En cours au Siège de l'ONU

AG/SHC/412

LA PROMOTION DE LA FEMME EST LIEE A LA CREATION D'EMPLOIS

13 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/412


LA PROMOTION DE LA FEMME EST LIEE A LA CREATION D'EMPLOIS

19991013

Dans les zones rurales en particulier, elle est un facteur important de l'éradication de la pauvreté

La Troisième Commission a poursuivi, ce matin, son débat sur les questions relatives à la promotion de la femme et la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. La représentante de l'Organisation internationale du Travail (OIT) a présenté les normes internationales du travail antidiscriminatoires et souligné que l'OIT estime que l'égalité entre les femmes et les hommes est un facteur clé de l'éradication de la pauvreté et du développement durable. Elle a aussi expliqué comment l'OIT oeuvre à l'amélioration des conditions de travail et de protection sociale des femmes, et notamment les femmes enceintes ou allaitantes.

Plusieurs délégations, dont celle de Fidji, ont affirmé que la question de l'émancipation des femmes doit être abordée dans le cadre de l'éradication de la pauvreté et des problèmes d'emploi. Les représentants du Mozambique, au nom des Etats membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) et de l'Ouganda, ont indiqué que leur Gouvernement ont mis en place des mesures d'action positives afin de favoriser l'accès des femmes aux fonctions parlementaires et aux postes de décision. Ils ont cependant reconnu que la participation économique et sociale des femmes africaines a peu progressé. Soulignant également les difficultés provoquées par la transition économique, la représentante du Bélarus a reconnu que les femmes, qui représentent 56% de la population de son pays, sont les premières victimes de la pauvreté dans son pays, ce qui a amené le Gouvernement à mettre en place une politique d'emploi en leur faveur. La représentante d'Israël a souligné l'adoption de la Loi sur l'égalité des chances dans le domaine de l'emploi en 1998 qui interdit notamment la discrimination fondée sur le sexe et le statut matrimonial.

Les délégations des pays suivants sont intervenues: Israël, Mexique (au nom du Groupe de Rio), Bahreïn, Malaisie, République-Unie de Tanzanie, Chypre, Costa Rica, Jamahiriya arabe libyenne, Algérie, Bélarus, Australie, Mozambique (au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe - SADC), Fidji, Ouganda, République populaire démocratique de Corée et Iraq.

La Commission reprendra ses débats cet après-midi à 15 heures.

PROMOTION DE LA FEMME

SUITE DONNEE A LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Suite du débat général

Mme AMIRA ARNON (Israël) a déclaré que la cause de l'égalité des sexes a progressé en Israël avec l'adoption de la Loi sur l'égalité des chances dans le domaine de l'emploi en 1998 qui interdit, notamment, la discrimination fondée sur le sexe, les préférences sexuelles, le statut matrimonial, la race, l'âge et la religion. Cette loi permet aussi d'assurer une protection spéciale aux femmes employées qui tient compte de leurs besoins en tant que mères. La Knesset a en outre voté en 1998 une loi pour améliorer le statut de la femme. Cette loi a notamment abouti à la création de l'"Autorité pour la promotion de la femme" qui est composée de représentants du gouvernement, d'organisations non gouvernementales et d'experts universitaires. Tous les organes étatiques sont tenus de suivre impérativement la politique élaborée par l'Autorité, une fois qu'elle est approuvée par le gouvernement. L'Autorité reçoit également les plaintes, surveille l'égalité des salaires, encourage la nomination de femmes à des postes de haut niveau.

La représentante a également indiqué que récemment, tenant compte de l'indignation de l'opinion publique quant à la légèreté des peines imposées aux hommes coupables de sévices sexuels, l'Autorité a oeuvré à l'élaboration d'une loi établissant une peine minimale pour ces cas. De plus, le Gouvernement israélien a mis en place de nombreux programmes et services chargés d'assister à la fois les victimes et les responsables de sévices sexuels. Une loi assure la prise en charge des frais médicaux des femmes victimes de ces violences. La Loi de prévention du harcèlement sexuel a en outre été adoptée en 1998. Il s'agit d'un texte extrêmement complet qui couvre les remarques orales, écrites et même par ordinateur. La loi traite aussi des cas de harcèlement sexuel, des situations d'autorité, de dépendance, dans le cadre du travail ou d'un traitement médical.

