L'EDUCATION DES FILLETTES EST LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DES DROITS DES FEMMES
Communiqué de Presse
AG/SHC/413
L'EDUCATION DES FILLETTES EST LE PREMIER PAS VERS LA REALISATION DES DROITS DES FEMMES
19991013Les femmes forment encore les deux tiers des analphabètes du monde
Dans le cadre de la poursuite de l'examen du point de l'ordre du jour relatif à la promotion de la femme et à la suite donnée à la Conférence de Beijing, plusieurs délégations ont insisté, cet après-midi, sur le fait que les femmes ne pourraient être associées pleinement au développement que lorsqu'elles auront un accès égal à l'éducation. La représentante du Pakistan a rappelé que les femmes forment encore les deux tiers des analphabètes du monde. Pour sa part, le représentant des îles Salomon a cité des études qui montrent que le niveau d'éducation de la mère a une incidence directe sur la santé et le bien-être de ses enfants et de sa famille. Les délégations dans leur ensemble ont souligné qu'avec une meilleure éducation les femmes seraient plus à même de faire valoir leurs droits et de contribuer à la société.
Le représentant de l'UNICEF a estimé que l'éducation des fillettes est primordiale mais qu'il convient également de fournir aux garçons une éducation qui les encourage à développer des attitudes positives basées sur la tolérance et l'égalité.
L'attention de la Commission s'est également portée sur la situation des femmes face à la pandémie de sida et sur les femmes dans les conflits armés. La pratique du viol systématique comme arme de guerre a été largement condamnée. Pour sa part, la représentante du Rwanda a indiqué qu'après le génocide, 60% des femmes rwandaises sont aujourd'hui veuves. Il a annoncé que le Rwanda va prochainement mettre en place des tribunaux populaires qui seront composés de 30% de femmes afin de faire participer la population au jugement des crimes de génocide et des crimes contre l'humanité.
Les représentants des pays suivants ont pris part au débat: Brunéi Darussalam, Mongolie, Népal, Roumanie, Sainte-Lucie (au nom des pays de la Communauté des Caraïbes), Fédération de Russie, Tunisie, Iles Salomon, Argentine, Nigéria, Pakistan, Rwanda, République de Corée, Kenya, Maroc, Sri Lanka, Guinée équatoriale et Inde.
(à suivre - 1a)
- 1a - AG/SHC/413 13 octobre 1999
La Commission terminera son débat sur la promotion de la femme et la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes demain, jeudi 14 octobre, à 15 heures. Au cours de cette même séance, la commission se prononcera sur un projet de résolution relatif aux politiques et programmes mobilisant les jeunes.
PROMOTION DE LA FEMME
SUITE DONNEE A LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES
Suite du débat général
Mme FLORENCE CHONG (Brunéi Darussalam) a fait part de sa préoccupation quant aux conséquences de la mondialisation sur la vie quotidienne des femmes dans les zones rurales. L'instabilité des marchés financiers et le ralentissement économique dans de nombreux pays du monde ont également eu un impact négatif sur les moyens de subsistance des femmes. La représentante a exprimé le souhait que la session extraordinaire qui se réunira en juin 2000 permettra de renouveler la manière dont le problème des femmes est examiné et de procéder aux ajustements nécessaires des programmes et actions en vue de l'application de la Plate-forme de Beijing. Dans ce cadre, Brunéi Darussalam a identifié la nécessité de créer une Commission nationale sur les femmes. La représentante a rapporté dans son pays un accroissement de la participation des femmes dans tous les domaines. Ainsi, on a constaté l'augmentation du nombre de femmes représentées dans les processus de prise de décisions dans les secteurs publics et privés. Le niveau élevé des diplômes obtenus par les femmes de Brunéi Darussalam témoigne de l'importance accordée à l'éducation.
