En cours au Siège de l'ONU

AG/929

LA DEMOCRATIE PRONEE A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME MEILLEURE VOIE VERS LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

1 octobre 1999


Communiqué de Presse
AG/929


LA DEMOCRATIE PRONEE A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME MEILLEURE VOIE VERS LA PAIX ET LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE

19991001

L'établissement d'un cordon sanitaire autour de l'Afghanistan pour endiguer le flot de drogues en provenance de ce pays, demandé par le Tadjikistan

La drogue est un fléau qui affecte non seulement les individus mais détourne également des sommes importantes d'argent qui pourraient être consacrées à l'éradication de la pauvreté ou au développement économique et social, ont dénoncé, ce matin, de nombreux orateurs au cours du débat général de l'Assemblée générale. La lutte contre le trafic de drogues relève avant tout d'une prise de conscience du peuple de ses conséquences désastreuses. Ainsi la Bolivie, grâce à son plan antidrogue, espère se débarrasser du trafic de cocaïne d'ici trois ans. C'est ce qu'a laissé entendre son Ministre des affaires étrangères, M. Javier Murillo de la Rocha. Dans le même ordre d'idée, le Président du Tadjikistan, M. Emomali Rakhmonov, a vivement engagé la communauté internationale à créer un cordon sanitaire autour de l'Afghanistan pour faire cesser le flot de stupéfiants en provenance de ce pays, devenu l'un des principaux centres de production et de diffusion de drogues au monde. Pour sa part, la Ministre des affaires étrangères des Bahamas, Mme Janet Bostwick, a insisté sur la menace que constitue le trafic de drogues pour le développement économique et sur le fait que sa maîtrise se fait souvent aux dépens de programmes nationaux essentiels.

La démocratie, qui permet l'instauration d'un climat de paix et par extension fournit un environnement propice au développement économique, a été exaltée par de nombreux orateurs pour qui elle représente un tournant décisif dans l'histoire de leur pays. "Seul le pluralisme politique peut constituer une arme efficace contre la tyrannie", a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Botswana, qui s'est réjoui de la tenue, dans les semaines à venir, d'élections démocratiques dans son pays. Pour de nombreux orateurs, la tenue d'élections a été à l'origine d'un véritable règlement des conflits. En Haïti, par exemple, des élections auront lieu prochainement comme l'a expliqué le Ministre des affaires étrangères avec l'assistance technique de la communauté internationale. Une bonne nouvelle pour la Ministre des affaires étrangères des Bahamas qui a fait état de ce que les difficultés que connaît la démocratie en Haïti intensifiaient les flux migratoires en direction de son pays provoquant de fait une déstabilisation de l'économie.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/929 1 octobre 1999

Le Ministre des affaires étrangères du Togo, M. Joseph Kokou Koffigoh, a indiqué pour sa part que la signature cet été d'un Accord-cadre, conclu à l'issue d'un dialogue national inter-togolais, constituait une étape importante vers l'édification d'une société togolaise démocratique. Si plusieurs pays ont reconnu les progrès accomplis dans ce domaine, ils ont néanmoins appelé les Nations Unies, comme la communauté internationale, à continuer d'apporter leur soutien financier, matériel et moral pour que perdurent ces démocraties. De la même façon, le concept de démocratie devrait pouvoir s'étendre à l'Organisation des Nations Unies qui, en tant que tribune internationale, doit refléter la nouvelle structure de la communauté mondiale en particulier par la réforme de la composition de son Conseil de sécurité.

Plusieurs délégations ont à nouveau pressé la communauté internationale à faciliter l'intégration des pays en développement au système commercial international, alors que doit s'ouvrir, le mois prochain à Seattle, un nouveau cycle de négociations commerciales mondiales. Pour accélérer cette intégration, elles ont préconisé le démantèlement des autres obstacles au développement comme, par exemple, le problème de la dette qu'il faut résoudre efficacement et durablement. Ils ont cependant mis en garde contre la mise en oeuvre de telles mesures qui se ferait au détriment de l'aide publique au développement.