M. GUSTAVO ALBIN (Mexique), s'exprimant au nom du Groupe de Rio, a rappelé que par l'Acte de Veracruz du 19 mars 1999, au Mexique, le Groupe de Rio a exprimé son engagement en faveur de la promotion de la femme et de son intégration dans toutes les sphères de la vie publique et privée. En perspective de la session extraordinaire de l'Assemblée générale ayant pour thème "La femme en l'an 2000", le Groupe a établi des mécanismes d'évaluation au niveau national en vue d'initier une solide étude des actions gouvernementales en faveur de la parité des sexes. Les pays du Groupe de Rio, a-t-il ajouté, préparent actuellement la huitième Conférence régionale sur la parité entre les sexes, les droits de l'homme, la violence et la paix en Amérique latine et aux Antilles à l'orée du XXIe siècle, afin d'évaluer ce qui s'est fait dans ces domaines.

Le représentant a exprimé sa confiance dans le processus de restructuration de l'INSTRAW. A cet égard, il a estimé qu'il est important que les ressources de l'Institut soient inscrites au budget ordinaire des Nations Unies, ce qui permettra d'assurer que son personnel qualifié n'est pas à la merci de contrats temporaires sujets aux incertitudes des contributions volontaires. A l'égard de la protection des travailleurs migrants, le représentant a rappelé que l'Acte de Veracruz prévoit la coopération entre pays d'origine et pays de destination en ce domaine et a appelé à la ratification rapide de la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et de leur famille.

A cela, il a ajouté qu'en prévision de la session extraordinaire de l'Assemblée générale qui se tiendra en l'an 2000, le Mexique a adopté notamment une déclaration politique réaffirmant le Programme d'action de Beijing, un document négocié, fondé sur l'évaluation de l'application des recommandations de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Le représentant a indiqué que l'amélioration de la condition des femmes vivant dans les zones rurales revêt une importance particulière pour le Mexique qui s'emploie à réduire la pauvreté qui les touche, en particulier dans le cas des femmes rurales et des femmes autochtones. A cette fin, il a été créé un réseau national de coopération technique des institutions et des organismes de soutien aux femmes des zones rurales, chargé d'améliorer leur situation, de leur assurer l'accès aux services productifs, sociaux et de favoriser leur participation aux institutions gouvernementales et aux associations. Le représentant a réitéré, au nom du Mexique, que la situation des travailleuses migrantes est particulièrement préoccupantes.

M. HUSSEIN JASSIM (Bahreïn) a déclaré que son Gouvernement a pris plusieurs mesures garantissant à la femme l'accès à l'éducation, à la santé et au travail. Le Gouvernement du Bahreïn a également créé des mécanismes gouvernementaux et des comités nationaux de la femme chargés d'oeuvrer à la mise en oeuvre des objectifs de promotion de la femme.

En ce qui concerne la situation des femmes vivant dans les zones rurales, le représentant a déclaré que compte tenu de la superficie réduite du Bahreïn, les conditions de vie des femmes dans les zones rurales et urbaines sont très semblables. Il a souligné l'engagement de son Gouvernement, conformément à la loi islamique et aux pactes internationaux pertinents, à garantir les droits des travailleuses étrangères qui se trouvent au Bahreïn. Le Gouvernement veille également à ce que les femmes soient représentées dans les services publics, a-t-il indiqué. Le représentant a en outre mis l'accent sur l'aide fournie par son Gouvernement aux groupes de la société civile qui oeuvrent pour la promotion de la femme.