Mme TSOGT NYAMSUREN (Mongolie) a indiqué qu'après la Conférence mondiale de Beijing, le Gouvernement mongol a transformé le Comité préparatoire national de la Conférence en Comité national de Mongolie pour la mise en oeuvre des décisions de la Conférence de Beijing et adopté le Programme national de promotion de la femme. Le Gouvernement s'est donné des tâches prioritaires, notamment l'élimination de la pauvreté, l'amélioration du filet de protection sociale et le renforcement des liens entre les jeunes et les personnes âgées. Le Programme national de lutte contre la pauvreté se concentre également sur les besoins de la femme.
En ce qui concerne les femmes qui vivent dans les zones rurales, la représentante mongole a exprimé son accord avec les opinions émises par le Secrétaire général dans son rapport, en particulier au sujet de la marginalisation de ces femmes dans le contexte de la mondialisation et des phénomènes de libéralisation des échanges, de privatisation des ressources et de commercialisation de l'agriculture qui l'accompagnent. La représentante a souligné l'importance des travaux réalisés par les femmes dans la production agricole des pays en développement. Ces femmes réalisent de multiples tâches non rémunérées en tant qu'agricultrices associées à un agriculteur ou au sein de petites exploitations appartenant au chef de famille, a souligné la représentante. En Afrique subsaharienne, a rappelé la représentante, 70% du travail total dans la production alimentaire est fourni par des femmes. Ce chiffre est de 50% en Asie. En dépit de cette importante contribution, on ignore ou sous-estime la participation des femmes au secteur agricole,
a regretté la représentante. Les femmes représentent 50,4% de la population totale de la Mongolie, a indiqué la représentante en précisant que 45,1% de ces femmes vivent dans des zones rurales, où elles mènent une vie nomadique ou semi-nomadique. A cet égard, la représentante a dit que le passage à l'économie de marché entamé par la Mongolie en 1990 s'est notamment accompagné de l'abolition du système de sécurité sociale, phénomène qui a entraîné une détérioration des conditions de vie des femmes rurales. La Fédération des femmes de Mongolie a créé des fonds de microcrédit dans 21 aimag (provinces) et mis en place 18 projets de formation, ce qui a permis à 586 femmes d'obtenir des emplois.
Mme SHARADA POKHAREL (Népal) a déclaré que le Népal encourage les organisations gouvernementales et non gouvernementales, ainsi que les autorités locales, à intensifier leurs démarches dans la lutte contre toutes les formes de discrimination faites aux femmes. Le Népal, pays de l'Asie du Sud, s'engage a lutter activement contre le commerce sexuel, en pleine croissance dans cette région. Ainsi, le Népal devrait signer, dès novembre prochain lors de la prochaine réunion au Sommet de l'Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale, une Convention régionale sur la lutte contre le trafic des femmes et des enfants.
Le Népal continue a observer un écart important dans l'accès des femmes et des fillettes à l'éducation. Les femmes représentent toujours la majorité des analphabètes du pays. Néanmoins, une politique de discrimination positive a été mise en place, notamment dans le domaine de l'éducation technique. Sur le plan institutionnel, la Constitution du Royaume prévoit qu'au moins 5% des candidats à l'élection à la Chambre des Représentants soient des femmes. Une disposition similaire prévoit qu'au moins 20% des candidats aux élections locales soient des femmes.
Mme MIHAELA BLAJAN (Roumanie) a déclaré que les autorités roumaines ont élaboré et lancé un Plan national d'action dont les principaux objectifs sont de créer et de développer des mécanismes institutionnels afin de coordonner les politiques pour la promotion de la femme, d'améliorer la situation économique des femmes, de leur ouvrir un accès égal au marché du travail ainsi qu'à l'utilisation des ressources économiques. Il convient également de prévenir les actes de violence à l'encontre des femmes et des enfants et d'intégrer une perspective sexospécifique dans tous les domaines sociaux, culturels et éducatifs. Dans le cadre des mécanismes gouvernementaux mis en oeuvre, la représentante a mentionné l'action de l'Ombudsman roumain dans la protection des enfants, des femmes et des familles.
