AG/SHC/447

MME SADAKO OGATA INSISTE SUR LA NECESSITE D'ASSURER LA SECURITE A TOUS POUR RESOUDRE LES PROBLEMES DE REFUGIES

12 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/447


MME SADAKO OGATA INSISTE SUR LA NECESSITE D'ASSURER LA SECURITE A TOUS POUR RESOUDRE LES PROBLEMES DE REFUGIES

19991112

La Troisième Commission a entamé, ce matin, un débat sur le rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, les questions relatives aux réfugiés, aux rapatriés et aux personnes déplacées, ainsi que sur les questions humanitaires. Plusieurs délégations ont estimé que les crises humanitaires doivent recevoir une réponse globale, en prévoyant aussi bien la sécurité du personnel humanitaire que la réconciliation des communautés divisées et le soutien financier et logistique aux pays d'accueil.

En début de séance, le Haut Commissaire pour les réfugiés, Mme Sadako Ogata a regretté l'augmentation continue des conflits. Dans plusieurs régions du monde, des civils ont été contraints à fuir, dans la plupart des cas à cause de guerres internes. Mme Ogata a insisté sur le fait qu'on ne peut discuter de la question des réfugiés sans considérer celle de la sécurité, qui doit être durable. En outre, l'approche de la reconstruction postconflit ou la réhabilitation des zones affectées par le flux de réfugiés doit être aussi complète que possible. Elle a également estimé que la coexistence et la réconciliation dans les communautés divisées est un problème crucial, ainsi que la réhabilitation du système judiciaire et la poursuite des personnes qui ont commis des crimes contre l'humanité. Le Haut Commissaire a ensuite eu un dialogue avec les délégations.

La question de la sécurité des réfugiés et des personnels humanitaires qui leur apporte assistance a été largement évoquée par les délégations au cours du débat général qui s'est ensuivi. Plusieurs d'entre elles ont aussi mis l'accent sur la nécessité de garantir la neutralité des opérations humanitaires. Il a été également observé que provoquer des flux de réfugiés est devenu un objectif à part entière pour les parties en conflit.

Les Représentants des pays suivants ont participé au dialogue avec le Haut Commissaire pour les réfugiés: Afrique du Sud, Espagne, Soudan, Guinée, Finlande, Guatemala, Mexique, Etats-Unis, Jamahiriya arabe libyenne, République-Unie de Tanzanie, Bénin et Autriche.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/SHC/447 12 novembre 1999

Les Représentants des pays suivant ont pris part au débat général: Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Mozambique (au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe - SADC), Norvège, Japon, Guatemala, Mexique, Canada, Sierra Leone et Fédération de Russie.

La Commission reprendra son débat sur la promotion de la femme cet après-midi à 15 heures. Dans ce cadre, Mme Angela King, Représentant spécial du Secrétaire général pour l'INSTRAW, présentera le rapport de l'Institut et Mme Eleni Stamiris, Directeur de l'INSTRAW, fera une déclaration.

QUESTIONS RELATIVES AUX REFUGIES, AUX RAPATRIES ET AUX PERSONNES DEPLACEES ET QUESTIONS HUMANITAIRES

Informations de base

Un habitant de la planète sur 280 a été contraint de fuir son foyer. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui apporte protection et assistance à ces millions de déracinés, comptera cinquante ans en 2000. L'action du HCR est d'ordre humanitaire et social et dénudé de tout caractère politique. Il défend le respect des droits de l'homme des réfugiés, y compris le droit à la sécurité et au non refoulement. Le régime international des réfugiés est essentiellement régi par la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés et son Protocole de 1967.

Documentation

Rapport du Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (A/54/12 et Add.1)

En 1998, l'effectif total des réfugiés et des autres personnes relevant de la compétence du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) est resté stable. A la fin de l'année, le total atteignait 21,4 millions contre 22,4 millions l'année précédente. La moitié environ était des réfugiés, le reste se composant de personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, de rapatriés, de demandeurs d'asile et d'apatrides.

Contrairement à ce qui s'était passé certaines autres années depuis le début de la décennie, il n'y a pas eu de grands mouvements de réfugiés en 1998, ni au cours des premiers mois de 1999. Au cours de la période considérée, le HCR a néanmoins été confronté à une série d'urgences d'ampleur et de retentissement limités. Ce fut le cas dans la province du Kosovo, en République fédérale de Yougoslavie. Les mouvements intra et transfrontières ont pris des proportions particulièrement alarmantes en Afrique.

Les rapatriements librement consentis, solution privilégiée dans la grande majorité des cas n'ont pas été de grande ampleur en 1998. De bons résultats ont pourtant été obtenus dans la corne de l'Afrique, en Afrique de l'Ouest, et en Amérique centrale.

Dans d'autres régions cependant, la poursuite de la violence ou l'échec des négociations politiques ont compromis les programmes de rapatriement et entraîné dans des cas extrêmes, de nouveaux mouvements d'exode.

Ces impasses représentent autant de défis à relever pour le HCR. Les pays d'asile potentiels, dans le monde en développement comme dans le monde industrialisé, ont montré de moins en moins d'empressement à respecter les principes fondamentaux en matière de protection des réfugiés, les pays les plus pauvres faisant valoir qu'on attendait d'eux qu'ils assument pendant trop longtemps une trop lourde responsabilité en matière de réfugiés du monde entier.

Face à cette évolution, le HCR a intensifié ses activités de protection en mettant l'accent sur les aspects de sensibilisation et de promotion. Il a également pris des mesures de nature à garantir une approche plus intégrée de tous ses programmes, en associant plus étroitement les volets protection et assistance en termes de stratégie, d'objectifs et d'évaluation des résultats.

De vastes consultations ont été entreprises avec d'autres acteurs internationaux à tous les niveaux. En particulier, le HCR s'est efforcé d'encourager les initiatives régionales. Les efforts mis en oeuvre pour intensifier le dialogue avec les acteurs du développement international et les acteurs financiers sur la question du "hiatus de la réintégration" ainsi que sur celle, plus vaste, de la reconstruction après conflit ont constitué une autre initiative importante. L'objectif visé est de faciliter une transition sans heurt entre la phase des secours et celle du développement dans les situations de paix fragile et d'effondrement économique auxquelles les réfugiés se trouvent si fréquemment confrontés à leur retour.

Soucieux de renforcer sa propre capacité de répondre aux nombreux défis exposés dans le présent rapport, le HCR a également lancé un certain nombre d'initiatives pour gérer le changement, dont certaines ont eu des incidences considérables en termes de nouveaux processus et de nouvelles technologies. Il a également procédé à une vaste restructuration de son siège en 1999.

