En cours au Siège de l'ONU

AG/935

DIMENSION CULTURELLE DU VIEILLISSEMENT ET NECESSITE D'ADAPTER LES POLITIQUES AUX CONDITIONS SPECIFIQUES DES PAYS SOULIGNEES A L'ASSEMBLEE

5 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/935


DIMENSION CULTURELLE DU VIEILLISSEMENT ET NECESSITE D'ADAPTER LES POLITIQUES AUX CONDITIONS SPECIFIQUES DES PAYS SOULIGNEES A L'ASSEMBLEE

19991005

Présentation d'un projet de résolution sur la suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées, 1999

La valeur d'une civilisation se mesure à la valeur qu'elle accorde à ses anciens, a déclaré cet après-midi l'Observateur du Saint-Siège, qui comme d'autres intervenants au cours de cette dernière réunion plénière consacrée à la suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées (1999), a plaidé en faveur d'un changement d'attitude à l'égard des personnes âgées, qui éprouvent trop souvent un sentiment de solitude et de marginalisation dans un monde où la productivité domine. Dans la société traditionnelle africaine, la personne âgée vit entourée de l'affection et des soins des siens. La considération dont elle jouit en tant que dépositaire des traditions ancestrales et détentrice de la sagesse explique qu'elle s'intègre tout naturellement dans l'environnement familial où elle reçoit les soins dont elle a besoin, a déclaré, pour sa part, la Ministre des affaires sociales du Cameroun, Mme Marie Madeleine Fouda. Force est donc de constater que la problématique du troisième âge comporte une forte dimension culturelle et se pose en termes différents en fonction des pays, des traditions et des cultures. Dans les pays en développement, le vieillissement de la population, couplé avec les effets négatifs de la mondialisation et avec le fléau largement répandu de la pauvreté, pose des défis complexes en termes de développement économique et social, a fait remarquer pour sa part le représentant du Pakistan.

Pour que les personnes âgées ne soient pas les premières victimes de la désintégration sociale et de la pauvreté, des mesures vigoureuses doivent être prises non seulement aux niveaux national, régional et international, mais des ressources suffisantes doivent être également allouées aux programmes et institutions concernées, et cela en particulier dans les pays en développement où les personnes âgées sont doublement vulnérables, ont fait remarquer plusieurs représentants, dont celui de la Zambie. Evoquant le suivi de l'Année internationale au niveau de l'Amérique latine et des Caraïbes, le représentant de l'Uruguay a expliqué que la Déclaration de Montevideo, adoptée à l'issue du Forum international sur le vieillissement de la population, comprend des recommandations spécifiques concernant la sécurité sociale,

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la protection et la promotion de la santé, le logement et les services communautaires, le vieillissement productif et le dialogue entre les générations. La plupart des délégations ont expliqué les initiatives qui ont été lancées dans leur pays en vue d'adapter les institutions et les structures de la société à une population vieillissante.

Outre la Ministre des affaires sociales du Cameroun, Mme Marie Madeleine Fouda, les représentants des pays suivants ont participé au débat: Antigua-et-Barbuda, Pakistan, Bénin, Panama, Uruguay, Bélarus, Zambie, Grenade, Sri Lanka, et El Salvador. L'Observateur du Saint-Siège a aussi fait une déclaration.

La représentante de la République dominicaine a présenté le projet de résolution intitulé "Suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées : une société pour tous les âges", sur lequel l'Assemblée générale se prononcera à une date ultérieure. Aux termes de ce projet, l'Assemblée générale chargerait la Commission du développement social d'élaborer une stratégie à long terme sur le vieillissement s'inspirant des faits nouveaux intervenus depuis 1982 (date à laquelle s'est tenue l'Assemblée mondiale sur le vieillissement) et des enseignements de l'Année internationale, en vue de l'adoption en 2002 d'un plan d'action révisé et d'une stratégie à long terme sur le vieillissement. L'Assemblée prierait en outre la Commission du développement social d'adopter une recommandation sur l'opportunité et la possibilité pratique d'organiser en 2002 une deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement chargée d'examiner les résultats de la première Assemblée mondiale.

