L'ASSEMBLEE EXHORTE LES ETATS A S'ABSTENIR D'APPLIQUER DES LOIS EXTRATERRITORIALES QUI PORTENT ATTEINTE AUX INTERETS LEGITIMES D'AUTRES ETATS
Communiqué de Presse
AG/959
L'ASSEMBLEE EXHORTE LES ETATS A S'ABSTENIR D'APPLIQUER DES LOIS EXTRATERRITORIALES QUI PORTENT ATTEINTE AUX INTERETS LEGITIMES D'AUTRES ETATS
19991109Cuba entend réclamer plus de 100 milliards de dollars aux Etats-Unis pour les dommages causés à sa population par l'embargo
L'Assemblée générale a exhorté ce matin tous les Etats à s'abstenir de promulguer et d'appliquer des lois et mesures dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d'autres Etats et aux intérêts légitimes d'entités ou de personnes placées sous leur juridiction, ainsi qu'à la liberté du commerce. Par un texte sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis, adopté par 155 voix pour, 2 contre (Etats-Unis et Israël) et 8 abstentions (Estonie, Etats fédérés de Micronésie, Géorgie, Lettonie, Maroc, Nicaragua, Ouzbékistan et Sénégal), l'Assemblée demande de nouveau instamment aux Etats qui continuent d'appliquer des lois ou des mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou en annuler l'effet le plus tôt possible.
Plaidant en faveur de la levée immédiate, complète et sans condition de l'embargo contre son pays, le représentant de Cuba a dénoncé la politique de génocide menée par les Etats-Unis à l'encontre de la population cubaine et a annoncé que Cuba allait intenter une action en justice contre le Gouvernement américain en vue d'obtenir une indemnisation de plus de 100 milliards de dollars pour les dommages énormes causés au peuple cubain par l'embargo depuis 40 ans. Le représentant a dénoncé les pressions exercées par les Etats-Unis pour gagner d'autres pays à leur cause "injuste et injustifiable" et influencer le vote de l'Assemblée générale sur la résolution demandant, pour la huitième année consécutive, la levée de l'embargo. Il a affirmé que, quoiqu'en disent certains hauts responsables américains, les médicaments et les produits alimentaires restent frappés d'embargo, privant ainsi Cuba de produits essentiels pour sa population. Il a appelé les Etats-Unis à cesser d'encourager les actes subversifs visant à renverser le Gouvernement souverain de Cuba.
Le représentant des Etats-Unis a expliqué que l'embargo constitue l'un des éléments d'une politique visant à promouvoir la démocratie à Cuba et que, tout en maintenant l'embargo, l'Administration Clinton a pris des mesures pour augmenter substantiellement les contacts de peuple à peuple avec la population cubaine, augmenter les transferts d'argent vers Cuba et autoriser la vente à
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ce pays de produits alimentaires et agricoles. De l'avis des Etats-Unis, l'embargo économique contre Cuba relève strictement de la politique commerciale bilatérale et l'Assemblée générale n'est pas l'instance appropriée pour son examen.
Les délégations qui ont pris la parole ont, dans leur majorité, plaidé en faveur de la levée de l'embargo imposé à Cuba, soulignant les souffrances endurées depuis trop longtemps par la population cubaine. Pour nombre d'entre elles, l'embargo et en particulier la loi Helms-Burton qui autorise des poursuites aux Etats-Unis contre les sociétés ayant des relations commerciales avec Cuba, d'où qu'elles viennent, constituent une ingérence dans les affaires intérieures de Cuba. Plusieurs délégations ont également appuyé l'ouverture d'un dialogue franc entre les deux pays en vue de régler cette question. L'Union européenne pour sa part s'est déclarée fermement opposée à toute législation ayant des effets extraterritoriaux. La représentante de la Finlande qui parlait en son nom et celui des pays associés a expliqué que les Quinze ont pour politique de ne pas forcer le changement par des mesures coercitives ayant pour effet d'aggraver les difficultés des populations. Elle a fait part de la volonté de l'Union européenne de devenir un véritable partenaire de Cuba mais a indiqué qu'il n'y aura pas de véritable coopération sans une amélioration substantielle de la situation des droits de l'homme à Cuba.
Le représentant du Canada a estimé qu'une politique d'engagement constructif aurait davantage d'effets que l'embargo dont l'efficacité a été négligeable depuis 40 ans.
L'examen de ce point a aussi été pour plusieurs délégations l'occasion de rappeler les souffrances d'autres populations touchées par des embargos. Les représentants de la Jamahiriya arabe libyenne et de l'Iraq ont ainsi plaidé à nouveau pour la levée des sanctions imposées à leur pays respectif. Le représentant du Soudan a rappelé que son pays avait également subi une attaque contre ses infrastructures de la part des Etats- Unis, mécontents de la politique menée par son Gouvernement.
Les représentants des pays suivants ont expliqué leur vote : Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Etats-Unis, Bélarus, Japon, Canada, République de Corée, Uruguay, Brésil, Chine, Norvège et Australie.
Outre le Président de l'Assemblée nationale populaire de Cuba, les représentants des pays suivants ont fait une déclaration au cours du débat : Mexique, Myanmar, République démocratique populaire lao, Jamahiriya arabe libyenne, Argentine, Viet Nam, République arabe syrienne, Mali, Zambie, Malaisie, Indonésie, Namibie, Jamaïque, République-Unie de Tanzanie, Venezuela, Fédération de Russie, Soudan, Iraq, Afrique du Sud (au nom des Etats membres du Mouvement des non alignés) et République islamique d'Iran.
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L'Assemblée poursuivra ses travaux demain mercredi 10 novembre à 10 heures. Elle devrait examiner trois projets de résolution portant respectivement sur Bethléem 2000, sur la suite donnée au Sommet mondial pour le développement social, et sur la suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées. Elle devrait également élire le Secrétaire général adjoint aux services de contrôle interne.
NECESSITE DE LEVER LE BLOCUS ECONOMIQUE, COMMERCIAL ET FINANCIER APPLIQUE A CUBA PAR LES ETATS-UNIS D'AMERIQUE
Rapport du Secrétaire général (A/54/259)
Le rapport reproduit les réponses reçues au 26 juillet 1999 des gouvernements et des institutions et organismes des Nations Unies sur l'application de la résolution 53/4 relative à la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis, adoptée le 14 octobre 1998 par l'Assemblée générale. Conformément à cette résolution, par une note datée du 30 mars 1999, le Secrétaire général avait invité les gouvernements et les institutions et organismes du système des Nations Unies à lui communiquer toutes les informations qu'ils pourraient souhaiter lui fournir aux fins de l'établissement de son rapport.
