En cours au Siège de l'ONU

AG/931

LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE PLAIDE POUR UNE RECHERCHE ACTIVE DE SOLUTIONS AUX NOMBREUX PROBLEMES SOULEVES AU COURS DU DEBAT GENERAL

2 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/931


LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE PLAIDE POUR UNE RECHERCHE ACTIVE DE SOLUTIONS AUX NOMBREUX PROBLEMES SOULEVES AU COURS DU DEBAT GENERAL

19991002

Maintien de la paix et de la sécurité, développement durable et réforme de l'ONU reconnus comme priorités pour le siècle prochain

L'Assemblée générale a achevé, cet après-midi, son dernier débat général avant l'an 2000. Ouvert le 20 septembre, sous la présidence de M. Théo-Ben Gurirab, Ministre des affaires étrangères de la Namibie et en présence du Secrétaire général, M. Kofi Annan, il a permis à plus de 180 délégations venues des cinq continents de s'exprimer sur les grandes questions qui préoccupent aujourd'hui l'humanité tout entière.

Il est maintenant du ressort de l'Assemblée générale de trouver les réponses aux questions soulevées lors de ce débat général, a déclaré M. Gurirab, après avoir fait le point des thèmes abordés le plus largement par les dirigeants du monde. Le Président de l'Assemblée générale a estimé qu'un certain nombre de consensus se sont manifestés à cette occasion, notamment sur la nécessité de créer un monde de paix et de sécurité, d'assurer le développement de l'humanité tout entière, notamment en éliminant la pauvreté, présentée comme la principale cause de la majorité des problèmes de la planète, au premier rang desquels les conflits armés.

Dans ce contexte, le système multilatéral, dont les Nations Unies sont la figure de proue, doit être renforcé. M. Gurirab a estimé que les questions de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité et du renforcement de son efficacité ont recueilli un large consensus, ajoutant que beaucoup en ont même fait la condition préalable à la survie de l'Organisation au XXIème siècle. Les conflits et leur nature dévastatrice ayant été abordés par tous les intervenants, il a aussi estimé que la question mérite des discussions plus approfondies au sein de l'Assemblée générale et en particulier en ce qui concerne la notion d'ingérence humanitaire. Enfin et à la lumière des interventions faites durant ce débat général, M. Gurirab a prédit que la question du système financier international constituera l'un des thèmes saillants de l'Assemblée du Millénaire.

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Ont participé à cette ultime séance: le Vice-Premier Ministre du Swaziland, le Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, le Ministre des affaires étrangères par intérim de l'Afghanistan, le Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova, le Ministre des affaires étrangères des Comores, le Ministre des relations extérieures du Cameroun, le Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Rwanda, le Premier Vice-Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, le Ministre des affaires étrangères du Libéria et le Ministre des affaires étrangères des Maldives.

Les représentants du Nigéria, de la République démocratique du Congo, de la République-unie de Tanzanie, Cameroun, Rwanda et Burundi ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale se réunira lundi 4 octobre à 10 heures sur le thème "Développement social, y compris les questions relatives à la situation sociale dans le monde et aux jeunes, aux personnes âgées, aux handicapés et à la famille: suite donnée à l'Année internationale des personnes âgées".

Reflets du débat général de la 54ème session

En ce dernier débat général du millénaire, qui a rassemblé quelque 36 chefs d'Etat,1 Vice-Président, 1 Prince héritier, 19 Premiers Ministres, 121 Ministres et 2 chefs de délégation et 1 Observateur, ce sont les questions du maintien de la paix et de la sécurité internationales, du développement durable et de la capacité de l'ONU de s'adapter pour relever les défis de l'avenir, dans les domaines de la sécurité, des droits de l'homme ou de l'économie, qui ont marqué l'ensemble des interventions.

Les orateurs ont, en effet, largement évoqué l'actualité internationale dominée par les questions du Timor oriental, du Kosovo, et de plusieurs conflits en Afrique, dont celui qui ravage la région des Grands Lacs, et dans l'Asie centrale. Pour le Président du Portugal, les événements des dernières semaines au Timor oriental forcent la communauté internationale à réfléchir sur la responsabilité des Nations Unies dans la construction d'une société internationale plus juste et plus humaine. Le Ministre des affaires étrangères de l'Australie a, pour sa part, dressé un bilan positif de l'intervention de la Force internationale au Timor oriental, ce qui laisse espérer très prochainement l'installation d'une administration provisoire de l'ONU. L'Indonésie, par la voix de son Ministre des affaires étrangères, a donné des assurances à l'Assemblée qu'elle veillera à ce que la séparation du Timor oriental se fasse de façon honorable, pacifique et amicale, dans le respect des nouvelles aspirations du peuple timorais. Si en ce qui concerne la situation dans les Balkans, la crise au Kosovo a été bien évidemment à l'ordre du jour, les intervenants ont néanmoins insisté sur le fait que c'est pour la République fédérale de Yougoslavie tout entière, qu'il fallait continuer à oeuvrer afin de promouvoir la démocratisation, les réformes politiques et le respect des droits de l'homme et des minorités. Toujours dans le domaine du maintien de la paix, l'annonce faite par le Vice- Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d'Israël de l'intention de son Gouvernement de parvenir d'ici février 2000 à un accord-cadre sur le règlement permanent du conflit isarélo- palestinien a suscité un certain optimisme. Cependant certaines voix se sont élevées pour rappeler qu'une paix juste et durable devra être fondée sur le principe "de la terre pour la paix" et inclure le retrait d'Israël de tous les territoires occupés. La promesse faite par le Président de la Guinée-Bissau d'organiser les élections législatives et présidentielles dans son pays à la date prévue, soit le 28 novembre prochain, a également reçu un accueil positif.

Même si la méfiance envers l'Organisation et notamment son Conseil de sécurité ne cesse de grandir, l'existence et la pertinence de l'Organisation n'ont à aucun moment été remis en cause, car, de même que le Ministre des affaires étrangères allemand, les participants au débat général ont reconnu qu'il n'y a aucune alternative aux objectifs et aux valeurs que prône l'Organisation.

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Il n'empêche que le sentiment est de plus en plus grand qu'une politique de deux poids et deux mesures est la règle depuis quelque temps au sein de l'ONU, alors que la Charte pose sans équivoque aucune le principe de l'égalité souveraine de tous ses membres. Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo ne s'en est pas caché qui a déploré le manque de volonté de l'Organisation à régler le conflit dont son pays est victime. Ce fut aussi le cas du Président de la Géorgie, dénonçant l'inaction de la communauté internationale face à l'épuration ethnique menée par les séparatistes abkhazes dans son pays. Ces constatations ont amené un grand nombre d'orateurs à demander une accélération des réformes de l'Organisation, en particulier l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité. C'est ainsi que le Ministre des affaires étrangères japonais a plaidé pour qu'un siège permanent au Conseil soit attribué à son pays, car s'est- il interrogé : quelle serait l'équité d'un système qui attend du Japon qu'il continue de s'acquitter d'une quote-part supérieure aux contributions réunies de 4 des 5 membres permanents du Conseil? Au-delà de la représentativité géographique, c'est la capacité de réaction du Conseil qu'il faut améliorer. Plusieurs orateurs ont en effet déploré les atermoiements du Conseil, qui se révèle parfois otage du droit de veto. Pour eux, les intérêts nationaux des 5 membres permanents ne sauraient prendre le pas sur la volonté de la majorité des autres membres, et pour remédier à cette situation l'élargissement des pouvoirs de l'Assemblée générale a même été proposé. Une critique à laquelle le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie a répondu que le droit de veto demeurait indispensable.