M. ZAINAL ABIDIN OSMAN (Malaisie) a rappelé que le Plan national pour la promotion des femmes a été formulé en 1996. Il s'est ensuite attaché à décrire certaines actions en faveur de l'emploi des femmes, notamment des mesures visant à installer des crèches sur le lieu de travail. Les employeurs sont également encouragés à fournir des programmes de formation, des moyens de transport, des aires de repos agréables, ainsi que des logements pour les travailleurs migrants dont la majorité sont des femmes.

Le représentant a déclaré que le renforcement du pouvoir des femmes des zones rurales est essentiel à l'éradication de la pauvreté. Il a indiqué que les programmes de développement de Malaisie appellent à la révision, à l'adoption et au maintien des politiques économiques qui tiennent compte de leurs besoins. Les programmes antipauvreté de Malaisie se concentrent principalement sur les très pauvres en donnant la priorité aux projets générateurs de revenus, à ceux qui visent à améliorer l'infrastructure et aux programmes qui s'emploient à inculquer des valeurs positives parmi les pauvres, notamment les femmes. L'objectif est de créer dans les zones rurales une population instruite, dotée d'une éthique et d'une morale qui lui permettent de prendre des initiatives et d'accéder à une vie meilleure. En outre, le représentant a souligné l'importance de la santé des femmes vivant dans les zones rurales. Ces femmes sont régulièrement informées des mesures de prévention, a-t-il ajouté. Un projet de microcrédit intitulé "Ikhtiar" a été développé pour permettre aux femmes d'obtenir des crédits sans garanties. Les femmes des zones rurales ont également accès à des prêts en vue du développement de petites et moyennes industries ou en vue d'obtenir des logements à faible coût. Les activités des organisation non gouvernementales complètent les projets du Gouvernement, notamment en matière de formation.

Mme CHRISTINE KAPALATA (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que les engagements pris par son pays, à l'égard de la Plate-forme d'action de Beijing, ont été mis en application dans quatre des douze domaines critiques identifiés. En matière d'éducation, les opportunités pour les femmes et les jeunes filles ont été développées. Dans le domaine politique et législatif, la Tanzanie a révisé les lois discriminantes vis-a-vis des femmes et en a promulgué de nouvelles afin de sauvegarder leurs intérêts. Par ailleurs, une politique de discrimination positive a été mise en place afin de garantir une plus juste représentation des femmes au Parlement. Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté, la Tanzanie améliore l'accès des femmes au microcrédit et aux services sociaux, que ce soit pour la mère ou pour l'enfant. En prévision de la Session extraordinaire de l'an 2000, la Tanzanie organisera en mars 2000, à l'occasion de la Journée mondiale de la femme, une réunion de travail afin d'évaluer les progrès accomplis.

Mme KAPALATA a rappelé qu'en juillet 1998, la Tanzanie a adopté un texte de loi qui criminalise et punit très sévèrement les mutilations génitales des femmes ainsi que les délits sexuels. Depuis l'entrée en vigueur de cette loi, les comportements évoluent. D'autres textes législatifs qui, auparavant discriminaient les femmes, sont également passés en revue. La loi sur la propriété foncière de 1999, adoptée en début d'année, autorise ainsi les femmes à être propriétaires d'un terrain.

M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a déclaré que son Gouvernement est pleinement conscient de l'importance des institutions spécialisées et des organisations non gouvernementales nationales et internationales dans le processus d'identification des problèmes que doivent affronter les femmes. Il est aussi conscient du soutien qu'elles apportent aux travaux entrepris par le système des Nations unies. Le Gouvernement de Chypre appuie pleinement l'INSTRAW et la nouvelle initiative de l'Institut intitulée "Plan stratégique et programme de travail 2000-2003".