Ont participé au débat: M. Emomali Rakhmonov, Président de la République du Tadjikistan, M. Mompati Merafhe, Ministre des affaires étrangères du Botswana; M. Javier Murillo de la Rocha, Ministre des affaires étrangères et du culte de la Bolivie; M. Brown Mpinganjira, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Malawi; Mme Janet Bostwick, Ministre des affaires étrangères des Bahamas; M. Fritz Longchamp, Ministre des affaires étrangères d'Haïti; M. Joseph Kokou Koffigoh, Ministre des affaires étrangères du Togo; M. Mark Isaac, Ministre d'Etat et Ministre des affaires étrangères de la Grenade.

L'Assemblée général reprendra son débat général cet après-midi à 15 heures.

Allocution de M. Emomali Rakhmonov, Président de la République du Tadjikistan

M. EMOMALI RAKHMONOV, Président de la République du Tadjikistan: le Tadjikistan est favorable au renforcement de l'ONU et du Conseil de sécurité. Il convient de réfléchir aux leçons à tirer du passé pour définir les principes et directives pour l'avenir et élaborer un programme d'action susceptible d'être mis en oeuvre. Il y a un certain nombre d'idées et d'initiatives intéressantes à cet égard, comme la convocation d'un Sommet du millénaire, la proposition de la Russie d'élaborer un "concept de la paix au XXIe siècle", le "dialogue entre les civilisations" préconisé par l'Iran, et les programmes de nombreux gouvernements relatifs à l'élaboration d'une "culture de la paix". Pour sa part, le Tadjikistan se propose de continuer à participer à cette recherche intellectuelle et aux efforts visant à renforcer la coopération internationale. Le Tadjikistan ne se départira pas de la voie choisie il y a huit ans pour construire une société démocratique, laïque et respectueuse du droit. Si de nombreux pays ont eu besoin de centaines d'années pour atteindre leur niveau actuel de démocratie, le Tadjikistan doit couvrir cette distance en une période de temps beaucoup plus brève. Il est donc évident que l'on ne saurait se passer d'un appui approprié et ponctuel des Nations Unies. Le processus de paix au Tadjikistan a besoin d'un appui actif et avant tout d'une assistance matérielle et financière de la communauté internationale. Or, jusqu'à présent, les donateurs n'ont dégagé qu'une petite partie des fonds promis en réponse à l'appel lancé par le Secrétaire général en 1999 en vue d'une aide humanitaire au Tadjikistan. Nous espérons que cette situation sera corrigée. Malgré des circonstances difficiles, le Tadjikistan continue à mettre en oeuvre des réformes économiques visant à mettre en place une économie de marché et compte sur l'aide internationale dans ce processus.

La communauté internationale doit tout mettre en oeuvre pour arrêter la guerre en Afghanistan. Il ne faut pas que cette guerre civile qui dure depuis 20 ans devienne une nouvelle guerre de 100 ans. La seule issue est un règlement politique du conflit reposant sur la constitution d'un gouvernement largement représentatif de tous les groupes politiques, religieux et ethniques de la société afghane. Les efforts doivent viser à renforcer le rôle de l'ONU en tant que médiateur de la paix et les autres organisations internationales doivent appuyer ces activités et ne rien entreprendre qui n'aille pas dans la même direction. Le Groupe des pays voisins et amis de l'Afghanistan, dit Groupe des 6+2, devrait redoubler d'efforts. Le Conseil de sécurité devrait, pour sa part, analyser à nouveau la situation avec sérieux et prendre des mesures, y compris imposer des sanctions contre ceux qui violent les résolutions de l'ONU. Le conflit en Afghanistan est une source de déstabilisation dont l'impact se fait sentir au-delà de l'Asie centrale. Les pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI) ont établi une coopération active pour faire cesser les incursions à partir de l'Afghanistan et la propagation dans la région de l'idéologie des Taliban, du terrorisme,

du crime et d'autres formes d'extrémisme. Dans ce contexte, le problème de la drogue revêt une signification particulièrement grave. L'Afghanistan est en effet devenu l'un des principaux centres de production et de diffusion de stupéfiants au monde et il continue d'accroître ses capacités. Comme il l'avait fait lors de la session extraordinaire consacrée à la lutte contre les stupéfiants, le Tadjikistan propose à nouveau la création d'un cordon sanitaire autour de l'Afghanistan pour faire cesser le flot de stupéfiants provenant de ce pays. Le Tadjikistan est non seulement devenu un pays de transit vers la Fédération de Russie et l'Europe, mais aussi un lieu de transformation des stupéfiants et un marché, ce qui fait partie des plans des groupes criminels visant à déstabiliser notre pays. La coopération avec le Programme des Nations Unies pour le contrôle international des drogues a permis la mise en oeuvre d'un certain nombre de mesures concrètes visant à renforcer la capacité de lutte contre les stupéfiants, en particulier dans la zone frontalière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan. Nous sommes prêts à développer ce type de coopération avec d'autres institutions internationales et d'autres pays intéressés.

