En cours au Siège de l'ONU

AG/966

LES PAYS QUI POSENT DES MINES CHEZ LES AUTRES DOIVENT ASSUMER LA RESPONSABILITE DE LES ENLEVER DEMANDENT LES PAYS TOUCHES PAR CE FLEAU

18 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/966


LES PAYS QUI POSENT DES MINES CHEZ LES AUTRES DOIVENT ASSUMER LA RESPONSABILITE DE LES ENLEVER DEMANDENT LES PAYS TOUCHES PAR CE FLEAU

19991118

Près de 70 millions de mines terrestres continuent de menacer la vie des populations civiles dans diverses régions du monde. Peu coûteuses à l'achat, faciles à utiliser, mais difficiles à détecter et à désamorcer, les mines antipersonnel constituent un fléau qui entrave les progrès politiques et économique, fait obstacle au retour des réfugiés et des personnes déplacées après un conflit, et affecte en premier lieu les pays les moins à même de faire face aux coûts énormes du déminage et à la perte de terres productives. Ces mêmes pays sont ceux qui n'ont pas les moyens d'assurer la protection des civils et les soins aux victimes, a rappelé le représentant des Etats-Unis cet après-midi à l'Assemblée générale qui examinait la question de l'assistance à l'action antimines. Outre le coût élevé du déminage, qui peut aller jusqu'à mille dollars par mine, l'un des problèmes principaux qui ralentit souvent les activités dans ce domaine, est l'absence d'informations précises et exactes sur l'emplacement des mines. Dans les pays d'Amérique centrale, la situation s'est encore aggravée après le passage de l'ouragan Mitch l'an dernier et les inondations qui ont eu pour conséquence de disperser les mines. En Egypte, un problème similaire se pose avec le déplacement des dunes qui entraîne leur enfouissement à plusieurs mètres de la surface. Ces complications, ont expliqué les pays concernés, rendent d'autant plus urgente une action efficace en faveur de l'élimination complète des mines dans ces régions. Dans ce contexte, plusieurs délégations ont souligné la responsabilité des pays qui ont posé ces engins explosifs, de fournir des plans détaillés sur l'emplacement des mines et de contribuer aux actions de déminage. Les représentants de l'Egypte et de la Jamahiriya arabe libyenne ont demandé, pour leur part, qu'une attention égale soit accordée aux pays, comme les leurs, qui subissent toujours les conséquences de mines posées au cours de la deuxième guerre mondiale. S'il est important de prendre en considération tous les aspects du problème des mines, la priorité doit néanmoins être accordée au déminage pour éviter d'autres pertes de vies humaines et d'autres souffrances, ont souligné plusieurs délégations. Il n'y a pas de solution simple au problème des mines, a souligné le représentant du Mozambique, l'un des pays africains les plus affectés par ce fléau. Il a estimé que pour obtenir des résultats tangibles, les gouvernements, les organisations internationales et non gouvernementales ainsi que les populations doivent travailler de concert et accorder une grande importance à l'éducation et à la sensibilisation du public au danger des mines.

(à suivre 1a)

- 1a - AG/966 18 novembre 1999

Rappelant que l'objectif ultime est l'interdiction totale et universelle des mines antipersonnel, le représentant du Canada a appelé les Etats à adhérer à la Convention d'Ottawa sur l'interdiction de l'emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction, entrée en vigueur l'an dernier et à laquelle 89 Etats sont actuellement parties.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Croatie, Norvège, Etats-Unis, Thaïlande, Saint-Marin, République démocratique populaire lao, Canada, Jamahiriya arabe libyenne, France, Egypte, Soudan, Mozambique, Japon, Chine, Fédération de Russie, Nicaragua, Pakistan et Pérou.

L'Assemblée poursuivra son débat sur l'assistance à l'action antimines demain vendredi 19 novembre à 10 heures. Elle devrait ensuite examiner le renforcement de la coordination de l'aide humanitaire et des secours en cas de catastrophe fournis par l'ONU, y compris l'assistance économique spéciale.

ASSITANCE A L'ACTION ANTIMINES (Point 35)

Rapport du Secrétaire général (A/54/445)

Le rapport décrit les progrès accomplis en ce qui concerne l'assistance au déminage et le fonctionnement du Fonds d'affectation spéciale pour l'assistance à l'action antimines. Bien qu'il y ait déjà des dizaines d'années que l'on essaie de résoudre le problème du déminage aux niveaux national et local, les organismes d'action antimines et les programmes d'assistance humanitaire constituent une entreprise relativement nouvelle et distincte. La plupart existent depuis moins de 10 ans et ont permis de sauver un grand nombre de vies. La principale raison de leur création est que l'on comprend à présent que l'ampleur des ravages que causent les mines terrestres dépasse largement le problème du déminage. Le rapport reconnaît donc que désormais, il faut impérativement tenir compte des incidences humanitaires de la question.

Le rapport contient des informations sur les efforts entrepris dans ce cadre par les organismes des Nations Unies, ainsi que par les autres organismes internationaux et organisations non gouvernementales intéressés. L'action antimines coordonnée passe notamment en revue les réunions intersessions et le processus se déroulant dans le cadre de la Convention d'Ottawa, le recours aux établissements militaires nationaux, les missions d'évaluation, les enquêtes nationales, la gestion de l'information, la sensibilisation au danger des mines, les activités de promotion, le rôle des opérations de maintien de la paix, la technologie, les normes internationales applicables aux opérations de déminage humanitaire, enfin l'action de la Fondation pour les Nations Unies. Sur les dix missions d'évaluations prévues en 1999, constate notamment le rapport, quatre ont été menées à bien (en Equateur, en Jordanie, au Liban et au Pérou), et dix autres sont envisagées pour l'an 2000, bien que la capacité de l'ONU de mettre en oeuvre intégralement ce plan de travail soit entravée par divers facteurs, notamment la récente crise au Kosovo et le fait d'y avoir des difficultés à trouver des effectifs pour le Service d'action antimines de l'ONU.

