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AG/SHC/450

LE RAPATRIEMENT VOLONTAIRE DES REFUGIES PASSE PAR LA PAIX ET LA RECONSTRUCTION DE L'INFRASTRUCTURE DANS LES PAYS D'ORIGINE

16 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/450


LE RAPATRIEMENT VOLONTAIRE DES REFUGIES PASSE PAR LA PAIX ET LA RECONSTRUCTION DE L'INFRASTRUCTURE DANS LES PAYS D'ORIGINE

19991116

Il est indispensable de soutenir les pays en développement et en transition qui accueillent des réfugiés

Abordant le thème du rapatriement volontaire dans le cadre du débat général de la Troisième Commission sur les questions relatives aux réfugiés et aux personnes déplacées, plusieurs délégations ont insisté sur le fait qu'il est nécessaire d'apporter une assistance à l'édification d'une paix durable et à la reconstruction de l'infrastructure dans les pays d'origine. A cet effet, une attention particulière doit être apportée à la transition entre la situation d'urgence et la relance au développement. Pour sa part, le Représentant de l'Islande a indiqué que la politique de son pays est de faire suivre aux réfugiés un programme d'intégration assez strict pendant leur première année de séjour afin qu'ils puissent ensuite devenir des membres indépendants de la société.

Les délégations ont insisté sur la nécessité de soutenir les pays en développement et en transition qui, en dépit de leurs faibles ressources, accueillent des réfugiés. A cet égard, le Représentant de l'Algérie, entre autres, a insisté sur le fait que la présence massive de réfugiés représente parfois une menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité des pays d'accueil. Pour le Représentant de l'Inde, l'assistance aux pays hôtes en développement doit constituer une priorité pour la communauté internationale dans son ensemble. Nombre de délégations ont estimé que l'accueil des réfugiés et des personnes déplacées est une responsabilité morale internationale et déploré que les réfugiés et les personnes déplacées des pays africains aient reçu moins d'attention que ceux du Kosovo.

Les Représentants des pays suivants ont participé au débat: Bélarus, Azerbaïdjan, Algérie, Ouganda, Venezuela, Lituanie, ex-République yougoslave de Macédoine, Inde, Islande, Géorgie, Kazakhstan, Ghana et Angola. L'Observateur du Saint-Siège a également pris la parole.

La Commission poursuivra son examen de ce point, cet après-midi, à partir de 15 heures.

RAPPORT DU HAUT COMMISSAIRE DES NATIONS UNIES POUR LES REFUGIES: QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, RAPATRIES, PERSONNES DEPLACEES ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Suite du débat général

Mme ANZHELA KORNELIOUK (Bélarus) s'est déclarée préoccupée des flux migratoires incontrôlés qui ont des répercussions directes sur la stabilité des Etats et sur leur situation socioéconomique. Elle a indiqué que le Bélarus doit faire face à l'arrivée d'un nombre important de migrants illégaux venant d'Afrique et du Moyen-Orient. La Représentante a fait part de l'inquiétude de son Gouvernement, ces migrants alimentant le marché de la main-d'oeuvre clandestine et la criminalité. Ainsi, a-t-elle ajouté, le Bélarus a adopté une législation pour reconnaître les réfugiés et a adopté, à cet effet, une législation couvrant aussi les autres migrations.

Depuis 1997, il existe une Commission interinstitutions sur les migrations chargée d'élaborer la politique nationale. Le pays a depuis lors reçu plus de 2 000 demandes de statut de réfugiés. La majorité des demandeurs viennent principalement du Tadjikistan, de Géorgie, d'Ethiopie et d'Afghanistan. La Représentante a insisté sur le fait que son pays a mis en oeuvre des programmes d'action conformément aux instruments juridiques internationaux pour régler ce problème. Elle a estimé que les pays accueillant des réfugiés ne peuvent supporter la charge à eux seuls et s'est félicitée de la coopération entre le HCR et le Bélarus, ainsi que de la coopération internationale.