Au 26 juillet 1999, 59 gouvernements et 8 institutions et organismes du système de l'ONU avaient répondu à la demande du Secrétaire général. Les réponses qui pourraient parvenir par la suite seront reproduites sous forme d'additifs au rapport.
Adoption d'une résolution
Aux termes de la résolution sur la nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis (A/54/L.11), présentée par Cuba et adoptée par 155 voix pour, 2 contre (Etats-Unis et Israël) et 8 abstentions (Estonie, Etats fédérés de Micronésie, Géorgie, Lettonie, Maroc, Nicaragua, Sénégal et Ouzbékistan), l'Assemblée générale exhorte tous les Etats à s'abstenir de promulguer et d'appliquer des lois et mesures dont les effets extraterritoriaux portent atteinte à la souveraineté d'autres Etats et aux intérêts légitimes d'entités ou de personnes placées sous leur juridiction, ainsi qu'à la liberté du commerce et de la navigation. Elle demande de nouveau instamment aux Etats qui continuent d'appliquer des lois ou des mesures de ce type de faire le nécessaire pour les abroger ou en annuler l'effet le plus tôt possible.
Explications de vote
La représentante de la Finlande, prenant la parole au nom de l'Union européenne et des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre, de Malte et de l'Islande, a déclaré que l'objectif principal de l'Union européenne dans ses relations avec Cuba est d'encourager un processus graduel et pacifique de transition vers la démocratie et le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ainsi qu'une amélioration des conditions de vie du peuple cubain. Elle reconnaît certains développement positifs en 1998 mais reste préoccupée par la situation politique et économique à Cuba et exprime l'espoir que des améliorations sensibles et durables seront apportées. Récemment, la situation sociale, politique et économique n'a connu aucun changement. Les développements positifs dans le domaine des droits de l'homme qui ont eu lieu après la visite du pape n'ont pas été poursuivis. L'Union européenne est préoccupée par certains aspects de la loi adoptée en février dernier par l'Assemblée nationale cubaine et sanctionnant le droit des citoyens à la liberté d'opinion et à la liberté de disséminer des informations. L'Union européenne souligne la responsabilité fondamentale des autorités cubaines en ce qui concerne les droits de l'homme et demande instamment la libération et la réintégration complète dans la société de tous les prisonniers de conscience.
Cuba a été très active dans différentes instances régionales et l'Union européenne se félicite, en particulier, de sa participation au Sommet entre les pays d'Amérique latine et des Caraïbes et l'Union européenne qui s'est tenu à Rio en juin, a poursuivi la représentante. L'Union européenne reconnaît que des mesures ont été prises par le Gouvernement cubain en vue d'une meilleure intégration économique et souligne à nouveau la nécessité d'une ouverture progressive et irréversible de l'économie cubaine. Elle réaffirme son désir d'être un véritable partenaire de Cuba mais sa coopération sans réserve avec Cuba est tributaire d'une amélioration de la situation des droits de l'homme dans le pays. L'Union européenne a pour politique de ne pas forcer le changement par des mesures coercitives ayant pour conséquence d'aggraver les difficultés économiques du peuple cubain. Elle estime que la politique commerciale des Etats-Unis à l'égard de Cuba est une question qui concerne les deux gouvernements. Toutefois, elle a fait part de son opposition claire à l'extension extraterritoriale de l'embargo américain et réaffirme sa ferme opposition à l'imposition de boycottages secondaires et de législations dont les effets rétroactifs et extraterritoriaux restent sans changement. L'Union européenne a adopté en novembre 1996 des dispositions visant à protéger les intérêts des personnes résidant dans l'Union européenne contre les effets extraterritoriaux de la loi Helms-Burton. En mai 1998, l'Union européenne et les Etats-Unis sont convenus d'un ensemble de mesures, y compris d'un engagement des Etats-Unis à s'opposer à toute législation extraterritoriale de ce type et un accord sur le respect des disciplines sur la protection des investissements. L'Union européenne estime qu'il s'agit d'une mesure importante en vue de la résolution des questions en suspens avec les Etats-Unis, et attend que des progrès soient réalisés très rapidement dans ce cadre. Pour toutes ces raisons, l'Union européenne appuiera à l'unanimité le projet de résolution, a conclu la représentante.
Le représentant des Etats-Unis s'est opposé à la résolution et a encouragé les autres délégations à faire de même. La décision des Etats-Unis de maintenir l'embargo économique contre le Gouvernement cubain relève strictement de la politique commerciale bilatérale et ne peut dépendre d'un examen au sein de l'Assemblée générale. L'allégation, implicite dans la résolution, selon laquelle les Etats-Unis empêchent les autres pays de faire du commerce avec Cuba ne peut tout simplement pas être étayée par des preuves. Les Etats souverains décident eux- mêmes avec quels Etats ils veulent commercer. A cause de la politique répressive de Castro, les Etats-Unis ont décidé de ne pas avoir de relations commerciales avec le Gouvernement cubain. L'embargo constitue l'un des éléments d'une politique visant à promouvoir la démocratie à Cuba. Tout en maintenant l'embargo, l'Administration Clinton a pris des mesures pour augmenter substantiellement les contacts de peuple à peuple avec la population cubaine, augmenter les transferts d'argent et permettre la vente de produits alimentaires et produits agricoles aux entités privées. Le peuple américain est extrêmement généreux dans son assistance humanitaire à Cuba.
L'objectif de cette politique est de favoriser une transition vers une forme de gouvernement démocratique, la protection des droits de l'homme, l'émergence d'une société civile, et de promouvoir la prospérité économique que la politique désastreuse du Gouvernement cubain refuse au peuple, a poursuivi le représentant. Les autorités cubaines estiment que les droits de l'homme du peuple cubain - ou l'absence de leur respect - est une affaire qui les concerne exclusivement. Les Etats-Unis rejettent ce point de vue et partent de l'hypothèse fondamentale que les violations des droits de l'homme dans un Etat préoccupent la communauté internationale toute entière. L'attention de la communauté internationale doit se porter sur la crise ininterrompue des droits de l'homme à Cuba plutôt que sur les aspects bilatéraux des efforts déployés par les Etats-Unis pour faciliter une transition pacifique vers la démocratie. La résolution ne sert qu'à détourner l'attention de la communauté internationale et pire, à encourager les autorités cubaines dans leurs politiques tragiques erronées, a conclu le représentant.
