LES CARTELS CRIMINELS INTERNATIONAUX MENACENT LES CITOYENS ET LES SOCIETES DE TOUS LES PAYS
Communiqué de Presse
AG/SHC/418
LES CARTELS CRIMINELS INTERNATIONAUX MENACENT LES CITOYENS ET LES SOCIETES DE TOUS LES PAYS
19991019Poursuivant, ce matin, leur débat sur la prévention du crime, la justice pénale et le contrôle international des drogues à la Troisième Commission, les délégations ont une fois encore souligné les nouvelles portes ouvertes aux organisations criminelles dans le contexte de la mondialisation. A cet égard, le représentant du Maroc a insisté sur la nécessité de réfléchir à une stratégie mondiale pour consolider le coopération internationale pour parer aux menaces graves découlant de la criminalité organisée en accordant la plus grande importance à la formation, l'information, l'échange d'expériences et de moyens technologiques.
Le représentant du Canada, au nom de l'Australie et de la Nouvelle-Zélande, a également condamné la corruption qui déstabilise la société et ralentit la croissance économique. Pour que les citoyens ne perdent pas confiance en leurs institutions économiques, judiciaires et sociales, les prises de décisions et les transactions doivent être transparentes et pouvoir faire l'objet de vérifications.
En ce qui concerne le phénomène de la drogue, les délégations ont reconnu le problème que pose l'augmentation de la consommation de drogues synthétiques au sein de la jeunesse. En outre, des représentants de pays concernés par les cultures illicites, tels que le Myanmar et le Liban, ont souligné l'importance d'investir dans le développement des régions où les agriculteurs ne possèdent pas d'autre source de revenus. Le représentant du Rwanda a expliqué comment son Gouvernement avait ravivé le système judiciaire traditionnel, y compris les procès publics, pour faire face à quelques 125 000 cas de crimes liés au génocide.
Les représentants des pays suivants se sont exprimés : République tchèque, Bélarus (au nom de la Communauté d'Etats indépendants - CEI), Chypre, Cuba, Ouganda, Myanmar, Indonésie, Canada au nom du Groupe CANZ (Canada, Australie, Nouvelle-Zélande), Maroc, Ghana, Rwanda, ex-République yougoslave de Macédoine, Liban et Venezuela.
La Commission poursuivra son débat, cet après-midi, à partir de 15 heures. Elle examinera plusieurs projets de résolution au titre des questions relatives au développement social et à la promotion de la femme.
PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE
CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES
Suite du débat général
Mme NADEZDA HOLIKOVA (République tchèque) a indiqué que le problème des drogues est considéré comme une question très sérieuse dans son pays. La République tchèque a, depuis le 1er janvier 1999, fait un pas décisif pour harmoniser son système juridique avec les normes internationales, le Code pénal a été amendé de façon à criminaliser toute possession de drogue excédant la consommation individuelle. En outre, le pays a adopté une nouvelle loi renforçant le régime juridique pour les précurseurs et les autres substances chimiques, ainsi que les contrôles pour les flunitrazépam. D'autre part, un nouveau système de formation prépare les juges d'instruction, les juges et les contrôleurs judiciaires à traiter les problèmes de drogues et les officiers de douanes ont reçu force de police.
La représentante a ajouté que dans un contexte international plus large, la République tchèque et quatre autres Etats d'Europe centrale associés dans le Programme de coopération d'Europe centrale cherchent ensemble à prendre des mesures concrètes pour améliorer la coopération régionale. Elle a indiqué qu'après une longue bataille avec les mafias issues de l'ex-Union soviétique, le groupe appelé mafia Kosovar-albanaise a pris le contrôle du marché de l'héroïne en République tchèque et dans les pays voisins, et qu'il importe que le PNUCID et les autres instances européennes compétentes prêtent attention à ce problème. La représentante a d'autre part mentionné le travail de la République tchèque au sein de la Commission des stupéfiants qui devrait s'employer à faire appliquer les stratégies de lutte contre la drogue et a annoncé la candidature de la République tchèque à la présidence de sa quarante troisième session.
