En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/417

LES DELEGATIONS PRESENTENT LES ACTIONS DE LEUR GOUVERNEMENT POUR ENRAYER LE TRAFIC DE DROGUE, LA TRAITE, LE BLANCHIMENT D'ARGENT, LA CORRUPTION

18 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/417


LES DELEGATIONS PRESENTENT LES ACTIONS DE LEUR GOUVERNEMENT POUR ENRAYER LE TRAFIC DE DROGUE, LA TRAITE, LE BLANCHIMENT D'ARGENT, LA CORRUPTION

19991018

Plusieurs délégations font valoir leur droit à appliquer la peine de mort contre les auteurs des crimes les plus graves

Dans le cadre de ses travaux sur la prévention du crime, la justice pénale et le contrôle international des drogues, les délégations de la Troisième Commission ont de nouveau fait part, cet après-midi, des efforts de leur gouvernement pour lutter contre la progression de la criminalité organisée. La représentante de la Jamaïque, s'exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes, s'est déclarée préoccupée par les liens existants entre le trafic de drogues et le trafic d'armes légères, le blanchiment d'argent sale et la corruption.

Les délégations africaines du Soudan et du Nigéria ont appelé la communauté internationale à contribuer au financement de l'Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants afin que celui-ci puisse remplir sa mission et venir en aide aux Etats d'Afrique dans le renforcement de leurs systèmes de justice pénale. Le représentant des Etats-Unis, pour sa part, a insisté sur la nécessité d'empêcher que les trafiquants mettent leurs bénéfices à l'abri dans les paradis fiscaux.

Mentionnant le droit des Etats souverains à établir leur propre système de justice pénale, tenant compte de leur culture et de leurs valeurs, les représentants de la Chine, de l'Egypte et la représentante du Soudan ont fait valoir leur droit à appliquer le peine de mort dans les cas qu'ils jugeaient les plus graves.

Les délégations des pays suivants sont intervenues: Fédération de Russie, Thaïlande (au nom de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est - ANASE), Portugal, Népal, Pakistan, Soudan, Chine, Ukraine, Etats-Unis, Equateur, Azerbaïdjan, Pologne, Arabie Saoudite, El Salvador (au nom des Etats d'Amérique centrale), Philippines, Egypte, Jamaïque (au nom de la Communauté des Caraïbes - CARICOM), Nigéria et Iraq.

La Troisième Commission reprendra l'examen de ces points demain, mardi 19 octobre, à partir de dix heures.

PREVENTION DU CRIME ET JUSTICE PENALE

CONTROLE INTERNATIONAL DES DROGUES

Documentation

Rapport du Conseil économique et social pour 1999 (A/54/3)

De grands progrès ont été réalisés cette année dans le revitalisation du rôle du Conseil tel qu'il est envisagé dans la Charte des Nations Unies, et dans le rétablissement de son identité. Sur le plan concret le Conseil a été plus à même, non seulement d'assurer le supervision de ses organes subsidiaires, d'orienter leurs activités et de renforcer sensiblement ses liens avec les institutions de Bretton Woods, mais aussi de prendre des décisions efficaces sur une vaste gamme de questions de politique générale.

Ce rapport contient la liste des rapports examinés et des projets de résolution et décision adoptés par l'ECOSOC dans le cadre des questions de la prévention du crime et la justice pénale; et des stupéfiants.

Suite du débat général

M. VLADIMIR TARABRIN (Fédération de Russie) a tout d'abord mentionné qu'en mai dernier la Fédération de Russie à signé une Convention sur le blanchiment d'argent et que la Douma a ratifié les conventions européennes sur la criminalité. Un Accord sur l'aide judiciaire mutuelle a notamment été passé avec les Etats-Unis, ainsi qu'un Accord bilatéral avec l'Irlande le mois dernier. Le représentant a ensuite insisté sur la menace que la corruption fait peser sur les structures démocratiques de certains Etats et sur le fait que les problèmes liés à la corruption et au blanchiment d'argent dépassent les frontières de la Fédération de Russie, ainsi les accusations qui pèsent sur cette dernière sont souvent injustes.

