En cours au Siège de l'ONU

AG/936

L'APPEL DU SECRETAIRE GENERAL EN FAVEUR D'UNE CULTURE DE LA PREVENTION RECOIT UN LARGE SOUTIEN A L'ASSEMBLEE GENERALE

6 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/936


L'APPEL DU SECRETAIRE GENERAL EN FAVEUR D'UNE CULTURE DE LA PREVENTION RECOIT UN LARGE SOUTIEN A L'ASSEMBLEE GENERALE

19991006

L'inadéquation des instruments de l'ONU pour faire face à la multiplication des situations d'urgence à nouveau soulignée

L'appel lancé par le Secrétaire général en vue de passer d'une culture de la réaction à une culture de la prévention des situations d'urgence, a reçu ce matin un large soutien des délégations. Mais l'inadéquation des instruments dont dispose l'ONU pour faire face à la multiplication des conflits, des crises humanitaires et des catastrophes naturelles, a aussi été soulignée par nombre de délégations, à l'occasion de l'examen en plénière du rapport annuel du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation. Le représentant de l'Irlande a ainsi fait remarquer que, bien qu'ils ne soient pas nouveaux, les instruments de l'ONU en matière de prévention des conflits, ne sont toujours pas mis en oeuvre. La mise au point de systèmes d'alerte rapide, ainsi que de stratégies et de mécanismes de prévention des situations d'urgence mieux conçus et plus efficaces a donc été vivement encouragée.

En matière de prévention, comme dans tout autre domaine, les principes de la souveraineté nationale et de la non ingérence dans les affaires intérieures d'autres Etats ne peuvent toutefois être remis en question, ont averti plusieurs délégations, en dénonçant le recours aux droits de l'homme ou à la morale pour justifier des "interventions humanitaires" qui ne sont autres qu'un moyen de s'ingérer dans les affaires d'un pays souverain. Loin d'être un principe dépassé, la souveraineté constitue "le dernier rempart des pays faibles contre l'hégémonie des puissances étrangères", a affirmé le représentant de la Chine. Pour réaliser les objectifs prioritaires du progrès social et de l'amélioration des conditions de vie dans tous les pays, il importe avant tout de prévenir l'exploitation des nations faibles par les plus puissantes, a déclaré, pour sa part, le représentant de l'Inde. Soulignant, comme plusieurs autres intervenants, l'iniquité qui caractérise la réponse aux situations d'urgence, il a dénoncé les considérations politiques et géographiques qui sous-tendent souvent l'octroi de l'assistance humanitaire.

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Un appel a, à nouveau, été lancé par plusieurs délégations en faveur d'un renforcement de la coopération internationale, tant en vue de parvenir à un consensus sur les moyens de mieux prévenir et de répondre de manière plus adéquate aux situations d'urgence tout en respectant les principes de la Charte, qu'en ce qui concerne le développement des pays pauvres, la reconstruction et le développement à long terme des pays touchés par un conflit, et la reconstruction après une catastrophe naturelle. Sans une aide appropriée, la stabilité de ces pays risque d'être compromise, a-t-il été noté.

Les représentants des pays suivants ont participé au débat: Mexique, Allemagne, Colombie, Irlande, Koweït, Mongolie, Chine, Singapour, Italie, Bangladesh, Inde, Kazakhstan, et Venezuela.

Le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation (A/54/1) a été présenté dans le communiqué de presse SG/2059 - GA/9587 du 9 septembre 1999. Le discours de présentation du Secrétaire général figure dans le communiqué de presse AG/908 du 20 septembre 1999.

L'Assemblée générale poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures. Elle continuera son débat sur le rapport du Secrétaire général sur l'activité de l'Organisation demain jeudi à 10 heures.