Le Tadjikistan estime que la lutte contre le terrorisme est l'un des défis les plus pressants auxquels doit faire face la communauté internationale à l'heure actuelle. Il faut coordonner les actions de la communauté mondiale en vue d'éliminer ce fléau à tous les niveaux. A cet égard, le Tadjikistan appuie la convocation en l'an 2000 d'une conférence pour élaborer des mesures communes de lutte contre le terrorisme. Soucieux de la protection de l'environnement, le Tadjikistan espère, par ailleurs, que l'observation en l'an 2000 de l'Année internationale des montagnes permettra de mobiliser le potentiel de la communauté internationale en vue de la préservation de la biodiversité et des systèmes écologiques montagneux. Le problème de l'eau potable touche des millions de personnes et est directement lié à la sécurité en raison de l'interdépendance qui en découle. Vu son importance, le Tadjikistan propose de proclamer l'an 2003 Année internationale de l'eau, sous tous ses aspects.

Suite du débat général

M. MONPATI MERAFHE, Ministre des affaires étrangères du Botswana: un nombre croissant de nations ont organisé au cours des dernières années des élections réussies grâce, pour la plupart, à l'aide des Nations Unies. Dans deux semaines, mon pays, le Botswana, verra pour la septième fois, ses citoyens participer au processus démocratique. Seul le pluralisme politique peut constituer une arme puissante contre la tyrannie. Grâce à la démocratie, la paix a pu régner dans notre pays et nous sommes aujourd'hui fiers de posséder l'un des taux de croissance économique les plus forts du monde.

Dans ce contexte nous soutenons nos frères et soeurs nigérians dans leurs efforts pour développer leur démocratie et reconstruire leur économie. De même, nous saluons la signature, au Togo, d'un accord de paix entre le Gouvernement de Sierra Leone et les rebelles et nous exhortons la communauté internationale à contribuer généreusement à la reconstruction de ce pays dévasté. En ce qui concerne la République démocratique du Congo, nous considérons que, sans le soutien de la communauté internationale et des Nations Unies, l'accord de Lusaka sera de peu d'efficacité. Nous engageons donc le Conseil de sécurité à participer activement, en collaboration avec l'Organisation de l'unité africaine, à la mise en oeuvre de cet accord. Dans le cas de l'Angola, nous devons tous veiller à ce que les sanctions imposées contre l'UNITA soient appliquées de manière à renforcer leur efficacité et partant, cesser de soutenir la rébellion de Savimbi. Nous approuvons également la création, par le Conseil de sécurité de groupes d'experts pour enquêter sur les violations de ces sanctions. De même, nous demandons à l'Ethiopie et l'Erythrée de cesser leur guerre et de se plier, sous les auspices de l'OUA, à l'accord de paix.

Récemment nous avons organisé des conférences afin d'examiner les dangers des armes de destruction massive et afin d'intensifier les campagnes contre les mines antipersonnel. Si la guerre froide est à ce jour terminée, les dangers et menaces posés par ces armes demeurent encore exacerbés par l'accroissement des arsenaux d'armes classiques au-delà des besoins d'autodéfense. L'adoption par l'OUA du traité de Pelindaba et la création d'une zone exemple d'arme nucléaire en Afrique ont montré l'engagement du continent envers la mise en place instruments juridiques contraignants pour endiguer les dangers de ces armes.

