AG/955

REHABILITER L'ENERGIE NUCLEAIRE PACIFIQUE DANS L'OPINION PUBLIQUE, UN DES NOUVEAUX OBJECTIFS DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE ATOMIQUE

4 novembre 1999


Communiqué de Presse
AG/955


REHABILITER L'ENERGIE NUCLEAIRE PACIFIQUE DANS L'OPINION PUBLIQUE, UN DES NOUVEAUX OBJECTIFS DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE ATOMIQUE

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Le refus de l'Iraq et de la République populaire démocratique de Corée de coopérer suscite de profondes inquiétudes

Face à un besoin énergétique croissant et à la nécessité de limiter la production de gaz à effet de serre, le nucléaire peut être l'une des seules options. Pour qu'il représente véritablement un choix attractif, des efforts supplémentaires doivent toutefois être réalisés en vue de l'amélioration de sa compétitivité économique, de l'amélioration de la sécurité, du retraitement des déchets, et de la réhabilitation de l'image du nucléaire dans l'opinion publique, a déclaré ce matin M. Mohamad Elbaradei, Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, à l'Assemblée générale qui entamait l'examen du rapport de l'Agence. Les Etats qui se trouvent face à un choix en matière d'énergie doivent donc pouvoir bénéficier d'informations complètes et d'expertises techniques. C'est dans ce contexte que l'Agence a poursuivi ses programmes d'assistance technique aux Etats, a expliqué M. Elbaradei.

Evoquant la situation en Iraq, le Directeur de l'AIEA a réaffirmé que l'Agence n'est, actuellement, pas en mesure de rendre compte du respect par l'Iraq de ses obligations, la dernière inspection sur le terrain datant d'il y a, près de 10 mois. La situation n'a pas non plus évolué en République populaire démocratique de Corée où l'Agence n'est toujours pas en mesure de vérifier le matériel nucléaire. Le Directeur général de l'AIEA a déploré la faible adhésion au Traité sur la non- prolifération nucléaire et a indiqué que le nombre de protocoles aux accords de garanties, actuellement de 45, restait en deça des attentes.

L'Assemblée était saisie pour l'examen de ce point, d'un projet de résolution aux termes duquel l'Assemblée demanderait à la République populaire démocratique de Corée d'appliquer sans réserve l'Accord de garanties toujours en vigueur entre l'Agence et ce pays et, à cet effet, l'engagerait instamment à coopérer pleinement avec l'Agence et à prendre toutes les mesures que l'Agence pourra juger nécessaires pour préserver l'information dont elle pourrait avoir besoin pour vérifier que le rapport initial de la République populaire démocratique de Corée sur le stock de matières nucléaires soumises à garanties est exact et complet, jusqu'à ce que pays respecte intégralement l'Accord de garanties. L'Assemblée soulignerait en ce qui concerne l'Iraq que

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les activités de contrôle et de vérification continus de l'Agence devraient reprendre sans retard et soulignerait qu'il est essentiel que les conditions de la reprise de ces activités préservent les droits de l'Agence énoncés dans le plan de contrôle et de vérification continus et qu'une plus grande transparence de la part de l'Iraq aiderait beaucoup à régler les quelques questions et problèmes restants. Le représentant du Brésil qui a présenté ce projet de résolution au nom des coauteurs, a indiqué que les négociations se poursuivaient sur certaines parties du texte et a proposé que l'Assemblée se prononce ultérieurement sur celui-ci.

L'absence de coopération de la République populaire démocratique de Corée et de l'Iraq avec l'AIEA a été déploré par plusieurs délégations au cours du débat qui a suivi. A l'instar de M. Elbaradei, elles ont appelé ces deux pays à mettre pleinement en oeuvre leurs obligations. l'Egypte a fortement engagé Israël a soumettre ses installations nucléaires au contrôle de l'Agence et a adhérer au Traité sur la non- prolifération afin de faire du Moyen-Orient une zone exempte d'armes nucléaires. Le débat a également été l'occasion pour plusieurs délégations de mettre l'accent sur les avantages du nucléaire et les progrès qui ont pu être réalisés dans les domaines de la santé, de l'agriculture et de l'industrie, notamment, grâce à son utilisation pacifique. A ce titre, l'importance de l'assistance technique et de l'échange d'information a été mis en avant, de même que la nécessité de rétablir le déséquilibre entre les pays dotés de capacités nucléaires et les autres.

Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration: Finlande (au nom de l'Union européenne et des pays associés), Mexique, Etats-Unis, Lituanie, Cuba, République tchèque, Japon, Egypte, Ukraine, Afrique du Sud, Inde, Myanmar et Fédération de Russie.

En début de séance, l'Assemblée générale a décidé d'élire la Malaisie au dernier siège qui restait à pourvoir au sein du Comité des relations avec le pays hôte. Celui-ci se compose dorénavant des Etats Membres suivants: Bulgarie, Canada, Chine, Costa Rica, Côte d'Ivoire, Cuba, Chypre, France, Honduras, Hongrie, Iraq, Jamahiriya arabe libyenne, Malaisie, Mali, Fédération de Russie, Sénégal, Espagne, Royaume-Uni et Etats- Unis.

L'Assemblée a décidé de reporter à sa cinquante-cinquième session l'examen de la question des Iles Falkland (Malvinas).

Le mercredi 10 novembre, au matin, l'Assemblée reprendra l'examen des points relatifs à la mise en oeuvre des résultats du Sommet mondial pour le développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux handicapés et à la famille, et se prononcera sur deux projets de résolution portant sur ces questions.

L'Assemblée générale terminera son débat sur l'Agence internationale de l'énergie atomique cet après-midi à 15 heures.

RAPPORT DE L'AGENCE INTERNATIONALE DE L'ENERGIE ATOMIQUE (Point 14)

Durant la période considérée, l'Agence internationale de l'énergie atomique a fonctionné avec un budget ordinaire de 226 millions de dollars et a utilisé des ressources extrabudgétaires légèrement supérieures à 30, 1 millions de dollars pour d'importantes activités d'appui aux programmes. Des préoccupations sur l'importance de l'eau se sont manifestées par un intérêt croissant des Etats Membres pour la technologie nucléaire de dessalement. Plusieurs projets de ce type ont vu le jour en République de Corée, en Inde,en Argentine, et au Maroc en coopération avec la Chine. La proclamation de 1998 Année internationale de l'océan est un autre signe de l'intérêt accru porté au problème de l'eau. Elle a été pour l'Agence et d'autres organisations internationales l'occasion de contribuer conjointement à cette manifestation en effectuant des études sur les océans. Des efforts ont été faits dans les domaines de la valorisation et de la gestion des ressources en eau. Un Mémorandum d'accord a été notamment signé entre l'Agence et l'Organisation météorologique mondiale (OMM) en vue de resserrer leur collaboration pour l'exploitation du réseau mondial de mesure des isotopes dans les précipitations. Après ses travaux menés dans le domaine de l'hydrologie isotopique en Afrique, l'Agence a été invitée à participer à un nouveau projet de l'ONU sur la contamination de l'eau de boisson par l'arsenic au Bangladesh.

