En cours au Siège de l'ONU

AG/928

LA CONSOLIDATION DES DEMOCRATIES NAISSANTES REQUIERT UN APPUI SANS RESERVE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, PLAIDENT LES INTERVENANTS A L'ASSEMBLEE GENERALE

30 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/928


LA CONSOLIDATION DES DEMOCRATIES NAISSANTES REQUIERT UN APPUI SANS RESERVE DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE, PLAIDENT LES INTERVENANTS A L'ASSEMBLEE GENERALE

19990930

Des questions de développement durable, de paix et de sécurité internationales dans la mesure où elles sont fortement tributaire d'une assistance soutenue de la communauté internationale ont particulièrement marqué les interventions des orateurs qui ont pris la parole cet après-midi à la tribune de l'Assemblée générale. Les intervenants tous originaires de pays en développement ont ainsi, à maintes reprises, souligné le rôle essentiel qu'une aide appropriée au développement pourrait apporter à la consolidation des régimes démocratiques encore fragiles. Le Président de la République du Mozambique, M. Joaquim Alberto Chissano a évoqué le processus de transition démocratique en cours dans son pays, soulignant le fait qu'après des années d'instabilité, le Mozambique retrouve peu à peu une situation normale. Le Premier Ministre de la République du Niger, M. Ibrahim Assane Mayaki, faisait état, pour sa part, de la mise en place d'institutions démocratiques durables dans son pays, avec l'adoption par voie référendaire d'une nouvelle constitution. Il a exhorté ses partenaires extérieurs à s'engager aux côtés des autorités de son pays, afin d'y asseoir une véritable démocratie. Soulignant l'interaction entre démocratie et aide économique, plusieurs intervenants ont exprimé leur plus grande préoccupation face au déclin de l'Aide publique au développement.

L'engagement pris par les pays développés de verser 0,7% de leur PNB au titre de l'Aide publique au développement n'a pas été atteint, ont-ils regretté et partant ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour que non seulement le flux de l'assistance soit rétabli et accru mais aussi que soit effacée la dette des pays qui avancent dans la voie des réformes politiques. Pour le représentant de la Jamahiriya arabe Libyenne une nouvelle colonisation est en cours déguisée sous forme d'institutions financières internationales, de mondialisme et des politiques de sanctions bilatérales et de désarmement sélectif. Il a plaidé pour la levée des sanctions imposées à son pays. Dans ce contexte, il a fait valoir le droit de son pays de prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaire pour garantir la primauté de la justice dans cette affaire. Il était appuyé en cela par le Vice-Premier Ministre du Yémen, M. Abdulkader Bajammal qui a appelé de ses voeux une révision de la politique internationale en matière de sanctions et d'embargos. L'expérience, a-t-il dit, a fait la preuve de leur incapacité à remplir leurs objectifs et a montré qu'elles s'accompagnent toujours de dommages importants pour les populations.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/928 30 septembre 1999

Ont participé au débat : le Président de la République du Mozambique, M. Joaquim Alberto Chissano; le Premier Ministre des îles Salomon, M. Bartholomew Ulufa'Alu; le Premier Ministre de la République du Niger, M. Ibrahim Assane Mayaki; le Premier Ministre du Royaume du Népal, Krishna Prasad Bhattarai; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yémen, M. Abdulkader Bajammal; le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de Sainte-Lucie, M. George Odlum; le Ministre des affaires étrangères du Soudan, M. Mustafa Osman Ismail; Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Arabie saoudite, M. Nizar Madani; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone, M. Sama Banya ainsi que le représentant permanent de la Jamahiriya arabe libyenne, M. Abuzed Omar Dorda.

En fin de séance, les représentants du Royaume-Uni, de la République démocratique populaire de Corée, ainsi qu'Israël ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain, vendredi 1er octobre à 10 heures.

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Allocution de M. Joaquim Alberto Chissano, Président de la République du Mozambique

M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président de la République du Mozambique: je m'exprime ici en tant que messager d'un peuple qui s'est engagé dans un processus de stabilisation politique, économique et sociale. Après des années d'instabilité notre pays revient à une situation normale. Le passage au multipartisme connaît des progrès importants; nous sommes toutefois conscients de ce que le plus difficile est devant nous. Notre principal défi consiste à assurer la pérennité de notre système de gouvernement fondé sur la règle du droit, le respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Ainsi, sommes-nous prêts pour les secondes élections législatives et présidentielles qui se dérouleront du 3 au 4 décembre prochain. Nous attendons des partis politiques du Mozambique qu'ils participent de façon responsable aux élections à venir. Notre pays connaît également une période de progrès économiques et sociaux. Le taux de croissance économique du Mozambique progresse de façon encourageante. Le réseau d'établissements scolaires et les équipements de santé détruits pendant les périodes de déstabilisation ont pu être reconstruits, et la plupart des ponts et des routes sont en cours de réhabilitation.

Mon Gouvernement est parvenu à créer un environnement favorable à l'investissement privé. Il a fallu aussi adopter des mesures incitatives pour développer des zones économiques internationales et compétitives, favoriser la création d'emplois et de promouvoir une croissance économique durable. D'autres programmes nationaux et transfrontières mis en chantier avec d'autres pays de la région, dans le cadre de la Communauté pour le développement de l'Afrique Australe, jouent également un rôle majeur dans ce processus. C'est aussi en tant que messager des peuples de l'Afrique australe que je m'exprime devant vous. Une région qui se bat pour construire une communauté de nations et de peuples vivant dans la paix et le développement intégré. Le mois dernier, le Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de notre communauté, qui s'est tenu au Mozambique, a fait apparaître que l'économie continue de croître à un taux de 3% grâce à des politiques macroéconomiques mises en oeuvre par les Etats membres. Toutefois, il faudrait un taux de 6% pour arriver à éradiquer la pauvreté dans nos pays. La recherche d'une paix durable est un objectif constant poursuivi par les Etats de notre région. C'est pourquoi nous nous félicitons des progrès réalisés dans le règlement du conflit en République démocratique du Congo. La signature d'un accord par les parties ouvre des perspectives d'une ère nouvelle pour la région. Ce qu'il faut à présent, c'est que la communauté internationale, particulièrement les Nations Unies, assument leurs responsabilités en envoyant, le plus rapidement possible, des forces de maintien de la paix, dotées d'un mandat et de ressources financières appropriées.

