AG/SHC/423

FACE A LA MONTEE D'UN "NEORACISME", LA CONFERENCE MONDIALE DE 2001 DEVRA DONNER UN ELAN A UNE CULTURE DE TOLERANCE

22 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/423


FACE A LA MONTEE D'UN "NEORACISME", LA CONFERENCE MONDIALE DE 2001 DEVRA DONNER UN ELAN A UNE CULTURE DE TOLERANCE

19991022

Le déni du droit à l'autodétermination est une grave violation des droits de l'homme

Dans le cadre des débats de la Troisième Commission sur l'élimination du racisme et de la discrimination raciale, et le droit de peuples à l'autodétermination, les délégations ont de nouveau souligné, ce matin, qu'il est urgent de réglementer l'utilisation de l'Internet afin qu'il ne soit pas exploité librement par des groupes extrémistes qui divulguent des propos racistes, haineux et xénophobes. L'ensemble des délégations a estimé que la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, sera l'occasion de donner une impulsion nouvelle à la lutte contre le racisme et permettra de prendre des mesures contre les nouvelles formes insidieuses sous lesquelles il se manifeste dans les sociétés modernes. Plusieurs délégations se sont déclarées favorables à la proposition de l'Afrique du Sud d'accueillir cette Conférence.

Au regard du débat sur le droit à l'autodétermination, la représentante du Liechtenstein a rappelé que l'initiative de son pays en faveur d'un dialogue actif entre les diverses communautés et les gouvernements centraux des Etats qu'elles habitent s'inscrit dans le cadre de la "culture de la prévention" préconisée par le Secrétaire général. Cette initiative souligne que la création d'un Etat national n'est pas la seule expression du droit à l'autodétermination dont la réalisation peut prendre plusieurs formes. Pour leur part, les représentants de l'Algérie et de Cuba ont rappelé qu'il reste des territoires occupés et des peuples qui vivent disséminés faute de pouvoir fonder leur Etat national.

Les représentants des pays suivants ont pris part au débat: Grèce, Liechtenstein, Chine, Algérie, Cuba, Pakistan, Israël, Venezuela, Chypre, Inde, Jamahiriya arabe libyenne et Nigéria.

La Commission poursuivra l'examen conjoint de ces points de son ordre du jour, lundi 25 octobre, à partir de 15 heures.

ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE

DROIT DES PEUPLES A L'AUTODETERMINATION

Suite du débat général

M. AGAMEMNON TATSIS (Grèce) a expliqué comment le Conseil national de la jeunesse de la Grèce s'efforçait de créer un Forum de la jeunesse d'Europe du sud-est. Il a souligné que, pour la plupart des jeunes d'aujourd'hui, les différentes déclarations concernant les droits de l'homme ne sont pas appropriées ou ne sont pas accompagnées d'actions positives. Ces instruments n'apportent pas de réconfort à ceux qui souffrent de discrimination, a-t-il ajouté. Au cours des dernières années, différentes politiques ont été mises en oeuvre en Grèce afin de lutter contre la xénophobie, la discrimination, l'intolérance et le racisme. La plupart de ces politiques prévoyaient la participation de jeunes, y compris la création d'un conseil national pour la protection des droits de l'homme. Au Conseil national de la jeunesse, a-t-il déclaré, les jeunes, conscients que nous vivons dans une région du monde où des personnes de cultures, de religion et de nationalités différentes doivent vivre ensemble, s'efforcent de contribuer à ces objectifs. Les efforts de règlement de la crise qui a récemment déchiré notre région achoppent encore sur un racisme et une intolérance lamentables qui mettent en évidence le manque de compréhension mutuelle. Notre tâche principale doit être l'élimination du racisme, de la discrimination, de la xénophobie et de l'intolérance qui portent atteinte à la paix et à la sécurité internationale. Le représentant a estimé que pour amener l'harmonie dans la société, tous les jeunes doivent être réunis et pouvoir oeuvrer ensemble en vue d'un but commun et dans un contexte qui leur est favorable.

Nous souhaitons voir la tolérance, la démocratie, la paix, la solidarité et la compréhension mutuelle en Europe du sud-est, a-t-il déclaré. Dans ce cadre, les jeunes ont pris l'initiative d'établir un "Forum de la jeunesse d'Europe du sud-est" qui serait placé sous les auspices du Forum mondial du système des Nations Unies.