Le représentant du Bélarus a indiqué que son pays ne peut accepter ces mesures coercitives qui contredisent les dispositions de la Charte des Nations Unies. Il a appelé les Etats Membres à prendre les mesures nécessaires pour faire lever cet embargo qui viole les principes de la légalité internationale. Le représentant du Japon a indiqué que sa délégation, comme de nombreuses autres délégations est préoccupée par l'application extraterritoriale d'une législation, telle que la loi Helms- Burton. Il a indiqué que le Japon a suivi de près la mise en oeuvre de cette législation et demeure préoccupé. C'est pourquoi, le Japon votera en faveur de cette résolution. Bien que le Japon soit en faveur de cette résolution, il se demande si l'Assemblée générale constitue le forum approprié au règlement d'une question si complexe. Le représentant a indiqué que son pays pense qu'il serait mieux que les Etats-Unis et Cuba cherchent une solution par le biais d'un dialogue bilatéral. Le Japon appelle ces deux pays a renforcer leurs efforts pour y parvenir. Le représentant a déclaré saisir cette occasion pour attirer l'attention sur la situation des droits de l'homme à Cuba. Il a indiqué que son Gouvernement a accueilli avec satisfaction les indications du rapport du Rapporteur spécial sur la violence contre les femmes qui révèle que des mesures visant à améliorer le statut de la femme ont été prises par le Gouvernement cubain. Le représentant a cependant insisté sur le fait que le Japon restait préoccupé par la situation générale qui prévaut en matière des droits de l'homme à Cuba et a exprimé l'espoir de voir la situation s'améliorer.
Le représentant du Canada a expliqué que son pays partage avec les Etats-Unis l'objectif qui consiste à encourager la démocratie à Cuba. Mais il a estimé qu'une politique d'engagement constructif serait plus positive. C'est pour cette raison que le Canada reste favorable à la levée de cet embargo, dont l'efficacité a été négligeable depuis 40 ans. Il a accueilli avec satisfaction l'annonce d'engagements constructifs pris récemment par les Etats-Unis en ce qui concerne les contacts de personnes à personnes. Le représentant a néanmoins ajouté qu'on ne saurait tenir pour uniques responsables les Etats-Unis pour tous les maux dont souffre Cuba. Le Canada, a-t-il indiqué, maintient son opposition à l'embargo à cause des conséquences néfastes sur la population.
Le représentant de la République de Corée a indiqué que sa délégation partage les préoccupations des autres délégations concernant les conséquences de la loi Helms-Burton. Il a déclaré que la République de Corée a décidé de voter en faveur de cette résolution. Le représentant a précisé que cette position ne signifie pas pour autant que la Corée ne s'intéresse pas aux progrès de la démocratie et des droits de l'homme à Cuba.
Le représentant de l'Uruguay a indiqué que le vote de l'Uruguay en faveur de cette résolution se fonde sur ses principes de politique extérieure qui visent à favoriser la liberté du commerce, sans aucun type de restriction. Nous pensons que la loi Helms-Burton constitue une violation très claire du droit internationale ainsi que de la Charte de cette organisation.
L'Uruguay estime qu'il ne s'agit pas là du moyen adéquat pour permettre une ouverture démocratique à Cuba, a-t-il déclaré.
Le représentant du Brésil a voté pour la résolution, a déclaré le représentant, car nous estimons que le règlement des différends entre Etats doit se faire par des moyens pacifiques. On ne doit avoir recours à des mesures coercitives que lorsque tous les autres moyens ont été utilisés et en se fondant toujours sur le droit international. Les embargos entraînent des sanctions et touchent les intérêts d'Etats tiers a-t-il indiqué. Le Brésil s'associe ainsi à la quasi-unanimité de la communauté internationale et aux nombreuses instances internationales qui ont déjà rejeté l'embargo des Etats-Unis contre Cuba.
Le représentant de la Chine a regretté que les Etats-Unis aient refusé de mettre en oeuvre les décisions pertinentes prises par l'Assemblée. L'embargo est cause de grandes difficultés pour le peuple cubain et entrave les efforts de développement du gouvernement cubain a déclaré le représentant. Il a ajouté que le peuple cubain subissait des souffrances qui découlent de l'embargo sur les médicaments et les produits vivriers entraînant pour ce pays des conséquences pour la vie économique et commerciale avec d'autres Etats. L'histoire nous montre que ce n'est que sur la base du dialogue que les différences peuvent être résolues et nous espérons que les Etats-Unis prendront des mesures en ce sens, a-t-il déclaré.
Le représentant de la Norvège a déclaré que seul les sanctions adoptées par la communauté internationale par l'intermédiaire d'organisations représentatives sont légitimes, et qu'aucun pays ne doit imposer sa législation à d'autres. C'est pour cela que la Norvège a voté en faveur de la résolution. Cela ne signifie pas que la Norvège approuve les violations des droits de l'homme à Cuba, a-t-il précisé. Cependant la Norvège ne considère pas les mesures unilatérales, tel cet embargo, comme la réponse appropriée à la situation et au développement de Cuba, mais que davantage peut être accompli grâce a un dialogue constructif.
Le représentant de l'Australie a fait part de l'engagement de sa délégation en faveur de ce projet de résolution. Il a indiqué que l'Australie demeure préoccupée par la situation des droits de l'homme à Cuba et ne pense pas que cet embargo puisse aider Cuba. L'Australie, a-t-il indiqué, a toujours été opposée aux mesures ayant des applications extraterritoriales et notamment celle de la loi Helms-Burton qui affecte aussi les autres Etats.
Les représentants de Saint-Vincent-et-les Grenadines et du Cameroun ont indiqué qu'ils auraient voté en faveur de cette résolution si des raisons techniques ne les en avaient pas empêches.
