AG/SHC/452

EN CONCLUSION DU DEBAT SUR LES REFUGIES, PLUSIEURS TYPES DE PARTENARIATS SONT EVOQUES POUR RENFORCER LA PROTECTION

17 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/452


EN CONCLUSION DU DEBAT SUR LES REFUGIES, PLUSIEURS TYPES DE PARTENARIATS SONT EVOQUES POUR RENFORCER LA PROTECTION

19991117

Les priorités doivent être établies sur la base d'une évaluation neutre des situations et non en fonction de la couverture médiatique

La Troisième Commission a achevé, ce matin, son débat général sur les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées et questions humanitaires qu'elle avait entamé le vendredi 12 novembre. M. Kofi Asomani, Directeur du Bureau de liaison à New York du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, lors de ses remarques de conclusion, s'est félicité de l'accession de la Géorgie, du Kazakhstan et du Swaziland à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967, ce qui porte à 139 le nombre d'accessions à ces instruments.

Rappelant que le Comité exécutif du Programme du Haut Commissaire a insisté sur la nécessité de renforcer les partenariats et d'en créer de nouveaux à l'appui de la protection et de la sécurité des réfugiés, M. Asomani s'est félicité du fait que plusieurs types de ces partenariats aient été évoqués au cours du débat, faisant appel à la coopération entre les gouvernements, les institutions des Nations Unies, les divers organes intergouvernementaux, les organisations régionales, les organisations non gouvernementales et le secteur privé.

M. Armas Rahola, Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge s'est félicité du fait que la collaboration entre le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), les organisations non gouvernementales et la Croix-Rouge commence à porter ses fruits. En outre, il a fait état du plan d'action adopté par la 27ème Conférence du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui demande, entre autres, l'application des Principes directeurs sur les personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres frontières. L'Observateur s'est inquiété du rôle trop important, selon lui, joué par les médias dans la réponse apportée aux crises. Il a insisté sur le fait que les priorités doivent être établies sur la base d'une évaluation neutre et impartiale des besoins sur le terrain.

Les Représentants des pays suivants ont pris part au débat: Pakistan et Arménie. L'Observateur de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a fait une déclaration. Le Directeur du Bureau de liaison à New York du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés a présenté des remarques de conclusion.

La Commission se réunira cet après-midi, à partir de 15 heures, pour entendre la présentation de projets de résolution sur plusieurs points de son ordre du jour et se prononcer sur une série de ceux qui lui ont déjà été présentés.

RAPPORT DU HAUT COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES REFUGIES: QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, AUX RAPATRIES ET AUX PERSONNES DEPLACEES ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Fin du débat général

Mme TEHMINA JANJUA (Pakistan) a partagé l'avis d'Amnesty International selon qui "une fois qu'une tragédie humaine est en cours, la communauté internationale a la responsabilité de protéger les réfugiés qui la fuient... La communauté internationale a également l'obligation de s'assurer que les coûts liés à la protection des réfugiés soient équitablement partagés quel que soit l'endroit vers lequel les réfugiés ont fui". Le fait est que l'ampleur de la crise des réfugiés menace le régime de protection international, a estimé la Représentante. Elle a précisé que le partage des responsabilités doit englober non seulement la répartition des coûts mais aussi des réfugiés.

La Représentante a déclaré que le Pakistan est l'un des principaux "donateurs" au HCR car il s'agit d'un des pays qui accueille le plus grand nombre de réfugiés. En dépit du fait qu'environ deux millions de réfugiés afghans soient retournés dans leur pays, environ 1,8 million d'entre eux sont encore au Pakistan. L'aide internationale en faveur des réfugiés afghans s'étant tarie, c'est le Pakistan qui doit assumer cet onéreux fardeau. Les réfugiés sont de ce fait obligés de quitter les camps pour chercher du travail dans les centres urbains. Ce mouvement de masse vers les villes a aggravé les problèmes de sécurité et d'ordre, ainsi qu'économiques, sociaux et environnementaux déjà provoqués par la présence d'un si grand nombre de réfugiés. Les réfugiés sont en trop grand nombre pour pouvoir être intégrés localement, a souligné la Représentante. Peut-on, en toute justice, demander à un pays d'intégrer localement la population entière d'un autre pays, s'est-elle interrogée.