M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus), au nom de la Communauté d'Etats indépendants (CEI), a déclaré que la communauté internationale doit élaborer une stratégie unique de lutte contre la criminalité nationale et transnationale organisée sous ses nombreux aspects, y compris le trafic de migrants et le trafic de drogue. Le représentant a déclaré que les Etats de la CEI appuient tous les programmes et services chargés de la lutte contre la criminalité au sein des Nations Unies. Nos pays sont satisfaits des travaux de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, a-t-il ajouté. Il a souligné tout particulièrement l'importance des travaux du Comité intergouvernemental spécial chargé d'élaborer une convention internationale générale sur la criminalité transnationale organisée et ses protocoles additionnels. Il a dit être prêt à déployer tous les efforts nécessaires pour que ces projets de textes soient présentés à l'Assemblée du Millénaire.
Le représentant a indiqué qu'un programme interétatique de lutte contre la criminalité est en place depuis 1996 dans la CEI. La coordination des activités de la communauté se fait sur une base régulière et vise à renforcer la base juridique commune de nos pays dans la lutte contre la criminalité, a-t-il précisé. Il a signalé des mesures de coopération en matière d'extradition mais aussi en matière de crimes par la voie informatique. Le représentant a déclaré que les organes de police de certains Etats de la CEI mènent des opérations conjointes. Il a fait part de la conviction des Etats de la CEI que la lutte contre la criminalité organisée exige des efforts communs de l'ensemble de la communauté internationale.
M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a rappelé que son pays avait ratifié tous les instruments juridiques internationaux visant à renforcer la coopération en matière de justice pénale. Outre sa collaboration avec l'Union européenne, Chypre a signé de nombreux accords bilatéraux avec ses voisins dans le domaine de la prévention du crime et du contrôle des drogues. Le blanchiment d'argent est l'un des domaines sur lesquels le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID) a attiré l'attention de la communauté internationale. Chypre, qui est connu comme étant devenu l'un des centres financiers offshore les plus importants de la région, est particulièrement vulnérable et craint d'être utilisé par les groupes criminels pour le blanchiment d'argent. Le Gouvernement chypriote a donc pris des mesures draconiennes pour lutter efficacement contre cette menace. En 1996, la loi contre le blanchiment de l'argent est entrée en vigueur, une Unité d'enquête, dotée de larges pouvoirs a été mise en place. Le PNUCID a félicité Chypre pour la mise en place de cet arsenal juridique.
Le représentant chypriote a insisté sur le fait que la coopération internationale était nécessaire afin de lutter contre les causes du problème de la drogue. M. Hadjiargyrou a déclaré que la société chypriote était relativement bien épargnée par le problème de la drogue, mais que le Gouvernement restait d'autant plus vigilant. Chypre a donc mis en place une politique essentiellement basée sur des programmes de prévention. Située au carrefour des routes commerciales entre l'Europe, l'Asie et l'Afrique, Chypre peut craindre d'être utilisée comme port d'entré pour des substances illicites en direction de l'Europe. La politique en matière de contrôle douanier est donc très restrictive.
En conclusion, le représentant chypriote a souligné que son pays était pleinement engagé dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée mais qu'il regrettait de ne pouvoir en dire autant de la région de la République de Chypre sur laquelle son Gouvernement n'exerce pas d'autorité du fait de l'occupation militaire turque. Il a affirmé vouloir saisir l'opportunité de cette réunion pour faire part de nouveau de la sérieuse préoccupation de son Gouvernement au sujet des informations qui font état d'activités de blanchiment d'argent et de trafic de drogues dans les zones occupées.
M. LUIS ALBERTO AMOROS NUÑEZ (Cuba) a indiqué que le chiffre d'affaires d'1,5 milliard de dollars par an réalisé par les cartels de criminels les plus puissants, montre bien que ces derniers sont les grands bénéficiaires de la mondialisation. Ce problème ne peut être résolu qu'avec l'appui de la coopération internationale car aucun pays ne saurait faire face seul à l'augmentation de la criminalité. Ainsi, il a souligné l'importance des grandes rencontres internationales sur les problèmes de drogues et de criminalité organisée. A cet égard, le représentant a rappelé qu'il conviendra d'adopter à Vienne, lors du dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, une déclaration politique qui intègre, outre les résolutions de l'Assemblée générale, les résultats des réunions préparatoires régionales qui reflètent la diversité des problèmes dans le monde. Le représentant a, d'autre part, indiqué que Cuba appuie sans réserve le processus d'élaboration d'une convention sur la criminalité transnationale organisée. Il s'est déclaré préoccupé par le fait que la qualité du travail des groupes de travail intergouvernementaux risque de souffrir du manque de temps. Ceci risque d'affecter l'efficacité du processus de négociations.