En outre, deux lois importantes viennent d'être rédigées et sont à l'ordre du jour du Parlement, a indiqué Mme Blajan. La première est une loi sur l'égalité des chances qui interdit toute discrimination fondée sur le sexe dans le travail. La deuxième est un projet de loi sur le congé paternel
afin de donner une chance aux pères d'apporter leur contribution aux soins donnés aux nourrissons. Par ailleurs, un programme a été lancé pour protéger le droit des femmes à la santé, y compris à la santé en matière de procréation, dans le contexte du lieu du travail. En ce qui concerne la violence à l'encontre des femmes, la représentant a mentionné l'ouverture d'un centre pilote d'assistance et de protection des victimes de la violence domestique en partenariat avec des organisations non gouvernementales. En conclusion, la représentante a estimé que la mise en oeuvre d'une politique nationale de promotion des femmes passe par une étroite collaboration avec les institutions des Nations Unies, les gouvernements et les organisations non gouvernementales.
Mme SONIA LEONCE-CARRYL (Sainte-Lucie), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a estimé qu'il était temps, en ce qui concerne les engagements pris à Beijing, de passer du stade de la prise de conscience à celui de la mise en oeuvre. Rappelant que les femmes représentent le principal segment de la main d'oeuvre, la représentante a déploré que les femmes soient aussi les premières à être affectées par l'aggravation de la pauvreté, du chômage, de l'analphabétisme et d'autres maux de la société. La représentante a donc souligné l'importance de l'éducation et de la formation pour préparer les femmes à occuper un emploi, notamment dans des domaines traditionnellement réservés aux hommes.
La représentante a indiqué que la Convention interaméricaine sur l'éradication de la violence à l'égard des femmes et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes ont été signées et ratifiées par la plupart des pays de la Communauté des Caraïbes. Elle a déclaré qu'il fallait examiner la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing en tenant compte des effets de la mondialisation sur les femmes.
M. ALEXANDRE V. ZMEEVSKI (Fédération de Russie) a estimé que l'adoption du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes donnera un nouvel élan à la promotion de la femme et aidera à faire reculer l'analphabétisme, à lutter contre la violence et contre les abus à l'encontre des travailleuses migrantes. Le représentant a indiqué que dans le contexte économique actuel, les pays en transition, et notamment leurs femmes, souffrent de la chute brutale de la production, de l'augmentation du chômage et de la baisse du pouvoir d'achat, en dépit des efforts du Gouvernement pour atténuer les conséquences de la crise financière de l'an dernier. Par exemple, les autorités fédérales russes ont pris l'initiative du versement d'allocations pour les enfants dans le but de soulager les mères. Le représentant a insisté sur le fait que les pays en transition ont besoin de l'appui de la communauté internationale, notamment dans le domaine de l'emploi et de la formation.
Le représentant a déploré que le nombre de femmes et d'enfants victimes des conflits armés et des crises économiques n'ait pas diminué et qu'un nombre croissant de réfugiés dépendent de la communauté internationale. A cet égard, la diplomatie préventive devrait être le moyen primordial pour gérer les relations internationales et il est indispensable d'élaborer un ensemble de mesures juridiques de prévention. Il faut également signaler l'aggravation des conséquences humanitaires des sanctions et il faudrait corriger l'impact de leur application, notamment sur ceux qui en souffrent le plus. Dans le contexte de la mondialisation, il est aussi crucial d'identifier des mesures pour protéger les Etats et tous les secteurs de leur population des effets des crises.
M. ALI CHERIF (Tunisie) a affirmé que son Gouvernement est convaincu du lien entre la promotion des droits de la femme et le développement intégral de la société. De notre avis, a-t-il dit, deux facteurs forment une unité indissociable et sont interdépendants. La communauté internationale devrait assumer sa part de responsabilité en soutenant les pays en développement par la promotion de la solidarité et la création d'un environnement favorable à la lutte contre la pauvreté.
