AG/927

LES DELEGATIONS INQUIETES DES CONSEQUENCES NEFASTES DE LA MONDIALISATION PLAIDENT POUR UNE REFORME DU SYSTEME ECONOMIQUE INTERNATIONAL

30 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/927


LES DELEGATIONS INQUIETES DES CONSEQUENCES NEFASTES DE LA MONDIALISATION PLAIDENT POUR UNE REFORME DU SYSTEME ECONOMIQUE INTERNATIONAL

19990930

La mondialisation, "défi essentiel du siècle prochain", et les réponses que peuvent apporter les pays en développement face au danger de marginalisation économique qui les menace ont à nouveau occupé une large part du débat de l'Assemblée générale, qui a repris ce matin. Ainsi le Premier Ministre de Belize a plaidé que la "mondialisation se fasse en faveur des personnes et non pas uniquement pour les profits". Les conséquences de la libéralisation du commerce mondial due à l'Uruguay Round sont jugées avec circonspection, voire critiquées, par certains représentants des pays en développement. "Les victimes de la main invisible du marché ne sont que trop visibles", a déclaré le Premier Ministre de Belize.

L'aide internationale, initialement prévue à hauteur de à 0,7% du PNB, n'a cessé de décroître et ne représente aujourd'hui plus que 0,2% du PNB, alors que les dépenses militaires ne cessent d'augmenter. La situation économique et le niveau de vie de nombreux pays s'en trouvent affectés, provoquant de graves crises sociales, a déclaré le Ministre des affaires étrangères du Qatar. Evoquant le cas de son pays "exsangue" après plusieurs années de violences, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Congo s'est interrogé sur les voies et les moyens de parvenir à un "développement durable lorsque l'économie mondiale n'ouvre aucune perspective encourageante pour les pays en développement". L'allégement ou la suppression de l'endettement extérieur, initié par les pays du G7 à Cologne, est un premier pas dans la bonne direction. Mais malgré l'apparition de systèmes de coopération économique régionaux jugés également efficaces, notamment en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, seule une relation de partenariat, et non pas de domination, entre pays riches et moins riches permettra de respecter l'indépendance et les spécificités culturelles de tous. Dans un monde économique de plus en plus interdépendant, les pays du Nord ne peuvent pas se permettre de négliger les pays du Sud, la récente crise financière du Brésil l'a encore démontré, a ajouté le Ministre des affaires étrangères syrien.

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Pour plusieurs orateurs, l'Organisation des Nations Unies reste le lieux incontournable de rencontre, d'échange et d'élaboration de règles communes pour permettre à tous de faire face aux défis du nouvel ordre économique mondial. Mais aussi bien l'ONU que les grandes organisations mondiales - le FMI, le G7, l'OCDE, l'OMC -, nécessitent des réformes pour devenir à la fois plus efficaces et plus démocratiques, afin que les exigences de bonne gouvernance s'appliquent à tous, et pas seulement aux plus pauvres et aux plus faibles. Les petits pays espèrent notamment que les prochaines négociations de l'OMC, dite "du millénaire", qui s'ouvriront prochainement à Seattle, permettront de réviser certains excès et ainsi parvenir à un système économique mondial plus juste et plus équitable.

Tout en reconnaissant que l'adaptation à la mondialisation exige des efforts constants, le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Corée a par ailleurs rappelé que suite à la confrontation héritée de la guerre froide, la péninsule coréenne apparaît comme une exception à la règle d'unification mondiale. Il a souligné l'aspiration de son pays à la réconciliation et à la coopération avec la Corée du Nord. M. Hong Soon-Young a appelé la Corée du nord à croire à la sincérité des efforts entrepris par son pays, avec l'aide de la communauté internationale, notamment pour contribuer à mettre fin aux crises alimentaires chroniques, et s'est dit disposé à en faire encore davantage.

Ont participé au débat: le Premier Ministre, Ministre des finances et des affaires étrangères, M. Said Musa; le Ministre des affaires étrangères du Qatar, M. Hamad Bin Jassim Bin Jabr Al-Thani; le Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce international de Maurice, M. Rajkeswur Purryag; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. Rodolphe Adada; le Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne, M. Farouk Al-Shara; le Ministre des affaires étrangères de la République de Corée, M. Hong Soon-Young; le Ministre des affaires étrangères d'Equateur, M. Benjamin Ortiz; et le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Barbade, Mme Billie Miller.