Les réfugiés afghans devront continuer de recevoir l'assistance de la communauté internationale tant qu'ils se trouveront au Pakistan, a souligné la Représentante. La situation en Afghanistan ne peut être invoquée pour ignorer les besoins légitimes des réfugiés afghans au Pakistan. Bien que 90% du territoire afghan soit en paix, un retour durable des réfugiés ne peut se faire sans l'aide de la communauté internationale afin de reconstruire certaines zones. A cet égard, la Représentante a appelé le Haut Commissariat aux réfugiés à jouer un rôle catalytique pour mobiliser l'assistance de la communauté internationale afin de faire face à la dégradation de l'environnement ainsi qu'à l'impact économique et social des populations massives de réfugiés dans les pays en développement. Ceci est particulièrement important lorsque d'importantes populations de réfugiés restent pendant des périodes prolongées dans des pays hôtes en développement.

La Représentante a en outre regretté que les normes et principes qui sont fermement défendus par les pays occidentaux dans le domaine des droits de l'homme, soient ignorés ou même mis de côté lorsqu'il s'agit de situations concernant des réfugiés. Il faut toujours garder à l'esprit que toute situation de réfugiés a une dimension liée aux droits de l'homme. La Représentante s'est également inquiétée des manquements au respect des droits des réfugiés et au droit d'asile, qui sont internationalement reconnus.

Mme ANNA AGHADJANIAN (Arménie) a indiqué que le nombre de réfugiés qui ont fui vers l'Arménie suite aux massacres de 1988 de la ville azerbaïdjanaise de Sumgaït, aux pogroms de 1990 de Baku et durant la guerre du Haut-Karabakh, s'élève à 12% de la population totale. Elle a rappelé que les Arméniens qui vivaient en Azerbaïdjan, y compris au Haut-Karabakh, étaient privés du droit de préserver leur identité nationale, leur culture, leur langue et leur religion. Depuis 1988, un Arménien sur deux au Haut-Karabakh est devenu un réfugié ou une personne déplacée, même ceux qui avaient contracté des mariages mixtes ont dû s'enfuir pour préserver leur vie. Le Gouvernement arménien a dû s'efforcer, en dépit des circonstances économiques difficiles dues à la désintégration de l'Union soviétique et au blocus des principales voies de communication imposé par l'Azerbaïdjan, de subvenir aux besoins de plus d'un demi-million de réfugiés et de les intégrer à la société puisque leur retour en Azerbaïdjan n'était et ne demeure pas envisageable. La Représentante a rappelé qu'alors l'Arménie se relevait à peine des conséquences du tremblement de terre de 1988.

Néanmoins, le Gouvernement arménien a respecté ses engagements et offert une compensation aux Azerbaïdjanais qui ont fui l'Arménie sans pouvoir vendre leur maison. La Représentante a regretté que la compensation du Gouvernement azerbaïdjanais se fasse toujours attendre, alors même que celle-ci aurait apporté une aide considérable à la mise en oeuvre du Programme d'action de la Conférence sur les réfugiés de la Communauté des Etats indépendants, dont l'Arménie et l'Azerbaïdjan sont tous deux signataires.

Elle s'est félicitée de l'annonce faite par le Représentant azerbaïdjanais concernant la libération des prisonniers de guerre arméniens en Azerbaïdjan, mais elle a regretté que celui-ci ait omis d'annoncer que les prisonniers azerbaïdjanais en Arménie ont été relâchés dès mars 1997. En outre, relevant que le Représentant de l'Azerbaïdjan avait fait état d'un million de réfugiés et personnes déplacées azéri, elle a mis en doute ce chiffre et s'est étonnée que ces personnes n'aient pas été réinstallées dans les maisons abandonnées par les centaines d'Arméniens et s'est demandée quels intérêts sont servis par le maintien, peut-être délibéré, des réfugiés dans les camps. La Représentante a annoncé que la phase d'urgence en Arménie touche à sa fin et que le HCR se concentre désormais sur la naturalisation des réfugiés et sur leur intégration complète dans la société arménienne, dans la mesure où leur rapatriement est impossible dans les conditions actuelles. En conclusion la Représentante a exprimé sa gratitude au HCR et au personnel humanitaire.

M. ARMAS RAHOLA, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, a déclaré qu'une plus grande coopération était nécessaire entre les différents acteurs intervenant dans la résolution des crises de réfugiés, notamment entre les Etats et les donateurs. La collaboration entre le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), les ONG et la Croix-Rouge commence à porter ses fruits. Le partage des connaissances et d'expériences sur la question semble être la voie la plus intéressante.