Les quatre séances plénières que l'Assemblée générale a consacrées ces lundi et mardi 4 et 5 octobre à la suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées a été l'occasion pour les délégations de rappeler que le vieillissement de la population mondiale représente un défi urgent et sans précédent qui exige la mise en oeuvre de politiques et de programmes permettant de répondre de façon satisfaisante aux besoins des personnes âgées et de tirer profit de leur potentiel en tant que ressource humaine. La "révolution du vieillissement", selon les termes utilisés par de nombreux intervenants, demandera une reconfiguration fondamentale de l'espace familial, communautaire et national. Pour les pays développés, il s'agira avant tout de faire face aux besoins particuliers des personnes très âgées, de plus en plus nombreuses au sein de leurs populations, et d'adapter les politiques et pratiques actuelles en matière de retraite, les dispositifs prévus pour assurer la sécurité financière des personnes âgées et les régimes de pension. Les pays en développement devront, pour leur part, se concentrer davantage sur le lien entre vieillissement et développement, l'élimination de la pauvreté au sein des populations âgées, le soutien aux familles, les soins de santé et le renforcement des capacités humaines et institutionnelles pour répondre aux besoins des personnes âgées. C'est donc, comme l'a souligné la Vice- Secrétaire générale de l'ONU, Mme Louise Fréchette, en ayant à l'esprit les sociétés vieillissantes que nous devons dorénavant formuler toutes nos politiques, y compris celles qui concernent les autres groupes d'âge.

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De l'avis de plusieurs délégations, l'une des préoccupations fondamentales lors de l'élaboration des politiques sociales doit être de renforcer le respect pour le troisième âge car, ont-elles souligné, la création d'une société pour tous les âges, c'est-à-dire une société qui permet l'épanouissement de chacun au bénéfice de tous, exige un changement radical d'attitude à l'égard des personnes âgées. Il y a, à cet égard, beaucoup à apprendre des sociétés plus traditionnelles où le rôle et la contribution des personnes âgées à la société sont davantage reconnus. L'élimination des stéréotypes et de la discrimination dans la manière dont sont présentées les personnes âgées passe par la sensibilisation du public aux questions liées au vieillissement de la population, mais aussi par leur pleine participation à la prise de décisions qui les concernent, ont relevé de nombreuses délégations. Pour qu'elles constituent une véritable force dynamique dans la société, les personnes âgées doivent, en outre, pouvoir bénéficier d'une formation continue, y compris aux nouvelles technologies, et des opportunités d'emploi sur le marché du travail. A cet égard, l'accent a également été mis sur le fait qu'une vieillesse réussie dépend des choix faits dans la jeunesse. Pendant toute sa vie, l'individu doit veiller à préserver sa santé physique et mentale, conserver ses biens familiaux et sociaux, prendre soin d'épargner et actualiser ses compétences professionnelles si nécessaire, afin d'assurer son bien-être jusqu'à la vieillesse.

Selon la version révisée de 1998, des estimations et projections démographiques de l'ONU, la baisse constante du taux de fécondité et l'augmentation de la durée de vie entraîneront un vieillissement de la population mondiale beaucoup plus rapide qu'auparavant au cours des 50 prochaines années. Il ressort également de ces données statistiques que le nombre des octogénaires, des nonagénaires et des centenaires augmentera dans tous les pays du monde. Deux phénomènes sont caractéristiques de cette catégorie de personnes, à savoir que plus l'âge du groupe considéré est élevé, plus ce groupe croît rapidement et plus la proportion de femmes par rapport aux hommes augmente.

L'Assemblée générale a décidé de célébrer en 1999 l'Année internationale des personnes âgées lorsqu'elle a adopté en 1992 la Proclamation sur le vieillissement, par laquelle elle a engagé la communauté internationale à faciliter la collaboration par-delà les limites sectorielles et nationales, et à encourager les entités de développement, les médias, le secteur privé et les jeunes générations à participer à l'édification d'une société pour tous les âges. En 1982, l'Assemblée générale avait approuvé le Plan d'action international sur le vieillissement, adopté par l'Assemblée mondiale sur le vieillissement à Vienne (26 juillet-6 août 1982). Elle a ensuite adopté en 1991 les Principes des Nations Unies pour les personnes âgées. C'est à partir de ces documents que le Secrétaire général a défini une action théorique et pratique pour l'après 1999.

L'Assemblée générale poursuivra ses travaux demain mercredi 6 octobre à 10 heures. Elle examinera le rapport du Secrétaire général sur les travaux de l'Organisation.