En 1998, le HCR a reçu des contributions volontaires d'un montant total d'environ 769 millions de dollars pour financer ses programmes généraux et ses programmes spéciaux. Au 31 mars 1999, il avait reçu au total près de 249 millions de dollars alors que les ressources nécessaires au titre des programmes généraux s'élèvent à environ 914,8 millions de dollars.

Dans l'Addendum, la Haut Commissaire pour les réfugiés présente les travaux du Comité exécutif lors de sa cinquantième session, qui s'est tenue du 4 au 8 octobre 1999. La Haut Commissaire détaille également les conclusions du Comité exécutif sur la protection internationale et sur le suivi de la Conférence régionale sur les problèmes des réfugiés, des personnes déplacées, d'autres formes de déplacement involontaire et des rapatriés dans les pays de la Communauté d'Etats indépendants et les Etats voisins.

Elle présente également les décisions du Comité exécutif sur les questions relatives aux programmes, à l'administration et aux finances, sur le programme de travail du Comité permanent en 2000, sur l'ordre du jour provisoire de la cinquante-et-unième session du Comité exécutif et sur la participation des gouvernements observateurs aux réunions du Comité permanent en 1999 et 2000.

Rapport sur l'Assistance aux enfants réfugiés non accompagnés (A/54/285)

Ce rapport du Secrétaire général expose les mesures prises par l'Organisation des Nations Unies et d'autres organismes et organisations en faveur des enfants réfugiés non accompagnés ou séparés de leur parents. En ce qui concerne la recherche et le regroupement des familles, le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) en collaboration avec l'UNICEF et le Comité international de la Croix-Rouge a continué de participer à des initiatives interorganisations de recherche d'enfants séparés de leur famille et de regroupement familial, notamment au Rwanda, après le retour en masse des réfugiés de la République démocratique du Congo. A l'heure actuelle 62 000 enfants rwandais ont pu réintégrer leur famille.

Le rapport aborde également l'Initiative conjointe HCR/UNICEF en faveur des enfants libériens qui a permis, notamment, à 78 enfants séparés de retrouver leur famille. Dans le cadre de l'Initiative en faveur du bon voisinage proposée par le Représentant spécial du Secrétaire général chargé d'étudier l'impact des conflits armés sur les enfants, il a été proposé de créer des groupes de bon voisinage en Afrique de l'Ouest, en Afrique orientale, et au Kosovo. Le Représentant spécial s'est également attaché à empêcher un groupe armé, la Lord Resistance army, de continuer à enlever des enfant du nord de l'Ouganda au sud Soudan. Au Kosovo, les seuls 33 cas qui n'avaient pas été résolus au début d'août sont activement suivis par le HCR, ainsi que par le CICR et l'UNICEF. Le rapport mentionne également les actions effectuées dans le cadre du Programme "Enfants séparés en Europe". Il est indiqué que dans la région des Grands Lacs africains et ailleurs, on a mis en place une équipe interinstitutions qui est chargée, en collaboration avec le CICR, d'autres organisations non gouvernementales et les pouvoirs publics des pays concernés, de trouver des solutions durables au problème des enfants séparés de leur famille.

Parmi les autres sujets de préoccupation, le Secrétaire général estime qu'il y a lieu de prêter une attention particulière aux petites filles et à la question de l'adoption d'enfants séparés de leurs famille. A cet égard, le HCR s'est prononcé depuis longtemps contre l'adoption des enfants réfugiés dans une situation d'urgence. En conclusion, on note parmi les problèmes qui restent à résoudre, celui d'établir des critères de sélection des familles d'adoption et du suivi systématiques des enfants. En outre, les stratégies communautaires permettent, dans une certaine mesure, de régler la question mais les enfants séparés, en particulier les filles, n'en restent pas moins exposés au risque d'être exploités d'une manière ou d'une autre.

Rapport sur la Suite donnée à la Conférence régionale pour l'examen des problèmes des réfugiés, des personnes déplacées, des personnes contraintes à d'autres formes de déplacement involontaire et des rapatriés dans les pays de la Communauté d'Etats indépendants et dans certains Etats voisins (A/54/286)

La principale réalisation au crédit de la Conférence est sans doute la mise en place d'une tribune internationale pour l'échange d'informations et pour un dialogue constructif sur un ensemble de questions plus vaste, d'ordre humanitaire, et concernant les migrations. Les Etats de la région ont montré qu'ils avaient de plus en plus conscience que les problèmes des réfugiés appelaient la création de cadres législatifs et institutionnels efficaces qui soient compatibles avec les normes internationales.

Avec l'aide de l'OMI, des systèmes nationaux de gestion des migrations ont été établis dans huit pays de la région. Le Haut Commissariat aux droits de l'homme a une antenne sur le terrain, en Abkhazie (Géorgie) qui a notamment pour mandat de contribuer à permettre aux réfugiés et aux personnes déplacées de rentrer dans leurs foyers dans des conditions de sécurité et de dignité. Néanmoins, les capacités de la gestion et le contrôle des migrations laissent encore à désirer, ce qui a des incidences bien au-delà des frontières des pays de la CEI. Des progrès notables ont été réalisés en ce qui concerne la situation des anciens déportés qui, comme cela a été reconnu lors du processus de la Conférence, ont besoin qu'on leur trouve une solution durable.

Bien que les institutions financières internationales ne se soient pas encore vraiment engagées dans l'appui du Plan d'action, la Banque mondiale et le PNUD ont été des partenaires actifs dans certains domaines. Par exemple, le PNUD, la Banque mondiale et le HCR ont conjointement participé à la mise sur pieds d'arrangements institutionnels pour l'exécution d'un programme - qui représente un montant de 120 millions de dollars - de réinstallation et de reconstruction en Azerbaïdjan.

Les 24 et 25 juin 1999, le Groupe de direction mis en place pour assurer le suivi de la Conférence s'est réuni afin de dresser un bilan à l'issue de la troisième année d'application du Programme d'action. Le Groupe de direction a reconnu que des progrès notables avaient été réalisés mais les résultats obtenus jusqu'à présent restent fragiles. Il faut qu'une attention politique soit accordée aux niveaux les plus élevés des pays de la CEI et que la communauté internationale continue à apporter résolument son soutien.

Afin de poursuivre les débats concernant l'établissement permettant de prolonger les activités de suivi au-delà de l'an 2000, un Groupe de travail chargé de la question du suivi de la Conférence de 1996 a été créé. Il sera convoqué par le HCR, l'ONU et l'Organisation de sécurité de coopération en Europe (OSCE).

Rapport du Corps commun d'inspection sur l'Examen du Comité administratif de coordination (CAC) et de ses mécanismes (A/54/288)

Ce rapport contient en introduction une citation du Secrétaire général, faite en 1996, par laquelle M. Kofi Annan affirmait que par leur coopération au sein du CAC, les chefs de Secrétariat doivent donner l'exemple et encourager un véritable travail d'équipe entre les Secrétariats des organismes. Une nouvelle culture à l'échelle du système doit naître, fondée sur des consultations systématiques, une décentralisation effective, le respect mutuel des mandats et des compétences, et une évaluation commune des défis à venir et des atouts dont dispose chaque organisme du système pour les relever.