Le Premier Ministre de la France a, pour sa part, estimé que l'ONU devrait encourager dans chaque partie du monde, les groupements d'Etats capables de traiter en première instance les crises qui surviennent. Un partage des tâches à la fois plus effectif et plus réaliste entre les organisations régionales et le Conseil de sécurité, sans pour autant affaiblir ce dernier, est apparu pour une majorité des intervenants comme l'un des moyens d'améliorer les opérations de maintien de la paix et de la sécurité internationales au prochain millénaire. Le Ministre des affaires étrangères égyptien et le nouveau Président du Nigéria ont, à cet égard, fait remarquer que l'Afrique mettait d'ores et déjà en oeuvre une politique africaine résolue de règlement des conflits par la voie du dialogue, de la réconciliation nationale et de la conciliation entre pays voisins. Ce vaste processus de réforme exige également une reformulation du principe de non- ingérence, qui en l'état actuel, laisse la porte ouverte, selon notamment le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, à des abus de pouvoir par certains Etats à l'égard de leurs citoyens. Des voix discordantes se sont fait néanmoins entendre sur ce point, notamment celle du Ministre des affaires étrangères de la Chine, pour qui il n'est pas question d'accepter la confrontation et l'ingérence dans les affaires intérieures d'un pays au nom des droits de l'homme ou de ce qu'il est convenu d'appeler aujourd'hui une ingérence humanitaire.

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Si le désarmement et l'élimination totale des armes de destruction massive restent des objectifs dont la réalisation est appelée de tous les voeux, la réduction et le contrôle du trafic des armes légères et de petit calibre, qui alimentent les violences même une fois les conflits officiellement terminés, sont apparus comme deux tâches essentielles à entreprendre d'urgence par les Nations Unies afin de venir à bout des guerres intestines qui prennent pour cible les populations civiles. Le débat général a révélé surtout combien le commerce illicite d'armes, financé la plupart du temps par des fonds provenant du trafic des drogues et du pillage des ressources naturelles et minérales des pays en conflit, est dangereux pour le bien-être des populations et les structures socioéconomiques des pays et constitue une des raisons pour lesquelles certains conflits s'éternisent.

Mais en fin de compte, c'est dans le domaine de l'élimination de la pauvreté et du développement durable que des efforts accrus sont demandés à l'ONU. Tout succès dans cette entreprise passe nécessairement par le renforcement des capacités nationales, tant aux niveaux des institutions que des structures économiques, éducatives et sanitaires, mais également par un véritablement transfert de technologie afin de combler le fossé qui s'approfondit dans ce domaine entre pays riches et pays pauvres. Il passe également par un arrêt et le renversement de la détérioration des termes de l'échange et de l'APD, la facilitation de l'accès aux marchés mondiaux, l'augmentation des flux de capitaux étrangers. L'ONU doit s'employer à aider les pays en développement à participer au nouvel ordre économique mondial qui devra être fondé sur la concentration, la coopération et la solidarité. A ce titre, et bien que largement exposés lors de la 22ème session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation d'ensemble de l'application du Programme d'action de la Barbade sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement, les effets pervers de la mondialisation sur les pays les moins favorisés et la nécessité d'y remédier ont été régulièrement évoqués. Pour le Président algérien, par exemple, "à la logique de puissance et de confrontation qui a marqué le XXème siècle doit se substituer une logique de solidarité, c'est- à-dire d'humanisme dans le cadre de relations internationales fondées sur l'échange équitable et la propriété partagée". Nombreux ont ainsi été les intervenants à plaider en faveur de relations économiques et commerciales à visage humain, et d'un partage équitable des fruits du processus de mondialisation entre tous, pays du Sud et pays du Nord, pays pauvres et pays riches. Le Président des Etats-Unis, estimant lui aussi que l'on ne saurait accepter un avenir où une partie de l'humanité profite d'une nouvelle économie alors que l'autre est contrainte à la survie, a proposé de mener dans le cadre du nouveau cycle de négociations commerciales à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) des négociations qui viseraient plus particulièrement à l'établissement d'un système commercial renforçant le bien-être des travailleurs et des consommateurs, protégeant l'environnement et faisant de la concurrence une course vers le sommet.

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Faisant écho au Président des Etats-Unis, le Président du Suriname a estimé que la communauté internationale a l'obligation morale de garantir l'octroi d'un traitement spécial et différencié aux Etats en développement les plus vulnérables. Toutefois, et comme a notamment mis en garde le Président du Zimbabwe, la condition préalable à une entrée réussie des pays du Sud dans la mondialisation est l'allégement significatif de la dette qui pèse sur eux. A cet égard, nombreux ont été les représentants des pays les moins avancés à se féliciter de la récente initiative du G7 demandant à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international d'élargir le groupe des pays pauvres les plus lourdement endettés (HIPC). Certains ont appelé les pays développés et les institutions financières internationales à aller encore plus loin et à annuler la dette des pays en développement les plus endettés. Cependant les orateurs sont convenus que les efforts ne doivent pas être à sens unique et que chaque nation, riche ou pauvre, a en définitive la responsabilité première de son avenir et de son développement. D'ailleurs, selon le Président du Nigéria, de nombreux pays seraient en mesure de rembourser une grande partie de leur dette s'ils pouvaient récupérer une partie des capitaux et des richesses transférés illégalement vers l'étranger par les régimes corrompus et les dictateurs. Partant de ce constat et soulignant ainsi les liens indissociables avec la société civile et le secteur privé, il a proposé d'élaborer une convention internationale pour le rapatriement vers l'Afrique et le monde en développement de tous les capitaux transférés illégalement hors de ces pays. Une telle convention ferait, entre autres, obligation aux banques d'indiquer la sources de ces transferts et de les rapatrier dans leur pays d'origine.

Suite du débat général

M. ARTHUR R.V. KHOZA, Vice-Premier Ministre du Swaziland: alors que nous entrons dans le nouveau millénaire la menace de la prolifération des armes pèse toujours sur la paix et les relations internationales. Nous appelons la Conférence sur le désarmement à mettre en oeuvre la proposition du Mouvement des non-alignés d'établir un comité spécial afin d'entamer des négociations en vue d'un programme pour l'élimination complète des armes nucléaires dans un délai prévisible. Nous exhortons également les Etats dotés d'armes nucléaires à respecter à la lettre l'esprit de tous les instruments internationaux relatifs à la non-prolifération de ces armes. Si depuis la fin de la guerre froide le risque d'un conflit mondial a diminué, on observe néanmoins une augmentation parallèle des conflits frontaliers nés, notamment, de confrontations éthniques et religieuses. Il conviendrait que les Nations Unies s'attachent principalement à la résolution de ce type de conflits en mettant en place un mécanisme efficace de diplomatie préventive. Sur le continent africain certains progrès ont été enregistrés et nous espérons sincèrement que la récente signature du cessez-le-feu par les parties au conflit en République démocratique du Congo mènera à une solution durable.

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Ces récents succès sont porteurs d'espoir pour tous les pays membres de la SADEC car ils résultent des efforts de ses Etats membres. En revanche, la situation qui se détériore en Angola requiert de la part des Nations Unies et de la communauté internationale une attention urgente visant à appuyer les efforts de la SADEC et à engager l'UNITA à respecter les Accords de Lusaka.

Les défis complexes du monde d'aujourd'hui demandent une réforme des Nations Unies afin que l'Organisation conserve sa crédibilité et puisse intervenir efficacement dans la résolution des conflits. Pour ce faire, il convient d'instaurer une représentation équilibrée et la transparence dans tous les organes des Nations Unies. En ce qui concerne la réforme nécessaire du Conseil de sécurité pour tenir compte de l'évolution de la situation mondiale, nous approuvons la position de l'Afrique qui demande deux sièges permanents pour l'Afrique, partagés par rotation, et trois sièges non permanents, ainsi qu'une réforme du droit de veto. Nous sommes préoccupés du peu de progrès accomplis par le Groupe de travail à composition non limitée dans ce domaine. D'autre part, en préparation de l'Assemblée du millénaire, nous soutenons le thème proposé par le Secrétaire général afin que la priorité soit accordée à la paix et à la sécurité ainsi qu'au développement durable et à l'éradication de la pauvreté. La future stabilité dépend de la capacité des gouvernements d'accélérer le développement économique, de fournir des emplois pour tous et un égal accès aux services sociaux de base.