Le rapport porte entre autres sur les programmes antimines les plus connus dans des pays touchés comme l'Afghanistan, l'Angola, l'Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, le Cambodge, l'Iraq, la République démocratique populaire lao, le Mozambique, le Sri Lanka et la Croatie, et aussi sur les activités les plus récentes actuellement entreprises au Kosovo, au Nicaragua, en Somalie et au Tchad. Il note que le Programme d'action antimines au Kosovo est toutefois le seul programme qui ait été conçu en tant qu'intervention humanitaire d'urgence face à une crise humanitaire. En tant que tel, il permet de tirer des enseignements utiles pour des situations futures analogues.

Le Kosovo se distingue également par le fait que pour la première fois, le Bureau des Nations Unies pour les services d'appui aux projets (UNOPS), en tant que prestataire de services des Nations Unies, a été chargé dès le début de l'action prévue par l'ONU pour mettre en oeuvre le programme de déminage. Le rôle cohérent et stabilisateur joué par le Bureau au Kosovo pourra servir de modèle pour les futurs programmes d'action antimines de l'ONU, explique le rapport. Il ajoute que l'expérience du Kosovo a également démontré que la planification préalable était essentielle pour une intervention rapide et intégrée dans une situation d'urgence. Il invite à créer une capacité d'évaluation interorganisations en attente, afin de déterminer immédiatement l'ampleur et la nature de toute intervention d'urgence potentielle.

A cet égard, le rapport note également que la base de données du Système s'est révélée être extrêmement utile pour les activités de contrôle et de planification et pour la mise en oeuvre du programme. Il fait également observer que le succès des activités de déminage au Kosovo a montré qu'avec la volonté politique requise et les ressources nécessaires, la communauté internationale peut mettre en place une capacité d'intervention rapide efficace.

Le rapport fait par ailleurs observer que compte tenu des demandes croissantes, le fonctionnement du Fonds d'affectation spéciale présente un intérêt particulier. Les chiffres présentés à la première Réunion des Etats parties à la Convention d'Ottawa indiquent qu'un montant d'environ 500 millions de dollars a été affecté aux efforts de déminage à l'échelle mondiale jusqu'à présent. Seul un engagement des gouvernements donateurs et des organismes de financement, auxquels il a été demandé de fournir les ressources nécessaires pour la mise en oeuvre des multiples aspects de l'action antimines, y compris le déminage, la sensibilisation au danger des mines, l'assistance aux victimes et les activités de plaidoyer, permettra de maintenir l'investissement humanitaire. Le rapport note que c'est le Service d'action antimines de l'ONU, en tant que centre de liaison, qui coordonne et facilite la mobilisation des ressources pour l'action antimines au sein du système des Nations Unies. Cette activité exige une vision commune et un effort collectif des divers organes et organismes de l'ONU, y compris le PNUD, l'UNOPS, l'UNICEF et l'OMS, entités qui ont toutes établi des projets et programmes de déminage exigeant un appui continu des donateurs. Enfin, en ce qui concerne les ressources que le Service d'action antimines de l'ONU gère dans le cadre du Fonds d'affectation spéciale pour l'assistance au déminage, le rapport constate qu'il y a eu des améliorations importantes pour les donateurs concernant la diffusion d'informations sur les contributions. Les instruments juridiques utilisés pour l'allocation de fonds aux entités des Nations Unies et aux ONG, ainsi que les systèmes permettant de contrôler l'utilisation des ressources, ont été améliorés en 1999. Le rapport exprime l'espoir que les résultats de ces efforts porteront leurs fruits en l'an 2000 et au-delà.

Débat

M. MATTI KAHILUOTO (Finlande) au nom de l'Union européenne, de l'Association européenne de libre échange (AELE), des pays d'Europe de l'Est associés à l'Union Européenne, de Chypre, de Malte et de l'Islande, a déclaré que les mines avaient des conséquences socio-économiques très graves pour les populations des pays touchés, qui font souvent partie des pays les moins développés. La présence de mines ou la simple perception de cette présence peuvent désorganiser des communautés entières, a- t-il ajouté. Il a indiqué cependant qu'une approche globale et multidimensionnelle avait été élaborée qui permet de réduire sensiblement le nombre d'accidents dûs aux mines. Il a estimé que la responsabilité première de cette situation doit être imputée à ceux qui posent les mines, et la capacité d'assistance de la communauté internationale dépend en grande mesure des parties en conflit dans les pays infestés.

Nous nous félicitons de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, et du deuxième Protocole amendé sur l'emploi de certaines armes classiques frappant sans discrimination, a-t- il déclaré. Il a rappelé que l'Union européenne avait donné son appui à un programme commun de lutte contre les mines et il s'est félicité de l'ouverture à la signature, à Ottawa, de la Convention. M. Kahiluoto à appuyé le rôle central qu'assument les Nations Unies dans la coordination du Programme antimines auquel l'Union est l'un des principaux contributeurs. En 1998, cette contribution s'est élevée à 103 millions d'euro. Il a indiqué que l'Union se propose de concentrer désormais ses efforts sur l'assistance humanitaire et technique aux Etats signataires qui respectent la Convention d'Ottawa. Un engagement sans réserve de la communauté internationale est toujours nécessaire à l'action antimine et des efforts doivent être faits, afin de résoudre ce problème dans quelques années et non pendant des décennies.

M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que la Croatie a été un des premiers pays à soutenir l'idée d'une interdiction totale des mines antipersonnel elle a signé la Convention d'Ottawa en mars 1998 et son Parlement l'a ratifiée en avril 1998. La Croatie qui est le 12ème pays à avoir ratifié ce document, accueille favorablement tous les projets permettant de parvenir à une destruction totale des mines terrestres. Le représentant a expliqué que la Croatie est un des pays les plus touchés par les mines dans le monde, en effet 10% de la surface du pays est touché par ce problème qui y empêche le retour à une vie normale.