Présentation de la résolution
M. RICARDO ALARCON DE QUESADA (Cuba) a déploré le fait que toutes les résolutions visant à mettre fin à l'embargo contre Cuba qui ont été adoptées par l'Assemblée générale depuis sept ans aient été ignorées par les Etats-Unis qui ont, au contraire, adopté, au cours de cette période, deux lois et plusieurs amendements et dispositions renforçant une politique rejetée par la communauté internationale. Ainsi, les Accords relatifs aux marques et aux brevets sont devenus les victimes les plus récentes d'une politique arrogante et irresponsable. Washington n'a pas non plus tenu ses engagements visant à modifier les aspects les plus durs de ses lois. Au contraire, il y a quelques jours, des menaces ont été lancées contre des sociétés européennes et autres travaillant à Cuba, ce qui témoigne d'une escalade dans l'application de la loi dite Helms-Burton. Washington mène, en outre, une campagne de désinformation à l'égard de l'opinion publique et a multiplié, cette année, les pressions et manoeuvres pour tenter d'influer sur l'action de l'Assemblée. Ainsi, des lettres ont été envoyées visant à obtenir le rejet du projet de résolution présenté par Cuba. Le représentant a estimé qu'il s'agit là d'un exemple de la suffisance des Etats-Unis et d'un manque de respect à l'égard des Etats Membres. Le pays qui doit le plus aux Nations Unies alors qu'il en bénéficie le plus grâce à son privilège de pays hôte ignore les décisions de l'Assemblée et l'insulte par des mensonges et des pressions, a-t-il dit. Cette lettre se moque aussi du peuple américain et de ses représentants élus, en affirmant que le Gouvernement des Etats-Unis facilite grandement l'exportation à Cuba de médicaments et permet la vente de produits d'alimentation. Il s'agit là d'un mensonge cynique qui a, d'ailleurs, été réfuté par l'Association américaine pour la santé mondiale. Les auteurs de la lettre affirment que l'embargo a pour objectif de restaurer la liberté et la démocratie à Cuba et insultent Cuba en l'accusant de violations des droits de l'homme. Mais, de telles accusations viennent d'un Gouvernement qui en menant une guerre économique contre Cuba refuse à tous les Cubains des produits alimentaires essentiels et des médicaments indispensables; un Gouvernement qui a soutenu la dictature de Batista jusqu'à la fin, a déclaré le représentant. Le document omet par ailleurs certains détails importants, le fait notamment que Washington s'ingère impudemment dans les affaires internes de Cuba en encourageant des actes subversifs visant à saper la société cubaine et à renverser le Gouvernement cubain, en consacrant à cet acharnements des ressources importantes.
La liberté et la démocratie ne sont pas l'apanage exclusif des Etats-Unis. L'objectif réel de l'embargo est de prendre aux Cubains leur pays, de s'emparer de leurs terres et de les soumettre à nouveau à la domination des Etats-Unis, a affirmé le représentant. Cette politique porte atteinte aux prérogatives souveraines des autres pays du monde, puisque l'embargo sape les bases mêmes de la civilisation, son principe le plus sacré, le droit d'un peuple à la vie. Détruire le peuple cubain, tel est l'objectif des Etats-Unis. Il s'agit purement et simplement d'un génocide. L'embargo a provoqué la mort, des maladies et des détresses immenses dont les responsables doivent être punis conformément à la Convention sur la prévention et le châtiment du crime de génocide de 1948. Trois générations de Cubains ont souffert de la politique menée par les Etats-Unis. Les Cubains ont dû vivre dans des conditions injustes et injustifiables imposées sciemment par le pays le plus puissant du monde en vue d'abattre Cuba et son peuple. En outre, Washington exerce des pressions pour que d'autres pays se joignent à cette politique. Cet embargo a donc un caractère extraterritorial puisqu'il empiète en même temps sur la souveraineté des autres pays depuis quarante ans.
Innombrables ont été les moyens utilisés par les autorités américaines pour poursuivre cette infamie contre le peuple cubain. Ainsi, les Etats-Unis n'ont pas hésité à mentir à cette Assemblée, comme ils le feront sans doute encore aujourd'hui, a affirmé le représentant. Dans ce contexte, il a également évoqué le vote, en août dernier, par le sénat américain d'un amendement à la loi d'allocation agricole visant à modifier la politique de sanctions unilatérales appliquées par Washington à d'autres pays en éliminant l'embargo sur les médicaments et les produits alimentaires. Alors que Cuba restait, à l'époque, le seul pays auquel les Etats-Unis interdisaient unilatéralement les ventes d'aliments et de médicaments, l'amendement n'a pas été inclus dans le texte de loi adopté. La raison, telle qu'expliquée par les sénateurs américains auteurs de l'amendement et confirmée par le Président Clinton, est que l'embargo contre Cuba doit être maintenu à tout prix. En outre, en interdisant le commerce avec Cuba, Washington oblige d'autres à être complices de son crime. Il est clair que l'embargo empêche toute exportation de médicaments et d'aliments à Cuba. S'il existait une once de vérité dans le discours américain, cet amendement aurait, en effet, été superflu. De l'avis de Cuba, l'approbation de l'amendement n'aurait de toute façon pas rendu l'embargo moins impitoyable et inhumain. En effet, comment acheter des produits, si Washington empêche le développement économique de Cuba, a demandé le représentant. De graves préjudices ont été portés aux exportations cubaines. Toutes les branches de l'économie nationale ont été touchées, ce qui a eu de graves retombées sur les conditions de vie de la population cubaine. Une équipe de bureaucrates et de diplomates se consacre sans relâche à suivre à la trace, dans le monde entier, tout produit contenant le moindre gramme de nickel ou de sucre cubain pour qu'il n'arrive pas sur le marché américain et à prévenir la vente à Cuba de tout produit étranger contenant moins d'une infime particule provenant des Etats-Unis. L'embargo doit être levé totalement et inconditionnellement. Le représentant a annoncé que Cuba allait lancer une action en justice contre le Gouvernement américain en vue d'obtenir une indemnisation de plus de 100 milliards de dollars pour les dommages énormes causés au peuple cubain par l'embargo.
Débat
M. MANUEL TELLO (Mexique) a déclaré que les lois comme la loi Helms-Burton sont inacceptables au regard du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies. Pour la huitième fois aujourd'hui, l'Assemblée générale va exhorter les Etats à s'abstenir de promulguer ou d'appliquer des lois ou mesures extraterritoriales, a-t-il indiqué. Cet appel conforme à la raison, au droit et à l'éthique ne peut rester sans suite.