Mgr RENATO R. MARTINO, Observateur permanent du Saint-Siège, a déclaré que les tragédies que vivent les hommes, femmes, enfants et vieillards réfugiés, dans certains cas malades ou mourants, sont voulues, préparées et exécutées par d'autres êtres humains. Les réfugiés et les personnes déplacées sont victimes d'une affreuse barbarie, a-t-il déploré. A cet égard, il a ajouté que les réfugiés bénéficient d'une certaine protection au titre du droit international alors qu'aucune protection n'est prévue pour les personnes déplacées. Il devient d'autant plus urgent d'élaborer un instrument juridique pour protéger les personnes déplacées à l'intérieur de leur pays que les conflits modernes ont souvent pour but de déplacer les populations. Mgr Martino a également regretté que l'action de la communauté internationale doive se limiter à la protection et à l'assistance humanitaire, dont il a cependant reconnu l'importance. Il a estimé qu'il faut tenir compte d'aspects humains plus profonds pour venir à bout du phénomène des réfugiés. La tendance au conflit armé et aux déplacements forcés dérive d'un manque de respect à l'égard de la dignité humaine et des droits fondamentaux qui en découlent. Il a donc souligné la nécessité d'établir une culture des droits de l'homme.

Il faut également se servir, aussi rapidement que possible, de la diplomatie préventive pour désamorcer les conflits potentiels. La prise de conscience de ce que la guerre détruit plutôt qu'elle construit, passe par l'élaboration d'une culture de paix par le biais de l'éducation. En outre, les risques de conflits seraient bien moindres si l'on mettait fin au trafic d'armes illicite, et particulièrement d'armes légères. La plupart des conflits éclatent car la communauté internationale a négligé pendant trop longtemps de promouvoir le développement intégral d'une région ou d'un Etat, a poursuivi l'Observateur. Les êtres humains désespérés ont tendance à recourir à des actions désespérées et destructives, a-t-il souligné. L'éradication de la pauvreté et l'accès à une éducation adéquate pourraient permettre d'éliminer efficacement les risques de conflits.

Mgr Martino a ensuite attiré l'attention de la Commission sur la nécessité d'aider les pays hôtes, qui n'ont souvent pas de quoi subvenir aux besoins de leurs propres citoyens. Les réfugiés oubliés d'Afrique méritent la même attention que ceux d'Europe, qui reçoivent une aide abondante, a-t-il ajouté. L'impunité dont bénéficient les responsables de déplacements forcés et de famines mène également à une escalade de la violence, a estimé l'Observateur, en appelant la communauté à poursuivre ces personnes. Il a également déclaré que la question des réfugiés et des personnes déplacées, notamment en ce qui concerne leur retour, doit être abordée dans le cadre de chaque processus de paix. Il a condamné le déni du droit fondamental des groupes ethniques et des minorités nationales à exister comme telles.

M. TEYMUR MALIK-ASLANOV (Azerbaïdjan) a déclaré que du fait de l'agression militaire de la République d'Arménie contre son pays et de l'occupation d'un cinquième du territoire, on compte aujourd'hui un million de réfugiés et de personnes déplacées dans le pays. En outre, les conséquences du conflit, notamment les dommages matériels, mettent à mal la capacité de l'Etat à apporter une aide immédiate aux groupes les plus vulnérables, y compris les réfugiés. Le Représentant a également attiré l'attention sur les prisonniers azerbaïdjanais en Arménie et dans les territoires occupés, qui sont torturés, humiliés et utilisés pour des travaux inhumains. Il a fait valoir que le Gouvernement de son pays déploie des efforts concrets pour régler de manière pacifique le conflit avec la République d'Arménie et envisager une solution pour les réfugiés. Il a rappelé la ferme position de son pays en faveur du retour des réfugiés par la libération des territoires occupés.

Pour témoigner de la bonne volonté de l'Azerbaïdjan, le Président Heydar Aliyev a annoncé le 18 septembre 1999, lors de la visite du Président en exercice de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la libération unilatérale de tous les prisonniers arméniens en Azerbaïdjan. Par ailleurs, le Représentant a indiqué que son pays coopère étroitement avec le bureau du HCR. Tout en déclarant que son pays cautionne

généralement la position du HCR en ce qui concerne la possibilité d'une solution du problème des réfugiés par un règlement du conflit avec la République d'Arménie, le Représentant a exprimé quelques réserves sur le principe d'intégration des réfugiés et des personnes déplacées sur le lieu de séjour, ce qui, a-t-il estimé, pourrait créer des difficultés pour leur rapatriement ultérieur.

