En cours au Siège de l'ONU

AG/965

L'UNIVERSITE POUR LA PAIX ENVISAGEE PAR L'ASSEMBLEE COMME APPUI AUX EFFORTS DE REGLEMENT DES CONFLITS ET EN FAVEUR DE LA PAIX

18 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/965


L'UNIVERSITE POUR LA PAIX ENVISAGEE PAR L'ASSEMBLEE COMME APPUI AUX EFFORTS DE REGLEMENT DES CONFLITS ET EN FAVEUR DE LA PAIX

19991118

Elle est saisie de deux textes portant sur la consolidation des processus de paix en Amérique centrale

L'Assemblée générale a prié, ce matin, le Secrétaire général d'envisager de recourir à l'Université pour la paix à l'appui des efforts qu'il mène pour régler les conflits et construire la paix. Par un texte, adopté sans vote, tel qu'amendé oralement, elle a invité les Etats Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales et les particuliers intéressés à contribuer directement au Fonds d'affectation spéciale pour la paix ou au budget de l'Université. Les Etats Membres, les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales et tous les peuples du monde sont, en outre, invités à célébrer "Un jour de paix, le 1er janvier 2000".

Au cours du débat qui a précédé l'adoption de cette résolution, les intervenants ont déploré la précarité des ressources de l'Université, estimant qu'avec les moyens financiers accrus, elle serait plus à même de diffuser ses valeurs et de contribuer plus activement aux processus de construction de la paix à travers le monde.

L'Assemblée a examiné par ailleurs les progrès réalisés en Amérique centrale, et en particulier au Guatemala, sur la voie de l'établissement d'une paix ferme et durable dans la région. Le travail exemplaire de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) exécuté au bénéfice de la consolidation du processus de paix dans ce pays, a été salué par les délégations. Au vu de certains engagements pris et non réalisés, le représentant du Guatemala a estimé qu'il était, à ce stade, indispensable de pouvoir disposer des services de la Mission, en particulier dans cette période électorale. S'il a lui aussi jugé nécessaire de maintenir encore la présence de la MINUGUA, le représentant des Etats-Unis n'en a pas moins fait remarquer que pour son pays, la MINUGUA n'est pas une mission permanente et que son mandat ne saurait être par conséquent prorogé indéfiniment.

Les délégations ont estimé qu'une Amérique centrale libérée des conflits armés et forte de l'instauration uniforme de systèmes démocratiques est tout d'abord le fruit des efforts des peuples et des gouvernements de la région. Ainsi les représentants de l'Uruguay, de la Colombie, et du Mexique ont souligné la rapidité des progrès réalisés, une évolution qui doit servir

(à suivre 1a)

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d'exemple à d'autres pays. Néanmoins, certaines délégations tout en déplorant les faiblesses des systèmes judiciaires ont fait observer que les cas de menaces contre les membres de l'appareil judiciaire ne sont pas propres à l'Amérique centrale. Le représentant de l'Inde a ainsi invité la communauté internationale à adopter des mesures efficaces contre les terroristes qui déstabilisent les systèmes démocratiques. L'Union européenne a quant à elle fait part de l'appui qu'elle souhaite apporter à la formation de la police civile afin d'améliorer ses relations avec les populations de la région. Si l'éradication d'une culture de l'impunité est jugée essentielle à la région, il faut aussi penser que la paix ne saurait exister non plus sans un certain développement, a estimé le représentant de l'Uruguay, invitant la communauté internationale à une coopération économique renforcée avec la région.

Dans le cadre de l'examen de ce point, le représentant du Mexique a présenté un projet de résolution recommandant la prorogation du mandat de la MINUGUA jusqu'au 31 décembre 2000. Par ce texte, l'Assemblée générale, soulignant le rôle joué par la Mission à l'appui du processus de paix dans ce pays, noterait que des carences importantes subsistent et inviterait, notamment, le Gouvernement de ce pays à redoubler d'efforts pour promouvoir les droits de l'homme. Par un autre projet de résolution, l'Assemblée générale engagerait les Gouvernements d'Amérique Centrale à continuer de respecter pleinement les engagements qu'ils ont pris en faveur de la paix. Présentant ce projet, le représentant de la Colombie a souligné l'importance de la coopération internationale pour créer les conditions favorables à la reconstruction, à la croissance économique et au développement social, et pour éviter de mettre en péril les progrès déjà accomplis.

Le Vice-Président de l'Assemblée, M. Lamuel Stanislaus (Grenade), a indiqué que l'Assemblée prendrait une décision sur ces deux projets de résolution à une date ultérieure après que leurs implications sur le budget-programme auront été connues.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat : Honduras, Guatemala, Finlande, Norvège, Inde, Venezuela, Japon, Etats-Unis, Brésil, Canada, Argentine, Uruguay, Espagne, Costa Rica, République de Corée, Argentine, Bangladesh et Haïti.

L'Assemblée générale devrait examiner, cet après midi à partir de 15 heures, le point relatif à l'assistance à l'action antimines.

LA SITUATION EN AMERIQUE CENTRALE: PROCESSUS D'ETABLISSEMENT D'UNE PAIX FERME ET DURABLE ET PROGRES REALISES DANS LA STRUCTURATION D'UNE REGION DE PAIX, DE LIBERTE, DE DEMOCRATIE ET DE DEVELOPPEMENT (Point 47)

Rapports du Secrétaire général

La situation en Amérique centrale (A/54/311)

Le rapport porte sur les progrès réalisés dans les pays d'Amérique centrale dans les domaines de la paix, de la liberté, de la démocratie et du développement. Il examine essentiellement la situation dans les cinq Etats signataires de l'Accord d'Esquipulas (7 août 1987), à savoir le Costa Rica, El Salvador, le Guatemala, le Honduras et le Nicaragua, et la situation au Panama et au Belize. A cet égard, le rapport examine les changements importants intervenus l'année dernière dans les domaines suivants: processus électoraux nationaux, sécurité publique, respect des droits de l'homme, développement humain, conséquences de l'ouragan Mitch, échanges régionaux et mondiaux, coopération économique et rôle des institutions régionales et continentales. Le rôle de l'Organisation des Nations Unies en El Salvador et dans le processus de paix au Guatemala comme les activités opérationnelles de l'Organisation en Amérique centrale y sont aussi présentés.