Le représentant chypriote a ensuite déclaré qu'à la suite des événements dramatiques qui se sont déroulés il y a vingt-cinq ans avec l'invasion turque, l'occupation militaire qui s'en est ensuivie et le déracinement d'un tiers de la population chypriote, événements qui ont eu des conséquences dramatiques pour les femmes chypriotes, son gouvernement s'est employé à faire participer les femmes aux efforts de revitalisation économique du pays. La contribution des femmes à la renaissance économique de Chypre a été sans pareille, a souligné le représentant. A cet égard, il a déclaré que la contribution des femmes à la prospérité économique du pays leur a apporté une reconnaissance sociale que reflètent les plans de développement national depuis 1979. Il a indiqué que le pourcentage de femmes qui travaillent est passé de 30% en 1976 à 39% aujourd'hui. Quarante-six pour cent des emplois de la catégorie professionnelle sont occupés par des femmes, 12% d'entre elles occupent des fonctions de direction. Les femmes vivant dans les zones rurales, qui ont des problèmes particuliers, bénéficient de programmes de développement rural afin de promouvoir leur rôle dans les foyers agricoles et de les encourager à entreprendre des activités génératrices de revenus. Le Ministère de la justice et de l'ordre public, par l'intermédiaire d'un mécanisme national de défense des droits de la femme, soutient financièrement et encourage les organisations de femmes et les organisations internationales à créer leurs propres programmes, en appui de la législation de 1994 sur la prévention de la violence au sein de la famille et la protection des victimes.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a déclaré que son pays, dont une partie considérable de la population vit en zone rurale, accorde une importance particulière à la situation des femmes dans ces zones. Il a indiqué que les femmes costa-riciennes contribuent pour 40% à la production agricole et occupent la plus grande part des emplois dans la production des cultures non traditionnelles pour l'exportation. Ainsi, le représentant a déploré le fait

que les termes de l'échange pour les produits de base se détériorent, ce qui entraîne une baisse des revenus des femmes dans les zones rurales et une baisse de revenus pour les pays en développement dont les gouvernements n'ont plus les moyens d'investir dans les infrastructures rurales. C'est pourquoi, a-t-il ajouté, il est indispensable d'imprimer un tour plus juste à la mondialisation et de modifier l'ordre économique international.

Le représentant s'est ensuite penché sur la situation des foyers ayant à leur tête des femmes et a demandé que l'on prenne en considération leur vulnérabilité particulière. Il a ensuite indiqué que le Costa Rica a adopté un certain nombre de mesures afin de promouvoir l'égalité entre les sexes, notamment par la création de l'Institut national de la femme, chargé d'instaurer la parité entre les hommes et les femmes. Pour la première fois, une Ministre de la femme a été nommée et il a été établi un quota de 40% réservé aux femmes sur les listes soumises par les partis politiques afin d'augmenter leur participation à la vie publique. En août dernier, un hôpital pour les femmes a été établi. Le représentant a insisté sur le fait qu'il était temps de combattre le sexisme sous toutes ses formes et de prendre des mesures efficaces en vue d'assurer l'égalité entre les sexes.

Mme IBTISAM GARRUD (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré que l'avancée de la pauvreté et du chômage a un impact sérieux sur les femmes en général et les femmes des zones rurales en particulier. La représentante a estimé qu'il faut disposer d'un environnement approprié pour pouvoir mettre en oeuvre les principes du Programme d'action de Beijing. La représentante a déploré la discrimination contre les femmes qui sont notamment toujours victimes de mutilations génitales ou ne peuvent conserver leur nom de famille lorsqu'elles se marient. La représentante a déclaré que l'égalité entre les sexes passe par une éducation qui commence dès le plus jeune âge et qui apprend aux enfants qu'il ne doit pas y avoir de combat entre les hommes et les femmes. En ce qui concerne la prochaine session extraordinaire de "Beijing + 5", elle a suggéré que la communauté internationale s'emploie d'abord à identifier les difficultés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing et les moyens de les surmonter.

Le Gouvernement libyen a pris de nombreuses mesures pour faire accéder les femmes aux postes de décision dans les domaines diplomatique, politique ou encore universitaire. Les femmes libyennes bénéficient des services sociaux de base au même titre que les hommes.