Le Représentant s'est félicité de la visite dans son pays du Haut Commissaire pour les réfugiés, Mme Ogata, en septembre dernier. Il s'est félicité du soutien apporté par le HCR à son pays, ainsi que de l'appel lancé en 1999 aux pays donateurs qui a permis de collecter 12 millions de dollars d'aide pour les réfugiés et les personnes déplacées. Il s'est également félicité de l'action des diverses institutions spécialisées des Nations Unies, notamment dans le cadre du Programme d'aide humanitaire d'urgence, ainsi que des divers échanges de vues lors des rencontres régionales, notamment de la prochaine conférence qui doit se tenir avant juillet 2000 à Genève pour traiter du problème des réfugiés dans les pays de la Communauté d'Etats indépendants. Tout en reconnaissant la validité de cette perspective, le Représentant a insisté sur le fait qu'il ne faut pas perdre de vue l'origine du problème des réfugiés. Ainsi en Azerbaïdjan, les réfugiés sont la conséquence du conflit avec l'Arménie et la responsabilité de la solution devrait incomber à cette dernière, y compris la réparation des dommages matériels et moraux.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que l'Afrique est, à l'évidence, le continent le plus directement concerné par la tragique question des réfugiés, avec 6,3 millions de personnes réfugiées. Les implications sociales, économiques et politiques de ce douloureux problème sont particulièrement éprouvantes, aussi bien pour les populations que pour les Etats, a-t-il souligné. A cet égard, le Représentant a notamment insisté sur le fait que la présence massive de réfugiés représente parfois une menace à la paix, à la sécurité et à la stabilité des pays d'accueil. De fait, le phénomène de la "production de réfugiés" est lié à l'apparition ou à la résurgence de conflits, à leur maintien et à leur persistance; à la pauvreté ou à ces deux facteurs à la fois.

En ce qui concerne l'assistance aux réfugiés, le Représentant a formulé deux observations qu'il a jugé fondamentales. Il est essentiel que la communauté internationale se départisse de son attitude sélective et se résolve à apporter aux réfugiés d'Afrique le même volume d'assistance que celui qu'elle consacre aux continents, a-t-il souligné. Ensuite, l'assistance humanitaire ne doit, en aucun cas, être instrumentalisée à des fins politiques ou médiatiques ni devenir une alternative à la prévention et au règlement des conflits. Le Représentant a estimé que la promotion des règlements politiques des différents conflits en Afrique et la mise en place de politiques et de mécanismes visant à consolider la paix après les conflits constituent

des éléments essentiels. Dans ce contexte, a rappelé le Représentant, l'Afrique, rassemblée au Sommet d'Alger, a transmis un message fort et clair à la communauté internationale quant à sa détermination à rechercher des solutions aux conflits qu'elle connaît comme à apporter sa part à la gestion de la question des réfugiés sur le continent.

Le Représentant a également rappelé que le peuple algérien n'a jamais refusé son aide à ceux qui demandent asile et protection. Par solidarité avec les réfugiés sahraouis, l'Algérie continuera ainsi à apporter son aide et son assistance humanitaire à ces derniers, conjuguée à celle apportée par le HCR et autres organismes publics et privés internationaux, jusqu'au règlement final du conflit au Sahara occidental. Dans ce contexte, il s'est réjoui que le HCR ait pu commencer à remplir le mandat qui lui a été confié par le Plan de règlement et les Accords de Houston pour sa mise en oeuvre conclus par le Royaume du Maroc et le Front Polisario.