DEVELOPPEMENT SOCIAL, Y COMPRIS LES QUESTIONS RELATIVES A LA SITUATION SOCIALE DANS LE MONDE ET AUX JEUNES, AUX PERSONNES AGEES, AUX HANDICAPES ET A LA FAMILLE: SUITE DONNEE A L'ANNEE INTERNATIONALE DES PERSONNES AGEES

Suite et fin du débat général

M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda) a indiqué que selon le dernier recensement effectué en 1991, 8,2% de la population de son pays a 65 ans ou plus. Dans un contexte de relâchement des structures familiales et communautaires, un bon nombre de personnes âgées vivent ainsi seules sans un soutien financier minimum.

Antigua-et-Barbuda ont marqué le début de la commémoration de l'Année internationale des personnes âgées par une campagne d'information visant à combattre les stéréotypes et les mythes attachés aux personnes âgées. Les personnes âgées ont été impliquées dans toutes les grandes manifestations nationales de l'année 1999. En avril, une consultation nationale a été organisée sur le thème de la participation active des personnes âgées à la société et, plus récemment, lors de la foire sur la santé en octobre, les questions relatives à la nutrition, les maladies, le sida ont notamment été évoquées et examinées. Une étude réalisée en 1991 a révélé que la solitude et la négligence sont les problèmes principaux que rencontrent les personnes âgées quel que soit leur statut social et économique. Ainsi pour prendre ces besoins en considération, le Gouvernement a élaboré, sur la base de la Charte des Caraïbes sur la santé et le vieillissement, un projet de politique visant à fournir des services de santé aux personnes âgées.

Des organisations et autres institutions privées, en collaboration avec l'Etat, sont notamment chargées de verser des traitements aux personnes de plus de 60 ans qui ne bénéficient pas de pensions. Un service d'aide à domicile a été mis en place afin de fournir des services aux personnes les plus vulnérables dans le but de permettre à ces dernières de vivre dans leur maison et au sein de leur communauté le plus longtemps possible.

En tant que petit Etat insulaire en développement, l'une des initiatives les plus importantes prises par Antigua-et-Barbuda a été d'assurer aux personnes âgées la réhabilitation et la reconstruction de leurs domiciles suite aux catastrophes naturelles qui dévastent régulièrement le pays.

M. ALAMGIR BABAR (Pakistan), s'associant à la déclaration du Guyana au nom du Groupe des 77, a rappelé qu'en l'an 2050, la population mondiale de plus de 65 ans passerait de 426 millions de personnes à 1,47 milliard. Le phénomène du vieillissement est particulièrement ressenti dans les pays développés où il est prévu qu'en 2030, environ une personne sur trois aura plus de 60 ans. Pour les pays en développement, le processus de vieillissement devrait se dérouler de façon beaucoup plus rapide.

Cependant, compte tenu de certains événements négatifs, il faut davantage affirmer nos prévisions en matière de vieillissement dans les pays en développement car conjugué avec la misère, le phénomène du vieillissement pourrait avoir des conséquences très profondes sur les efforts des pays en développement en vue de la croissance économique et du développement social, a estimé le représentant.

Avec une population composée à 40% d'adolescents le Pakistan est susceptibles d'être plus fortement touché par ce phénomène. C'est pourquoi dans le cadre de l'Année internationale des personnes âgées, le Pakistan a lancé une importante campagne d'information afin d'éduquer la jeune génération en ce qui concerne les défis et les impacts possibles du vieillissement. Le gouvernement a également pris diverses mesures pour que les personnes âgées continuent de participer à la vie sociale, économique et politique du pays. Le représentant a rappelé les nouveaux régimes de retraites introduits par le gouvernement afin que les personnes âgées et leur famille bénéficient d'une source de revenues sure.

Le représentant a indiqué qu'en raison de l'influence des principes religieux et culturels, les personnes âgées jouissent toujours d'une position particulière au sein des familles et de la société Pakistanaise. Dans cette famille multigénérationnelle qui est plutôt la norme que l'exception au Pakistan, de fructueuses relations entre les différents groupes d'âge offrent une chance unique de participation à tous les membres de la famille, a-t-il précisé. Le représentant a néanmoins dénoncé les pressions de la vie moderne et la rapide urbanisation comme facteurs de désagrégation de cette structure familiale. Enfin, le représentant a examiné l'espoir que de nouvelles expériences seront acquises sur la question des personnes âgées par l'interaction avec d'autres cultures et sociétés de la communauté internationale.