M. Simonovic a fait remarquer que l'argument de l'efficacité des mines dans les conflits militaires souvent utilisé par les Etats qui ne veulent pas signer la Convention d'Ottawa ne s'est pas vérifié lors des conflits les plus récents. Il a donc estimé que les victimes civiles sont les seuls résultats de ces engins monstrueux. Le représentant a déclaré que l'on dénombre 560 victimes de mines terrestres en Croatie et 120 personnes tuées. Cependant, le processus de déminage en Croatie se déroule bien de façon satisfaisante. Le Centre des Nations Unies établi en Croatie a fusionné avec le Centre croate d'assistance à l'action antimine. Le représentant a expliqué que le coût des activités de déminage dans son pays s'est élevé à 150 millions de dollars américains au cours des dernières années, dont le Gouvernement a financé 10%. Il a exprimé l'espoir que la hausse des contributions annoncée pour l'année prochaine s'avèrera exacte. Il a remercié de leurs contributions les pays donateurs (notamment la Suisse, la Norvège, l'Allemagne, la Canada, les Etats-Unis, le Japon, la Suède, la Belgique, le Royaume-Uni et l'Italie), les organisations internationales (telles que le Comité international de la Croix-Rouge, la Banque mondiale et l'UNMAAP), les organisations régionales, l'Union européenne et l'Union de l'Europe occidentale ainsi que les organisations non gouvernementales (le Fonds international slovaque).

Selon les experts, il faudra encore dix ans de travail de déminage pour mener à bien cette tache en Croatie, a-t-il continué. Il a par ailleurs indiqué que 800 experts travaillent actuellement à cela en Croatie. Le Centre croate d'assistance à l'action antimines et le Fonds international slovaque travaillent de concert avec le soutien des Etats-Unis en vue de créer un centre pour la formation d'experts en déminage et pour tester de nouvelles technologies. Le représentant a expliqué que le suivi du processus d'Ottawa peut activer le processus de déminage dans le monde. Il a estimé qu'une action plus suivie est également nécessaire aux niveaux national, régional et international. La Croatie travaillera à soutenir le processus d'Ottawa dans sa prochaine phase, a-t-il annoncé. Il a mis l'accent sur le caractère essentiel du rôle joué par les Nations Unies dans ce domaine, notamment en ce qui concerne l'accroissement des activités et la coopération, et a estimé que l'Organisation doit poursuivre son travail dans cette voie.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s'est félicité des étapes franchies cette année, et notamment de la Convention antimines. Cependant les efforts de l'action antimines seront sans lendemain s'il n'existe aucune assurance que des mines ne seront plus produites, à-t-il précisé. En effet, l'action antimines ne peut être perçue comme une simple opération technique et perdre de vue que seuls les progrès en déminage peuvent en atténuer les conséquences socioéconomiques et aider les personnes qui vivent sous la menace constante de ces armes.

Il a indiqué que la Norvège avait contribué au Fond d'action spécial antimine. Il a souligné l'importance de la coopération des pays touchés afin de permettre un accès facile au Programme antimines des Nations Unies et s'est félicité de la révision des normes internationales de déminage qui, espère-t-il, réduira les accidents. Un financement stable et prévisible est nécessaire a- t-il insisté et c'est pour cette raison que la Norvège s'est engagée à contribuer quelque 120 millions de dollars sur cinq ans. Il a rappelé deux éléments essentiels dans toute action antimine globale, à savoir : une meilleure utilisation des mécanismes de coordination avec les pays affectés et l'inclusion dans une seule structure homogène de toutes les ONG et de tous les acteurs internationaux, comme c'est actuellement le cas du Centre des Nations Unies au Kosovo. C'est le seul moyen de parvenir à une mise en oeuvre efficace d'un programme antimines. Il a évoqué à ce sujet, l'introduction d'un système d'information au Kosovo qui a permis à tous les acteurs de communiquer entre eux. Il a conclu sur l'importance de l'assistance aux victimes, notamment en matière de réinsertion socioéconomique, qui doit être partie intégrante des plans d'action antimines.

M. REVIUS O. ORTIQUE (Etats-Unis) a déclaré que si les mines terrestres n'étaient pas la seule cause de l'augmentation du nombre de victimes civiles dans les conflits, elles y contribuent fortement. Malgré les efforts de déminage, près de 70 millions de mines terrestres sont encore posées sur la surface de la terre. Ces armes représentent un problème humanitaire terrible. En outre, elles ralentissent le développement politique et les progrès économiques, et empêchent le retour des réfugiés et des personnes déplacées. Peu coûteuses à l'achat, faciles à utiliser mais difficiles à détecter et à enlever, elles causent les plus grands ravages dans les pays qui disposent des moyens les moins efficaces pour déminer, protéger les civils, soigner les victimes ou faire face à la perte de terres agricoles. Surtout, ces armes mettent en danger des personnes qui ne menacent personne et effrayent les innocents et les jeunes. Le Président et le Vice- Président des Etats-Unis ont assigné pour objectif au pays de supprimer la menace des mines terrestres pour les civils du monde entier avant la fin de la décennie. A cette fin, les Etats-Unis ont dégagé, depuis 1993, plus de 350 millions de dollars, soit quatre fois autant que tout autre pays, a indiqué le représentant.

A l'heure actuelle, les Etats-Unis aident plus de 30 pays à dresser des cartes et à déminer les champs de mines les plus dangereux, à former des démineurs locaux, et à sensibiliser les enfants et les adultes au danger des mines. Les meilleurs experts sont utilisés pour améliorer les techniques de détection et de déminage. Pourtant, la technique la plus souvent utilisée pour détecter les mines est encore un détecteur attaché à un bras humain. C'est pourquoi, les Etats-Unis ont créé des centres et financent la recherche dans 14 universités. En outre, un projet a été mis sur pied par la NASA en vue d'appliquer à la détection des mines les mêmes techniques que pour la détection de la vie sur mars. L'élimination de la menace des mines terrestres d'ici la fin de la décennie est certes un défi de taille, mais il peut être relevé, vu les succès déjà enregistrés, a estimé le représentant. Ainsi, au Cambodge, le taux d'accidents dus aux mines terrestres a été réduit de 90 %. En Afghanistan, des centaines de milliers d'acres qui étaient minés sont aujourd'hui utilisés pour des récoltes productives. Au Mozambique, les réfugiés ont pu rentrer chez eux grâce à quelque 6400 km de chemins déminés. De grands progrès ont également été réalisés en Amérique centrale et en Amérique latine. Pour atteindre ces objectifs, les ONG, les Gouvernements et les peuples eux-mêmes doivent travailler ensemble. Le représentant a encore souligné la générosité de la réponse du secteur privé, des organisations bénévoles américaines, et de l'Association américaine pour les Nations Unies, qui ont permis de collecter plus de 2 millions de dollars dans le pays en faveur de l'action antimines.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déploré que les mines antipersonnel continuent de coûter des vies humaines, mais aussi d'entraver le développement socioéconomique et de détourner les maigres ressources des pays concernés d'activités plus productives. Le nettoyage d'un champs de mines coûte cent fois plus cher que son installation, a-t-il déclaré et la Thaïlande a une expérience de première main de ces problèmes qui a 796 km2 de ses zones frontalières infestées de mines. C'est pour cette raison que la Thaïlande a signé, dès le début, la Convention d'Ottawa, qui a été ratifiée au niveau national le premier mai de cette année. Il s'est félicité de la Déclaration de Maputo, du Programme de travail intersessions ainsi que de l'établissement du Service d'action antimines des Nations Unies.