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RAPPORT DU SECRETAIRE GENERAL SUR LES TRAVAUX DE L'ORGANISATION

Débat

M. MANUEL TELLO (Mexique), a rappelé que le rapport du Secrétaire général comprend de nombreuses questions liées à la vie de l'Organisation des Nations Unies, lançant un défi aux Etats Membres pour qu'ils sachent interpréter les contradictions du monde contemporain. Dans ce cadre, la question principale porte sur les modalités de l'utilisation de la force au XXème siècle. Le représentant a fait observer que le Mexique, pays fier de sa vocation multilatéraliste, reconnaît la place des Nations Unies dans la gestion des questions d'intérêt commun et a souligné, de ce fait, l'importance de la Charte des Nations Unies qui permet d'organiser les relations internationales dans de nombreux domaines. Le fait que 188 Etats Membres soient aujourd'hui représentés constitue un acquis des plus brillants des Nations Unies, reflètant en particulier le processus de décolonisation, a déclaré le représentant. Le Mexique adhère scrupuleusement aux objectifs, principes et dispositions de la Charte de San Francisco et est convaincu que tout examen des perspectives de l'Organisation ne saurait être réalisé de façon fragmentaire.

Si l'Organisation des Nations Unies est un patrimoine commun au service de toutes les nations, le représentant a souhaité que la communauté internationale reste pleinement consciente des conséquences de ses décisions. Evoquant le discours de l'Ambassadrice Rosario Grenn sur la difficulté à gérer les conflits internes propres à notre époque et à maintenir la paix, le représentant a répété que le Mexique, en matière de gestion des conflits, prône une intervention menée selon les principes de la Charte des Nations Unies. En effet, le Mexique considère que l'emploi de la force ne représente pas une solution. Il réaffirme la valeur d'un règlement pacifique des différends et rejette l'existence d'un prétendu droit d'ingérence.

Selon le Mexique, la réponse aux questions du Secrétaire général est essentielle pour l'intérêt commun et la trouver n'incombe pas à une seule nation mais à tous les Etats Membres et en particulier à l'Assemblée générale. La crédibilité, la légitimité et l'autorité morale et éthique des Nations Unies devront se fonder sur les principes de justice et de démocratie qui continueront d'être les piliers de la civilisation moderne. Le représentant a recommandé l'abolition des privilèges dépassés. Il a estimé qu'il fallait sincèrement reconnaître que les tentatives d'asservissement par la force doivent céder la place à des relations dans le cadre de règles universelles, pleinement acceptées et sans sélectivité. Au fur et à mesure que le monde devient plus indépendant, l'impératif de la démocratie doit l'emporter au sein des relations internationales.

M. HANNS SCHUMACHER (Allemagne) a salué les succès des Nations Unies pour venir à bout des nombreux problèmes, jugés "tumultueux", des douze derniers mois. Evoquant les tremblements de terre en Turquie et à Taïwan, ainsi que l'ouragan Mitch en Amérique centrale, il a rappelé l'importance d'une culture de prévention des catastrophes, naturelles ou causées par l'homme, comme l'a préconisé le Secrétaire général. A cet égard, il a assuré l'ONU de l'appui du Gouvernement allemand.

De plus, on attend de l'ONU qu'elle s'acquitte d'autres mandats. Evoquant les tâches de maintien de la paix, multipliées par quatre en un an, et surtout de consolidation de la paix, particulièrement exigeantes, comme le montre le cas du Timor oriental, le représentant a insisté sur les besoins en personnel spécialisé et en matériel. L'Allemagne a répondu à ces besoins en envoyant des enseignants et des juristes en Bosnie et au Kosovo, et souhaite en faire de même pour le Timor. Après avoir indiqué qu'un général allemand sera placé à la tête de KFOR, dans deux jours, M. Schumacher a exhorté les Etats Membres à payer leur quote-part entièrement et à temps.

Concernant la réforme des Nations Unies, il s'est félicité que le Secrétaire général ait placé l'efficacité au sommet de ses priorités. L'Allemagne continue de soutenir une réforme du Conseil de sécurité, qui, selon le délégué, dépend avant tout de la volonté politique, du pragmatisme, et des intérêts respectifs biens compris des Etats Membres.