Mme CATHERINE OTITI (Ouganda) s'est félicitée du travail effectué par le HCR pour les réfugiés. Elle a déclaré que son pays accueille favorablement la coopération avec le HCR et les autres institutions des Nations Unies, notamment le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a indiqué que son pays continuerait également à coopérer avec le HCR, la Banque mondiale, les donateurs, les institutions des Nations Unies et les organisations non gouvernementales, pour garantir les meilleures conditions possibles aux réfugiés. Elle a également rappelé que son pays est membre du Comité exécutif du HCR et appuie ses efforts pour augmenter son efficacité, rationaliser ses procédures, y compris son budget.

Mme MARTHA DI FELICE (Venezuela) a déclaré que les Etats ont la responsabilité fondamentale de prévenir les déplacements et de créer les conditions de sécurité permettant le retour volontaire de leurs citoyens. Pour garantir cette protection, la Représentante a été d'avis que la nécessité d'un "partenariat", tel que suggéré par le HCR, s'impose afin d'effectuer un travail efficace et effectif. Le Venezuela soutient ce principe de partenariat compris comme une coopération intense et efficace qui englobe les gouvernements, les organisations internationales universelles et régionales, ainsi que les institutions de coopération et de financement, la société civile organisée, les municipalités, l'Eglise et le HCR.

La question des réfugiés doit être liée à celle du développement, a également suggéré la Représentante, saluant le processus de "Brookings" engagé par le Haut Commissaire et le Président de la Banque mondiale. Le développement et la paix sociale font partie intégrante des solutions durables aux problèmes soulevés par la question des réfugiés. La Représentante a en outre appelé à un renforcement du droit international en matière de protection des réfugiés et à la coopération entre les Etats dans cet objectif.

Mme AUDRA PLEPYTE (Lituanie) a indiqué que la complexité des problèmes qui sont à l'origine des flux de réfugiés demande une participation de la communauté internationale tout entière à la demande des solutions. Elle a déclaré que son pays avait accepté au début de l'année de recevoir des personnes déplacées en provenance du Kosovo et avait envoyé de l'aide humanitaire dans la région. Elle a estimé que cette action, compte tenu de la faiblesse des moyens de la Lituanie, comme les efforts déployés pour respecter les dispositions de la Convention de 1951 à laquelle elle est Partie depuis seulement deux ans, témoigne de l'engagement à l'égard de la coopération internationale.

Elle s'est félicitée de la coopération entre les autorités de son pays et le HCR, notamment en vue de faire prendre conscience du problème des réfugiés à la population lituanienne et d'apporter une aide aux demandeurs d'asile, par leur intégration sociale et l'intégration de leurs enfants. Elle a déclaré son appui à la campagne lancée par le Haut Commissaire pour les réfugiés en faveur de l'adhésion à la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et s'est félicitée de la récente adhésion du Kazakhstan et du Turkménistan. Par ailleurs, la Représentante a insisté sur la nécessité d'accroître la coopération internationale et de l'étendre au trafic illicite de migrants d'Europe de l'Est vers les pays d'Europe de l'Ouest et les pays nordiques. La Lituanie estime que la réadmission est un élément clé de prévention des migrations illégales et du trafic des migrants. C'est pourquoi la Lituanie a signé des Accords bilatéraux de réadmission avec tous les pays de l'Union européenne et les pays nordiques, ainsi qu'avec quelques Etats d'Europe centrale. La Représentante a invité la République du Bélarus et la Fédération de Russie à signer des accords de réadmission avec la Lituanie.

Mme DONKA GLIGOROVA (ex-République yougoslave de Macédoine) a déclaré que la communauté internationale a été prise de court et choquée par les brutales violations des normes humanitaires et par l'ampleur de la souffrance des réfugiés de la province du Kosovo de la République fédérale de Yougoslavie, phénomène auquel elle n'a pas réagi de manière rapide ni appropriée. A cette période, la République de Macédoine accueillait quotidiennement jusqu'à 30 000 réfugiés. La Macédoine a été confrontée à la crise la plus grave qu'elle ait connue depuis son indépendance, et a accueilli plus de 360 000 réfugiés, ce qui représente 18% de la population macédonienne totale. La Représentante a souligné que si la Macédoine avait en tant que pays voisin l'obligation d'accueillir des réfugiés, au titre de la Convention de 1951, tous les autres Etats parties avaient également cette obligation.