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Nous espérons que ces progrès auront des conséquences positives sur le conflit en Angola. Il faut donner au peuple angolais la possibilité de connaître la paix et l'harmonie. La communauté internationale doit honorer ses obligations morales et politiques et apporter une assistance humanitaire au peuple angolais. Elle doit également appeler M. Savimbi à renoncer à son attitude intransigeante et irresponsable. Par ailleurs, les sanctions imposées par le Conseil de sécurité à l'UNITA doivent être pleinement appliquées. Les conflits récurrents en Afrique ont pour principales victimes les enfants. Nous avons adopté lors du Sommet de Maputo en avril dernier une résolution appelant à l'élaboration d'une convention internationale criminalisant le recours à des enfants de moins de 18 ans dans des conflits armés. Nous exhortons tous les Etats Membres des Nations Unies à soutenir notre initiative. Au Mozambique nous sommes particulièrement préoccupés par la faiblesse du niveau des investissements directs extérieurs en Afrique. Nous sommes également préoccupés par le déclin de l'Aide publique au développement, en particulier vers l'Afrique. Le manque de financement adéquat a contribué à limiter les effets des grandes conférences internationales. Le Programme d'action du Caire, dont la mise en oeuvre a récemment fait l'objet d'un examen lors de la session spéciale de l'Assemblée générale en est un exemple. Sans volonté politique il n'y aura pas de développement durable de l'économie mondiale et le risque de marginalisation des pays en développement restera élevé. La question de la dette extérieure continue de représenter le principal obstacle au développement de l'Afrique. Nous sommes d'avis que la communauté internationale doit effacer la dette des pays qui ont avancé dans la voie des réformes politiques. Enfin, les défis qui nous attendent lors du prochain siècle requièrent un engagement et une coopération internationale plus forte.

Suite du débat général

M. BARTHOLOMEW ULUFA'ALU, Premier Ministre des îles Salomon: pour les petits Etats insulaires en développement comme les îles Salomon, la sécurité de l'après guerre froide comprend des dimensions humaines, environnementales et économiques. Le plus grand atout de tout pays est son peuple. Dans un petit Etat insulaire comme le mien, les investissements permettant de développer les ressources humaines sont non seulement vitaux mais le fondement indispensable pour parvenir à la paix nationale, à la stabilité et à la prospérité économique.

Lorsque mon Gouvernement a pris ses fonctions en septembre 1997, il s'est trouvé confronté à un crise financière majeure dans le secteur public. Ce secteur était incapable de produire efficacement des biens et des services. Le secteur privé stagnait. Il fallait prendre des mesures à court, moyen et long termes. Mon Gouvernement y a répondu par une série de déclarations politiques où il s'engageait à réaliser un train de larges réformes politiques et structurelles.

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Mais s'il est évident que la mise en oeuvre de ces réformes relève en premier lieu de notre responsabilité, nous ne pouvons y parvenir seuls. Je voudrais remercier nos partenaires de développement bilatéraux et multilatéraux pour les réponses positives qu'ils ont bien voulu apporter jusqu'ici à nos initiatives. La paix et le développement sont interdépendants. C'est pourquoi l'insurrection actuelle de l'île de Guadalcanal est un grand pas en arrière pour nos efforts de développement. Elle a déjà affecté plusieurs secteurs économiques et provoqué le déplacement de plus de 30 000 personnes. Les îles Salomon sont habitées par 400 000 personnes parlant plus de 80 langues. Laisser l'insurrection se développer pourrait sérieusement mettre en danger la paix et la sécurité nationales. C'est pourquoi mon Gouvernement est fermement engagé dans une résolution rapide du conflit. L'engagement de l'Envoyé spécial du Commonwealth constitue une mesure préventive pour permettre la réconciliation entre les parties concernées. Trois accords pour régler cette crise ont déjà été trouvés. Nous faisons de grands efforts pour parvenir à leur réalisation.

je voudrais également remercier le Secrétaire général des Nations Unies pour sa réponse rapide concernant ma demande d'une mission de l'ONU pour régler les problèmes humanitaires de cette crise. Mon Gouvernement s'est également engagé à collaborer étroitement avec les organisations spécifiques des Nations Unies pour mettre en application les recommandations de la mission humanitaire des Nations Unies.

Mon Gouvernement attache une grande importance à la coopération régionale, à la sécurité et au développement. Par ailleurs, il continuera à soutenir les efforts du Gouvernement de la Papouasie-Nouvelle-Guinée pour reconstruire la paix et la confiance à Bougainville. Les îles Salomon se félicitent également des progrès faits au cours de la dernière décennie dans le processus de décolonisation de la Nouvelle-Calédonie. Les Nations Unies sont bien placées pour continuer à faciliter ce processus.

M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Premier Ministre et chef de Gouvernement du Niger: le Niger est un pays enclavé, et lourdement endetté qui connaît de surcroît une instabilité institutionnelle chronique depuis près d'une décennie. Mais le peuple nigérien a adopté, le 18 juillet dernier, par référendum la Constitution de la 5ème République, ouvrant ainsi la voie à la mise en place d'institutions démocratiques durables. L'investiture et la prise de fonction du Président élu interviendront le 31 décembre 1999. A cet égard, toutes les dispositions ont été prises pour assurer l'organisation de ces scrutins dans la transparence, l'honnêteté et la neutralité la plus parfaite possible. Pour l'essentiel donc, la transition politique est sur la bonne voie et les instruments de cette transition seront actifs jusqu'à la passation du pouvoir aux autorités dûment et librement élues. Tenant compte de l'ensemble de ces données, nous souhaitons que nos partenaires extérieurs traditionnels s'engagent à nos côtés pour asseoir une véritable démocratie au Niger.