L'Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.

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Suite du débat général

M. SAID W. MUSA, Premier Ministre, Ministre des finances et des affaires étrangères de Belize: nous avons assisté à l'expansion de la démocratie à travers le monde, mais les inégalités de croissance entre, et à l'intérieur des nations ne cessent de croître et des millions de vies sont gâchées. Les victimes de la main invisible du marché ne sont que trop apparentes. La solution n'est pas de stopper l'expansion des marchés mondiaux, mais de faire respecter les règles de meilleure gouvernance, à la fois nationale et mondiale, pour permettre que la mondialisation se fasse dans l'intérêt des personnes et pas uniquement pour les profits.

Le besoin criant d'une bonne gouvernance n'a pas encore été satisfait et c'est là une des missions les plus importantes et les plus fondamentales des Nations Unies aujourd'hui. Et pourtant, nous n'avons pas encore été capables de nous asseoir autour d'une même table pour négocier des règles et des institutions universellement acceptables, capables d'organiser de manière juste le nouvel ordre. Dans ces conditions comment parler de victoire de la démocratie?

Les institutions qui, plus que les gouvernements nationaux, gouvernent aujourd'hui la vie de milliards de gens -le FMI, la Banque Mondiale, le G7, l'OCDE, l'OMC- sont dominés par quelques pays riches et puissants, et il n'y a pas de transparence, pas de moyen de rendre compte, pas de possibilité réelle de participation des sociétés civiles - autrement dit il n'y a pas de bonne gouvernance. Il est temps que nous veillions à ce que toutes ces organisations toutes puissantes acceptent et pratiquent elles-mêmes un code d'éthique mondiale qui mette les gens avant les profits, qu'elles respectent la diversité de nos pays et qu'elles soient pleinement responsables et transparentes. Notre seul espoir est que des Nations Unies réformées garantisse que des institutions mondiales qui déterminent la qualité de nos vies soient rendues justes et démocratiques. Oui nous croyons aux bénéfices potentiels de la mondialisation. Oui nous voulons y participer, mais en tant que partenaires, pas en tant que victimes d'intérêts économiques plus puissants.

Mais je serai clair : n'attendez d'aucun d'entre nous qui avons gagné notre indépendance après des années de combats - certains nécessitant des conflits armés et le sacrifice de nombreuses vies- de tout abandonner et d'accepter un nouvelle forme de domination. Cela veut dire que nous devons trouver un moyen de faire en sorte que l'interdépendance donne du sens à l'indépendance. Le meilleur moyen est celui d'organisation régionales efficaces. Dans notre région, nous travaillons à une intégration réelle des pays d'Amérique centrale et des Caraïbes : faire de l'Association des Etats des Caraïbes le moyen qui permet à nos pays de s'intégrer dans l'économie mondiale, avec une voix plus forte leur permettant de s'assurer des échanges

plus justes, un accès plus facile aux marchés et des investissements plus bénéfiques. La nouvelle architecture financière mondiale tant vantée que nous cherchons à construire devra permettre l'indépendance des Etats souverains. Le défi que nous devons relever est de réduire le fossé entre ceux qui gagnent des milliards et ceux qui ne gagnent que des centimes. Une condition nécessaire pour l'élimination de toute forme de pauvreté est la création de règles justes de commerce et d'investissement. Il est scandaleux que la promesse de consacrer 0,7% du PNB au développement non seulement n'ait pas encore été atteint, mais que nous nous en éloignions toujours plus chaque jour, avec actuellement à peine 0,2% qui lui sont dédiés.

Nous avons dépensé des milliards de dollars et sacrifié des millions de vies pour une défense réelle ou imaginaire de la souveraineté de l'Etat ; dédions aujourd'hui nos ressources à l'éducation, indispensable pour la réalisation de la souveraineté individuelle.