Pour rationaliser les combat contre les mines au niveau national, le centre d'action antimines thaïlandais a été établi en décembre 1998, a expliqué le représentant. Il collabore de manière étroite avec les ONG internationales et nationales. La réussite des projets entrepris nécessite cependant l'aide de la communauté internationale, afin de créer une banque de données nationales sur la situation, et sur ses conséquences. Quant à l'action régionale, elle se focalise en particulier sur la frontière entre la Thaïlande et la Cambodge. En février dernier, les deux pays se sont entendus pour nettoyer leur frontière minées en l'espace de trois ans. Le représentant a estimé que cette action est exemplaire des efforts qui peuvent être faits en commun dans la région.

Mme ELENA MOLARONI (Saint-Marin) s'est réjouie de l'entrée en vigueur de la Convention sur l'interdiction de l'utilisation du stockage, de la production et du transfert de mines antipersonnel et sur leur destruction, et a souhaité que de plus en plus d'Etats, non seulement y deviennent parties, mais aussi commencent à l'appliquer. A ce jour, 136 pays ont signé la Convention d'Ottawa et 88 l'ont ratifiée, a ajouté la représentante. Néanmoins, le processus de déminage prend, dans bien des cas, plus longtemps que prévu en raison du manque de financement, d'infrastructures, de programmes, de coordination et d'expertises dû à une lourde bureaucratie et au besoin de protéger les intérêts économiques, a regretté la représentante. Quatre-vingt sept pays sont encore touchés par les mines terrestres et les engins explosifs dans le monde. La représentante a observé que l'absence d'informations précises et exactes sur l'emplacement des mines demeure un véritable problème bien que des programmes soient développés pour déterminer les zones infestées dans chaque pays.

La plupart des programmes humanitaires sont conçus à court terme et de manière fragmentée, ce qui ne convient pas à l'action antimines, a fait remarquer la représentante. En outre, si dans certains pays la capacité et les programmes en faveur de l'action antimines existent, ils ne sont pas utilisés pleinement. Dans d'autres, les programmes sont menés par des unités militaires ou par des entrepreneurs privés, et la durée de l'intervention n'est pas garantie, a précisé la représentante.

Dans ce contexte, le service antimines des Nations Unies, service interorganisations, a permis d'identifier les caractéristiques locales et d'élaborer une action antimines qui convient à chaque pays en particulier. Soulignant l'importance du processus d'enquête qui permet de reconnaitre les lieux touchés, la représentante a insisté pour que la priorité soit donnée aux zones hautement peuplées.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a rappelé qu'en dépit du fait que les solutions nationales et locales pour l'action antimines existent depuis plusieurs dizaines d'années, des millions de mines terrestres et autres engins explosifs sont encore enterrés dans le sol de plus de soixante pays et des milliers d'innocents sont blessés ou tués chaque jour. Face à cette situation, le développement de l'économie et des infrastructure sociales des pays touchés est confronté à de graves obstacles, a ajouté le représentant. Tous les efforts en vue de l'intensification de la coopération internationale pour l'action antimines doivent être déployés, a recommandé le représentant.

La République démocratique populaire lao est, à ce jour, gravement affectée par les engins explosifs encore actifs, suite aux lourds bombardements aériens de la guerre d'Indochine, en particulier entre 1964 et 1973. Par conséquent, la République démocratique populaire lao est l'une des nations les plus infestées par les mines terrestres avec plus de 50% de son territoire touché. Le représentant a expliqué que son Gouvernement avait mis en place un programme pour traiter de ce problème ainsi que de ses répercussions humanitaires, sociales et environnementales. Ainsi, le Programme national antimines de la République démocratique populaire lao a pour objectifs de réduire le nombre de civils blessés par explosion et d'accroitre la surface des terres susceptibles d'être cultivées ou d'accueillir d'autres types d'activités. D'après le rapport annuel de 1998, le Programme a permis de détruire 67 875 engins explosifs et de dégager 292 hectares de terres, a ajouté le représentant. Il a fait remarquer que l'augmentation, cette année, du nombre d'accidents montre la difficulté d'accéder à de nouveaux lieux.

Le représentant a indiqué que le programme est principalement soutenu fianncièrement par le Programme des Nations Unies pour le développement et par l'UNICEF. Néanmoins, le budget nécessaire pour 2000 étant d'environ 13 millions de dollars, le Fonds ne dispose actuellement que d'un peu plus de 4 millions de dollars. Le représentant a donc souhaité que la communauté internationale continue d'apporter son soutien et son aide aux efforts de la République démocratique populaire lao pour atteindre les objectifs fixés par le Programme.