En 1998, la consommation mondiale d'électricité a augmenté d'environ 3% par rapport à 1997, et l'énergie nucléaire a continué de représenter environ 16% du total. Si l'énergie d'origine nucléaire avait été produite au moyen de l'éventail de combustibles fossiles utilisés aujourd'hui, les émissions totales de carbone liées à l'énergie se seraient accrues de 8%. Par ailleurs, selon les données communiquées à l'Agence, il y avait à la fin de 1998, 434 centrales nucléaires en service, et 36 en construction dans le monde. Dans l'Union européenne, la capacité installée devrait rester à peu près à son niveau actuel dans les années à venir, des programmes de prolongation de la durée de vie étant mis en oeuvre au besoin.

Concernant la réduction des gaz à effets de serre (GES), les pays industrialisés et les économies en transition, ont pris l'engagement contraignant de réduire d'environ 5% leurs émissions de GES d'ici à 2010 par rapport aux niveaux de 1990. Il est certain que si des efforts concertés ne sont pas déployés en vue de maîtriser également l'accroissement des GES dans les autres pays, les concentrations de ces gaz dans l'atmosphère mondiale ne pourront pas être stabilisées à un niveau acceptable. Le nucléaire est une source d'énergie intéressante dans ce contexte.

La quantité de combustibles usés produite pendant l'année s'est élevée à environ 10 500 tonnes de métaux lourds, quelques 130 000 tonnes se trouvant dans des installations d'entreposage dans le monde entier. A la fin de 1998, 49 Etats étaient devenus parties contractantes à la Convention sur la sûreté nucléaire et 37 Etats avaient signé la Convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets radioactifs, bien que seulement cinq l'eussent ratifiée. Cette année a aussi été marquée par un resserrement des relations entre les responsables de la réglementation nucléaire. Un programme extrabudgétaire spécial de l'Agence s'est penché sur la sûreté des réacteurs refroidis et modéré par eau (VVER) et des réacteurs de forte puissance à tube de force (RBMK) de conception soviétique. En mai, les transports de combustibles usés ont été suspendus en Allemagne, en France et en Suisse, suite à des inspections ayant relevé des taux de contamination des fûts non réglementaires. Plusieurs Etats et ONG ont d'ailleurs continué d'exprimer des préoccupations à propos du transport international de combustibles usés et de déchets radioactifs. Enfin en 1998 le nombre d'Etats ayant signé des protocoles liés à la vérification des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire est passé de 6 à 35. A ce sujet la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et l'Iraq ne respectent pas leurs engagements. En effet, l'Agence n'est toujours pas en mesure de vérifier l'exactitude et l'exhaustivité de la déclaration initiale de matières nucléaires faite par la RPDC, notamment concernant la surveillance du "gel" des réacteurs modérés par graphite, comme l'a demandé le Conseil de sécurité de l'ONU. Quant à l'Iraq elle a, depuis le 31 Octobre, cessé toute coopération avec la Commission spéciale des Nations Unies (CSNU). La détérioration de la situation a incité le Directeur général à transférer temporairement le personnel de l'Agence de Bagdad à Bahreïn le 11 novembre 1998, interrompant momentanément les activités d'inspection de l'Agence. De nouveau, le 16 décembre le personnel du Groupe d'action a été retiré. Depuis lors, l'Agence n'a pas été en mesure de s'acquitter de son mandat en Iraq.

Un processus d'examen détaillé portant sur divers aspects de la gestion et du programme de l'Agence a été initié début 1998. Il comporte des mesures visant à accroître l'efficience en matière d'orientation générale et de coordination, d'élaboration et d'évaluation du programme, de procédures et de personnel. Parallèlement un examen externe approfondi des activités des programmes de l'Agence a été entrepris par un Groupe d'expert de haut niveau. Enfin le processus de réforme a consisté à examiner le rôle et la gestion de l'information et l'utilisation par l'Agence des outils les plus modernes et les plus efficaces pour sensibiliser la société civile, et en particulier les professionnels du nucléaire, du contrôle des armements et du développement, ainsi que les médias. L'élaboration d'une nouvelle stratégie a commencé.

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes de la résolution sur le rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (A/54/L.21) présentée par le Brésil, l'Assemblée générale, sachant l'importance de l'action que mène l'Agence pour encourager encore l'application de l'énergie nucléaire à des fins pacifique, proclamerait sa confiance dans l'action que mène l'Agence pour l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques. Elle affirmerait que les mesures visant à renforcer l'efficacité et le rendement du système des garanties en vue de déceler toute activité non déclarée doivent être appliquées rapidement et universellement par tous les Etats intéressés et autres parties, et demanderait à tous les Etats intéressés et aux parties aux Accords de garanties de conclure sans délai les protocoles additionnels. L'Assemblée prierait instamment tous les Etats de s'efforcer de parvenir à une coopération internationale efficace et harmonieuse dans l'exécution des travaux de l'Agence en encourageant l'utilisation de l'énergie nucléaire et l'application des mesures voulues pour améliorer encore la sûreté des installations nucléaires et réduire au minimum les risques pour la vie, la santé et l'environnement, en renforçant l'assistance technique et la coopération en faveur des pays en développement et en assurant l'efficacité et le rendement du système de garanties de l'Agence. Elle se féliciterait des mesures et des décisions prises par l'Agence pour renforcer et financer les activités de coopération technique, qui devraient contribuer au développement durable des pays en développement, et demanderait aux Etats de coopérer à l'élaboration et à la mise en oeuvre de telles mesures et décisions.

L'Assemblée noterait avec une profonde inquiétude que la République populaire démocratique de Corée continue de ne pas respecter l'accord de garanties, malgré les appels répétés que lui a adressés la communauté internationale pour qu'elle le respecte, demanderait à la République populaire démocratique de Corée d'appliquer sans réserve cet accord de garanties et, à cet effet, l'engagerait instamment à coopérer pleinement avec l'Agence dans l'application de l'accord et à prendre toutes les mesures que l'Agence pourrait juger nécessaires pour préserver l'information dont elle pourrait avoir besoin pour vérifier que le rapport initial de la République populaire démocratique de Corée sur le stock de matières nucléaires soumises à garanties est exact et complet, jusqu'à ce que ce pays respecte intégralement l'accord des garanties.