M. HAMAD BIN JASSIM BIN JABR AL-THANI, Ministre des affaires étrangères du Qatar: la situation actuelle du monde doit-elle susciter l'indignation ou la résignation? N'est-elle pas la preuve que personne n'a dûment tiré les leçons du passé? Le monde s'est-il réellement préparé à relever les défis du siècle prochain. A-t-il commencé à dresser des plans complets et universels pour régler les problèmes contemporains? Les Etats, les gouvernements et les ONG ont-ils fixé les priorités pour que le bien-être de l'être humain soit véritablement placé au centre des préoccupations. Non, la réponse est non. Il ne s'agit pas ici de jeter la pierre aux autres mais de mettre au contraire les efforts en commun pour s'atteler aux changements nécessaires. Il faut donc, dans ce contexte, faire des Nations Unies le cadre approprié pour élaborer les politiques du siècle prochain. Il faut donner à l'ONU les moyens nécessaires de jouer ce rôle notamment par la réforme de ses organes les plus essentiels. De même, les Etats Membres doivent renouveler leur engagement envers l'ONU pour accélérer ces réformes, et en particulier, la réforme du Conseil de sécurité qui doit tendre à l'élargissement de la composition des membres permanents et non permanents et à la limitation de l'exercice du droit de veto. Ce nouveau Conseil doit être conforme aux nouveaux paradigmes nés de la mondialisation qui offre les moyens de promouvoir la coopération entre tous les peuples du monde et d'établir enfin le nouveau ordre mondial tant attendu.

L'apparition de désaccords et de conflits internes à la fin de la guerre froide s'explique par le vide politique qui règne depuis cette époque. Le monde nouveau et meilleur auquel chacun aspire est difficile à imaginer lorsque l'on constate, de part et d'autre de la planète, l'augmentation des dépenses militaires au détriment des dépenses liées directement au bien-être des populations. Les économies se détériorent, les crises sociales s'exacerbent et les crises politiques s'intensifient. Cette situation ayant

caractérisé le Kosovo, le Qatar ne peut que se féliciter de l'intervention de l'OTAN comme il se félicite de l'intervention de la Force multinationale au Timor oriental. Il espère que l'Indonésie surmontera cette épreuve difficile et reprendra sa place de premier rang en Asie du sud-est et dans le concert des nations. Les interventions de l'OTAN et de la Force multinationale ont montré si, besoin en était encore, la nécessité de promouvoir la culture de la prévention. Le Qatar ne se lassera jamais d'appeler à des efforts pour mettre fin aux conflits par des moyens pacifiques et la promotion de l'amitié, de la coopération et du respect mutuel entre les nations.

Malgré des signes positifs, la situation régionale reste éloignée de la paix et de l'esprit de coopération souhaité par le Qatar. La crise de l'Iraq et ses répercussions sur la stabilité de la région du Golfe et du Moyen-Orient demeurent de grandes sources de préoccupations. Il est grand temps de surmonter les problèmes et de trouver des solutions visant la levée des sanctions pour mettre fin aux souffrances du peuple iraquien. En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, il faut regretter que le processus de paix n'ait pas encore atteint ses objectifs. Au contraire, un recul a été enregistré en raison de la politique hostile de l'ancien Gouvernement israélien. Le Qatar se félicite donc des changements intervenus au sein de la direction israélienne et insiste pour que les gestes du nouveau Gouvernement s'accompagnent de mesures concrètes pour prouver la bonne foi et l'engagement en faveur des accords conclus lors des étapes précédentes des négociations. Le Qatar appelle également Israël à reprendre les négociations avec la Syrie et le Liban sur la base du principe de la "terre pour la paix", et pour assurer une paix durable, il encourage Israël à adhérer au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le Qatar attend avec impatience le jour où une paix durable, juste et complète pourra régner pour permettre à la région de jouir des avantages de la paix que sont la coopération, le développement et le progrès social. Le Qatar aspire à la naissance d'un nouveau Moyen-Orient qui entrera dans le nouveau millénaire dans un climat de paix, d'association et de démocratie.