Il est rappelé que le CAC a été créé par le Conseil économique et social en 1946, en tant que comité permanent "en vue de prendre, sous la direction du Secrétaire général, les mesures propres à assurer l'application la plus complète et la plus efficace des accords conclus entre les Nations Unies et les institutions spécialisées".

Il est noté qu'au fil des ans, le champ d'activité du CAC s'est élargi au-delà de son mandat original, pour s'étendre à la coordination des programmes des différents organismes des Nations Unies et, plus généralement, à la promotion de la coopération au sein du système. Le présent rapport rend compte du premier examen du CAC et de ses mécanismes fait par le Corps commun d'inspection (CCI).

Il est souligné que, si par le passé les efforts de réforme du CAC n'ont pas toujours répondu aux attentes, les initiatives actuelles, prises dans le prolongement de celles de 1993 et dans le cadre du processus global de réforme du système des Nations Unies, ont ouvert la voie au développement d'une nouvelle culture de coopération et de coordination interinstitutions. Est également expliqué le fonctionnement du CAC et de ses mécanismes, ainsi que l'interaction entre le CAC et les organes intergouvernementaux. A ce sujet, il est souligné que les Etats Membres sont aussi responsables de l'amélioration de la coordination du système. Sont ainsi évalués les efforts en cours et les mesures futures visant à améliorer la synergie entre le CAC, d'une part, et l'Assemblée générale, le Conseil économique et social, le Comité du programme et de la coordination et les autres organes directeurs, d'autre part. Ce chapitre plaide en outre en faveur d'un renforcement de l'appui des organes délibérants à la coordination, ce qui implique qu'on leur fournisse un compte rendu détaillé des ressources affectées à la coordination et des résultats qu'on en attend.

Rapport sur l'Assistance aux réfugiés, rapatriés et personnes déplacées en Afrique (A/54/414)

Il est indiqué dans ce rapport qu'aujourd'hui, on compte en Afrique 6 millions de réfugiés, de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays et de rapatriés, dont s'occupe le HCR. La plupart des déplacements sont le résultat de la pauvreté, de conflits ou de ces deux problèmes à la fois. On continue de compter parmi les principaux groupes de réfugiés dus à des crises récentes plus d'un demi-million de Sierra-Léonais en Afrique de l'Ouest, 280 000 Rwandais en République-Unie de Tanzanie et 180 000 Congolais répartis dans divers pays pour échapper au conflit en République démocratique du Congo. Il y a également eu des déplacements de populations du Congo vers la République démocratique du Congo et vers le Gabon. En raison de problèmes de sécurité dans les principales régions de rapatriement, le programme de rapatriement des 250 000 réfugiés libériens a été mis en suspens.

Il existe également des situations de conflit plus anciennes et non résolues qui, il y a de nombreuses années, ont transformé des populations en réfugiés: plus de 370 000 Soudanais se trouvent encore en Ethiopie et en Ouganda, 165 000 Sahraouis se trouvent toujours dans des camps en Algérie et dans d'autres pays, et il y a 150 000 réfugiés angolais, dont la plupart se trouvent en République démocratique du Congo. En Angola et au Soudan, ainsi que dans les zones ravagées par la guerre à la frontière entre l'Erythrée et l'Ethiopie, se trouvent également des dizaines de milliers de personnes déplacées à l'intérieur de leur pays. Au Libéria, où 280 000 réfugiés sont retournés chez eux, on espérait que le rapatriement des 250 000 réfugiés restants serait terminé d'ici la moitié de l'an 2000, à condition que la situation ne présente plus aucun danger. Le rapport contient un panorama détaillé de la situation dans chacune des régions du continent africain.

Il présente aussi les activités réalisées dans le cadre de la coopération interinstitutions. La nécessité d'une action coordonnée de la part du HCR et d'autres organes concernés est soulignée, en particulier car d'autres grandes situations d'urgence ont monopolisé l'attention de la communauté internationale, ainsi qu'une grande partie des ressources disponibles.

Il est conclu qu'en dépit de la gravité de la situation des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées en Afrique, ces derniers mois, des signes encourageants ont laissé entrevoir des solutions. Le Sommet de l'OUA en 1999 avait été marqué par un esprit d'ouverture et de détermination à trouver des solutions. Les Accords de cessez-le-feu en Sierra Leone, en République démocratique du Congo, ainsi que l'Accord-cadre entre l'Erythrée et l'Ethiopie constituent tous des indicateurs positifs.

Pourtant, le succès durable de ces Accords, ainsi que la résolution des autres conflits responsables de mouvements de populations nécessiteront de la part des gouvernements africains qu'ils s'engagent plus résolument à prendre en main leur avenir et celui de leurs populations. C'est grâce à des négociations et non pas par la force, que l'on pourra trouver des solutions permanentes aux problèmes, y compris à celui des réfugiés. Cette détermination est une condition préalable essentielle à un appui international. La communauté internationale, quant à elle, doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir de tels efforts.

La Commission est saisie: de deux Lettres, adressées au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Hongrie. La première (A/54/91), datée du 29 avril 1999, transmet le texte de la déclaration du Comité des ministres sur la contribution du Conseil de l'Europe à la stabilité politique et démocratique dans l'Europe du Sud-Est; la deuxième (A/54/99), datée du 19 mai 1999, communique le texte de la déclaration de Budapest et de ses annexes, ainsi que celui des conclusions du Président et de son annexe dans laquelle figure la Déclaration sur la crise au Kosovo, adoptée par le Comité des ministres du Conseil de l'Europe le 7 mai 1999, à Budapest, à l'occasion du cinquantième anniversaire du Conseil de l'Europe.

La Commission est également saisie d'une Lettre datée du 17 mai 1999, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Bangladesh (A/54/98), transmettant le texte de l'Agenda de La Haye pour la paix et la justice au XXIe siècle, qui est le résultat de la Conférence relative à l'Appel de La Haye pour la paix tenue à La Haye du 12 au 15 mai 1999.