Inquiet de l'augmentation de la criminalité transfrontière, le représentant de l'Allemagne a cité en exemple d'une coopération efficace les accords entre pays de l'UE. Il a souhaité l'adoption, par la session actuelle de l'Assemblée générale, de deux outils utiles pour lutter contre ce fléau, à savoir la Convention internationale contre des actes de terrorisme nucléaire et la convention internationale pour supprimer le financement du terrorisme. Enfin, pour permettre l'indispensable mondialisation de la justice, il a invité les autres Etats à respecter, signer et ratifier rapidement le Statut de Rome de la Cour pénale internationale.

M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a commenté le rapport du Secrétaire général en rappelant que les enjeux humanitaires préoccupaient vivement son pays, la Colombie qui a subi récemment un tremblement de terre et qui doit toujours faire face à un conflit armé.

L'aptitude à réagir de manière globale dépasse les capacités du système de réaction de l'ONU, a-t-il déclaré. L'Organisation a des limites structurelles qui s'avèrent insuffisantes à chaque crise humanitaire. Selon M. Valdivieso, la Colombie considère que la façon de parvenir à un équilibre entre les limites de l'ONU et les nécessitées humanitaires, est d'établir un système de coopération permanente avec les gouvernements légitimes, en ne se limitant pas aux situations de crise. Une telle coopération garantirait ainsi le succès des stratégies de prévention des catastrophes et des conflits, à court et à long terme.

M. Valdivieso a indiqué d'autre part que les nécessités humanitaires devaient être les seuls critères d'intervention. Les efforts de l'Organisation devraient être orientés dans ce sens, tout en considérant qu'il existe des gouvernements qui souhaitent faire partie intégrante des solutions et non des problèmes. Assurons-nous que l'ONU effectue le travail humanitaire le plus efficacement possible, en évitant la bureaucratisation de cette question et la compétition entre organisations en quête de reconnaissance internationale, a-t-il conclu.

M. RICHARD RYAN (Irlande) a abordé une question qui constitue selon lui un défi essentiel auquel se trouvent confrontées les Nations Unies, à savoir la gestion des crises politiques, humanitaires et des droits de l'homme. Soulignant l'utilité du rapport du Secrétaire général sur ce point, le représentant s'est demandé s'il n'aurait pas été possible pour l'Organisation de limiter l'ampleur des conflits dont elle a eu à connaître, et celle des tragédies humanitaires qui en ont découlé, par une exploitation optimale des instruments qui sont à sa disposition. Ainsi, le représentant a-t-il regretté que certains textes, dont l'importance a été soulignée par le Secrétaire général dans son rapport, ne soient que peu ou pas utilisés. Dans ce contexte, il a insisté sur l'utilité des mécanismes d'alerte rapide en matière de diplomatie préventive. Il a toutefois reconnu qu'il est nécessaire de travailler encore pour lutter contre certaines perceptions qui font des initiatives d'alerte rapide des intrusions dans les affaires internes d'un Etat ou des atteintes à sa souveraineté.

Le représentant a enjoint les Etats Membres des Nations Unies à réfléchir à la façon de renforcer de tels mécanismes. Il est temps de s'entendre sur les composantes qui permettraient de renforcer leur efficacité. A cet égard, le représentant a proposé un plus grand recours aux informations dont dispose non seulement le Secrétaire général grâce à ses contacts sur le terrain, amis aussi à celles des organisations régionales et des organisations non gouvernementales. S'il résulte de ces informations qu'un conflit devient inévitable si une action urgente n'est pas entreprise, le Conseil de sécurité devrait alors envisager, en consultation avec le Secrétaire général, le déploiement d'une mission afin d'évaluer l'opportunité d'actions supplémentaires pour empêcher une aggravation du conflit. Confier des missions de cette nature au Conseil de sécurité permettrait en outre de renforcer sa crédibilité et son autorité, a fait remarquer le représentant.

Nombreux sont les intervenants qui, lors du débat général, ont insisté sur la nécessité de s'attaquer aux causes mêmes des conflits, a remarqué le représentant. Le sous-développement chronique qui mène à la marginalisation économique et à la pauvreté en est une. C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, l'annulation de la dette qui pèse sur les pays en développement devrait faire l'objet d'un nouveau débat. Priorité devrait être accordée à cette question, dans la mesure où la dette est principalement responsable de la stagnation économique et du sous-développement des pays les plus pauvres.