M. JOEL ADECHI (Bénin) a évoqué les problèmes du vieillissement dans son pays où vivre vieux est culturellement considéré comme une grâce divine. Plus que le vieillissement qui n'est que le résultat des progrès scientifiques, ce sont nos choix de développement socio-économique qui, par la paupérisation et l'exclusion qu'ils entraînent, devraient nous interpeller a-t-il indiqué.

Le représentant a expliqué que les personnes âgées non seulement constituent un réservoir d'expérience où la société ne se prive pas de puiser, mais servent aussi d'ultime recours pour apaiser les tensions sociales. Au Bénin où le vieillissement est actif, la majeur partie de la population étant rurale, ce sont les problèmes d'épanouissement des personnes âgées qui sont les plus inquiétant, à cause de la pauvreté, du déchirement du tissu social et des conflits armés qui détruisent le réseau de solidarité tenant lieu d'assurance contre les risques en tout genre. A cet égard la situation des femmes âgées est encore plus préoccupante a-t-il ajouté.

Quant aux politiques mises en place par son gouvernement pour répondre à cette situation, il a fait état de la création d'un ministère de la protection sociale et de la famille destiné à renforcé l'indépendance des personnes âgées, à réaliser une étude sur leur situation, à créer des centres de gériatrie, et à appuyer les projets générateurs de revenus en faveur des personnes âgées. Les mesures permettant de renforcer le système de sécurité communautaire paraissent essentielles afin d'ériger une société pour tous les âges, a-t-il conclu.

M. MARY MORGAN-MOSS (Panama) a expliqué que si la population panaméenne est structurellement jeune (l'âge moyen du panaméen est de 22 ans), connaît également un processus de vieillissement. Son pays a-t-elle poursuivi a pu tirer parti de sa participation aux événements internationaux qui se sont déroulés dans les années 1990-1999 pour définir et mettre en oeuvre des plans, programmes, politiques en faveur des personnes âgées. La célébration de l'Année internationale des personnes âgées a donné lieu à l'organisation de nombreuses activités comme des concours littéraires, des défilés et autres manifestations culturelles. Des campagnes d'information, d'éducation et de communication sur le vieillissement de la population ont également été organisées. Par ailleurs, un décret a été également promulgué qui régira l'aide apportée aux personnes âgées car nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas prendre en compte les conséquences d'une révolution démographique qui affectera l'organisation même de la société.

M. JULIO BENITEZ SAENZ (Uruguay) a déclaré que le vieillissement de la population avait déjà d'importantes conséquences sur les plans économique, social et culturel, en particulier en ce qui concerne la structure du marché du travail, du système de sécurité sociale et de protection médicale. Il a ajouté qu'en retour, de nombreux phénomènes socio-économiques, tels que l'urbanisation, le développement des services, la marginalisation de certains autres secteurs économiques, avaient des conséquences en retour sur les personnes âgées - un double mouvement qui concerne également l'Uruguay, où la population des plus de 65 ans, déjà en augmentation, devrait atteindre 14% des Uruguayens d'ici 2025.

Pour préparer l'année internationale des personnes âgées, l'Uruguay a créé dès 1995 le Programme national de solidarité avec les personnes âgées pour mettre en oeuvre de manière interdisciplinaire ce problème d'un haut intérêt public dans différents secteurs sociaux, a rappelé le délégué. L'objectif reste de permettre une meilleure intégration du troisième âge dans la société, dans les familles et dans la sphère économique. Le représentant de l'Uruguay a relevé que le Forum international sur le vieillissement de la population, convoqué par le Parlement latino-américain et l'Organisation panaméricaine de la santé, avait réuni des représentants de 21 pays d'Amérique latine et des Caraïbes, ainsi que les Etats-Unis, qui ont adopté

la Déclaration de Montevideo. Les cinq points que comporte ce document portent sur la sécurité sociale, la protection et la promotion de la santé, le logement et les services communautaires, le vieillissement productif et le dialogue entre les générations, et la préparation de l'Année internationale.