Dans ce le contexte du nouvel ordre mondial qui se met en place, le continent africain est confronté à de multiples problèmes alors même que les pays africains sont engagés dans de douloureuses réformes d'ajustement structurel. La mondialisation et la libéralisation de l'économie ont eu des effets dévastateurs sur nos pays qui voient leur souveraineté nationale entamée par le pouvoir des multinationales. Il importe que cette mondialisation inéluctable prenne un visage plus humain. Pour notre part, au Swaziland, nous poursuivons les réformes de nos institutions politiques, économiques et sociales. Nous avons lancé cette année une stratégie de développement national qui s'accompagne d'un plan d'action sur vingt-cinq ans. Cette stratégie de développement national devrait maintenant servir de cadre prioritaire pour les institutions de développement des Nations Unies et nous espérons qu'elle sera également acceptée par les institutions financières. En ce qui concerne la réforme de notre Constitution dont nous rendons compte chaque année à l'Assemblée générale, nous pouvons maintenant annoncer que ses résultats seront soumis à notre peuple cette année. Cela étant, malgré notre stratégie nationale et nos bonnes intentions, l'épidémie du VIH/sida met notre population en grave danger. Le Swaziland connaît l'un des taux d'infection les plus forts du monde et nos hôpitaux et cliniques ont atteints la limite de leur capacité.

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Préoccupés de mettre en place des campagnes de prévention et d'informer notre population, nous avons un besoin urgent du soutien de la communauté internationale afin de pouvoir inverser cette tendance. Nous en appelons donc aux Nations Unies afin qu'elles coordonnent une réponse internationale à cette crise dont dépend l'avenir de notre pays et celui de nombreux autres.

M. RALPH MARAJ, Ministre des affaires étrangères de Trinité- et-Tobago: l'image du monde actuel prouve que notre siècle a connu de nombreux échecs. La planification centralisée du communisme a été dévastatrice, privant les êtres d'initiatives et de libertés. Nous nous trouvons actuellement dans une ère de marché marqué par la déréglementation et l'ouverture des frontières et nous nous posons toujours la même question: quels résultats avons-nous atteints? En cette fin de siècle, 1,3 milliard de personnes vivent dans la pauvreté, gagnant moins de 1 dollar américain par jour. Fait plus tragique encore, 70% des pauvres dans le monde sont des femmes. Il est ironique de constater par ailleurs que dans l'ère de l'information annoncée à grand renfort de publicité, on estime à 75 millions le nombre de personnes illettrées, dont une bonne partie vivant également dans le monde développé. L'un des exemples les plus frappants de l'inégalité en cette fin de siècle est marqué par le fait que les richesses des trois pays les plus aisés sont plus importantes que la somme des produits nationaux bruts (PNB) des pays les moins avancés. Par ailleurs une contribution égale à 1% de la richesse des deux cent personnes les plus riches au monde pourrait assurer l'accès de tous à l'enseignement primaire.

Nous avons été témoins de l'élaboration de plusieurs instruments internationaux qui traduisent les engagements de la communauté internationale dans le domaine des droit de l'homme mais nous ne devons pas nous contenter que des textes, nous devons à présent passer à l'action concrète et les appliquer. Notre devoir pour ce nouveau siècle est de sauver le monde de l'autodestruction, et dans cette tâche, quel type d'arrangement économique garantira notre salut? On ne peut pas admettre qu'un nombre restreint de pays soient assis à la table du festin, ne laissant que des miettes pour la majorité des autres. Notre ère de la mondialisation offre d'excellentes occasions pour mettre en place des structures nouvelles et novatrices qui permettront la sécurité économique, sociale et culturelle de l'individu.

Lors de la réunion de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, il doit être reconnu que bon nombre de mesures qui auraient dû être mises en place dans le système mondial du commerce, et qui avaient été prévues par le cycle de l'Uruguay, n'ont pas été réalisées. Il importe donc que les engagements pris soient honorés. Dans ce processus, il doit également être reconnu qu'une catégorie spéciale de pays doit affronter une situation particulièrement désavantagée qui résulte des actions politiques de la communauté internationale il s'agit des petits Etat insulaires vulnérables, au nombre desquels les pays de la région des Caraïbes sont fortement représentés.

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Pour ces pays, il faut à tout prix maintenir les dispositions prévoyant un traitement spécial et différentiel dans les Accords de l'Organisation mondiale du commerce. La Banque mondiale et le FMI doivent appliquer un ensemble plus large de critères que celui du revenu par habitant pour leur examen de l'assistance financière et de développement. Trinité-et-Tobago s'est engagée à travailler de concert avec les autres pays du monde au sein des Nations Unies afin d'aider à façonner une civilisation mondiale, qui, en dernière analyse, sera son propre salut. Les Nations Unies demeurent la seule organisation au sein de laquelle chaque individu est représenté, chaque voix entendue et chaque opinion ou idée prise en compte.

M. ABDULLAH ABDULLAH, Ministre des affaires étrangères par intérim de l'Afghanistan: alors que nous nous apprêtons à entrer dans un nouveau siècle, la question de la survie de l'ONU en tant qu'institution universelle efficace mérite d'être posée. En effet, les crises se multipliant à travers le monde, nous devons répondre à d'importantes questions. Pourquoi les menaces contre la paix et la sécurité internationales sont-elles définies d'une manière à la fois différente et sélective selon l'endroit où elles se développent? Pourquoi les Etats qui violent la Charte et le droit international, y compris le principe de non- ingérence, ainsi que les individus qui procèdent à des nettoyages ethniques et au génocide, ne sont-ils pas traduits en justice? Pourquoi la lutte contre le trafic des drogues et le terrorisme demeure-t-elle peu évidente? Les Nations Unies ne peuvent pas se féliciter à l'approche du nouveau millénaire tant qu'elles n'ont pas réglé de manière satisfaisante les questions inscrites à son ordre du jour et qui demeurent en suspens. L'un des points toujours loin d'être résolu de cet ordre du jour est l'hégémonie pakistanaise et sa collusion avec les Taliban dans notre région. L'occupation pakistano-talibane de l'Afghanistan constitue une claire violation des principes fondamentaux du droit international, et plus particulièrement du caractère inadmissible du recours à la force pour s'approprier des territoires. Des crimes contre l'humanité, et autres crimes de guerre, tels que la déportation massive et forcée et la politique de la terre brûlée, continuent d'être commis par les Taliban et ce même après la réunion à Tachkent du Groupe des "6 plus 2". Plus de 50% de la population afghane est désormais virtuellement placée en état d'arrestation et en résidence surveillée et l'ensemble de la population est, quant à elle, terrorisée par les Taliban. La responsabilité de ces troubles, souvent évoquée mais toujours non résolue, incombe aux dirigeants du Pakistan. Ce pays continue d'ailleurs à se livrer en Asie du Sud à un chantage aux armes conventionnelles et nucléaires. C'est la stratégie de subordination de l'Afghanistan au Pakistan, par le biais des Taliban qui continue jusqu'à ce jour de faire échouer le processus de paix car le Pakistan demeure fermement opposé à la formation d'un gouvernement pleinement représentatif et multiethnique en Afghanistan.

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Pour donner effet à cette ambition, des milliers de personnels militaires, paramilitaires et de "volontaires" issus des écoles religieuses du Pakistan ont été formés et disséminés sur le territoire afghan afin de mener une soi-disant "guerre sainte". Les propos de l'Envoyé spécial du Secrétaire général en Afghanistan, M. Brahimi, constituent à cet égard un témoignage indubitable.

Face à cette intervention militaire massive des Pakistanais et des Taliban, en violation caractérisée de la Charte des Nations Unies, du droit international et du droit international humanitaire, il est réconfortant de voir que les Nations Unies, longtemps sceptiques, semblent prendre la mesure pour la première fois, de la réalité amère du rôle du Pakistan et de l'objectif des Taliban en Afghanistan. Malheureusement, et en dépit de cette prise de conscience, le martyr du peuple afghan se poursuit et la question demeure non résolue. Une telle situation pose précisément la question de la survie de l'Organisation. Les violations de la Charte et de nombreuses résolutions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale par le Pakistan sont pourtant patentes et le Conseil de sécurité se doit de condamner et de combattre l'agression pakistanaise et le terrorisme d'Etat qui menacent la paix et la sécurité de la région et empêchent son développement. La République islamique d'Afghanistan attend du Conseil qu'il examine la possibilité d'imposer des sanctions aux Taliban et à leurs mentors pakistanais, conformément aux responsabilités que la Charte lui confère. Les Nations Unies doivent aussi faire mission de bons offices pour convaincre les dirigeants du Pakistan de renoncer à leur politique d'intervention. Un premier pas vers cet objectif serait le retrait de tous les ressortissants pakistanais armés présents sur le territoire afghan. Ce n'est que grâce à une telle pression que les Taliban reprendront les négociations de paix. Pour sa part, la République islamique d'Afghanistan soutient pleinement la Déclaration de Tachkent du 19 juillet dernier faite par le Groupe des "6 plus 2". Elle espère que son contenu sera totalement appliqué. Soucieuse de parvenir à un règlement pacifique du conflit, elle souhaite sincèrement qu'un gouvernement pleinement représentatif et multiethnique soit mis en place an Afghanistan. Membre en difficulté de cette famille universelle qu'est l'ONU, l'Afghanistan attend de la communauté internationale qu'elle déploie un effort collectif pour parvenir à la résolution de son problème.