Le Secrétaire général a fait remarquer à juste titre que la pauvreté seule n'est pas un facteur déterminant de l'entrée d'un pays dans un conflit. Toutefois, il ne fait pas de doute qu'une aide internationale devient essentielle pour un pays qui se trouve en phase de reconstruction de la paix après un conflit.

M. MOHAMMAD ABULHASAN (Koweït) s'est rallié aux idées exposées par le Secrétaire général dans son rapport. Le Koweït appuie les stratégies de prévention et la culture de prévention qui doit sous-tendre les activités de l'ONU dans tous les domaines. A cet égard, il a cité le mécanisme d'alerte rapide et les mécanismes permettant de faire face aux crises, estimant toutefois nécessaire de veiller à ce que ces mécanismes n'aillent pas à l'encontre de la souveraineté nationale des Etats. S'agissant des prisonniers de guerre du Koweït et des autres Etats, il a appuyé les propos du Secrétaire général invitant l'Iraq à mettre en oeuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU en ce qui concerne le retour des prisonniers de guerres koweïtiens et des biens koweïtiens volés. Les exigences de l'ONU ne sont pas sans raison, a souligné le représentant. L'Iraq n'a pas respecté les impératifs et les demandes de l'ONU. Comme l'a souligné le Comité technique d'évaluation, la coopération iraquienne est insuffisante. L'Iraq nie la présence de prisonniers de guerre innocents. Le Koweït demande à la communauté internationale d'exercer des pressions sur le Gouvernement iraquien pour régler cette question, conformément aux résolutions de l'ONU et dans le souci d'alléger la douleur des foyers koweïtiens. Le Koweït refuse la politique des deux poids deux mesures. Aucune question ne revêt davantage d'aspects humanitaires que la question des prisonniers de guerre, a conclu le représentant.

M. J. ENKHSAIKHAN (Mongolie) s'est félicité que le rapport du Secrétaire général sur les activités de l'Organisation insiste en son introduction sur la nécessité de passer d'une culture de réaction à une culture de prévention des conflits. Le représentant a ainsi fait remarquer que dans les année 90, la communauté internationale aurait pu réaliser des économies substantielles en recourant davantage à la prévention des conflits. Dans ce contexte, il s'est félicité de l'organisation par le Conseil de sécurité de débats sur la construction de la paix après les conflits ou encore sur l'Afrique, qui participent selon lui de ce passage souhaitable à une culture de prévention. Il a appelé de ses voeux la poursuite de telles initiatives.

Il est ressorti du débat général que la gestion des situations d'urgence par les Nations Unies devrait être clairement définie, a affirmé le représentant. En effet, les interventions humanitaires soulèvent de nombreuses questions et notamment celle, délicate, de la souveraineté de l'Etat. Se posent également, en présence de violations manifestes des droits de l'homme, des questions d'ordre moral. Dans ce contexte, le représentant a fait sienne l'idée du Secrétaire général selon laquelle les principes du multilatéralisme et de l'éthique humanitaire devraient être appliqués de façon égale et fondés sur le critère de la nécessité humaine.

Le représentant a ensuite abordé la question de la "sécurité humaine", soulignant l'attention croissante qu'elle suscite. De nombreuses délégations, a-t-il précisé, ont fait référence à cette notion qui, parce qu'elle privilégie les nécessités des individus par rapport à celles des Etats, est centrée sur la vie quotidienne de la personne et sur sa dignité, dépasse celle de la sécurité nationale. Il en découle, a poursuivi le représentant, que la notion traditionnelle de sécurité nationale apparaît manifestement inadéquate lorsqu'il s'agit de faire face aux nouvelles réalités et ne permet pas de répondre aux défis actuels. Dans ce contexte, le représentant a invité le Secrétaire général à nommer un groupe d'experts afin de mettre en oeuvre une réflexion d'ordre général sur l'émergence de ce nouveau concept.