La volonté de faire progresser le droit des femmes s'est particulièrement manifestée à travers les réformes engagées au plan législatif, a poursuivi le représentant. Il a été procédé à l'amendement de la Constitution pour mieux asseoir les principes d'égalité et de la non-discrimination par le sexe. De même, la Tunisie a entrepris l'amendement de quatre grands codes: le code du statut personnel, le code de la nationalité, le code du travail et le code pénal, en vue de radier toutes les mesures discriminatoires envers les femmes. La consécration de cette approche réformatrice en matière de droits des femmes procède de la spécificité de la culture tunisienne, fondamentalement marquée par la double volonté de préserver les valeurs culturelles arabo-musulmanes qui fondent l'identité de la Tunisie et en même temps de s'inscrire dans les valeurs universelles qui fondent la modernité de l'homme. Outre la législation, le souci constant de l'égalité des sexes se vérifie dans tous les secteurs.
Le représentant a insisté sur les priorités nationales pour l'après Beijing: renforcement du potentiel économique des femmes; lutte contre la pauvreté et amélioration des conditions d'existence des femmes; consolidation des droits de la femme et lutte contre les stéréotypes sexistes; promotion des ressources humaines féminines à travers les programmes sectoriels; protection des filles; renforcement du rôle de la femme en matière de participation à la vie civile et associative; protection de la femme migrante; développement d'indicateurs sexospécifiques et de statistiques par genre; développement du partenariat et de la coopération internationale par l'échange d'expériences.
M. JEREMIAH MAHELE (Iles Salomon) a déclaré que la Constitution de son pays reconnaît l'égalité de ses citoyens quel que soit leur sexe, mais il a convenu que les femmes méconnaissent leurs droits légaux et n'ont souvent pas accès aux services juridiques. Il a également déclaré qu'en dépit du fait qu'ils possèdent le droit de vote, les citoyens des Iles Salomon, hommes et femmes, manquent de conscience politique, ce qui fait obstacle à la participation des femmes au processus de prise de décision.
Le représentant a indiqué que seulement 17% des femmes sont alphabétisées et souligné l'importance des actions pour corriger ce problème. A cet égard, il a fait valoir des études qui montrent que le niveau d'éducation de la mère a une incidence directe sur la santé et le bien-être de ses enfants et de sa famille.
Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) a indiqué que l'un des principaux obstacles à la promotion des femmes argentines vient du manque de prise de conscience des relations de pouvoir entre les hommes et les femmes et des inégalités dans l'accès aux moyens de production et dans la distribution des revenus. La représentante a espéré que la session extraordinaire de l'an 2000 fournira l'occasion d'éliminer les stéréotypes qui empêchent encore l'émancipation des femmes et leur pleine intégration à la société.
La représentante a également exprimé le souhait que lors de l'évaluation des actions relatives aux douze domaines critiques identifiés à Beijing, les divers services et institutions trouvent un moyen de collaborer efficacement. Elle a ajouté que l'Argentine appuie la restructuration de l'INSTRAW qui a un rôle essentiel à jouer dans la recherche. Le communauté internationale a la responsabilité de faire en sorte que la seule institution des Nations Unies entièrement consacrée à la recherche dans le domaine de la promotion de la femme puisse continuer ses travaux. La représentante a en outre mentionné le travail de l'UNIFEM qui a acquis deux décennies d'expériences en intervenant dans divers pays. En Argentine, par exemple, le projet "ENLACE" répond aux besoins en information des institutions gouvernementales et a permis d'améliorer la circulation de ces informations tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays. La représentante a souligné l'importance de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes. Elle a insisté sur le fait que les difficultés actuelles sont les vestiges d'un ordre ancien et d'une vieille hiérarchie entre les sexes. Elle a formé le voeu que les négociations en cours pour élaborer une convention contre la criminalité transnationale organisée se consacrent également à un protocole sur la traite des femmes et des enfants.