M. NICOLAE TABACARU, Ministre des affaires étrangères de la République de Moldova: comme petit pays, nous fondons notre sécurité et notre existence sur les Nations Unies. C'est dans cette perspective que nous évaluons les réformes des Nations Unies lancées par le Secrétaire général dont l'objectif est, d'après ce que nous voyons, une adaptation rationnelle des mécanismes des Nations Unies aux besoins actuels et futurs.

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Je vois déjà des résultats encourageants qu'à produits la politique "un Etat-une ONU" en République de Moldova. De ce point de vue, nous pensons que l'intégration de la représentation des Nations Unies aux niveaux des Etats entraînera des améliorations substantielles et une plus grande cohérence dans les relations entre le système de l'ONU et les pays hôtes.

En tant que membre fondateur de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire et en tant que pays qui prendra la présidence de cette organisation à la fin du mois, la République de Moldova se félicite de la décision récente du Comité général d'inscrire à l'ordre du jour de la cinquante- quatrième session de l'Assemblée générale un point concernant l'acquisition du statut d'observateur pour cette organisation.

Nous sommes pleinement conscients de ce que les Nations Unies, de part leur rôle exceptionnel à traiter des affaires mondiales, sont confrontées à un nombre croissant de nouvelles menaces pour la sécurité et la stabilité internationales. Il est également clair qu'au court des dernières années, les Nations Unies ont pratiquement épuisé leurs moyens de répondre au nombre croissant de demandes d'opérations de maintien de la paix. Nous soutenons et encourageons donc la tendance à inclure les organisations et les arrangements régionaux, en coopération avec les Nations Unies, pour tenter de résoudre ces conflits. Une des conclusions principales qui puisse être tirée des conflits tels que le Kosovo ou la Bosnie est qu'aucune organisation ou Etat n'est en mesure de résoudre tout seul des conflits d'une telle complexité et d'un telle dimension.

Depuis 1992, lorsque la majorité des républiques ex- soviétiques est devenue membre des Nations Unies, jusqu'à nos jours, des douzaines d'interventions concernant des conflits dans ces Etats, dont la Moldova, ont été présentées à cette auguste Assemblée. Une des principales conclusions de ces déclarations est que, sans une intervention plus active de la communauté internationale dans ces conflits, ils demeurent "gelés". Nous pensons qu'il est temps d'accorder plus d'attention à la question de savoir comment il serait possible d'identifier et de gérer les causes profondes de ces conflits. Les problèmes de la région orientale de la République de Moldova ont été régulièrement évoqués à cette tribune par les représentants de mon pays. Malgré les compromis raisonnables faits par les autorités constitutionnelles, les tendances séparatistes persistent. Quelques documents élaborés avec la participation active de l'OSCE et d'autres médiateurs, et signés par toutes les parties, sont interprétés de manière unilatérale et contraire à leur sens profond par les dirigeants de Transdniestrie. De plus, ils tentent d'imposer des concepts non existants dans le droit et la pratique internationale, et qui sont contraires au principe de l'intégrité territoriale. Je me réfère ici au soi-disant concept d'"Etat commun", qui est très souvent invoqué dans des discussions où sont déterminées les relations entre autorités centrales et locales dans certaines zones de conflits.

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Nous considérons ce concept dangereux à la fois du fait de sa tentative de remettre en cause la notion d'Etat et de souveraineté étatique et de construire une base légale à l'idéologie de séparatisme agressif. Je pense que les Nations Unies et d'autres organisations internationales trouveront ce concept également contre-productif et inadéquate comme moyen de résolution de conflits internes.

M. SOUEF MOHAMED EL-AMINE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération des Comores: pour créer les conditions nécessaires au développement de nos pays africains, les initiatives à caractère national, régional et international doivent être soutenues par la communauté internationale, notamment par ses institutions financières, en facilitant l'accès aux marchés, en allégeant les contraintes liées à la dette et en faisant bénéficier les pays en développement de nombreux arrangements commerciaux. Comme tout pays en développement, la République fédérale islamique des Comores se trouve confrontée à d'énormes difficultés que les événements de mars 1997 ont considérablement aggravées. La situation économique demeure particulièrement préoccupante à l'heure où le Gouvernement des Comores s'est résolument engagé dans un processus de développement, notamment, par la mise en place de bases solides d'un Etat de droit, l'adoption d'une politique d'assainissement et de redressement économique et politique. Pour encourager les investissements privés et promouvoir les transferts de nouvelles technologies et de capitaux étrangers, des facilités sont désormais accordées aux investisseurs tant nationaux qu'étrangers, par la suppression des contraintes en matière d'agrément de l'investissement étranger. D'autre part, afin de répondre à la double exigence de s'insérer pleinement dans le processus de la mondialisation en cours, la République des Comores consolide son appartenance à la Commission de l'océan Indien et envisage de se joindre à d'autres groupements de la région.

En ce qui concerne la crise sécessionniste de l'île d'Anjouan qui remet en cause les fondements même de la république, il convient de remercier les autorités malgaches pour avoir permis une rencontre avec les représentants d'Anjouan dont l'intransigeance et le manque de coopération ont reporté la signature du document final, déclenchant ainsi des émeutes anti- anjouanaises dans la Grande Comore. Dans la mesure où c'est pour éviter une guerre civile que l'Armée nationale a pris en main les destinées du pays, la signature des Accords d'Antananarivo reste la priorité du Gouvernement. Espérant la ratification dudit Accord, le Gouvernement comorien a engagé des réflexions en vue de l'élaboration des textes fondamentaux qui doivent régir la future Union des Comores et invite toutes les bonnes volontés à venir constater le processus engagé, et à apporter leur concours à la consolidation de la démocratie aux Comores. Le Gouvernement demeure préoccupé par la possibilité d'élections dans l'île d'Anjouan, ce qui reviendrait à reconnaître la sécession ou à l'entériner.

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Une telle formule serait contraire à l'esprit des Accords d'Antananarivo. A cet égard, nous invitons l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) et toute la communauté internationale à s'associer à nos réflexions pour sortir de ce dilemme. La crise anjouanaise est d'autant plus douloureuse et préoccupante qu'elle est venue s'ajouter au problème de Mayotte qui ne présente jusqu'à présent aucune perspective de solution.

M. AUGUSTIN KONTCHOU KOUOMEGNI, Ministre d'Etat chargé des affaires extérieures du Cameroun: le Cameroun se réjouit des pas salutaires accomplis récemment sur le chemin de la paix, notamment par la signature d'un nouvel Accord israélo-palestinien à Charm El Cheikh. Notre pays encourage l'ensemble des acteurs de la région des Balkans et du Moyen-Orient à continuer de progresser résolument dans la voie d'une normalisation durable. Nous nous félicitons par ailleurs de la tenue à Maputo, au Mozambique, de la première réunion des Etats parties à la Convention d'Ottawa sur l'interdiction des mines terrestres. Cependant la multiplication des foyers de tension et de conflits en Afrique, et singulièrement en Afrique centrale, constituent une source de préoccupation majeure pour le Cameroun. Est-il concevable que la Somalie, désarticulée, désorganisée avec des populations désemparées, faméliques et malades, et désormais sans appareil étatique viable soit purement et simplement oubliée et abandonnée au dépérissement total? La situation en Somalie, n'est-elle peut-être pas le sort qui, demain, attend bien d'autres pays du continent et d'ailleurs? Depuis le retrait de la Mission d'observation des Nations Unies en Angola (MONUA), les Etats membres du comité consultatif permanent des Nations Unies sur les questions de sécurité en Afrique centrale, dont le Cameroun assure la présidence pour un an, tentent l'impossible pour éviter que l'Angola ne s'enferme définitivement dans un huit clos fratricide, dans ce contexte d'indifférence généralisée.