Le représentant a toutefois rappelé le rôle primordial des législations nationales sans lesquelles la coopération internationale ne saurait être efficace. A cet égard, il a regretté le fait que certains gouvernements ne font preuve d'aucune volonté politique de coopérer en matière de lutte contre les délits aussi graves que le trafic de drogues ou le trafic d'êtres humains. Il a conclu en insistant sur le fait que les actions unilatérales en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée sont vouées à l'échec et qu'il est urgent de renforcer et d'élargir la coopération internationale.
Mme CATHERINE OTITI (Ouganda) a déclaré que le problème de la criminalité a toujours existé mais que la communauté a fait de grands progrès en passant d'une "justice de lynchage" à la justice pénale. Si la criminalité est organisée, c'est que les criminels le sont aussi et ils ne doivent pas être pardonnés facilement par la société, a souligné la représentante. Sinon, a-t-elle prévenu, des criminels parfaitement conscients des crimes qu'ils ont commis risqueraient d'utiliser le traitement bien intentionné que leur dispense la société pour recouvrer une liberté qu'ils ne méritent pas et commettre de nouveaux crimes.
La représentante s'est réjouie d'apprendre que le Centre pour la prévention du crime et la justice pénale concentre ses programmes d'assistance technique sur les pays en développement, les pays dont les économies sont en transition et sur ceux qui appellent une approche sous-régionale. Elle a aussi salué les travaux effectués, avec de maigres ressources, par l'Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants (UNAFRI) et espéré qu'il recevra un appui plus ferme dans l'esprit de collaboration préconisé par le Centre pour la prévention internationale du crime du Bureau du contrôle des drogues et de la prévention du crime.
Dans le cadre de la lutte contre la criminalité entreprise en Ouganda, les autorités ougandaises inspectent leurs forces de police à travers le pays afin de s'assurer que les représentants de l'ordre public appliquent efficacement les lois, a expliqué la représentante. Elle a également insisté sur les mesures visant à garantir aux femmes un traitement équitable en matière de justice pénale et à punir les actes de violence commis à leur encontre. La Constitution ougandaise reconnaît les droits des femmes et interdit les actes portant atteinte à leur dignité, qu'ils soient fondés sur des coutumes, sur une culture, des traditions ou des normes. La représentante a indiqué qu'un Centre pour les femmes battues a été créé, ainsi qu'un Ministère de l'éthique et de l'intégrité ayant une femme Ministre à sa tête. Ce Ministère recherche des solutions à la criminalité.
M. U WIN MRA (Myanmar) s'est associé à la déclaration faite par la délégation thaïlandaise au nom de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (ANASE). En ce qui concerne le fléau de la drogue, le représentant a déclaré qu'il ne pourra être éliminé par les efforts d'un seul pays et requiert le même type de mesures conjointes fondées sur la notion de responsabilité partagée que les problèmes d'environnement et de criminalité organisée. Le représentant a attiré l'attention de la Commission sur le fait que, par le passé, le Myanmar avait peu de contrôle sur ses zones frontalières qui avaient hérité de la période coloniale des cultures intensives de pavot à opium. Par la suite, le Gouvernement du Myanmar a lancé un projet de développement de ces zones et d'amélioration du niveau de vie des "races nationales". De nouvelles infrastructures ont été mises en place et des activités de remplacement ont été développées en faveur des cultivateurs de pavot. Le Gouvernement du Myanmar a en outre lancé un plan d'élimination des stupéfiants et de la culture du pavot d'ici à l'an 2014, en coopération avec les dirigeants des groupes ethniques qui ont signé un accord avec lui.