L'intégration croissante des marchés, le transfert rapide de la technologie ainsi qu'un large spectre de relations internationales dans le domaine économique, social et politique tissent de plus en plus de liens entre nos nations. Pour survivre à la concurrence mondiale, les pays en voie de développement doivent réagir de façon appropriée face aux défis et opportunités qu'ils rencontrent. Au cours du dernier Sommet de l'Organisation de l'unité africaine à Alger, nos dirigeants ont discuté de la façon de rendre profitable pour les régions africaines le processus de mondialisation et d'éviter ainsi leur marginalisation. En tant que tribune universelle, les Nations Unies peuvent promouvoir la coopération internationale en examinant les défis posés par le développement dans un contexte d'interdépendance. Depuis cinq ans, nous avons noté un déclin dans les ressources reçues par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). L'Afrique est toujours handicapée par le poids de sa dette extérieure. Ma délégation reconnaît les efforts qui ont été faits à travers l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés (HIPC). Nous espérons aussi que

les résultats du séminaire de Nairobi organisé par les institutions de Bretton Woods et les pays donateurs, séminaire sur la dette qui s'est réuni sous la présidence du Président du Botswana seront suivis. Cependant nous estimons qu'une solution durable au problème de la dette africaine ne consiste pas en un rééchelonnement de celle-ci mais en sa suppression.

Concernant la réforme des Nations Unies, la composition non démocratique du Conseil de sécurité est une insulte à une large part des Etats Membres de cette Organisation. Le Conseil de sécurité doit en conclusion s'adapter au contexte au sein duquel il existe et nous demandons donc l'ajout de trois sièges non permanents et de deux sièges permanents au minimum.

M. JAVIER MURILLO DE LA ROCHA, Ministre des affaires étrangères et du culte de la Bolivie: les crises financières qui secouent le monde sont de plus en plus graves et fréquentes; le fossé qui sépare ceux qui ont tout de ceux qui n'ont rien se creuse : la confusion, la peur et l'incertitude sont le lot d'une grande partie de la planète. La mondialisation est une monnaie à deux faces : l'une est pleine de promesse, l'autre fait figure de menace. La crise des marchés financiers et la hausse constante du prix des produits de base font pression sur les économies, parfois jusqu'à l'intolérable. Malgré tout, les habitants de l'Amérique latine ont des raisons d'espérer. C'est le cas de mon pays, qui a vécu, il n'y a pas si longtemps, des drames qui touchent aujourd'hui encore certains de ses voisins : le trafic de drogue, la dette externe, la disparition de l'industrie minière, la crise du système politique. Fatigués de la confrontation politique, stérile et affaiblissante, les Boliviens ont décidé de prendre le chemin de la concertation et du dialogue, si bien qu'un débat sur les grands problèmes de la nation s'est engagé au sein de la société et de ses institutions. Une première conclusion est à tirer de cette expérience : aucune modernisation de l'économie n'est possible sans une solide réforme politique. C'est en effet grâce à ce "ciment politique" que l'inflation a pu être contrôlée, la dette renégociée, et les conditions d'un développement durable définitivement créées. Les conditions de vie des Boliviens ne sont sensiblement améliorées: la part budgétaire consacrée à l'éducation a plus que doublé entre 1985 et 1997; l'analphabétisme des moins de 15 ans a pratiquement disparu; le taux de mortalité infantile a fortement diminué et l'espérance de vie est passée de 45 à 61 ans entre 1976 et 1997.

Malgré toutes ces améliorations, le rythme de croissance est encore insuffisant et injuste, puisque tous les Boliviens n'ont pas également accès au développement. Aujourd'hui, la lutte contre la pauvreté est la priorité du Président Banzer. Pour ce qui est du trafic de drogue, la Bolivie espère se débarrasser du trafic de cocaïne d'ici à trois ans. Le succès du plan antidrogue actuellement appliqué est essentiellement dû à la prise de conscience du peuple bolivien qui a choisi de débarrasser le corps de la société nationale du cancer du narcotrafic. Un problème majeur et très ancien demeure, toutefois: celui de l'enclavement de la Bolivie, qui a perdu

sa zone côtière au moment de son indépendance. C'est là l'une des principales causes du retard économique du pays qui a déployé tous les moyens pacifiques possibles pour tenter d'y remédier. La Bolivie plaide sa cause lors de toutes les conférences et cherche à engager une négociation directe avec le Chili à ce sujet, dans l'intérêt de nos deux pays, mais sans résultat pour l'instant. A l'aube du nouveau millénaire, le système des Nations Unies se trouve confronté à de nouveaux défis. Sa fonction d'assistance au développement a été limitée par la privatisation des groupes financiers et technologiques qui transitent des pays développés vers les marchés émergents. Son rôle de forum de négociation entre le Nord et le Sud, entre les pays développés et les nations en développement est remis en cause par l'importance grandissante des nouvelles structures financières et commerciales internationales, comme le Fonds monétaire international, la Banque mondiale ou l'Organisation mondiale du commerce ou les armes de la négociation sont très différentes des instruments traditionnels de la diplomatie. Son rôle de système collectif de sécurité est aussi parfois relégué au second plan par l'action unilatérale de pays ou de groupes de pays qui mettent leurs intérêts particuliers avant le mécanisme mondial. Toutes ces transformations font appel à un renforcement du système et à notre créativité.