Déclaration du Haut Commissaire pour les réfugiés

Mme SADAKO OGATA, Haut Commissaire pour les réfugiés, a souligné l'augmentation continue des conflits depuis sa dernière allocution devant la Commission, l'année dernière. L'année qui s'est écoulée a été le théâtre de nouveaux conflits et de graves crises de réfugiés. Dans plusieurs parties du monde, des civils ont été contraints à fuir, dans la plupart des cas à cause de guerres internes. Ainsi qu'on a pu l'observer dans des lieux aussi divers que le Kosovo, le Timor oriental et la région des Grands Lacs en Afrique, les causes profondes des conflits et des déplacements sont souvent liées au manque de reconnaissance des aspirations et des droits de minorités ethniques et des divers groupes sociaux. Ceci alimente les revendications séparatistes, en particulier dans les zones dont l'histoire est caractérisée par une forte autonomie. Le tribalisme, le nationalisme et l'ethnocentrisme sont exacerbés. Dans de nombreux cas, les tendances séparatistes sont durement réprimées. Les minorités sont tout particulièrement atteintes par cette répression. Il résulte de ces phénomènes une polarisation des sociétés et des communautés et une cristallisation des crises de réfugiés, a ajouté le Haut Commissaire.

Par ailleurs, les mouvements de réfugiés sont également devenus une grande source d'instabilité et de conflit, ce qui exige des solutions rapides, parfois aux dépens des principes humanitaires relatifs à la protection des réfugiés. En outre, le Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR) et ses partenaires doivent dans certains cas travailler rapidement et simultanément dans le pays d'asile et le pays de retour.

Cette année, la crise la plus aiguë s'est produite au Kosovo, a estimé Mme Ogata. A cet égard, elle a évoqué certains éléments qui démontrent la complexité des opérations humanitaires et de protection des réfugiés, complexité qui s'observe désormais partout ailleurs.

Le Haut Commissaire a déclaré qu'au printemps, l'afflux de personnes a été bouleversant. Ces personnes faisaient plus que fuir, elles avaient été chassées de leurs foyers, a précisé Mme Ogata. Face à cet exode, le HCR a dû recourir à des services que seule l'armée pouvait fournir, et particulièrement celle des membres de l'OTAN. Dix semaines seulement après l'exode, le retour s'est fait de manière encore plus rapide et massive. Malgré les obstacles, la réaction à cette crise a permis de remplir les besoins immédiats en matière de sécurité et de survie, a-t-elle souligné.

Toutefois, a souligné Mme Ogata, il doit être clair que la crise du Kosovo n'est pas terminée. Au nombre des problèmes qui restent en suspens, elle a cité le million de personnes dont les foyers ont été détruits et qui doivent recevoir une assistance cet hiver. Elle a également jugé très graves les attaques quotidiennes perpétrées contre les membres des minorités serbes et roma. Après que quatre guerres internes se soient produites en huit ans, et quatre ans après les Accords de Dayton, le HCR estime qu'environ 1,5 millions de personnes de la région vivent loin de leur foyer. La plupart des personnes appartenant à une minorité qui ont fui le Kosovo sont ainsi déplacées en Serbie, où se trouvent déjà des réfugiés Serbes provenant de Croatie et de Bosnie. Ces quelques 700 000 personnes qui vivent dans un pays diminué par la guerre, la crise économique et l'isolement sur la scène internationale, affrontent un hiver rude. Il ne faut pas les abandonner, a souligné Mme Ogata.

L'autre grande crise de réfugiés qui a eu lieu cette année s'est produite au Timor oriental, a rappelé Mme Ogata. La situation au Timor oriental se stabilise progressivement mais la situation des personnes qui avaient fui au Timor occidental reste une source de préoccupation. Sur plus de 200 000 personnes, environ 55 000 ont regagné leur foyer grâce à une opération coordonnée du HCR menée en Septembre par voie terrestre, maritime et aérienne, a indiqué le Haut Commissaire. Elle a cependant souligné la persistance des difficultés d'accès à laquelle le HCR et les autres agences humanitaires sont confrontées au Timor occidental. Cet accès est difficile, imprévisible et dangereux, et le personnel humanitaire a parfois été menacé et harcelé, a-t-elle regretté.

A cet égard, le Haut Commissaire a déclaré que les réfugiés, qu'ils choisissent de retourner dans leur foyer, de rester là où ils se trouvent ou de se rendre ailleurs en Indonésie, devront pouvoir choisir librement et de façon informée. En outre, leur choix devra être examiné impartialement, être respecté et réalisé. Pour ce faire, le HCR doit continuer à être présent sur le terrain et avoir un accès libre et sûr aux réfugiés.

Le Kosovo et le Timor oriental ont connu de dramatiques crises de réfugiés mais la communauté internationale a fini par réagir dans ces deux cas, tandis que la réaction internationale à d'autres crises a été beaucoup plus lente et timide, a constaté Mme Ogata, qui a souligné que ceci est particulièrement vrai en Afrique. Elle s'est dite très inquiète de la situation au Libéria où des attaques de groupes de rebelles ont eu lieu dans des zones vers lesquelles des réfugiés libériens reviennent et où sont accueillis des réfugiés du Sierra Leone. En Guinée, des attaques transfrontières sont menées par des rebelles, alors que ce pays supporte généreusement le poids de nombreux réfugiés. Au Sierra Leone aussi, la situation est fragile.

En Afrique centrale, la situation extrêmement complexe due à des guerres liées entre elles créé un environnement propice à l'éclatement de violents sous-conflits de plus petite ampleur et qui provoquent invariablement des mouvements de population. Le Haut Commissaire s'est inquiété de la situation en République démocratique du Congo, au Burundi, ainsi qu'en Angola, où le conflit a provoqué la pire crise humanitaire en Afrique. Selon le Haut Commissaire, des crises de réfugiés nouvelles et soudaines sont grandement susceptibles de se produire dans cette région comme en Afrique de l'Ouest. Mme Ogata a cependant exprimé sa profonde préoccupation en raison du peu de ressources allouées par la communauté internationale à la mise en oeuvre complète des Accords de paix de Lusaka et de Lomé, en termes de pression politique, de soutien aux opérations de maintien de la paix et d'aide au développement destinée à renforcer la construction de la paix. Nous risquons de laisser passer une occasion péniblement créée par des négociations politiques menées grâce aux efforts de courageux dirigeants africains. Nous risquons aussi d'être confrontés à de nouvelles catastrophes, telles que l'exode des Rwandais en 1994 ou encore les massacres et les mutilations de civils au Sierra Leone en 1998, a-t-elle prévenu. Le Haut Commissaire a appelé toutes les parties concernées à prêter une attention soutenue aux conséquences humanitaires qu'auraient les conflits potentiels dans ces régions.

Le Haut Commissaire a également évoqué la grave situation humanitaire que l'on observe à la frontière sud de la Fédération de Russie. Plus de 200 000 personnes ont été déplacées depuis la Tchétchénie, principalement vers la République d'Ingushetie mais aussi vers le Daghestan et d'autres régions et pays. Elle a craint que ce conflit, combiné à des départs massifs, déstabilise davantage une région déjà très fragile.