La Représentante a rappelé que 40 000 réfugiés se trouvent encore en République de Macédoine. Le Ministère de l'Intérieur a cessé d'émettre des permis de séjour et d'aide humanitaire et toutes les personnes ayant déjà ce statut doivent quitter le pays d'ici au 28 mars 2000, a-t-elle indiqué.

La Représentante a attiré l'attention de la Commission sur la difficile situation des réfugiés roma en provenance du Kosovo. Dans un bref laps de temps, tous les Roma du Kosovo ont été expulsés, et leurs logements ont été incendiés et pillés, a-t-elle déploré. Elle a appelé les forces internationales qui se trouvent au Kosovo à mettre fin à ce phénomène. Il reste entre 4 500 et 5 000 Roma réfugiés au Kosovo, a-t-elle rappelé. A cet égard, la Représentante a souligné les entraves à leur retour, y compris le manque d'intérêt manifesté par leur pays d'origine, la République fédérale de Yougoslavie, à leur encontre et le fait que le HCR n'offre pas d'opportunité pour leur transfert dans des pays tiers. La Représentante a appelé les acteurs internationaux concernés à prendre les mesures qui s'imposent pour que chaque réfugié et personne déplacée puisse regagner son domicile en toute sécurité et dignité.

M. RAJESH N. PRASAD (Inde) a insisté sur le fait que la situation précaire des réfugiés en Afrique révèle que l'aide internationale ne doit pas se limiter aux situations qui bénéficient de l'attention des médias. Le Représentant a souligné que le problème des réfugiés doit être le problème de tous si l'on veut éviter qu'il ne devienne le problème de personne. Il s'est ainsi déclaré préoccupé par la multiplication des refoulements aux frontières et du fait que les parties aux conventions relatives aux réfugiés dérogent de plus en plus souvent à leurs obligations. Il a rejeté la validité des concepts derrière lesquels s'abritent certains pays pour refuser les réfugiés, notamment la notion de "pays d'origine sûr", de "l'alternative de déplacement interne" et de "pays tiers sûr". A cet égard, le Représentant a fait valoir que les pays en développement continuent en dépit de leurs ressources limitées à s'acquitter de leurs obligations humanitaires, mettant ainsi en danger l'équilibre précaire de leurs économies fragiles. Ainsi, a-t-il ajouté, l'assistance à ces pays doit constituer une priorité et des moyens efficaces doivent être trouvés pour renforcer le coopération mondiale et partager la charge des réfugiés.

Le Représentant a également attiré l'attention sur la nécessité de s'attacher aux origines de ces mouvements de réfugiés, notamment la pauvreté endémique, en faisant remarquer que toutefois ceci n'est pas compris dans le mandat du HCR et doit être traité dans d'autres forums. Il faut aussi trouver une méthode pour assurer la transition de l'aide d'urgence à la réhabilitation. Il a estimé qu'il serait vraisemblablement plus efficace et moins coûteux d'investir dans des politiques de développement à long terme. Reconnaissant que les mouvements de réfugiés sont souvent la conséquence de violations des droits de l'homme systématiques, le Représentant a douté que la mise en place de système d'alarme ou d'une surveillance internationale interventionniste soit la bonne solution. Il s'est déclaré plutôt favorable au dialogue, à la coopération et au renforcement des capacités dans les pays d'origine.

En conclusion, le Représentant a rappelé que l'Inde n'est pas Partie à la Convention de 1951 sur les réfugiés, parce que son pays estime que celle-ci ne traite pas du problème des mouvements massifs de réfugiés ni des migrations mixtes qui les accompagnent. Toutefois, il a insisté sur le fait que l'Inde accueille un grand nombre de réfugiés et gère des programmes en leur faveur avec ses propres ressources. Le Représentant a, en dernier lieu, attiré l'attention sur le problème de la sécurité du personnel humanitaire et sur la nécessité de renforcer la capacité des Etats dans ce domaine.