Ils sont en train de contacter les autres organisations de jeunes de la région afin de créer une organisation faîtière regroupant toutes les organisations de la jeunesse d'Europe du sud-est. Les jeunes pourront y échanger des idées sur les questions qui les concernent, proposer des solutions conjointes à leurs problèmes communs et organiser des événements, a-t-il précisé. De cette manière, nous comptons avancer vers l'élimination du racisme et de l'intolérance dans notre région et parvenir à une nouvelle culture fondée sur le principe "tous différents, tous égaux".

Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a déclaré que le droit à l'autodétermination ne peut pas être exercé par le biais d'un seul acte. Il s'agit plutôt de l'expression et du résultat d'un processus durable. D'autre part, l'autodétermination peut prendre différentes formes. L'accession à l'indépendance est seulement l'une d'elles. La représentante a rappelé l'initiative du Liechtenstein selon laquelle le droit à l'autodétermination doit s'exercer sous la forme d'un dialogue entre les gouvernements centraux et les diverses communautés qui vivent au sein des Etats - étant entendu que celles-ci ont un droit à l'autodétermination et que celui-ci peut s'exercer par le biais de différents degrés d'autonomie. Cette approche dynamique éviterait dans de nombreux cas sans doute que les tensions internes tournent à la violence et au conflit armé. Dans un tel contexte, la représentante a précisé que l'initiative du Liechtenstein se fonde sur le droit international en vigueur et propose une approche active et préventive qui s'inscrit dans la lignée de la "culture de la prévention" chère au Secrétaire général. Une telle "culture de la prévention" permettrait de s'employer à identifier les situations potentielles de crises avant qu'elles n'éclatent en conflit et de s'attaquer à leurs causes profondes.

La représentante a indiqué que la délégation du Liechtenstein continuera à promouvoir ses idées dans ce domaine au sein des Nations Unies et dans le cadre du programme de recherche du Liechtenstein sur le droit à l'autodétermination de la Faculté Woodrow Wilson de l'Université de Princeton. Cet été, ce programme a organisé, au Liechtenstein, un colloque sur la paix et l'avenir de l'Europe du sud-est dont le résumé sera bientôt mis à la disposition des Membres des Nations Unies.

M. LI SANGU (Chine) a déclaré que le racisme et les autres formes de discrimination raciale restent encore, hélas, des réalités. Combattre toutes les nouvelles formes de racisme constitue une obligation pour la communauté internationale qui doit promouvoir et protéger les droits humains.

A l'approche de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, qui sera la première conférence mondiale des Nations Unies au XXIe siècle, la Chine souhaite que la priorité soit donnée aux violations massives des droits de l'homme. La Chine estime par ailleurs que des ressources matérielles et financières adéquates doivent être mises à disposition en vue de la préparation de cette Conférence. Les activités de la troisième Décennie de la lutte contre le racisme doivent continuer. Il est nécessaire d'accorder toute l'attention requise pour lutter contre les incitations au racisme divulguées sur Internet ou par les autres types de médias modernes. Le représentant a demandé que des mesures soient prises à cet effet.

Sur la question du principe de l'autodétermination des peuples, le représentant chinois estime que ce droit signifie, d'abord et avant tout, l'opposition à tout type d'agression étrangère et à l'ingérence; le maintien de la souveraineté de l'Etat, de son indépendance, de son intégrité territoriale; et le droit des peuples de choisir leurs propres systèmes politiques et social, leurs propres modèles de développement et leurs propres voies pour y parvenir. Aucun pays ne doit imposer sa propre idéologie ou son système social aux autres. Le droit à l'autodétermination ne saurait constituer un prétexte pour justifier l'incitation ou le soutien à des activités sécessionnistes. La Chine affirme que les activités sécessionnistes sont aujourd'hui les causes principales des conflits armés. La Charte des Nations Unies et les divers instruments internationaux qui traitent du droit à l'autodétermination doivent être appliqués correctement.