L'Assemblée soulignerait la nécessité, pour l'Iraq, d'appliquer intégralement toutes les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, elle soulignerait que les activités de contrôle et de vérification continues de l'Agence devraient reprendre sans retard, et soulignerait également qu'il est essentiel que les conditions de la reprise de ces activités préservent les droits de l'Agence énoncés dans le plan de contrôle et de vérification continues et qu'une plus grande transparence de la part de l'Iraq dans ses rapports avec l'Agence aiderait beaucoup à régler les quelques questions et problèmes restants dans le cadre du plan de contrôle et de vérification continus. Elle engagerait tous les Etats à devenir parties à la Convention sur la sûreté nucléaire, entrée en vigueur le 24 octobre 1996, et noterait avec satisfaction les résultats de la première Réunion d'examen des parties contractantes à la Convention, tenue en avril 1999, et attendrait avec intérêt le rapport de la deuxième réunion d'examen, en comptant sur des améliorations en matière de sûreté, en particulier dans tous les domaines où la première réunion d'examen a estimé qu'il y a avait lieu d'apporter des améliorations. L'Assemblée se féliciterait également des mesures prises par l'Agence pour épauler les efforts visant à prévenir le trafic des matières nucléaires et

d'autres sources radioactives et déciderait de garder à l'esprit, lors de l'élaboration d'une convention internationale sur la répression des actes de terrorisme nucléaire, les activités de l'Agence visant à prévenir le trafic de matières nucléaires et d'autres sources radioactives et à lutter contre ce trafic.

Présentation du rapport

M. MOHAMAD EL-BARADEI, Directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique, a évoqué les responsabilités, les défis et les opportunités qui sont ceux de l'Agence. L'Agence, a-t-il indiqué, avait poursuivi son travail de vérification afin de progresser vers le désarmement nucléaire. Malheureusement force est de constater que de nombreux Etats persistent à ne pas signer le Traité sur la non-prolifération. L'an passé 13 Protocoles on été approuvés par l'Agence, mais le total de 45 Protocoles reste en deça de nos attentes. C'est pourquoi il a lancé un appel aux Etats qui ne l'ont pas encore fait afin qu'ils concluent un protocole dès que possible avec l'AIEA.

Dix mois après la dernière inspection en Iraq, Le Conseil de sécurité cherche toujours à reprendre les négociations avec l'Iraq, mais l'Agence n'est pas en mesure de garantir le respect par l'Iraq de ses obligations, a-t-il déclaré. En République populaire démocratique de Corée (RPDC), la situation n'a pas évolué et l'Agence n'est toujours pas en mesure d'effectuer ses vérifications du matériel nucléaire de la RPDC, et continue de ne recevoir qu'une coopération très limitée. Par ailleurs, l'Agence a continué son travail avec la Fédération de Russie et les Etats- Unis sur le développement d'un système de contrôle des matières fissiles retirées des programmes d'armement. Il a expliqué que la vérification en matière nucléaire continuerait d'être un défi majeur et c'est pour cela que l'Agence a présenté des options pour assurer à l'avenir un financement sûr et prévisible des activités de vérification de l'Agence.

Evoquant le travail de l'Agence en matière de technologie nucléaire, il a indiqué qu'il avait pour objectif de renforcer la capacité des Etats Membres d'utiliser pleinement cette technologie pour leur développement économique et social. Face à un besoin énergétique croissant et à la nécessité de limiter la production de gaz à effet de serre (GES), le nucléaire peut être considéré comme l'une des options possibles. Les Etats faisant un choix en matière d'énergie doivent pouvoir bénéficier d'informations complètes et d'expertises techniques, et c'est dans ce contexte que l'Agence a continué ses programmes d'assistance aux Etats. Il a relevé qu'en Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord, l'utilisation de l'énergie nucléaire avait cessé de progresser, et la part du nucléaire dans l'électricité produite devrait baisser dans les vingt prochaines années. Selon lui, la résurgence de l'énergie nucléaire dépend de l'amélioration de la compétitivité économique, de l'amélioration de la sécurité, du retraitement des déchets, et de la réhabilitation de son image vis-à-vis du public.

Il a ensuite exposé les différents champs d'utilisation du nucléaire et les autres activités de l'Agence. Ainsi, contribue- t-elle, entre autres, à des travaux de fertilisation au Moyen- Orient, et participe-t-elle a l'accélération de la décontamination de la terre (contaminée par la catastrophe de Tchernobyl en 1986) au Bélarus, pour permettre aux paysans de revenir sur leurs terres. En matière de santé, l'Agence contribue à la lutte contre les déficiences thyroïdiennes. L'Agence se penche aussi sur le problème du manque d'eau douce qui pourrait se poser bientôt. Ainsi a-t-elle utilisé des techniques isotopiques pour étudier les ressources lacustres au Pérou et en Bolivie, et dans plusieurs pays d'Afrique pour explorer les ressources souterraines.

S'agissant de la question de la sécurité nucléaire, il a déclaré qu'il était indispensable de faire apparaître des résultats probants pour obtenir la confiance de l'opinion publique. Le récent accident de Tokaimura au Japon montre que des accidents peuvent se produire si le niveau de vigilance n'est pas assez élevé. Il a abordé également la menace que représente les sources de rayonnement orphelines, contre lesquelles l'Agence à adopté un Plan d'action et a fourni de l'assistance, notamment humanitaire, à plusieurs pays. Concernant la sécurité des réacteurs de recherche, il a indiqué que l'Agence se préoccupait de l'amélioration des infrastructures et assistait les Etats qui font face au vieillissement de leurs installations ainsi qu'à des équipements obsolètes. Pour ce qui est de la gestion des déchets radioactifs, M. El-Baradei a expliqué que des techniques existaient pour une gestion sûre et rentable des déchets par des enfouissements profonds. Ce n'est que lorsque des sites d'enfouissement de haute qualité seront trouvés que le public sera convaincu du succès du retraitement, a-t-il déclaré.

Abordant enfin les questions budgétaires, il a attiré l'attention sur le fait que les activités de l'Agence avaient augmenté, mais pas son budget. Il a proposé que l'Agence réforme sa façon de travailler, car une bonne interaction avec les Etats Membres, les organisations internationales, le secteur privé et le public était indispensable pour que l'Agence bénéficie du soutien nécessaire à son action. Il a enfin indiqué qu'un Accord avait été conclu pour amender le statut de l'Agence et pour porter le nombre de membres du Conseil des Gouverneurs de 35 à 43.