M. OLUSEGUN AKINSANYA (Nigéria) a déclaré que le Gouvernement nigérian a entrepris de mobiliser les Nigérians contre les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes. Le nouveau Ministère fédéral des questions relatives à la femme et à la jeunesse est chargé de renforcer la coordination, l'efficacité et l'intégration des programmes sur les droits des femmes. Des mesures ont également été prises afin de parvenir à une prise de conscience des problèmes découlant du mariage précoce, d'éduquer les fillettes et d'améliorer leur statut afin qu'elles disposent des mêmes chances que les garçons et pour améliorer l'accès des femmes aux services sanitaires.
Dans le cadre de la transition démocratique récente qui s'est déroulée au Nigéria, a indiqué le représentant, le nombre de femmes occupant des postes de niveau supérieur dans le Gouvernement nigérian a augmenté. Le représentant a par ailleurs estimé que le processus de "Beijing + 5" devrait notamment être l'occasion d'adopter une courte déclaration réaffirmant l'engagement de la communauté internationale en faveur du Programme d'action de Beijing et à identifier les actions et initiatives futures qui favoriseraient l'accélération de sa mise en oeuvre.
Mme MARIAM AFTAB (Pakistan) a noté que la pauvreté rend les femmes plus vulnérables et que les statistiques du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) révèlent que chaque année plus d'un demi-million de femmes et de fillettes sont victimes de la traite à des fins d'exploitation sexuelle en Europe de l'Ouest. La représentante a fait remarquer que la situation des femmes est encore pire lors de conflits armés et rappelé que durant cette décennie nous avons été témoins de l'utilisation du viol systématique comme une arme de guerre. Elle a signalé que ce crime contre l'humanité continue à servir d'arme contre des femmes et des jeunes filles innocentes du Cachemire où le peuple se bat pour son droit à l'autodétermination. Elle a demandé à la communauté internationale de condamner cet acte de barbarie commis par l'Inde.
Au niveau national, la représentante a mentionné la mise en oeuvre d'un plan national visant à assurer la protection de la femme par le biais du Ministère du développement de la femme qui sera le coordonnateur des activités au niveau local et départemental. D'autre part, le plan mettra l'accent sur l'accès universel à l'éducation et on remarque d'ailleurs que le nombre de filles scolarisées et inscrites à l'université a déjà augmenté. En outre, le Ministère a ouvert des bureaux de commerce dans les grandes villes et institué des bazars hebdomadaires afin d'inciter les femmes à participer aux activités génératrices de revenus. Dans le domaine de la santé, le Plan national prévoit l'ouverture de centres de soins primaires et de centres ruraux, ainsi que d'hôpitaux pour répondre aux besoins des femmes en ce qui concerne la santé en matière de procréation. A cet égard, les statistiques récentes indiquent que la mortalité infantile des filles a diminué. A l'égard de la violence à l'encontre des femmes, un site électronique d'information a été instauré et le Ministère a veillé à l'ouverture de centres d'accueils dans toutes les grandes villes pour les victimes de violence domestique.
M. MUSENGA AUGUSTUS (Rwanda) a déclaré que les femmes représentent la cheville ouvrière de l'économie rwandaise. Le pays vit essentiellement de ses ressources agricoles et 97% des femmes dépendent de ce secteur pour assurer leur subsistance. Le génocide a profondément modifié la structure de la société rwandaise. Selon les récentes estimations, les femmes représentent 54% de la population du pays, et, après le génocide, 60% d'entre elles sont aujourd'hui veuves.