Ainsi, quelque milliers personnes ont cherché refuge en Géorgie, alors que ce pays est déjà très touché par les déplacements forcés de personnes. Mme Ogata a jugé très inquiétants les effets du facteur climatique, à savoir l'hiver extrêmement froid, pour les femmes, les enfants et les vieillards réfugiés. Elle a également condamné la fermeture des frontières qui empêche les civils terrifiés de se réfugier dans des endroits plus sûrs et la présence de criminels qui menacent les agences humanitaires dans la région. Le HCR poursuit ses discussions avec les autorités russes sur ces points et est prêt à poursuivre sa coopération avec le Gouvernement afin de fournir une assistance aux personnes déplacées, a souligné le Haut Commissaire aux réfugiés.

Mme Ogata, évoquant également la situation en Afghanistan, en Colombie, en Angola et dans la corne de l'Afrique, a souligné le lien direct qui existe entre les conflits et les déplacements forcés dans plusieurs parties du monde.

Concluant toutefois sur une note positive, Le Haut Commissaire a évoqué sa visite du mois de juillet au Mexique, à l'occasion de la fin du programme de rapatriement guatémaltèque.

Par ailleurs, le Haut Commissaire a estimé que l'on ne peut discuter de la question des réfugiés sans considérer celle de la sécurité. Le personnel humanitaire subit des menaces, des attaques et des harcèlements dans de nombreuses parties du monde, a-t-elle souligné. La sécurité doit cependant être durable. En outre, l'approche de la reconstruction postconflit ou la réhabilitation des zones affectées par le flux de réfugiés doit être aussi complète que possible. Mme Ogata a également estimé que la coexistence et la réconciliation des communautés divisées est un problème crucial. Il est également extrêmement important de remettre sur pieds le système judiciaire et de traduire en justice ceux qui ont commis des crimes contre l'humanité, a-t-elle ajouté. Le Haut Commissaire a insisté sur le fait que le mandat du HCR n'est pas seulement humanitaire car travailler avec les réfugiés suppose aussi un apport de protection.

Dialogue

Des questions ont été posées au Haut Commissaire, notamment par les Représentants de l'Afrique du Sud, concernant les moyens utilisés par la communauté internationale pour régler les conflits et la nécessité d'inclure des considérations humanitaires dans les négociations pour la gestion et la résolution des conflits. Certaines délégations se sont préoccupées des crises humanitaires pendant les conflits armés et des conflits anciens oubliés. Ainsi, le Représentant du Soudan a posé des questions sur les problèmes qui se posent lorsqu'un pays a des réfugiés depuis plus de trente ans et souhaiterait préparer leur retour. Le Représentant a réitéré son invitation à Mme Ogata de se rendre au Soudan qui accueille de nombreux réfugiés sur son territoire.

D'autres questions, posées notamment par le Représentant de l'Espagne, ont porté sur le problème de la sécurité du personnel du HCR et des personnels humanitaires, ainsi que la sécurité des camps de réfugiés. Parmi les questions portant sur le personnel, il a été demandé des précisions sur le type de formation que reçoit le personnel des camps.

En réponse, Mme OGATA a indiqué qu'il conviendrait en effet que des considérations humanitaires soient intégrées dans la gestion des conflits. Elle a déclaré qu'elle s'emploie à ce que le Bureau d'Addis-Abeba participe aux négociations de paix se déroulant sous l'égide de l'OUA et qu'elle s'efforcerait d'étendre ce type d'initiative à toutes les régions. Au regard des conflits de longue durée et des conflits oubliés, il faut mobiliser la communauté internationale. Elle a convenu avec le Représentant du Soudan qu'il est souvent difficile d'entrer en contact avec les réfugiés et l'a remercié de son invitation à laquelle elle regrette de n'avoir pas encore pu répondre.

Pour ce qui est de la sécurité des personnels et de celle des camps, il importe que l'aspect civil des camps soit maintenu ce qui est, au premier chef, la responsabilité du Gouvernement hôte. Toutefois, il arrive souvent que ses capacités ne lui permettent pas de le faire, ainsi plusieurs options sont à l'étude, comme par exemple la formation de policiers.

Au cours d'une autre série de questions, le Représentant de la Guinée, notamment, s'est penché sur les questions de coopération interinstitutions et interétatique dans la gestion et la résolution des conflits. Au regard de la coopération, la Représentante des Etats-Unis, estimant que le partenariat international est nécessaire et permet de soulager la charge des pays d'accueil, a posé la question de savoir comment les donateurs peuvent s'engager plus avant dans la protection des réfugiés et leur réinsertion. Celle-ci s'est également déclarée préoccupée par la situation des femmes et des enfants et a souhaité connaître les nouvelles initiatives du HCR dans ce domaine. Certaines questions ont porté sur le processus Brookings et la transition de l'aide humanitaire en aide au développement.

Les Représentants du Guatemala et du Mexique ont demandé comment pourrait être reproduit le processus qui a été utilisé pour les réfugiés guatémaltèques au Mexique dont un tiers a décidé de rester, parce qu'ils ont trouvé une façon digne d'y vivre dans le pays d'accueil. Cette initiative et la participation des réfugiés, notamment des femmes, aux décisions qui ont été prises mériterait d'être étendue à d'autres pays.

Répondant à ces questions, Mme OGATA a indiqué que la coopération était effectivement indispensable et au coeur de ses préoccupations. Au regard de l'Initiative Brookings, un Accord entre le HCR, la Banque mondiale et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a permis d'établir

une sorte de "Bureau" de cette Initiative pour explorer la méthodologie permettant de se pencher sur la période de l'écart entre les secours d'urgence et la relance du développement. Il faut encore réfléchir sur les moyens d'établir une méthodologie permettant d'aborder ce problème. Elle a précisé que le HCR, la Banque mondiale et le PNUD vont étudier cette question en Sierra Leone.

Mme Ogata a insisté sur le fait que le traitement du rapatriement des réfugiés guatémaltèques du Mexique est unique, notamment parce qu'il offrait simultanément des possibilités de retour et d'insertion. Elle a regretté qu'il ne soit pas toujours possible d'appliquer ce genre de solution, soit par manque de collaboration, soit à cause d'une trop grande disparité de culture avec le pays d'accueil, soit parce le pays d'accueil n'a pas les ressources géographiques ou économiques nécessaires pour offrir de véritables possibilités d'insertion. Elle s'est félicitée des efforts faits par les deux pays et de la flexibilité du programme qui a pu ainsi être mis en place. Ce type de solution devrait pouvoir s'appliquer un peu partout, a-t-elle estimé.

En ce qui concerne les femmes et les enfants, le HCR a pris des mesures sur la protection des femmes réfugiées se trouvant dans les camps. Mme Ogata a souligné la nuance qui existe entre les personnes qui parviennent à passer les frontières et celles qui restent dans le pays et ne sont donc pas des réfugiés à proprement parler. Toutefois, ce n'est pas la classification qui importe, a-t-elle ajouté, mais la possibilité d'adresser tous les problèmes et de répondre à toutes les situations qu'il s'agisse de réfugiés ou de personnes déplacées. Elle s'est félicitée de la possibilité d'installation que les Etats-Unis offrent aux réfugiés d'Afrique et les a encouragés à continuer dans cette voie.