M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que c'est en Afrique que la situation de la femme a atteint un niveau de gravité insoutenable, car la femme est la première à subir les contrecoups de problèmes multidimensionnels que traverse le Continent, notamment les conflits armés, le sous-développement chronique et l'extrême pauvreté. La vie des femmes est encore plus fragilisée par la rareté, sinon l'absence de services sociaux de base, l'analphabétisme

et, depuis quelques années, la pandémie de sida. A cet égard, il a rappelé que 4 femmes séropositives sur 5 dans le monde sont africaines. Le représentant a insisté sur la nécessité pour la communauté internationale d'appuyer l'Afrique et la femme africaine de tout son poids moral et matériel. En ce qui concerne les actions prises en Afrique, le représentant a mentionné la sixième Conférence régionale qui se tiendra à Addis-Abeba du 22 au 27 novembre 1999 pour évaluer la mise en oeuvre des Plate-formes de Dakar et de Beijing et permettra de mesurer le chemin parcouru et de prendre de nouvelles initiatives.

Le représentant a indiqué quelques mesures par lesquelles l'Algérie s'emploie à appliquer la Déclaration et le Programme d'action en élaborant un plan national. Il a attiré l'attention sur 5 domaines sur lesquels les efforts des pouvoirs publics resteront concentrés pendant les cinq prochaines années. Il s'agit notamment: de l'amélioration de la qualité de l'éducation de base et de la formation professionnelle de la femme et de la jeune fille; du maintien des principes de base de justice sociale, d'équité et de solidarité sur lesquels est fondée la politique nationale de santé qui vise l'amélioration qualitative du niveau des prestations et la réduction des disparités dans l'accès aux soins; de la mise en oeuvre de mesures incitatives dans le domaine de l'emploi; de la pérennisation de l'implication de la femme rurale dans les différents projets initiés par le Ministère de l'agriculture et de la pêche; du recensement des entreprises économiques gérées par des femmes et de recommandations à même de renforcer la présence des femmes dans le monde économique. Le représentant a rappelé la présentation en janvier 1999, au Comité pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, du Rapport initial de son pays. Il a annoncé la nomination de la première femme Wali ou préfet, ce qui constitue un nouvel acquis pour la femme et un progrès qui sera suivi d'autres avancées. Pour conclure, il a évoqué la nécessaire révision du Code de la famille à laquelle, a-t-il précisé, la tenue, ces jours-ci, d'un séminaire à l'initiative du Président de la République va imprimer un nouvel élan.

Mme ANGELA KORNELIOUK (Bélarus) a déclaré que les femmes du Bélarus, qui représentent 56% de la population, sont les premières victimes des difficultés économiques, sociales et sanitaires que connaît ce pays. Elle a indiqué que son Gouvernement a mis en place un programme d'action afin de remédier à cette situation. Elle a toutefois reconnu que le chômage reste un problème grave et indiqué que le Gouvernement mène une politique d'emploi en faveur des femmes. La représentante a regretté que la transition économique ait généré davantage de pauvreté. Elle a également rappelé la gravité des effets de la catastrophe de Tchernobyl.

Mme ROBYN MUDIE (Australie) a indiqué que l'Australie, outre les stratégies qui ont été développées aux niveaux national et local, a inclus des mesures pour la protection des femmes dans ses actes en réponse aux événements tragiques du Timor oriental et au Kosovo. Ainsi, l'Australie a fourni un asile temporaire aux réfugiés et, sur 1500 réfugiés du Timor oriental, 52% étaient des femmes. En outre, les 4000 Kosovars qui ont été accueillis en Australie étaient des femmes et des enfants séparés du reste de leur famille.