Sur le plan législatif, le Gouvernement a abrogé toutes les lois discriminantes à l'égard des femmes. En collaboration avec l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Ministère de la femme apporte une assistance médicale ainsi qu'un conseil psychologique aux femmes qui ont été victimes de viol pendant le génocide. Même aux niveaux de responsabilités les plus élevés, les femmes sont bien représentées au sein du Gouvernement. Actuellement, le Parlement discute d'un amendement à la loi sur l'héritage et la propriété foncière, qui permettra aux femmes d'obtenir un crédit en utilisant leurs titres de propriété. Dans le domaine financier, de nombreux fonds de crédits ont été spécialement mis en place en faveur des femmes. La gestion et les décisions d'allocation de ces crédits reviennent également à des femmes.
Le Rwanda va prochainement installer des tribunaux populaires. Dans sa volonté de faire participer la population au jugement des crimes de génocide et des crimes contre l'humanité, le Rwanda laisse une place importante aux femmes. Il a ainsi été décidé que 30% du personnel de ces tribunaux seront des femmes afin de garantir une justice respectueuse des droits de la femme.
M. SUH DAE-WON (République de Corée) a déclaré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les femmes devrait être utilisée afin d'élaborer des initiatives concrètes et orientées vers l'action pour parvenir à l'égalité et intégrer la problématique hommes/femmes dans tous les secteurs de la société. Evoquant les crises économiques et les situations de conflit, le représentant a déclaré qu'elles placent les femmes dans une situation très difficile car elles augmentent leur vulnérabilité. Dans ce contexte, le représentant a exhorté les gouvernements et la société civile à coopérer afin d'appliquer de nouveaux codes de conduite au sein de leur société. Les différences entre les femmes des différentes régions impliquent que des cadres d'action régionaux sont nécessaires. A cet égard, le représentant s'est réjoui de la tenue d'une réunion intergouvernementale de haut niveau à Bangkok, fin octobre, afin d'évaluer la mise en oeuvre de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing au sein des pays de la Commission économique et sociale d'Asie et du Pacifique.
Pour ce qui est des mesures adoptées au niveau national, le représentant a attiré l'attention de la Commission sur l'adoption, cette année, de la Loi sur la discrimination entre les sexes et sur sa prévention. Cette loi doit particulièrement protéger les femmes entrepreneurs.
Mme ROSELYN A. ODERA (Kenya) a indiqué qu'au Kenya, en réponse aux décisions prises lors de la Conférence de Beijing, le Bureau de la femme a mis au point un manuel de formation pour promouvoir la prise de conscience des questions de parité entre les sexes au niveau des districts. Le Bureau est en train d'élaborer un document de politique nationale sur les femmes et le développement qui sera soumis au Cabinet. Le Bureau joue un rôle actif dans la sensibilisation des fonctionnaires, des parlementaires et des dirigeants civiques. Le Bureau a en outre établi des collectes de données fiables ventilées par sexe. On note ainsi que les femmes constituent 51% de la population du Kenya et que les foyers dirigés par des femmes forment 47% de la population rurale et 29% de la population urbaine vivant au-dessous du niveau de pauvreté. De la même manière les femmes constituent 70% de la force de travail agricole mais ne contrôlent que 38% des opérations.
La représentante a déploré que les progrès accomplis en matière de participation des femmes aux processus de prise de décisions ne soient pas à la hauteur du processus de démocratisation au Kenya. Aujourd'hui, les femmes ne représentent que 4% des 222 membres du Parlement, 23% des administrateurs et 6% des ambassadeurs et des hauts commissaires. On remarque toutefois, a-t-elle ajouté, une légère augmentation du pourcentage de femmes dans l'administration de la justice qui approche maintenant 30%. Ces statistiques ventilées par sexe montrent qu'il est nécessaire d'impliquer les femmes dans tous les aspects du développement durable et qu'en dépit des obstacles qu'elles confrontent, les femmes continuent à jouer un rôle productif dans les secteurs formels et surtout informels. Elle a estimé que le Plan national d'éradication de la pauvreté permettra vraisemblablement d'améliorer la condition des femmes, surtout si les objectifs fixés par le Sommet pour le développement social concernant l'éducation, la santé et la pauvreté sont atteints.