M. DANIEL LIVERMORE (Canada) a déclaré que son pays a engagé plus d'un million de dollars pour soutenir les activités d'assistance à l'action antimines au Nicaragua, pays le plus durement frappé par le problème des mines en Amérique centrale. Depuis la signature de la Convention d'Ottawa en décembre 1997, le Canada a déboursé plus de 6 millions de dollars canadiens pour soutenir des opérations de déminage partout dans le monde, tant en Amérique latine, qu'au Moyen-Orient, en Europe et en Afrique. Le déminage des territoires n'est toutefois qu'un aspect de l'action antimine, a souligné le représentant. Il s'est félicité du rôle prépondérant joué par le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en matière de sensibilisation aux mines auprès des populations à risque, ainsi que des directives internationales que le Fonds a élaborées concernant la sensibilisation au danger des mines et des munitions non explosées. De l'avis du Canada, les principaux volets de l'action antimines sont les suivants : missions d'évaluation, enquêtes nationales globales et autres activités d'information relatives aux mines, coordination effective et gestion de l'information, recherche et mise au point de technologies relatives aux mines et mesures telles que campagnes de sensibilisation pour s'assurer que le problème des mines ne s'aggrave pas. Le Canada est ainsi l'un des principaux initiateurs des relevés nationaux de niveau 1, a déclaré le représentant, indiquant que son pays a acordé plusieurs millions de dollars au Yémen et au Mozambique pour ces relevés. Le Canada s'efforce, en outre, d'améliorer la quantité et la qualité d'autres informations qui viendront renforcer l'action antimines.

Le représentant a souligné le rôle important joué par le Service de l'action antimines des Nations Unies en matière de coordination et d'établissement des priorités. Cette année, le Canada qui contribue depuis deux ans au financement de certaines activités de base de ce Service, lui a fourni une base de données sur les initiatives actuelles et passées en matière d'action antimines. Le représentant a préconisé l'adoption de mesures de sensibilisation en faveur d'une interdiction globale des mines antipersonnel, ainsi que la destruction des stocks existants. A cet égard, il a exhorté tous les Etats signataires de la Convention d'Ottawa à établir un calendrier pour la destruction de leurs stocks. Pour sa part, le Canada travaille en partenariat avec l'Ukraine pour l'aider à détruire ses mines antipersonnel, a-t-il déclaré, et a exhorté les autres Etats qui en ont les moyens à suivre cet exemple partout où le besoin s'en fait sentir. Le représentant a rappelé que l'objectif ultime est l'interdiction totale et universelle des mines antipersonnel grâce à l'adhésion à la Convention sur l'interdiction des mines terrestres. Rappelant que 89 Etats ont ratifié la Convention et y ont adhéré, le représentant a appelé à adopter collectivement l'objectif visant à accroître le nombre de ratifications, de façon à avoir au moins 100 ratifications d'ici au 1er mars 2000, date à laquelle sera célébré le premier anniversaire de l'entrée en vigueur de la Convention. Il a indiqué que les réunions qui se tiendront l'an prochain à Genève dans le cadre du Programme de travail intersessions, établi aux termes de la Convention, porteraient sur la technologie et la destruction des stocks, et a invité tous les Etats parties à la Convention à fournir en temps voulu des informations complètes sur ces questions. Les Etats qui ne sont pas parties à la Convention pourraient fournir volontairement ces informations, a-t-il suggéré.

M. AMER (Jamahiriya arabe libyenne) a exprimé son appréciation au Secrétaire général pour son rapport sur cette question, que l'Assemblée générale examine pour la 7ème fois, et qui contient des informations précieuses sur les efforts de déminage qui touchent près de la moitié des Etats Membres. Il a indiqué que son pays a assisté à la Conférence d'Ottawa, en mai dernier, en tant qu'observateur seulement, et cela, en raison des réserves de la Libye en ce qui concerne cette Convention et son caractère sélectif. Le représentant a regretté que cette Convention ne cherche pas à identifier les Etats qui ont posé des mines dans les autres pays car son pays est de ceux qui souffrent des mines posées par d'autres et cela depuis la seconde guerre mondiale. Il a indiqué que les différentes armées ayant pris part à ce conflit ont posé un très grand nombre de mines en Libye. D'après une étude des Nations Unies, les pays alliés et de l'Axe ont posé en Afrique du Nord entre 5 et 9 millions d'unités. Le représentant a expliqué qu'aujourd'hui ces mines recouvertes par le sable ou des pierres continuent de faire des victime dans la population civile. Il a indiqué que le nombre des victimes est estimé à près de 578 000 personnes et plus de 400 personnes handicapées. Le représentant a souligné le fait que l'explosion des mines coupe aussi les routes et entrave les efforts de lutte contre la désertification. 27% des terres fertiles libyennes sont minées et les mines continuent d'entraver l'extraction du pétrole et des minerais. On estime que le déminage par les moyens dont dispose actuellement son pays ne pourra pas être mené à bonne fin, car le pays manque d'informations pour conduire à bien cette activité. Il ne dispose pas de carte qui lui indique où sont les mines. Le représentant a déclaré que son pays accueille favorablement le travail des Nations Unies pour l'aide dans ce domaine, et a ajouté que cette aide ne sera jamais assez grande.

Il a affirmé que les pays qui ont posé les bombes sur un territoire doivent être tenus pour premiers responsables de leur enlèvement. Il a rappelé que ce principe a été adopté par des organisations régionales telles que l'OUA ou le Groupe des non- alignés, et que l'Assemblée générale a aussi demandé aux pays responsables de fournir une carte de l'emplacement des mines et un dédommagemment aux Etats. Le représentant a déclaré que la coopération entre son pays et l'Italie dans le domaine de l'action antimines est des plus satisfaisantes. Il a mis l'accent sur l'aspect positif de cette coopération avec l'Italie et à invité l'Allemagne et le Royaume-Uni, qui sont eux aussi responsables de la pose de mines dans ce territoire à prendre exemple sur l'Italie à cet égard. Le représentant a remercié les institutions spécialisées des Nations Unies pour leurs efforts dans ce domaine à travers le monde. Il a toutefois regretté que cette action des Nations Unies ne se limite qu'à un aspect du problème en ne s'occupant que des mines implantées récemment. Or, ces deux types de mines sont aussi néfastes et constituent de la même manière un obstacle au développement.

M. SAMUEL DE BEAUVAIS (France) s'est pleinement associé à la déclaration de l'Union européenne. Il a déclaré que le projet de résolution présenté consacre d'important développements à la question des technologies mises à la disposition de la communauté internationale du déminage, et relève à ce titre la faiblesse des disponibilités actuelles en termes d'équipements de détection et de dépollution fiables et accessibles financièrement parlant. Le projet renouvelle donc l'appel à un renforcement de la coopération internationale en vue d'une amélioration rapide des technologies nécessaires, a déclaré le représentant. Il a souligné que le progrès technologique est la clef indispensable de progrès décisifs sur le terrain. Un inventaire réaliste de ce qui peut être aujourd'hui mis en oeuvre fait ressortir le caractère très traditionnel des équipements le plus généralement utilisés, le niveau trop bas de sécurité pour les démineurs eux- mêmes et le rythme très lent des opérations de déminage.