En ce qui concerne la lutte contre les stupéfiants, le représentant a souhaité que les instruments internationaux dans ce domaine soient universellement ratifiés dans un proche avenir. Il s'est félicité des travaux en cours relatifs à la Convention sur la criminalité transnationale organisée et de l'adoption par l'ECOSOC du Plan d'action pour la mise en oeuvre de la Déclaration sur les principes directeurs de la réduction de la demande de drogues. Mentionnant l'aide que la Fédération de Russie reçoit de la Commission pour la prévention du crime et la justice pénale, l'aide technique dans le domaine de la lutte contre les stupéfiants et le crime organisé, ainsi que la coopération entre la Fédération et le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues (PNUCID), le représentant a estimé qu'une part significative des activités de ce dernier devrait être financée

à partir du budget ordinaire des Nations Unies. Le problème des stupéfiants en Russie est dû principalement à sa situation géographique qui fait de son territoire une zone de transit, a-t-il ajouté. Il a ensuite signalé l'adoption, en avril dernier, d'une législation pour lutter contre les stupéfiants qui prévoit entre autres la coordination des actions entreprises par les organismes gouvernementaux appropriés. En outre, des Accords ont été signés avec l'Equateur et le Costa Rica et la coopération se poursuit au sein de la Communauté des Etats indépendants (CEI).

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande), au nom des Etats de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE), a rappelé que, selon les chiffres de l'ONU, au cours des années 1990, le nombre total des consommateurs d'héroïne dans le monde s'est élevé à environ 8 millions de personnes, soit 0,14% de la population mondiale. La consommation illicite d'opiacés s'élève à environ 380 tonnes, soit 150 tonnes de plus que les opiacés à usage médical. Le représentant a exprimé la préoccupation particulière des pays de l'Asie du Sud-Est face à la propagation croissante des stimulants de la famille des amphétamines (ATS), dont les saisies, qui ne représentent qu'un faible pourcentage des quantités de circulation, augmentent de 48% tous les ans depuis dix ans. Les stimulants du type amphétamine, a-t-il dit, sont l'ultime arme de destruction massive et représentent aujourd'hui un risque majeur pour la région, non seulement en matière de santé mais aussi de développement social et de sécurité. Pour gagner la guerre que nous menons contre la drogue, a souligné le représentant, il faut déployer un effort général pour éliminer ce fléau sous tous ses aspects et s'attacher à enrayer simultanément la demande autant que l'offre de drogues.

Selon le représentant, toute politique de prévention doit inclure des mesures de renforcement de l'institution de la famille et la sensibilisation de l'opinion publique par le biais de campagnes d'information et dans les programmes scolaires. A cet égard, il a déclaré que la crise financière asiatique a fait peser un poids très lourd sur les familles et les sociétés d'Asie du Sud-Est et d'ailleurs. La crise ayant fragilisé la famille, la drogue a pu s'introduire plus facilement en leur sein. Le représentant a indiqué que les groupes qui ont été identifiés comme étant les plus vulnérables font l'objet de programmes de prévention particulièrement soutenus.

Le représentant a affirmé que bien que le transit de drogues à travers la région de l'Asie du Sud-Est et leur distribution soient le fait d'organisations transnationales riches et fortement armées, les gouvernements sont résolument décidés à mettre fin à ces pratiques. Il a cité en exemple les succès remportés par le développement de cultures de remplacement parrainé par le PNUCID. Le représentant a indiqué que les Etats de l'ANASE ont intensifié leurs mesures de réhabilitation des toxicomanes et de prévention

de la criminalité liée à la toxicomanie en renforçant notamment la coopération entre leurs agences antidrogues. Il a également souligné l'importance qu'attribue l'ANASE à la lutte contre le blanchiment de l'argent de la drogue. Il a réaffirmé l'engagement de l'ANASE en faveur de l'objectif d'élimination des drogues dans la région d'ici à 2020. Il a appelé la communauté internationale à continuer à lui apporter son soutien.

M. ALEXANDRE ROSA (Portugal) a déclaré que le Portugal mettait l'accent sur deux aspect de la Déclaration politique adoptée l'année dernière en juin par la vingtième session extraordinaire. D'une part, le fait que le phénomène de la drogue requiert l'adoption de stratégies nationales et internationales pour réduire l'offre et la demande. D'autre part, l'adoption du principe de responsabilité partagée qui oblige les Etats producteurs à travailler avec les Etats consommateurs pour lutter contre l'abus et le trafic de drogue.

M. ROSA a affirmé que le Portugal a une vingtaine d'années d'expérience dans le domaine de la lutte contre la drogue. Compte tenu de son impact social, la consommation d'héroïne constitue le plus gros problème au Portugal. La stratégie nationale pour la lutte contre les drogues repose sur trois piliers: la prévention, le traitement et la réintégration sociale. Le Portugal estime que la dépendance aux drogues est une maladie. C'est dans cette optique que des programmes intitulés "Réduction des dégâts" ont été mis en place, l'objectif étant de limiter les dommages autant pour l'usager de drogue que pour la société. Les lignes directrices de la Stratégie nationale sont dans l'esprit des résolutions de l'Assemblée générale. M. ROSA a, entre autres, souligné la dépénalisation de l'usage de la drogue - qui tout en demeurant interdit en serait plus considéré comme un crime -, l'accès aux traitements et aux programmes de réintégration pour les usagers de drogue qu'ils soient ou non en liberté. Le Portugal envisage d'étendre ses programmes "Réduction des dégâts", en développant notamment les programmes d'échanges de seringues. M. ROSA a conclu en soulignant l'importance de la coopération internationale et en assurant que son pays, prochain président du Conseil de l'Europe, accueillerait une réunion Europe/Amérique latine/Caraïbes en mai 2000.