L'embargo contre Cuba doit cesser, a-t-il déclaré. Il a expliqué que le Mexique avait toujours rejeté les mesures unilatérales et coercitives dans les relations internationales. Il faut supprimer cette survivance d'un autre temps qui n'a plus de raison d'être dans le nouveau millénaire. Nous ne pourrons réaliser les espérances des fondateurs des Nations Unis qu'en étant unis, respectueux de nos différences et enrichis de notre diversité grâce au dialogue.
Le Mexique continuera de soutenir la coopération et les échanges économiques avec Cuba, nation historiquement, géographiquement et culturellement soeur, a-t-il souligné. En accord avec nos principes, la délégation du Mexique votera en faveur du projet de résolution.
U WIN MRA (Myanmar) a déclaré que le rapport du Secrétaire général apporte la preuve que la communauté internationale est opposée à l'application extraterritoriale d'une législation nationale qui viole les principes universellement acceptés du droit international. Il a rappelé que l'Assemblée générale avait déjà adopté sept résolutions appelant à une levée de l'embargo imposé par les Etats-Unis contre Cuba. Or note le représentant, les Etats-Unis ont récemment renforcé cet embargo non seulement par l'application de mesures de plus en plus rigoureuses, mais aussi par le contrôle plus strict de leur mise en oeuvre. A cet égard, M. Mra a également indiqué que peu après l'adoption de la résolution 53/4 par l'Assemblée générale à sa dernière session, le Congrès américain a adopté l'"Omnibus Appropriations Act, pour l'année fiscale 1999. Cela a contribué à renforcer encore le Helms-Burton
Act. On estime que cet embargo a causé,jusqu'en 1998, des pertes estimées à 67 milliards de dollars. Mais le plus grave c'est que cet embargo s'applique aussi a des produits aussi importants et vitaux que les produits médicaux et les denrées alimentaires.
M. Mra a indiqué que son pays estime que la promulgation et l'application par les Etats Membres de lois et de réglementations ayant des effets extraterritoriaux qui nuisent à la souveraineté des autres Etats violent les principes universellement reconnus du droit international, ainsi que la Charte des Nations Unies. C'est pourquoi, a déclaré M. Mra, la délégation du Myanmar, votera, comme par le passé, en faveur du projet de résolution présenté lors de cette séance (A/54/L.11)
M. ALOUNKEO KITIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré que depuis plus de 30 ans le blocus économique des Etats Unis contre Cuba n'a aucune raison d'être, ne sert l'intérêt d'aucune des parties et porte atteinte à la liberté du commerce et de la navigation. Ce blocus devrait prendre fin et tout devrait être mis en oeuvre afin d'aider ce pays en développement et de l'amener à réintégrer l'économie mondiale a- t-il ajouté.
Comme tous les autres peuples, le peuple cubain n'aspire qu'à la liberté. La communauté internationale se doit de tout faire pour encourager les deux pays à s'entendre en vue de résoudre le plus rapidement possible leurs différends. Par son anachronisme et son impact extraterritorial, ce blocus est un non-sens , qui continue toujours et se renforce davantage. Pour la République démocratique populaire lao, il est injuste que l'on punisse un peuple qui n'a commis aucun crime. N'est-il pas temps que l'on mette un terme à cette pratique en cette période de dialogue dans la communauté internationale?
M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que sa présence s'expliquait par son désir de féliciter le peuple cubain, peuple d'un petit pays, qui a su pendant 40 ans tenir bon alors qu'il s'opposait aux Etats-Unis. Cuba, a-t-il indiqué, a ainsi apporté la preuve qu'il est capable de vivre en toute liberté sur son sol national, et ce, en dépit de la puissance des Etats-Unis qui ne respectent pas la Charte des Nations Unies ni la légalité internationale. Il a estimé que le peuple cubain mérite l'appui que tous peuvent lui apporter, car il a choisi de vivre dans la douleur, mais dans la dignité. C'est un exemple à suivre par tous les peuples qui pensaient qu'après la disparition des anciens équilibres, les Etats-Unis étaient devenus le nouveau dieu. Le représentant a appelé les peuples qui se sentent perdu à renforcer leur foi dans Dieu, et lui seul, car personne ni même les Etats-Unis ne peut se substituer au Tout Puissant. Il a appelé tous les peuples qui acceptent de voir leur souveraineté foulée aux pieds par les Etats-Unis à prendre exemple sur Cuba, qui refuse de plier l'échine.
Les Etats-Unis, a continué le représentant, ne sont pas un dieu et n'ont aucune puissance réelle, puisque la puissance appartient à Dieu seul. La politique américaine vis à vis de Cuba s'inscrit dans une campagne de déstabilisation. Selon le représentant, si les Etats Unis avaient été réellement soucieux de démocratie, ils n'auraient pas soutenu des régimes corrompus comme ceux de Batista, du Shah d'Iran ou encore celui de Mobutu. Les Etats-Unis continuent, d'ailleurs, d'appuyer des régimes dictatoriaux, car ce sont leurs intérêts plus que la démocratie qui les préoccupent. Le représentant a appelé les Etats-Unis à respecter le droit international et de s'abstenir de priver le peuple cubain des produits de première nécessité. Le représentant a affirmé que Cuba constitue un modèle de dignité et de liberté et que la Libye se tiendra aux cotés du peuple cubain dans ses souffrances, pour empêcher qu'un seul Etat fasse main mise sur la planète entière.
Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) a souligné le respect intégral que son pays attache à la lettre et à l'esprit de la Charte des Nations Unies. En ce sens, l'application de sanctions économiques et commerciales unilatérales contre un Etat et leurs projections extra territoriales affectent la liberté des Etats Membres de manière incompatible avec la Charte. Le représentant a déclaré que tout différend entre deux Etats doit être réglé selon les procédures prévues par la Charte. Il a également estimé que le meilleur moyen de promouvoir la liberté de commerce, de communication, la souplesse, le dialogue nécessaire à l'établissement d'une démocratie représentative à Cuba est de lever l'embargo. Il a rappelé que les législations étrangères visant à restreindre le libre mouvement des marchandises et du capital sont considérées comme illégales sur le territoire national de l'Argentine de même que celles qui visent à limiter les investissements étrangers. En conséquence, a conclu le représentant, l'Argentine soutiendra le projet de résolution.