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Nous attendons d'eux le soutien nécessaire pour nous accompagner dans le processus de recherche du dialogue entre toutes les parties concernées afin de garantir l'organisation de consultations crédibles et honnêtes.

Par ailleurs, la question de l'insécurité post-conflit mérite une attention particulière du système des Nations Unies. Le Niger résolument engagé dans le processus de cantonnement, de désarmement et de réinsertion socioéconomique des éléments de l'ex-rébellion qui a sévit dans le Nord et l'extrême Est du pays, il y a de cela quelques années, adhère entièrement au programme de collecte et de destruction des armes légères. C'est dans cet esprit que mon pays a soumis au Secrétaire général un projet visant à mettre un terme à la circulation illicite des armes légères et de petit calibre. Il souscrit à la décision de l'OUA de juin 1998 et à la Déclaration adoptée par les chefs d'Etat et de gouvernement des pays membres de la CEDEAO en octobre 1998 de faire face aux effets déstabilisateurs et à la menace pour la paix et la sécurité que représente la circulation illicite des armes légères et des armes de petit calibre dans la région de l'Afrique de l'Ouest et sur le continent.

De plus, le Niger a toujours tenu à apporter sa modeste contribution au règlement des conflits qui menacent la paix et la sécurité en Afrique et dans le reste du monde. En dépit de ses ressources limitées, il a ainsi tenu à envoyer des contingents au Libéria, en Sierra Leone, en Guinée-Bissau et des officiers de police civile en Haïti. Mon Gouvernement réaffirme sa disponibilité permanente à envoyer des contingents militaires et de police dans toutes les opérations de maintien de la paix entreprises par l'Organisation des Nations Unies. En Afrique, grâce aux efforts de la Communauté internationale, il est permis d'espérer que le processus devant conduire au référendum d'autodétermination du peuple sahraoui aboutira bientôt au règlement définitif de cette question. La lueur d'espoir que suscite la conclusion des Accords de paix en Sierra Leone sous l'égide de la CEDEAO et les Accords de cessez-le-feu en République démocratique du Congo doivent se poursuivre et servir d'exemple aux protagonistes d'autres conflits comme ceux d'Angola, de la Somalie ou l'opposition armée entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Ces situations de crise et d'insécurité interpellent, il faut bien le reconnaître, au premier chef, les gouvernements et les leaders d'opinion africains qui doivent s'investir résolument dans le traitement consensuel des facteurs d'instabilité.

Dans un autre ordre d'idée, il s'avère plus que jamais indispensable et urgent de renverser la tendance à la baisse de l'Aide publique au développement, qui, faut-il le rappeler, est à son plus bas niveau depuis cinquante ans. Pour relever ce défi, la communauté internationale doit examiner les possibilités de mobilisation de ressources additionnelles. A ce titre, il est urgent que des progrès soient réalisés dans le cadre des initiatives engagées lors des sommets mondiaux.

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Le problème crucial de la dette des pays africains, qui annihile tout effort de développement, appelle de la part de la Communauté internationale tout entière, la mise en oeuvre sans délais, ni conditionnalités autres que celles d'une bonne gestion des affaires publiques, de politiques et mécanismes de règlements satisfaisants. Enfin, en dépit des efforts remarquables déployés par bon nombre de pays africains en matière de réformes économiques, les flux d'investissements privés étrangers sont restés marginaux nonobstant l'environnement incitatif mis en place. A ce titre, l'Initiative de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international visant les pays pauvres lourdement endettés, ainsi que celle lancée récemment à Cologne par le Sommet du G7, doivent, pour produire les effets escomptés, s'étendre à tous les pays les moins avancés et revêtir la forme d'une annulation pure et simple.

Pour finir, il semble que l'Afrique, parce qu'elle mobilise aujourd'hui une large part des Initiatives internationales et qu'elle compte bien en devenir aussi un sujet actif, doit prendre une place significative au sein d'un Conseil de sécurité réformé. Et, au sein de cette Afrique, il y a des pays capables de jouer ce rôle déterminant.

KRISHNA PRASAD BHATTARAI, Premier Ministre du Népal: suite à la restauration du multipartisme au Népal, j'ai eu le privilège de diriger le pays à une période clef de son histoire, en supervisant l'élaboration d'une nouvelle constitution démocratique ainsi que la tenue d'élections libres et pacifiques. Non seulement la constitution du Népal garantit les droits humains fondamentaux, mais elle assure aussi l'indépendance du pouvoir judiciaire, et une démocratie parlementaire. Le Népal est une jeune nation avec les caractéristiques uniques d'un pays montagneux enclavé et peu développé souffrant de la pauvreté. Les efforts de développement du Népal sont guidés par l'objectif de l'éradication de la pauvreté, la création d'emplois et la mobilisation sociale dans un contexte démocratique. Le pays a un potentiel presque illimité pour le développement de l'énergie hydraulique et pour celui du tourisme pour lesquels nous avons créé les conditions législatives nécessaires à la participation d'investisseurs étrangers. Notre effort de développement s'est aussi traduit par des mesures de protection de l'environnement et d'établissement de réserves naturelles.

Malgré les engagements pris lors des nombreux sommets internationaux, la pauvreté, la faim et l'analphabétisme demeurent. Combien de temps le monde permettra-t-il qu'une minorité vive dans la liberté et la prospérité alors qu'une majorité vit dans des conditions abjectes? Bien qu'appréciant l'aide de nos partenaires nous appelons les pays développés à accroître leur assistance au développement. Concernant la promotion du statut de la femme nous avons garanti leur participation politique en leur réservant 40 000 sièges dans les assemblés élues locales, et le nombre de femmes parlementaires n'a cessé de s'accroître. Nous nous sommes également engagés dans la promotion de l'éducation et des droits des enfants.