Lors d'une nouvelle série de questions, il a été demandé à Mme Ogata, notamment par la République-Unie de Tanzanie, des précisions sur le concept de "personnes se trouvant dans la difficulté" dont la définition ne semble pas claire. D'autres questions ont porté sur les mesures en vue pour assurer le retour des réfugiés lorsque ceux-ci le souhaitent. Ainsi, la Représentante du Bénin a souhaité savoir ce qui était fait pour les réfugiés libériens dont le programme de rapatriement a été suspendu.

Se rapportant aux conclusions émises à l'issue de la réunion du Comité exécutif à Genève, le Représentant de l'Autriche a souhaité savoir quels sont les principaux problèmes pour faire respecter le droit d'asile.

La délégation de la Jamahiriya arabe libyenne a soulevé la question des réfugiés mineurs non accompagnés et a souhaité savoir ce que prévoit pour eux le HCR lorsque les Etats d'accueil ne peuvent s'en occuper, notamment ceux qui souffrent de handicap ou du sida. En outre, la Représentante s'est indignée de ce qui est dit sur son pays dans un livre publié sous les auspices du HCR et traduit dans plusieurs langues. Elle a demandé que la mention selon laquelle son pays souffre d'un conflit armé soit retirée.

En réponse à cette dernière série de questions, Mme OGATA a indiqué que la situation des enfants réfugiés non accompagnés est particulièrement préoccupante. Il importe en premier lieu de tenter de réunir les familles, notamment grâce à une collaboration avec l'UNICEF et le CICR.

En réponse à la remarque de la Jamahiriya arabe libyenne au regard de cette publication, elle a indiqué qu'elle n'est pas personnellement responsable de toutes les contributions et que, d'autre part, il ne s'agit pas d'un document officiel, mais qu'elle transmettra les remarques de la déléguée à ses collaborateurs.

Mme Ogata a précisé que la notion de personnes en difficultés englobe les demandeurs d'asile, les réfugiés politiques et toutes les personnes qui ne sont pas à proprement parler des réfugiés. Au regard de l'arrêt du programme de retour des réfugiés libériens, Mme Ogata a indiqué que les réfugiés qui rentrent ont des problèmes de sécurité. En outre, il y a également un manque d'infrastructures et de développement qui freine le retour des réfugiés qui, par exemple, craignent de ne pas trouver d'écoles pour leurs enfants.

Se penchant sur les problèmes qui se posent, en droit, en matière du droit d'asile, Mme Ogata a indiqué que ceux-ci sont strictement d'ordre rigoriste. Le droit de la plupart des pays européens ne reconnaît que les Etats comme agents de persécution. Il faudrait donc étendre la définition des agents de persécution pour recouvrir la réalité actuelle, ce qui permettrait d'accorder légalement le droit d'asile sur une base plus large.

En conclusion, Mme Ogata est revenu sur la tragédie de l'avion du Programme alimentaire mondial (PAM) qui s'est écrasé ce matin au sud du Kosovo avec 23 passagers à bord.

Débat général

Mme LEENA LIIRA (Finlande), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a déclaré que les violations des droits de l'homme constituaient souvent les causes premières de déplacement involontaire de populations. L'Union européenne se félicite du travail de Mme Sadako Ogata, Haut Commissaire pour les réfugiés. Même si l'on peut se féliciter de la diminution du nombre de réfugiés, force est de constater qu'ils ne sont plus uniquement dus aux conflits armés. Au contraire, ces flux font partie des objectifs des parties au conflit qui y voient une manière de contrôler les ressources naturelles ou de parachever l'uniformité ethnique. L'Union européenne est préoccupée par le nombre de nouveaux conflits et des crises de réfugiés, notamment au Kosovo, en Sierra Leone, et au Timor oriental.

Le système international de protection des droits de l'homme et les travaux du HCR en matière de protection sont complémentaires. Une politique efficiente de protection des droits de l'homme est essentielle pour prévenir les crises de réfugiés. D'autre part, seule la coopération concertée et bien coordonnée peut permettre de faire face aux déplacements massifs de population. A cet égard, le mandat du Haut Commissariat pour les réfugiés en fait l'organisation la plus à même de surveiller les situations et de faciliter la réalisation des objectifs. L'Union européenne estime que la sécurité des personnels humanitaires doit être garantie par toutes les parties au conflit et a présenté une résolution en plénière à ce sujet.

L'Union européenne croit fermement que la neutralité et l'indépendance des actions humanitaires doivent être préservées en toute circonstance. Parallèlement, la communauté internationale doit être prête à prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir la sécurité de l'action des organisations comme le HCR. Les conditions pour les arrangements nécessaires doivent être définies par les acteurs civils et militaires concernés, travaillant ensemble, dans le cadre de leurs mandats respectifs.

Concernant la situation des réfugiés au Timor oriental et au Timor occidental, l'Union européenne a souligné que ces personnes devaient avoir la possibilité de regagner leurs foyers en toute sécurité. Concernant la situation dans la région des Grands Lacs, en Afrique, l'Union européenne a demandé que les Gouvernements respectent leurs obligations internationales pour garantir le respect des droits de l'homme des personnes demandant protection. Concernant la situation dans le Caucase, l'Union européenne a affirmé que les personnels humanitaires devaient avoir totalement accès à la région et que la liberté de mouvement des personnes souhaitant quitter la zone de conflit devait être garantie. L'Union européenne, par ailleurs, a souligné que la protection des réfugiés revenait en premier lieu aux pays hôtes et que le principe de non refoulement devait être respecté.

En Europe, la récente entrée en vigueur du Traité d'Amsterdam renforcera la coopération entre les Etats Membres sur la question des migrations et des demandeurs d'asile. Le Conseil de l'Europe, lors de sa réunion d'octobre a confirmé qu'une politique commune à l'égard des demandeurs d'asile serait mise en place. Le Bureau du Haut Commissariat pour les réfugiés sera consulté à ce sujet. La collaboration entre l'Union européenne et le Haut Commissariat pour les réfugiés est ancienne et vient d'être renforcée par la signature de l'Accord sur les Principes d'application du financement et du cofinancement par la Communauté des programmes et des projets administrés par les Nations Unies.

Mme Liira a conclu son allocution en soulignant que les crises de réfugiés devaient être prises en charge de la même façon, partout dans le monde.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique), Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a déclaré qu'au vue de l'éclatement de nouveaux conflits sur le continent, et de l'aggravation du problème des réfugiés, la SADC estime qu'une plus grande attention doit être accordée aux mécanismes de prévention des conflits. Par ailleurs, la SADC s'inquiète du traitement inégal de la question des réfugiés dans les différentes régions du monde.