M. BHARAT KUMAR REGMI (Népal), exprimant son appréciation du travail du PNUCID, a souhaité que les activités de formation et de coopération technique offertes aux Etats Membres soient renforcées. Il a ensuite rappelé que le Népal a pris un certain nombre de mesures législatives en accord avec la Convention des Nations contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988 et, en dépit de ses ressources limitées, s'est efforcé d'améliorer ses centres de traitement et de réhabilitation. Il a ajouté qu'en vue de lutter contre ce problème transnational, le Népal travaille en collaboration avec d'autres membres de l'Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale au renforcement les activités pour contrôler le trafic des drogues.

Par ailleurs, le représentant a estimé que le rôle des organisations non gouvernementales et de la société civile est fondamental en ce qui concerne notamment le traitement et la réhabilitation. Il a également souligné le rôle des chefs communautaires pour développer la prise de conscience et l'application des programmes dans ce domaine. Notant que la Décennie des Nations Unies contre l'abus des drogues touche à sa fin, le représentant a exhorté les Etats Membres à promouvoir la coopération internationale en matière de services de répression, de formation de services de renseignements et de développement de mécanismes modèle pour la collecte des données, leur dissémination et leur partage, afin de pouvoir combattre collectivement ce fléau.

M. MUNAWAR SAEED BHATTI (Pakistan) a déclaré que les avancées technologiques de la fin de ce siècle, ainsi que les progrès en matière de transports et l'augmentation de la libre circulation des personnes ont rajouté à la complexité du problème de la drogue. Il a rappelé que l'argent du trafic de drogue équivaut à 8% du commerce mondial environ, ce qui dépasse le commerce des véhicules à moteur ou le commerce du fer et de l'acier. Il s'est particulièrement inquiété des procédures bancaires qui permettent le blanchiment de l'argent sale. Le représentant a exprimé son accord avec M. Arlacchi en déclarant que le développement alternatif fournit une solution durable à l'éradication des cultures illicites en réduisant la dépendance économique des agriculteurs à l'égard de ces dernières. Le développement de cultures de remplacement a eu des résultats encourageants au Pakistan, a-t-il déclaré.

Le représentant a indiqué que le Pakistan était pratiquement exempt de drogues il y a deux décennies mais qu'il a depuis été victime de la culture de la drogue qui prévaut dans la région et compte aujourd'hui 1,2 million d'héroïnomanes. Il a déclaré que le Pakistan met fidèlement en oeuvre le Plan cadre pour l'éradication des drogues illicites de son pays depuis le début des années 1990, ce qui a permis de réduire à 24 tonnes la production annuelle d'opium alors qu'elle était de 800 tonnes au milieu des années 80. L'un des objectifs du Plan est l'éradication de la culture du pavot d'ici à l'an 2000. Le représentant a souligné l'effort spécial déployé par le Gouvernement pakistanais pour intégrer une approche sexospécifique au Plan cadre de lutte contre la drogue. Il a indiqué que le Gouvernement a alloué un milliard de roupies au Plan cadre dont l'un des principaux objectifs est de réduire la demande. Il a ajouté que, dans le cadre de ses efforts pour créer une société exempte de drogues d'ici à 2003, le Pakistan a détruit tous les laboratoires d'héroïne qui se trouvaient à sa frontière avec l'Afghanistan. Le Gouvernement pakistanais a l'intention de lancer des projets de développement intensif dans les zones touchées afin d'offrir aux agriculteurs pauvres des moyens de subsistance adéquats et durables. Le Pakistan vient de promulguer une loi contre les stupéfiants qui prévoit la confiscation des biens des trafiquants et des peines sévères à leur encontre, y compris la peine de mort.

Mme ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a insisté sur le fait que le contrôle des drogues est une responsabilité commune qui demande des instruments internationaux appropriés qui respectent la souveraineté des Etats. Elle a ensuite mentionné le problème posé par le blanchiment d'argent et son utilisation pour financer des mouvements rebelles qui s'emploient à tenter de déstabiliser les gouvernements légitimes en place. Elle a ajouté que même si le problème de la drogue n'est pas très grave au Soudan, sa position géographique risque d'en faire une zone de transit privilégiée, c'est pourquoi le Soudan a adopté une législation stricte à cet égard, prévoyant même la peine capitale dans certain cas.