M. PHAM BINH MINH (Viet Nam) déclaré que sa délégation attache une grande importance à la question de la nécessité de lever l'embargo imposé par les Etats-Unis à Cuba. Il a fait remarquer que pendant sept sessions consécutives, cette question a figuré à l'ordre du jour de l'Assemblée générale, qui a adopté à une large majorité des résolutions invitant instamment à mettre fin à toute politique qui préconise l'application de lois et de mesures extraterritoriales allant à l'encontre d'une nation souveraine. De telles politiques, a-t-il estimé, violent les principes les plus fondamentaux et les dispositions de la Charte des Nations Unies, qui établissent le principe de la souveraineté nationale, la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat ainsi que la liberté de commerce et de navigation dans les eaux internationales. M. Minh a indiqué, qu'une fois encore, sa délégation se joint à la communauté internationale pour appeler les Etats-Unis à mettre fin à cet embargo imposé à Cuba depuis des années. Il a rappelé que cet embargo a causé bien des pertes matérielles et économiques à Cuba.
Le représentant a estimé que les controverses qui opposent les Etats-Unis et Cuba devraient être réglées par le biais du dialogue et de la négociation, et sur la base d'un respect mutuel, et du respect pour l'indépendance et la souveraineté des Etats. M. Minh a exprimé le soutien indéfectible du Viet Nam au Gouvernement et au peuple cubains. Il a indiqué que le Viet Nam continuera à aider de son mieux Cuba à faire face aux effets de cet embargo. Le Viet Nam votera en faveur du projet de résolution, a-t-il indiqué.
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) a rappelé que la Charte de l'ONU consacre le droit des Etats a exercer leur souveraineté sur leur territoire ainsi que le principe de la non ingérence dans les affaires internes d'un pays. Tous les Membres de l'ONU sont sensés respecter la Charte. L'embargo imposé à Cuba a entraîné pour ce pays de très lourdes pertes économiques et des souffrances importantes. Il est grand temps de régler cette question. La délégation syrienne rend hommage à Cuba qui a déclaré à plusieurs reprises vouloir régler cette question par le dialogue et appuie l'établissement d'un dialogue constructif entre les deux parties, fondé sur l'égalité, le respect mutuel et les relations de bon voisinage, a déclaré le représentant. Les résultats du vote sur la résolution au cours des sept dernières années montrent que le nombre de pays qui l'appuient est en augmentation constante, alors qu'il y a un net recul des pays qui y sont opposés. Cela témoigne de l'appui important de la communauté internationale à Cuba et de la nécessité de respecter les choix politiques, économiques et sociaux faits par chaque Gouvernement, compte tenu de ses intérêts nationaux, a-t-il estimé. Toute mesure prise par un Etat qui pourrait par ses effets extraterritoriaux porter atteinte à la souveraineté d'un Etat est contraire au principe du respect de la souveraineté nationale inscrit dans la Charte. Le représentant a rappelé la déclaration du Sommet des non-alignés de Durban qui a appelé à la levée de l'embargo imposé par les Etats-Unis contre Cuba. A maintes reprises, la communauté internationale a exprimé son refus devant la loi Helms-Burton. Cette loi et toutes les mesures législatives qui lui ont succédé font fi du principe fondamental du respect de la souveraineté des Etats, violent les accords commerciaux et constituent un affront à la souveraineté des peuples. Pour toutes ces raisons, la République arabe syrienne votera en faveur de la résolution présentée à l'Assemblée générale, a conclu le représentant.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a rappelé que depuis huit ans, l'Assemblée adopte, avec une majorité toujours croissante, une résolution appelant à la "nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier appliqué à Cuba par les Etats-Unis d'Amérique". Dans le même ordre d'idées, a-t-il ajouté, le XIIème Sommet du Mouvement des non-alignés, qui s'est tenu à Durban en septembre 1998, a réitéré la position du Mouvement selon laquelle la communauté internationale doit s'opposer à toute forme d'ingérence, d'intervention extérieure, de mesures coercitives économiques et autres, y compris les lois et règlements à caractère extraterritorial touchant la souveraineté d'autres Etats, les intérêts légitimes d'entités et de personnes relevant de leur juridiction et la liberté de commerce et de navigation. Dans le droit fil que voilà, et sur le fondement des dispositions pertinentes de la Charte de l'ONU et des principes universellement reconnus du droit international, le Mali s'associera cette année encore aux Etats Membres qui demandent la levée du blocus, a déclaré le représentant. Il s'est déclaré opposé à l'application extraterritoriale de lois nationales, qui, outre qu'elles constituent une violation des dispositions pertinentes de la Charte de l'ONU et du droit international, contreviennent également aux principes et objectifs de l'OMC. Il a donc appelé les deux parties à régler leurs différends par le dialogue et la négociation. Gravement préoccupé par les répercussions du blocus sur le développement socio-économique de Cuba et l'aggravation du sort de millions de Cubains, il a déclaré que le Mali votera en faveur du projet de résolution.
M. PETER L. KASANDA (Zambie) a indiqué que de nouveau, cette année, la Zambie allait voter la résolution sur la nécessité de mettre un terme à l'embargo des Etats-Unis envers Cuba. Il a déclaré que pour la Zambie, les lois Helms-Burton et D'Amato étaient une violation du droit international et des principes de la Charte des Nations Unies, et qu'elles portaient atteinte au principe d'intégrité des Etats et à la liberté du commerce stipulée dans les statuts de l'Organisation mondiale du commerce.
Il a indiqué que la Zambie était très préoccupée par les effets néfastes du blocus économique sur le peuple cubain, notamment sur les groupes les plus vulnérables. Des lois comme la loi Helms-Burton vont à l'encontre du principe de l'égalité souveraine des Etats et de la non-ingérence dans leurs affaires intérieures. Nous regrettons profondément, a-t-il poursuivi, que longtemps après la fin de la Guerre froide, les atteintes aux principes des relations amicales et coopératives entre les Etats se poursuivent.