Le représentant a par ailleurs exprimé sa préoccupation face à l'augmentation rapide de la fabrication, du trafic et de la consommation de stimulants de type amphétamine et de leurs précurseurs chimiques qui font des ravages au sein de la jeunesse. Le Gouvernement du Myanmar s'attaque également au blanchiment de l'argent, qui va de pair avec le trafic de drogue. Un organe indépendant a notamment été chargé d'examiner l'origine des capitaux et des biens dont l'acquisition peut être liée au trafic de drogue.
M. SADEWO JOEDO (Indonésie) s'est associé à la déclaration faite par la Thaïlande, au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), et a demandé que des budgets supplémentaires soient affectés aux programmes de réduction de la demande. Il a indiqué que l'Indonésie appuie sans réserve les principes fondamentaux de la réduction de la demande. A son avis, l'initiative du PNUCID visant à mettre en place une infrastructure épidémiologique pourrait aider les Etats Membres dans leur programmes de réduction de la demande. Il a attiré l'attention de la Commission sur
les conséquences budgétaires des nouvelles initiatives du PNUCID et s'est inquiété de la stagnation des ressources générales. Il a estimé qu'il serait utile de protéger l'efficacité du Directeur exécutif et a espéré que cette disproportion entre les ressources spécifiques et générales sera corrigée.
Par ailleurs, le représentant s'est déclaré préoccupé par la croissance extraordinaire de l'abus des stimulants du type amphétamine et de substances psychotropes, et a estimé qu'il est urgent d'agir pour enrayer ce problème. Il a rappelé que son pays souffre des problèmes de toxicomanie qui frappent principalement les jeunes, voire les enfants. Il a, à cet égard, mentionné le problème posé par l'amphétamine "shabu" et a indiqué qu'afin de remplir ses engagements internationaux et régionaux, l'Indonésie a mis en place une Agence de coordination sur les drogues. En outre, le Gouvernement a lancé des campagnes d'information afin d'augmenter la prise de conscience des problèmes liés à la consommation de drogues.
En ce qui concerne le travail d'élaboration de la convention sur la criminalité transnationale organisée, le représentant a indiqué que sa délégation est d'accord avec le travail simultané sur la convention et les trois protocoles additionnels, mais qu'il ne considère pas que ces instruments devraient nécessairement être intégrés au moment de la ratification. Par rapport à la question de la peine capitale, le représentant a ajouté que les pays qui ont choisi d'abolir la peine de mort devraient respecter les conditions différentes qui existent dans d'autres pays et que chaque Etat est souverain en ce qui concerne sa législation nationale.
M. JOHN VON KAUFMANN (Canada), au nom de l'Australie, de la Nouvelle- Zélande et du Canada, a déclaré que ces pays sont profondément préoccupés par l'incidence qu'ont l'abus de drogues et le trafic de stupéfiants sur leurs citoyens et leur société. Ils sont résolus à s'attaquer au problème de la drogue sur leur propre territoire par l'adoption de stratégies nationales équilibrées. Ils continuent également de travailler avec leurs partenaires pour resserrer la coopération internationale en la matière par l'intermédiaire d'organisations régionales et multilatérales. Les Nations Unies jouent un rôle crucial à cet égard. En outre, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada se félicitent de l'entente survenue lors d'une récente réunion intersessions de la Commission des stupéfiants, entente portant sur les lignes directrices que peuvent utiliser les pays lorsqu'ils rendent compte de leurs progrès quant à la réalisation des objectifs et du respect des échéances de la Déclaration politique adoptée par la session extraordinaire et les Plans d'action sur les stimulants de type amphétamine, le contrôle des produits chimiques précurseurs, le blanchiment d'argent, la coopération judiciaire et la réduction de la demande.
L'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada ont uni leurs efforts à ceux de leurs partenaires des Nations Unies, pour élaborer de nouvelles normes et pratiques internationales axées sur la lutte contre la criminalité, qui soient conformes aux libertés fondamentales et aux droits de la personne internationaux. Ils appuient l'élaboration de la convention pour la lutte contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles sur le trafic d'armes, le trafic de personnes, particulièrement des femmes et des enfants, et le passage de réfugiés clandestins. Ils se sont également engagés à faire une réussite du dixième Congrès des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, qui aura lieu en avril 2000. Il portera sur des enjeux majeurs du XXIe siècle, notamment la criminalité transnationale organisée, les délits informatiques et la corruption.