M. BROWN J. MPINGANJIRA, Ministre des affaires étrangères du Malawi: Le pays que je représente fut longtemps sous le joug de la dictature et le peuple du Malawi connaît la signification de l'absence de liberté. Pour nous la promotion des droits de l'homme est inhérente au bien-être de l'humanité, et lors des dernières élections au mois de juin, nous avons confirmé notre désir de renforcer le processus de démocratisation entamé en 1994. Au Malawi nous restons attachés à la transparence et souhaitons poursuivre les réformes nécessaires pour lutter contre la corruption et renforcer l'administration publique et la participation de la société civile. Notre Gouvernement continue de donner la priorité aux programmes sociaux notamment dans les domaines de l'éducation, de la santé, de l'approvisionnement en eau, et des infrastructures routières. L'éducation primaire gratuite pour tous vient d'être mise en place pour permettre aux enfants du Malawi de devenir des adultes productifs et responsables. Concernant la santé, le Gouvernement inaugure de nouveaux centres médicaux dans les zones rurales du Malawi, et l'eau fournie aux populations rurales est de meilleur qualité. Des campagnes de prévention ont aussi été entreprises pour lutter contre le virus du sida et modifier les comportements. Nous demandons, à ce sujet, plus de ressources pour la recherche, ainsi que des médicaments. Dans le domaine de l'agriculture, ressource principale du Malawi, nous tendons vers l'autosuffisance et nous avons mis en place des programmes d'irrigation.

Les démarches entreprises par le Malawi illustrent bien les progrès en cours sur le continent africain, mais l'Afrique a besoin de partenariats mutuellement bénéfiques avec les pays développés. Les économies africaines ne peuvent prospérer, malgré les réformes effectuées, sans une aide financière

sur la question de la dette, sans investissements étrangers, et sans un support pour une coopération régionale. La dette extérieur actuelle de mon pays, représentant 89% du PNB national, cause des difficultés économiques majeures pour notre peuple, particulièrement pour les femmes et les enfants. Cette situation est de mauvais augure et a des effets néfastes sur les efforts du Gouvernement contre le pauvreté. Nos victoires politiques, acquises par la démocratisation et par une gestion responsable du pays, deviendront insignifiantes sans un réel développement économique. Le Malawi n'est pas seul dans ce cas et la question du développement humain devrait être étudiée en profondeur par les Nations Unies au XXIe siècle.

Mme JANET BOSTWICK, Ministre des affaires étrangères des Bahamas: au vu des événements qui se sont récemment déroulés en Europe et ailleurs dans le monde suite à des conflits internes, les Bahamas estiment que le principe de non-intervention dans les affaires internes d'un Etat reste un important garant de la paix et de la sécurité internationales.

En ce qui concerne la mondialisation et la libéralisation des échanges commerciaux, il nous semble que les règles de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et ses mécanismes de règlement des différends commerciaux placent les intérêts des plus forts avant ceux des faibles. Les pays agricoles des Caraïbes agricoles, qui sont dépendants du commerce de la banane, ne peuvent imaginer comment ils vont pouvoir retirer de grands bénéfices du libre échange. Abolir le traitement préférentiel avant que ces Etats n'aient restructuré leurs économies provoquera de graves difficultés.

Pour ce qui est de notre croissance économique, nous la devons en partie à la création d'un centre financier offshore aux Bahamas. A cet égard, les Bahamas regrettent l'action entreprise par la communauté internationale en vue de limiter ou d'interdire ce type de centre financier et de désigner tous ces centres comme des juridictions fiscales nocives.

Au mois de mai de cette année, notre économie connaissait une période de dynamisme. Cependant, l'ouragan Floyd a dévasté notre pays le 14 septembre et causé de graves dommages à notre environnement et à nos infrastructures. Cette catastrophe démontre que le Programme d'action de la Barbade garde toute son importance. Nous appelons à la reconnaissance du statut de "zone spéciale" de la mer des Caraïbes, dans le contexte du développement durable. Les Bahamas réitèrent leur appel à l'arrêt du transport maritime de déchets nucléaires et de substances dangereuses dans la mer des Caraïbes.