La Zambie est attachée à la liberté du commerce et de la navigation, et nous sommes heureux de souligner le fait que nos relations avec Cuba sont basées sur le respect mutuel et sur le principe de non-interférence dans les affaires intérieures. Nous pensons que ces valeurs sont la base sur laquelle doivent se fonder des relations saines entre Etats, a-t-il conclu.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a rappelé l'adoption, lors des sept dernières années et par une majorité écrasante des Membres de l'Assemblée générale, de la résolution demandant de mettre fin au blocus économique, commercial et financier des Etats-Unis d'Amérique contre Cuba. Il a estimé qu'il en sera de même pour le présent projet, le message étant clair: la communauté internationale ne soutient pas les tentatives unilatérales des Etats-Unis visant à étendre l'application extraterritoriale de ce qui est essentiellement une loi domestique concernant Cuba, un Etat souverain et un Etat Membre de l'ONU. Il a également rappelé que la Malaisie soutient pleinement le document final du Sommet de Durban du Mouvement des non-alignés, qui rejette également le blocus. Il a condamné la politique des Etats-Unis vis-à-vis de Cuba, déclarant qu'elle est non seulement coercitive mais discriminatoire par sa nature, du fait qu'elle vise un pauvre et petit Etat en développement qui ne représente aucune menace pour son grand et puissant voisin, en particulier lorsque les Etats-Unis se considèrent le champion du libre-échange. Il a condamné la loi Helms-Burton comme particulièrement nuisible pour le peuple cubain et en contradiction avec les valeurs mêmes que prônent les Etats-Unis. Il a exprimé l'espoir que les Etats-Unis abandonneront cette politique d'isolement de Cuba en faveur d'une politique de dialogue et de coopération.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a remercié le Secrétaire général pour son rapport et la délégation cubaine pour la présentation du projet de résolution. Il a indiqué que l'Indonésie s'est toujours impliquée en faveur de la justice, de l'égalité et de la paix, des principes de la Charte des Nations Unies et de la législation internationale. L'Indonésie a toujours renoncé à employer des mesures coercitives vis-à-vis des Etats Membres de l'Organisation. Il est donc regrettable de noter que durant les 37 dernières années un embargo, unilatéral ait été imposé à Cuba. Le représentant a également déploré l'application d'une loi nationale ayant des effets extraterritoriaux. Cette mesure là, a montré que les sanctions servaient rarement leur objectif. L'Assemblée générale a adopté à une majorité toujours plus importante au cours des années des résolutions relatives à la levée de cet embargo. A une époque où les Etats se préoccupent d'ingérence humanitaire au coeur des conflits, le représentant a fait part de la perplexité de sa délégation, qui ne comprend pas les raisons qui sous-tendent cet embargo, au regard de leurs conséquences socio-économiques.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a rappelé que son pays a, à maintes reprises, plaidé en faveur de la levée de l'embargo économique, commercial et financier imposé à Cuba, et est convaincu de ce que les lois Helms-Burton et d'Amato contredisent le droit international et violent les principes de la Charte de l'ONU. L'embargo économique continue d'avoir des effets négatifs sur le développement de l'économie cubaine et fait obstacle à l'achat par ce pays de produits alimentaires, de médicaments et de matières premières nécessaires pour la vie du peuple cubain. Il en résulte d'énormes souffrances, particulièrement pour les femmes et les enfants. La Namibie qui entretient de bonnes relations tant avec les Etats-Unis qu'avec Cuba, lance un appel urgent en vue de la levée de l'embargo au bénéfice des peuples des deux pays.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est jointe aux autres délégations pour demander que soit mis fin à l'embargo économique, commercial et financier unilatéral imposé par les Etats-Unis contre Cuba, une mesure qui est contraire aux principes de la Charte des Nations Unies. Elle a appelé de ses voeux l'établissement d'un régime de paix et de coopération dans la mer des Caraïbes et a invité les deux parties à engager de manière urgente un dialogue constructif pour mettre fin à la politique de confrontation et d'exclusion en vue de normaliser leurs résolutions. En ce sens, la Jamaïque votera en faveur du projet de résolution, a expliqué la représentante.
M. MUSINGA T. BANDORA (République-Unie de Tanzanie) a regretté qu'en dépit de nombreux appels et résolutions de la part de l'Assemblée générale, les Etat-Unis n'aient pas trouvé possible de mettre un terme à une mesure unilatérale qui continue d'étrangler l'économie d'un Etat Membre et d'aller à l'encontre du commerce et de la coopération internationale. La Tanzanie regrette également les souffrances que l'embargo inflige au peuple cubain, non seulement par ses effets économiques destructeurs mais également par les contraintes qu'il a souvent exercées sur l'aide internationale répondant aux besoins humanitaires de ce pays.
Nous avons apprécié les mesures limitées prises par les Etats-Unis pour permettre les contacts d'individus à individus entre Cubains et Américains, a-t-il déclaré. Nous restons cependant préoccupés de voir que la loi Helms-Burton avec ses effets très pernicieux et inacceptables, reste un instrument de référence pour les Etats-Unis, a-t-il précisé.
Cette Assemblée a clairement pris position contre la loi Helms-Burton qui n'a ni légitimité ni légalité au regard du droit international, nous continuons de soutenir l'impératif de dialogue entre Cuba et les Etats-Unis et voyons de grandes possibilités de coopération entre ces deux Etats en dépit de leurs différences idéologiques a-t-il déclaré. Nous demandons aux Etats-Unis de réintégrer d'urgence Cuba dans un dialogue étendu qui mettra fin à l'embargo et normalisera les relations entre les deux pays.
M. CARLOS BIVERO (Venezuela) a souligné l'importance du multilatéralisme comme une des manières les plus efficaces d'apporter des solutions aux problèmes d'intérêt commun qui demandent des réponses collectives. Il a ajouté qu'il semble paradoxal dans le contexte actuel d'assister à des actions portant atteinte au développement d'un peuple.
Le Venezuela rejette la mise en place de mesures coercitives unilatérales comme la loi Helms-Burton car de telles actions portent atteinte à la souveraineté des Etats, affectent les intérêts légitimes d'entités ou de citoyens sous des juridictions tiers, et violent les règles de la liberté du commerce stipulées dans les statuts de l'Organisation mondiale du commerce a-t-il déclaré. Cette méthode porte atteinte aux principes qui régissent les relations internationales et est contraire à l'esprit de coopération et d'amitié qui doit caractériser les relations entre tous les membres de la communauté internationale.
Alors que la communauté internationale marche vers une consolidation de la démocratie et des libertés fondamentales, il faut à tout prix accroître nos efforts pour que les Etats résolvent leurs différends en conformité avec les méthodes reconnues par le droit international, et sans coercition politique, économique ou autres formes de pression portant atteinte à la souveraineté des nations, a-t-il conclu.