Débat

Mme MARJATTA RASI (Finlande) prenant la parole au nom de l'Union européenne, des pays associés d'Europe centrale et orientale, de Chypre, de Malte, du Liechtenstein et de la Norvège, a indiqué que l'Union européenne appuie les initiatives visant à améliorer l'efficacité de l'Agence en termes de programmes, d'activités et d'administration. Elle appuie en particulier le projet de stratégie à moyen terme fondé sur trois piliers, à savoir, la technologie, la sécurité et la vérification. Vu les priorités différentes des Etats Membres, l'Union européenne insiste sur le fait que le dialogue sur l'établissement de priorités au niveau de l'Agence, particulièrement au sein du Conseil des gouverneurs, est essentiel et doit être fondé sur une évaluation objective des aspects technologiques et financiers, tout en reconnaissant les besoins différents des Etats Membres. Il doit en résulter une stratégie qui définit clairement les domaines prioritaires, établit des critères de succès appropriés, ainsi que des critères pour éliminer les activités dépassées ou de moindre priorité. C'est le seul moyen d'allouer les ressources financières et humaines à des activités hautement prioritaires, dont un grand nombre a dû être financé par des ressources extrabudgétaires. L'Union européenne estime que toutes les activités statutaires devraient être financées par le budget ordinaire.

L'Union européenne appelle tous les Etats non dotés d'armes nucléaires à conclure et ratifier des accords de garanties avec l'AIEA, et à souscrire aux protocoles additionnels. Elle appelle les Etats qui ne l'ont pas encore fait à négocier de tels protocoles avec l'Agence. La mise en oeuvre d'un régime intégré de garanties est une question hautement prioritaire, mais l'introduction de nouvelles mesures ne doit pas être considérée simplement comme un ajout aux mesures existantes. Les deux systèmes doivent être intégrés pour assurer une utilisation optimale de toutes les synergies et permettre une utilisation plus efficace des ressources. L'Union européenne exhorte la République populaire démocratique de Corée à respecter strictement ses Accords de garanties avec l'AIEA et à coopérer pleinement avec le Directeur général de l'AIEA. Pour ce qui est de l'Iraq, elle estime urgent que les activités de surveillance et de vérification de l'AIEA dans ce pays reprennent sans retard.

L'Union européenne demande à l'Agence d'insister pour que les aspects de sécurité soient pris en considération dès le début de la construction d'une installation nucléaire et insiste à cet égard sur l'importance de la coopération internationale en vue d'assurer que des niveaux internationalement acceptés de sûreté nucléaire soient respectés partout. Pour sa part, elle contribue à cet objectif de façon majeure par ses programmes PHARE et TACIS, et ses programmes bilatéraux dans les pays d'Europe orientale et les Etats membres de la Communauté d'Etats indépendants. Une importance particulière est accordée à la sécurité nucléaire dans le processus d'élargissement de l'Union.

L'Union européenne appuie aussi le Programme de coopération technique de l'AIEA, comme en témoignent les contributions volontaires importantes de ses Etats membres au Fonds de coopération technique. Elle estime toutefois que ce Programme devrait être soigneusement examiné compte tenu du mandat de l'Agence et des limitations budgétaires actuelles. A cet égard, elle estime important d'assurer une bonne coordination entre les activités de coopération technique de l'Agence et celles d'autres organisations en vue d'assurer des synergies et d'éviter les chevauchements. L'assistance technique fournie par l'Agence devrait être pleinement en accord avec les programmes de développement nationaux, a déclaré la représentante, précisant qu'il appartient au premier chef aux gouvernements d'y veiller. Les Etats ont également la responsabilité première de la protection et de la lutte contre le trafic illicite de matériaux nucléaires. L'Union européenne estime particulièrement important que les matières fissiles désignées par un Etat doté d'armes nucléaires comme n'étant plus nécessaires à des fins de défense soient placées sous un régime approprié de garanties sous l'égide de l'AIEA. Une attention particulière doit être accordée aux options en vue du financement de ces activités. Elle appuie depuis longtemps la conclusion d'un traité international interdisant la production de matière fissiles pour l'armement nucléaire et est disposée à discuter du rôle de vérification de l'Agence à cet égard. Enfin, l'Union européenne estime qu'il serait vital pour l'effort commun de renforcement du régime de non-prolifération nucléaire de faire en sorte que la Conférence de suivi sur le Traité de la non-prolifération nucléaire qui doit se tenir en l'an 2000 soit couronnée de succès.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique) a félicité le Directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) pour la présentation du rapport de l'Agence. Il a fait part de la satisfaction du Mexique face à l'approbation par consensus, lors de la Conférence générale de l'AIEA, de l'amendement de l'article VI du statut de l'AIEA. Cet amendement est intervenu après 25 ans de négociations, a-t-il fait remarquer. Il permettra d'accroître le nombre de membres au sein du Conseil des Gouverneurs, qui passeront ainsi de 35 à 43. M. Albin a estimé que ce changement du statut devrait renforcer la participation et l'engagement de toutes les régions aux activités de l'AIEA.

Il a exprimé l'espoir que continuera l'excellente coopération entre les Gouvernements des Etats-Unis et de la Fédération de Russie et l'AIEA en ce qui concerne la vérification des éxcédents de matières fissiles, afin que ceux-ci ne soient pas détournées vers la fabrication d'armements. M. Albin a indiqué que le Gouvernement mexicain soutient les moyens adoptés, en septembre dernier par le Conseil des gouverneurs, visant au contrôle des matières fissiles, car ces matières pourraient être utilisées pour la fabrication d'armes nucléaires.

Le Mexique a accueilli avec satisfaction les résultats positifs de la première Réunion des parties à la Convention sur la sécurité nucléaire qui s'est tenue en avril dernier. Le Mexique y a participé en tant que membre de plein droit, a-t-il précisé. Le Mexique a, à cette occasion, soutenu l'instrumentalisation des recommandations pour améliorer la gestions sûre des matières nucléaires et des installations nucléaires. Le représentant a souligné l'importance de la création de centres régionaux chargés de l'information horizontale. Il a estimé que ces centres peuvent aider, notamment dans la région de l'Amérique latine et des Caraïbes à coordonner les projets.