En ce qui concerne les droits de l'homme, nous prêtons un vif intérêt à la courageuse démocratie qui affronte, en Haïti, des obstacles politiques, économiques et sociaux. Ces nombreux défis ont provoqué un afflux d'immigrants clandestins en provenance d'Haïti aux Bahamas. Cette immigration qui s'ajoute à celle d'autres pays des Caraïbes, représente un fardeau pour les structures socio-économiques des Bahamas.

Pour ce qui est de la drogue, dont le trafic se déroule aux Bahamas ou qui transite par notre territoire, elle représente une grave menace pour notre développement socioéconomique. En dépit du fait que l'application de la Loi sur les stupéfiants se fasse au détriment de programmes nationaux essentiels, nous poursuivrons sans relâche notre effort de lutte contre le trafic illicite de stupéfiants et contre la criminalité qui lui est associée. Les Bahamas sont vivement préoccupés par le trafic d'armes à feu illicites qui semble aller de pair avec le commerce des stupéfiants.

M. FRITZ LONGCHAMP, Ministre des affaires étrangères de la République d'Haïti: nous prenons la parole ce 1er octobre, au lendemain de l'anniversaire du sanglant coup d'Etat de 1991, véritable acte d'assassinat de la démocratie en Haïti. Sans l'action déterminée de l'ONU et de ses Membres, penser à cet événement triste et meurtrier eût été plus angoissant pour le peuple haïtien. Nous tenons donc à dire, une fois de plus, notre reconnaissance à la communauté internationale pour avoir assuré le retour à l'ordre constitutionnel démocratique dans le pays. Depuis ce retour, le Gouvernement et le peuple haïtiens ont ardemment travaillé pour assurer un environnement propice à l'épanouissement démocratique et au progrès économique. Cet effort n'a pas encore eu tous les résultats escomptés car, ces cinq dernières années, la République d'Haïti a connu des problèmes dus à la complexité de sa situation; mais par la volonté de notre peuple et de son Gouvernement, le rêve démocratique haïtien deviendra réalité. Par dessus tout, le Gouvernement reste convaincu de l'importance du renouvellement des institutions, du Parlement, en particulier, dont le mandat de la majorité des membres est arrivé à expiration le 11 janvier dernier. A cette fin, des élections sincères, honnêtes et démocratiques seront organisées dans les prochains mois. Pour le Président Préval, la tenue de ce scrutin doit déboucher sur un dénouement de la crise, et non à sa perpétuation ou encore à la création d'une autre. Dans le but d'oeuvrer à la consolidation des acquis, le Gouvernement souhaiterait qu'un consensus soit trouvé dans la poursuite de l'assistance technique à la professionnalisation de la Police nationale, et ce, dans le strict respect des lois haïtiennes. Le Gouvernement souhaite éviter toute interruption de l'effort visant à réformer en profondeur le système judiciaire et à promouvoir le plein respect des droits de l'homme dans toutes leurs dimensions.

La cinquante-quatrième session de l'Assemblée générale est très certainement un moment de grand symbolisme. Elle se doit de porter une vision qui fera de notre organisation un instrument incontournable et efficace pour affronter les défis qui nous attendent au XXIe siècle. Notre tâche au cours de cette session doit donc consister, à travers les débats et les travaux des différentes commissions, à parfaire l'articulation conceptuelle et opérationnelle de cette vision. Face aux conflits qui menacent la paix et la sécurité internationales, il est réconfortant que le Directeur général de l'UNESCO, M. Frederico Mayor, ait songé à promouvoir à travers le monde

la culture de la paix, si nécessaire aux bonnes relations à l'intérieur et entre les nations. La promotion d'une véritable culture de la paix est inséparable d'une démocratisation de l'ordre international. L'un des aspects les plus fondamentaux de ce processus de démocratisation réside dans la solution à apporter à la question d'une représentation équitable au Conseil de sécurité; il est temps que l'Assemblée parvienne à un consensus sur ce sujet d'une importance cruciale pour l'avenir de notre Organisation. Un autre point, tout aussi important pour l'établissement d'une culture de la paix, est l'application des résolution prises par les Nations Unies en matière de sécurité internationale. En effet, bon nombre de résolutions n'ont pas été appliquées alors que leur application serait un élément déterminant non seulement dans la dynamique des relations entre le Nord et le Sud mais encore dans l'indispensable interrelation à développer entre les Etats, les institutions internationales et les organisations non gouvernementales.

