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AG/SHC/410

IL CONVIENT D'IDENTIFIER DES MESURES POUR SURMONTER LES OBSTACLES A LA REALISATION DES ENGAGEMENTS DE BEIJING

12 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/SHC/410


IL CONVIENT D'IDENTIFIER DES MESURES POUR SURMONTER LES OBSTACLES A LA REALISATION DES ENGAGEMENTS DE BEIJING

19991012

Le Comité international de la Croix-Rouge attire l'attention sur la situation des veuves après les conflits armés

La Troisième Commission a poursuivi, ce matin, son débat sur les questions relatives à la promotion de la femme et à la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Dans ce cadre, les délégations ont notamment présenté les mesures prises par leur gouvernement en matière de lutte contre la violence à l'égard des femmes, pour la réalisation du principe d'égalité des chances, et pour un meilleur accès aux services d'éducation et de santé. La représentante des Pays-Bas a souligné le rôle des mouvements de femmes dans la mise en oeuvre des engagements de Nairobi (1985) et de Beijing (1995). Ces mouvements continueront à exercer leur influence aux niveaux international, régional et national afin de renforcer la volonté politique en faveur de l'intégration des femmes et de la mise en oeuvre de politiques assurant la parité entre les sexes.

Pour sa part, le représentant de l'Indonésie a estimé que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le thème "Les femmes en l'an 2000", sera l'occasion d'évaluer l'impact sur les femmes des événements économiques récents, notamment de la crise financière, de la mondialisation, de la libéralisation des marchés et des politiques d'ajustement structurel.

L'Observateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a souligné que les Conventions de Genève et leurs Protocoles additionnels contiennent des dispositions spécifiques pour la protection des femmes. "Ce qui manque", a-t-il dit, "ce ne sont pas les textes, mais leur application". Il a également attiré l'attention sur le statut des veuves qui ont perdu des êtres chers, font face à l'isolement, à de nouveaux problèmes mais aussi qui ont pour la première fois la possibilité de s'engager dans la vie publique et d'y participer au même titre que les hommes.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/SHC/410 12 octobre 1999

Les représentants des pays suivants sont intervenus au cours du débat: Liechtenstein, Afrique du Sud, Croatie, Pays-Bas, Egypte, Indonésie, République arabe syrienne, Guatemala, République islamique d'Iran, Equateur, Venezuela et Pérou. L'Observateur du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a également pris la parole.

La Commission reprendra son débat sur la promotion de la femme cet après-midi, à 15 heures.

PROMOTION DE LA FEMME

SUITE DONNEE A LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Suite du débat général

Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a déclaré que la condition de la femme a considérablement progressé grâce aux normes établies par les Nations Unies et des organisations intergouvernementales telles que le Conseil de l'Europe. La représentante a cependant regretté qu'au vingtième anniversaire de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, cet instrument ne soit pas encore universellement ratifié. Elle a appelé les Etats Parties à mettre en oeuvre toutes les dispositions de la Convention.

Mme Fritsche a expliqué que l'expérience de la présentation du rapport initial du Liechtenstein au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes en janvier dernier avait donné à réfléchir à son Gouvernement. Le Liechtenstein est conscient du fait que les conditions de travail difficiles, le manque de temps et de personnel ont des répercussions sur les travaux du Comité et entament leur portée. Mais la représentante a estimé que ces disfonctionnements ne sont pas uniquement dus au système mais aussi au Comité lui-même et aux Etats Parties, qui manquent parfois de discipline ou d'expertise. On ne doit pas transiger sur la qualité des travaux d'un organe de cette importance, a-t-elle souligné.