M. THORSTEINN INGOLFSSON (Islande) a déclaré que la plupart des réfugiés accueillis par l'Islande au cours des dernières années provenaient de l'ex-Yougoslavie et, avec cette année, ceux originaires du Kosovo. Certains de ces réfugiés ont choisi de rester en Islande et d'autres ont pu regagner leur pays, a-t-il précisé.

Le Représentant a indiqué que la politique de l'Islande est de faire suivre aux réfugiés un programme d'intégration assez strict pendant leur première année de séjour afin qu'ils puissent ensuite devenir des membres indépendants de la société. Ce programme comprend les questions économiques et sociales, l'éducation et les relations avec les autres citoyens. L'accent est mis sur l'acquisition de la langue islandaise.

Le Gouvernement islandais travaille également avec la Croix-Rouge islandaise pour fournir des familles chargées de l'"accompagnement" des réfugiés, a indiqué le Représentant. Ces familles reçoivent elles aussi une formation. Le Représentant a en outre indiqué que son Gouvernement travaille à une nouvelle législation sur les droits des étrangers en Islande, y compris ceux des réfugiés.

M. GOCHA LORDKIPANIDZE (Géorgie) s'est félicité des efforts infatigables du HCR pour venir en aide aux dizaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées d'Abkhazie (Géorgie), notamment. Il a regretté que ces efforts soient entravés par l'absence de progrès dans le processus de paix. Il a indiqué que l'affirmation selon laquelle le retour des personnes déplacées est une question purement humanitaire et non politique ne saurait alléger les souffrances des 250 000 personnes déplacées et réfugiés, dont 40 000 ont été déplacées une seconde fois de la région de Gali, Abkhazie. Il a fait remarquer que les violations des droits de l'homme, le trafic de drogue et d'armes sont devenus monnaie courante dans le territoire contrôlé par les séparatistes abkhazes. Ainsi, depuis le cessez-le-feu de 1994, le régime séparatiste a fait 1 600 victimes.

Dans ce contexte, il apparaît indispensable que le Gouvernement de la Géorgie prenne des mesures de protection, y compris des garanties internationales, pour assurer le retour des réfugiés et des personnes déplacées en Abkhazie, Géorgie. A cette fin, il serait utile de pouvoir mieux utiliser le Bureau du Haut Commissaire des droits de l'homme à Sokhumi

qui est le seul recours offert aux personnes déplacées contre les violations des droits de l'homme dans la zone de conflit. Le Représentant a indiqué qu'il serait favorable au renforcement de l'autonomie des populations déplacées d'Abkhazie. En outre, a-t-il ajouté, le Gouvernement de la Géorgie est favorable à la continuation du dialogue tripartite avec le PNUD, la Banque mondiale et le HCR pour définir de nouvelles approches pour venir en aide aux personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, y compris en fournissant une aide à moyen et long termes.

M. MURAT SMAGULOV (Kazakhstan) a déclaré que les efforts de partenariat international seront décisifs pour régler les problèmes de réfugiés. Le HCR ne peut modifier la situation des réfugiés si les gouvernements ne coopèrent pas entre eux, a-t-il souligné. La coopération régionale est également nécessaire. Le Représentant a aussi estimé que, dans un contexte de limitation des ressources, il importe de renforcer l'action préventive du HCR. Il a suggéré que le HCR intensifie le dialogue constructif entre les gouvernements, les organisations internationales et les acteurs du secteur privé.

Le Représentant a souligné la nécessité d'une répartition équitable et transparente des ressources consacrées par la communauté internationale aux réfugiés. Il a indiqué que les Etats de la région d'Asie centrale supportent l'augmentation du nombre de réfugiés, notamment afghans, mais aussi du trafic d'armes illicite. Dans ce contexte, le Kazakhstan souhaite développer des programmes conjoints avec le HCR et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a-t-il déclaré. Les populations de la Mer d'Aral et de la Mer Caspienne sont obligées de quitter leurs foyers pour des régions moins touchées, a-t-il également indiqué. En ce qui concerne la coopération entre le Kazakhstan et le HCR, le Représentant a pensé qu'il serait utile de mieux orienter les programmes du HCR pour arriver à des résultats concrets tout en utilisant au mieux les ressources disponibles.