Mme AICHA AFIFI (Maroc) a déclaré que le Gouvernement marocain a organisé une campagne nationale de lutte contre la violence à l'égard des femmes en collaboration avec les ONG concernées. Celle-ci a été renforcée par d'autres campagnes de sensibilisation, d'information et d'éducation en vue de hausser l'image de la femme dans la société. En dépit d'un certain nombre de tabous et d'obstacles socioculturels et historiques, le Maroc n'a épargné aucun effort pour la mise en oeuvre d'une stratégie nationale vigoureusement impulsée par un engagement direct et personnel des plus hautes autorités du pays.
Le plan d'action national adopté en mars 1999 reflète tous les objectifs arrêtés à Beijing. Il a privilégié les quatre domaines prioritaires suivants: l'éducation, la santé reproductive, l'intégration des femmes au développement économique et le renforcement des pouvoirs politique, juridique et social des femmes. Ce choix volontariste fondé sur le refus de la discrimination à l'égard des femmes explique aujourd'hui leur présence dans tous les domaines de l'activité nationale, y compris à des postes de responsabilité clés, au niveau du pouvoir législatif, exécutif et judiciaire.
Mme MADURIKA JOSEPH (Sri Lanka) a espéré que la session extraordinaire sur l'évaluation du Programme d'action de Beijing qui met l'accent sur les droits et les libertés individuels dans des domaines tels que la santé, l'éducation, la sécurité personnelle et le développement économique, identifiera les actions pour atteindre ces objectifs. La représentante a regretté que les effets combinés de la mondialisation et de la libéralisation et du déclin de la coopération internationale au développement aient aggravé la marginalisation des femmes vivant dans les zones rurales des pays en développement. Elle a estimé qu'il est notamment nécessaire d'investir dans le développement humain des femmes des zones rurales et dans des programmes de fourniture d'eau potable.
Le Gouvernement sri-lankais a créé plusieurs organes présidentiels chargés de la protection des enfants, des travailleuses migrantes, des femmes qui vivent dans des zones de libre-échange. Le Sri Lanka a également créé une Comité national chargé des femmes qui a ouvert un Centre où les femmes peuvent porter plainte. Le Ministère de la question de la femme a également élaboré un Plan national d'action dont le but est de promouvoir les intérêts des femmes et d'intégrer les questions les concernant, a indiqué la représentante.
M. SADIG RASHEED, Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF), a déclaré que la suite donnée à la Conférence de Beijing par l'UNICEF s'axe principalement sur l'éducation des filles, l'égalité entre les sexes, les soins de base aux enfants, la prévention et le contrôle du VIH/sida et la réduction de la mortalité des femmes lors de l'accouchement. La démarche adoptée par l'UNICEF se fonde sur les droits, ce qui demande des méthodes d'analyse et de programmation plus strictes afin d'identifier les causes des problèmes qui se posent aux femmes et aux enfants. La collecte de données ventilées par sexe, âge, lieu géographique, ethnicité, et sur l'accès et la qualité des services sociaux est un premier pas essentiel en vue d'atteindre les groupes visés. Il a ajouté que l'application de l'Initiative 20/20 et les engagements consécutifs pris par les pays développés et les pays en développement sont indispensables à la réalisation des objectifs du Caire et de Beijing.
Pour l'UNICEF, a-t-il ajouté, le renforcement de l'éducation des filles est primordiale pour les droits de la femme. L'UNICEF travaille en concertation avec divers partenaires afin d'améliorer l'accès aux écoles primaires et s'attaquer aux causes structurelles à la base de la discrimination systématique des femmes et des fillettes. Un autre domaine d'action de l'UNICEF tient à faire tomber la conspiration du silence quant à l'impact de la pandémie de VIH/sida sur les avantages acquis des femmes dans le domaine de la santé et du développement. A ce jour, huit millions d'enfants sont orphelins du sida et ce chiffre risque d'augmenter à 40 millions d'ici l'an 2000. En Afrique australe et orientale,
c'est sur les femmes que ce fardeau pèse le plus lourdement et les femmes qui allaitent leurs nourrissons s'inquiètent des risques de transmission. Dans ce domaine, l'UNICEF travaille en collaboration avec ses partenaires en vue d'initier des changements dans les comportements et les pratiques.