En prévision de la session extraordinaire "Beijing + 5", l'Australie mène de vastes consultations avec les personnes concernées et les organisations non gouvernementales. Dans le domaine de la violence à l'encontre des femmes, la représentante a insisté sur le fait qu'il s'agit d'un crime à l'égard de toute la société. L'Australie a pris une série de mesures décisives pour faire face à ce problème, notamment en faisant de toutes les formes de violences physiques et sexuelles à l'encontre des femmes un crime et en lançant une campagne concertée pour éliminer la violence domestique par l'intermédiaire de l'initiative "Partnership Against Domestic Violence". Cette initiative est un effort conjoint du Gouvernement fédéral et des gouvernements des Etats et des territoires en vue d'établir des partenariats à tous les niveaux des gouvernements et des communautés. Ce programme de partenariat est soutenu par des ressources du Gouvernement fédéral à concurrence de 50 millions de dollars australiens jusqu'à juin 2003. La représentante a ajouté que le Gouvernement australien ne relâcherait pas les sanctions pour des raisons de pratiques coutumières et qu'en outre des mesures ont été prises pour mettre fin aux pratiques de mutilations sexuelles en Australie. L'Australie a aussi adopté une loi contre le tourisme sexuel afin de pouvoir poursuivre les Australiens qui ont échappé au système judiciaire où le crime a été commis. L'Australie a également signé un Mémorandum allant dans le même sens avec les Philippines et Fidji, et développé une collaboration judiciaire avec la Thaïlande et l'Indonésie.

M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique), au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), a rappelé que les membres de la SADC ont signé en 1997 une Déclaration des chefs d'Etat ou de gouvernement sur le développement et les questions sexospécifiques. Par cette Déclaration, notamment, ils s'engageaient à assurer une représentation égale des hommes et des femmes dans la prise de décision. Ils s'engageaient à ce qu'un objectif de 30% de femmes soit atteint en 2005. A cet effet, ils ont adopté en 1998 un Plan d'action et ont chargé le Secrétariat de la SADC du contrôle et de la mise en oeuvre de ce Plan. Certains progrès ont été réalisés, et dans la Communauté, 12% des parlementaires sont aujourd'hui des femmes. Elle sont 15% au gouvernement.

Le représentant du Mozambique a cependant reconnu que la situation des femmes dans les autres secteurs de l'économie et du développement n'a pas connu d'amélioration notable dans les Etats membres de la SADC. Les données disponibles révèlent que les femmes ont un accès limité au capital, à la terre, au travail, à la technologie et aux connaissances commerciales. Pour remédier à cet état de faits, les institutions bâilleuses de fonds ont appliqué des mesures d'action positive axées sur les femmes entrepreneurs. Il en est résulté que l'on compte 30 femmes sur 100 bénéficiaires de mesures de crédit.

Le représentant a reconnu que la situation sanitaire des femmes et des enfants dans certains des Etats de la communauté est déplorable du fait de la malnutrition due à l'insécurité alimentaire permanente que connaissent les familles, de la détérioration des services de santé et de l'impact des politiques d'ajustement structurel. Le taux élevé d'infection à VIH/sida aggrave ces problèmes, a-t-il regretté. Ce phénomène est d'autant plus préoccupant que l'épidémie frappe la population active. Les dirigeants de la communauté sont engagés dans la recherche de solutions visant à enrayer cette épidémie. Les membres de la SADC sont d'avis que le Programme d'action de Beijing ne doit pas être renégocié. Tout en mettant l'accent sur le fait que les membres de la SADC ne renient en aucune manière leurs responsabilités, le représentant a insisté sur le fait que les gouvernements ne pourront mettre en oeuvre toutes les dispositions du Programme d'action sans l'appui et l'assistance de la communauté internationale.

M. SAKIUSA RABUKA (Fidji) a rappelé que la question de l'émancipation des femmes doit être abordée dans le cadre plus large et plus complexe de l'éradication de la pauvreté et des problèmes d'emploi qui prévalent dans les pays en développement. En outre, la pauvreté se féminise de plus en plus, au point que les stratégies en vue de combattre l'inégalité entre les sexes doivent s'attacher principalement à l'éradication de la pauvreté. Le représentant a estimé qu'il est indispensable que des ressources soient allouées à l'application de la Plate-forme de Beijing. Les bénéfices escomptés de la mondialisation et la libéralisation se sont révélés décevants et les écarts entre les promesses et la réalité ont grandement freiné les efforts des pays en développement, et a fortiori des Petits Etats insulaires en développement, dans la protection et la promotion des droits des femmes. A cet égard, les institutions des Nations Unies ont un important rôle à jouer et le déclin constant de l'Aide publique au développement est particulièrement préoccupant. Le représentant, insistant sur l'importance des ressources extérieures pour les Petits Etats insulaires en développement comme Fidji, en a appelé à la communauté internationale pour qu'elle respecte ses engagements.