La corruption peut déstabiliser la société si la population perd confiance en ses institutions gouvernementales, la justice et l'économie, a poursuivi le représentant. Selon lui, il est rassurant de constater que les gens comprennent de mieux en mieux les coûts sociaux et économiques liés à la corruption. L'Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada appuient les travaux importants sur la corruption effectués par la Commission pour la prévention du crime, notamment la résolution qu'elle a proposée à l'Assemblée générale.
M. KARIM MEDREK (Maroc) a insisté sur la nécessité de réfléchir à une stratégie mondiale pour consolider la coopération internationale pour parer aux menaces graves découlant de la criminalité organisée et ce, en accordant la plus grande importance à la formation, l'information, l'échange d'expériences et de moyens technologiques.
Le représentant a indiqué que depuis 1996, le Maroc a entrepris plusieurs réformes de sa législation afin d'adapter les textes existants avec la réalité et les besoins d'aujourd'hui. En outre, le Royaume du Maroc a procédé à la mise en place de la Commission nationale des stupéfiants en 1997. Conscient de la perméabilité de la côte méditerranéenne, le Gouvernement marocain a mis en place un dispositif de sécurité sans précédents, mobilisant un peu plus de 10 000 hommes dotés de moyens matériels considérables. Les succès enregistrés montrent que l'objectif visé a été atteint. En outre, le représentant a ajouté que depuis un certain nombre d'années, le Maroc n'a pas cessé d'intensifier sa coopération internationale de lutte contre le trafic de drogues, aussi bien sur le plan bilatéral avec l'établissement d'accords avec un grand nombre d'Etats notamment l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, la Hongrie, la Pologne et le Royaume-Uni, que sur le plan multilatéral avec des organismes internationaux tels que le PNUCID qui a effectué une mission au Maroc en avril dernier.
Mme BEATRICE ROSA BROBBEY (Ghana) a déclaré que son pays espérait que la convention contre la criminalité transnationale organisée serait signée d'ici à l'an 2000. Elle a soutenu l'élaboration du projet de protocole additionnel contre la fabrication et le trafic illicites d'armes à feu, de leurs pièces, éléments et munitions, soulignant que la sécurité en Afrique centrale et de l'Ouest était justement menacée par la circulation d'armes à feu. Elle a rappelé à ce sujet les efforts de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) qui, cette année, a mis en place un Moratoire sur l'importation, l'exportation et la fabrication d'armes automatiques et d'armes légères.
Le Ghana se félicite du développement de la législation internationale sur la criminalité organisée et souligne que la coopération internationale est la condition sine qua non de l'efficacité de cette législation. C'est un Protocole de la CEDEAO qui offre le cadre de la coopération régionale en matière de lutte contre la drogue. Au Ghana, la législation en matière de lutte contre la drogue a été mise en place en 1990, le blanchiment d'argent a été criminalisé et c'est une agence gouvernementale qui se charge de la coordination des politiques.
Mme Brobbey a déclaré que le phénomène de la drogue était compliqué par celui de la pauvreté. Parce que les moyens de subsistance sont maigres, les personnes pauvres sont tentées de se tourner vers le gain facile que constitue la production de substances illicites. La représentante ghanéenne estime donc qu'au niveau national, les agriculteurs devraient pouvoir avoir accès à des crédits afin de pouvoir faire face aux périodes difficiles. Au sujet des programmes de réhabilitation, le Ghana estime que les usagers de drogue ne devraient pas être traités dans des unités psychiatriques.
M. PIERRE EMMANUEL UBALIJORO (Rwanda) a déclaré qu'en dépit du fait que le génocide soit un crime internationalement condamné par le droit pénal international, des actes de génocide continuent d'être perpétrés à travers le monde. L'incapacité de la communauté internationale à prendre des mesures efficaces contre de tels crimes constitue un affront aux valeurs les plus sacrées de la civilisation. M. Ubalijoro estime que tant que toutes les personnes qui violent la loi ne répondent pas de leur crime devant la communauté internationale, la prévention du crime ou même la justice pénale resteront lettres mortes.
