gouvernance marquée par la corruption et l'absence de responsabilité à l'égard des masses a souvent entraîné un gaspillage des ressources nécessaires au développement économique de nos pays et provoqué l'instabilité des sociétés, a déclaré le représentant. L'Afrique attend toutefois beaucoup de l'assistance de la communauté internationale.
De l'avis du Botswana, l'amélioration des termes de l'échange et l'accroissement des flux financiers étrangers directs sont indispensables au redressement économique de l'Afrique. Les mesures de libéralisation des économies africaines doivent être soutenues par des flux appropriés d'investissements étrangers directs. A cet égard, le représentant a encouragé les partenaires du développement de l'Afrique à poursuivre leurs efforts pour faire connaître les opportunités d'investissements en Afrique et renforcer les capacités des institutions africaines de gérer les questions commerciales et d'investissements. Un meilleur accès des produits africains aux marchés mondiaux est également indispensable, car les ressources qui seraient ainsi générées soutiendraient la croissance économique des pays africains. Le poids écrasant de la dette constitue un autre obstacle de taille au développement de l'Afrique, a déclaré le représentant qui a appelé à une plus grande généralisation de l'annulation de la dette. Le représentant a en outre déploré le déclin inexorable de l'aide publique au développement cependant si nécessaire. Le représentant a plaidé aussi en faveur d'une solution au problème des réfugiés dont la présence en grand nombre dans certains pays d'accueil obère lourdement leurs ressources. Le trafic illicite d'armes légères en Afrique constitue un fléau qui doit être endigué par des mesures concrètes. A cet égard, le représentant a demandé la mise en place d'un mécanisme permettant de s'assurer que les marchands d'armes ne vendent qu'à des acheteurs légitimes.
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