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En résumé nous devons à présent consolider nos acquis démocratiques et oeuvrer pour la paix. Cependant le problème des cent milles réfugiés provenant du Bhoutan persiste. Par la création d'un environnement propice et par des négociations bilatérales pour la résolution de cette question et pour la prise en charge de ces personnes jusqu'à leur rapatriement, nous demandons le support et la compréhension de la communauté internationale. Ces derniers mois le risque d'une guerre nucléaire accidentelle touchant d'autres pays fut ravivé par deux pays amis et voisins possédant l'arme nucléaire. Je félicite les premiers ministres de ces pays d'avoir fait preuve de sagesse et de responsabilité envers leur peuple et envers toute la population du sud asiatique, en reprenant le dialogue entamé à Lahore en février dernier.

Je conclurai en parlant de l'Association d'Asie du Sud pour la coopération régionale (SAARC), qui dans deux mois se réunira pour aborder la question du libre-échange ainsi que des questions sociales. Nous signerons également un traité contre le trafic de femmes et d'enfants. Ce sera un nouvel accomplissement pour la SAARC, une association pour la paix et la coopération.

M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe Libyenne): s'il est vrai que les soldats colonialistes avaient quitté les ports et les aéroports, ils réapparaissent aujourd'hui sous des formes nouvelles. Le colonialisme revient en effet sous le déguisement du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, des institutions financières, des cartels économiques et des alliances militaires. Le colonialisme revient sous le déguisement des conventions internationales, fondées sur la prétendue légitimité internationale qui n'est rien de moins que l'expression de politiques dictées par la tentation et la coercition. Le colonialisme revient sous le déguisement de la mondialisation qui est un moyen d'approfondir la dépendance à l'égard d'une économie, d'une politique et d'une culture. Le colonialisme revient sous la forme des invasions armées dont le monde a été témoin récemment. Le colonialisme revient sous la forme de sanctions bilatérales et de désarmement sélectif. Le colonialisme revient sous la forme d'une remise en question de la souveraineté des Etats fondé sur le slogan en vogue "d'ingérence humanitaire" qui ne vise qu'à grignoter le peu de souveraineté qui reste aux Etats. La Libye rejette catégoriquement toute intervention sous n'importe quel slogan.

Les changements qu'il faut apporter d'urgence à l'ONU ne se feront pas ipso facto. Ils ne seront pas initiés par les grandes puissances. Pour la Libye, ces changements doivent viser à faire en sorte que la responsabilité du processus de prise de décisions aux Nations Unies demeure entre les mains de l'Assemblée générale; à faire du Conseil de sécurité l'exécutif de l'Assemblée générale; à changer radicalement la composition du Conseil; à permettre à l'Assemblée générale d'élaborer les règles de procédure du Conseil de sécurité; et à abolir tous les privilèges résultant des victoires et des défaites de la deuxième guerre mondiale, en particulier le privilège du veto.

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En dépit des crises, des conflits et des guerres qui ravagent l'Afrique, cette année a été le témoin d'initiatives fructueuses, dont certaines ont été menées par la Libye. La Libye rappelle d'ailleurs que les conflits en Afrique ne sont que le produit de la division des terres par les puissances coloniales. Elles doivent maintenant assumer pleinement leur responsabilité pour les dommages causés au continent, présenter des excuses aux peuples africains et leur offrir des compensations. L'Afrique n'est pas seulement confrontée aux conflits, elle fait également face à de graves problèmes économiques et sociaux. Les tentatives des pays africains de résoudre ces problèmes continuent de se heurter au fardeau de la dette qui a atteint en 1998, quelque 350 milliards de dollars soit 300% de la valeur des exportations et des services de l'ensemble du continent. Le temps est venu d'annuler la dette de l'Afrique et de traiter cette question sur des bases nouvelles et équitables. Afin de relever ces défis, la Libye a organisé, du 8 au 9 septembre à Syrte, un Sommet qui a abouti à l'adoption d'une Déclaration établissant la Fédération africaine et créant, à cette fin, les institutions politiques, économiques et législatives.

Depuis son accession à l'indépendance en 1969, la Libye ne cesse de faire l'objet de campagnes médiatiques ou militaires hostiles. Sur le plan économique, la Libye a d'abord subi un boycott unilatéral, puis des embargos unilatéraux, suivi d'embargos collectifs, puis d'une internationalisation des embargos, entérinée par le Conseil de sécurité, devenu otage facile d'une grande puissance depuis la disparition de l'équilibre international. Pourquoi et comment ce "boycott international" et non "des sanctions internationales" a été imposé à la Libye? Il s'agit bien d'un boycott puisque une sanction est une forme de punition pour une faute commise, faute qui a été prouvée et fait l'objet d'une sentence. Or, le Conseil de sécurité n'a jamais reçu d'éléments de preuve quant à l'implication de la Libye ou des deux suspects libyens dans le crash de l'avion de la compagnie américaine dans la ville de Lockerbie. Cela n'a pourtant pas empêché le même Conseil d'imposer des sanctions au nom de la prétendue légitimité internationale.

Après les décisions de la Cour internationale de justice, du Mouvement des pays non alignés, de l'Organisation de l'unité africaine (OUA), la partie adverse n'a eu d'autre alternative que d'accepter le procès des deux suspects dans un pays tiers et de présenter, à cette fin, un projet de résolution au Conseil de sécurité. La Libye reconnaît que le Gouvernement du Royaume-Uni a pris sérieusement en considération la position libyenne puisqu'elle a exprimé très vite sa volonté de renvoyer l'ensemble de la question à une cour écossaise aux Pays-Bas. Après l'arrivée des deux suspects, le 5 avril 1999, la partie adverse a continué de s'opposer à l'adoption d'une résolution portant suspension des sanctions. Le 9 juillet 1999, le Conseil de sécurité a pourtant été saisi d'un rapport positif du Secrétaire général sur le respect par la Libye des résolutions pertinentes. Le Conseil est pourtant resté dans l'incapacité d'adopter une résolution, prisonnier de l'intransigeance des Etats-Unis, Etat partie au différend.