Les gouvernements d'Amérique centrale et leurs peuples ont continué d'oeuvrer en faveur de la cause de la paix durable, des droits de l'homme, du développement durable et de la légalité. A cet égard, les présidents des Etats de cette région ont rappelé le contraste entre la situation conflictuelle dans la région en 1983 et la situation actuelle. La période intermédiaire a notamment permis de consolider des régimes politiques pluralistes faisant davantage appel à la participation de la population. Cependant, les difficultés auxquelles sont confrontés ces gouvernements, notamment pour concilier les impératifs de la croissance économique, de l'instabilité et de l'équité ne doivent pas être sous-estimées. Dans ce contexte, les gouvernements et la communauté internationale sont déterminés à assurer la croissance économique et le développement durable en approfondissant le programme en faveur des droits politiques et des droits de l'homme. Les gouvernements n'ont pas hésité à prendre en charge des questions liées à la structure de l'Etat, aux pratiques judiciaires, au système électoral, au droit des femmes et des populations autochtones et à la participation des citoyens et des groupes de la société civile à la prise de décisions qui les concerne. Comme l'énonce clairement la Déclaration de Stockholm faite à l'occasion de la réunion de suivi du Groupe consultatif sur la reconstruction et le redressement en Amérique centrale, le processus de relèvement après l'ouragan Mitch a été l'occasion pour les gouvernements, leurs peuples et la communauté internationale d'adopter une approche globale aux problèmes structurels qui ont aggravé les effets de cette catastrophe naturelle. L'ONU continuera de suivre de près ce processus pour que les actions coordonnées s'inscrivent dans la durée. La plupart de ses programmes et organismes fournissent une assistance technique dans le cadre de programmes de pays ou de programmes régionaux. A cet égard, il est souhaitable que les gouvernements prennent en charge la montée alarmante de la violence sociale et de la criminalité en renforçant la police civile, en améliorant l'efficacité des systèmes judiciaires, en mettant en place des médiateurs indépendants et en garantissant le respect permanent des droits de l'homme et de la légalité. La communauté internationale s'est, pour sa part, déclarée déterminée à alléger le fardeau écrasant de la dette extérieure et à fournir une aide d'urgence et à long terme. Le Secrétaire général appuie fermement les efforts des bailleurs de fonds visant à lier efficacement l'allégement de la dette et l'aide publique aux dépenses publiques. Il demande aux donateurs et aux institutions financières de continuer à faire de leur mieux pour favoriser la transition fondamentale de l'aide au développement durable.

La Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (A/54/355)

Dans ce rapport, le Secrétaire général recommande à l'Assemblée générale le renouvellement du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA), jusqu'au 31 décembre 2000. La Mission déjà reconduite du 1er janvier au 31 décembre 1999 par l'Assemblée générale, a reçu pour mandat de continuer de s'assurer que les Accords de paix conclus, en décembre 1996, entre le Gouvernement guatémaltèque et l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (UNRG) sont effectivement appliqués. Ces accords spécifiaient une série d'engagements concernant les pouvoirs politique et législatif, les conditions socioéconomiques, la question agraire, les communautés autochtones, les questions militaires et les structures de sécurité publique. Soulignant qu'un contrôle international était indispensable pour assurer l'exécution effective des engagements, les parties ont demandé que la MINUGUA, qui se bornait à surveiller l'application des dispositions convenues pour protéger les droits fondamentaux, vérifie aussi l'exécution de tous les autres accords conclus, donne des conseils et fournisse des services d'appui et de diffusion d'informations. Elles ont également demandé que la durée du mandat de la MINUGUA coïncide avec le calendrier d'exécution de quatre ans, qui va jusqu'au 31 décembre 2000. Ce calendrier comprenait notamment la démobilisation des combattants de l'URNG, la constitution de commissions de réforme de la justice et du système électoral et la promotion des droits des populations autochtones dans la première phase (90 jours), la décentralisation de l'Etat, une réforme de l'administration et de la fiscalité et le réaménagement de l'appareil de sécurité publique dans la deuxième phase (allant jusqu'à fin 1997). Durant la troisième phase (1998-2000), il s'agirait de pousser plus loin la mise en oeuvre des recommandation des commissions et de contribuer à une vaste refonte de l'administration et de la législation. D'après le neuvième rapport de la Mission sur les droits de l'homme transmis à l'Assemblée général le 10 mars 1999, l'évolution favorable de la situation des droits de l'homme observée à la suite de la signature de l'Accord a été suivie d'une très nette détérioration entre juillet 1997 et décembre 1998.

Si, dans l'ensemble, la mise en oeuvre des Accords de paix s'est heurtée en 1999 à un certain nombre de difficultés, des succès appréciables ont cependant été enregistrés en ce qui concerne la condition des femmes et le programme de rapatriement, auquel il a été mis fin le 30 juin 1999. Les 22 000 réfugiés qui demeurent encore au Mexique se sont vu offrir la possibilité de se faire naturaliser. Ce qu'il reste à accomplir est la réinsertion socioéconomique des rapatriés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays. Vu le ralentissement de la mise en oeuvre intervenu au premier semestre de 1998, les parties et la Commission de suivi sont convenues d'axer leurs efforts au second semestre de 1998 sur la politique fiscale, la situation agraire, la réforme de la justice et la réforme constitutionnelle. Au titre de cette dernière, le Congrès a adopté, le 16 octobre 1998, une série d'amendements à la Constitution qui reprennent les principaux éléments des accords de paix. Cependant, ces amendements n'ont pas été ratifiés par l'électorat au cours du référendum national, le 16 mai 1999, ce qui créé des difficultés supplémentaires dans des domaines importants comme la réforme de l'appareil militaire et de la justice. Les principaux partis politiques ont néanmoins indiqué que l'issue du référendum ne devrait pas être interprétée comme la fin du programme de paix. Le Secrétaire général a reçu une invitation des autorités électorales guatémaltèques qui proposent à l'Organisation de participer au processus électoral pour les élections générales de novembre 1999 en se faisant représenter par des observateurs. Dans la dernière phase de la campagne, l'ONU coordonnera ses actions avec les autorités électorales, l'Organisation des Etats américains et les autres observateurs internationaux en vue d'assurer une observation complète des élections.

La Commission de suivi va établir un calendrier détaillé pour l'année 2000 dès que le nouveau gouvernement sera entré en fonction en janvier 2000. Elle devra décider s'il faut rééchelonner au-delà de l'an 2000 l'exécution de certains engagements. En ce qui concerne sa structure et ses effectifs, la Mission fermerait trois antennes (Chimaltenango, Escuintla et Fray Bartolomé de las Casas) et se doterait d'un troisième bureau mobile. Pour la période du 1er janvier au 31 décembre 2000, l'effectif total actuel de la Mission serait maintenu. Ses besoins financiers, y compris le coût du personnel d'appui et les frais de fonctionnement, sont estimés à 31,4 millions de dollars.