M. NORMAN A. WULF (Etats-Unis) a appuyé les activités et les divers programmes de l'AIEA. La nouvelle approche utilisée par le Département de la coopération technique de l'Agence a permis de renforcer la mise en oeuvre de son programme dans ce domaine. Il est important que l'évaluation du programme et la comparaison entre ses objectifs et ce qui est réalisé se poursuivent. Les divers projets entrepris au titre de ce programme facilitent la compréhension de la manière dont les activités liées au nucléaire peuvent être utilisés pour aider à résoudre des problèmes difficiles dans les domaines de la santé, de l'environnement, de l'agriculture et de l'industrie. Il faut toutefois veiller à ce que ces progrès bénéficient à tous et permettent, en particulier, d'alléger le fardeau des nations les plus pauvres. Le renforcement de la sécurité nucléaire continue d'être la priorité de l'AIEA. Les Etats-Unis se félicitent à cet égard de la première Réunion de suivi de la Convention sur la sûreté nucléaire. L'assistance fournie par l'Agence pour ce qui est de l'alerte rapide en cas d'accident nucléaire et d'urgence radiologique est de la plus grande valeur. Les Etats-Unis se félicitent également du rôle de chef de file que joue l'AIEA en matière d'assistance face au problème informatique posé par le passage à l'an 2000.

Des progrès remarquables ont été réalisés pour définir et mettre en oeuvre le système de garanties de l'AIEA. Les Etats- Unis se félicitent, à cet égard, de la coopération entre les Etats membres de l'AIEA et le Secrétariat qui a permis récemment une évolution importante, connue sous le nom de "Protocole additionnel". Là où il sera mis en oeuvre, ce Protocole renforcera la capacité de l'Agence de détecter les matières et activités nucléaires non déclarées. Les Etats-Unis réaffirment l'importance du Protocole additionnel et appellent tous les Etats à prendre les mesures de garanties agréées le plus rapidement possible. Pour leur part, ils continuent les préparatifs pour la soumission du Protocole au Sénat en vue de sa ratification.

Les Etats-Unis restent préoccupés par le fait que l'Iraq continue de ne pas respecter ses obligations au titre des résolutions du Conseil de sécurité. Il y a maintenant presqu'un an que les dernières inspections en Iraq ont été effectuées par la Commission spéciale (UNSCOM) et l'AIEA. Malgré des appels répétés, l'Iraq continue de refuser la reprise de ces inspections. Or, comme l'a noté son Directeur général, l'AIEA ne peut actuellement donner aucune assurance en ce qui concerne le respect par l'Iraq de ses obligations au titre des résolutions du Conseil de sécurité. Le fait que l'Iraq a, par le passé, ignoré de manière flagrante ses engagements ne peut que rappeler le risque qu'un Etat utilise le nucléaire à des fins non pacifiques. L'Iraq doit respecter ses obligations et autoriser l'UNSCOM ou ce qui lui succédera à reprendre ses inspections. Les Etats-Unis sont également préoccupés par l'incapacité de l'Agence de vérifier le respect par la République populaire démocratique de Corée de la déclaration initiale sur les matières nucléaires. Ils expriment l'espoir que ce pays reconnaîtra l'importance centrale de la coopération avec l'AIEA en prenant les mesures jugées nécessaires par l'Agence pour résoudre la situation actuelle et autoriser de nouveaux progrès dans le cadre agréé.

M. OSKARAS JUSYS (Lituanie) a indiqué que la Lituanie s'aligne sur la déclaration de l'Union européenne qui reprend en grande partie ce que la Lituanie aurait pu dire de son côté. Toutefois, le représentant a déclaré qu'il se trouvait aujourd'hui devant l'Assemblée pour énoncer certains points particuliers concernant la Lituanie. Il a rappelé que pendant des années la part d'énergie nucléaire par rapport à la production totale d'énergie en Lituanie a été la plus importante au monde. L'installation nucléaire près d'Ignalia produit une grande partie de l'énergie nationale. Le représentant a toutefois souligné la transparence en ce qui concerne les installations nucléaires de son pays. Il a estimé que la transparence est le meilleur moyen de permettre aux experts de savoir ce qu'il en est du point de vue de la sécurité nucléaire. M. Jusys a expliqué que ces installations, notamment les réacteurs de forte puissance à tubes de force, considérées comme dangereuses après l'accident de Tchernobyl ont depuis fait la preuve de leur sécurité. De plus la Lituanie a pris de nombreuses mesures pour renforcer la sécurité de ces installations.

M. Jusys a déclaré que la Lituanie est aujourd'hui plus consciente et plus concernée par les questions relatives à l'environnement. Elle a signé le Protocole de Kyoto, a-t-il rappelé, avant d'ajouter que son pays n'ignore pas l'état de vieillissement des ses installations. C'est pour cela que la fermeture du plus vieux des réacteurs d'Ignaligna est prévue pour 2005. L'accord sur une fermeture résulte d'un compromis avec l'Union européenne. Mais, a-t-il souligné, la fermeture de cette usine engendrera des coûts trop élevés pour la seule Lituanie, elle aura besoin de l'aide de la communauté internationale. A cet égard, une Conférence internationale aura lieu à Vilnius au début de l'an 2000. Le représentant a indiqué que la Lituanie attend avec impatience de devenir partie à la Convention commune sur la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets nucléaires. La Lituanie avait déjà obtenu de la Convention des containers pour le combustible irradié, ce qui repousse la question de ce combustible pour 50 ans.

M. Jusys a expliqué que l'AIEA est aussi essentielle en ce qui concerne la question des armes nucléaires. Il a toutefois regretté que les attentes de son pays concernant l'entrée en vigueur du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires aient été déçues. Il a exprimé l'espoir que les récents essais qui se sont déroulés en Inde et au Pakistan seront les dernières explosions nucléaires dans l'histoire de l'humanité. Il s'est dit préoccupé par le fait que certains Etats ne respectent pas les dispositions du Traité sur l'interdiction et espère que l'on pourra améliorer le respect de ce Traité. M. Jusys a indiqué que la Lituanie souhaite que la résolution présentée par le Brésil soit adoptée par consensus.

M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a déclaré que les efforts de l'AIEA sur le Plan de l'assistance technique et de la coopération, ainsi qu'en ce qui concerne les garanties étaient pleinement appuyés par Cuba, et a encouragé à leur renforcement. L'énergie nucléaire constitue une alternative sûre, techniquement raisonnable et économiquement viable pour satisfaire les besoins énergétiques d'une grande partie de la communauté internationale. Les efforts réalisés au cours des dernières décennies ont montré tout le bénéfice que l'on peut en tirer pour autant que l'on assure une utilisation adéquate, intelligente et rationnelle des techniques nucléaires, a déclaré le représentant. Pourtant, a-t- il poursuivi, une pleine connaissance des avantages de l'énergie nucléaire et de la situation économique et sociale des pays en développement n'a pas empêché que certains pays développés adoptent des attitudes contraires aux objectifs de l'AIEA, en essayant de réduire les programmes d'assistance technique, en diminuant leur contribution au Fonds créé à cette fin ou en posant des conditions sélectives à son utilisation. Pour sa part, Cuba peut témoigner de la coopération technique de l'AIEA, qui a permis d'obtenir des résultats importants notamment dans les domaines de la santé, de l'agriculture et de l'industrie. Cuba fournit, de son côté, des experts et des techniques à l'étranger en matière d'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire.