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Les Etats-Unis ont, en effet, menacé d'exercer leur droit de veto en réitérant les accusations qu'ils portent depuis l'invention de l'affaire Lockerbie, à savoir le prétendu appui que la Libye fournit aux terroristes et ce, malgré le rapport du Secrétaire général, les rapports du Département d'Etat américain et les déclarations d'anciens fonctionnaires de l'administration américaine. Les Etats-Unis ont également avancé l'argument selon lequel la Libye doit d'abord montrer sa pleine coopération avec le Tribunal écossais au Pays-Bas. Cet argument n'a aucun sens puisque le Secrétaire général a lui-même fait état du haut degré de coopération de la Libye. Pourquoi cet argumentation de coopération doit être opposée à la Libye alors même qu'aux termes de la résolution, tous les Etats sont tenus de coopérer avec le Tribunal. Les Etats-Unis ont en plus demandé à la Libye d'offrir des compensations aux familles des victimes. Pour la Libye, une telle demande préjuge de la culpabilité des suspects et constitue un mépris d'un principe bien établi du droit international, à savoir, la présomption d'innocence. Cette demande écarte donc la possibilité que les deux suspects soient reconnus innocents comme elle prive la Libye de son droit légitime à des compensations pour les dommages et pertes subis depuis plus de sept ans. Si le Conseil de sécurité reste dans l'incapacité de lever les sanctions imposées à la Libye, le pays se réserve le droit de prendre toutes les mesures qu'il jugera nécessaires pour garantir la justice, quitte à saisir l'Assemblée général du dilemme qui existe entre, l'instance juridique la plus élevée - la Cour internationale de justice- et le Conseil de sécurité.

M. ABDULKADER BAJAMMAL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République du Yémen: le gouvernement et la société civile de mon pays travaillent sans relâche à la construction de la démocratie. Nous avons organisé pour la première fois le 23 septembre 1999 des élections présidentielles qui reflètent la crédibilité démocratique du régime de notre pays. Ces élections ont apporté la preuve que la démocratie est à présent un principe acquis et la seule voie qui permettra d'assurer le respect des droits de l'homme et le renforcement de la participation du peuple au développement durable. Les démocraties naissantes ont besoin du soutien concret des organisations régionales et internationales. Les progrès de la démocratie sont étroitement liés aux moyens d'assurer la croissance économique. Je souhaite réaffirmer ici la volonté de notre Président d'accueillir dans notre pays en 2003, la Conférence internationale sur les démocraties nouvelles ou restaurées. Notre monde, qui est actuellement témoin de changements profonds, doit être un monde de dialogue. C'est le seul moyen d'assurer la paix et la stabilité, de faire prévaloir l'ordre. Le dialogue sera toujours le seul moyen d'éteindre les feux, de répandre l'esprit de tolérance. En tant que membre de la communauté internationale, le Yémen appelle tous les peuples et Etats à poursuivre leur engagement pour faire progresser le dialogue dans les régions du golfe Persique, de la corne de l'Afrique, de l'océan Indien.

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Mon pays a fait par le passé la preuve de son respect du droit international, en acceptant de façon inconditionnelle la décision du Tribunal d'arbitrage concernant l'île de Hanish al- Kubra. Nous espérons que le conflit qui oppose les Emirats arabes unis et la République islamique d'Iran trouvera également une issue pacifique, dans le respect des principes du droit international coutumier.

Nous souhaiterions que la politique internationale en matière de sanctions et d'embargos soit révisée. L'expérience a fait la preuve de leur incapacité à remplir leurs objectifs et montré les dommages importants qui en résultent pour les populations. L'Iraq constitue à cet égard un exemple édifiant. Par ailleurs, la levée des sanctions appliquées à la Jamahiriya arabe Libyenne s'impose. Nous souhaiterions enfin que la même mesure soit appliquée au Soudan qui conduit un dialogue en vue de parachever son unité. Certains Etats font face à des difficultés économiques considérables du fait de la présence de réfugiés sur leur territoire. Tel est le cas aujourd'hui du Yémen qui accueille chaque jour un nombre de plus en plus de réfugiés de la corne de l'Afrique. Aussi, la République du Yémen souhaite-t- elle demander à la communauté internationale d'assumer sa responsabilité en ce qui concerne cette question humanitaire. Nous devons développer des mécanismes permettant de faire face à ces situations qui reflètent une détérioration tragique des droits de l'homme. Une telle entreprise relève de l'essence même de la mission des Nations Unies. Dans le même temps, nous voudrions insister sur la nécessité pour la communauté internationale et les parties concernées de redoubler d'efforts pour trouver des solutions concrètes aux problèmes de la Somalie. Dans la mesure où l'un des objectifs premiers que nous poursuivons est la réforme des Nations Unies, et plus particulièrement celle du Conseil de sécurité, nous souhaiterions féliciter le Secrétaire général, M. Kofi Annan, qui est à l'origine de mesures visant à renforcer la transparence du travail de l'Organisation. Dans ce contexte, nous réaffirmons notre soutien au Groupe de travail pour la réforme de l'ONU.

M. GEORGE ODLUM, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Sainte-Lucie: à une époque où les autres régions et continents du monde renforcent leur union pour se développer économiquement, le continent africain reste divisé. C'est pourquoi le temps est venu pour l'Organisation de l'unité africaine (OUA) d'aller au-delà des simples déclarations d'unité. Les Nations Unies ne peuvent manquer d'accompagner un tel développement qui serait en tout point positif. Pour sa part, Sainte-Lucie, tenant compte de l'héritage africain de son peuple, exhortera ses collègues des Caraïbes à demander le statut d'associé à l'OUA afin de consolider davantage encore notre solidarité au sein du Forum ACP.

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Notre appel en faveur de l'unité ne se dirige pas uniquement en direction de nos frères d'Afrique. Si nous, pays en développement, voulons avoir un monde meilleur au cours du prochain millénaire, si nous voulons tirer quelques bénéfices des nouveaux systèmes internationaux qui se mettent en place autour de nous, nous ne pouvons pas compter uniquement sur le bon- vouloir des pays dans le monde développé. Il faut une unité d'action en vue d'objectifs bien définis.