Présentation de deux résolutions

Aux termes de la résolution intitulée "la situation en Amérique centrale: processus d'établissement d'une paix ferme et durable et progrès réalisés dans la structuration d'une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement" (A/54/L.24/Rev.1), présentée par la Colombie au nom des coauteurs, l'Assemblée générale constate qu'il est nécessaire de continuer de suivre de près la situation en Amérique centrale, à l'appui des efforts nationaux et régionaux menés pour remédier aux causes profondes des conflits et consolider la paix et la démocratisation dans la région, ainsi que de promouvoir la réalisation des objectifs de l'Alliance pour le développement de l'Amérique centrale, en particulier pendant la période de transition pour compenser les effets dévastateurs du cyclone Mitch et autres catastrophes naturelles, ce qui exige des efforts extraordinaires pour la reconstruction et le relèvement des pays de la région les plus touchés, en particulier le Honduras et le Nicaragua. L'Assemblée demande instamment à toutes les parties au Guatemala de prendre de nouvelles mesures afin de s'acquitter des engagements souscrits en vertu des Accords de paix et engage tous les acteurs de la société à unir leurs efforts et à agir avec courage et détermination pour affermir la paix. Elle demande au Secrétaire général, aux organismes et programmes des Nations Unies et à la communuaté internationale de continuer à appuyer et à vérifier au Guatemala, l'application de tous les accords de paix signés sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies, dont le respect est une condition indispensable de l'instauration d'une paix ferme et durable dans ce pays. Elle lance un appel à la communauté internationale, aux organismes des Nations Unies et aux autres organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales, pour qu'ils apportent un concours généreux et concret en vue d'améliorer la capacité et l'efficacité du Système d'intégration de l'Amérique centrale - processus visant à rétablir, par étapes successives, l'Union de l'Amérique centrale - dans l'accomplissement de son mandat.

L'Assemblée engage les gouvernements des pays d'Amérique centrale à continuer d'assumer leurs responsabilités historiques en respectant pleinement les engagements qu'ils ont pris aux termes d'accords nationaux, régionaux et internationaux, en particulier ceux qui concernent l'exécution du programme social axé sur la lutte contre la pauvreté et le chômage, la mise en place d'un société plus juste et plus équitable, l'amélioration de la sécurité, l'affermissement de l'appareil judiciaire, le renforcement d'une administration publique moderne et transparente et l'élimination de la corruption, de l'impunité, des actes de terrorisme et du trafic de drogues et d'armes, autant d'activités indispensables à entreprendre d'urgence pour consolider une paix ferme et durable dans la région. Elle engage les organismes, fonds et programmes des Nations Unies et la communauté des donateurs à continuer d'appuyer les efforts que font les pays d'Amérique centrale pour consolider la paix et la démocratie dans la région, réaffirme qu'il faut continuer à fournir une aide à la région afin de créer les conditions voulues pour mener harmonieusement de front les tâches que sont la reconstruction, la croissance économique et un développement social équitable, seul moyen d'assurer une paix ferme et durable dans la région, et souligne qu'il importe de mieux assurer la prévention des catastrophes naturelles et l'intégrer dans la planification du développement. Elle prie le Secrétaire général de continuer à fournir le plus large appui possible aux initiatives et activités des gouvernements de la région, en particulier aux efforts qu'ils font pour consolider la paix et la démocratie.

Aux termes de la résolution intitulée "Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala" (A/54/L.27), présentée par le Mexique au nom des coauteurs, l'Assemblée générale souligne que des réformes essentielles doivent encore être menées à bien, notamment dans les domaines fiscal, judiciaire, militaire et électoral, et qu'il importe donc au plus haut point que les accords de paix continuent d'être respectés en 2000. Elle encourage le Gouvernement à appliquer la décision qu'il a prise d'adopter une nouvelle doctrine militaire et de démanteler la Garde présidentielle, conformément aux accords de paix. Elle invite le Gouvernement à redoubler d'efforts pour promouvoir les droits de l'homme et à tout faire pour faciliter l'enquête sur l'assassinat de Mgr Juan José Gerardi Conedera. Elle l'invite aussi à donner suite aux recommandations de la Commission de clarification historique, en vue de promouvoir la réconciliation nationale, de faire respecter le droit à la vérité et d'accorder réparation, conformément au droit guatémaltèque, aux victimes des atteintes aux droits de l'homme et des actes de violence commis au cours de 36 années de conflit armé.

L'Assemblée générale encourage par ailleurs les parties et tous les secteurs de la société civile guatémaltèque à continuer à s'employer à atteindre les objectifs des accords de paix, en particulier le respect des droits de l'homme, y compris le droit des populations autochtones, le développement équitable, la participation et la réconciliation nationale. Elle invite la communauté internationale, et en particulier les institutions, fonds et programmes des Nations Unies, à continuer d'inscrire ses programmes et projets d'assistance technique et financière dans le cadre de l'application des accords de paix, et souligne qu'une coopération étroite entre ces organismes demeure importante. L'Assemblée souligne le rôle de la Mission en tant que moyen essentiel de consolider la paix, de promouvoir le respect des droits de l'homme et de donner confiance dans l'application des accords de paix et décide de proroger son mandat du 1er janvier au 31 décembre 2000.

Débat

M. EDMUNDO ORELLANA (Honduras) parlant au nom des pays d'Amérique centrale, a rappelé que cette année marquait le treizième anniversaire de la signature de l'Accord d'Esquipulas II. Il y a également dix ans, les gouvernements d'Amérique centrale sollicitaient la participations des Nations Unies à l'application de cet Accord. Dans la mise en place d'une paix stable et durable, les peuples et gouvernements d'Amérique centrale ont été accompagnés par l'ONU, le groupe des amis de l'Amérique centrale, des accords bilatéraux ainsi que le Groupe de Rio. Le représentant s'est félicité des nombreux progrès qu'a connu la région grâce à l'établissement de régimes politiques pluralistes. Ces progrès on été observés dans la consolidation de la démocratie et la bonne gouvernance dans l'instauration d'Etats de droit, en matière de respect des droits de l'homme et en ce qui concerne le développement durable. La signature de plusieurs accords régionaux et internationaux a également contribué à cette évolution.

L'appui des Nations Unies grâce à ses opérations de maintien de la paix notamment la Mission d'observation des Nations Unies en Amérique centrale, l'ONUSAL en El Salvador et la MINUGUA au Guatemala a contribué à cette structuration des Etats de la région. Ces missions ont été essentielles pour mettre un terme aux conflits armés, a souligné le représentant. Dans le domaine de la sécurité publique, il a fait état de l'amélioration et du renforcement du pouvoir civil et des institutions judiciaires. En matière économique, la participation à des accords régionaux de coopération économique a favorisé le développement durable et l'intégration commerciale.

Il a regretté que ces avancées en Amérique centrale aient été mises en danger par la catastrophe de l'ouragan Mitch, en octobre 1998. Depuis, les peuples de la région ont fait de grands efforts de reconstruction. Il a remercié la communauté internationale pour l'aide importante et rapide qu'elle a prodiguée à cette occasion. Le représentant a fait observer que cette solidarité s'exprime également dans la Déclaration de Stockholm, qui propose un plan d'action pour l'avenir, avec pour priorité: la transparence et la bonne gouvernance, la consolidation de la démocratie, le renforcement de la décentralisation grâce à la participation active de la société civile, la promotion des droits de l'homme avec une attention particulière apportée à l'égalité entre les hommes et les femmes, les droits des enfants et des groupes ethniques.