Au plan sous-régional, l'Institut national de solidarité avec les personnes âgées a organisé en septembre 1998, dans le cadre de la mise en oeuvre des résolutions adoptées en décembre 1997 à Buenos Aires lors de la première Réunion du MERCOSUR sur sa projection sociale, un séminaire d'échanges d'expériences où ont été analysés la protection des personnes âgées, l'éducation hors du système scolaire et l'intégration des différentes générations. Le représentant a conclu qu'il fallait poursuivre le travail sur le juste équilibre entre les exigences des jeunes et les droits des personnes âgées.

M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus) a indiqué que son Gouvernement accordait une grande importance aux activités de l'ONU dans le domaine du vieillissement. Le Bélarus a une population d'environ 10,3 millions d'habitants dont plus de 2 millions sont d'un âge avancé. L'augmentation constante du nombre de personnes âgées exige une amélioration des mécanismes existants et la création de nouveaux mécanismes d'aide aux personnes âgées, a estimé le représentant. Le Bélarus a mis en place une Commission en vue de la préparation de l'Année internationale et élaboré un plan des manifestations principales, prévoyant une participation active et directe de tous les ministères, entreprises, organisations publiques et privées. L'accent a notamment été mis sur la protection sociale et l'aide aux personnes âgées. Parmi les autres initiatives prises dans le cadre de l'Année, le représentant a cité la création de centres visant à apporter une aide aux personnes âgées dans une vaste gamme de domaines. La Chambre des représentants a, par ailleurs, adopté un projet de réforme de la loi sur les anciens combattants. Le Gouvernement a, pour sa part, élaboré un projet de programme d'appui aux anciens combattants. Pour résoudre le problème des pensions, un décret présidentiel a été adopté qui prévoit des mesures complémentaires visant à améliorer la pension des citoyens. Grâce à ce décret, le niveau des pensions d'un tiers des retraités a été augmenté. Parmi les autres activités, le représentant a encore évoqué la création d'un service de gérontologie, l'organisation d'un séminaire sur le thème "Moyens d'information pour un mode de vie sain" et la publication d'un recueil statistique sur les personnes âgées au Bélarus. Des mesures spécifiques ont, en outre été prises, pour résoudre le problème d'embauche des personnes âgées handicapées. Le Bélarus qui partage l'avis du Secrétaire général en ce qui concerne la responsabilité première des Etats dans l'élaboration des politiques en faveur des personnes âgées, continuera à s'efforcer de créer une véritable société pour tous les âges, a conclu le représentant.

Mme MARIE MADELEINE FOUDA, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a estimé que la problématique du troisième âge comporte une forte dimension culturelle et se pose en termes différents en fonction des pays, des traditions et des cultures. En Afrique, les personnes âgées sont considérées comme des sages et les dépositaires des traditions ancestrales desquelles les jeunes générations font l'apprentissage de la vie. Cette place centrale qu'occupent les personnes âgées au sein de la société africaine explique le traitement qui leur est réservé par les autres membres de la famille et du clan, a expliqué la Ministre. La personne âgée vit entourée de l'affection et des soins des siens. Dans la société traditionnelle, la personne âgée s'intègre tout naturellement dans l'environnement familial où elle reçoit les soins dont elle a besoin. On ne conçoit pas, en Afrique, de placer les personnes âgées dans une institution ou une maison de retraite, ce qui est perçu comme une démission de la famille ou de la société. Le pourcentage de personnes âgées au Cameroun est de l'ordre de 6% et s'élèvera à quelque 10% en 2050.

Malgré les traditions, les choses changent cependant. Sous l'effet de l'urbanisation, les logements deviennent exigus et plus couteux. Bon nombre d'enfants ne vivent plus avec leurs parents. Bien que la question du vieillissement ne se pose pas encore avec acuité, le Cameroun a mis en place une politique du vieillissement qui vise à préparer la jeunesse à une vieillesse active. Des mesures ont été prises dans plusieurs domaines en vue d'améliorer le bien-être des personnes âgées. Des services de gériatrie ont été créés. Certains chefs traditionnels ont le statut d'auxiliaire de l'administration publique ou jouent un rôle dans la gestion quotidienne de la vie publique. Un programme d'alphabétisation a été lancé en faveur des personnes âgées. Toutes ces dispositions participent des traditions qui encouragent le maintien de la personne âgée dans son environnement familial, a souligné la Ministre. Elle a encore précisé que son pays abrite quelques structures dont l'objectif est d'accueillir des vieillards abandonnés. Procéder à une synthèse adéquate de la tradition et de la modernité pose un défi réel aux pays en développement qui doivent mener en parallèle un combat contre la pauvreté généralisée. Dans ce contexte, la solidarité internationale devient un impératif majeur, a conclu la représentante. Comme les enfants qui constituent une couche sociale particulièrement vulnérable pour laquelle la communauté internationale a consacré une Convention, il ne serait peut-être pas inutile que l'Assemblée générale de l'ONU examine l'éventualité d'un texte qui régirait les personnes âgées. Il s'agira, non pas d'uniformiser le traitement de cette catégorie de personnes, mais plutôt d'examiner les voies et les moyens de renforcer la solidarité internationale dans la gestion que nos Etats apportent à cette question qui comporte une dimension culturelle dont il convient de tenir compte.