Le Cameroun se félicite par ailleurs des Accords de paix sur la République démocratique du Congo intervenus en juillet dernier à Lusaka en Zambie. Il nous faut coûte que coûte éliminer les guerres et les conflits en Afrique, et plus particulièrement en Afrique centrale. C'est pourquoi les priorités de la diplomatie du Cameroun impulsée par le Président Paul Biya est de contribuer à assurer la paix, la sécurité, la stabilité, la démocratie et la prospérité aux 100 millions de femmes et d'hommes qui peuplent l'Afrique centrale. Parmi les initiatives qui ont constitué des avancées importantes pour l'instauration de la paix, il convient de mentionner la décision prise par neuf des onze chefs d'Etat et de gouvernement des onze pays de l'Afrique centrale à Yaoundé, le 25 février 1999, de créer le Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique centrale (COPAX) ainsi que la tenue à Yaoundé également du séminaire de haut niveau consacré au rapport du Secrétaire général de l'ONU sur "Les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique" du 19 au 21 juillet 1999.

- 14 - AG/931 2 octobre 1999

Enfin, une conférence sous-régionale sur la prolifération et la circulation illicite des armes légères et de petit calibre se tiendra à la fin du mois d'octobre à N'Djamena avec l'appui de l'ONU. Elle permettra aux Etats d'Afrique centrale d'évaluer l'ampleur, les sources, les mécanismes et les conséquences du phénomène et d'envisager des mesures concrètes pour lutter contre ce fléau.

Dans le cadre d'une politique sous-régionale pour la paix, le Cameroun privilégie la recherche d'un règlement juridictionnel au différend qui l'oppose au Nigéria à propos de la frontière terrestre et maritime. En attendant le verdict de la Cour internationale de Justice de La Haye, trois de ces mesures pourraient dans l'immédiat consister, en une déclaration solennelle d'engagement à se conformer à l'arrêt, en un retrait des forces armées du champ de bataille jusqu'au lieu où elles se trouvaient avant le déclenchement des hostilités militaires et en la levée par le Nigéria de ses récentes réserves qui consistent pour le moment à la négation d'une société internationale fondée sur le droit.

Le Cameroun s'est également engagé à protéger l'environnement. En atteste le Sommet sur le conservation et la gestion durable de la forêt en Afrique centrale, organisé en mars dernier à Yaoundé. La forêt de l'Afrique centrale fait respirer le monde. Sans elle, celui-ci serait asphyxié. Notre pays milite en faveur de la protection de l'environnement avec une haute conscience de la durée, étant donné que plus de 46% de la population camerounaise deviendront adultes au début du XXIe siècle. Concernant le fardeau de la dette africaine qui représentait 350 milliards de dollars en 1998, l'élan de solidarité du G8, qui est un bon signe, doit se poursuivre et se consolider en prenant en compte la situation des pays dits à revenu intermédiaire.

Cette fin de siècle a donc tous les signes d'une grande interpellation à tout le genre humain, et tout d'abord aux gouvernants des nations. Elle a permis l'espoir! L'humanité entière, plus solidaire sous la bannière de l'ONU, a le devoir de voler au secours partout où la vie et la dignité de l'être humain sont gravement remises en cause ou menacées de l'être. Cette prérogative d'intervention universelle est la conséquence incontournable des mutations du monde de notre époque. Un nouveau monde est né, il faut le reconnaître dès à présent. L'Assemblée et le Sommet du millénaire, prévus au cours de l'an 2000, devraient le consacrer.

M. SEVERIN NTAHOMVUKIYE, Ministre des relations extérieures et de la coopération du Burundi: au moment où se déroulent les travaux de la présente session de notre Organisation, mon pays s'applique à tourner un nouvelle page de son histoire. Les pourparlers de paix d'Arusha lancés en juin 1998 sous les auspices de l'ancien Président de la République soeur de Tanzanie, Mwalimu J. Nyerere, se poursuivent activement. Ils sont actuellement dans une phase décisive.

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En effet, le sixième round des négociations de paix d'Arusha qui vient de prendre fin ces derniers jours avait été précédé par des consultations fructueuses tenues à Dar es-Salaam entre les six négociateurs principaux pour essayer de baliser un compromis à partir des projets de société établis par des parties ou groupes de parties aux négociations. Ces consultations considérées à présent comme la clef de voûte du processus de paix, reprendront le 4 octobre, cette fois-ci, nous l'espérons, avec des résultats tangibles susceptibles de constituer le socle de l'accord final d'Arusha. L'objectif est donc de signer un accord de paix global et au bout, arriver à une réconciliation nationale totale entre tous les Burundais quels qu'ils soient sans exclusion aucune.

Ce noble objectif se heurte à plusieurs obstacles qui vont immanquablement le faire échouer si aucune action n'est prise immédiatement pour les lever. Le premier obstacle est la non- participation des branches armées des mouvements rebelles aux négociations. De l'avis du Gouvernement burundais, il est absolument nécessaire de quitter le formalisme préconisé jusqu'à présent par la médiation et lancer une invitation en bonne et due forme aux factions armées pour leur participation engagée et totale dans le processus de paix en cours. Pour sa part, le Gouvernement du Burundi est ouvert à toute forme de négociation avec elles, au sein du processus ou en dehors. Si après invitation, les factions armées ou une autre partie aux négociations opposent un refus au processus de paix, nous serons alors d'accord avec l'idée de la médiation selon laquelle le Burundi, en coopération étroite et ferme avec ses voisins, devront isoler et neutraliser la rébellion ou les autres parties récalcitrantes.

La situation est grave et le Gouvernement du Burundi demande à la communauté internationale et régionale de l'aider à réaliser ce qui suit : coopération effective en matière de sécurité avec les pays voisins dont la République-unie de Tanzanie avec laquelle les décisions de coopération prises à deux reprises au niveau ministériel en février et août 1999 restent sans effet. Si ces décisions étaient traduites en actions conjointes sur le terrain, nul doute que les opérations de la rébellion externe, et interne par conséquent, seraient réduites à très court terme; désarmement et neutralisation de la fraction de la rébellion burundaise en activité en République démocratique du Congo (RDC). Parmi les rebelles opérant au Burundi, il y a des Burundais, mais on repère des Interahamwe, des ex-forces rwandaises, des rebelles ougandais et j'en passe. La rébellion burundaise a donc pris une dimension régionale et doit être combattue comme telle. En tout état de cause, le Gouvernement du Burundi éprouvera des difficultés à signer l'accord de paix, si celui-ci n'est pas précédé par l'arrêt effectif des violences sur le terrain.

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Le dernier obstacle et non des moindres au processus de paix dans mon pays et la paupérisation extrême qui tend à l'anéantissement socioéconomique des Burundais. C'est surtout le gel de la coopération tant bilatérale que multilatérale décidé par certains partenaires, pays ou institutions financières en ligne directe avec les sanctions économiques de la sous-région. Le Gouvernement du Burundi demande à ses partenaires de réviser leurs analyses et de considérer les réalités du terrain et cela revêt un caractère d'extrême urgence.

En écoutant la déclaration faite à cette auguste Assemblée par le chef de la délégation de la République démocratique du Congo il y a quatre jours le 29 septembre, j'ai été sidéré par l'amalgame et la malice entretenus à l'endroit de mon pays le Burundi. Je voudrais faire la mise au point suivante: le Burundi n'est pas en guerre contre la RDC, ni à titre individuel ni en alliance avec qui que ce soit. Le Burundi n'a aucune raison d'être en guerre avec la RDC. Il est pauvre, c'est vrai, et la RDC est riche, c'est vrai aussi. Mais ni hier, ni aujourd'hui, ni demain, le Burundi n'espère vivre sur le dos de la RDC. Telle est la stricte vérité. Les allégations faites par la délégation de la RDC selon lesquelles le Burundi est parmi les agresseurs de son pays sont sans fondement et relèvent de la fiction et de la confusion délibérée. Le Burundi ne peut que se réjouir des perspectives de règlement définitif de la crise en RDC qui éloignera ipso facto les risques d'insécurité à la frontière commune et favorisera, nous l'espérons, l'engagement résolu de la rébellion du mouvement rebelle burundais FDD dans le processus de paix en cours.