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a remercié les "amis" du processus de paix au Guatemala et s'est félicité de ce que le projet de résolution demande la présence continue de la Mission de vérification des Nations Unies dans son pays, un souhait partagé par tous les Guatémaltèques. Au cours de la campagne politique qui a précédé les premières élections qui se sont tenues il y a tout juste douze jours et dont les résultats définiront le deuxième tour de scrutin le 26 décembre, tous les partis politiques ont exprimé leur plein appui à la mise en oeuvre des Accords de paix, ainsi qu'au maintien de la présence au Guatemala de la Mission de vérification, ce qui n'est pas étonnant puisque cette Mission fait partie intégrante des Accords. La Minugua est devenue opérationnelle fin 1994 pour répondre à un accord entre le Gouvernement et l'Union révolutionnaire nationale guatémaltèque (UNRG) dans le cadre de l'Accord global sur les droits de l'homme signé en mars de la même année. Son mandat a toutefois été élargi de manière substantielle par l'Accord sur une paix ferme et durable signé en décembre 1996, demandant à la Minugua de vérifier l'exécution par toutes les parties des engagements contractés. Outre la vérification, le mandat de la Minugua prévoit l'exercice de bons offices et de facilitation, l'octroi de conseils et de services d'appui et de diffusion d'informations, a rappelé le représentant. S'il n'a pas été exempt de problèmes et de controverses, le travail de la Minugua a néanmoins été mené de manière exemplaire au bénéfice du Guatemala, a-t-il ajouté.

La présence de la Minugua a été cruciale pour le développement satisfaisant du processus de paix qui a enregistré des avancées remarquables. La transparence et la large participation qui ont caractérisé les élections générales ne sont que l'un des signes des progrès réalisés dans la consolidation d'une démocratie pluraliste. Pourtant, beaucoup reste à faire, comme en témoigne la résolution dont est saisie l'Assemblée, a poursuivi le représentant. Certains engagements importants qui devaient être mis en oeuvre au cours des trois dernières années ne l'ont pas été, ou ne l'ont été que partiellement. Il est impensable de ne pas pouvoir disposer de la présence et des bons offices de la Mission dans le cadre de l'application de l'Accord sur la mise en oeuvre, le respect et la vérification des Accords de paix, a-t-il déclaré. Dans la région d'Amérique centrale, en général, et au Guatemala en particulier, l'ONU a aidé les gouvernements et les sociétés civiles à trouver la voie de la réconciliation, tout en les aidant à s'engager aussi sur celle du développement. L'ONU a agi sans ordre du jour propre, guidée uniquement par les grands principes de la Charte et les orientations reçues au niveau national, a déclaré le représentant qui a plaidé pour la poursuite de la présence de l'ONU dans la région jusqu'à ce que la paix soit pleinement consolidée. En conclusion, il a invité l'Assemblée à appuyer le projet de résolution.

Mme MARJATTA RASI (Finlande) intervenant au nom de l'Union Européenne, des pays d'Europe centrale et orientale, et des pays associés, s'est félicitée de ce que tous les pays d'Amérique Centrale jouissent aujourd'hui d'un système démocratique et que des élections y aient lieu de façon démocratique et transparente. Evoquant les dégats produits par l'ouragan Mitch, elle a estimé que la Conférence de Stockholm avait jeté des bases solides pour la transformation et la reconstruction des pays concernés. Ainsi, un partenariat à long terme a été instauré, qui est guidé par des objectifs définis par les pays de la région et visant la réduction de la vulnérabilité écologique et sociale de la région, la consolidation de la démocratie et de la bonne gouvernance, la promotion du respect des droits de l'homme et de l'égalité des sexes ainsi que l'intensification des efforts pour réduire le fardeau de la dette extérieure. La représentante a rappelé que l'Union européenne avait soutenu les efforts régionaux et internatioanux en vue des négociations de paix depuis leur début. Cet appui politique a toujours été complété par une aide importante dans le domaine humanitaire et du développement économique.

Des progrès notables ont été accomplis en matière de droits de l'homme même si existent encore des lacunes dans le système judiciaire. La représentante a fait observer que la responsabilité de ces progrès revient essentiellement aux peuples d'Amérique Centrale eux-mêmes. S'agissant du cas du Nicaragua, la représentante a demandé que soit recherchée une solution rapide aux problèmes institutionnels et a déploré l'incarcération du Controleur général du Nicaragua. En ce qui concerne le Guatemala, elle a invité toute la communauté internationale à appuyer l'effort du Gouvernement de ce pays. Elle s'est félicité de l'achèvement récent du programme de rapatriement et a souligné la nécessité de poursuivre le processus de paix malgré les résultats du référendum qui s'est tenu en mai dernier. La représentante s'est déclarée préoccupée par les graves problèmes qu'engendre le manque de respect de la loi et de l'ordre. Seul un renforcement du système judiciaire permettra de mettre fin à l'impunité, a-t-elle déclaré.

La représentante a exprimé son plein appui au travail de la MINUGUA qui demeure le moteur des efforts déployés au niveau international. En El Salvador, la représentante a noté les progrès réalisés dans la mise en place des Accords de paix de 1992. Cependant, les parents de combattants décédés qui ne figuraient pas dans le recensement de 1993 connaissent de graves difficultés aujourd'hui. L'Union européenne appuie donc les efforts de l'ONU en vue du renforcement du processus de paix dans ce pays. A la quinzième

Conférence ministérielle de San José entre les pays de l'UE et les Etats membres du système d'intégration de l'Amérique Centrale, l'Union européenne a réitéré son soutien à la région, en particulier à la formation de la police civile et au développement de meilleures relations avec la population.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a rappelé que l'ouragan Mitch, l'une des catastrophes naturelles les plus terribles de ce siècle, avait suscité des actions d'entraide internationale, à laquelle la Norvège avait fortement contribué. Cette aide, a-t- elle précisé s'est étendue au-delà de la simple reconstruction, et a visé la mise en place de mécanismes permettant d'améliorer la vie en Amérique centrale à long terme, tout en encourageant une bonne gouvernance et plus de transparence et de démocratie

Le représentant de la Norvège a félicité le Guatemala pour la tenue d'élections présidentielles démocratiques. Il a déclaré que traduire les Accords de paix en réalité concrète restait un défi, et a regretté que les tentatives de réforme de la Constitution n'aient pas encore abouti à l'heure actuelle. M. Kolby a observé que le rapport de la Commission de vérité était particulièrement obscur, mais a reconnu que sa publication était déjà en elle-même un succès. Il a rappelé que la Norvège avait contribué à l'élaboration des accords de paix au Guatemala, quelque 100 millions de couronnes norvégiennes par an pendant cinq ans, étant ainsi l'un des principaux contributeurs à la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA). Il a insisté sur la nécessité de proroger le mandat de la MINUGUA et a encouragé les Guatémaltèques à rester unis maintenant que les fondations sont posées pour une nation avec des droits égaux pour tous.