Au sein du Commonwealth des Caraïbes, nous, les membres de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pouvons être fiers des vingt-cinq ans du mouvement d'intégration dans lequel nous nous sommes engagés. Nous sommes en train de mettre au point des accords pour créer un marché et une économie unique, ainsi qu'une Cour de justice des Caraïbes qui servira de cour d'appel définitive pour les pays membres de la CARICOM. Mais assurément, nous devons reconnaître que si nous avons fait des progrès, nous ne sommes pas encore allés assez loin. En octobre, les chefs de gouvernement de la CARICOM se rencontreront lors d'une session spéciale à Trinité-et-Tobago, afin de réfléchir à l'avenir de la Communauté des Caraïbes. Que cette occasion serve de tremplin pour catapulter les Indes occidentales dans ce qui sera vraiment une ère nouvelle. Que notre peuple intègre le nouveau millénaire avec une CARICOM réellement intégrée, politiquement et économiquement.

Nous pouvons étendre ce tableau pour y inclure les territoires non autonomes de notre région. A cette fin, nous encourageons vivement l'ouverture d'une seconde décennie de la décolonisation qui puisse se concentrer sur le développement socioéconomique, politique et constitutionnel des petits territoires restant, qui sont une composante intégrale de la région des Caraïbes et du Pacifique.

Sainte-Lucie est particulièrement inquiète de l'exclusion des firmes transnationales des règles fixées par l'OMC pour le commerce, du fait qu'un pourcentage important du financement de notre développement dépend du commerce dans un seul domaine. Le débat concernant les accords de vente de la banane a été particulièrement de mauvais goût. Les peuples des pays membres de l'Union européenne ont été punis par les sanctions des Etats- Unis parce que leurs gouvernements soutenaient le régime de commercialisation des bananes. Nous implorons à nouveau tous les pays membres de l'Union européenne de revoir leur choix et de prendre en compte leurs implications pour Sainte-Lucie et les autres pays ACP. Nous sommes des partenaires commerciaux foncièrement inégaux et l'OMC ne devrait pas traiter dans le contexte d'une libéralisation et d'une concurrence effrénées les petites économies sur le même pied d'égalité que les économies bien plus avancées que nous, tout en nous demandant de survivre.

- 12 - AG/928 30 septembre 1999

M. MUSTAFA OSMAN ISMAIL, Ministre des affaires étrangères du Soudan: depuis ma dernière intervention devant cette Assemblée, il y a un an, la Soudan a enregistré des progrès aux niveaux politique, économique et social. Une Constitution a été mise en place par une grande majorité de sa population, par le biais d'un référendum populaire et libre. Elle garantit aux Soudanais toutes les libertés civiles et politiques. Malgré les difficultés, dues à la guerre et aux catastrophes naturelles, le Soudan a pu, lui-même et sans la moindre aide extérieure, restructurer son économie afin de répondre aux exigences du libre-échange. Le Fonds monétaire international (FMI) a d'ailleurs rendu hommage à cet accomplissement remarquable.

En ce qui concerne la recherche d'un règlement pacifique dans le Sud du Soudan, le Gouvernement a accepté la Déclaration de principes comme base pour ses négociations avec les rebelles dans le cadre de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD). Il a également déclaré un cessez-le-feu partiel pour pouvoir permettre à ses citoyens touchés par la guerre de recevoir de l'aide. Après quoi, notre opinion a été que la voie la plus efficace pour arriver à une solution durable face à cette tragédie humanitaire était, en premier lieu, de cesser les hostilités. C'est pourquoi le Gouvernement a récemment pris l'initiative d'un cessez-le-feu général tout en continuant les négociations par le biais de l'IGAD et avec l'aide des Partenaires de l'IGAD. Toutefois, de tels efforts n'ont pas été considérés avec le même sérieux par la partie adverse. Le fait que le mouvement rebelle n'ait pas accepté le cessez-le-feu général est la preuve de son manque de sérieux dans la recherche d'une solution à ce conflit. Conflit qui a permis aux chefs de ce mouvement rebelle de s'enrichir aux dépends du peuple soudanais en général et de nos citoyens du sud en particulier. Nous sommes reconnaissant aux Nations Unies et à la communauté internationale pour l'appel à un cessez-le-feu général qu'elles ont lancé, mais une impulsion plus importante semble nécessaire à l'établissement de la paix et à l'élimination des obstacles pour y parvenir. Dans ce contexte nous appelons la communauté internationale à prendre à l'encontre du rebelle Garang des mesures punitives du même type que celles prises contre Savimbi en Angola, pour le mener à se joindre aux efforts de paix. Pour des raisons humanitaires et pour permettre l'établissement d'un climat propice aux pourparlers de paix, le Soudan annonce son engagement total pour un cessez-le-feu général. Nous espérons que la partie adverse répondra positivement de façon à ce qu'il soit possible de commencer à désengager les forces et contrôler le cessez-le-feu.

Le Soudan appelle par ailleurs à ce que cesse la sélectivité, en ce qui concerne les questions matière d'assistance humanitaire, de droits de l'homme et de démocratie au niveau international. Il est également favorable à ce que soit évitée toute politisation de ces questions. Il déplore leur utilisation comme prétexte à l'ingérence dans les affaires internes des autres.

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Le Soudan déplore également l'incapacité du Conseil de sécurité à prendre la décision d'envoyer, sur demande du Soudan, une mission d'investigation sur les allégations américaines relatives à l'usine pharmaceutique d'Al-shifa, que les Etats-Unis ont injustement attaquée. Le Soudan voudrait également revenir sur le fait que les Etats-Unis poursuivent une politique non dissimulée d'isolement du Soudan en fournissant une assistance militaire aux pays voisins et mènent une politique discriminatoire à l'encontre du Soudan dans de nombreux domaines. Or, toutes ces actions ont été conduites par le Gouvernement américain sur des bases complètement fausses et infondées et l'administration américaine n'a jamais pu avancer aucune preuve pour soutenir les accusations portées au Soudan. Le Soudan continue à réclamer justice et réparation au Conseil de sécurité en ce qui concerne le bombardement de l'usine d'Al-Shifa qui a tué de nombreux Soudanais et privés de leur emploi et moyen de survivance des centaines de travailleurs.