La coopération technique est particulièrement efficace lorsqu'elle est intégrée aux plans nationaux de développement, a estimé le représentant. Il a déploré le fait que l'adoption du programme de renforcement de l'assistance technique de l'AIEA n'ait pas permis d'obtenir des résultats aussi importants qu'en ce qui concerne le système de garanties. Pour Cuba, la fragilité et le caractère discriminatoire du régime actuel de non- prolifération ne pourront être corrigés que par une élimination totale des armes nucléaires. En conséquence, les Etats dotés d'armes nucléaires doivent, en vertu du Traité sur la non- prolifération nucléaire, prendre des mesures concrètes en vue du désarmement. Un compromis juridiquement élaboré en ce sens, renforcera la crédibilité d'un régime vicié dès l'origine, puisqu'il reconnaît cinq puissances nucléaires et divise le monde entre ceux qui possèdent l'arme nucléaire et ceux qui ne l'ont pas. Il a déploré le fait que ce soit les Etats non détenteurs d'armes nucléaires qui ont l'obligation de conclure des accords de garantie avec l'AIEA.

Cuba qui n'est pas partie au Traité sur la non-prolifération nucléaire, a cependant pris des mesures concrètes qui témoignent de sa volonté de promouvoir la paix et le désarmement. En octobre dernier, Cuba a signé un Protocole additionnel aux Accords de garantie avec l'Agence. Cuba dénonce vivement les mesures prises de façon systématique par un Etat Membre de l'ONU pour boycotter par différents moyens le programme nucléaire cubain, en particulier la coopération technique avec l'AIEA. Les dispositions législatives prises par les Etats-Unis à cette fin contredisent nettement le statut de l'AIEA et doivent être rejetées par la communauté internationale. Rien ne pourra empêcher Cuba de continuer à promouvoir l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et d'oeuvre en faveur du désarmement nucléaire, a assuré le représentant. Il a déploré la difficulté de parvenir à un consensus sur la résolution relative à l'Agence présentée à l'Assemblée générale.

M. JAN KARA (République tchèque) a félicité le Directeur de l'AIEA pour son travail. Il a indiqué que la République tchèque s'associe aux propos de l'Union européenne. Son pays, a- t-il indiqué, a signé au début de l'année un Protocole additionnel avec l'AIEA et respecte les principes d'importation et d'exportation de matières nucléaires, conformément au TNP, qu'elle a également ratifié.

M. Kara a déclaré que toutes les missions du service consultatif pour la protection physique internationale ont constaté le degré de protection des installations en République tchèque. A cet égard, le Gouvernement de la République tchèque estime que la protection est un préalable à l'utilisation nucléaire. Dans ce domaine, la République tchèque a désormais un règlement moderne, tenant compte de ses nombreuses années d'expérience; une législation nucléaire moderne, ainsi qu'un organe national de supervision, doté de l'indépendance nécessaire et des moyens pour mener à bien son travail. Tout cet arsenal contribue à la sécurité nucléaire du pays, a-t-il estimé.

M. Kara a déclaré qu'il appuyait le Programme de coopération de l'AIEA, dont elle est bénéficiaire et contributeur. Elle fait de son mieux pour être en règle avec ses contributions. La République tchèque soutient les efforts de l'AIEA dans différents domaines et s'est engagée à assurer la formation de 50 experts de l'ex-Union soviétique. Le représentant a ajouté que son pays a, en 1999, organisé 10 séminaires et formations dans les domaines relatifs au nucléaire.

M. RYUICHIRO YAMAZAKI (Japon) a déploré le manque de coopération de la République populaire démocratique de Corée et de l'Iraq avec l'AIEA et s'est félicité des efforts déployés par l'Agence pour essayer de surmonter les difficultés. Le Japon a été un des premiers pays à signer le Protocole additionnel qui accompagne les Accords de garanties. Le Gouvernement japonais est en train d'élaborer un projet de loi qui permettra sa mise en oeuvre au niveau national. Le Japon insiste sur le fait que le plutonium retiré des armes démantelées ne devrait pas être réutilisé à des fins militaires et a appelé les Etats-Unis et la Fédération de Russie à autoriser l'AIEA à surveiller l'utilisation du plutonium. Tout en reconnaissant la responsabilité première des Etats dans la lutte contre le trafic illicite de matières nucléaires, le représentant a engagé la communauté internationale à renforcer sa coopération et à apporter un appui aux pays particulièrement touchés. La communauté internationale devrait apporter son appui dans la lutte des pays contre le trafic de matériaux nucléaires.

S'agissant de la République populaire démocratique de Corée, le Japon salue les progrès importants réalisés lors des récents pourparlers avec les Etats-Unis. Le Japon participe activement au projet en vue du développement de la capacité énergétique dans la péninsule coréenne. Il est plus important que jamais que la République populaire démocratique de Corée coopère avec l'AIEA, a insisté le représentant. Il a aussi appelé l'Agence à intensifier son dialogue avec la République populaire démocratique de Corée en vue du développement des capacités énergétiques dans la région. Evoquant l'accident survenu le 30 septembre dernier dans l'usine nucléaire de Tokaimura, le représentant a fait part de la gratitude de son pays pour l'aide reçue et a insisté sur le fait que, pour le Japon, le fait d'assurer la sécurité constitue un préalable vital à l'utilisation de l'énergie nucléaire. Il a indiqué qu'une équipe d'experts de l'AIEA était venue au Japon en octobre dans le cadre d'une mission d'établissement des faits. Il s'est agit essentiellement d'un accident d'irradiation, sans rejets radioactifs majeurs, a-t-il assuré. Les produits agricoles et le bétail, ainsi que l'environnement, l'air et l'eau dans la zone sont tout à fait sûre. Un rapport final sur l'enquête doit être présenté d'ici la fin de l'année, sur la base duquel le Gouvernement prendra des mesures en vue de renforcer la sécurité des installations et restaurer la confiance de l'opinion publique dans le nucléaire.