M. RAJKESWUR PURRYAG, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du Commerce international de Maurice: les Nations Unies furent créées pour promouvoir la paix et le développement. Néamoins l'homme a produit des armes de destruction qui menacent jusqu'à son existence. Le désarmement, notamment nucléaire reste pour nous tous un objectif majeur. C'est un échec pour la communauté internationale de n'avoir pas su mettre en place un programme d'élimination totale des armes nucléaires et il est plus que jamais souhaitable d'élaborer un plan de démantèlement des arsenaux nucléaires. Nous n'avons pris que des demi-mesures et il serait temps d'éliminer non seulement les armes nucléaires définitivement mais également les armes chimiques et les mines antipersonel.

Nous nous sommes intéressés il y a deux jours aux problèmes des petits Etats insulaires en développement. Concernant la question agricole, il faut en privilégier les aspects non commerciaux tels que l'équilibre alimentaire et la protection de l'environnement et des populations rurales. Ce sont des questions vitales pour Maurice et beaucoup d'autres petits Etats insulaires, c'est pourquoi nous insistons sur la polyvalence de l'agriculture. La canne à sucre qui est l'une des seules plantes adaptées à nos terrains accidentés et résistant aux cyclones, contribue aussi à la protection de l'environnement en fournissant une source renouvelable d'énergie tout en générant des revenus. La croissance économique seule n'apporte pas le dévelopement socio-économique et les prochaines conférences sur le développement social et sur la femme sont donc pour nous les bienvenues.

Pour la majorité des petits Etats, l'ONU est le garant de la souveraineté et de l'intégrité territoriale. Nous avons à maintes reprises attiré l'attention de l'Assemblée sur la question de l'archipel de Chagos qui fut détaché de Maurice par l'ancienne puissance coloniale lors de notre indépendance en 1968, entraînant le déplacement de 2000 personnes, en complète contradiction avec les principes de l'ONU. Maurice a depuis demandé la restitution de cet archipel et de l'île de Diego Garcia sur laquelle les Etats-Unis ont établi une base militaire. Cette question a jusqu'à présent été abordée amicalement avec le Royaume-Uni, qui nous a fait savoir que l'archipel nous serait restitué lorsqu'il ne serait plus nécessaire aux objectifs de défense de l'Occident. En attendant la fin des négociations, nous demandons au Royaume-Uni de permettre le retour de la population de ces îles. Le rétablissement de l'intégrité territoriale de Maurice ne sera toutefois pas complet sans le retour de l'île Tromelin. Nous appellons la France à reprendre avec nous un dialogue constructif à ce sujet.

Quand nous nous retouverons l'année prochaine pour le prochain millénaire, allons-nous débattre des même sujets et des même problèmes? Ne devrions nous pas à présent décider que lors de notre prochaine rencontre, nous aurons pris les mesures qui s'imposent et nous aurons mis fin aux problèmes ethniques et à la violation des droits de l'homme? Maurice est prête à prendre cet engagement.

M. RODOLPHE ADADA Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Congo: n'est-il pas temps aujourd'hui de s'interroger sur le bilan de notre oeuvre commune? La paix et la sécurité internationale, le développement des Nations Unies et les droits du citoyens ont-ils bénéficié d'un traitement qui puisse nous autoriser à entamer le prochain siècle avec sérénité et espérance? En Afrique beaucoup trop de sujets nous préoccupent encore, beaucoup trop de défis nous laissent dubitatifs en dépit de quelques événements positifs intervenus sur le continent, notamment les changements politiques en Afrique du Sud et au Nigéria. En ce qui concerne la République

démocratique du Congo, nous nous félicitons de la conclusion de l'Accord de Lusaka qui ouvre la voie à un règlement de la crise politique et militaire dans ce pays frère. Aussi, mon pays compte-t-il sur l'engagement des différents protagonistes pour la mise en oeuvre de cet accord. Nous souhaitons vivement que la mission d'observation envisagée par les Nations Unies soit effective et crée les conditions favorables à la tenue d'une conférence régionale sur les Grands Lacs que la communauté internationale appelle de tous ses voeux.