Le représentant a enfin abordé la question de la coopération pour le développement. Il a rappelé que sa délégation avait déjà souligné l'année dernière le handicap qui résulte pour les pays en développement de leur situation marginale sur le marché mondial. La compétitivité de ces pays, quelle qu'elle soit, se trouve toujours ruinée par le coût prohibitif des transports, a- t-il fait remarquer. Dans ce contexte, le représentant a regretté que le rapport du Secrétaire général passe sous silence une telle question et partant, l'a invité à en tenir davantage compte lors de son prochain rapport sur les activités de l'Organisation.

M. QIN HUASUN (Chine) a estimé que les arguments relatifs à "l'intervention humanitaire" et "aux droits de l'homme au-dessus de la souveraineté", qui sont apparus récemment, créent une situation conflictuelle entre les droits de l'homme et la souveraineté. Plus grave encore, certains pays ou organisations régionales sont allés jusqu'à lancer des actions unilatérales avant qu'un consensus international ne soit réuni. Même si le monde a profondément changé depuis la fin de la guerre froide, les principes du respect de la souveraineté nationale et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat sont loin d'être dépassés. S'écarter de ces principes aurait des conséquences dangereuses pour les relations internationales, a averti le représentant. Aujourd'hui, seul un tout petit nombre de pays riches, grands et puissants, ont à la fois l'ambition et le pouvoir de s'ingérer dans les affaires intérieures d'autres pays. Pour les petits pays faibles, la souveraineté constitue le dernier rempart contre la brutalité étrangère.

En ce qui concerne la résolution des conflits, on ne peut perdre de vue le fait que certains pays sont tout à fait désireux d'intervenir dans certaines régions, mais refusent de s'engager dans d'autres régions qui connaissent des problèmes analogues. Si différentes attitudes sont adoptées à l'égard de différentes régions, comment ces pays peuvent-ils affirmer que leur intervention est juste et équitable? Peut-être que sous la feuille de vigne de "l'intervention humanitaire", certains agissent en réalité en fonction de leurs propres intérêts stratégiques, militaires et économiques, a dit le représentant.

De l'avis de la Chine, le concept d'"intervention humanitaire" doit être discuté sur la base de la Charte de l'ONU et des normes fondamentales régissant les relations internationales en vue de parvenir à un consensus favorable aux populations de tous les pays. Seule la Charte fournit en effet une base juridique universellement acceptée pour le recours à la force.

S'agissant de la mondialisation, la Chine espère que l'ONU mènera des discussions en profondeur sur l'impact de ce phénomène sur l'élimination de la pauvreté et élaborera des stratégies spécifiques pour répondre aux besoins des pays en développement. Elle espère aussi que les activités opérationnelles de l'ONU s'attacheront prioritairement à éliminer la pauvreté. La Chine estime que la question de l'assistance humanitaire doit être traitée conformément aux principes de l'humanitaire, de la neutralité et de l'équité. Le représentant a encore espéré qu'il serait remédié au déséquilibre dans l'octroi de l'assistance humanitaire. Le Gouvernement chinois respecte l'universalité des droits de l'homme mais estime que ce principe doit être combiné aux conditions et réalités nationales de chaque pays. Il n'existe pas de modèle uniforme pour la protection des droits de l'homme. Les pays peuvent établir leurs propres priorités et mener des actions différentes en vue de promouvoir et de protéger les droits de l'homme, mais ces différences ne doivent pas faire obstacle au dialogue, à l'échange et à la coopération entre eux sur la base de l'égalité et du respect mutuel, a affirmé le représentant. En politisant les droits de l'homme et en appliquant une politique de deux poids, deux mesures, on ne respecte pas véritablement les droits de l'homme. Une telle attitude ne peut plus être tolérée. Le représentant a fait remarquer, par ailleurs, que certaines superpuissances militaires avaient utilisé des missiles avancés contre des pays en développement, utilisant ces missiles comme instrument d'ingérence dans les affaires internes de ces pays. Cette attitude provoque la prolifération des missiles, a-t-il dit. Partant, il a estimé que le rapport du Secrétaire général devrait faire spécifiquement référence à l'intention de certains pays de mettre au point un système antimissile et des armes extra- atmosphériques. Pour sa part, la Chine continue d'appuyer le rôle de l'ONU dans le domaine du désarmement, en particulier en ce qui concerne le respect et la mise en oeuvre des instruments existants.