M. BASUDEB ACHARIA (Inde) a souligné l'interaction croissante entre son pays et les pays d'Amérique centrale dans plusieurs domaines. Ainsi, outre sa participation aux missions de l'ONU en El Salvador et au Nicaragua, l'Inde s'efforce de partager son expertise technique avec les pays de la région dans le cadre du Programme indien de coopération technique et économique. Le représentant s'est félicité du fait que les avancées démocratiques dans la région aient été renforcées en dépit des difficultés sociales internes, aggravées par les réseaux criminels régionaux et internationaux. Evoquant les cas troublants de menaces contre des membres de l'appareil judiciaire, il a indiqué que l'Amérique centrale n'était pas seule à faire face à des défis posés à des gouvernements démocratiquement élus par des terroristes et des criminels, appuyés par des forces extérieures. Il a donc appelé la communauté internationale à lancer une action concertée efficace contre ces terroristes et ces éléments criminels qui, utilisant le système financier international et exploitant les problèmes du sous-développement, cherchent à déstabiliser des gouvernements démocratiquement élus. Evoquant les ravages de l'ouragan Mitch l'an dernier, le représentant s'est félicité de l'aide apportée par la communauté internationale pour la reconstruction des pays touchés et a indiqué que, malgré ses propres contraintes, l'Inde avait fourni, elle aussi, une aide symbolique.

Le développement économique et social est indispensable si l'on veut que les populations gardent confiance en la démocratie, a déclaré le représentant. Il a invité la communauté internationale à soutenir les efforts déployés dans ce domaine par les pays d'Amérique centrale. M. Acharia a appuyé les propositions du Secrétaire général visant à ce que l'allégement de la dette ne se fasse pas au détriment de l'aide publique au développement et que le remboursement de celle-ci par les pays les plus pauvres n'entrave jamais la satisfaction des besoins des populations. A cet égard, il a souligné la nécessité d'assurer un environnement économique international équitable et favorable à la croissance et au développement des pays en développement. L'Inde est toutefois préoccupée par la proposition avancée par les bailleurs de fonds visant à lier l'allègement de la dette et l'aide publique à l'orientation des dépenses publiques vers la diminution de la pauvreté et le renforcement des institutions publiques qui aspirent à assurer le respect des droits de l'homme, la gouvernance démocratique, la transparence, la participation et la primauté du droit. En Amérique centrale, le problème fondamental est, de l'avis de l'Inde, les inégalités flagrantes qui doivent être résolues par l'allègement de la pauvreté dans toute la région. Si la communauté internationale doit aider à réaliser les objectifs de la paix et de la prospérité en Amérique centrale, l'élan doit venir des pays d'Amérique centrale eux-mêmes, a déclaré le représentant.

M. CARLOS BIVERO (Venezuela) a félicité les gouvernements de la région qui construisent, après de longs conflits des société renouvelées et dynamiques en Amérique centrale. Il n'en veut pour preuve que le pluralisme politique et le nouvel élan donné à l'intégration régionale. Malgré les catastrophes, différentes initiatives comme l'Alliance pour le développement durable ont su soutenir ce processus important, permettant de faire de l'Amérique centrale une région de paix, de liberté, de démocratie et de développement.

Evoquant les problèmes qui demeurent dans la région, notamment là où sévissent encore des conflits, le représentant a félicité l'ONU de son appui déterminé qui contribue directement ou indirectement aux processus de paix et de démocratisation en cours. Il a fait observer que le travail du PNUD en El Salvador et de la MINUGUA au Guatemala méritent l'appui de la communauté internationale. Il a appelé à un ferme engagement international à contribuer au relèvement et à la reconstruction de ces pays. Le Venezuela participe notamment aux efforts de réparation des conséquences de l'ouragan Mitch, initiés à Washington en 1998, et en tentant d'alléger autant que possible les termes de financement des projets de reconstruction pour les pays les plus touchés. Il a souligné l'importance qu'il y a à participer au processus de dialogue politique et de coopération économique engagé par l'Amérique centrale avec l'Union européenne et connu sous le nom de processus de San José, et qui permet un contact plus direct entre la réalité et les intérêts de la région ainsi que les effort entrepris par la communauté internationale pour y remédier. Le représentant a fait observer que l'exercice permanent de coordination au niveau de la région facilite le travail, notamment grâce au système d'intégration centre- américain (SICA). M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) s'est félicité de ce que les annonces de contributions pour la reconstruction et le relèvement de l'Amérique centrale, auxquelles le Japon a participé aient largement dépassé les montants attendus. Il s'est également félicité des élections présidentielles qui ont eu lieu au Guatemala et a noté avec satisfaction la contribution vitale que la Mission de vérification des Nations Unies pour le Guatemala (MINUGUA) a apportée au maintien du processus de paix au Guatemala. Il a rendu hommage au Gouvernement et au peuple d'El Salvador pour les élections présidentielles pacifiques qui se sont déroulées cette année, qui attestent des progrès accomplis dans le processus de démocratisation dans ce pays.

La paix et la démocratie ne peuvent pas pleinement s'épanouir si elles ne sont pas soutenues par des efforts de développement, a-t-il rappelé. C'est pour cela que la délégation japonaise est préoccupée à l'idée que les efforts de démocratisation, de libéralisation économique et de lutte contre la pauvreté en Amérique centrale ne soient entravés par les conséquences de l'ouragan Mitch. Le Japon a fourni une assistance d'urgence qui s'est élevée à 6.6 millions de dollars; il a dépêché une équipe de 205 secouristes au Honduras et une équipe médicale de 16 personnes au Nicaragua. Le Japon avait annoncé au mois de mai cette année que vers la fin de 1999, il apporterait au quatre pays de l'Amérique centrale touchés par l'ouragan, une assistance de 300 millions de dollars afin de soutenir les efforts de reconstruction. Cette promesse a été tenue.