Mme Fritsche a salué l'adoption du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et annoncé que son Gouvernement envisage de la signer lors de la Journée des droits de l'homme, à la fin de 1999. La représentante a ensuite regretté que l'objectif des 50/50 sur la représentation des femmes au Secrétariat n'ait pas été atteint. Elle a préconisé la nomination de femmes pour les fonctions de représentant spécial du Secrétaire général et pour oeuvrer dans des domaines "non traditionnels" tels que le maintien de la paix postconflit et la résolution des conflits. En ce qui concerne la mise en oeuvre des principes de Beijing, Mme Fritsche a suggéré l'établissement d'un document concis et favorisant une démarche concrète à l'occasion de la session extraordinaire de l'Assemblée générale en juin 2000.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré qu'en Afrique du Sud 30% des membres du Parlement sont des femmes. Le Cabinet compte 16 femmes sur 27 ministres. L'Afrique du Sud fait des efforts particuliers pour que les femmes soient représentées dans tous les organes du Gouvernement. Toutefois, malgré ces statistiques satisfaisantes, la parité entre les sexes est loin d'être complètement réalisée et des problèmes subsistent, notamment en ce qui concerne les femmes rurales et les violences sexuelles à l'encontre

des femmes. C'est pourquoi la session extraordinaire de juin 2000 et l'évaluation mondiale de la promotion de la femme revêtent une importance particulière pour les femmes rurales et les fillettes qui n'ont pas l'opportunité de faire entendre leur propre voix et devraient être représentées au plus haut niveau. En tant que communauté internationale nous devons assumer notre responsabilité collective et lancer notamment des réformes agraires. Les organisations non gouvernementales devraient être associées à ce processus et un partenariat devrait s'instituer entre les administrations et la société civile.

M. Kumalo a rappelé que la mondialisation est plus qu'un simple processus économique et que des interventions de l'Etat sur le fonctionnement des marchés ne peuvent être exclues dans les buts de multiplier les chances économiques et d'augmenter le niveau de vie. Il a ajouté que la renaissance africaine ne deviendra réalité qu'au moment où le problème des femmes rurales sera pris en considération. Aujourd'hui, les femmes rurales et les fillettes souffrent d'un accès limité à la santé, à l'éducation, à un salaire et leur vie est souvent compliquée par des pratiques coutumières dont elles ne portent pas la responsabilité. M. Kumalo a insisté sur le fait que la participation des femmes rurales garantirait la viabilité des projets ruraux et leur capacité à générer des revenus. En Afrique du Sud un programme de réforme agraire est en cours afin de garantir la participation des femmes au développement rural, à l'agriculture et au tourisme. En outre, en 1999, un atelier international se tiendra sur le thème "les femmes et l'irrigation" afin de familiariser celles-ci aux nouvelles techniques dans ce domaine.

Mme DUBRAVKA SIMONOVIC (Croatie) a déclaré que la persistance de la violence à l'égard des femmes et la difficulté à y mettre fin est l'un des principaux défis qui doivent être relevés après la Conférence de Beijing. La nécessité d'adopter une approche sexospécifique dans les questions liées à la paix et la sécurité a été reconnue par les Nations unies, a déclaré la représentante. Elle s'est associée à l'appel de l'INSTRAW pour la mise au point d'un cadre conceptuel commun et d'une méthodologie pour la recherche, et l'établissement de réseaux sur le rôle des femmes dans la prévention et la résolution des conflits.

Mme Simonovic a indiqué que la Croatie a entrepris des actions préparatoires en vue de la session extraordinaire de juin 2000, et a notamment adopté une politique reconnaissant la nécessité de lancer des initiatives afin de parvenir à une égalité entre les sexes et de valoriser la condition de la femme dans la pratique et non seulement dans les lois. Le Gouvernement croate renforce sa coopération avec les organisations non gouvernementales (ONG) dans le domaine de la participation des femmes à la vie politique et de l'élimination de la violence à l'égard des femmes, a-t-elle déclaré. Le Comité chargé de l'égalité entre les sexes finance les projets des ONG qui relèvent des dispositions du Programme d'action de Beijing, a-t-elle également indiqué. Mme Simonovic a toutefois regretté que le manque de ressources

entrave la mise en oeuvre concrète du Programme d'action de Beijing. Elle a également regretté le manque de données statistiques fiables car elles sont indispensables pour évaluer les tendances et les progrès accomplis. Le faible niveau de représentation des femmes dans les cercles politiques commence à être perçu comme un obstacle au fonctionnement de la démocratie, a poursuivi la représentante. En prévision des prochaines élections parlementaires, plusieurs partis politiques étudient la possibilité de recourir à un système de quotas.