Le représentant chinois a conclu son allocution sur la restauration des droits du peuple palestinien, y compris son droit à l'autodétermination. La Chine estime que le règlement rapide et juste de la question palestinienne est la seule solution pour une paix durable au Moyen-Orient. Il a prix note des récents progrès et souhaité que toutes les parties concernées s'efforceront de faire avancer les négociations de paix, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies, des accords passés et du principe "terre contre paix" et de manière réaliste.

M. ABADALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le racisme, bête immonde, pourchassée et presque moribonde, réapparaît aujourd'hui sous des habits nouveaux et des formes plus subtiles et plus pernicieuses mais tout aussi abjectes. Au racisme traditionnel, s'appuyant sur l'inégalité des races, s'est substituée une nouvelle forme de discrimination fondée sur la culture, la nationalité ou la religion. Ce "néoracisme", dont le champ d'action s'élargit dangereusement s'exerce, en effet, contre des groupes sociaux vulnérables tels que les travailleurs migrants, les réfugiés, les minorités ethniques ou religieuses et les populations autochtones, auxquels on reproche leur "différence". Cette "différence", dans de nombreux cas, devient un prétexte pour servir les stratégies électoralistes de partis politiques, ou de groupements d'intérêts en mal de légitimité, un alibi pour justifier d'obscurs appétits nationalistes voire un argument pour défendre des intérêts économiques inavoués. Le représentant s'est élevé contre l'existence sur Internet de sites accessibles à tous appelant ouvertement à la haine de l'autre. Selon lui, il est absolument impérieux de mettre la technologie à l'abri des graves dévoiements auxquels des esprits malades peuvent l'entraîner. Il paraît, dans ces conditions, opportun et nécessaire d'oeuvrer ensemble à l'élaboration d'un code de conduite pour les usagers et les fournisseurs de services d'Internet.

Le représentant, soulignant que l'Algérie, contribue régulièrement au Fonds d'affectation spéciale pour le Programme d'action de la troisième Décennie contre le racisme et la discrimination raciale, a appelé les donateurs à faire de même pour permettre la mise en oeuvre de ce programme. A son avis, les sept objectifs assignés à la prochaine Conférence contre le racisme doivent être soigneusement étudiés pour permettre l'élaboration d'un Programme d'action qui traitera de l'ensemble des aspects relatifs à ce problème.

En dépit des progrès accomplis, dont la récente victoire du peuple du Timor oriental représente une éclatante illustration, l'oeuvre de décolonisation reste encore à parachever, a poursuivi M. Baali. C'est le cas du peuple sahraoui qui, depuis près d'un quart de siècle, revendique également son droit à l'autodétermination et attend, convaincu de la justesse de sa cause, le moment de l'exercer. Il en est d'autant plus convaincu que, longtemps à l'arrêt, le processus de mise en oeuvre de Plan de règlement de la question du Sahara occidental a été relancé à la faveur des accords conclus à Houston entre le Maroc et le Polisario et que les obstacles qui ont plus récemment entravé son déroulement normal, ont enfin été levés à la suite de l'acceptation par les deux parties de nouvelles propositions présentées par le Secrétaire général de l'ONU parmi lesquelles figure la nouvelle date, fixée en juillet 2000, pour la tenue du référendum d'autodétermination.

De ce point de vue, la responsabilité de l'ONU reste pleinement engagée vis-à-vis du peuple sahraoui, comme le rappelle, de nouveau, la résolution que la Commission des questions politiques spéciales et de décolonisation a adoptée, le 8 octobre dernier, par consensus et qui, nous l'espérons sera la dernière du genre. Pour qu'il en soit ainsi, la communauté internationale et particulièrement le Conseil de sécurité devront être plus que jamais vigilants pour que le Plan de règlement et les accords de mise en oeuvre soient rigoureusement appliqués et strictement respectés afin que le peuple sahraoui puisse exercer son droit et exprimer son choix, à la date fixée, en toute liberté, sans entraves ni contrainte d'aucune sorte.

Mme MERCEDES DE ARMAS GARCIA (Cuba) a déclaré que le droit de chaque Etat à la souveraineté nationale et le droit des peuples à l'autodétermination - sans ingérence ou intervention étrangère - sont les piliers de l'ordre juridique établi dans la période de l'après-guerre, sur lesquels ont été érigées les Nations Unies. La lutte des peuples sous domination étrangère garde un sens aujourd'hui car, bien que le colonialisme ait quasiment disparu en tant que système, de nouvelles menaces planent sur les peuples, en particulier ceux des pays en développement, à cause de la nouvelle politique du plus fort et de la domination. Des théories juridiquement douteuses sont apparues afin d'appuyer un prétendu droit à l'intervention humanitaire.