M. AUGUSTIN IYAMUREMYE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération régionale du Rwanda: aujourd'hui l'Organisation des Nations Unies est une famille qui réunit 188 pays, alors qu'à sa création elle n'en comptait que 52 - ce qui ne veut pas dire que le 20ème siècle a été tout rose. En effet, des catastrophes diverses et des tragédies causées à l'homme par l'homme continuent de ravager l'humanité. D'odieux génocides ont été commis. Le Rwanda a été justement l'une des victimes de ces crimes qui ont fait plus d'un million de pertes en vies humaines, au vu et au su de la communauté internationale qui n'a pu l'arrêter. Le peuple rwandais en appelle aujourd'hui à la conscience de la communauté internationale pour qu'elle ne permette plus jamais qu'une telle tragédie se reproduise. Nous saluons la déclaration du Président Clinton devant cette auguste Assemblée, évoquant la création d'une coalition internationale contre le génocide. Au lendemain du génocide, la quasi-totalité de la population rwandaise s'est retrouvée en situation de déplacée, les orphelins et les veuves se comptant par milliers. Par ailleurs, les nombreux enfants mineurs entraînés dans des actes de génocide ont eu besoin d'un cadre approprié de rééducation. Le Rwanda s'est aussi retrouvé avec un système judiciaire complètement détruit, alors qu'il fallait réprimer le crime de génocide commis. A cet égard, il faut rendre hommage à la communauté internationale qui a prêté main forte au Rwanda en instituant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.

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Nous déplorons cependant la lenteur des procédures de jugement et le caractère occulte du choix des justifiables qu'elle interpelle, ceci ne nous empêche pas d'affirmer notre disponibilité à collaborer avec le tribunal et à mettre tout en oeuvre pour l'accélération des jugements. Nous remercions les pays frères et voisins qui ont collaboré à la recherche des accusés par le Tribunal et nous nous félicitons de la demande formulée par le Secrétaire général de rendre obligatoire la collaboration des Etats lorsqu'il s'agit de traduire en justice des individus présumés coupables de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre. Pour sa part, mon pays vient récemment encore de témoigner de sa volonté de rétablir de manière stable la paix intérieure en créant deux commissions, celle des droits de l'homme et celle de la réconciliation nationale qui ont pour but de satisfaire aux priorités du peuple rwandais. Le processus de démocratisation a en outre commencé avec la tenue d'élections locales.

Pour le XXIème siècle, il paraît indispensable que la Charte de l'Organisation s'adapte aux nouvelles circonstances de notre temps et pour mieux répondre aux aspirations de nos peuples. Une réforme de l'ONU et plus particulièrement du Conseil de sécurité semble également aussi indispensable. Cette réforme de l'ONU est d'autant plus attendue qu'elle est appelée à répondre aux nombreux défis que pose le nouveau millénaire, celui de la mondialisation des économies. Le Rwanda est convaincu que ce processus est porteur d'espoirs mais il estime que son efficacité sera mesurée à la manière dont il aura contribué à résoudre des questions aussi sensibles que l'élimination de la pauvreté, le fardeau de la dette ainsi que le maintien de la paix. Un autre facteur de réussite de la mondialisation est la création d'espaces économiques fiables. L'Afrique s'est, pour sa part, déjà lancée dans cette orientation dans le cadre de la Communauté économique africaine. Les organisations économiques en Afrique sont également importantes dans la mesure où elles contribuent à la prévention et à la résolution des conflits. L'accord de cessez-le-feu en République démocratique du Congo, signé à Lusaka le 10 juillet dernier, constitue un engagement des signataires à respecter le processus de paix y relatif, et notamment la poursuite et le désarmement des groupes armés, y compris des anciens militaires rwandais et les milices Interahamwe. Je voudrais rappeler que cet Accord demande aussi aux parties signataires de s'abstenir de toute propagande hostile. Pourtant le Ministre des affaires étrangères de la République démocratique du Congo s'en est pris violemment à cette tribune à mon pays. A sa demande, répétée à plusieurs reprises, que la présente Assemblée intercède auprès du Rwanda pour qu'il se retire de RDC, je voudrais simplement répondre que le Rwanda se félicite et soutient l'initiative africaine de l'Accord de Lusaka et appelle la communauté internationale à soutenir de manière inconditionnelle son application par toutes les parties qui doivent impérativement s'abstenir de toute violation du cessez-le-feu. Malheureusement les nouvelles récentes qui nous parviennent indiquent que de telles violations ont bien lieu.

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Depuis bientôt 2 ans, le Gouvernement de Kinshasa entraîne, équipe et enrôle dans son armée les anciens militaires et miliciens rwandais poursuivis en justice nationale et internationale pour crime contre l'humanité. Certains officiers supérieurs commanditaires du génocide font même partie de l'Etat- major de l'armée de la RDC. Maintenant que les Accords de Lusaka ont été signés par toutes les parties nous osons espérer que le déploiement des forces onusiennes de maintien de la paix sera effectif le plus tôt possible et que la paix règnera bientôt dans notre sous-région.

M. ALIKBEK DJEKSHENKULOV, Minitre des Affaires étrangères du Kirghizistan: l'expérience du Kirghizistan depuis l'indépendance prouve que seule la mise en oeuvre d'une diplomatie équilibrée permet un développement harmonieux. Ainsi l'année dernière l'entrée du Kirghizistan dans l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'adoption par l'Assemblée générale de la résolution déclarant l'Année 2002, Année internationale des montagnes sont deux éléments d'une importance particulière pour notre pays qui traduisent la politique de notre Président, définie sous le terme "doctrine de la route de la soie" car elle cherche à faire revivre le réseau de solidarité de l'ancienne route de la soie. Ainsi toutes les initiatives de politique extérieure, notamment la proposition d'accueillir une conférence sur l'Afghanistan, témoignent de la mise en oeuvre de cette doctrine qui procède de la conviction qu'un développement dynamique requiert des relations harmonieuses et de bon voisinage entre tous les pays de la route de la soie. L'un des facteurs importants de son succès réside dans la transformation de l'Asie centrale en une zone de paix et de sécurité. On remarque ainsi que, depuis la signature de l'Accord entre le groupe des Cinq de Shangaï, formé du Kazakhstan, de la République populaire de Chine, de la Fédération de Russie, du Tadjikistan et du Kirghizistan, des problèmes de frontières ont été réglés. Le Quatrième sommet des chefs d'Etat du groupe des cinq qui s'est tenu les 24 et 25 août 1999 marque l'évolution du groupe des Cinq d'une coopération militaire vers une coopération commerciale. Il importe de noter le format unique de ce groupe dans lequel coopèrent des Etats ayant des systèmes politiques différents et des niveaux de développement différents, comme en témoigne l'établissement de la frontière d'amitié entre le Kirghizistan et la Chine. Le groupe s'efforce également de travailler à la création en Asie centrale d'une zone exempte d'armes nucléaires qui contribuera grandement à la paix et à la sécurité mondiales.

L'intrusion récente sur notre territoire de terroristes internationaux, proches des extrémistes islamistes et ayant une longue expérience en Afghanistan est particulièrement préoccupante. Ces terroristes cherchent à imposer leur position extrémiste à notre pays qui s'efforce de demeurer un Etat démocratique et laïc. Pour lutter contre le phénomène de l'internationalisation de l'extrémisme islamiste, il est important de souligner le soutien apporté au Kirghizistan par le Kazakhstan et les autres membres du groupe en vue de contrecarrer les actes du terrorisme international.

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Le Kirghizistan espère également pouvoir compter sur la communauté internationale dans sa lutte contre ces terroristes. A cet égard la déclaration conjointe des Ministres des pays ayant un intérêt en Asie condamne les actes des terroristes internationaux au sud du Kirghizistan. Ce problème est un argument de plus en faveur de la nécessité de régler d'urgence le problème en Afghanistan. En outre, le trafic illicite des stupéfiants qui a son origine en Afghanistan et traverse l'Asie centrale finance le terrorisme international. Dans le cadre du travail du groupe des 6+2, nous cherchons à apporter notre contribution au règlement du conflit inter afghan et nous réitérons notre proposition d'accueillir sur notre territoire une conférence sur ce sujet.