Dans un autre ordre d'idée, le Soudan voudrait rappeler qu'il est impératif que les pays en développement soient intégrés au système économique internationale. Si cette intégration ne se fait pas la marginalisation de ces pays pourrait ensuite représenter un danger pour le reste de l'économie mondiale. Dans ce contexte, des efforts doivent être fait pour trouver une solution au problème de la dette extérieure. A cet égard, nous appelons à l'établissement d'un mécanisme international pour aider les pays en développement à maîtriser les effets secondaires de la mondialisation et pour soutenir leurs programmes économiques et sociaux. Nous appelons également à l'établissement d'un système d'échanges internationaux qui prenne en compte les particularités des pays les moins avancés.

M.NIZAR OBAID MADANI, Ministre adjoint des affaires étrangères de l'Arabie saoudite: le Conseil de sécurité étant responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Royaume d'Arabie saoudite a la profonde conviction que toute réforme doit permettre d'améliorer ses aptitudes et doit se conformer au désir de l'Assemblée général. Notre Organisation a, depuis sa création, été préoccupée par la question du conflit Israélo-arabe. Suite aux décisions du précédent Gouvernement israélien, le processus de paix est entré dans l'impasse, bien que les Arabes aient choisi la paix comme stratégie irrévocable. Le processus de paix vient a présent d'être relancé par le nouveau Premier Ministre israélien, et les récents Accords pourraient s'avérer satisfaisants, conformément au principe de la terre contre la paix. Pour les Palestiniens, la paix signifie le retrait des territoires occupés et le recouvrement de tous les droits nationaux. Il est aussi impératif de résoudre le problème du retour des réfugiés palestiniens et de la libération des prisonniers. Concernant la Syrie, les négociations devraient reprendre là où les autorités israéliennes les avaient interrompues.

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Neuf ans après son agression l'Iraq se refuse toujours à appliquer les résolutions du Conseil de sécurité. Le peuple iraquien paye encore le prix des crimes commis par son régime. Le Gouvernement iraquien n'a pas répondu de manière satisfaisante aux efforts arabes et internationaux pour lever les sanctions économiques. C'est l'incapacité du Conseil de sécurité et de ses membres permanents à s'entendre qui encourage l'Iraq à poursuivre dans ce sens. En tout état de cause l'Iraq devra appliquer les résolutions du Conseil dans leur intégralité et s'abstenir de toute agression vis-à-vis de ses voisins. Ainsi seulement la souffrance humaine, dont le régime iraquien porte l'entière responsabilité, prendra fin, et l'unité et l'intégrité territoriales de l'Iraq seront préservées.

Le Gouvernement d'Arabie saoudite est profondément intéressé par les efforts de désarmement au Moyen-Orient. Nous sommes toutefois préoccupés par le refus répété d'Israël de signer le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, occultant ainsi ses programmes nucléaires aux inspections internationales et représentant ainsi une menace pour la région. Nous pensons qu'il faut renforcer l'efficacité du Traité sur la non- prolifération et de prendre des mesures pour un désarmement global.

La mondialisation réduit les frontières géographiques et les souverainetés nationales est devenue un enjeu majeur. A ce sujet, les pays développés devraient répondre aux efforts des pays en développement faisant preuve d'une plus grande flexibilité dans les conditions d'admission à l'Organisation mondiale du commerce (à laquelle l'Arabie saoudite est candidate), en permettant aux pays en développement de bénéficier de préférences commerciales, en limitant les recours à des mesures protectionnistes, et en honorant les engagements pris lors du Cycle de l'Uruguay, notamment concernant les prêts. La coopération entre nations, afin de résoudre les problèmes actuels dans un esprit désintéressé et objectif, est devenue une nécessité vitale sur laquelle repose l'avenir des Nations Unies.

M. SAMA S. BANYA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Sierra Leone: le peuple de la Sierra Leone, qui a vécu pendant plus de huit ans une période difficile et dévastatrice, est prêt aujourd'hui à oublier ce cauchemar et à progresser. Compte tenu de la situation actuelle du pays, le Programme pour le désarmement, la démobilisation et la réintégration apparaît donc comme un élément essentiel. Tout retard dans l'exécution de ce Programme serait un facteur d'agitation observée de temps en temps chez certains membres de l'ancienne rébellion. La population de la Sierra Leone attache à ce Programme une importance telle qu'elle alimente de ses modestes contributions le Fonds d'affectation qu'elle a elle-même décidé de créer.

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Il est donc regrettable que l'impatience et l'enthousiasme de la population sierra-léonaise n'ait pas suscité de la part de la communauté internationale une réponse adéquate. La rapidité et l'ampleur des interventions en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo et plus récemment au Timor oriental, montrent clairement la capacité de la communauté internationale à mettre fin aux souffrances humaines lorsqu'elle y est déterminée.

Bien que les crimes haineux commis par le Front uni révolutionnaire et ses collaborateurs n'aient guère reçu l'attention de la communauté internationale, différents groupes des droits de l'homme ont dénoncé le fait que les Nations Unies aient signé l'Accord de Lomé en émettant pourtant des réserves sur la disposition relative à l'amnistie. La Sierra Leone lance un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle ne fasse rien qui puisse compromettre la mise en oeuvre du processus de paix. L'Accord de paix n'a pas écarté toute idée de mettre les auteurs des crimes devant leur responsabilité. L'Accord prévoit la création d'une Commission pour la vérité et la réconciliation dont l'efficacité nécessitera l'appui d'un organe international d'enquêtes comme l'a souligné la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme.