Mme ALICE BOUMAN (Pays-Bas) a déclaré que des efforts restent à faire avant que la parité entre les sexes soit réalisée. Même si le nombre de ministres femmes a doublé au cours des dix dernières années, la moyenne générale n'est que de 7%. Aux Pays-Bas, il y a aujourd'hui quatre femmes ministres, mais au-delà de ce chiffre encourageant, les femmes ne représentent que 9% de tous les directeurs et secrétaires généraux, 5% des professeurs d'université et seulement 1% des membres des conseils d'administration des grandes entreprises privées. Elle a ajouté que l'intégration des femmes ne se mesurait pas seulement aux chiffres et que la parité n'existera que le jour où les femmes ne seront plus considérées comme un groupe à part dans la société.

L'égalité entre les sexes constitue un aspect important du développement durable, a poursuivi la représentante, qui a tenu à mentionner le deuxième Forum mondial de l'eau et la conférence ministérielle qui se tiendront à La Haye en mars 2000 et donneront l'occasion au Conseil mondial de l'eau de présenter sa vision à long terme sur l'eau, la vie et l'environnement au XXIe siècle. Elle a estimé que le développement de ce projet fournissait un exemple de mauvaise intégration de la perspective sexospécifique au niveau international. Dans ce projet soutenu par les Nations Unies et la Banque mondiale, ne figure aucune provision permettant de garantir les intérêts des femmes et tenant compte de leurs préoccupations. Grâce aux efforts des Pays-Bas, de la Suède et du Luxembourg, a-t-elle ajouté, cette erreur est en passe d'être corrigée. En conclusion, la représentante a rappelé les objectifs de Nairobi et de Beijing en vue de promouvoir l'autonomisation des femmes et de renforcer la volonté politique de faire participer les femmes à la vie de la société. Dans cette optique, la représentante a exhorté les gouvernements à fournir les ressources humaines et financières nécessaires à garantir la participation des femmes à tous les niveaux de la vie publique.

M. WAEL IBRAHIM (Egypte) a déclaré que son Gouvernement s'associe à tous les efforts déployés afin de promouvoir la condition de la femme et réaliser les objectifs du développement économique et social, notamment par l'élimination de la pauvreté et une meilleure répartition des ressources. A cet égard, il a souligné que le développement économique et social au niveau national a des répercussions internationales et appelé la communauté internationale à favoriser le processus de développement dans les pays pauvres.

Le représentant a souligné que la Constitution égyptienne reconnaît les droits des femmes, y compris le droit de vote, et que son Gouvernement a entrepris différentes actions afin de mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing, notamment dans le domaine de la santé et de l'éducation pour tous. En ce qui concerne la Conférence de "Beijing + 5", le représentant a suggéré qu'elle soit mise à profit pour élaborer des plans d'action concrets pouvant être rapidement mis en oeuvre sur le terrain.

M. ABDULLAH CHOLIL (Indonésie) a déclaré que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le thème "Les femmes en l'an 2000" sera également l'occasion d'évaluer l'impact sur les femmes de l'évolution économique des deux années précédentes, y compris l'impact des politiques d'ajustement structurel, les conséquences de la mondialisation et de la libéralisation des marchés, ainsi que celles de la crise financière. Le représentant a indiqué que la situation des femmes en Indonésie s'était grandement améliorée au cours des dernières années dans la mesure où les femmes participent au développement et reçoivent les bénéfices de la croissance économique. Toutefois, la crise financière a eu des conséquences négatives sur l'emploi et sur les groupes vulnérables, notamment les femmes. Le Gouvernement indonésien s'attelle cependant à remplir les engagements de Beijing. Au niveau politique, il faut noter que le dirigeant de l'un des grands partis politiques est une femme et que celle-ci sera candidate aux futures élections présidentielles.