A l'aube du nouveau millénaire, la lutte pour l'élimination de la pauvreté reste l'une des tâches les plus nobles du système des Nations Unies qui permette d'instaurer, comme le veut la Charte qui nous régit, de meilleures conditions de vie pour les êtres humains. Le Président de l'Assemblée s'est fait récemment l'écho de la grande majorité des Etats en développement en déclarant que "la mondialisation serait capable d'ouvrir les vannes de la concurrence de telle manière que certains Etats seraient rayés de la carte": il appartient donc à l'ONU, à chaque Etat, d'examiner avec attention les moyens de remédier aux effets néfastes de la mondialisation sur les structures sociales et économiques de chacun de nos pays, spécialement sur les petits Etats en développement. La mondialisation a certes son côté positif par le fait qu'elle rapproche les communautés humaines tant au niveau politique, social que culturel, mais elle ne saurait servir de prétexte à une uniformisation susceptible de stériliser cette diversité qui fait la force de l'humanité.

M. JOSEPH KOKOU KOFFIGOH, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Togo: les problèmes de tout genre liés au sous-développement, la misère et les inégalités entre pays développés et pays démunis se sont exacerbés ces dernières années sous l'effet de la mondialisation de l'économie. Les pays en développement pâtissent de son impact négatif sur leurs économies déjà fragilisées par l'insupportable fardeau de la dette, la chute effrénée des cours des matières premières, et le déclin continu de l'aide publique au développement. L'on ne peut que se féliciter de l'engagement du Sommet du G8, en juin dernier à Cologne, d'annuler une partie de la dette des pays les plus pauvres du monde. Le Togo encourage la communauté internationale à continuer de prendre des mesures hardies visant à résoudre efficacement et durablement le problème de la dette, comme l'annulation de la totalité de la dette bilatérale accordée aux pays les plus pauvres, la réduction significative du fardeau de la dette des pays à revenu intermédiaire et des pays à faible revenu, l'assouplissement de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés afin de la rendre plus accessible.

La mise en oeuvre de telles mesures ne devrait toutefois pas s'opérer au détriment de l'aide publique au développement qui, malheureusement, ne cesse de s'amenuiser. Au plan des échanges, la communauté internationale devrait prendre des mesures appropriées tendant à intégrer les pays en développement au système commercial international par l'accroissement de l'accès des exportations de ces pays aux marchés des pays développés, par le soutien à la diversification et au renforcement de leurs capacités de production et par l'amélioration des termes de l'échange. Nous espérons vivement que les prochaines négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce, de la 10ème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement, et celles entre l'Union européenne et les pays de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, prendront en compte les intérêts des partenaires les plus faibles.

Au niveau sous-régional, des actions ont été menées sous l'impulsion du Président togolais, Gnassingbé Eyadéma, Président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), en vue de trouver des solutions négociées à la crise en Guinée-Bissau, au conflit sierra-léonais et à l'incident frontalier entre la Guinée et le Libéria. A cet égard, le Togo espère que l'ONU et la communauté internationale s'emploieront à apporter l'assistance requise au peuple bissau-guinéen. Le Gouvernement sierra-léonais et le Front révolutionnaire uni ont signé le 7 juillet dernier à Lomé un Accord de paix dont la mise en oeuvre permettra aux Sierra-Léonais de s'engager dans la voie de la réconciliation nationale, de la stabilité et de la reconstruction. Le Togo encourage le Conseil de sécurité à autoriser le plus vite possible, le déploiement d'une Force des Nations Unies de 6000 hommes chargée d'aider le Gouvernement sierra-léonais à appliquer le plan de désarmement, de démobilisation et de réinsertion arrêté. Pour ce qui est du Libéria, le Togo lance un appel pressant aux parties concernées pour le respect des dispositions pertinentes du Traité de la CEDEAO et du Protocole de non-agression de Lagos en vue de permettre le rétablissement sans délai d'un climat de paix, de sécurité et de confiance dans la sous-région. Le Togo encourage aussi le règlement des conflits en République démocratique du Congo, en Angola et entre l'Ethiopie et l'Erythrée.