M. PHILIP McLEAN (Etats-Unis) a appuyé la prorogation du mandat de la MINUGUA jusqu'au 31 décembre 2000 et a rappelé sa contribution importante à la promotion de la paix et de la réconciliation nationale au Guatemala. La Mission a encouragé les droits de l'homme, renforcé le processus démocratique et aidé à donner la parole aux nombreux secteurs de la société guatémaltèque qui ne l'avaient pas. Elle continue à promouvoir une législation positive et des réformes administratives. Pour les Etats-Unis, la MINUGUA n'est pas une mission permanente ou une mission dont le mandat doit être prorogé indéfiniment. Néanmoins, on se trouve à un moment crucial de la mise en oeuvre des accords de paix. Les Guatémaltèques ont élu un nouveau congrès et compléteront le processus d'élection d'un président le 26 décembre prochain. Avec un nouveau gouvernement, devant entrer en fonction en janvier prochain, les Etats-Unis estiment qu'il est approprié de proroger la Mission. Des progrès significatifs ont été enregistrés en ce qui concerne les droits de l'homme et les droits des travailleurs, ainsi que pour ce qui est de la participation de la société civile, mais l'année 2000 sera critique pour la consolidation de ces avancées. Proroger le mandat de la Mission jusqu'en 2000, lui permettra d'encourager le nouveau Gouvernement à poursuivre le processus de paix et à appliquer pleinement les Accords de paix. Cette présence permettra de consolider les progrès réalisés par la MINUGUA et le peuple guatémaltèque, en accordant le temps nécessaire au renforcement du processus qui se poursuivra après le départ de la MINUGUA.

Le représentant a souligné les succès remportés par la MINUGUA, en particulier en ce qui concerne la promotion des femmes et l'intégration des populations autochtones. La MINUGUA a travaillé avec des groupes de droits de l'homme pour créer des commissions au sein du Gouvernement et des forces armées pour surveiller les violations des droits de l'homme et moderniser le système judiciaire. Elle travaille avec d'autres organisations pour maintenir des centres dans le pays qui fournissent des soins de santé aux pauvres. Une commission a été créée en vue de réformer le système d'éducation et d'assurer la scolarisation de tous les enfants entre 7 et 12 ans. La prorogation du mandat de la MINUGUA contribuera à la poursuite du processus de réconciliation et de reconstruction dont le Guatemala et sa population ont tant besoin, a déclaré le représentant qui en a profité pour encourager le Gouvernement de ce pays à travailler en étroite collaboration avec la MINUGA afin d'assurer que les Accords de paix soient pleinement mis en oeuvre.

M. GELSON FONSECA (Brésil) s'est félicité des progrès réalisés dans le processus de consolidation de la paix en Amérique centrale. Il a mentionné à cet égard les élections libres qui ont eu lieu récemment au Guatemala, en El Salavador et à Panama. Il a néanmoins fait observer que ces Etats doivent encore faire face à de nombreux défis et qu'un effort durable et constant est indispensable à l'application complète des Accords de paix. M. Fonseca a salué les différentes initiatives prises pour sensibiliser l'opinion publique aux questions relatives aux Accords de paix et à la nécessité d'une réconciliation nationale. Le représentant a accueilli avec satisfaction les efforts concertés déployés par les pays de cette région pour faire face aux défis économiques et sociaux à venir. Il a particulièrement salué la déclaration commune des présidents des pays d'Amérique centrale, dans laquelle ils affirment leur détermination à mener d'une action coordonnée en ce qui concerne des questions aussi importantes que la protection des droits de l'homme des migrants, la lutte contre le trafic de drogue et l'intégration économique de la région.

M. Fonseca a déclaré que la reconnaissance de la nécessité d'une action commune a également inspiré la Déclaration de Stockholm, de mai 1999, dans laquelle les pays membres du Comité consultatif ont réaffirmé leur engagement à aider l'Amérique centrale dans cette situation critique. De même, les Nations Unies continuent de travailler dans la région par le biais de la Mission de vérification au Guatemala (MINUGUA) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce dernier poursuivra aussi ses activités visant à réduire la vulnérabilité sociale et économique de la région, de même qu'à aider à consolider la démocratie et la bonne gouvernance. Le représentant a également évoqué l'aide apportée par le Brésil à la région en prenant part aux efforts visant à consolider la paix et la sécurité. Le Brésil a aussi participé activement au Groupe de soutien au processus de Contadora. M. Fonseca a en outre rappelé que son pays a mis des unités de police et des agents de liaison à la disposition de la MINUGUA et prend part aux activités de l'Organisation des Etats américains relatives au déminage au Costa-Rica, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua. En ce qui concerne l'assistance fournie après l'ouragan Mitch, le Brésil a notamment fourni 18 tonnes de matériel médical aux quatres pays les plus durement touchés et a envoyé une mission de reconnaissance pour évaluer les dégâts, au niveau des infrastructures, au Honduras et au Nicaragua. Le représentant a annoncé que son président a présenté au congrès une proposition d'annulation de la dette souveraine du Nicaragua et d'El Salvador.

M. MICHEL DUVAL (Canada) s'est félicité d'être un des coauteurs du projet de résolution qui demande la prorogation de la Mission de vérification des Nations Unies au Guatemala (MINUGUA) pour une période de 12 mois. Il a reconnu que la MINUGUA continuait de jouer un rôle précieux en appuyant le processus de paix dans ce pays et en étant le symbole de la détermination de la communauté internationale à respecter le souhait du peuple guatémaltèque de voir s'instaurer une paix juste et durable. Le Canada, a-t-il poursuivi souhaite améliorer encore plus l'efficacité de la MINUGUA et espère coopérer l'année prochaine avec les amis du Guatemala et les autres parties concernées. Il a expliqué que comme la MINUGUA comporte certains aspects essentiellement dérivés des opération du maintien de la paix, il est important pour des raisons de continuité et d'efficacité de tirer parti des conseils et des compétences du Département des affaires politiques mais aussi de créer un mécanisme de reddition dans le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et cela pour que la MINUGUA puisse bénéficier des compétences considérables du DOMP pour s'assurer que la police civile soit utilisée de façon à contribuer au maximum à la paix au Guatemala.

M. Duval a estimé important que le rôle de la police de la MINUGUA soit clairement défini afin qu'elle puisse contribuer à la vérification du respect des droits de la personne. Le Canada, qui contribue à la police civile de la MINUGUA souhaite faire en sorte que la police internationale puisse offrir des formations utiles dans les secteurs tels que la police communautaire et le respect des droits de la personne, a-t-il indiqué. Il a également proposé que la police de la MINUGUA fasse de la formation sur le terrain et conseille la police nationale guatémaltèque. M. Duval a exprimé l'espoir d'examiner les possibilités d'améliorer davantage l'administration de la MINUGUA. Le représentant a déclaré que son pays aimerait aussi, au cours de l'année, examiner avec d'autres Etats Membres la question de la création d'un poste de Chef de l'administration, ayant toute autorité sur le budget. Il a indiqué que la MINUGUA qui joue un rôle essentiel dans le processus de paix au Guatemala est un modèle pour d'autres missions politiques ou de consolidation de la paix organisées sous l'égide de l'ONU.

Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) a indiqué que l'Argentine avait apporté sa contribution depuis le début, au processus de paix en Amérique centrale. Convaincue qu'un cadre de paix est indispensable au développement, la représentante a exprimé son admiration face à la rapidité de la reprise dans la région et en particulier face au rétablissement de la démocratie. Ce choix d'une culture de paix et de tolérance doit être adopté comme exemple dans d'autres régions affligées par des conflits chroniques, a-t-elle suggéré, car l'évolution qu'a connue la région de l'Amérique centrale démontrée qu'il est possible d'envisager la réconciliations nationale et la réinsertion sociale. Cependant, la catastrophe naturelle provoquée par l'ouragan Mitch a dévasté le système de production économique et a affaibli le processus de relance et de développement. Ainsi l'aide accordée n'a pu être dévolue à des investissements économiques, a constaté la représentante. L'Amérique centrale a besoin d'une aide directe, mais il faut que ses produits puissent trouver un accès aux marchés et que sa dette puisse être allégée. La représentante a réitéré son engagement en faveur des pays de la région.

M. JORGE PEREZ OTERMIN (Uruguay) a souligné que l'évolution politique, sociale et économique montrent aujourd'hui une Amérique centrale libre de conflits armés, avec des institutions démocratiques renforcées et riches d'une paix consolidée, des droits de l'homme protégés et d'une intégration régionale. Il a déclaré que ces transformations étaient d'abord le fait des peuples et des gouvernements de la région eux-mêmes, mais qu'il convient également de reconnaître et de valoriser l'oeuvre des opérations de maintien de la paix et des missions de vérification et d'observation de l'ONU depuis 1989. En tant que pays contributeur à ces missions, l'Uruguay appuie sans réserve les activités de la MINUGUA jusqu'à la fin du processus de paix en l'an 2000, a souligné le représentant.

Le représentant s'est félicité du processus de coopération et d'intégration entrepris par les pays d'Amérique centrale depuis la Déclaration de Nicaragua en septembre 1997 et les Accords d'Esquipulas, et qui contribuent à la paix et à la stabilité dans la région. Le représentant a également réitéré la conviction de l'Uruguay selon laquelle il n'y aura pas de paix sans développement. Dans les circonstances actuelles, cela rend la coopération, notamment celle de la communauté internationale, indispensable pour consolider les processus de paix. L'Uruguay continuera de soutenir à cet égard ses pays frères d'Amérique centrale afin que vive une Amérique latine pacifique, démocratique, intégrée et prospère.

M. INOCENCIO ARIAS (Espagne) s'est associé à la déclaration de l'Union européenne, mais a ajouté quelques remarques en tant que membre du "groupe des amis du Secrétaire général" pour les pays d'Amérique centrale. A ce titre, l'Espagne continue d'appuyer le processus de paix au Guatemala qui se fonde sur les efforts de toute la société guatémaltèque. Malgré les résultats décevants du référendum de mai dernier, le représentant espère que ce processus se poursuivra aussi bien durant le processus électoral actuel qu'après l'installation des représentants élus.

Le représentant a indiqué que l'Espagne était fière de participer depuis le début à la MINUGUA, et d'être le premier contributeur étranger en fonction du nombre de ses participants. Il a exprimé l'espoir que le mandat de la MINUGUA sera prorogé jusqu'à la fin de l'an 2000.

Evoquant les conséquences de l'ouragan Mitch, le représentant s'est félicité de ce que la Conférence de Stockholm ait jeté les bases de la coopération pour la reconstruction des pays touchés. Il a engagé les pays donateurs à honorer dès que possible leurs promesses de contributions. L'Espagne est heureuse d'accueillir depuis septembre dernier le Secrétariat pro tempore du mécanisme de suivi de la Déclaration de Stockholm, et continuera de pourvoir une assistance humanitaire et de reconstruction aux pays touchés.

UNIVERSITE DE LA PAIX (Point 21)

Rapport du Secrétaire général (A/54/312)

Depuis 1997 et en 1999 notamment, l'ONU a entrepris une action vigoureuse pour revitaliser l'Université, à laquelle ont participé le Secrétaire général, l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), et le Gouvernement hôte, le Costa Rica. Le rapport du Secrétaire général décrit les mesures qui ont été prises et les perspectives d'avenir. Les propositions inscrites dans le cadre du processus de réforme ont été guidées par la conviction selon laquelle la mission confiée à l'Université pour la paix est plus impérative que jamais, de même que la nécessité de la mener à bien. Il s'agit de réorganiser, de renforcer et d'internationaliser davantage l'Université afin de la mettre en mesure de contribuer plus efficacement aux programmes de l'ONU touchant à la paix et la sécurité et à la réalisation des objectifs de la Charte. La composition du Conseil a été complètement renouvelée et Maurice Strong en a été élu président.

Les nouveaux responsables ont entamé un processus d'examen approfondi de tous les programmes, capacités et moyens de l'Université actuels de manière à élaborer une nouvelle stratégie à long terme comportant des propositions de programmes et de budget ainsi que des plans de travail et de gestion qui seront présentés au Conseil lors de sa réunion de novembre. Dans un premier temps, la nouvelle direction s'est attachée à remanier les procédures et pratiques en matière de gestion, y compris du personnel et de comptabilité, afin que ceux-ci répondent aux critères internationaux les plus rigoureux. Par ailleurs, on procède à un examen complet de tous les programmes, contacts et pratiques actuels de l'organisation.

Le rapport énumère ensuite les programmes existants et les programmes envisagés. Il appartiendra au Conseil, lors de sa session qui se déroulera les 22 et 23 novembres prochains, de déterminer les priorités, compte tenu des domaines dans lesquels l'Université peut apporter la contribution la plus originale et la plus précieuse aux objectifs premiers de l'ONU. D'ores et déjà, un financement, encore que modeste, a été réuni pour que l'on procède aux premières évaluations de programmes envisagées. Compte tenu des mesures d'envergure en cours de réalisation, qui visent à doter l'Université d'une structure administrative et technique solide, un appui politique et financier correspondant de la part des Etats Membres permettrait de relancer les perspectives à long terme de l'Université.

Adoption d'une résolution

Aux termes de la résolution sur l'Université pour la paix (A/54/L.30), présentée par le Costa Rica au nom des coauteurs et adoptée sans vote telle qu'amendée oralement, l'Assemblée générale prie le Secrétaire général d'envisager de recourir à l'Université pour la paix à l'appui des efforts qu'il mène pour régler les conflits et construire la paix. Elle invite les Etats Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales et les particuliers intéressés à contribuer directement au Fonds d'affectation spéciale pour la paix ou au budget de l'Université. Elle invite également les Etats Membres à adhérer à l'Accord portant création de l'Université pour la paix et à témoigner ainsi leur soutien à un établissement qui a pour mission de promouvoir une culture de paix universelle. L'Assemblée invite les Etats Membres, les organisations intergouvernementales, les organisations non gouvernementales et tous les peuples du monde à célébrer "Un jour de paix, le 1er janvier 2000".