Le représentant a indiqué que Fidji a établi un Ministère de la femmes, de la culture et du bien-être social afin de veiller à la promotion de la femme. Parmi les diverses mesures figurant au Plan d'action national pour les femmes, le représentant a signalé, notamment, le financement de petites entreprises d'un montant de trois millions de dollars par l'intermédiaire de l'Equipe spéciale pour le développement des microentreprises et la révision de la législation, y compris la constitution, en vue d'y intégrer une perspective sexospécifique. En conclusion, le représentant a annoncé que les réserves de Fidji aux articles 5 et 9 de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes seraient retirées et que des mesures concrètes dans cette direction devraient suivre dans un futur très proche.

Mme CATHERINE OTITI (Ouganda) a déclaré que les femmes vivant dans les zones rurales en Ouganda connaissent des problèmes liés à la faim et à la famille qui sont dus à des phénomènes naturels ou provoqués par l'homme. La planification familiale est difficile à mettre en oeuvre dans une société patriarcale, a-t-elle ajouté, en soulignant les effets dévastateurs de la malnutrition et du VIH/sida sur les femmes enceintes et leurs enfants. L'infection à VIH oblige les mères et les grands-mères à prendre en charge les mourants de la communauté, ainsi que les enfants qu'ils laissent derrière eux. Par manque de connaissances des nouveaux modes de production, les femmes des zones rurales sont en outre obligées de se livrer à un travail harassant, a-t- elle dit. Au nombre des pratiques coutumières ayant toujours cours, la représentante ougandaise a cité les mauvais traitements, le viol, la défiguration physique et le mariage précoce dans le cadre de la polygamie, ainsi que la torture mentale. A cet égard, elle a salué la décision prise lors de la première réunion ministérielle de l'OUA, réunie à Maurice en avril 1999, d'éliminer la discrimination à l'égard des femmes et d'abolir les pratiques coutumières inhumaines à l'égard des femmes et des enfants.

Au niveau national, le Gouvernement de l'Ouganda et les Ougandaises qui occupent des postes élevés se sont engagés dans la promotion de la femme et la prise en compte de leurs intérêts, a souligné la représentante. La politique adoptée par le Gouvernement ougandais a pour but d'intégrer les questions sexospécifiques dans le processus de développement national afin d'améliorer les conditions sociales, politiques, économiques, civiques et culturelles des Ougandais, et plus particulièrement des Ougandaises. La représentante a indiqué que des mesures d'action affirmative provisoires ont été décidées afin de favoriser l'accès des femmes aux charges parlementaires. L'accès des femmes à l'éducation supérieure est également favorisé. La représentante ougandaise a souligné le rôle joué par la société civile féminine ougandaise qui a renforcé ces mesures en formant des organisations chargées notamment de promouvoir de meilleures conditions sanitaires et d'améliorer l'accès des femmes au microcrédit.

M. JONG MYONG HAK (République populaire démocratique de Corée) a estimé que proclamer les droits des femmes dans des textes législatifs ne suffit pas, et qu'il convient de prendre des mesures concrètes qui permettent réellement aux femmes de jouir de ces droits. A cette fin, il importe d'augmenter les investissements publics en faveur de la promotion de la femme et d'établir des politiques sociales permettant leur participation. En exemple, il a cité des mesures prises par la République populaire démocratique de Corée, notamment la construction de crèches et de jardins d'enfants dans les zones peuplées et sur les lieux de travail des femmes, y compris les usines et les entreprises, ainsi que la prise en charge des enfants par l'Etat. D'autre part, les femmes qui ont des enfants voient leur journée de travail réduite à six heures.