Si la ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes marque un progrès réel, cela ne suffit pas. Il faut que les engagements se traduisent par des actes pour que les droits deviennent réalités. A cet égard, une étroite coopération entre les divers organes des Nations Unies, les organisations de la société civile et les gouvernements est de plus en plus importante. Pour sa part, l'UNICEF est présente à nombre de rencontres régionales en préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale. En outre, l'UNICEF participe activement à plusieurs projets interinstitutions relatifs à la sexospécificité et à l'aide humanitaire. Des manuels d'instruction ont été distribués pour être utilisés lors des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et mettre en exergue les violations des droits des femmes et des enfants lors des conflits armés. La violence sexospécifique et la traite des fillettes à des fins d'exploitation sexuelle, ainsi que le VIH/sida, les grossesses précoces présentent des risques particuliers pour les jeunes filles contre lesquels il faut les prémunir. Dans le même temps, il convient de fournir aux garçons une éducation qui prenne ces problèmes en considération et s'attache à promouvoir de nouveaux comportements qui soient basés sur la tolérance et l'égalité.
Mme ESPERANZA GERTRUDIS-DAVIES (Guinée équatoriale) a déclaré qu'un Ministère des questions sociales et de la condition de la femme a été créé par son Gouvernement, qui lui consacre une partie importante de son budget social. La représentante a décrit les objectifs à moyen terme retenus par la Conférence économique nationale de Bata qui a réuni des représentants du Gouvernement, des partis politiques et de la société civile. Ces objectifs mettent l'accent sur le secteur de la santé, notamment sur la réduction de la mortalité infantile, sur l'éducation et l'alphabétisation de la femme et de la fillette, ainsi que sur le secteur économique avec des mesures de réduction de la pauvreté. Le Gouvernement s'emploie également à favoriser l'accroissement du taux d'emploi des femmes.
Mme ASITH BHATTACHARJEE (Inde) a déclaré qu'au niveau institutionnel, son Gouvernement s'est toujours engagé dans l'amélioration de la condition des femmes. Ainsi, au sein du Gouvernement, un Département de la femme et du développement de l'enfant a été mis en place. Son rôle est essentiellement d'aider la femme dans les zones rurales. Au niveau du gouvernement central, plusieurs mécanismes veillent au respect ou à la promotion des droits des femmes. Une institution nationale inaugurée en 1993, est chargée d'accorder des crédits aux femmes pauvres du secteur informel. Depuis sa mise en service, cette institution a déjà alloué 11,4 millions de dollars à titre de crédits et 250 312 femmes ont pu en bénéficier. L'entrepreneuriat des femmes est particulièrement encouragé.
Des équipes entièrement féminines ont été mises en place dans les postes de police. Leur travail consiste essentiellement à prendre en charge les femmes victimes de violence. Certains postes de police sont entièrement gérés par des femmes. C'est au niveau de l'administration locale que l'on a pu observer une plus grande prise de conscience des droits, devoirs et responsabilités des femmes. De nombreuses femmes ont accédé à des postes de gestion des affaires locales par le biais des élections, notamment au niveau des villages.
La mondialisation et les changements fondamentaux qu'elle entraîne a d'ores et déjà un impact considérable sur les femmes. La tendance est à la marginalisation des plus pauvres, et les pays développés ne peuvent pas créer un environnement respectueux du droit des femmes lorsque la conjoncture internationale joue, en fait, contre elles. La coopération internationale reste donc cruciale.
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