Mme BEATRICE ROSA BROBBEY (Ghana) a déclaré que le retour à une paix durable et la reconstruction des infrastructures sont les conditions préalables au retour librement consenti des réfugiés dans la dignité et la sécurité. Elle a exhorté la communauté internationale à faire pression sur les parties en conflit pour qu'elles respectent les accords de paix. Cette pression pourrait s'exercer notamment par un soutien aux opérations de maintien de la paix et une aide au développement. Il conviendrait également que les parties en conflit fassent les sacrifices nécessaires pour renforcer le processus de paix.

La Représentante s'est déclarée préoccupée par les difficultés croissantes auxquelles sont confrontés les réfugiés pour trouver des pays d'asile sûrs, notamment du fait des politiques restrictives appliquées par les pays développés. Elle a appelé tous les Etats à respecter les principes

internationaux de protection des réfugiés et à se garder d'actes portant atteinte à leur sécurité comme le refoulement aux frontières, les expulsions illégales et les détentions injustifiées. Elle a ensuite rappelé qu'au cours des dernières années, son pays, en dépit de ses ressources limitées, a accueilli nombre de réfugiés en provenance des pays voisins, notamment du Libéria, du Togo et de la Sierra Leone. Le Ghana, en collaboration avec d'autres Etats de la région, a mis en place des mécanismes pour la prévention, la gestion et la résolution des conflits en vue de limiter l'explosion de nouveaux conflits et de faciliter le rapatriement volontaire des réfugiés et des personnes déplacées. Elle a insisté sur le coût de cette politique pour les gouvernements de la sous-région et a déploré que l'assistance internationale n'ait pas eu l'ampleur qu'elle a connue au Kosovo ou au Timor oriental. Il importe, a-t-elle ajouté, que la communauté internationale garde à l'esprit le poids énorme qui pèse sur les pays en développement qui accueillent des réfugiés.

Au regard des problèmes croissants de sécurité des réfugiés et des personnels humanitaires, la Représentante a exhorté les Etats à s'efforcer de maintenir le caractère civil des camps de réfugiés en prenant des mesures en vue de prévenir l'infiltration d'éléments armés. Elle a insisté sur le fait que les attaques sur des personnels humanitaires est impardonnable. En conclusion, la Représentante s'est félicitée de la politique menée par le HCR et l'UNICEF au regard des enfants réfugiés non accompagnés. En effet, a-t-elle ajouté, les enfants séparés ne sont pas des orphelins et tous les efforts doivent être faits pour les réunir avec leur famille, y compris avec leur famille éloignée. Elle a en outre exhorté les Etats à augmenter leurs contributions financières afin que le HCR puisse accomplir son mandat.

M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a salué l'action menée par le Haut Commissariat pour les réfugiés, les organisations non gouvernementales (ONG), ainsi que les institutions humanitaires. Il a fait part de ses remerciements pour l'assistance qu'ils ont apportée au Gouvernement angolais face à la dramatique crise des réfugiés et des personnes déplacées. Le Représentant a déclaré que l'Angola vit un moment critique en raison de l'action de déstabilisation que mène un groupe de personnes, action qui a provoqué le déplacement de plus du tiers de sa population. Plus d'un million de réfugiés vivent dans les pays voisins et le taux de malnutrition augmente de jour en jour, ce qui créé les conditions d'une véritable catastrophe humanitaire.

Le Représentant a indiqué que son Gouvernement déploie des efforts afin de rétablir l'ordre et de ramener la tranquillité. Il a affirmé que la campagne militaire et humanitaire est en bonne voie. Le Gouvernement a ainsi alloué 55 millions de dollars à un plan d'aide d'urgence. Cependant, cette somme est insuffisante pour couvrir tous les besoins humanitaires. Le Représentant a donc appelé les Etats donateurs et la communauté internationale en général à augmenter leur aide sous toutes ses formes à l'action humanitaire de son Gouvernement. Il a espéré que cette aide sera fournie non seulement pour les réfugiés et les personnes déplacées d'Angola mais aussi pour les réfugiés provenant d'autres pays que l'Angola accueille sur son territoire.

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