Au sein même du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la 27ème Conférence a adopté un plan d'action qui demande, entre autres, à la Fédération internationale, à ses sociétés nationales et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), de tenir compte des Principes directeurs sur les personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres frontières. Par ailleurs, le Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a développé la coordination interne, entre ses différentes composantes, ce qui permet un partage du travail plus efficace pour répondre aux crises complexes telles qu'en Tchétchénie.

La couverture médiatique au Kosovo et, dans une moindre mesure, en Tchétchénie a fait oublier à la communauté internationale d'autres crises importantes, en Angola, au Soudan, en Ethiopie/Erythrée et en Colombie. La Fédération internationale est très préoccupée par le rôle primordial que semble jouer les médias dans le traitement des crises de réfugiés par la communauté internationale. La Fédération internationale souligne que l'assistance devait être uniquement apportée en fonction des besoins du terrain. Les priorités doivent-elles aussi être établies sur la base d'une évaluation neutre et impartiale de ces besoins.

L'une des plus grandes préoccupations de la Fédération internationale est aujourd'hui la sécurité du personnel humanitaire. Le changement de nature des conflits a profondément marqué la situation sur le terrain où les personnels humanitaires doivent aujourd'hui avoir autant des connaissances dans leur domaine que dans celui de la sécurité proprement dite. Le personnel humanitaire doit recevoir, à cet effet, une formation adéquate. Enfin, la Fédération internationale souligne que l'utilisation d'une protection armée par les humanitaires doit être mise en équation avec les sérieux risques de confusion qu'elle induit.

Remarques conclusives du Directeur du Bureau de liaison à New York du HCR

M. KOFI ASOMANI, Directeur du Bureau de liaison à New York du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, s'est félicité de l'accession de la Géorgie, du Kazakhstan et du Swaziland à la Convention de 1951 et au Protocole de 1967, ce qui porte à 139 le nombre d'accessions à ces instruments.

Rappelant que le thème choisi par le Comité exécutif du Haut Commissaire pour sa cinquantième session était la nécessité de renforcer le partenariat dans l'intérêt de la protection et de la sécurité, le Directeur s'est félicité de ce que les déclarations des délégations s'y soient référées. Plusieurs types de partenariats ont été évoqués, avec et entre les gouvernements, les institutions des Nations Unies, les autres organes intergouvernementaux, les organisations régionales, la communauté des organisations non gouvernementales et avec de nouveaux partenaires tels que le secteur privé. Dans le contexte d'un espace humanitaire parfois "surpeuplé", les questions de coordination ont également été abordées. La question de la sécurité des réfugiés, des Etats déstabilisés par les mouvements à grande échelle, ainsi que celle du personnel humanitaire ont aussi été au centre des débats. La nécessité d'un accès libre aux réfugiés et de maintenir le caractère humanitaire des camps a été soulignée. A cet égard, l'idée du Haut Commissaire de créer une "échelle de solutions" devra être développée. Le Directeur s'est félicité de ce que de nombreuses délégations aient souligné l'importance de la prévention, ainsi que les mesures de réhabilitation postconflit. En fait, ces deux stratégies sont liées, a estimé M. Asomani. Plusieurs délégations ont aussi insisté sur le rôle important que joue le respect des droits de l'homme, et particulièrement des minorités dans la prévention des conflits.

En outre, de nombreuses délégations se sont référées à d'importantes initiatives régionales, et notamment le Plan d'action de la Communauté des Etats indépendants, les diverses initiatives de l'Organisation de l'Unité africaine et le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est. Plusieurs délégations ont également manifesté leur intérêt pour le processus de Brookings, et exprimé leur soutien à cette tentative d'établir un lien entre l'aide d'urgence et le développement. Ainsi que l'a souligné le Haut Commissaire à plusieurs reprises, la stabilisation et la reprise économique après les conflits sont essentielles pour régler les conséquences des conflits. La réconciliation des communautés divisées demande des approches créatives. M. Asomani a en outre rappelé les défis immédiats identifiés par le Haut Commissaire dans son discours d'ouverture. La crise au Kosovo n'est pas terminée, il reste de nombreux problèmes en suspens en ex-Yougoslavie; le HCR doit rester présent au Timor oriental et au Timor occidental et bénéficier d'un accès libre aux réfugiés et aux personnes qui ont choisi le retour; les situations au Libéria, en Sierra Leone, dans la République démocratique du Congo, au Burundi et en Angola restent très inquiétantes; les rapports concernant la situation humanitaire dans le nord du Caucase sont graves, surtout à l'approche de l'hiver. En outre, le HCR manque de ressources à la fois budgétaires et politiques pour mener à bien son mandat, a regretté M. Asomani.

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