En ce qui concerne le traitement des délinquants, la représentante a souligné l'importance d'assurer le financement des activités de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants. Par ailleurs, en ce qui concerne la peine capitale, la représentante a rappelé que tout Etat Membre a le droit de promulguer des lois conformes à sa culture et répondant à ses besoins. Elle a rappelé qu'il n'existe pas de consensus international sur cette question.

M. DIAO MINGSHENG (Chine) a déploré que la communauté internationale continue à être perturbée par divers crimes, et plus particulièrement le crime organisé transnational car il nuit à la stabilité politique et au développement économique des pays qu'il affecte. La Chine a déployé des efforts particulièrement intenses afin de lutter contre la criminalité transnationale organisée en introduisant dans son code pénal des mesures de prévention et de contrôle de cette forme de criminalité. Elle a mis en place des équipes spéciales pour combattre le crime organisé, conduire les enquêtes et renforcer la formation dans ce domaine. Les efforts des agents des services de répression ont dans plusieurs cas été couronnés de succès.

La délégation chinoise a suggéré que l'on accorde une attention particulière à la préparation active du dixième Congrès sur la prévention du crime et le traitement des délinquants qui doit se tenir en 2000. Il conviendrait également d'accorder plus d'attention à l'élaboration de la convention contre la criminalité transnationale organisée et ses trois protocoles additionnels. Elle a appelé les pays développés à apporter leur assistance technique aux pays en développement dans le respect de la souveraineté de ces derniers. Elle a estimé que le rôle central des Nations Unies en matière de coordination de la lutte contre le crime transnational organisé devrait être renforcé.

Le représentant a par ailleurs déclaré que son Gouvernement respecte le choix d'abolir la peine de mort fait par certains pays. Parallèlement, a-t-il souligné, nous espérons que ces pays respecterons notre choix d'adopter les sévères mesures qui s'imposent dans le cadre de la lutte contre le crime que nous menons au niveau national. Le représentant a estimé que cette différence d'opinion ne doit pas entraver le bon déroulement de la coopération internationale en matière de lutte contre la criminalité.

M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine), également au nom de la République de Moldova, a déclaré qu'il est urgent de renforcer le pouvoir des organismes des Nations Unies compétents dans les domaines de la criminalité internationale et du contrôle des drogues. Au vu de la tendance actuelle à la consolidation des organisations criminelles internationales, le défi est maintenant d'établir des partenariats internationaux et régionaux contre la criminalité transnationale.

Au regard de ce qui se passe en Ukraine, le représentant a indiqué que la lutte contre la criminalité et la corruption est l'une des priorités du Gouvernement. Il a mentionné notamment la mise en oeuvre du Programme d'action pour la prévention du crime 1996-2000 et la conclusion de plus de 60 accords bilatéraux et multilatéraux relatifs à l'assistance judiciaire. En outre, un projet de loi sur le blanchiment d'argent est en cours d'élaboration. L'ampleur et la vigueur de la lutte contre la criminalité organisée menée par l'Ukraine et la République de Moldova témoignent de la nécessité de juguler ses conséquences sur leur économie nationale. Le représentant a ensuite indiqué que dans ses efforts pour lutter contre ce fléau, l'Ukraine a établi un Conseil national de coordination chargé de l'application du Programme d'action et cofondé le Centre d'échange d'informations sur les drogues des pays du bassin de la mer Noire. En outre, une Fondation de soutien aux programmes de réhabilitation aux toxicomanes et alcooliques a pu être établi grâce au soutien de l'Organisation internationale du Travail (OIT). Le représentant a signalé que l'Ukraine est désormais en passe de devenir partie au Protocole de 1972 amendant la Convention unique sur les stupéfiants de 1961. En conclusion, le représentant a indiqué qu'en résultat de ces actions contre le trafic des drogues, le transit de 850 kilogrammes de cocaïne et d'héroïne et de 6 tonnes de cannabis à destination de l'Europe occidentale, avait été empêchés au cours de ces deux dernières années et que plus de 20 000 crimes avaient été démasqués au cours des six premiers mois de cette année.

M. RAND BEERS (Etats-Unis) a déclaré que la coopération internationale était l'une des armes les plus efficaces contre la criminalité transnationale. Le représentant américain estime que cette coopération internationale permet de lutter efficacement contre la drogue et la criminalité transnationale. Les Etats-Unis souhaitent donc l'adoption en bloc, et d'ici à l'an 2000, de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et de ses trois protocoles additionnels.