Par ailleurs, un projet de loi sur la violence domestique ayant l'appui du Gouvernement a été déposé. Ce projet a été rédigé en collaboration avec les organisations non gouvernementales et des avocats des victimes, qui ont également contribué à la révision du Code pénal. Le représentant a cité diverses initiatives visant à la promotion des femmes, notamment la création de 84 centres d'études universitaires dans toutes les provinces indonésiennes, ainsi qu'un centre de troisième cycle qui se concentre sur les analyses et la recherche sexospécifiques. Ces centres ont pour vocation de travailler avec le Gouvernement afin de pallier au manque de parité entre les sexes, en coopération avec le Ministre d'Etat sur le rôle des femmes et avec l'organisation non gouvernemental, "Convention Watch". "Convention Watch", en collaboration avec la Commission nationale contre la violence à l'égard des femmes, s'emploie à tenir compte du rapport du Rapporteur spécial sur la violence à l'égard des femmes lors de sa visite en Indonésie et au Timor oriental, afin de mettre en place les actions de suivi demandées par les organisations non gouvernementales. Par ailleurs, "Convention Watch" a mis en place des ateliers pour encourager l'inclusion d'une perspective sexospécifique dans le programme de la faculté de droit de diverses universités indonésiennes.

M. TAMMAM SULAIMAN (République arabe syrienne) a déclaré que les droits de la femme doivent être réalisés par le biais de l'éducation, notamment afin de lui permettre d'occuper la place qui lui revient au sein de la société. En Syrie, les femmes exercent tous leurs droits politiques, a ajouté le représentant, en soulignant l'existence d'un Comité syrien chargé des questions relatives aux femmes. Le représentant a déclaré que le rôle politique, économique et social des femmes en Syrie ne cesse de croître, en citant notamment l'augmentation du nombre de femmes juges. Le Gouvernement syrien s'est attaqué à la pauvreté touchant les femmes, notamment par le biais de la création d'emplois et de programmes d'orientation professionnelle.

Le représentant a regretté la dispersion des familles arabes dans les territoires arabes occupés par Israël, et déclaré que la Syrie suit avec attention la situation des femmes syriennes dans le Golan occupé. La Syrie tient à valoriser la femme et l'homme afin de créer une société de progrès, a conclu le représentant.

M. LUIS F. CARRANZA (Guatemala) est revenu sur le travail de la Commission de la condition de la femme constituée en comité préparatoire de la session extraordinaire sur les femmes qui se tiendra en l'an 2000. Il a rappelé que les travaux de la conférence devront se dérouler sur la base du Programme d'action de Beijing sans que celui-ci soit renégocié. Il conviendra d'envisager les nouvelles mesures à prendre afin de surmonter les obstacles qui se posent à la réalisation du Programme. Il ne s'agira pas d'adopter un nouveau programme d'action mais de s'orienter vers l'action.

Le représentant a ensuite indiqué que la situation préjudiciable des femmes au Guatemala fait obstacle à l'instauration d'une véritable démocratie. Toutefois, le projet "Protection de la femme et réformes juridiques" du Bureau national de la femme s'est attaché à accroître leur visibilité. Ainsi, depuis la signature de l'Accord de paix, on remarque qu'elles sont plus nombreuses à s'inscrire sur les listes électorales. En outre, la mise en place de quotas devrait leur permettre d'être mieux représentées. Le Gouvernement guatémaltèque entend éliminer les discriminations existantes et fait du harcèlement sexuel un délit pénal. Des projets contre la violence à l'égard des femmes font également partie des priorités du Gouvernement. Des travaux sont également en cours afin d'améliorer leur accès à l'éducation et d'accroître leur participation au développement. Une loi a été adoptée portant création d'un Institut de la femme. Le caractère multiculturel de la société guatémaltèque est pleinement pris en compte dans la mise en place d'un Programme national de développement et de promotion des femmes guatémaltèques, assorti d'un Plan pour l'égalité des chances 1999-2001. Ce Programme assure la participation de tous les groupes et secteurs sociaux au processus de consolidation de la démocratie et du développement humain.