M. ABDOUL GHEIT (Egypte) a déclaré que face à la compétition pour le renforcement des capacités nucléaires des Etats à laquelle nous avons assisté au cours de ce siècle, l'Egypte espérait que les efforts internationaux viseraient à éliminer les arsenaux nucléaires en place, en vue de l'objectif final du bien être de l'humanité et pour un monde exempt du risque nucléaire. Il a souligné l'importance que l'Egypte attache au système de garanties de l'agence pour contrôler l'utilisation pacifique du nucléaire. Malgré les efforts faits par l'Agence, il reste un système nucléaire qui n'est pas soumis aux observation de l'Agence a-t-il déclaré. Etant donné les tensions au Moyen- orient il est urgent de s'adresser à ceux qui refusent de coopérer en matière nucléaire et contribuent à faire du Moyen- Orient une zone d'instabilité. L'Egypte a demandé la mise en oeuvre du système de vérification de l'Agence partout au Moyen- Orient et l'établissement d'une zone exempte d'armes nucléaires. Malgré cette insistance Israël continue de refuser de se soumettre aux vérifications, alors que tous les pays arabes se sont placés sous les vérifications de l'Agence, s'est-il insurgé. Une fois de plus Israël est le seul pays du monde qui n'ait pas déclaré son intention d'adhérer au traité sur la non- prolifération et au système de garanties de l'Agence.

Concernant les programmes de coopération technique, il a indiqué que l'Egypte, qui attache une grande importance aux divers aspects de la non-prolifération, considérait qu'elle contribuait à la crédibilité de l'Agence, et qu'elle voulait attirer l'attention sur la situation financière difficile de l'Agence et dans ses activités de coopération. Il a conclu que l'Egypte entendait confirmer le rôle important de l'Agence afin d'ouvrir une nouvelle voie au développement économique et au bien être des peuples en utilisant le nucléaire à tous les niveaux de développement.

M. YURIY POLUREZ (Ukraine) s'est félicité de la contribution unique de l'AIEA pour la promotion de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire et son rôle dans le renforcement du régime de non-prolifération des armes nucléaires. Il s'est félicité des efforts de l'AIEA pour parvenir à un contrôle encore meilleur grâce à l'adhésion universelle au Protocole additionnel modèle qui renforce les instruments de contrôle du Traité sur la non- prolifération. Le représentant a déclaré qu'à l'issue des consultations avec l'AIEA, son pays entend signer le Protocole à la fin de l'année. L'Ukraine soutient également la tenue en novembre d'une rencontre d'experts à composition non limitée pour étudier s'il fallait réviser la Convention pour la protection physique de matériaux nucléaires, et appelle à l'élaboration rapide d'une Convention contre les actes de terrorisme nucléaire international. Le représentant a noté la coopération technique entre l'Ukraine et l'AIEA concernant le projet de mise en place d'une banque de données pour la prévention du trafic illicite, et s'est félicité du rôle important de coordination joué par l'Agence dans l'assistance internationale qui a permis la reconstruction d'un système de protection dans son pays.

Il s'est déclaré satisfait de la participation de l'Ukraine aux projets de coopération techniques régionaux. Le représentant a ajouté que son pays est favorable à l'élaboration d'une convention internationale sur la sécurité des sources de radiation et prend les mesures nécessaires pour appliquer la Convention commune sur les combustibles irradiés et la gestion des déchets radioactifs. Il a également noté l'intérêt de l'Agence pour le problème posé par le bug de l'an 2000 dans le domaine nucléaire.

Concernant la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui continue de préoccuper le Gouvernement de l'Ukraine et la communauté internationale, le représentant a rappelé qu'après la fermeture de la centrale 1 en 1996, le gouvernement avait pris cette année la décision de fermer la centrale 2. Cependant, il a rappelé que l'arrêt total de la centrale n'est possible, conformément au Mémorandum d'Accord d'Ottawa d'octobre 1995, qu'avec la mise en route de sources énergétiques de remplacement. Il a déploré le retard pris en ce sens, et appelé le G7 et la Commission européenne à dégager les dernières ressources financières nécessaires pour parvenir à sa réalisation, sous peine d'effets négatifs en Ukraine et dans d'autres pays. Il a également noté que l'Accord-cadre entre l'Ukraine et la BERD relatif au Fonds d'abris de Tchernobyl en Ukraine avait été signé et était entré en vigueur. Jusqu'ici, plus de 393 millions de dollars ont été engagés sur le Fonds d'abris de Tchernobyl, et plus de 200 millions de dollars ont été crédités sur le compte correspondant de la BERD. Néanmoins, le représentant a fait observer qu'en tout, ce sont 768 millions de dollars qui sont nécessaires pour compléter le plan d'abris. Il s'est cependant dit pleinement satisfait de la décision du Sommet du G7 de Cologne de tenir une seconde conférence des donateurs avant l'été de l'an 2000. Rappelant que l'Ukraine est traditionnellement coauteur du projet de résolution sur l'AIEA, il a annoncé son appui au projet de résolution sur le rapport de l'AIEA.

M. NENE (Afrique du Sud) s'est félicité du degré élevé de succès que l'Agence connait en matière de coopération technique. Il a noté entre autres l'expansion de la coopération technique en Afrique, grâce notamment au rôle et aux activités de l'AFRA qui assure que les bénéfices de l'énergie nucléaire sont partagés avec les pays en développement. Il a cependant appelé à une augmentation des ressources nécessaires pour assurer la coopération technique, ainsi que la coopération de l'Agence à l'AFRA. Evoquant le système de vérification et de garantie, le représentant a rappelé l'engagement de son pays en faveur de ce système et en faveur du Protocole additionnel modèle. Le représentant a jugé encourageante l'initiative trilatérale entre la Fédération de Russie, les Etats-Unis et l'Agence sur la question des matières nucléaires, des armes et de stocks non utilisés. Mais il a fait observer, compte tenu de l'augmentation des travaux de sécurité demandés à l'Agence, que les coûts de vérification ne manqueront pas d'augmenter. C'est pourquoi, il a appelé les Etats Membres à ne pas mettre d'obstacles artificiels au fonctionnement de l'AIEA, en exigeant par exemple des augmentations zero de son budget réel ou nominal.

Enfin, dans le domaine de la sécurité des déchets, des radiations et des centrales, l'Afrique du Sud s'est félicitée des travaux entrepris par l'Agence, et de la contribution positive apportée en ce sens par la première Conférence de révision annuelle à Vienne en avril de cette année .

M. VIJAY TIWATHIA (Inde) a exprimé sa satisfaction en ce qui concerne la décision historique d'amender l'article VI du Statut de l'AIEA. Il s'est félicité de l'esprit de consensus qui a présidé à l'adoption de cette décision et a souhaité que ce même esprit soit de mise dans les discussions d'autres questions non moins importantes dont l'AIEA est en charge, et notamment celle relative aux aspects de promotion.

