M. KOFI ANNAN ENGAGE L'INDONESIE A DEMANDER L'AIDE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE POUR RETABLIR L'ORDRE ET LA SECURITE AU TIMOR ORIENTAL
Communiqué de Presse
SG/SM/7127
SC/6725
M. KOFI ANNAN ENGAGE L'INDONESIE A DEMANDER L'AIDE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE POUR RETABLIR L'ORDRE ET LA SECURITE AU TIMOR ORIENTAL
19991102On trouvera ci-après le texte de la déclaration sur la situation au Timor oriental prononcée le 11 septembre par M. Kofi Annan devant le Conseil de sécurité:
Il y a une semaine, ici même, j'annonçais au Conseil que la population du Timor oriental avait voté, à une majorité écrasante, de refuser l'autonomie offerte par le Gouvernement indonésien, et opté pour un passage progressif à l'indépendance.
Les conditions dans lesquelles s'est déroulée la consultation populaire du 30 août étaient loin d'être idéales. Mais la très grande participation, ainsi que le jugement des observateurs internationaux et de la Commission électorale n'ont laissé aucun doute quant à la régularité et à la validité du scrutin. En conséquence, la communauté internationale devrait, sans hésiter plus longtemps, donner effet aux résultats du vote.
Malheureusement, à peine les résultats du scrutin ont-ils été annoncés que le Timor oriental a été plongé dans l'anarchie.
L'ampleur des violences, des destructions et des massacres a pris au dépourvu les observateurs internationaux. Comme je l'ai déclaré hier à la presse, les événements du Timor oriental pourraient relever de plusieurs catégories de crimes internationaux. Ceux qui ont ordonné et commis ces crimes devront en répondre.
La semaine dernière, mes collègues et moi-même avons régulièrement fourni au Conseil des renseignements circonstanciés sur l'évolution tragique de la situation.
Le drame qui afflige la population du Timor oriental a profondément ému la grande majorité de la communauté internationale. Les membres du Conseil, tout comme mes collègues et moi-même, ici au Secrétariat, jugeons cette crise très alarmante.
- 2 - SG/SM/7127 SC/6725 2 novembre 1999
Je suis resté en contact téléphonique constant avec un grand nombre de chefs d'État et avec d'autres dirigeants partout dans le monde. En particulier, durant toute la semaine, je suis resté en liaison avec le Président S. J. Habibie à Jakarta.
Mon objectif est de mettre en place des conditions qui permettraient à la Mission des Nations Unies au Timor oriental (MINUTO) d'exécuter le mandat que lui a confié le Conseil. Dans un premier temps, il faut rétablir l'ordre et l'état de droit qui, conformément aux Accords du 5 mai, relèvent de la responsabilité du Gouvernement indonésien.
Le Conseil a envoyé en Indonésie une mission chargée de faire comprendre aux dirigeants du pays l'urgence de la situation et la nécessité d'agir immédiatement.
Malgré tous nos efforts, la sécurité n'a cessé de se détériorer, et la Mission des Nations Unies au Timor oriental n'a pu maintenir qu'un seul bureau en opération. Hier, la MINUTO a évacué du Timor oriental le personnel non essentiel, y compris 280 employés locaux et leurs familles. Il ne reste que 86 fonctionnaires internationaux dans les quartiers de la Mission à Dili.
Cette semaine, Dili a été en proie à l'anarchie et au désordre malgré la présence d'une force importante de policiers et de militaires indonésiens qui ne veulent pas ou ne peuvent pas contrôler la situation.
Comme je l'ai déclaré hier, en raison de la gravité de la situation, le maintien de la MINUTO au Timor oriental est remis en question d'heure en heure.
Mardi, l'Indonésie a déclaré la loi martiale au Timor oriental. Mais malgré cela, et en dépit de l'arrivée de renforts, l'ordre n'a pas pu être rétabli.
Vous n'êtes pas sans savoir que mercredi et jeudi, des convois de la MINUTO escortés par les forces indonésiennes ont été attaqués par des milices armées, et hier encore, des soldats indonésiens chargés de garder les quartiers de la Mission ont rejoint la milice anti-indépendantiste qui terrorisait ceux qui se trouvaient à l'intérieur.
Un millier de Timorais se sont réfugiés dans les quartiers de l'ONU, mais les conditions dans lesquelles ils se trouvent sont des plus précaires.
La situation de ces malheureuses victimes innocentes n'est qu'un aspect de la catastrophe humanitaire que connaît actuellement le Timor oriental. La grande majorité de la population a été déplacée de force.
- 3 - SG/SM/7127 SC/6725 2 novembre 1999
La communauté internationale n'ayant désormais plus aucun accès au Timor oriental, nous ne pouvons ni véritablement évaluer la situation humanitaire, ni savoir ce dont a besoin, pour survivre, la population déplacée. Il n'en est pas moins clair qu'il faut agir dans les plus brefs délais pour fournir aliments, eau et soins de santé.
Là où l'on sait qu'il se trouve une forte concentration humaine dans le Timor oriental, les vivres diminuent à grande vitesse, mais on pense que la plus grande partie de la population a fui ou a été installée de force au Timor occidental, où les problèmes sont tout aussi pressants.
J'ai le plaisir de pouvoir annoncer qu'aujourd'hui, selon la MINUTO, le calme est revenu à Dili.
Aujourd'hui, la Mission du Conseil de sécurité s'est rendue au Timor oriental pour voir où en était la situation sur le terrain et quels étaient les problèmes qui se posaient à la MINUTO et à son courageux personnel. Je crois comprendre qu'elle a réussi à visiter toute la ville et à constater l'ampleur des dégâts.
Comme vous, j'attends avec impatience le rapport complet de la Mission du Conseil. Nous devrions l'avoir d'ici un jour ou deux.
Il me semble cependant utile de rappeler que le fait que les forces armées indonésiennes ont été capables de maintenir le calme à Dili durant la visite de la Mission indique bien que ce sont elles qui sont responsables de la sécurité du territoire.
Comme je l'ai dit hier, il est temps que l'Indonésie demande à la communauté internationale de l'aider à s'acquitter de sa responsabilité de rétablir l'ordre et la sécurité au Timor oriental, tout en garantissant la protection des dirigeants civils du mouvement indépendantiste.
De nouveau, j'engage instamment l'Indonésie à accepter sans plus tarder le déploiement d'une force internationale.
La communauté internationale demande à l'Indonésie de consentir à ce déploiement. Mais j'espère, Monsieur le Président, qu'il est bien clair que cette demande est inspirée par le respect qui est dû à l'Indonésie en tant que membre de la communauté des États.
Cette position se trouve, hélas, menacée par le drame qui s'est abattu sur la population du Timor oriental.
- 4 - SG/SM/7127 SC/6725 2 novembre 1999
J'espère sincèrement que ce débat ouvert qui a lieu au Conseil permettra de mettre fin à cette tragédie. La réunion du Conseil aujourd'hui symbolise la détermination de ses membres, ainsi que celle de l'ensemble des membres de l'Organisation des Nations Unies, de s'acquitter des obligations qui découlent pour eux de la Charte.
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