Mme AGHDAS TAMJIDI (République islamique d'Iran) a déclaré que, dans le cadre du suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, il est important de parvenir à une coopération internationale véritable. Elle a insisté sur la nécessité de tenir compte des préoccupations des femmes non seulement en ce qui concerne les droits civils et politiques mais aussi les droits économiques, sociaux et culturels dont elles sont privées. La représentante a déclaré que le principe de solidarité avec les moins privilégiés et la volonté de le traduire en actions concrètes devraient également guider les relations internationales afin de promouvoir la pleine réalisation du droit au développement et de tous les droits humains de la femme.

La représentante s'est déclarée convaincue que l'édifice des droits des femmes est construit sur le droit au développement, l'organisation de politiques efficaces au niveau national et d'échanges économiques équitables, ainsi que sur l'établissement d'un environnement économique international propice. Elle a déclaré que les efforts nationaux déployés par les pays en développement sont insuffisants pour mettre en oeuvre le Programme d'action de Beijing du fait des répercussions négatives de la mondialisation et de la libéralisation sur leurs sociétés.

La représentante a déclaré que, dans un contexte de mondialisation et d'accroissement de l'écart entre pays riches et pauvres, les causes de la pauvreté, des inégalités frappant les femmes et de leur accès inégal à l'emploi doivent recevoir des solutions globales, politiques, macroéconomiques, sociales et législatives.

M. ZORAN JOVANOVIC, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a indiqué que les conclusions adoptées par le Conseil économique et social lors du segment de sa dernière session de Fond consacré aux affaires humanitaires reconnaissent que toutes les situations d'urgence humanitaires ont des conséquences sexospécifiques. Le Comité estime préoccupant l'accroissement de la violence contre ceux qui sont protégés par le droit humanitaire, notamment les femmes et les enfants. Juridiquement le droit humanitaire accorde aux femmes une double protection, d'une part en tant que civils au même titre que les hommes et, d'autre part, en tant que femmes leurs besoins spécifiques sont pris en considération. Cette protection figure dans les quatre Conventions de Genève de 1949 et dans les Protocoles additionnels de 1977. Le CICR a condamné de manière continue la pratique du viol dans les conflits armés et se félicite que les tribunaux internationaux pour le Rwanda et l'ex-Yougoslavie considèrent la violence sexuelle comme un crime de guerre. Il s'agit là d'un jalon dans la lutte contre l'impunité. Le problème, a-t-il ajouté, vient non pas de lacunes dans le droit humanitaire, mais de sa mauvaise application. Les Etats sont dans l'obligation de le faire respecter et les gouvernements se doivent de poursuivre les crimes sexuels. La protection à laquelle les femmes ont droit doit devenir une réalité.

Au-delà de la violence sexuelle, l'Observateur du Comité a soulevé le problème des disparus qui touchent durement les femmes qui survivent aux conflits. A cet égard, le CICR demande instamment à tous les Etats de lancer des recherches afin de répondre aux demandes de celles qui cherchent leurs proches après un conflit armé.

L'Observateur a rendu hommage au courage dont les femmes font preuve en faisant face à leurs pertes. Il a souligné l'isolement qui les frappe et les nouvelles tâches auxquelles elles doivent faire face lorsqu'elles sont veuves. Il a aussi attiré l'attention sur le fait qu'elles ont alors quelquefois, pour la première fois, la possibilité de s'engager dans la vie publique et d'y participer au même titre que les hommes. Il a insisté sur le fait que le Président du CICR profitera de la 27ème Conférence internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui se tiendra à Genève au mois de novembre prochain, pour réitérer les engagements de ces institutions à l'égard de la protection des femmes. Dans ce cadre, un atelier sera organisé afin de prendre en considération les besoins spécifiques des veuves en ce qui concerne, notamment, l'autosuffisance à long terme. Les conclusions et recommandations issues des travaux de cet atelier serviront à l'étude du CICR sur les femmes dans les conflits armés en vue de leur assurer une meilleure protection.