Au Congo, dans la cadre de la relance du processus démocratique, nous avons initié des opérations de recensement administratif de la population, en vue du dénombrement du corps électoral; nous avons élaboré un projet de constitution et mis en place les hautes juridictions du pays: la Cour suprême et la Haute Cour de justice. Cette dynamique a malheureusement été entravée par la relance de la violence, orchestrée une fois encore, par ceux-là mêmes qui ont endeuillé nos populations, tout d'abord en 1993-1994, puis en 1997 et dont le seul projet est d'organiser la partition du Congo en ghettos ethniques. Mais ces projets de renversement des institutions ont échoué. Aujourd'hui, les efforts de pacification déployés par le Gouvernement ont porté leurs fruits. Les combats ont pris fin, plusieurs ex-miliciens du régime déchu déposent leurs armes et se rendent aux autorités. De même, on assiste au retour massif des populations civiles à Brazzaville et dans les grandes agglomérations de l'intérieur. C'est dans le même contexte de retour à une situation stable et parfaitement maîtrisée sur l'ensemble du territoire national que le Gouvernement réaffirme sa ferme et constante volonté de relancer le dialogue politique intercongolais, dans un souci d'apaisement et de rassemblement.

Au sortir d'une période aussi tragique, nous nous attendons naturellement à faire face à des situations d'urgence qui ont pour noms: accueil, prise en charge et réinsertion de dizaines de milliers de personnes déplacées, un drame humanitaire dont l'ampleur n'a toujours pas été perçue par la communauté internationale; protection des personnes et des biens, respect des droits de l'homme, relance d'une vie normale dans les nombreuses localités dévastées par la guerre. Une tâche immense, chacun peut en convenir, et qui nécessite des moyens dépassant les capacités d'un Etat exsangue, comme le Congo l'est aujourd'hui. Nous prenons nos responsabilités, toutes nos responsabilités. Et pourtant c'est le lieu d'interpeller la communauté internationale qui devrait nous accompagner dans nos efforts avec plus d'engagement et contribuer, comme elle le souhaite, au rétablissement , sur des bases durables, de la paix et de la sécurité, de la démocratie, et à la reconstruction du Congo.

Par ailleurs, dans le cadre de la recherche d'une paix et d'un développement durables en Afrique, il faut que des mesures concrètes et pratiques soient résolument prises dans le sens des conclusions contenues dans le rapport du Secrétaire général de notre Organisation. Parmi ces conclusions auxquelles nous avons adhéré unanimement, je voudrais relever celles relatives à la prolifération et à la circulation illicite des armes de petit calibre, facteur important de la montée du terrorisme et de la criminalité dans nos Etats.

Au seuil du XXIième siècle, bâtir la paix et la sécurité dans le monde exige de nous, un engagement réel à oeuvrer pour le développement économique et social. Mais comment tendre vers un développement durable lorsque l'économie mondiale n'ouvre aucune perspective encourageante pour les pays en développement, lorsque la dette est l'objet de traitements discriminatoires par des initiatives dont les conditions de mise en oeuvre révèlent leur caractère illusoire, lorsque les ressources allouées à l'aide publique au développement connaissent une baisse constante, lorsque enfin, s'exprime manifestement un refus d'accorder aux pays en développement, les chances d'intégrer leurs économies dans le nouveau système commercial? En tout état de cause, la mondialisation constitue, au travers de ses enjeux, le défi essentiel du siècle prochain. Sa mise en oeuvre appelle plus que jamais des mécanismes appropriés et concertés pour faire une entreprise capable de répondre aux espoirs de développement solidaire de l'humanité et de prospérité partagée entre les peuples.

M. FAROUK AL-SHARA, Ministre des affaires étrangères de la République arabe syrienne: la fin du 20ème siècle ne mettra pas automatiquement fin aux conflits régionaux. Elle n'entraînera pas davantage la croissance économique, pas plus qu'elle ne débarassera les pays en développement du fardeau de la dette. Si la mondialisation contribue à creuser le fossé entre pays pauvres et pays riches - ce fossé s'élargit dans tous les domaines : économie, santé, commerce, éducation - il faut être optimiste et ne pas tomber dans le piège du désespoir. Les progrès actuels dans les domaines de la science abolissent les distances et ouvrent les portes et les esprits, tant dans le Sud que dans le Nord. Dans ce contexte, une prise de conscience commune est souhaitable pour faire face aux menaces qui pèsent sur la vie humaine partout dans le monde. L'affaiblissement des économies des pays du Sud ne sert pas les intérêts du Nord. La crise qui a frappé les pays d'Asie du Sud-Est a fait la preuve de l'interdépendance économique, quant elle s'est propagée jusqu'au Brésil et dans d'autres pays d'Amérique du Sud. Il faut donc que s'instaure un dialogue constructif Nord-Sud, fondé sur une communauté d'intérêts et visant à garantir le développement durable. Cela appelle l'ouverture des marchés des pays développés aux produits des pays en développement.