A l'aube du millénaire, les problèmes auxquels est confronté la Sierra Leone sont multiples dont la mise en place de politiques et d'institutions favorables à un développement économique durable n'est pas le moindre. Le Gouvernement démocratique nouvellement élu est, en outre, confronté à un paradoxe, celui de savoir comment maintenir la démocratie dans un environnement où des décisions économiques douloureuses doivent être prises. Dans un contexte de plus en plus mondialisé, les problèmes des pays en développement doivent être considérés comme des problèmes de dimension mondiale. La mondialisation ne peut se faire sur une voie à sens unique où tous les véhicules vont vers le nord en ne laissant au sud que les gaz d'échappement. Les choses doivent changer et elles ne peuvent changer sans une solution radicale de la question de la dette. La Sierra Leone accueille donc avec satisfaction l'Initiative de Cologne de 1999 qui renforce le cadre de l'Intuitive pour les pays pauvres les plus endettés (HIPC). Des efforts supplémentaires sont nécessaires qui doivent se fonder sur l'objectif prioritaire de la lutte contre la pauvreté. La Sierra Leone espère qu'un accord sera bientôt réalisé sur les moyens de raccourcir le délai dans lequel un pays peut être en droit de présenter sa candidature à l'Initiative HIPC.

La Sierra Leone partage la conviction selon laquelle le commerce illicite d'armes est aussi dangereux pour le bien-être des populations et les structures socioéconomiques des pays, que le trafic de drogues. L'intensification du commerce d'armes légères, financé par des fonds résultant de la vente des minéraux précieux comme le diamant ou l'or, est au coeur même des conflits en Afrique et de leur prolongation.

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La Sierra Leone accueille avec une grande satisfaction la décision récente du Conseil de sécurité sur ce commerce néfaste. Il appelle la communauté internationale à appuyer la décision du Conseil de sécurité afin de prévenir, de manière efficace, la disponibilité et le flux des armes dans les régions de conflits. Cette décision ne saurait être laissée aux seuls marchants de la mort dont le seul intérêt est de gagner l'argent par tous les moyens.

Droits de réponse

La représentante du Royaume-Uni a répondu aux propos tenus ce matin par le Représentant de Maurice sur l'archipel de Chagos en précisant que le territoire britannique de l'océan indien, auquel l'archipel appartient, est britannique comme il l'a été depuis 1814. Le Royaume-Uni ne saurait donc reconnaître la souveraineté que revendique le Gouvernement de Maurice sur l'Archipel. Le Gouvernement britannique a, en revanche, reconnu le Gouvernement de Maurice comme seul Etat ayant le droit de faire valoir une revendication de souveraineté sur le territoire lorsque le Royaume-Uni lui-même renoncera à sa propre souveraineté. Les Gouvernements successifs du Royaume-Uni ont signifié au Gouvernement de Maurice leur intention de céder le territoire lorsqu'il ne sera plus utile aux intérêts militaires britanniques. Le Gouvernement britannique reste ouvert à toutes discussions sur des arrangements relatifs à l'administration du territoire britannique de l'océan indien ou à son statut futur. Le Gouvernement britannique a déclaré son intention de nouer des contacts avec le Gouvernement de Maurice lorsque le moment viendra de céder le territoire. La saisine par les Cours britanniques de la question de l'accès au territoire britannique de l'océan Indien rend celle-ci sub judice. Le Gouvernement du Royaume-Uni continue d'examiner la question, de manière approfondie, et elle ne peut faire l'objet d'autres commentaires.

Le représentant de la République démocratique populaire de Corée a relevé que la politique "sunshine" de la Corée du Sud n'est qu'une autre forme de la politique héritée de la guerre froide. Malgré ses manifestations de bonne volonté, la Corée du Sud ne vise qu'à provoquer Nord avec les forces extérieures. Elle parle d'engagement et de solidarité alors que son seul objectif est de changer le système politique et social du Nord. Il s'agit d'une provocation pure et simple. La politique adoptée aujourd'hui par la Corée du Sud est calquée sur celle que les Etats-Unis ont mise en oeuvre pour provoquer la désintégration de l'Union soviétique. Cette politique est une hypocrisie et l'attitude de la Corée du Sud, un mépris pour la communauté internationale. Dans des circonstances où la Corée du Nord est définie comme ennemi permanent à éliminer, aucun rapprochement, aucune réconciliation et aucune coopération n'est possible. La Corée du Sud joue un jeu dangereux en coulisse puisqu'on l'a vue se rendre dans différents pays pour leur demander de ne pas aider le Nord empêchant ainsi le flux de l'aide humanitaire.

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La République démocratique populaire de Corée restera forte et résistera aux calomnies. Les gestes de générosité de la République de Corée cachent mal une mission de dénigrement de la Corée du Nord. Il est même permis de croire aujourd'hui que la centrale nucléaire qui devait être construite avec la collaboration de la Corée du Sud, des Etats-Unis et du Japon n'était qu'un subterfuge. En effet, étant donné l'état des travaux, il est inimaginable qu'ils soient terminés en 2003 comme prévu. Des rapports récents ont d'ailleurs montré que la construction de cette centrale n'est qu'un geste dont le but ultime est de mener à l'effondrement du pays. Pour ce qui est de l'augmentation des touristes Sud-coréens en Corée du Nord, la Corée du Sud oublie de préciser qu'elle prend soin d'envoyer parmi ces touristes quelques personnes qui viennent nuire au prestige du pays. La Corée du Nord respecte ses obligations et rappelle, à cet égard, que la mise en oeuvre de l'Accord- cadre signé avec les Etats-Unis sur le TNP dépend du Gouvernement américain qui maintient son rôle de parapluie nucléaire de la Corée du Sud. Si elle veut la réconciliation, la Corée du Sud doit abandonner sa "sunshine politic". Elle doit cesser de compter sur les forces étrangères, abolir les lois de sécurité, et accepter la confédération sur la base de la paix et de la coopération.

Le représentant d'Israël a répondu à la Syrie qui a affirmé que les engagements qui ont été pris par les parties pendant les négociations israélo-syriennes avaient un caractère contraignant. Le représentant a rappelé que son pays n'a pris aucun engagement de se retirer à la ligne du 4 juin 1967. Les seules bases de négociations restent les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité ainsi que le mémorandum de Madrid qui appelle à l'instauration de frontières sûres et reconnues et non à un retrait à la ligne de 1967.

Le représentant de la Syrie a déclaré qu'après avoir écouté les allégations du représentant d'Israël, sa délégation exercera son droit de réponse à la fin de la prochaine séance.

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