M. KISHORE MAHBUBANI, Représentant permanent de Singapour, a soulevé deux questions essentielles dans son allocution. Tout d'abord celle de l'émergence du concept d'intervention humanitaire et la remise en cause du concept de souveraineté qu'il engendre. Il a présenté les deux grands courants de pensée en la matière, en rappellant que l'intervention humanitaire est à la fois un danger pour la souveraineté des Etats, notamment des plus faibles, et une nécessité face aux violations outrageuses des droits de l'homme, même au détriment de la souveraineté nationale. Selon M. Mahbubani, il s'agit de considérer ces points de vue de façon conjointe, car leur développement n'est pas parallèle, mais convergent.

La deuxième question abordée par M. Mahbubani concerne la réforme du Conseil de sécurité et du système de prise de décisions à l'ONU. Il a tout d'abord rappelé que l'ONU se trouvait parfois incapable d'agir à cause des désaccords entre les membres permanents. Selon lui la situation internationale est devenue trop complexe pour que l'ONU ne soit dirigée que par quelques pays. Ne pas tenir compte des préoccupations d'un grand nombre de Membres à cet égard reviendrait à mettre en péril l'avenir de l'ONU. Pour lui, il est essentiel de réformer les méthodes de travail du Conseil de sécurité, notamment en obligeant les membres permanents à expliquer leur veto. Il a conclu son allocution en déclarant que l'Assemblée générale étant un corps nettement plus transparent que le Conseil de sécurité, il serait souhaitable d'y travailler à un consensus politique sur les interventions humanitaires.

M. PIER BENEDETTO FRANCESE (Italie) a noté que d'une part la communauté internationale renforce son engagement pour le maintien de la paix, mais que d'autre part les Nations Unies rencontrent de plus en plus de difficultés à essayer d'accomplir cette tâche. Le représentant a souligné que les Nations Unies sont souvent entravées par le veto des Membres permanents du Conseil de sécurité et également par le manque de volonté politique de la part des Etats Membres. Pour l'Italie, toute participation des Etats Membres pour garantir à l'Organisation les ressources nécessaires et une structure adaptée au nouveau millénaire est la bienvenue. Par conséquent, l'Italie approuve les efforts de promotion des accords qui permettront de doter l'organisation d'une force de réaction rapide. Le représentant a annoncé la volonté de son pays de participer aux missions internationales dans le cadre d'organisations régionales et son engagement dans des missions de maintien de la paix, même si celles-ci sont éloignées de son territoire et ne mettent pas en jeu ses intérêts nationaux. Le représentant a également suggéré qu'une plus grande attention soit accordée à la paix après les conflits, en particulier aux questions de désarmement.

Dans le domaine de la coopération pour le développement, l'Italie appuie l'appel figurant dans le rapport du Secrétaire général pour une culture de la prévention et la mise en oeuvre de stratégies préventives nécessitant la coopération des diverses agences et départements. C'est pourquoi le représentant s'est notamment interrogé sur le rôle marginal que le rapport attribue au Conseil économique et social et à ses initiatives. Il a également déploré que rien n'ait été dit au sujet de la session spéciale de l'ECOSOC qui s'est tenue à Genève en juillet dernier. De même le représentant s'est demandé pourquoi l'aspect intergouvernemental des Nations Unies était passé sous silence alors qu'ont lieu des initiatives louables comme celle du Groupe de développement des Nations Unies, qui s'est fixé pour but de réduire de moitié les pires formes de pauvreté d'ici 2015. En ce qui concerne le domaine des communications, l'Italie soutient pleinement tous les efforts du

Département de l'information publique pour accélérer la distribution des informations sur les Nations Unies par le biais des nouvelles technologies. Le représentant a ajouté que son pays était de ce fait heureux de participer à la quatrième édition du Forum mondial des Nations Unies pour la télévision en novembre prochain.