Les progrès dans le domaine de la communication pourront permettre à l'avenir de franchir des étapes supplémentaires dans l'appréhension des groupes susceptibles de menacer la stabilité et la souveraineté des Etats, particulièrement dans les pays qui regroupent diverses communautés éthniques ou religieuses. Le meilleur moyen de trouver des solutions à de tels phénomènes serait d'avoir des Nations Unies véritablement respectées par tous ses Membres. L'affaiblissement du rôle des Nations Unie, le recours à ses bons offices de façon isolée, les initiatives entreprises en dehors du Conseil de sécurité ne sont de l'intérêt de personne. Il est clair que nombreux sont ceux qui ne sont pas satisfaits des interventions militaires qui ont été menées en dehors du cadre des Nations Unies. Ceci étant, de telles actions sont moins négatives dans leurs effets, que le fait de négliger des crises sanglantes, comme celles qui se déroulent sur le continent africain. Depuis la fin de la guerre mondiale, beaucoup d'espoirs ont été placés dans la réforme des Nations Unies, avec notamment les mesures visant à élargir la composition du Conseil de sécurité. Il est clair, pour les Etats membres du Mouvement des pays non alignés, que leur influence au Conseil n'est pas proportionnelle à leur nombre et à leurs intérêts légitimes. Si l'on s'interroge sur les résultats de ce processus de réforme il convient de répondre que ceux-ci sont nuls. Le Conseil s'est même marginalisé en ce qui concerne son rôle de garant du maintien de la paix et de la sécurité internationales. Dans ce contexte, le monde n'est pas en mesure de se permettre une course à l'armement nucléaire. Aussi, est-il important que les traités sur la non-prolifération nucléaire et l'interdiction complète des essais nucléaires soient ratifiés par l'ensemble de la communauté internationale. Dans la région du Moyen-Orient, seul Israël refuse la ratification de ce Traité. Partant, nous souhaitons renouveler notre appel à un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires. La création d'une zone dénucléarisée, dans le cadre des Nations Unies, faciliterait la paix et la stabilité dans cette région. L'instauration d'une culture de la paix au Moyen-Orient exige qu'Israël se retire de tous les territoires arabes occupés. Ses paroles de paix doivent se traduire dans les faits. Mon pays espère que les efforts déployés ces dernières semaines par les Etats-Unis, l'Europe, la Russie se poursuivront jusqu'à ce qu'Israël soit convaincue de l'honnêteté de la position de la Syrie et de sa volonté de reprendre les négociations là où elles s'étaient interrompues. Par ailleurs, nous souhaitons réaffirmer notre profonde préoccupation quant à l'intégrité territoriale de l'Iraq. Nous appelons à une levée des sanctions prises à l'encontre de ce pays dans le respect des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. En même temps, il appartient à l'Iraq de se conformer à ses obligations en garantissant notamment une juste solution à la question des otages koweïtiens. La situation en Afghanistan nourrit également notre préoccupation. Nous sommes convaincus que le problème afghan ne pourra être résolu que par une cessation des combats et par la mise en oeuvre de négociations visant à la réconciliation nationale. Il convient également de parvenir à un règlement politique du conflit, acceptable et durable afin de permettre au peuple afghan de retrouver la sécurité et la stabilité.