Tout en soulignant l'importance des programmes de rapatriement des réfugiés, la SADC a souligné que la fragilité des accords de paix pouvait constituer un frein à de tels programmes. La SADC estime donc que les pays d'origine comme les pays hôtes doivent recevoir une aide de la communauté internationale afin d'assurer le retour sécurisé des réfugiés et des personnes déplacées. De même, les processus de rapatriation sont souvent ralentis par le fait que de larges superficies contiennent des mines antipersonnel. La SADC prie toutes les institutions responsables du déminage de travailler en collaboration étroite avec le HCR. Elle demande à la communauté internationale de fournir l'assistance nécessaire aux pays touchés.

Soucieuse des problèmes de xénophobie auxquels doivent parfois faire face les réfugiés, la SADC se félicite de la campagne du HCR contre ce phénomène.

M. Dos Santos a souligné que la communauté internationale devait respecter ses obligations quant aux programmes de réhabilitation et de reconstruction en Afrique.

La SADC se félicite du rôle joué par le HCR pour la protection des enfants et des femmes réfugiés.

La SADC estime que le règlement de la question des réfugiés est une condition essentielle pour le développement durable en Afrique. La SADC a demandé aux "pays producteurs de réfugiés" de trouver des moyens pacifiques pour régler leurs problèmes. Il faut aussi, selon elle, fournir des moyens financiers suffisants pour que les pays hôtes puissent s'acquitter de leur obligation de protection sans alourdir les problèmes de leurs propres citoyens.

M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s'est félicité du fait que la réponse du HCR à la crise du Timor oriental démontre une fois de plus que Mme Ogata sait tirer les leçons des expériences et des échecs du passé. Le Représentant a fait remarquer que le HCR manque souvent des ressources suffisantes pour remplir la mission que les gouvernements attendent de lui. Il s'est également félicité de l'Initiative "Reach out" par laquelle le HCR s'emploie à renforcer l'appui au régime de protection par les partenaires traditionnels et non traditionnels et des efforts du HCR pour garantir l'application de la Convention de Genève de 1951 et du Protocole de 1967.

Le Représentant a précisé que le régime d'asile de la Norvège reconnaît que les personnes exposées au risque de discrimination sexospécifique doivent bénéficier d'une protection internationale. Le Représentant s'est également félicité du dialogue en cours avec le Conseil de sécurité pour assurer la dimension humanitaire de la gestion des conflits qui a permis l'Initiative Brookings qui a révélé les problèmes importants concernant l'écart entre le secours et le développement.

Le Représentant a souligné l'importance de la coopération qui s'est installée entre le HCR, les institutions des Nations Unies et les organisations comme le CICR. Il s'est ensuite inquiété de la sécurité des réfugiés et des personnels humanitaires et s'est félicité des diverses initiatives dans ce domaine. A cet égard, il a attiré l'attention sur le fait que le manque de sécurité rend également la réinsertion et la normalisation postconflit plus difficile.

Au regard du nouveau budget, le Représentant s'est félicité de la nouvelle structure de direction du HCR, ainsi que du nouveau budget unifié. Il a également espéré que ce nouveau budget permettrait d'établir une base de financement plus solide pour le HCR afin qu'il soit à même de remplir sa mission. La Norvège attache une grande importance à l'évaluation des premières phases de l'opération, dont il admire le sérieux. Elle contribuera à apporter son appui au HCR.

M. RYUICHIRO YAMAZAKI (Japon) a souligné les difficultés croissantes auxquelles le Haut Commissariat aux réfugiés est confronté. Le Représentant a été d'avis, comme Mme Ogata, que l'armée peut soutenir mais pas remplacer une institution humanitaire. Il a également observé que la nature des conflits a changé et que ceux-ci se déroulent désormais plus souvent à l'intérieur des frontières des Etats. Les civils, y compris les enfants, sont également plus touchés par les conflits. C'est pourquoi, plus que jamais, les agences humanitaires doivent pouvoir mener leurs activités en toute neutralité et impartialité, a souligné le Représentant. Pour faire face à ces nouvelles réalités, des discussions sont en cours sur le renforcement de la protection juridique à la fois des civils et du personnel engagé dans l'assistance humanitaire. A cet égard, le Japon salue l'entrée en vigueur de la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé, qu'il a été le deuxième pays à ratifier.

Le Représentant a détaillé la coopération du Japon avec le HCR au Timor oriental, et particulièrement sous sa forme financière. Il a notamment précisé que le Japon a fourni 2 millions de dollars au HCR au mois d'octobre, notamment sous la forme de tentes et de draps. La réponse aux situations d'urgence postconflits doit être globale, a-t-il également déclaré, en espérant que les efforts de construction au Timor oriental et au Kosovo seront l'occasion d'appliquer cette démarche.

En ce qui concerne l'Afrique, le Représentant a indiqué que le Japon a augmenté le pourcentage de sa contribution aux activités du HCR pour l'Afrique qui sont passées de 8,6% en 1998 à 10,7% en 1999. Le Gouvernement japonais coopère avec le HCR en lui fournissant des ressources humaines et financières, a déclaré le Représentant. Il a ajouté que les organisations non gouvernementales japonaises qui se trouvent sur le terrain peuvent et doivent servir plus fréquemment d'agences d'exécution.

M. LUIS FERNANDO CARRANZA (Guatemala) est revenu en détail sur le programme de rapatriement et de réintégration des réfugiés guatémaltèques du Mexique, grâce à la coopération entre la "Commission spéciale d'attention aux rapatriés, aux réfugiés et aux personnes déplacées" (CEAR), une délégation du Gouvernement mexicain, le Bureau du HCR au Guatemala ainsi que la conférence épiscopale. Cette coopération a établi en 1992 que le rapatriement devait être volontaire, que sa volonté de retourner devait être exprimée individuellement, et que le retour devait s'effectuer dans des conditions assurant la sécurité et la dignité des réfugiés. L'accord qui a été établi a permis de définir les conditions de l'aide et la participation du HCR. Ainsi, entre 1986 et 1999, la CEAR a pu coordonner le retour de 42 437 personnes soit 9 674 familles. Les rapatriés bénéficiaient d'une aide alimentaire pendant neuf mois, des primes agricoles, d'une aide à l'installation, ainsi qu'à la santé et à l'éducation.

Parmi les caractéristiques particulières de cette initiative, le Représentant a tenu à signaler la participation de représentants des réfugiés aux négociations les concernant. Il a également cité les possibilités d'insertion offertes par le Mexique. Le Représentant a insisté sur le fait que le succès de cette opération vient d'une action concertée entre les gouvernements amis et les institutions des Nations Unies.