M. N. V. TCHOULKOV (Fédération de Russie) a indiqué qu'il soutenait cette résolution et faisait sienne l'opinion de la majorité des Etats Membres qui plaident pour la levée de l'embargo imposé à Cuba par les Etats-Unis. Il s'agit, a-t-il estimé, d'une mesure unilatérale prise en violation des dispositions de la Charte des Nations Unies et des principes de la justice. Le représentant a expliqué que cet embargo constitue un vestige de la guerre froide et doit cesser. Il a déclaré que la Russie est opposée à cette mesure et à toutes celles visant à amplifier les effets extraterritoriaux du "Cuban Liberty and Democratic Act" du 12 mars 1996. Il a mis l'accent sur l'aspect discriminatoire et contraire aux principes du commerce international de cet Act. Le représentant a déclaré que la politique américaine qui consiste à exercer des pressions sur des pays tiers pour qu'ils s'abstiennent de tout commerce avec Cuba préoccupe vivement la Russie. Le représentant a toutefois indiqué que la libéralisation partielle relative à la délivrance de médicaments et de nourriture, annoncée le 5 janvier dernier est un pas dans la bonne direction.
Le représentant a estimé qu'une normalisation des relations entre Cuba et les Etats-Unis contribuerait à mettre en place une meilleure situation dans la région et permettrait d'y intégrer Cuba. C'est mû par les principes de la résolution 53/4 et de non ingérence dans les affaires intérieures des Etats, de la liberté du commerce international et de navigation, que la Fédération de Russie continuera de vouloir développer des liens commerciaux avec Cuba en vertu de la Charte des Nations Unies.
M. MOHAMED ELTON (Soudan) a déclaré que le maintien de l'embargo contre Cuba viole le droit international, fait obstacle à la liberté du commerce mondial et porte atteinte à la souveraineté des Etats et à l'égalité entre nations grandes et petites. Il a souligné les effets destructeurs de l'embargo sur la population et sur les secteurs vitaux de l'économie cubaine. La déclaration des Etats-Unis affirmant que l'exportation de médicaments et de produits d'alimentation sera autorisée est démentie par la situation sur le terrain, a estimé le représentant. L'embargo est strictement appliqué et les sociétés qui travaillent à Cuba sont menacées de représailles. L'embargo américain vise à promouvoir les intérêts américains. Cette politique a des répercussions sur d'autres pays, dont le Soudan. Comme ils le font à Cuba, les Etats-Unis qui n'étaient pas satisfaits de la politique menée par le Soudan, ont attaqué les infrastructures économiques du pays. Ils ont ainsi détruit, l'an dernier, une usine pharmaceutique, ce qui a eu des conséquences graves pour le pays. Cette politique remet en cause le droit des pays de choisir leur propre système de développement et fait obstacle au développement du commerce entre les nations. Ces mesures privent les pays du droit au développement, qui est parmi les plus sacrés des droits des nations. Le Soudan rejette catégoriquement la promulgation et l'application de lois extraterritoriales et demande la levée d'urgence des embargos imposés à Cuba, à la Jamahiriya arabe libyenne et à l'Iraq.
M. SAEED HASSAN (Iraq) a déclaré que plus il s'élève de voix demandant la levée des embargos imposés par les Etats-Unis à d'autres pays, plus le Gouvernement américain renforce l'impact de ses lois extraterritoriales. Il s'agit, a-t-il dit, d'une violation des principes de la Charte, du droit international et des règles du libre-échange entre les Etats. Les Etats-Unis affichent une fois encore un mépris total pour la volonté de la communauté internationale. Ainsi, les Etats-Unis, avec leur protégé Israël, adoptent une politique qui va à l'encontre des intérêts du peuple iraquien. Cette politique a causé d'énormes dégâts dans le pays, a souligné le représentant. Il a demandé que soit mis fin à tous les embargos et a appelé les Etats Membres à voter en faveur de la résolution car il s'agit d'un message clair à l'intention des Etats-Unis pour qu'ils mettent fin à leur politique unilatérale.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) au nom du Mouvement des non alignés, a déclaré saisir cette occasion pour rappeler la décision du Sommet des non-alignés de Durban qui a regretté le renforcement de l'embargo contre Cuba. Durant cette session, a- t-il indiqué, il a été demandé qu'il soit mis fin à cet embargo qui a gravement affecté le peuple de Cuba. Tous ceux qui ont signé la Charte des Nations doivent en appliquer les principes, a-t-il fait remarquer. Il leur faut donc respecter les principes de non-ingérence, de liberté du commerce international et de la navigation, notamment. Le représentant a estimé que cet embargo viole les normes de base du droit international. C'est pourquoi, l'Afrique du Sud continue de s'opposer à la loi Helms-Burton qui entrave le libre cours du commerce entre nations. Conformément à la résolution 53/4, l'Afrique du Sud encourage au dialogue entre les Etats-Unis et Cuba, et encourage l'adoption du projet de résolution L. 11. Et ce, conformément à l'esprit du Président Tabo Mbeki, qui a déclaré lors de l'ouverture de cette 54ème session "que le moment était venu de faire en sorte que les mesures prises à partir de maintenant soient conformes et guidées par les principes de la Charte.
M. SEYED MOHAMMAD HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a déclaré que toutes les résolutions et déclarations des Nations Unies concernant les questions économiques et financières insistent sur la nécessité d'un système commercial multilatéral équitable, sûr, non-discrimination et prévisible et réclament l'abolition de toutes les mesures qui peuvent gêner ce libre-échange international, afin de permettre tant aux pays en développement qu'à l'économie mondiale de connaître une croissance vigoureuse. Il a également rappelé que d'autres objectifs des Nations Unies sont notamment la promotion de la coopération internationale et la défense de l'égalité des Etats souverains, la non-interférence dans leurs affaires intérieures et la résolution pacifique des différends. Le représentant a regretté que malgré l'apparition d'un contexte international différent, le recours aux mesures économiques coercitives soit en augmentation, et il a appelé tous les Etats à s'abstenir de l'utilisation de telles mesures. Il a également souligné le droit de tout Etat de choisir son système politique, économique, social et culturel hors de toute interférence d'autres Etats. L'objectif des mesures incriminées étant en définitive de miner la paix et la stabilité internationales, le représentant a déclaré que son pays soutiendra le retrait et l'élimination du blocus économique, commercial et financier contre Cuba. Il a appelé à une résolution pacifique du différend qui permettra de mettre fin aux souffrances du peuple cubain, et à une condamnation claire par la communauté internationale de toute action ou loi ayant des impacts extra-territoriaux.
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