Abordant la question du droit international et des droits de l'homme, le représentant a estimé qu'il existait un besoin croissant pour l'investigation et la punition des crimes les plus haineux contre l'humanité. En ce sens, il s'est réjoui de l'appel du Secrétaire général aux Etats Membres qui n'ont pas encore ratifié le Statut de la Cour pénale internationale. Tout en saluant les progrès réalisés par la Commission préparatoire, le représentant a encouragé la Commission à travailler rapidement et de manière efficace avant la date butoir du 30 juin 2000 fixé par la Conférence de Rome.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a commenté dans son allocution le rapport du Secrétaire général, en se félicitant de son caractère accessible et équilibré. Le Bangladesh a trouvé rassurant que le Secrétaire général rappelle que la prévention est préférable aux remèdes et qu'il vaut toujours mieux s'attaquer aux racines d'un conflit plutôt qu'à ses symptômes.

M. Chowdhury s'est déclaré satisfait de la part faite à la coopération pour le développement dans le rapport du Secrétaire général. Par contre il s'est montré déçu par le manque d'attention porté à la question des microcrédits et à l'impact du programme Microstart sur la lutte contre la pauvreté et l'émancipation des femmes. De même il a estimé que, bien que décrivant les avantages de la globalisation, le rapport ne soulevait pas assez le danger de la marginalisation des pays en développement dans le contexte actuel de mondialisation.

M. Chowdhury a terminé son intervention en soulignant l'interdépendance entre paix, développement et droits de l'homme abordée dans le rapport, en souhaitant qu'à l'avenir le Secrétaire général accorde plus d'importance aux activités de l'ONU en relation avec la promotion d'une culture de paix.

M. KAMALESH SHARMA (Inde) a rappelé l'importance à rechercher une paix durable, éviter les conflits et prévenir l'exploitation des nations faibles par les nations fortes. Afin d'y parvenir en se prévalant d'une éthique et d'une équité globale, il convient de respecter la diversité culturelle et sociale, la souveraineté politique, les aspirations et la vulnérabilité économiques, enfin le sens de l'identité qui permet le respect intrinsèque de tous les membres de la famille des nations. Ces principes forment le fondement sur lequel repose la maison des Nations Unies, a dit le délégué.

Il a souligné que l'Inde a toujours accordé une grande importance à l'octroi de l'aide humanitaire, et y a participé dans l'esprit de la coopération Sud-Sud. Mais le représentant a attiré l'attention sur les dangers que recèle le choix d'une aide humanitaire qui soit uniquement décidée en fonction de la couverture médiatique. La très grande inégalité géographique et sectorielle de la distribution de ces fonds limités risque en effet de donner l'impression que, de fait, son attribution découle de choix politiques. Or la sécurité du personnel humanitaire ne sera pas assurée par la signature de conventions de l'ONU, mais par la garantie que l'assistance humanitaire est réellement impartiale et neutre. Il a également insisté sur l'importance des Etats, car des gouvernements faibles ne sont guère à même d'assurer la sécurité et la stabilité à l'intérieur de leurs frontières et au-delà.

Evoquant le débat sur l'ingérence humanitaire, le représentant indien a souligné le danger d'un nouveau clivage Nord-Sud, qui sera toujours interprété de manière politique. L'intervention militaire à fin humanitaire sera interprétée par les uns comme une action humanitaire, comme un crime de guerre par les autres. Ce principe est donc un terrain glissant à la fois parce qu'il est théoriquement sans limite, parce qu'il repose sur la présomption douteuse que tous les problèmes peuvent être résolus par l'extérieur, et parce que les Nations Unies et la communauté internationale n'ont ni les ressources ni les capacités nécessaires pour entreprendre toutes ces interventions.