Débat

Mme NURY VARGAS (Costa Rica) s'est félicitée de l'existence d'une Université dédiée à la paix depuis 1980 et dont le programme enseigne la paix, l'éducation, la communication, la concertation et les droits de l'homme. Ainsi, du fait que ses enseignements sont tous tournés vers l'avènement de la paix, elle peut être considérée comme une réponse à un besoin à la fois évident et urgent. En dix-neuf ans d'activité, elle a traité tant de la résolution pacifique des conflits que de la construction de consensus, de la concertation dans le domaine du travail que de la formation des dirigeants indigènes. Elle s'est montrée particulièrement active en Amérique centrale, a souligné Mme Vargas, qui a également évoqué la création en 1997 du Centre mondial de recherche et d'information pour la paix à Montevideo, en Uruguay, et l'intérêt que porte l'Université à plusieurs conventions de protection des droits de l'homme qui visent à atteindre le même objectif.

M. SUH DAE-WON (République de Corée) a rappelé les buts et objectifs que ses fondateurs avaient à l'esprit lors de la création de l'Université pour la paix. Il a aussi souligné le caractère unique de cet établissement et a regretté que l'Université ait vu ses activités se réduire au cours des deux dernières années et en raison de contraintes financières. Il a néanmoins pris note avec satisfaction du fait que l'Université est à présent en cours de révitalisation. Le représentant a exprimé l'espoir que la prochaine réunion du Conseil de l'Université, qui doit se tenir au début de la semaine prochaine, sera une étape décisive dans le lancement de la "nouvelle" Université pour la paix.

En ce qui concerne les programmes de l'Université, le représentant a indiqué qu'il fallait envisager la possibilité de voies nouvelles pour assurer la paix, car il ne s'agit pas simplement de supprimer la violence mais de faire disparaitre les causes profondes des conflits. Il a accueilli avec satisfaction le fait que les programmes de l'Université ont progressé et traitent le thème de la paix de façon réaliste et complète. Il a indiqué que l'Université aurait plus de succès si elle se tissait un réseau académique avec d'autres établissements, grâce à des échanges dans divers domaines. Il a expliqué que l'Université a aussi besoin d'un soutien financier adéquat et proportionné, provenant de différentes sources. Il a précisé que l'on pourrait encourager à cet égard les financements privés. Il a rappelé que son Gouvernement a contribué au financement et à l'équipement de l'Université et a annoncé qu'il continuerait d'aider cet établissement.

Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) s'est félicitée de ce que l'Université de la paix contribue activement a l'établissement par l'éducation d'une culture de la paix, de la tolérance et de la coexistence pacifique. De ce point de vue, l'institution acquiert une importance particulière face à la réalité de sociétés en guerre de longue date, et qui ont adopté la violence comme mode de vie. La représentante a fait observer que l'Université a de ce point de vue une grande expérience à apporter à la communauté internationale. L'Argentine invite les Etats Membres, les organismes intergouvernementaux et les ONG à contribuer au Fonds d'affectation spéciale pour la paix ou directement à l'Université. Cette dernière pourra alors disposer des moyens nécessaires à la diffusion de ses valeurs et à faire preuve d'une plus grande participation au processus de consolidation de la paix à travers le monde.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s'est déclaré satisfait de l'évaluation des méthodes d'administration, de personnel et de finance de l'Université mise en place par le Secrétaire général, en vue de la revitalisation de cette noble institution. Le Bangladesh partage la conviction selon laquelle l'Université peut apporter une contribution réelle à la paix et au bien-être de l'humanité. Les événements de par le monde nous rappellent la nécessité de la recherche et de l'éducation sur la paix a-t-il indiqué.

Dans ce contexte, nous nous félicitons des améliorations apportées au programme de l'Université et sommes satisfaits que les programmes futurs soient plus nombreux et aient trait à davantage de thèmes, comme la culture universelle pour la paix, l'environnement, le développement économique, la démocratie et le rôle des médias, a-t-il indiqué. Le Bangladesh souhaiterait que l'Université prenne un caractère véritablement universel et ait une vocation mondiale. M. Chowdhury a regretté la situation financière précaire de l'Université, qui de ce fait est obligée de restreindre ses activités. Il a déclaré que la prévention étant préférable à la guérison, nous avons besoin d'apprendre, d'enseigner et de précher la paix, ou plus simplement une culture de paix, et que l'Université pour la Paix peut contribuer largement, avec les moyens nécessaires, à la réalisation de cet objectif.

M. AZAD BELFORT (Haïti) a déclaré que sa délégation apporte son plein appui au renforcement de la coopération entre l'Organisation des Nations Unies et l'Université pour la paix qui a son siège au Costa-Rica. Il a mis l'accent sur le fait qu'au moment où un certain réalisme étroit domine encore l'esprit et le système actuel des relations internationales, on ne peut que saluer et admirer le travail, certes embryonnaire mais essentiel, accompli par les responsables de cet établissement d'enseignement supérieur. Le représentant a rappelé que la paix est l'autre nom du développement, car ces deux concepts sont devenus interactifs. M. Belfort s'est demandé si les conflits qui agitent notre monde et sèment le deuil au sein des populations n'ont pas leurs sources dans une certaine absence de solidarité et un processus lent mais progressif d'exclusion.

Le représentant a remercié le Secrétaire général pour son rapport, qui permet de saisir les véritables enjeux du prochain millénaire. Ces enjeux peuvent être enclos dans la notion de "sécurité humaine". Il a estimé que cette nouvelle notion sera sans aucun doute au coeur de la problématique de la société globale du XXIème siècle. Il a expliqué que dans un monde encore régi par un réalisme étroit, parfois stérile mais toujours destructeur, il est évident que ceux qui envisagent un lendemain meilleur pour l'humanité auront beaucoup à faire pour impulser définitivement cette dynamique du changement si nécessaire à un développement humain durable. C'est dans cette perspective que s'inscrit sans aucun doute la philosophie qui sous-tend le programme de l'Université pour la paix. M. Belfort a rappelé que l'ONU et l'UNESCO ont pris des dispositions afin de revitaliser l'Université pour la paix, d'élargir ses programmes et ses moyens d'action pour lui permettre d'accomplir sa mission fondamentale à savoir, réduire les obstacles et la menace à la paix et aux progrès dans le monde. Et cela sans recourir au trop fameux Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, mais en faisant notamment appel au sens de la solidarité, a-t-il ajouté. Il a félicité les responsables de l'Université pour la paix d'avoir pensé à inclure dans leurs programmes les valeurs éthiques et spirituelles qui peuvent servir de propédeutique à l'établissement d'une véritable culture de la paix. Le représentant a estimé qu'au siècle prochain, il appartiendra à l'Assemblée générale de faire de cette Université un créneau de choix dans le dispositif de défense de la paix.

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