M. HONG SOON-YOUNG, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Corée: le monde actuel se caractérise par le changement et son accélération. Le précepte directeur pour les acteurs mondiaux doit être de passer du nationalisme à l'internationalisme et plus loin encore, à la mondialisation. Sur le front économique, le marché mondial est devenu la norme alors que sur le front politique, la réconciliation et la coopérations constituent la démarche attendue. Le monde se transforme en un village dont les populations sont impatientes de vivre dans l'interdépendance et l'intégration. Dans ce contexte, la péninsule coréenne apparaît comme une exception à la règle puisqu'elle continue d'abriter une structure de confrontation héritée de la guerre froide. Malgré le vent de réconciliation qui souffle sur le monde, la péninsule coréenne reste figée dans les glaces des temps anciens. La République de Corée aspire à la réconciliation. Elle veut libérer la péninsule coréenne de l'héritage de la guerre froide et lui faire regagner sa place dans la marche vers le nouveau millénaire. La politique de la République de Corée ne vise aucunement à porter préjudice au nord et encore moins à l'absorber. Il s'agit, au contraire, d'une politique de coopération destinée à aider la Corée du nord à surmonter ses difficultés économiques et à promouvoir une prospérité commune pour tous les Coréens afin d'écarter une fois pour toutes la menace d'une autre guerre. C'est une politique de tolérance fondée sur la coexistence pacifique de deux systèmes placés sur la voie d'une unification éventuelle.

Au cours de l'année dernière, la mise en oeuvre constante de cette politique a permis de percer, de manière significative, le mur épais qui sépare le sud du nord. Aujourd'hui des hommes d'affaires sud-coréens investissent au nord. Cette politique de rapprochement est d'ailleurs mise en oeuvre en consultation avec les Etats-Unis et le Japon tout en bénéficiant de l'appui des pays du nord-est asiatique, du G7, de l'ASEAN, de l'Union européenne et d'autres membres de la communauté internationale. Malgré ces efforts, la Corée du nord continue de douter des intentions de la République de Corée. Peut-être interprète-t- elle cette politique comme une stratégie visant à provoquer sa chute ou son intégration à la République de Corée. La République de Corée espère, par ailleurs, que les autorités de la Corée du nord prendront les mesures voulues pour mettre fin aux crises alimentaires chroniques et autres difficultés qui frappent le peuple nord-coréen depuis si longtemps. Ces problèmes exigent d'ailleurs l'intérêt et l'assistance continus de la communauté internationale. Pour sa part, la République de Corée a activement participé aux efforts humanitaires en faveur de la République démocratique populaire de Corée. Elle est disposée à faire davantage et appelle, pour ce faire, les autorités nord- coréennes à engager un dialogue pour la coopération en cette matière comme en d'autres.

Pour qu'ils puissent jouir de la stabilité et de la coopération au XXIème siècle, les pays du nord-est asiatique doivent tirer les leçons de la coopération régionale et de l'intégration dans de nombreuses autres régions du monde. Ils doivent renforcer la confiance mutuelle en élevant la qualité de leur dialogue et de leurs négociations. La paix et la prospérité en Asie du sud-est bénéficieront certainement du désarmement mondial et des efforts de non-prolifération auxquels la République de Corée a activement participé. Elle lance donc un appel urgent à la République démocratique populaire de Corée pour qu'elle respecte ses obligations découlant de son statut d'Etat partie au Traité sur la non-prolifération et qu'elle coopère à la mise en oeuvre de la Déclaration conjointe de 1991 sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.

La mondialisation a été pour la République de Corée un élément favorable. Toutefois, tout concentré qu'il était à réalisé une croissance quantitative, le pays a oublié d'intégrer les règles du marché dans l'économie nationale. Elle n'a pas réalisé que la mondialisation exige des efforts constants pour s'adapter aux règles du marché, à savoir la transparence, la responsabilité, l'efficacité et la productivité. C'est ce qui explique l'ampleur avec laquelle la crise économique l'a frappée. Aujourd'hui pourtant, le pays essaye de tirer les leçons du passé. Au cours de l'année dernière, il a mis en oeuvre des réformes dans les secteurs clefs de la société qui font qu'aujourd'hui, le pays attend une croissance économique de 6%, résultat remarquable par rapport aux 5,8% de l'année dernière. D'autres indicateurs économiques montrent les signes d'une économie réhabilitée. La République de Corée a également réalisé que l'importance d'un système de sécurité sociale fondé sur le développement des ressources humaines afin d'atténuer les conséquences douloureuses des réformes. Le pays est ainsi sur le point de devenir une économie de marché à visage humain. Les Nations Unies ont beaucoup à faire au cours du prochain millénaire. La République de Corée accueille avec satisfaction les réformes proposées par le Secrétaire général pour renforcer la réponse de l'ONU aux nouveaux défis et estime que des concepts tels que "biens communs publics", "sécurité humaine" et gouvernance mondiale" doivent servir de cadre aux discussions de l'Assemblée du Millénaire et aux autres forums qui examineront l'avenir de la communauté mondiale.