Le délégué a rappelé l'importance de la lutte contre la pauvreté, soulignant qu'au-delà des accords novateurs avec la Banque mondiale et d'autres institutions, la mise en oeuvre d'un environnement économique plus vivable pour les pays en développement et la réduction du niveau insoutenable de la dette extérieure sont déterminants. Il a également évoqué le soutien de l'Inde à l'objectif d'élimination totale et définitive de toutes les armes nucléaires, au-delà des régimes temporaires de non-prolifération. Enfin, le représentant a rappelé que malgré les bouleversements dûs à la mondialisation, le rôle des gouvernements ne peut être limité à créer un environnement favorable aux investissements internes et étrangers. Les Etats doivent contribuer au développement social, investir dans l'éducation et la santé, s'occuper de l'ordre et de la loi. L'Inde continuera donc à diversifier ses accords avec des Etats partenaires divers et durables qu'elle cherchera à renforcer et non à affaiblir, a conclu le délégué.

M. AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan) a regretté que, comme l'a souligné le Secrétaire général dans son rapport, le troisième millénaire ne s'ouvre pas sur une aire de stabilité, mais que les conflits régionaux, ethniques et la menace de la prolifération nucléaire perdurent. Il a jugé de plus en plus nécessaire le renforcement par les Etats de leurs efforts concertés pour construire un monde multipolaire libre de centres de pouvoirs et de ligne de fraction, de confrontations, d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats. Dans ce cadre, il s'est exprimé en faveur du renforcement des responsabilités et de l'autorité du Conseil du sécurité.

Le représentant kazakh s'est rangé aux vues du Secrétaire général pour prévenir les conflits futurs, grâce notamment au renforcement des organisations régionales, et rappelé que le Kazakhstan continue de soutenir la Conférence sur l'interaction et les mesures renforçant la confiance en Asie, lancée en 1999. Les ministres des affaires étrangères des Etats membres de la Conférence se sont rencontrés le 14 septembre 1999 pour renforcer l'établissement des bases légales pour ce premier système de sécurité collective en Asie. La coopération du groupe des "Cinq de Shanghai", regroupant depuis trois ans le Kazakhstan, la Chine, le Kirghizistan, la Fédération de Russie et le Tadjikistan, joue également un rôle pour les questions de frontières et de réduction des forces militaires dans ces régions, a expliqué le représentant. Il a également appelé, d'une part, à une lutte commune contre le trafic de drogue, le crime organisé transnational, l'extrémisme religieux, le terrorisme et toute autre forme d'activités d'une société anti- civile" et, d'autre part, à une réforme des institutions de Bretton Woods.

Mme DIANA BIVERO (Venezuela) a plaidé en faveur d'efforts concertés pour faire en sorte que les tragédies qu'a connu le monde ne se répètent plus jamais. Partant, elle a défendu la mise au point de stratégies efficaces de prévention des conflits et des situations d'urgence. Les gouvernements ont pour responsabilité de veiller à la bonne gouvernance et au développement humain. La communauté internationale doit pour sa part contribuer à la prévention des conflits et des situations d'urgence par une meilleure pratique de la coopération internationale. La priorité accordée au développement social constitue à cet égard un pas en avant, a estimé la représentante. Un autre domaine où la coopération internationale doit être renforcée est celui de la lutte contre la criminalité internationale et, en particulier, le trafic de drogue.

La représentante a préconisé d'autre part un plus grand recours à la diplomatie préventive pour empêcher les crises humanitaires et des droits de l'homme. A cet égard, elle a expliqué que dans certaines situations, l'absence prolongée d'une solution peut remettre en question la paix internationale. Partant, elle a souhaité que le Secrétaire général prenne toutes les initiatives pour répondre à toutes les situations qui par leur urgence nécessite une réaction rapide. Mais, ce faisant, il faudra respecter la Charte et les principes de la coopération internationale. Prévenir les conflits et leurs conséquences humaines représente le défi le plus complexe pour l'ONU et pour la communauté internationale. Réagir après les faits ne correspond pas aux principes que s'est fixé l'Organisation, a encore dit la représentante. La contribution à la prévention est un devoir des Etats Membres. Dès que sa situation interne le lui permettra, le Venezuela assumera sa responsabilité dans ce domaine, a-t-elle conclu.

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