En outre, les pays développés tentent de lier nos peuples et nos destinées à des modèles étrangers. A notre avis, a déclaré la représentante, la prétendue intervention humanitaire, telle que celle qui a été menée au Kosovo, est une violation pure et simple des principes de la Charte de Nations Unies et du droit international. Il s'agit d'une violation flagrante du droit des peuples à l'autodétermination.

La représentante a estimé que la mondialisation devrait être celle de la coopération, de la paix, de la solidarité, de l'éthique, de la culture, ou encore de la liberté des peuples à décider de leur destinée, et non pas celle de la pauvreté, de l'inégalité sociale, de l'interventionnisme et du mépris des principes fondamentaux qui régissent les relations internationales. Elle a réitéré la nécessité de restaurer la validité et l'inviolabilité de la Charte des Nations Unies. La diplomatie s'appuyant sur la force qui minimise la réalisation du droit des peuples à l'autodétermination doit être rejetée. La Charte des Nations Unies définit clairement les conditions dans lesquelles les Nations Unies peuvent recourir à la force afin de sauvegarder la paix et la sécurité internationales.

La représentante a également condamné l'"autodétermination" selon des idées et principes qui ne correspondent pas à l'esprit de la Charte. Le concept essentiel de l'autodétermination doit être conservé pour les peuples et non pour des individus, a-t-elle ajouté. Elle a ensuite déclaré que le droit des peuples à l'autodétermination est une condition préalable à la réalisation de tous les droits de l'homme. Elle a réaffirmé le droit inaliénable du peuple palestinien à l'autodétermination et demandé la restitution inconditionnelle des territoires arabes occupés par Israël, y compris le Golan syrien et la bande occupée au sud du Liban. Cuba demande la dévolution de la base de Guantanamo, territoire illégalement usurpé par les Etats-Unis contre la volonté du peuple cubain.

En ce qui concerne les activités des mercenaires, la représentante a souligné la nécessité de concevoir une nouvelle définition du terme de mercenaire. Elle a regretté l'impunité dont bénéficient les mercenaires et le peu de poursuites engagées contre eux par les Etats auxquels ils appartiennent. Elle a rappelé la visite effectuée à Cuba, au mois de septembre, par le Rapporteur spécial chargé de la question du recours aux mercenaires et appuyé l'idée d'élaborer une nouvelle définition du terme "mercenaire".

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan) a tout d'abord déploré l'augmentation des sites Internet racistes et a estimé qu'il est nécessaire d'agir rapidement contre ces abus. Il s'est félicité des mesures qui ont déjà été prises dans ce domaine et a déclaré que le Pakistan serait d'accord pour promulguer des lois visant à contrôler ce type d'utilisation de l'Internet. Le représentant a également exprimé son inquiétude face à la victimisation des immigrés par

des groupes extrémistes racistes et xénophobes. A cet égard, il a mis la communauté internationale en garde contre la tendance islamophobe qui consiste à lier systématiquement l'Islam au terrorisme et fait des musulmans les victimes désignés de ces groupes extrémistes racistes et xénophobes. Dans la mesure où ces groupes recrutent principalement parmi les jeunes qui sont plus vulnérables à leur propagande, il serait utile de sensibiliser les jeunes à ces problèmes, de les informer contre le racisme et la xénophobie. Le représentant a appelé à la mise en oeuvre, par exemple, des programmes de l'Organisation des Nations Unies pour la science, l'éducation et la culture (UNESCO) en faveur d'une culture de la paix.

D'autre part, le représentant s'est déclaré favorable à la tenue de la prochaine Conférence mondiale sur le racisme, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée en Afrique du Sud et a souhaité que les Nations Unies prennent en charge les dépenses afférentes. Il a annoncé que sa délégation participerait au processus préparatoire pour cette Conférence.