Le représentant a rappelé que la fonction première de l'AIEA est d'encourager l'exploitation nucléaire à des fins pacifiques dans le monde entier. Dans les pays en développement, l'énergie atomique et ses capacités permettent de progresser dans de nombreux domaines, a-t-il expliqué. Cette énergie est la clef d'un avenir meilleur dans ces pays. Il a mis l'accent sur le fait que si l'utilisation de l'énergie nucléaire stagne dans les pays du nord, elle augmente dans de nombreuses autres régions. L'Inde, a-t-il déclaré, lance un appel à l'AIEA pour qu'elle déploie des efforts en vue d'intensifier les programmes d'énergie nucléaire permettant la réduction des effets de serre produits par les autres combustibles.

L'Inde, a continué le représentant, doit atteindre d'ici à 2020 une puissance de 20 000 MW. A cette fin, elle a perfectionné récemment ses installations nucléaires pour répondre aux besoins énergétiques de sa population. Son programme énergétique repose sur la technologie du cycle de combustion fermé, technique qui assure la sécurité énergétique à long terme. Le représentant a indiqué que des technologies de retraitement des déchets nucléaires et le recyclage des déchets nucléaires sont aujourd'hui disponibles dans son pays. L'Inde porte un grand intérêt à la technique du cycle de combustible nucléaire fermé. C'est ce qu'elle a d'ailleurs mis en évidence lors des négociations sur la Convention commune sur la sûreté de la gestion du combustible usé et sur la sûreté de la gestion des déchets nucléaires.

Au regard des récents événements intervenus à l'étranger M. Tiwathia, a estimé que l'on doit continuer à attacher la plus grande importance à la question de la sécurité nucléaire. Le représentant a indiqué que la sécurité des installations indiennes est contrôlée par un institut indépendant. Un institut de recherche a également été mis en place. Celui-ci est en charge de promouvoir la sécurité nucléaire. Dans le contexte du problème de l'an 2000, l'Inde a également pris les mesures nécessaires, a-t-il indiqué.

M. Tiwithia a déclaré que son pays apprécie les efforts de l'AIEA en ce qui concerne le transport des matériaux nucléaires. A cet égard l'engagement de tous les Etats Membres de l'Agence est indispensable. L'Inde est attachée à la non-prolifération et respecte ce principe, a-t-il précisé. Il a cependant regretté les mesures discriminatoires qui restreignent l'accès au matériel, à l'équipement et à la technologie, prises en vertu du principe de la non-prolifération, auquel l'Inde souscrit. En tant que membre fondateur de l'Accord de coopération pour l'Asie et le Pacifique, l'Inde appuie les opérations techniques de l'Agence et paye ses contributions. l'Inde est partie prenante dans la recherche fondamentale dans ce domaine, où il doit y avoir une coopération au niveau international, a-t-il estimé.

Le représentant a déclaré que l'AIEA doit rester fidèle à son mandat officiel et premier de promoteur des utilisations pacifiques de l'énergie nucléaire. Il a regretté que les changements d'orientation aient amené l'AIEA à devenir un organe de police et non plus un organe positif pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Il a indiqué que l'AIEA doit prendre en compte sa situation unique en tant que seule organisation internationale chargé de promouvoir l'énergie nucléaire. A cet égard, le récent Forum sur le développement durable et le rôle de l'énergie nucléaire ont aidé à restaurer le caractère scientifique de l'AIEA.

M. U KYAR NYO CHIT PE (Myanmar) a soutenu les activités de l'AIEA concernant les aliments et l'agriculture, car elles sont l'exemple d'une utilisation pacifique de l'énergie nucléaire dans un domaine d'importance particulière pour les pays en développement. Dans le domaine du Programme de coopération technique, il s'est félicité des mesures incluses dans le Programme-cadre par pays. Evoquant les efforts propres du Myanmar, le représentant a noté la mise en place du département de l'énergie atomique dans son pays en 1997. L'assistance de l'AIEA a porté sur un projet en rapport avec l'agriculture qui utilise une méthode par irradiation pour créer des mutations et de nouvelles variétés de cultures. Un autre projet vise à l'amélioration de la production animale à travers des stratégies de supplément alimentaire et des techniques d'immunisation.

Le représentant a rappelé que l'eau demeure une question critique dans le monde actuel. Il a souligné l'intérêt croissant exprimé par de nombreux Etats Membres concernant les techniques nucléaires de dessalement de l'eau. Il a noté les efforts que déplore l'AIEA pour coopérer avec d'autres organisations des Nations Unies en vue d'une meilleure gestion et du développement des ressources en eau. Le projet visant à obtenir un niveau adéquat de protection contre les rayonnements ionisants est d'une importance cruciale, a observé le représentant. Enfin, il a souligné l'importance du renforcement du TNP dans le cadre du nouveau millénaire. M. G. M. GATLOV (Fédération de Russie) a déclaré que son pays a toujours soutenu les activités contructives de l'Agence qui oeuvre pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire, et dont les vérifications sont un élément clef de la non prolifération. La Fédération de Russie était résolument contre toute tentative pour réviser le Traité et estime qu'un règlement durable de cette question est fondamental. La Russie considère par ailleurs que le rôle de l'Agence est un rôle de coordination en vue de déterminer les utilisations rationnelles et écologiquement sûres de l'énergie nucléaire. Il a abordé la question du contrôle des matières nucléaires provenant d'armes qu'il perçoit comme une nouvelle tâche pour l'Agence, surtout dans le cadre de la coopération entre la Russie et les Etats-Unis. Il s'est félicité des progrès accomplis par l'Agence en matière de désarmement et à cet égard a loué la réputation d'organisation compétante de l'AIEA qui fait par ailleurs tous les efforts nécessaires pour assister les Etats Membres dans le développement de l'industrie nucléaire.

Evoquant la nécessité actuelle d'une reconversion structurelle vers des industries productrices de CO2, il a déclaré que la seule solution réaliste était aujourd'hui, le développement d'une industrie nucléaire écologiquement sûr. Il a précisé que malgré ses difficultés économiques, la Russie participait aux programmes de l'Agence, notamment en fournissant des équipements et en assurant la formation. Il a ajouté que la Conférence relative à une convention sur la sûreté nucléaire fut positive et que ses conclusions seraient prises en compte dans le travail des experts russes. Pour la Fédération de Russie, toutes les centrales, exploitées ou non, doivent être vérifiées par l'Agence afin d'élever le niveau de protection civile, et c'est pour cette raison que la Fédération appuie la lutte contre le trafic de matières nucléaires menée par l'Agence.

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