Le représentant a également déclaré qu'il est urgent d'éradiquer la violence à l'encontre des femmes qui est l'une des violations les plus graves des droits de l'homme. Il a indiqué que pour y parvenir, il est nécessaire d'en éliminer sa racine sociale et de mettre sur pied un système punitif fort. Il a ajouté qu'il est également important pour éliminer ce vestige du passé d'éduquer les jeunes de façon à ce qu'ils développent une image positive des femmes. Il faut renforcer également l'éducation civique de tous les citoyens. Par ailleurs, le représentant a jugé que pour éliminer la violence à l'encontre des femmes dans le futur, il faut s'attacher à laver les crimes du passé. A cet égard, il a regretté que le Japon s'apprête à entrer dans le XXIe siècle sans résoudre le problème des "femmes de confort", crime commis par les autorités militaires japonaises avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale. Le représentant a exhorté le Gouvernement japonais a reconnaître sa responsabilité d'Etat, à formuler des excuses sincères et à compenser les victimes.

M. MOHAMMED AL-HUMAIMIDI (Iraq) a déclaré que le Gouvernement de l'Iraq accorde une importance particulière aux femmes qui sont le "pilier de la famille" et qu'il a pris toutes les mesures nécessaires à la réalisation de l'égalité entre les hommes et les femmes. Le représentant a ajouté qu'une loi de réforme a été promulguée en 1997 afin d'amender les lois existantes et s'assurer qu'elles sont conformes aux principes d'égalité. Le représentant a rappelé que l'Iraq a été parmi les premiers pays à établir une stratégie nationale pour la femme d'ici à l'an 2000. En ce qui concerne le Programme d'action de Beijing, le représentant a estimé que sa mise en oeuvre repose d'abord sur les mesures prises au niveau national. Mais la communauté internationale doit toutefois fournir une aide concrète afin d'aider les pays qui connaissent des difficultés économiques et sociales, et créer un environnement favorable à la mise en oeuvre des principes de Beijing.

Le représentant a regretté que le blocus qui frappe l'Iraq ait détruit les progrès qui avaient été réalisés auparavant et aient affecté tout particulièrement la santé des femmes. Il a précisé que 50% des femmes enceintes sont anémiques. De nombreuses femmes ont également été obligées d'abandonner leur carrière pour s'occuper des besoins de leur famille, a-t-il ajouté. Il a souligné que la levée du blocus s'impose afin que les femmes iraquiennes retrouvent des conditions de vie décentes.

M. RHITU SIDDHARTH, Organisation internationale du Travail (OIT), a déclaré que l'OIT s'efforçait d'améliorer la condition des femmes dans le travail en se concentrant sur trois points d'action. Le premier axe vise à mettre en place des normes internationales de travail. Dans ce domaine, l'OIT estime que la ratification de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes constitue la meilleure preuve de l'engagement des Etats dans la recherche de l'égalité des sexes dans le travail. Le deuxième axe concerne l'éradication de la pauvreté grâce au travail productif. Dans ce domaine, l'OIT a mis en place un programme intitulé "Plus d'emplois et de meilleurs emplois pour les femmes". Ce programme vise a réduire la vulnérabilité des femmes au travail, et à promouvoir une rémunération égale à travail égal. Enfin, le troisième point concerne les conditions de travail et la protection sociale. L'OIT a élaboré des normes internationales, concernant notamment le travail des femmes enceintes ou allaitantes.

En juin 1998, la Conférence internationale du travail a adopté la Déclaration sur les droits et principes fondamentaux du travail. Les Etats Membres ont ainsi réitéré leur engagement à respecter, promouvoir et mettre en application les principes suivants: liberté de la négociation collective, élimination de toutes les formes de travail forcé ou obligatoire, abolition effective du travail des enfants et élimination de la discrimination en matière d'emploi.

Documentation

La Commission est saisie d'une lettre (A/C.3/54/2) datée du 4 octobre 1999, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent de la Géorgie transmettant une note informant que le théâtre d'Etat Griboedov de Tbilisi (Géorgie) a donné en juillet une représentation très spéciale de la pièce "Six femmes célibataires et un homme" et que cette pièce était jouée par des femmes qui purgeaient des peines pour vol et meurtre en Géorgie.

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