Mme MONICA MARTINEZ (Equateur) s'est associée à la Déclaration prononcée par le Groupe des 77 et de la Chine. Rappelant que 1999 est l'Année internationale des personnes âgées, la représentante a déclaré que le Programme d'action de Beijing met l'accent sur les femmes et les fillettes, et suggéré que l'on s'intéresse également aux femmes âgées. Les femmes ou les fillettes souffrant d'un handicap doivent aussi être intégrées pleinement à la communauté. Mme Martinez a également annoncé que l'Equateur présentera ce mois-ci ses troisième et quatrième Rapports combinés au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.

Mme Martinez a reconnu l'importance de renforcer les plans et initiatives en faveur des femmes dans les zones rurales et indiqué que le Ministère de l'agriculture et de l'élevage équatorien a créé un programme dont le but est notamment de rendre visible le travail des agricultrices et de faciliter l'accès des femmes à l'assistance technique.

Mme LYDA APONTE DE ZACKLIN (Venezuela) a indiqué que le Conseil national de la femme (CONAMU), organe responsable des politiques de la femme en vue d'assurer sa participation à tous les domaines de la vie sociale, a élaboré une Plan national 1998-2003. La démarche sexospécifique, a-t-elle ajouté, imprègne toutes les décisions du Gouvernement dans les domaineS politique, social et économique, afin de garantir l'accès aux soins, à l'éducation et la participation des femmes au développement. Au niveau régional, des plans ont également été mis en place afin de promouvoir la participation des femmes autochtones et rurales. La représentante a aussi estimé qu'il importe de renforcer la participation du CONAMU aux instances internationales.

En ce qui concerne les divers engagements de Beijing, elle a fait état, entre autres, des réformes et programmes visant à améliorer l'accès des femmes à l'éducation. Des stratégies de lutte contre la pauvreté ont également été lancées pour assurer une meilleure redistribution des revenus. D'autre part, Le CONAMU estime que l'intégration des femmes rurales et autochtones au développement rural demande une politique intersectorielle. Il est préoccupant que le nombre de femmes dans le secteur informel ait triplé au Venezuela. Dans la majorité des cas, il s'agit de femmes qui ont quitté les secteurs structurés qui ne leur permettaient pas de prendre soin de leur famille. La représentante a ensuite décrit diverses initiatives du CONAMU dans le domaine de la santé publique qui fonctionne en tant que coordonnateur des programmes préventifs et de soins. La représentante a également mentionné l'action du CONAMU dans le domaine de la violence à l'égard des femmes, notamment en ce qui concerne l'assistance aux victimes.

Mme CARMEN-ROSA ARIAS (Pérou) a déclaré que la réalisation de tous les droits de l'homme passe par l'élimination de la pauvreté, pour laquelle le renforcement des capacités de la femme et l'égalité entre les sexes sont des éléments clés. Pour faire bénéficier les femmes des avancées de la société dans laquelle elles vivent, il faut renforcer le tissu social dans son ensemble, a ajouté la représentante. Le Gouvernement du Pérou a pris des mesures pour lutter contre la violence au sein de la famille, pour améliorer l'accès des femmes à l'emploi et à l'éducation, et notamment aux écoles d'officiers et sous-officiers. Le Gouvernement a également adopté une loi qui prévoit de faire figurer au moins 25% de femmes sur la liste des candidats au Congrès national. La représentante a indiqué que 40% du budget du Pérou est consacré aux dépenses sociales, y compris aux politiques pour l'égalité entre les sexes et contre la discrimination à l'égard des femmes.

En ce qui concerne le suivi de la Conférence mondiale de Beijing, la représentante du Pérou a déclaré que le processus entamé est irréversible et qu'on ne saurait en renégocier les termes. Elle a estimé qu'il faut plutôt que les pays renforcent leur engagement politique et adoptent des mesures permettant une meilleure application des douze domaines critiques identifiés à Beijing. Ces mesures futures devraient comprendre des stratégies nouvelles qui nous permettront de surmonter les obstacles rencontrés jusqu'à présent.

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