Concernant le phénomène de la drogue, les engagements pris par les Etats-Unis se traduisent en chiffres: 25 millions de dollars pour le budget du Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues. A peu près 1 million de dollars ont été versés au Centre pour la prévention internationale du crime, soit une augmentation de 40% depuis 1998. Sur le plan national, la réduction de la demande est une priorité du Gouvernement américain. Les Etats-Unis souhaitent réduire de moitié la demande en drogue

pour les dix prochaines années. Pour le budget 1999, 18 milliards de dollars ont été investis pour l'application de la Stratégie nationale pour le contrôle des drogues. Sur ces 18 milliards, 6 milliards ont été exclusivement dévolus à des programmes de réduction de la demande. M. Beers a souligné que 2 milliards de dollars ont été investis dans une campagne antidrogue à l'intention des jeunes. Néanmoins, M. Beers a reconnu que 60% des individus qui purgent une peine dans une prison fédérale ont été condamnés pour des délits ou crimes liés à la drogue. Les Etats-Unis apprécient les efforts qu'ont déployés de nombreux pays dans la lutte contre la drogue. En Asie, les résultats sont mitigés. La production d'opiacés est en baisse au Pakistan mais la production s'est développée en Afghanistan - les Taliban par le biais d'une taxe, profitent de cette production illicite. En Asie de l'Est, les conditions climatiques ont sérieusement réduit la culture du pavot. Les Etats-Unis estiment que les gouvernements concernés devraient profiter de cette conjoncture pour agir plus fermement. Sur le continent américain, les trois pays andins producteurs de coca, ont pris des mesures significatives pour réduire la culture de feuilles de coca. Au Pérou, la production a été réduite de moitié, la Bolivie table sur une élimination totale de la production d'ici à 2001. M. Beers a fait remarquer que les trafiquants de drogue ont réorienté leurs intérêts et qu'ils ont désormais des connexions avec des mouvements de guérillas. Il a donc appelé la communauté internationale à soutenir les efforts de la Colombie dans ce domaine. Il est vital de barrer l'accès des trafiquants aux précurseurs. Les organismes de l'ONU ont reconnu l'importance de la surveillance des transactions de permanganate de potassium et de l'anhydride acétique. Les Etats qui utilisent le permanganate de potassium se sont rencontrés en février dernier. De cette rencontre est née l'opération Violette qui a déjà permis la saisie de livraisons douteuses. Cibler l'infrastructure utilisée par les trafiquants aurait toutefois peu d'effets si nous ne les empêchons pas de mettre leurs profits à l'abri dans des paradis fiscaux.

Au niveau international, les Etats-Unis soutiennent la Déclaration politique de la Session spéciale de présenter des rapports tous les deux ans à la Commission des stupéfiants. Les Etats-Unis considèrent qu'il est absolument nécessaire de produire de tels documents. Sans application et sans étude de ces applications la session extraordinaire sur les drogues aurait été inutile.

M. Beers a annoncé que les Etats-Unis avaient mis en place l'année dernière la première Stratégie contre le crime international organisé. Sur le volet de l'aide, en partenariat avec la Hongrie et la Thaïlande, les Etats-Unis proposent des formations à l'Académie internationale de police de Budapest et de Bangkok. Le Centre de Budapest est chargé de toute l'Europe centrale et des nouveaux Etats indépendants, celui de Bangkok couvre les membres de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). Des projets similaires sont prévus dans l'hémisphère occidental et en Afrique. Un Centre en Turquie soutiendra les actions du PNUCID.

Mme MONICA MARTINEZ (Equateur) s'est associée à la déclaration faite par le Mexique, au nom du Groupe de Rio, au sujet de la prévention du crime et de la justice pénale. Elle a indiqué que l'Equateur a mis en place, le 25 juin, un Plan national de lutte contre les drogues pendant la période allant de 1999 à 2003. La représentante a indiqué que ce plan accorde autant d'importance à la consommation qu'au trafic de stupéfiants et donne la priorité aux programmes de prévention et de réhabilitation. Tout en déclarant que l'Equateur n'a pas de problèmes liés aux cultures illicites, la représentante a déclaré que son Gouvernement souhaite néanmoins développer une production agricole licite dont l'exportation serait favorisée par des politiques internationales d'ouverture commerciale.

La représentante a rappelé que, lors de l'Assemblée générale de l'Organisation des Etats américains qui s'est tenue en juin dernier, le Gouvernement de l'Equateur a appuyé l'initiative introduite par le Premier Ministre canadien sur le thème des drogues du point de vue de la sécurité humaine. Elle a partagé l'approche adoptée par le Gouvernement canadien selon laquelle l'individu et la sécurité de chacun doivent être au coeur de toutes les politiques. Le problème des drogues dépend dans une large mesure de la réduction de la demande. Dans le cadre des efforts de sensibilisation et d'informations déployés par l'Equateur afin de réduire la demande de drogue, l'éducation est prioritaire, a souligné la représentante.