Il a renouvelé le double appel de l'UE à tous ceux qui ont les moyens de fournir aux pays victimes une aide technologique appropriée, et de promouvoir un effort coordonné de recherche et de développement susceptible de déboucher sur des méthodes et des technologies plus sures, plus efficaces, moins coûteuses. Le représentant a noté que la présidence du Groupe d'experts constitués par les Etats parties à la Convention d'Ottawa, en mai dernier à Maputo, ayant la responsabilité des technologies de déminage avait été temporairement confiée au Cambodge et à la France. Lors de ses prochaines réunions, il se livrera à un inventaire exhaustif et critique des besoins des utilisateurs et passera en revue les techniques et technologies existentes à l'état de projets, de manière à pouvoir livrer en septembre 2000 aux Etats parties les conclusions réalistes et équilibrées sur ce qui peut et mérite d'être fait par la communauté internationale.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a plaidé en faveur d'une augmentation des contributions au Fonds d'affectation spéciale pour l'assistance au déminage. En tant que pays affecté par le problème des mines, l'Egypte réaffirme la nécessité d'attacher le même niveau d'importance au problème des mines partout dans le monde, qu'il soit ancien ou nouveaux, de manière équilibrée et juste. Le représentant a déploré le fait que le rapport du Secrétaire général mette un accent clair sur la dimension humanitaire du problème des mines sans accorder à d'autres dimensions du problème toute l'attention nécessaire. L'Egypte estime que tous les aspects du problème doivent être traités pour parvenir à une solution globale. Il a rappelé à cet égard qu'en 1997, le Secrétaire général avait souligné, dans son rapport, la nécessité de définir l'ampleur et la portée du problème des mines. De l'avis de l'Egypte, une telle évaluation doit notamment tenir compte des aspects politique, humanitaire et autre du problème.

En Egypte, le problème de la présence de 23 millions de mines terrestres, dont la plupart ont été posées au cours de la deuxième guerre mondiale, constitue un grand obstacle au développement des régions affectées. Les autorités égyptiennes mettent actuellement en oeuvre un programme ambitieux visant à déminer le territoire égyptien, ce qui constitue un lourd fardeau que le Gouvernement ne peut assumer seul. Le représentant a appelé les pays qui ont posé ces mines à fournir des cartes précises indiquant l'emplacement des mines et à contribuer aux efforts de déminage. Il a souligné le fait que le coût du déminage était particulièrement élevé en Egypte vu le fait que certaines mines se trouvent actuellement à plusieurs mètres sous la surface, à la suite de déplacements des dunes. La présence de ces mines entrave l'exploitation des richesses naturelles, ainsi que le développement général des régions affectées. En outre, la plupart de ces mines ont causé et continuent de causer des pertes de vies humaines.

Le représentant a déploré le fait que le rapport ne mentionne pas la responsabilité des Etats qui ont posé des mines sur d'autres territoires, ni l'appel lancé par les pays affectés pour qu'ils contribuent au déminage. La responsabilité du déminage ne relève pas seulement des pays touchés, mais aussi des pays qui ont posé les mines et de la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il déclaré. Tout en reconnaissant la nécessité de se pencher sur tous les aspects du problèmes des mines, il a estimé que la priorité devait continuer d'aller aux opérations de déminage pour empêcher d'autres souffrances et d'autres victimes. Il a rappelé que de nombreux Etats, y compris l'Egypte, ont émis des réserves à la Convention d'Ottawa car ils estiment nécessaire de procéder à une étude plus détaillée du problème des mines au sein de la Conférence du désarmement.

M. TARIG ALI BAKHIT (Soudan) a indiqué que le déminage est l'une des composantes majeures du renforcement de la paix, compte tenu de son coût et du nombre de mines présentes dans le monde. Il a expliqué que le Soudan, pays africain touché par les mines, appuie les efforts internationaux en faveur de l'action antimine et a été un des premiers signataires de la Convention d'Ottawa. Il a aussi participé à un grand nombre de conférences en ce domaine, dont la récente Réunion de Maputo des Etats parties à la Convention. Le représentant est revenu sur les efforts déployés par son pays dans ce domaine et ce, grâce au soutien qui a suivi la résolution de l'Assemblée qui demandait à la communauté internationale d'apporter son aide au Soudan. M. Bakhit a indiqué que le Soudan a organisé des séminaires pour sensibiliser sa population et a mis en place un Comité national qui prévoit un certain nombre d'activités. Celui-ci a aussi déterminé les besoins du Soudan en matière de déminage.

Le représentant a indiqué que le Soudan demande à la communauté internationale une aide visant à développer ses capacités dans les domaines du déminage et de la réinsertion. Il a souligné le fait que le Soudan attend plus particulièrement un soutien dans le domaine de l'assistance technique. Il a expliqué que le rapport du Service de l'action antimines, publié en avril dernier, montre que le Département a réalisé une enquête au Soudan et tenu compte des besoins du Soudan en ce qui concerne le déminage. Ce rapport, a-t-il ajouté, fait état du manque de ressources internationales pour aider au déminage au Soudan. Le représentant s'est toutefois félicité des efforts déployés par les Nations Unies et a exprimé l'espoir que les différents organismes poursuivront leurs efforts pour mobiliser les ressources nécessaires en faveur de l'aide au Soudan. Il a enfin souhaité que tous les Etats signataires de la Convention d'Ottawa soient traités à l'avenir de manière équitable en matière d'assistance au déminage et d'aide matérielle, financière et technologique. M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a déclaré que les mines constituaient un obstacle sérieux à la stabilité politique et au développement économique et social, entraînant des dégradations économiques, écologiques et psychologiques. Suite à de nombreuses années de conflit au Mozambique, deux millions de mines furent enfouies, et dans la plupart des cas il n'existe pas de plan précis, notamment lorsque les inondations ont déplacées les mines. Il a indiqué que l'engagement du Mozambique à éliminer les mines antipersonnel s'était traduit par la Déclaration de Maputo.