Le représentant rwandais a expliqué que son pays avait à traiter 125 000 cas liés au génocide rwandais. En quelques mois, une législation adéquate a dû être mise en place alors même que du fait du génocide, le système judiciaire manquait de personnes compétentes et de moyens financiers. Par ailleurs, la situation politique était encore très instable. Les suspects étant déjà emprisonnés, la possibilité de laisser la situation en l'état n'a cependant pas été envisagée. C'est finalement le 1er septembre 1996 que
le cadre juridique qui devait permettre le jugement des crimes liés au génocide est entré en vigueur. Dans la pratique, la législation sur le jugement des crimes de génocide est simple: les personnes présumées coupables sont réparties en quatre catégories. La première catégorie comprend les leaders et les organisateurs du génocide, ainsi que ceux soupçonnés d'homicides et crimes particulièrement haineux, viols et autres tortures sexuelles. Les auteurs des autres homicides sont tous classés dans la catégorie 2, ceux qui ont commis des actes de violence mais qui n'ont pas tué sont classés dans la catégorie 3. Les auteurs d'atteintes à la propriété sont dans la catégorie 4.
M. Ubalijoro a expliqué que pour activer le processus judiciaire, des tribunaux traditionnels - les "gacaca" - ont été remis en place. En vigueur durant la période précoloniale, cette justice populaire était chargée de juger les délits et petites infractions. Désormais, la compétence des "gacaca" s'étendra aux crimes de génocide classés dans les catégories 2, 3 et 4. Des juges ont été sélectionnés et chargés d'administrer la justice dans tous les "gacaca", dont la juridiction s'étend jusqu'au niveau communal. Les accusés seront jugés au cours de procès public.
Le représentant rwandais a expliqué que le système judiciaire de son pays avait pour but de protéger le droit à la vie, la liberté et le droit de propriété. La philosophie du système rwandais repose sur le principe que la peine doit être suffisamment sévère pour que le criminel ne répète pas son crime. Le Rwanda estime que la peine de mort répond parfaitement à ce principe. M. Ubalijoro a déclaré que la finalité de la peine de mort était de protéger le droit des personnes à vivre. Il a rappelé que son pays avait procédé à l'exécution de 22 personnes qui avaient été "les cerveaux du génocide", le 25 avril 1998, ce qui avait entraîné le passage aux aveux de nombreuses personnes emprisonnées. Le représentant rwandais s'est indigné du fait que les organisations humanitaires s'inquiètent plus du sort des condamnés à mort que de celui des victimes de génocide. En conclusion, le représentant rwandais a expliqué que le système judiciaire de son pays offrait aux personnes présumées coupables la possibilité de réduire leurs peines si elles se déclaraient coupables au procès, sous réserve qu'elles n'entrent pas dans la catégorie 1. Quelque 15 000 personnes ont déjà choisi ce système de remise de peine. Outre la rapidité ainsi acquise dans le processus juridique, le Rwanda est persuadé que le cycle de l'impunité sera enfin rompu.
Mme DONKA GLIGOROVA (ex-République yougoslave de Macédoine) a indiqué que l'instabilité politique de la région, la situation économique et les récents événements au Kosovo et en République fédérale de Yougoslavie ont contribué à accroître la criminalité à l'intérieur des frontières nationales et dans toute la région. Elle s'est déclarée préoccupée par l'augmentation des problèmes régionaux en relation avec la production illicite, la vente, le trafic et la distribution des drogues traditionnelles et des nouvelles drogues de synthèse dans la région, ainsi que par l'expansion de la pandémie de sida.
Elle s'est également inquiétée des liens qui existent entre le trafic et la production illicites de drogues et le trafic d'armes. A cet égard, le Gouvernement de la République de Macédoine a établi une Commission nationale, un projet de loi contre la corruption est soumis au Parlement, et les lois antidrogue et sur le blanchiment d'argent sont en passe d'entrer en vigueur. Les buts stratégiques de la Commission visent également à améliorer l'éducation, les services sociaux, la prévention et la réhabilitation des toxicomanes.
