CONTINUONS D'EDIFIER UNE ORGANISATION DANS LAQUELLE LES GENS PUISSENT PLACER LEUR CONFIANCE
Communiqué de Presse
SG/SM/7138
CONTINUONS D'EDIFIER UNE ORGANISATION DANS LAQUELLE LES GENS PUISSENT PLACER LEUR CONFIANCE
19990930On trouvera ci-après le texte du discours que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcé à l'occasion de la Journée du personnel de l'ONU, le 17 septembre 1999 à New York:
Je suis vraiment heureux d'être parmi vous pour fêter la Journée du personnel. À vous tous qui êtes ici à New York, comme à ceux qui se joignent à nous par téléconférence et à tous les autres fonctionnaires de l'Organisation qui se trouvent aux quatre coins du monde, je tiens à exprimer mes plus vives félicitations pour le magnifique travail que vous accomplissez, dans des conditions difficiles, pour le compte de la communauté internationale. Votre dévouement aux idéaux des Nations Unies est aussi solide que jamais, et toujours aussi exemplaire.
Au Timor oriental, le monde a été témoin d'une manifestation éblouissante de l'esprit qui règne dans l'Organisation lorsque des dizaines de ses fonctionnaires, et plus particulièrement les plus jeunes d'entre eux, ont préféré rester à Dili alors que la mission était en état de siège. Certains de nos collègues ont été abattus. D'autres ont essuyé des coups de feu et ont été harcelés. Des individus à bout de forces ont su trouver en eux- mêmes une réserve d'énergie dont ils ignoraient l'existence pour venir en aide aux Timorais saisis par la peur et plongés dans la détresse qui cherchaient refuge dans les locaux de l'ONU.
Bien sûr, le Timor oriental n'est qu'un des nombreux endroits où le personnel des Nations Unies se trouve dans la ligne de tir et où cela ne l'empêche pas de faire son travail avec beaucoup de courage et d'ingéniosité.
Ceux qui ont été affectés à la mission préparatoire au Kosovo ont quitté leur foyer et leur famille du jour au lendemain et ont travaillé quasiment 24 heures sur 24 pour que l'ONU soit présente dans la région et opérationnelle au plus tôt. Ceux qui y sont maintenant continuent de se démener, envers et contre tout, pour reconstruire le Kosovo en en faisant une société multiethnique. Je suis heureux de constater que des fonctionnaires continuent de se porter volontaires pour partir dans les Balkans, malgré l'approche de l'hiver.
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Il y a de quoi être fier d'avoir des collègues de cette trempe. Ils font voir au monde le meilleur de ce que peut être l'ONU. Certains d'entre eux sont de retour au Siège, et il me semble que nous pouvons les applaudir pour ce qu'ils ont accompli en notre nom à tous. Leur réussite rejaillit sur nous.
Si les missions au Timor oriental et au Kosovo sont les premières qui viennent à l'esprit, c'est pour des raisons évidentes : ce sont des opérations dont on parle beaucoup et où les enjeux sont élevés, qui ont une grande importance pour l'avenir de l'Organisation. Mais je tiens à souligner que chacun de vous, qui formez une équipe variée chargée d'une mission de paix multiforme, apporte par le travail qu'il effectue quelque part dans le monde une énorme pierre à l'édifice.
Quel meilleur moment que cette dernière Journée du personnel du millénaire pour vous dire combien je vous suis reconnaissant de votre dévouement et de votre soutien? Vous donnez tout ce que vous avez à donner, malgré une forte augmentation des attaques menées contre le personnel des Nations Unies. Vous le faites en dépit de la persistance des idées fausses qui circulent sur notre organisation et malgré les revers subis dans l'action menée pour bâtir une véritable communauté internationale.
Les hommes et les femmes du monde entier ont envie de croire en l'ONU. Ils continuent de nous considérer comme un facteur de paix et de progrès à la fois irremplaçable et universel. Pour que les hommes et les femmes du monde entier gardent cette foi, il faut que nous, fonctionnaires de l'Organisation, continuions de la partager. Moral et réussite sont indissociables, de même que notre confiance en nous et celle que le monde croit pouvoir nous accorder.
C'est pourquoi il nous faut manifester notre dévouement non seulement lorsque les phares des médias du monde entier sont braqués sur nous mais aussi quand personne ne nous regarde.
Nous devons agir avec assurance, qu'il s'agisse de s'occuper du désarmement ou du développement, de creuser un puits au Guatemala, de remanier un rapport sur l'économie de l'Afrique ou de faire son métier d'interprète dans une réunion à Bangkok. Nous devons toujours chercher comment faire les choses plus efficacement et plus économiquement, être ouverts au changement et disposés à apprendre ce que les autres ont à nous apprendre.
La réussite dépend d'un grand nombre d'éléments, dont certains sont indépendants de notre volonté. Mais il y en a beaucoup que nous maîtrisons complètement. L'assurance est une question de relations et de confiance. Et dans cette maison une des relations primordiales est celle qui existe entre les subordonnés et leurs chefs. Si les uns et les autres tirent dans la même
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direction, nous avancerons vers les résultats auxquels nous voulons aboutir. Rien ne peut davantage peser sur la qualité du travail et casser le moral des troupes qu'une situation où exécutants et encadrement ne se traiteraient pas les uns les autres comme des partenaires.
Jusqu'à récemment, l'ONU n'a pas, en tant qu'Organisation, accordé l'importance voulue au renforcement de nos compétences en matière de gestion ou à l'adoption d'une culture privilégiant la recherche de la plus haute efficacité en matière de gestion.