M. BENJAMIN ORON (Israël) a déclaré que les concepts hybrides relatifs à l'union d'identités nationales et ethniques font maintenant partie du paysage social mais ne le dominent pas encore. Parallèlement, apparaissent de nouvelles et tenaces formes de racisme, xénophobie et antisémitisme. Nous assistons à une flambée de racisme cybernétique. Israël est préoccupé par les résultats des dernières élections en Autriche, et espère que le nouveau gouvernement sera composé de partis démocratiques et non d'éléments radicaux qui pourraient faire ressurgir des souvenirs amers.

Le représentant israélien a reconnu que, dans son pays, des inégalités existent entre les populations juive et arabe. Des progrès restent à faire dans les domaines de l'éducation, de l'accès au logement et de l'intégration à des postes de responsabilité au sein du Gouvernement, il y a néanmoins quelques avancées. Le Ministère de l'éducation a mis en place une campagne pour supprimer les stéréotypes et l'animosité qui prévaut entre les Juifs et les Arabes en Israël. A ce propos, suite aux attentats à la bombe du mois dernier, dans les localités d'Haïfa et Tiberias, un collectif de directeurs juifs et arabes a publié un communiqué dénonçant l'agression de civils innocents. Le collectif affirme enseigner la coexistence entre les Juifs et les Arabes dans le respect de leurs différences.

Mme MARTHA DI FELICE (Venezuela) a déploré l'apparition de nouvelles formes de racisme alimentées par des idéologies racistes et xénophobes, au point que certains extrémistes prétendent expliquer scientifiquement une prétendue inégalité biologique entre les races. A cet égard, elle a regretté l'utilisation irrationnelle des moyens de communication et de l'Internet pour défendre des théories de suprématie des races et des ethnies et diffuser des consignes qui violent le principe d'égalité des hommes. La représentante a indiqué que l'Assemblée nationale vénézuélienne travaille actuellement

à un nouveau texte constitutionnel qui prévoira une protection élargie du droit à l'égalité. Ce texte stipulera que l'Etat doit protéger les personnes qui se trouvent dans une situation de vulnérabilité du fait, notamment, de leur race, âge, couleur, sexe, langue, religion, opinion politique, ou à cause d'un handicap physique. Conformément à ce projet de texte, l'Etat devra sanctionner les violations commises à l'encontre des individus dans ce contexte. En ce qui concerne la Conférence mondiale contre le racisme, la représentante a notamment souhaité que ses résultats soient orientés vers des actions concrètes.

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a estimé que la tenue, en 2001, d'une Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée devrait fournir l'occasion de donner une impulsion nouvelle à la lutte contre l'intolérance et d'élaborer des mesures en vue de l'élimination du racisme. Il a également souligné l'importance du rôle des organisations non gouvernementales dans ce domaine.

Le représentant a ajouté que Chypre souffre toujours des conséquences de l'invasion de 1974 qui a de facto séparé ses habitants par le biais d'une politique délibérée de nettoyage ethnique appliquée contre les Chypriotes grecs dans la zone occupée. Il a ajouté que la politique de la puissance occupante empêche, par la force son Gouvernement, d'appliquer à tout le pays la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale qu'il a été l'un des premiers Etats à ratifier. Le représentant fait remarquer que lors de la présentation du rapport périodique de Chypre, le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale avait exprimé leur préoccupation quant à l'occupation continue de 37% du territoire chypriote par les forces turques, et de la division du pays qui faisait obstacle à l'application de la Convention. Le Comité a reconnu que cette division du territoire a des conséquences négatives sur les efforts pour réduire les tensions entre les diverses communautés ethniques et religieuses qui composent la population, et fait part de son inquiétude devant l'insuffisance des informations relatives à la composition de la population dans la zone occupée. En conclusion, le représentant a indiqué que la monté du racisme et de la xénophobie dans des sociétés qui sont considérées plus avancées est une indication claire que la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour combattre leurs manifestations.

M. INDER JIT (Inde) a exprimé sa préoccupation face à des tentatives répétées qui ont été faites récemment de réinterpréter les principes de la Charte des Nations Unies, de les appliquer sélectivement quel que soit le problème envisagé et sans se préoccuper des répercussions de tels choix. Le représentant s'est particulièrement inquiété de telles tentatives en ce qui concerne le droit à l'autodétermination. Ce principe, tel que le prévoient les articles 1 et 55 de la Charte des Nations Unies, précise l'égalité et l'autodétermination sous-tendus par les concepts de souveraineté,

d'intégrité territoriale des Etats et de non-ingérence. De ce fait, si l'autodétermination est un principe préalable pour regagner la souveraineté, les Etats doivent avoir pour règle de conduite le respect de cette souveraineté et de l'intégrité territoriale, et ne pas s'immiscer dans les affaires internes d'autres Etats.