M. PETER KASANDA (Zambie) a déclaré qu'il s'associait pleinement à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine en ce qui concerne les personnes âgées. Cette Année internationale a fourni l'occasion à la Zambie d'évaluer la contribution des personnes âgées à la société. Il a demandé que des mesures soient prises sur les plans national, régional et international pour empêcher que les personnes âgées ne soient victimes de la désintégration sociale et de la pauvreté, et que leur sagesse qui a façonné à la fois le passé et qui contribue à structurer l'avenir, ne soit pas perdue pour le développement humain et économique.

Le délégué a demandé que pour parvenir à un traitement égal des pays développés et en développement, des ressources suffisantes soient allouées pour les programmes et les institutions en faveurs des personnes âgées. Parmi les projets mis en oeuvre par la Zambie lors de l'Année internationale, il a cité la réhabilitation des résidences pour personnes âgées avec des ressources financières dépendant du Gouvernement et des ONG, ainsi que la remise de récompenses à des individus méritants lors d'une cérémonie à la maison de l'Etat à Lusaka. Il a cependant appelé l'ONU a conserver la nécessaire coordination pour l'application complète de la déclaration et du programme en faveur des personnes âgées.

M. LAMUEL STANISLAUS (Grenade) a rappelé les étapes vers la célébration de l'Année internationale des personnes âgées, et les grands principes adoptés par l'Assemblé générale le 16 décembre 1997. Ces principes d'indépendance des personnes âgées, de participation à la société et d'échanges intergénérationnels, de prise en charge et de soin, d'épanouissement et de dignité, ont été adoptés par un grand nombre d'Etats dans leurs programmes nationaux. Il a précisé que son pays, ayant de maigres ressources financières, n'avait pu que récemment augmenter les pensions mensuelles des personnes âgées.

Il a cité M. Kofi Annan selon qui une société pour tous les âges est une société qui ne stigmatise pas les personnes âgées comme des assistés, mais les perçoit comme des acteurs et des bénéficiaires du développement. Cette attitude contraste avec les croyances du début du siècle où les personnes âgées, sans famille, sans emploi, sans divertissement, sans protection sociale devaient se battre seules à un moment qui aurait dû être leur age d'or, a-t-il indiqué. Il a conclu en déclarant que l'âge représentait à la fois une opportunité de partager connaissance et expérience, et un moment de solitude et de manque de compagnie.

M. JOHN DE SARAM (Sri Lanka) a déclaré que le traitement des personnes âgées devrait être aimable et constructif. Le Sri Lanka a préparé un plan d'action pour les personnes âgées ayant pour objectifs la sensibilisation du public aux problèmes du vieillissement, la création d'une carte d'identité pour personnes du troisième age, l'amélioration des institutions de santé,

l'éducation, l'introduction d'un plan de sécurité sociale pour ceux qui n'ont pas de pension, l'organisation de services à domicile et d'autre aides aux retraités. Un comité national a aussi été mis en place pour promouvoir le bien-être des personnes âgées, et le Sri Lanka a relancé les activités déjà développées en 1991.

Pour le Gouvernement du Sri Lanka, l'objectif à atteindre est de fournir les conditions adéquates pour l'épanouissement des personnes âgées, a-t-il conclu.