M. ELDAR KOULIEV (Azerbaïdjan) a indiqué qu'en janvier 1999, l'Azerbaïdjan est devenu partie à la Convention des Nations Unies sur les stupéfiants de 1961 et à la Convention sur les substances psychotropes de 1971. Il a également mentionné que l'application du Plan national sur le contrôle des drogues pour 1997-2000 continue et qu'au cours de l'année passée, 2500 crimes liés à la drogue ont été enregistrés. Toutefois, grâce à l'action entreprise par le Ministère de l'Intérieur de l'Azerbaïdjan, 490 tonnes de drogue ont été découvertes et détruites. Il a ajouté que l'Azerbaïdjan dispose à présent de 9 dispensaires spécialisés et de 44 chambres pour les toxicomanes dans presque chaque district du pays.

Le représentant a indiqué que l'Azerbaïdjan, situé à la jonction de l'Europe et de l'Asie, est une route attirante pour les trafiquants de drogues et que cette situation est aggravée par l'occupation continuelle du territoire de l'Azerbaïdjan par l'Arménie. Ainsi, 132 kilomètres de frontière entre l'Azerbaïdjan et l'Iran sont hors du contrôle des gardes frontière et des douanes. Ces "points blancs" sur le Caucase offrent des possibilités de passage de cargaisons de drogues, d'autant plus que le climat y est favorable à leur culture. A cet égard, le représentant a insisté sur la nécessité de mettre en place une coopération régionale efficace. Il a indiqué que le nombre d'étrangers impliqués dans des activités criminelles en Azerbaïdjan augmente et que l'Azerbaïdjan, pour être en mesure de lutter contre la sophistication croissante des groupes criminels, a un besoin crucial d'équipement et d'assistance à la formation. En outre l'Azerbaïdjan a besoin de l'aide de la communauté internationale et du PNUCID pour l'application de son Plan national.

M. ZBIGNIEW MATUSZEWSKI (Pologne) s'est félicité des progrès accomplis dans l'élaboration de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et a rappelé que le président polonais Alexander Kwasniewski en était l'initiateur. Le représentant polonais a espéré que le protocole sur le trafic de la personne humaine seront rapidement mis au point. Tout en souhaitant que la Convention soit signée d'ici à l'an 2000, le représentant polonais a estimé qu'il serait souhaitable de définir plus précisément la notion de crime au lieu d'en donner des exemples forcément réducteurs. Il a annoncé que son pays était prêt à accueillir à Varsovie, une conférence des Chefs d'Etat et de gouvernement pour la signature de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles additionnels.

Concernant la situation dans son pays, en matière d'abus de drogues, M. Matuszewski a affirmé que les récentes années ont été plutôt stables. Les progrès réalisés sont encourageants même s'ils sont modestes. L'efficacité des programmes de remplacement des cultures de différentes sortes de pavots à opium a été renforcée depuis l'utilisation d'une variété de drogue quasiment sans morphine le "Przemko". Ce programme est d'autant plus important que 3000 personnes atteintes du virus du VIH/sida sont également des usagers de drogues. Ces personnes représentent la majorité des séropositifs en Pologne. Ils s'administraient des injections intraveineuses d'extraits d'opium produit localement. Depuis la mise en place des programmes de substitution que la Pologne a financés avec ses propres ressources, le problème n'est plus aussi grave. Néanmoins, le représentant polonais a reconnu que son pays est confronté à une production illicite d'amphétamines, principalement destinée à la consommation des pays scandinaves ou de l'Allemagne. En collaboration avec les autorités européennes, la Pologne a renforcé les contrôles. En 1998, un laboratoire clandestin a été démantelé et 50 kg d'amphétamines ont été saisis. Au-delà du seul problème de la réduction de la demande, la Pologne lutte contre l'utilisation de son territoire comme zone de transit pour des substances, à destination des pays d'Europe de l'Ouest et en provenance d'Asie. Quelque 67 kg d'héroïne et 1900 kg de cannabis ont été saisis en 1998. Le représentant polonais a conclu en informant la Commission que la Pologne a versé en 1999 une contribution de 10 000 dollars au PNUCID.