Le représentant a regretté que les sociétés démocratiques et pluralistes soient plus exposées aux tentatives de déstabilisation du fait de leur plus grandes ouverture et tolérance. Il a déclaré que le terrorisme est un instrument puissant et malfaisant dirigé contre les sociétés ouvertes. Il a espéré que le prochain rapport du Secrétaire général reflètera l'impact du terrorisme sur les droits fondamentaux des peuples, dans le même esprit que la résolution adoptée par le Conseil de sécurité le 18 octobre. Il a également souligné la nécessité d'adopter des mesures juridiques de lutte contre le recours aux mercenaires. Il a émis l'espoir que le Rapport spécial chargé de la question étudiera l'impact des activités de mercenariat en Asie, région où ces activités ne sont pas seulement de nature contractuelle, mais sont imprégnées de ferveur religieuse et guidées par des motivations idéologiques déplacées.

En ce qui concerne l'élimination du racisme, le représentant a estimé que les conventions et les protocoles, ainsi que d'autres mesures, notamment administratives, doivent être complétées par des mesures prises au sein de la famille et le proche environnement des enfants, dès les premières années de la vie.

M. ABDUSSALAM SERIWA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu'en dépit des efforts de la communauté internationale, le racisme s'exacerbe dans diverses régions du monde et frappe les populations les plus diverses. Le représentant s'est alarmé du racisme propagé par les groupes d'extrême droite dans les pays développés et de l'utilisation de l'Internet à cette fin. Il a souligné l'existence de sites anti-Arabes et antimusulmans basés aux Etats-Unis. Il est dommage, a-t-il ajouté, que l'Internet ne soit pas l'instrument de la fraternité, mais celui de la divulgation du racisme et de la haine. Les violations des droits de l'homme dans des pays civilisés impliquent souvent la violation du droit à la vie des populations immigrées et la profanation de leurs sites religieux. Le représentant s'est félicité de la proposition de l'Afrique du Sud d'accueillir la prochaine Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée, et a souhaité que cette Conférence soit dotée des ressources nécessaires.

Le droit à l'autodétermination est consacré par la Charte et par tous les instruments internationaux, ce qui n'empêche pas que de nombreuses populations vivent encore sous occupation ou sont déplacées hors de leur territoire, comme par exemple le peuple palestinien qui vit dans des camps de réfugiés et est disséminé sur plusieurs pays en attendant la création de son Etat indépendant.

M. SAMUEL AJEWOLE (Nigéria) a exprimé sa préoccupation face à la progression du racisme et de la discrimination raciale, et concernant l'utilisation de l'Internet pour propager les idées racistes. Faisant référence au rapport du Rapporteur spécial, le représentant a estimé que ce document montre que malgré des efforts entrepris au niveau international, le racisme et la discrimination raciale ne cessent de progresser. Les actes violents motivés par la haine raciale constituent non seulement des violations des droits de l'homme mais aussi une menace à la paix et à la sécurité internationales.

Le Nigéria souscrit au principe de l'Etat de droit et reconnaît l'égalité de tous devant la loi, a déclaré le représentant. Dans la lutte contre le racisme, les gouvernements doivent prendre des mesures administratives qui favorisent la tolérance et inclure des enseignements dans ce sens dans les programmes scolaires. Il a en outre appelé les Etats à faire la preuve de leur plein engagement envers les principes consacrés par la Charte d'ici à l'Assemblée du millénaire. Le représentant a préconisé l'établissement d'un code de conduite international pour empêcher le racisme cybernétique. Il a appelé les gouvernements à ratifier la Convention contre le recrutement de mercenaires. Le recrutement des mercenaires par les compagnies de sécurité constitue une menace pour la sécurité des Etats, a-t-il souligné. En conclusion, le représentant a appuyé la tenue de la Conférence mondiale sur le racisme en Afrique du Sud.

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