M. CARLOS ENRIQUE GARCIA GONZALEZ (El Salvador) a rappelé que les population de l'Amérique latine et des Caraïbes connaissent un processus de vieillissement qui doit être traité de façon appropriée. A cet égard, a-t-il précisé, il faut être conscient de ce que les conditions de vie de la partie la plus âgée de la population ne sont pas des plus favorables. C'est dans cet esprit que fut crée en 1989 le Secrétariat national à la famille. Il s'agissait alors pour le Gouvernement d'El Salvador d'apporter une réponse institutionnelle à la situation défavorable de groupes vulnérables de la société, particulièrement les personnes du troisième âge. Une série d'instruments et de directives nationaux, inspirés entre autres de la Déclaration universelle des droits de l'homme, ont été adoptés, qui reconnaissent la dignité et l'égalité en droit de tous les membres de la famille humaine. Le représentant a expliqué que son Gouvernement a défini une politique nationale en faveur des personnes du troisième âge en se fondant sur différents instruments internationaux. Cette politique, a-t-il précisé, a pour but de promouvoir l'autonomie des personnes âgées et d'assurer leur pleine participation à la vie économique et sociale du pays.

Le représentant a souligné le fait que son Gouvernement accorde une importance particulière au dialogue entre les générations, en développant les associations entre jeunes et personnes du troisième âge. Il a également insisté sur la création dans les hôpitaux d'unités de gériatrie disposant d'un personnel spécialisé. Il a affirmé que la célébration de l'Année internationale des personnes âgées a été l'occasion pour son pays de jeter les bases du développement ultérieur, de la révision et de l'actualisation de sa politique dans ce domaine.

Mgr RENATO R. MARTINO (Observateur permanent du Saint-Siège) a fait remarquer que la difficulté principale que rencontrent les personnes âgées est d'ordre financier du fait de la réduction de leurs revenus et un grand pourcentage de cette population vit proche du seuil de la pauvreté. Dans un monde tourné vers la productivité, les personnes âgées sont souvent considérées comme un poids pour la société, en particulier dans les zones urbaines où ils éprouvent comme un sentiment d'inutilité.

L'intérêt que porte le Saint Siège aux personnes âgées se manifeste dans le travail fourni par l'Eglise dans les 12 000 maisons de retraite qu'elle entretient à travers le monde, les travaux de recherche en gérontologie qu'elle conduit et la création d'unités de soins palliatifs dans les hôpitaux catholiques. Le document, distribué en mars aux représentations permanentes auprès des Nations Unies, réaffirme "l'importance première de reconnaître et d'encourager les valeurs intrinsèques des personnes de tous les âges. A ce sujet, il a rappelé la déclaration du Saint Père le 25 juillet 1999: "Par leur présence, les personnes âgées rappellent à tous et spécialement aux jeunes, que la vie sur cette Terre est une "parabole" avec son propre début et sa propre fin. Pour trouver son accomplissement, la vie doit être fondée sur des valeurs qui ne soient ni éphémères ni superficielles mais, solides et profondes. "Ce que l'on appelle le "troisième âge" est une valeur en soi par le seul fait que la vie se prolonge et que la vie est un cadeau de Dieu".

Présentation d'un projet de résolution

Aux termes du projet de résolution (A/54/L.6) intitulé "Suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées: une société pour tous les âges", l'Assemblée générale demanderait que soient recueillies des données et des statistiques démographiques ventilées par sexe et par âge sur tous les aspects du vieillissement de la population. Elle demanderait au Conseil économique et social et à tous ses organes subsidiaires compétents, en particulier à la Commission du développement social, ainsi qu'au Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour le développement et aux organes directeurs des institutions spécialisées et des organisations intergouvernementales intéressées d'étudier de façon approfondie la question du vieillissement. Elle déciderait de confier à la Commission du développement social le projet d'une révision du Plan d'action international sur le vieillissement et de la charger d'élaborer une stratégie à long terme sur le vieillissement s'inspirant des faits nouveaux intervenus depuis 1982 et des enseignements de l'Année internationale des personnes âgées, 1999, en vue de l'adoption en 2002 d'un plan d'action révisé et d'une stratégie à long terme sur le vieillissement. Elle prierait le Secrétaire général d'élaborer un projet de plan d'action révisé devant être présenté à la Commission du développement social en 2001 et elle prierait en outre la Commission de développement social d'adopter, à sa trente-huitième session, une recommandation sur l'opportunité et la possibilité pratique d'organiser en 2002 une deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement chargée d'examiner le résultats de la première Assemblée mondiale et d'envisager une stratégie à long terme sur le vieillissement dans le contexte d'une société de tous les âges.

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