M. NAIF BIN BANDAR AL-SUDAIRY (Arabie saoudite) a déclaré que son Gouvernement partage la préoccupation de la communauté internationale face au problème de la drogue et de la criminalité qui lui est associée. Les Nations Unies, à travers leurs programmes, et particulièrement le PNUCID, déploient des efforts en matière de lutte contre la drogue. Le représentant a déclaré que son Gouvernement partage l'inquiétude de la communauté internationale en ce qui concerne le phénomène du blanchiment de l'argent sale, qu'il a attribué à la fluidité des échanges interbancaires. Le représentant a estimé que ce phénomène requiert un contrôle accru des échanges dans le cadre d'une coopération régionale renforcée. Il a souhaité que le programme du PNUCID soit élargi.

M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador), au nom des pays de l'Amérique Centrale, s'est félicité de la démarche internationale désormais adoptée pour traiter du problème des drogues et de la reconnaissance du principe de la responsabilité partagée dans ce domaine. Il a estimé que ces démarches permettaient la création d'un cadre institutionnel commun nécessaire pour lutter contre ce fléau. Ainsi, c'est dans cette perspective que les Etats d'Amérique centrale ont signé la Convention centraméricaine pour la prévention et la répression des délits de blanchiment d'argent et des activités relatives au trafic illicite des drogues et délits connexes, ainsi que le Traité d'assistance légale mutuelle sur les questions pénales. Le représentant a également souligné le travail de la Commission de sécurité d'Amérique centrale qui marque les progrès de l'intégration régionale dans la lutte contre le problème de la drogue et les délits connexes.

Par ailleurs, le représentant a indiqué qu'un nouvel espace de discussion et de coopération s'ouvre avec la mise en oeuvre de la Déclaration sur les principes directeurs de la réduction de demande de drogues. Toutefois, ces efforts internationaux ont besoin en contrepartie d'une plus grande prise de conscience des citoyens et il est nécessaire que toutes les institutions sociales de formation de valeurs telles que les églises, les écoles, les partis politiques et les associations participent à cet effort. L'objectif, a-t-il ajouté, est de transmettre au niveau local le principe de la responsabilité partagée pour faire intervenir les acteurs locaux qui souffrent des problèmes liés au trafic des drogues.

M. ERICO B. AUMENTADO (Philippines) s'est associé à la déclaration prononcée par la Thaïlande au nom de l'ANASE. Le représentant a exprimé les remerciements de sa délégation à l'égard des pays donateurs qui ont soutenu des projets d'assistance technique et fourni leurs services consultatifs à des pays en développement. Le représentant a estimé que les programmes mis sur pied par le Centre pour la prévention internationale du crime sont essentiels pour mener à bien les efforts entrepris par les Philippines dans le domaine de la prévention du crime, notamment le crime transnational et la corruption.

En ce qui concerne le trafic d'êtres humains, les Philippines ont salué les initiatives entreprises par le Centre et par l'Institut interrégional de recherche sur la criminalité. Il a espéré que d'autres pays prendraient part à ce programme. Le représentant a déclaré que la prévention du crime doit s'effectuer d'un point de vue multidisciplinaire. A cet égard, il a indiqué que la Commission nationale des politiques (NAPOLCOM) philippine sert d'agence de coordination pour la prévention du crime et la justice pénale. Il a par ailleurs salué le rôle que jouent les Nations Unies dans la révision des normes sur lesquelles s'appuie la prévention du crime.

Le représentant a déclaré que les femmes ont des besoins particuliers au sein du système judiciaire. Afin d'illustrer la priorité accordée à la lutte contre la violence à l'égard des femmes, le représentant a cité plusieurs lois notamment destinées à punir le harcèlement sexuel et le viol, y compris le viol conjugal.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a indiqué que l'Egypte a renforcé son appareil juridique dans la lutte contre le blanchiment d'argent. En outre, l'Egypte s'emploie à implanter des nouvelles cultures en remplacement de celles de plantes illicites, et à venir en aide aux toxicomanes. Le Gouvernement favorise notamment la réhabilitation. Le représentant s'est déclaré préoccupé par l'ampleur que prend le crime organisé et a estimé que la coopération internationale est indispensable pour lutter contre cette progression, notamment par l'élaboration d'instruments juridiques internationaux.

En ce qui concerne la justice pénale, le représentant a estimé qu'il faut imposer des sanctions à la mesure des actes commis. Il a rappelé que dans les Etats qui n'ont pas aboli la peine capitale celle-ci peut s'appliquer en cas des crimes les plus graves. Il a insisté sur le fait que chaque Etat a le droit souverain de formuler le système juridique qui protège sa sécurité nationale et protège ses valeurs. Le représentant a regretté que l'Union européenne ait, une fois de plus, présenté son projet pour l'abolition de la peine de mort devant l'Assemblée générale au mépris de la controverse qui existe à ce sujet. Il a estimé que, ce faisant, l'Union européenne suscite d'autres questions, notamment en ce qui concerne sa capacité à comprendre des systèmes de valeurs qui diffèrent des siens. Alors que l'Assemblée générale vient d'adopter des résolutions relatives à la culture de la paix et au dialogue entre les nations, il a souhaité que l'Union européenne revienne sur ce projet.

Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), au nom de la Communauté des Caraïbes, a déclaré que les pays de la CARICOM sont situés entre des centres de production et des centres de consommation de substances illicites. La Communauté des Caraïbes approuve à ce titre l'approche équilibrée se préoccupant autant de la réduction de l'offre que de la demande. La représentante a déclaré que le soutien apporté par le PNUCID aux pays de la CARICOM est précieux pour la mise en oeuvre des objectifs établis par la Déclaration politique adoptée par l'Assemblée générale lors de sa session extraordinaire sur les drogues, à savoir la mise en place de stratégies nouvelles et renforcées d'ici à 2003 et des résultats tangibles d'ici à 2008. Les Etats de la Communauté des Caraïbes sont préoccupés par la criminalité associée au trafic de drogue, et particulièrement les liens existant entre le trafic d'armes légères et de munitions, le blanchiment de l'argent sale et la corruption. A cet égard, la représentante a appelé les pays producteurs et exportateurs d'armes légères à contrôler les processus d'exportation de ces armes afin d'en réduire la contrebande.

La Communauté des Caraïbes est également préoccupée par les formes sophistiquées de criminalité par le biais des nouvelles technologies informatiques et d'armement. La représentante s'est félicitée de ce que les institutions financières internationales accordent une plus grande priorité

aux prêts alloués au financement de programmes de lutte contre la drogue. Elle a déclaré que le Plan d'action de Bridgetown signé en 1997 reste le principal cadre d'action en matière de lutte régionale contre la drogue.

M. O.O. ONOVO (Nigéria) a retracé l'origine de l'Agence nationale des services de répression des drogues qu'il dirige. L'Agence, NDLEA, a été mise en place il y a dix ans pour lutter contre les problèmes de la drogue. Elle s'est révélée être un mécanisme efficace pour juguler la menace des drogues. Au cours des dix dernières années, elle a permis la saisie de plus de 118 493 kilogrammes de drogues et a ainsi dérouté les trafiquants qui évitent désormais le Nigéria. L'Agence, reconnaissant la nature transnationale de ce problème, a également établi une coopération avec divers pays en vue d'échanger des informations et de mettre les efforts en commun.

Le représentant a également indiqué que le Nigéria a accueilli la deuxième rencontre de l'Afrique de l'Ouest sur la fraude qui s'est tenue à Abuja du 24 au 26 mars 1999 et accueillera dans un futur proche une conférence internationale sur la corruption et la fraude. Il a ensuite présenté les mesures prises contre le blanchiment d'argent et la loi anticorruption dont est saisi le Parlement. Conscient que les fraudes financières détournent les investisseurs privés, le Nigéria a établi un plan global pour lutter contre les fraudeurs qui comprend notamment la poursuite des coupables et l'arrêt des activités frauduleuses avant qu'elles ne parviennent à maturité. Conscient des ressources dont les systèmes de justice pénale et de prévention du crime ont besoin en Afrique, M. Onovo a indiqué que la situation financière dans laquelle se trouve l'Institut africain pour la prévention du crime et le traitement des délinquants affecte sa capacité à venir en aide à ses membres. Il en a appelé aux Etats Membres et à tous ceux qui souhaitent aider l'Afrique pour qu'ils fassent des contributions permettant à l'Institut de remplir ses fonctions.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a déclaré que son pays désire coopérer avec les organes internationaux qui luttent contre le trafic de drogues. Il a rappelé que son pays est partie à plusieurs conventions sur les drogues et les substances psychotropes. Il a indiqué que les politiques adoptées par les Ministères iraquiens de la santé et de l'Intérieur contribuent à en faire l'un des rares pays au monde ne produisant ni ne consommant des stupéfiants. Il a déclaré que seules les substances à usage médical sont utilisées en Iraq.

En dépit des précautions prises par le Gouvernement iraquien, certains excès se sont manifestés au nord de l'Iraq, dans des zones qui ne sont pas sous administration iraquienne et où le coca est cultivé. Le représentant a également déclaré que les sanctions que subit l'Iraq depuis plusieurs années ont entravé le Programme de lutte contre les drogues, l'ont empêché de se tenir au courant des dernières pratiques dans ce domaine et ne lui ont pas permis d'engager des experts internationaux en matière de lutte contre le trafic de drogue.

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