Il n'existe pas de solution simple et rapide au problème humanitaire causé par les mines, et pour obtenir des résultats tangibles, gouvernements, agences internationales et ONG doivent travailler de concert, a-t-il déclaré. M. Dos Santos a expliqué que pour permettre l'éradication totale des mines, il fallait développer une prise de conscience et une éducation vis-à-vis des mines chez les enfants et les communautés en danger, effectuer des études précises pour déterminer l'étendue du problème dans les pays gravement touchés, déminer les zones prioritaires d'importance économique ou sociale en fournissant des équipements et un soutien financier ainsi qu'en formant au déminage un personnel qualifié et fournir une assistance médicale, sociale et psychologique pour la réintégration des victimes. Pour M. Dos Santos, le succès ne se mesure pas au nombre de mines déterrées, mais aux améliorations socioéconomiques. Au Mozambique, 6000 kilomètres de routes et des milliers d'hectares de terres cultivables ont été nettoyées. Il a conclu que la communauté internationale devrait renforcer les 1centres antimines dans les pays touchés, et donner les moyens aux peuples affectés de faire face à leurs problèmes.

M. RYUICHIRO YAMAZAKI (Japon) a rappelé que 110 millions de mines terrestres demeurent dans les sols d'environ soixante-dix pays et représentent une menace aussi bien pour la population que pour les défenseurs de la paix ou le personnel humanitaire. Les mines terrestres ne portent pas seulement atteinte à la vie humaine mais elles constituent de véritables obstacles au développement et à la reconstruction des nations après les conflits, a souligné le représentant. Même en considérant qu'aucune mine ne sera dorénavant posée, il faudrait plusieurs décennies, à la cadence de 100 000 mines par an, pour les éliminer toutes.

Le représentant a signalé que la communauté internationale a effectué d'importants progrès dans ce domaine en instaurant un cadre légal international à l'action antimines, notamment la Convention pour l'interdiction de l'utilisation, du stockage, de la production et du transfert des mines antipersonnel et leur destruction. Le représentant a demandé aux non signataires d'en devenir parties.

Le représentant a estimé que les pays touchés par la présence de mines devraient tenir le premier rôle dans l'action antimines. Dans ce contexte, il est important que les donateurs soutiennent ces pays pour la mise en place de structures internes, en particulier pour ce qui est de leur construction. Le Japon a par exemple soutenu la mise en oeuvre d'un Centre d'action antimines en Bosnie-Herzégovine, en Croatie et au Cambodge, a précisé le représentant. Selon lui, il est aussi essentiel que les pays donateurs, les organisations internationales et les organisations non gouvernementales concernées harmonisent leurs actions. Cette coordination peut notamment être réalisée par le biais des Nations Unies, a-t-il ajouté, saluant les travaux du Service des Nations Unies pour l'action antimines. Le problème des mines terrestres doit être en outre considéré comme une menace à la "sécurité humaine".

Le représentant a indiqué que son pays avait versé plus de 40 millions de dollars en faveur de l'action antimines et a annoncé que son Gouvernement offrirait environ 80 millions de dollars sur une période de cinq ans afin d'atteindre le "niveau zéro" de victimes.

M. WANG ZHENYIN (Chine) a appuyé les efforts humanitaires déployés dans le cadre de l'action antimines et a plaidé en faveur d'un règlement approprié du problème des mines terrestres. Depuis 1992, le Gouvernement chinois a procédé au déminage de 2,2 millions de mines et d'engins non explosés dans deux provinces chinoises sur une surface de 200 km carrés. La Chine a aussi participé aux activités antimines au niveau international et aidé, dans la mesure de ses moyens, les pays touchés par ce fléau. Le représentant a indiqué que la Chine allait organiser un séminaire sur le problème des mines. En tant que pays en développement, la Chine s'associe aux activités des Nations Unies en faveur de l'assistance à l'action antimines dans la mesure de ses moyens.

M. ANDREI E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que la Russie attachait une très grande importance au déminage et à l'élimination des conséquences négatives des mines qui entravent le rétablissement des conditions socio-économiques normales. La coopération internationale représente une partie importante de la solution à ces problèmes, a-t-il expliqué. La Russie comprend les souffrances des pays affectés, car en Russie, plus de 100 000 engins explosifs sont détruits chaque année, entraînant un coût de plus de 25 millions de dollars, a-t-il précisé. La Russie s'est déclarée favorable à l'élimination totale des mines et a suggéré de progresser vers cet objectif en trouvant des solutions de rechange à cette arme défensive. Il est important aujourd'hui, que davantage d'Etats participent au Protocole II, amendé à la Convention, car celui-ci prend en compte les besoins défensifs des Etats, a-t-il souligné.

La Russie estime qu'il faut améliorer la coordination des organismes des Nations Unies, condition nécessaire à pour la coordination technique en matière de déminage. Le représentant a ajouté qu'il espérait que le Fonds d'affectation spéciale sera rapidement alimenté. Les questions d'apport d'aide et d'échange de connaissances sont essentielles pour la Russie qui doit faire face au problème coûteux du déminage dans la Communauté des Etats indépendants (CEI). La Russie, qui possède beaucoup de moyens et de connaissances en la matière, est prête à participer, de façon active, dans les pays qui ont besoin d'aide, sur une base large de coopération.

M. MARIO CASTELLON DUARTE (Nicargua) prenant la parole au nom des pays d'Amérique centrale et de la République dominicaine, a indiqué que les opérations de déminage en Amérique centrale sont une tâche humanitaire de la plus grande importance pour la région, en raison du nombre important de mines antipersonnel et autres engins explosifs posés sans discrimination au cours des dix dernières années. Ces armes, en majorité de fabrication industrielle, sont de véritables pièges mortels pour la population rurale. Outre les pertes de vies humaines, d'animaux domestiques et d'élevage, leur présence empêche l'exploitation de vastes terres fertiles pour l'agriculture, ce qui retarde le développement des régions affectées. Dans de nombreux cas, ces mines ont été posées sans plans précis. En outre, l'ouragan Mitch et les innondations qui ont suivi ont provoqué leur déplacement, ce qui rend plus urgente encore la tâche de déminage. Le représentant a rappelé que si le coût moyen d'une mine est d'un dollar, il faut plus de mille dollars pour désarmorcer une mine ou la faire exploser sans compter les coûts humain, social et écologique de chacune d'entre elles. En 1991, l'Organisation des Etats américains a donné son appui aux activités de déminage menées par le Costa Rica, le Nicaragua et le Honduras, ce qui a permis le développement d'un Programme d'assistance au déminage en Amérique centrale. Dans ce cadre, le représentant a souligné le travail réalisé par les jeunes démineurs qui mettent chaque jour leur vie en péril. Il a indiqué que des chiens dûment formés étaient utilisés depuis peu pour détecter les explosifs dans les champs. Le Programme prévoit également des activités de sensibilisation au danger des mines, a-t-il indiqué.