Le Togo se félicite des initiatives des Nations Unies tendant à endiguer le phénomène de la prolifération et du trafic illicite des armes légères et de petit calibre en Afrique, et espère que la Conférence internationale sur cette question qui se doit tenir en 2001 à Genève, permettra de trouver des solutions efficaces au problème. Dans ce contexte, le Togo tient à souligner le rôle joué par le Centre régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique, qui a organisé du 2 au 4 août dernier à Lomé un atelier sur le trafic illicite des armes légères. Il est urgent que cette institution soit soutenue dans son action. Le Togo réaffirme son adhésion à toute réforme visant au renforcement de l'efficacité du Conseil de sécurité et à la représentation de l'Afrique en son sein, à titre permanent.

Au niveau national, un dialogue inter-togolais, réunissant tous les acteurs politiques du pays, a été organisé le 19 juillet dernier, à l'initiative du Général Eyadéma. L'opportunité a été donnée aux représentants de la mouvance présidentielle et à ceux de l'opposition togolaise de s'exprimer librement sur les grands dossiers de la vie politique du pays sous l'arbitrage de facilitateurs internationaux. Ces négociations ont abouti à la signature le 29 juillet d'un Accord-cadre. Le Gouvernement a prouvé qu'il était prêt à toutes les concessions allant dans le sens de l'intérêt national pour permettre la mise en oeuvre de cet Accord, étant entendu que la réconciliation nationale est indispensable à la poursuite du processus de démocratisation et à la consolidation de l'Etat de droit au Togo. Le Gouvernement estime que la signature de cet Accord est une étape importante dans notre marche résolue vers l'édification d'une société démocratique. Le Togo lance, en conséquence, un appel solennel à la communauté internationale pour qu'elle contribue à la reprise effective de la coopération avec le Togo afin de permettre aux populations de jouir des fruits de la démocratisation.

M. MARK ISAAC, Ministre des affaires étrangères de Grenade: certains pays en développement ont considéré la période des années 1980 comme une décennie perdue à cause du lourd fardeau du service de la dette, de la chute des cours des matières premières, de la croissance économique négative, du chômage et des programmes d'ajustement structurel. Dans les années 1990, les grandes conférences des Nations Unies ont mis l'accent sur la personne humaine dans le cadre d'un développement social, économique et culturel durable.

Grenade estime que les pays développés et les pays en développement partagent la responsabilité du développement durable. Notre région, les Caraïbes, exhorte donc ses partenaires les plus développés à lui fournir des ressources supplémentaires et à accroître les transferts de technologie afin que nous puissions assurer les obligations qui sont les nôtres au titre des conventions auxquelles nous sommes parties.

Aucun développement durable n'est possible sans le respect de tous les droits de l'homme, économiques, sociaux, culturels, civils et politiques. Dans un environnement de pauvreté et de privations, la réalisation des droits de l'homme paraît illusoire. Selon une estimation de la Banque mondiale, plus de 35% de la population du bassin des Caraïbes vit au-dessous du seuil de la pauvreté. Les souffrances de certains petits Etats des Caraïbes sont en outre aggravées par les décisions inhumaines rendues par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) au sujet du régime commercial de l'Union européenne concernant la banane. Nous sommes encore stupéfaits de l'attitude adoptée par notre allié habituel, les Etats-Unis, et de l'attitude prétendument "amicale" qu'ont démontrée certains pays d'Amérique latine au sujet de la version modifiée du régime de la banane.

La mer des Caraïbes est sans conteste la principale source de vitalité de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) dont la moitié de la population vit dans des zones côtières. La reconnaissance du statut de zone spéciale de la mer des Caraïbes nous confèrerait l'autorité juridique nécessaire pour contrôler le passage de navires transportant des déchets radioactifs et de substances chimiques et radioactives dangereuses dans les eaux des Caraïbes.

Grenade appelle au respect des droits fondamentaux des vingt-deux millions de Chinois qui vivent en République de Chine à Taïwan par la réexamen de la résolution 2758 adoptée en 1971 par les Nations Unies. Egalement au nom des principes de justice et d'humanité, Grenade appelle à la levée des sanctions économiques contre Cuba. Les Etats-Unis devraient suspendre leurs sanctions inconditionnellement pour atténuer les souffrances des Cubains ordinaires.

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