Par ailleurs, la représentante a indiqué que les champs de pavot en République de Macédoine sont les mêmes, qu'ils sont contrôlés sur une base régulière, que l'Organe international du contrôle des stupéfiants est régulièrement informé et qu'une seule entreprise détient une licence l'autorisant à cultiver le pavot. La représentante a ensuite insisté sur la nécessité de la coopération internationale face à ce problème qui ne connaît pas de frontières. Pour ce qui est de l'engagement de son pays, la représentante a indiqué qu'en tant que membre de la Commission des stupéfiants pour la période 2000-2004, son pays fera son possible pour soutenir les efforts des Nations Unies. A cet égard, elle s'est déclarée favorable à un renforcement du rôle du PNUCID dans la coopération entre les pays des Balkans et de l'Europe du Sud-Est. Elle s'est en outre déclarée favorable à l'adoption de la convention contre la criminalité transnationale organisée et à l'adoption du plan d'action pour la mise en oeuvre de la Déclaration sur les Principes fondamentaux de la réduction de la demande qui sera soumis à l'Assemblée générale au cours de cette session.
M. MOHAMED ISSA (Liban) a déclaré que le contrôle international des drogues concerne particulièrement le Liban du fait des événements sanglants qui l'ont frappé depuis 1975, provoquant une crise économique grave. De nombreuses personnes n'ont plus eu que les cultures illicites comme mode de survie, a-t-il affirmé. Le représentant a ensuite indiqué que le Liban a développé des stratégies conformes aux recommandations du PNUCID afin d'éliminer la culture des plantes illicites. Pour ce faire, les autorités libanaises se sont attaquées aux cause du mal et ont oeuvré pour la promotion d'activités de remplacement. Le représentant a regretté que le PNUCID n'ait pas fourni l'assistance promise aux agriculteurs qui étaient prêts à abandonner les cultures illicites. Le Gouvernement libanais sera obligé d'avoir recours à des mesures coûteuses telle que la destruction des champs, a prévenu le représentant. Il a souhaité que l'on alloue un budget spécial au PNUCID afin que ce dernier puisse accorder une aide aux pays où l'on cultive des plantes illicites sans poser de conditions préalables. Le représentant a par ailleurs déclaré que le système bancaire libanais empêche tout transfert de fonds illégaux dans ses banques.
M. CARLOS POZZO (Venezuela) s'est associé à la déclaration faite par le Mexique au nom du Groupe de Rio et a estimé qu'il était nécessaire de renforcer la coopération internationale et les mécanismes institutionnels des Nations Unies en vue du contrôle des drogues. Il a estimé que l'adoption du plan d'action pour l'application de la Déclaration sur les principes directeurs de la réduction de la demande de drogues est d'une importance particulière pour le Gouvernement du Venezuela car celui-ci soutient les efforts des organismes nationaux dans les domaines de la prévention, de l'information et de la réhabilitation. Ses efforts sont appuyés par une coopération bilatérale et multilatérale. Le Venezuela est en outre favorable aux programmes de développement alternatif appuyés par les Nations Unies. Le représentant a rappelé que le Venezuela n'est pas un pays producteur de matières premières servant à la fabrication de drogues et que les jeunes plants de cocaiers et de cannabis détectés à la frontière à l'ouest du territoire national ont été détruits avec l'aide de pays amis.
Par ailleurs, le représentant a estimé que l'appui international au PNUCID devrait être renforcé et souligné l'importance de l'aide apportée par ce Programme en matière de consolidation des capacités des Etats à lutter contre le trafic de drogue. En ce qui concerne le blanchiment d'argent, le représentant a mentionné le travail de la Commission nationale intersectorielle pour la prévention, le contrôle et la fiscalisation de la légitimation des capitaux. Cette Commission est un organisme regroupant institutions publiques nationales, des membres de l'industrie et du commerce, des institutions bancaires et financières, ainsi que des organes judiciaires et la police. Le représentant s'est déclaré particulièrement intéressé par l'initiative mentionnée par M. Arlacchi qui consiste à maintenir une bande de sécurité le long des frontières avec des pays producteurs de drogues grâce à une action collective concertée. Il a ajouté que les actions de lutte contre la drogue doivent être fondées sur une responsabilité commune et partagée qui exige une grande coopération dans le respect de la souveraineté des Etats.
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