Confirmant l'idée selon laquelle il est nécessaire d'élargir la composition du Conseil de sécurité, nous souhaitons une représentation équitable de tous les pays. Nous pensons en outre que l'efficacité et les résultats sont les principaux critères pour évaluer le travail des divers organismes des Nations Unies. Il conviendrait également de renforcer les activités de l'ONU dans le domaine du développement et, notamment, la politique du programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) axée sur les résultats pour laquelle le Kirghizistan est un pays pilote. Nous sommes donc particulièrement préoccupés par la baisse des ressources du PNUD et nous en appelons aux pays donateurs afin qu'ils accroissent l'aide qu'ils apportent aux pays en transition, car celle-ci est un facteur important de leur développement.

M. MONIE CAPTAN, Ministre des affaires étrangères du Libéria: le Gouvernement et le peuple du Libéria sont très fiers de ce que les Nations Unies se consacrent à la recherche d'une solution pour une paix durable dans notre région. A l'approche du nouveau millénaire, nous passons d'une époque de confrontation à celle de la coopération. A cet égard, le Libéria réaffirme son engagement en faveur du concept de paix mondiale et pense qu'un traitement égal devrait être accordé à tous les conflits, quels que soit les endroits où ils se produisent. Concernant la République démocratique du Congo, mon pays soutient la demande adressée récemment au Conseil de sécurité par le Président de la Zambie, M. Chiluba, visant à autoriser et à soutenir le déploiement d'une Force de maintien de la paix en République démocratique du Congo.

Pour ce qui est de la situation interne au Libéria, l'administration de notre Président, M. Taylor, reste engagée dans la réalisation de trois principes cardinaux: assurer l'unité nationale par la réconciliation et la reconstruction nationale, garantir une bonne gouvernance par le biais de la responsabilité, de l'efficacité et de la transparence, et garantir la protection des droits de l'homme. Nos efforts en vue de la reconstruction de notre pays après le conflit se heurtent cependant à un obstacle majeur: celui du lourd fardeau de la dette qui représente au Libéria 3 milliards de dollars américains.

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Cela signifie que chaque habitant de notre pays porte le fardeau de la dette à raison de 1 200 dollars américains. Dans un pays où le revenu par tête n'est que de 275 dollars américains, il ne sera peut-être jamais possible de rembourser totalement cette dette financière colossale. A la lumière de cette situation, nous lançons un appel à nos créanciers pour qu'ils soulagent le Libéria de ce lourd fardeau financier.

Au cours des deux dernières années, le Libéria a chercher à plusieurs reprises à lever l'embargo sur les armes que lui a imposé le Conseil de sécurité des Nations Unies en 1992. Notre demande se fonde sur le fait que la guerre civile au Libéria qui a nécessité l'imposition de cet embargo a pris fin le 2 août 1997 avec la mise en place d'un Gouvernement civil dûment élu. Dans ce contexte, l'embargo sur les armes imposé au Libéria est injuste. Il ne contient aucun critère défini ou de limite de temps quant à sa levée et représente un empiétement évident sur la souveraineté du Libéria. Cet embargo ne contribue pas à la paix dans la sous-région, mais bien plutôt à une situation fragile d'insécurité qui pourrait conduire à l'instabilité. Dans ses efforts pour prévenir la prolifération des armes héritées de la guerre civile, le Gouvernement du Libéria a décidé, le 25 juillet 1999, de détruire les armes et munitions confisquées à ceux qui avaient été alors les belligérants. Cet exercice de désarmement est mené avec notamment l'assistance des Nations Unies. Aujourd'hui la plupart des armes et munitions a été détruite. Concernant les problèmes de frontières que connaît notre pays avec celui de la Guinée, le Libéria s'engage à trouver une solution diplomatique et réaffirme qu'il adhère à la pratique des relations de bon voisinage.

Depuis 1992, l'Afrique n'a pas cessé de connaître un déclin de ses exportations, de ses importations et du flux d'investissements directs de l'étranger. Cette situation empêche une intégration de l'Afrique dans l'économie mondiale, et de se retrouver ainsi marginalisée. Nous lançons par conséquent un appel en vue de créer un environnement économique plus favorable qui tienne compte des problèmes spécifiques à l'Afrique. A cet égard, nous accueillons avec satisfaction l'offre de Président des Etats-Unis, M. Clinton, d'annuler la dette des pays les plus pauvres du monde, dont fait partie le Libéria. Notre pays poursuit par ailleurs ses efforts en faveur de la paix dans le monde, et plus particulièrement dans notre sous-région. C'est ainsi que nous nous associons à la recommandation du Secrétaire général en ce qui concerne la mise en place d'une force de maintien de la paix en Sierra Leone.

Le Libéria a mis au point quatre stratégies pour le nouveau millénaire: éliminer l'ignorance, les maladies, la pauvreté et la promotion des droits de l'homme; renforcer la pleine capacité des Nations Unies à préserver le système international de façon efficace; promouvoir une harmonie et une mondialisation universelle et protéger l'humanité contre le fléau de la guerre nucléaire, chimique et nucléaire.

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M. FATHULA JAMEEL, Ministre des affaires étrangères de la République des Maldives: alors que nous nous préparons à entrer dans le nouveau siècle et le nouveau millénaire, nous, les Maldives, avons développé une Vision 2020 pour notre pays à partir des leçons du passé. Notre pays doit continuer à accorder la plus grande priorité à la bonne gouvernance, à la démocratie et au bien-être de la population. Mais pour que cela arrive, nos propres efforts doivent être soutenus par un environnement international favorable. Néanmoins, un de ces piliers de soutènement semble être sur le point de nous faillir. Les Maldives sont censées être rayées de la liste des Pays les moins avancés l'année prochaine. Bien que nous ne sons sentions pas particulièrement confortables dans ce statut de PMA, la fierté nationale ne peut pas transcender la dure réalité économique. Notre économie est petite et étriquée. Cette auguste Assemblée doit revoir le processus de classification et ses critères cette année. J'en appelle à vous pour prendre en compte la vulnérabilité propre aux petits Etats au-delà des indicateurs abstraits.

La mondialisation doit continuer de progresser sans marginalisation. Elle doit se faire sans appauvrissement supplémentaire. Les sept nations de l'Association de coopération régionale de l'Asie du Sud (SAARC) collaborent pour renforcer nos perspectives concernant le nouveau climat économique international à travers la coopération régionale. Mais globalement, le gouffre entre les nations riches et pauvres a atteint des proportions tragiques. Ces dures réalités économiques ont brisé la volonté internationale de mettre en place une plus grande égalité.

Je suis heureux que plusieurs initiatives internationales concernant les questions sociales aient été prises au cours de cette décennie. En Asie du Sud, les Maldives ont appelé à l'élaboration d'une Charte sociale qui institutionnalise le développement social de cette région. La coopération entre Etats et le partenariat avec des organisations intergouvernementales et non gouvernementales est essentielle pour vaincre sur ce front. En même temps, notre approche des performances économiques doit être réorientée vers la sécurité humaine et écologique. Nous devons tempérer notre obsession de croissance économique avec des préoccupations concernant la qualité de la vie.

Nous l'avons répété à plusieurs reprises, les Maldives pourraient très bien cesser d'exister si le niveau de la mer augmente d'un mètre. Alors que les grandes puissances sont peut- être capables de subvenir à leurs propres besoins de sécurité, les petits Etats dépendent des institutions de sécurité collective. Nous sommes reconnaissants pour le soutien que la communauté a apporté à nos initiatives concernant ce sujet; mais nous demeurons inquiets que bien souvent la réponse des Nations Unies aux situations de crise, en particulier à celles concernant de petits Etats, n'ait été reconnue comme manquant de rapidité et d'efficacité.