Le Représentant s'est ensuite penché sur le travail qui a été fait pour faciliter la réinsertion des réfugiés qui ont choisi de rentrer. Il a cité notamment le Programme d'aide au rapatriement volontaire, le Fonds de réinsertion de la population rapatriée, le Projet pour le développement intégral durable, le Programme de réduction des risques pour les habitants des zones affectées par le conflit armé ainsi que le déminage.

M. LUIS ALFONSO DE ALBA (Mexique) a souligné la valeur qu'accorde le Mexique à la coopération coordonnée et respectueuse menée pendant 17 ans avec le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR).

Le Représentant a souligné la tradition d'hospitalité du Mexique. Il a rappelé que la signature des Accords de paix au Guatemala et du Plan de stabilisation des flux de réfugiés établi par le Mexique ont permis de créer un nouveau cadre pour les travaux du HCR, en vue de permettre le retour volontaire ou l'intégration locale de ceux qui le choisissaient. Les lois mexicaines ont connu d'importantes modifications pour permettre l'application de ces dispositions, a souligné le Représentant.

Après avoir exposé les étapes par lesquelles est passé ce processus, le Représentant a précisé que quelque 64 000 Guatémaltèques s'étaient réfugiés au Mexique, dont 42 000 ont choisi le retour volontaire et 22 000 l'installation au Mexique. Au cours de la cérémonie de clôture du Plan d'aide et de rapatriement volontaire des réfugiés Guatémaltèques, en juillet dernier, 939 cartes de naturalisation ont été distribuées à des Guatémaltèques qui avaient décidé de rester sur le territoire mexicain, a-t-il en outre précisé.

Mme BRIGITTE DIOGO (Canada) a déclaré que son pays réitérait son appui au Haut Commissariat pour les réfugiés pour son effort continu afin d'assurer une protection et une assistance effectives aux personnes déplacées. Le Canada veut toutefois rappeler que la protection des réfugiés relève d'abord des Etats et qu'il appuie les efforts du HCR pour amener le plus de pays possible à ratifier la Convention de 1951 et le Protocole de 1967.

La première responsabilité des Etats est de ne pas refouler les personnes qui fuient leurs pays en quête de protection, puis de faciliter la tâche du HCR sur le terrain en lui permettant d'accéder aux personnes déplacées. Ceci implique que les Etats mettent en place les moyens nécessaires pour garantir la sécurité du personnel du HCR et des autres organismes humanitaires mais aussi la sécurité physique des réfugiés.

Le Canada a fait de la sécurité humaine, une priorité de sa politique étrangère et accorde une grande importance aux discussions qui ont eu lieu en février et septembre dernier, au sein du Conseil de Sécurité sur la protection des populations civiles dans des situations de conflits armés. Le Canada invite la communauté internationale à donner suite à la résolution 1265 sur la protection des populations civiles. Les préoccupations du Canada sur la sécurité humaine incluent aussi celles à l'égard du problème croissant du trafic des personnes, y compris des migrants clandestins. Le Canada croit que les négociations actuelles en vue de l'élaboration de la convention contre la criminalité transnationale organisée et les protocoles qui s'y rattachent, sont un pas dans la bonne direction pour tenter de remédier à cette situation.

Le Canada est également préoccupé par la dimension que prend l'usage abusif de ses systèmes de détermination de réfugiés qui met en péril l'intégrité de ses institutions nationales vouées à la protection des réfugiés. Parallèlement, le Canada estime que l'on doit accorder plus d'attention aux causes fondamentales des conflits et des mouvements de réfugiés. Le Canada est convaincu que la communauté internationale a la volonté politique nécessaire pour trouver des solutions durables.

M. IBRAHIM M. KAMARA (Sierra Leone) a fait remarquer que les conflits en Sierra Leone, au Libéria et en Angola ont révélé l'importance du rôle que peuvent jouer des intérêts privés dans l'éclatement de conflits, puisque la guerre n'était que le résultat de la compétition pour la richesse et le contrôle des ressources naturelles, notamment les diamants, et était alimentée par des étrangers qui encourageaient et armaient les groupes rebelles.

Le Représentant a ensuite rappelé que, dans son pays, les neuf années de guerre brutale menée par les rebelles, ont fait 50 000 victimes, poussé plus d'un demi million de personnes à l'exil, fait plus de deux millions et demi de personnes déplacées dans le pays. Plusieurs milliers de personnes sont tombées aux mains des rebelles qui utilisaient l'amputation pour inspirer la terreur.

Le Représentant a déploré le manque d'intérêt des donateurs pour la situation des réfugiés en Afrique, ce qui diminue d'autant les capacités d'action du HCR. S'il a reconnu qu'il est de la responsabilité des dirigeants africains de trouver des solutions aux problèmes des réfugiés en Afrique, il a fait remarquer qu'au vu du manque de ressources des pays africains, il conviendrait que la communauté internationale et les pays donateurs apportent leur soutien financier, matériel et moral à la solution de ces problèmes. En outre, il importe également d'aider les pays africains dans leur efforts d'établissement de la paix et de reconstruction économique afin d'assurer une sécurité à long terme. Citant l'exemple de la Guinée qui a accueilli près d'un demi million de réfugiés de la Sierra Leone et du Libéria, il a attiré l'attention sur la charge supportée par les pays d'accueil qui sont eux-mêmes en proie à des difficultés économiques. Il a estimé que la Guinée en tant que pays d'accueil mérite un soutien accru des pays donateurs.

En conclusion, le Représentant a exprimé l'espoir que la récente décision du Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement en Sierra Leone d'une force de maintien de la paix forte de 6 000 personnes sera le signe d'une plus grande volonté d'agir. Il a appelé la communauté internationale à accorder une soutien financier suffisant à la reconstruction de son pays afin de permettre le retour des réfugiés et des personnes déplacées.

M. ANDREI NIKIFOROV (Fédération de Russie) a estimé que les efforts déployés en faveur des réfugiés ne sont pas toujours suffisants mais que la volonté politique de résoudre les crises de réfugiés bien présente permettrait un certain optimisme. En ce qui concerne les flux de population dans les pays de la communauté des Etats indépendants, le Représentant a rappelé le Plan d'action de la Conférence de Genève, soulignant que les Etats de la région avaient reconnu qu'ils ont la responsabilité première de résoudre les crises humanitaires. Il a insisté sur l'importance de la contribution de la communauté internationale pour aider les pays de l'ancien espace soviétique à mettre en oeuvre les activités de suivi de la Conférence régionale sur le problème des réfugiés dans les pays de la CEI. Il importe de déployer des ressources importantes pour que les flux importants de réfugiés qui existent dans ces pays ne débordent pas sur les pays voisins, a-t-il souligné.

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