Autre pays affecté par les mines, El Salvador a lancé un Programme de déminage auquel participent notamment les anciens combattants. Le représentant a souligné la nécessité de l'assistance sociale, médicale et psychologique pour les victimes des mines. Il s'est félicité de la contribution des fonds et programmes de l'ONU aux activités antimines, mentionnant en particulier les programmes d'éducation du Fonds des Nations Unies pour l'enfance. La volonté des Etats de la région d'éliminer les mines se traduit notamment par la ratification par tous les pays de la région de la Convention d'Ottawa et de la Déclaration conjointe des ministres des affaires étrangères de la région relative aux progrès des activités de déminage en Amérique centrale dans laquelle ils ont réaffirmé leur engagement en faveur des tâches de déminage et leur ferme volonté de terminer dès que possibile la destruction des mines, a déclaré le représentant. En conclusion, il a lancé un appel à la communauté internationale des donateurs pour qu'elle continue à collaborer au Programme de déminage en Amérique centrale afin de libérer la région de ce fléau.

M. SHAFQAT ALI KHAN (Pakistan) a déploré que plus de soixante pays à travers le monde se trouvent affligés par la terrible pollution des mines et s'est félicité de la prise de conscience croissante des Etats du monde face à ce problème, tant au niveau des opinions publiques que du système des Nations Unies. Le Pakistan continuera de suivre avec bienveillance les efforts déployés dans ce domaine et a salué l'évolution du langage qui est passé de "nettoyage antimines" à "action antimines", afin d'aborder cette question de manière beaucoup plus globale. Il a cependant appelé à ne pas oublier que le nettoyage en soi continue de revêtir une grande importance pour les pays infestés. De même, il appartient aux conférences mondiales et aux instruments internationaux de convaincre les pays donateurs, en particulier les pays développés, de mettre plus de ressources à la disposition des opérations de nettoyage dans les pays directement touchés. Le représentant a fait observer que pour sa part, le Pakistan a participé aux opérations de déminage au Koweït, au Cambodge, en Angola, en Slavonie orientale et au Sahara occidental. Le représentant a également fait savoir que la question de l'action antimines devrait être traitée indépendamment des questions de contrôle et d'interdiction de l'utilisation des mines qui sont elles liées au désarmement, et devraient être traitées à ce titre par la Conférence sur le désarmement. Le représentant a déclaré que son pays était favorable au lancement de négociations sur un instrument légal pour bannir le transfert et l'exportation de mines antipersonnel. Le Pakistan observe un moratoire sur de telles exportations depuis mars 1997.

M. FRANCISCO A. TUDELA (Pérou) a rappelé les estimations selon lesquelles les deux-tiers des pays du monde sont infestés de mines antipersonnel dont les effets non discriminatoires se feront sentir pendant de nombreuses années encore. Le représentant a indiqué que l'élimination totale de ces mines demeure une priorité pour le Pérou qui, a-t-il expliqué, a été un des premiers pays a ratifier la Convention d'Ottawa. Il a expliqué que la Réunion de Maputo a débouché sur la création de cinq comités permanents d'experts. Il a mis l'accent sur le fait que la confiance mutuelle entre pays voisins et le renforcement de la paix font partie des dispositions de cette Convention. Le représentant a également déclaré qu'il faut tenir compte dans les travaux de déminage de la complémentarité de la Convention d'Ottawa avec d'autres instruments ayant trait à d'autres domaines.

M. Tudela a estimé que les forces armées et la police des pays touchés par ce problème peuvent participer au déminage et leurs armées doivent être formées à cet effet. Le représentant a également indiqué que le Pérou en tant que pays ayant ratifié la Convention a présenté au Secrétaire général son premier rapport annuel, conformément au paragraphe de l'article 13 du Protocole II amendé à la Convention d'Ottawa. Il a expliqué que dans le cadre régional, le Pérou travaille pour faire de son hémisphère une zone libre de mines antiperonnel. Le Pérou à également créé un mécanisme pour la coopération internationale. Celui-ci se compose d'une liste d'experts en déminage à même d'aider les Etats à concrétiser les dispositions de la Convention d'Ottawa. Le représentant a aussi indiqué que son pays a proposé un projet visant à faire connaître les dispositions de cette Convention dans la région des Amériques, en mettant sur pied un groupe de personnalités à même de porter à la connaissance du public cette Convention et ses dispositions. Le représentant a estimé que les efforts internationaux doivent aussi inclure une assistance technique, ainsi qu'une aide humanitaire aux victimes des mines. Il a lancé un appel pour que les Nations Unies soient dotées des ressources financières suffisantes et prévisibles pour leur travail dans ce domaine. En ce qui concerne plus précisement la situation au Pérou, M. Tudela a indiqué que les mesures légales et juridiques ont été prises en vue de l'application de la Convention d'Ottawa. Il convient à présent que les forces armées et la police commencent à détruire les mines. En décembre 1998, a-t-il continué, le Pérou a commencé le déminage de la zone frontalière avec l'Equateur, cette opération est à présent terminée. Le représentant a aussi évoqué le déminage national qui doit être envisagé à moyen et à long terme. Ce travail ne pourra être effectué dans les délais fixés par la Convention que grâce à une aide extérieure. Il est évident que ces actes sont très coûteux pour un pays en développement comme le Pérou, a ajouté le représentant qui a mentionné l'existence d'un Fonds d'aide à ces activités.

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