- 22 - AG/931 2 octobre 1999

Droits de réponse

Le représentant du Nigéria, en réponse au représentant du Cameroun, a indiqué que, le silence pouvant être compris comme une approbation, il souhaite faire usage de son droit de réponse. Le Nigéria continue de poursuivre ses efforts en faveur de la paix et d'un règlement à l'amiable de tous ses différends. Notre pays entretient d'excellentes relations avec les pays qui l'entourent, y compris le Cameroun et il ne nourrit aucune ambition territoriale envers aucun Etat. Le Nigéria se réserve le droit de déployer ses forces à l'intérieur de son propre territoire, ainsi la question de leur retrait ne devrait pas se poser. Les autres questions soulevées par le représentant du Cameroun sont suivies par les instances compétentes et ne requièrent donc pas une réponse dans cette instance.

Le représentant de la République démocratique du Congo a estimé que les représentants du Rwanda et du Burundi ont une nouvelle fois tenus des propos fallacieux et inqualifiables sur la RDC. Ces déclarations ne sont en fait pas dignes d'une réponse de son pays. Le Ministre des affaires étrangères de la RDC a déjà exposé avec clarté et éloquence la situation qui prévaut en RDC. La RDC aurait aimé que le Rwanda se présentât ici avec un message de paix. Or, il n'en est rien et il y a quelques heures simplement encore des troupes rwandaises ont envahi la région diamantifère de Bujimaï, en violation du cessez- le-feu. Ce que nous voulons est simple, nous voulons simplement que tous les Rwandais et tous les Burundais sortent de la République démocratique du Congo et ce, en empruntant les mêmes routes que celles qui les ont mené en RDC. "Le reste n'est qu'histoire et littérature". Le peuple congolais est prêt a défendre même au prix du sacrifice ultime sa souveraineté et l'intégrité de son territoire. Nous en appelons à l'ONU, à l'OUA et à la SADEC pour qu'elles mettent un terme à ces violations graves. Leur silence pourrait faire peser sur leur conscience la responsabilité de la catastrophe humanitaire qui s'annonce au Congo.

Le Représentant de la Tanzanie, en réponse à la déclaration du Burundi qui suggérait que la Tanzanie accueillait des rebelles burundais, a déclaré que la Tanzanie n'a aucune base de rebelles burundais sur son territoire, elle compte en revanche beaucoup de réfugiés hébergés dans des camps. Ces camps de réfugiés sont gérés par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés et ne servent en aucun cas de bases de rebelles.

Le représentant du Cameroun, en réponse à la déclaration du Nigéria, a déclaré que le vent positif qui souffle sur les institutions nigérianes suscite beaucoup d'espoir pour ce qui est d'une solution pacifique à la crise relative aux frontières terrestres et maritimes. Toutefois il est nécessaire de porter à la connaissance de l'Assemblée le fait que récemment le Gouvernement du Cameroun a constaté des incidents en divers points de la frontière.

- 23 - AG/931 2 octobre 1999

En outre, le Gouvernement du Nigéria qui avait adhéré à la juridiction de la Cour internationale de Justice (CIJ) vient d'apporter des réserves à son adhésion. Cela signifie que les problèmes qui surgiraient ultérieurement ne pourraient être portés la connaissance de la Cour, ce qui ne laisserait que la voie de la force. Certains dirigeants du Nigéria ont même fait savoir qu'il n'était pas question que le territoire de Bakasi soit restitué au Cameroun. Le Nigéria se doit de respecter les institutions internationales.

Le représentant du Rwanda a indiqué que dans le respect de la lettre et de l'esprit des Accords de Lusaka il ne fera pas perdre à l'Assemblée générale de temps en répondant aux élucubrations sans fondement du représentant de la RDC. Il suffira aux Etats Membres de se référer au droit de réponse déjà fait par la délégation rwandaise le 29 septembre dernier. Concernant l'incident récent dont le représentant de la RDC vient de parler, il semble qu'il n'ait pas reçu les bonnes informations des sources dignes de confiance. En fait ce sont les troupes de la RDC qui ont lancé une attaque et nous avons d'ailleurs déjà commencé à rédiger une lettre au Conseil de sécurité sur la question.

Reprenant la parole, le représentant de la République démocratique du Congo s'est félicité de voir que le représentant du Rwanda vient, à l'instant même, de reconnaître la présence en RDC de troupes rwandaises, soit à 2 000 kilomètres de la frontière de son pays.

Le représentant du Burundi en réponse au représentant du Congo a souligné que la position de son pays a été largement expliquée lors de diverses réunions, notamment au cours des sessions tenues à Lusaka. A l'issue de ces réunions, le Burundi n'a pas été reconnu comme un belligérant, comme un agresseur de la République démocratique du Congo. Le Burundi continue et continuera à être convié aux pourparlers tendant à apaiser cette situation.

Déclaration du Président de l'Assemblée en clôture du débat général

M. THEO-BEN GURIRAB, Président de la 54ème session de l'Assemblée générale (Namibie): tout au long de ce débat général, nous avons entendu de très nombreux dirigeants du monde entier partager avec nous leurs vues sur l'évolution du monde et de la communauté internationale durant ces 54 dernières années. Tous se sont accordés sur la nécessité de créer un monde de paix et de sécurité ainsi que de développement de l'humanité. La plupart des intervenants ont évoqué les divers aspects de la mondialisation, mettant en lumière un consensus clair pour faire en sorte que les bénéfices de ce processus soient partagés équitablement entre le peuples. De nombreux orateurs ont exprimé l'idée que les pays en développement sont trop faibles pour tirer pleinement avantage des opportunités ainsi créées, courant ainsi le risque de se voir davantage marginalisés. Dans ce contexte, le système multilatéral doit donc être renforcé et les Nations Unies également.

- 24 - AG/931 2 octobre 1999

L'élimination de la pauvreté a été identifiée comme l'une des principales causes des problèmes du monde, que ce soient les conflits politiques ou la dégradation de l'environnement, la violence ou le crime. Le poids de la dette a également été désigné comme un facteur aggravant les souffrances indicibles des plus vulnérables. Pour les intervenants, cette situation exige une solidarité internationale authentique et une vraie coopération entre pays développés et en développement. Plusieurs délégations ont aussi attiré l'attention sur le système financier international actuel. Pour certains, ce système est caractérisé par des insuffisances et doit être amélioré; pour d'autres il faudrait même qu'il soit purement et simplement abandonné au profit d'un système nouveau. Il faut s'attendre à ce que cette préoccupation constitue de toute évidence un des thèmes saillants de l'Assemblée du Millénaire.

Les conflits, régionaux et armés, ainsi que leur nature destructrice ont été abordés littéralement par tous les intervenants, qui ont plaidé en faveur du renforcement du dialogue et de la négociation. S'agissant de la notion d'ingérence humanitaire, certains orateurs ont estimé que le respect des droits de l'homme est devenu plus important que la souveraineté des Etats, arguant ainsi que la communauté internationale devrait intervenir en cas de violations massives et systématiques des droits de l'homme, et même sans l'assentiment préalable des Nations Unies. D'autres intervenants ont, quant à eux, jugé que si la notion d'ingérence humanitaire n'était pas bridée, elle serait susceptible de détruire la Charte des Nations Unies, minant le principe de la souveraineté des Etats. D'autres participants encore ont estimé qu'une intervention dans les affaires internes d'un pays ne pouvait être tolérée qu'avec un mandat spécifique du Conseil de sécurité. Ils ont fait remarquer que les violations massives des droits de l'homme conduisant à des situations d'urgence humanitaire exigent une action coordonnée de la communauté internationale, par le biais des Nations Unies et non des réponses unilatérales. Mais presque tous ont reconnu que la question méritait des discussions en profondeur au sein de l'Assemblée générale.

A en juger par les déclarations faites sur la réforme, la restructuration et la démocratisation des Nations Unies, l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité et le renforcement de son efficacité recueillent un large consensus. Beaucoup en ont même fait la condition préalable à la survie de l'Organisation au XXIème siècle. De nombreux appels ont parallèlement été lancés pour que la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales oeuvrant pour la paix soit accrue. Les délégations ont de manière quasi unanime abordé la question du sort des enfants, et tout particulièrement des enfants soldats. Il semble qu'il y ait un souhait sans équivoque que les instruments internationaux mettent hors-la-loi le recours aux enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés. Il est maintenant du ressort de l'Assemblée générale de trouver les réponses aux questions soulevées lors de ce débat général.

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