Beaucoup de nos responsables possèdent de grandes qualités et ont l'esprit très ouvert. Mais pour sélectionner des candidats à des postes d'encadrement, nous avons généralement privilégié des qualités telles que l'esprit d'analyse, une grande aptitude à la négociation ou la parfaite connaissance d'un domaine particulier. Tous ces éléments sont essentiels, mais ils ne suffisent pas pour diriger et animer une équipe.
Je suis heureux de pouvoir dire que cela est en train de changer. Nous avons reconnu nos points faibles. On commence à savoir que ceux qui occupent des postes de direction sont censés être accessibles et prêts à partager leurs responsabilités, et aussi être ouverts aux idées nouvelles. Nous avons lancé une série de stages et d'ateliers de formation pour la direction et l'encadrement, et ces programmes seront plus largement étendus à l'avenir. Ce qui est peut-être le plus important, nous sommes en train de mettre en place les mécanismes nécessaires pour responsabiliser la hiérarchie.
Ceux qui font partie de celle-ci doivent aussi s'attacher tout particulièrement à veiller au perfectionnement de leurs subordonnés et à leurs perspectives de carrière. Les fonctionnaires constituent une ressource, une ressource pour toute l'Organisation. Les plus jeunes, en particulier, occuperont un jour des postes de direction un jour qui approche à grands pas, vu le nombre de personnes qui doivent partir à la retraite dans les 10 prochaines années.
Ce qui m'amène inévitablement à la question de la mobilité. Il est important que les fonctionnaires, particulièrement les jeunes, puissent se déplacer : d'une fonction à l'autre, d'un lieu d'affectation à l'autre et d'un organisme des Nations Unies à l'autre. Pour le moment, cependant, il y a trop d'obstacles. Les responsables se préoccupent à juste titre de l'exécution de leur mandat; leurs collaborateurs, eux, se méfient, car si en principe le service en mission est recommandé, dans la pratique il est, à bien des égards, pénalisé. Il nous faut examiner le système dans sa globalité et trouver un bon équilibre entre des impératifs contradictoires.
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Responsabilité, intégrité, mobilité et l'impression d'avoir de réelles perspectives font partie des éléments déterminants qui donneront aux fonctionnaires de base comme aux responsables la confiance dont ils ont besoin pour mener une carrière gratifiante.
En tant que Secrétaire général, et aussi en tant qu'ancien responsable des ressources humaines, je continuerai d'insister auprès des États Membres pour qu'ils fassent ce qui dépend d'eux, que ce soit sur le plan du financement et de la volonté politique, dont on parle beaucoup, ou sur celui des soucis du personnel dont on parle moins mais auxquels il faut absolument apporter une réponse, sans quoi l'Organisation ne saurait fonctionner correctement. Sur ce dernier point, par exemple, j'ai demandé à l'Assemblée générale de voir si elle ne devrait pas revenir sur sa décision de faire intervenir le principe de la répartition géographique dans la sélection des lauréats du concours "G à P".
Il nous reste aussi beaucoup de chemin à parcourir dans l'action menée pour améliorer la situation des femmes au Secrétariat. À l'échelle mondiale, les hommes et les femmes sont à peu près également nombreux, mais cette statistique globale cache de grands déséquilibres. Les femmes ont légèrement dépassé la proportion de 37 % dans la catégorie des administrateurs, mais elles sont encore sous-représentées aux échelons supérieurs.
Nous ne devons pas non plus nous contenter d'une égalité purement statistique, car le déséquilibre est aussi dans la nature des responsabilités qui sont confiées à des femmes. Nous pouvons faire mieux, et il le faut. Aussi les mesures spéciales sont-elles remises en application et le Comité directeur nouvellement reconstitué se réunira-t-il pour la première fois lundi.
Par ailleurs, je continuerai aussi à lutter pour renforcer la sécurité du personnel. Lundi, l'Administration postale de l'ONU émettra une série de timbres en hommage aux fonctionnaires morts au service de la paix. Voilà une excellente initiative, et j'espère qu'elle aidera à sensibiliser l'opinion à notre mission et à la nécessité d'être protégé le mieux possible dans l'exécution de cette mission.
Et puisque l'amélioration de la sécurité du personnel dépend pour beaucoup des moyens financiers qu'on y consacre, je compte recommander à l'Assemblée générale d'y affecter, dans le budget, une part importante des recettes de la vente de ces timbres.
L'Association des anciens fonctionnaires internationaux a récemment publié un petit livre fort plaisant dans lequel d'anciens fonctionnaires de l'Organisation évoquent quelques-uns de leurs souvenirs les plus marquants.
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L'un d'eux a raconté qu'il lui était arrivé, dans les années 70, de rendre compte de ses activités, en pleine guerre, en passant son micro par la fenêtre pour faire entendre aux autorités de New York les roquettes, les grenades et les coups de feu.
Un autre a raconté que lorsqu'il était en Normandie en 1944, le vent avait déposé dans son gourbi une page de journal où on parlait des entretiens qui se tenaient à Dumbarton Oaks et où il était question de créer une organisation pour remplacer la Société des Nations. Il s'est juré sur le champ de travailler dans cette organisation, ce qu'il a fait pendant 30 ans.
Vous aussi, vous accomplissez des tâches extrêmement utiles et mémorables qui auront un jour leur place dans une édition future de ce livret. Unissons-nous pour nous féliciter d'avoir l'heur de participer à cette grande et noble entreprise. Continuons d'édifier une Organisation dans laquelle les gens puissent placer leur confiance. Ensemble et seulement ensemble nous pouvons lutter pour la bonne cause.
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