M. BENJAMIN ORTIZ BRENNAN, Ministre des affaires étrangères de l'Equateur: le conflit frontalier qui opposait l'Equateur au Pérou a pris fin le 26 octobre 1998 grâce à un processus de négociation entamé en 1995. Cet événement historique a abouti à la signature à Brasilia d'un Accord de paix qui a consacré le passage du conflit à la paix et de la paix au développement. L'Accord de paix ne concerne pas seulement la délimitation des frontières mais comprend aussi un Traité sur la navigation et le commerce et un accord général sur l'intégration frontalière comme il prévoit la création d'une commission sur les mesures de confiance et de sécurité et plusieurs autres mesures de paix. Aux termes de l'Accord, l'Equateur et le Pérou ont créé une structure institutionnelle qui vise la mise en oeuvre d'un programme de construction de

cinq axes routiers binationaux, le développement conjoint des bassins des fleuves, la mise en oeuvre d'un programme de développement humain pour améliorer les conditions de vie des personnes vivant à proximité de la frontière. L'Equateur continue de lutter pour promouvoir la démocratie dans la région comme sur son territoire, et ce malgré des circonstances difficiles. Le mécontentement social né de la contraction de l'appareil de production; les catastrophes naturelles, la crise financière et la chute des prix des produits à l'exportation ont entraîné une révision à la baisse des espoirs de développement.

La mondialisation n'a donc pas généré un partage équitable du bien-être. Il est nécessaire d'établir des mécanismes communs pour préserver les acquis en matière sociale et économique. A cet égard, l'Equateur suit avec attention les préparatifs de l'Assemblée du Millénaire qui, selon lui, représente une occasion historique de définir et d'affirmer l'engagement commun en faveur d'un projet universel de compréhension et de coopération qui doit inspirer les Nations Unies dans le prochain millénaire. Au cours de cette année, le monde a été le témoin de conflits régionaux qui ont montré la nécessité de renforcer l'ONU et de faire que toutes les mesures prises par l'Organisation soient conformes aux principes de la Charte. Il en va de la crédibilité des Nations Unies qui doivent continuer à être l'agent légitime de l'action collective en faveur du maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. BILLIE A. MILLER Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Barbarde: l'un des défis les plus sérieux auquels nous ayons à faire face est celui de la mondialisation. La libération des échanges impose aux petits Etats d'entrer en compétition avec des pays plus grands, plus forts et plus expérimentés ou de devenir des satellites, dans un contexte néo-colonial. Or, aucune nation, grande ou petite ne peut volontiers accepter le rôle de satellite. C'est pourquoi, la communauté internationale doit aujourd'hui reconnaitre qu'au sein du concept de libéralisation la liberté des échanges implique aussi que ces échanges soient justes. La Barbade et les Caraïbes sont confrontées à un défi sérieux, en tant que systèmes traditionnels de coopération entre des Etats, de tels groupes de nations étant supplantés par les concepts actuels d'intérêts supra-nationaux et de mondialisation. L'Organisation mondiale du commerce (OMC) est devenue le forum dominant pour la réforme du système international d'échanges. Or, il est évident que des sytèmes plus démocratiques et transparents sont à présent nécessaires pour protéger les intérêts des Etats Membres les plus petits et les plus vulnérables. En aucun cas, l'OMC ne peut être envisagée comme une arme d'oppression. Il faut faire en sorte que la mondialisation garde un visage humain et ne pas oublier de prendre en compte les réalités des petits Etats.

Il ne faut pas non plus oublier de noter le fait que la mondialisation implique l'interdépendance, et que dans ce contexte les économies en faillite ont des répercussions sur l'ensemble de l'économie mondiale. De même, le principe de vulnérabilité des petites économies ne peut être nié. La Barbade réaffirme avec vigueur son appel en faveur de la reconnaissance et de l'adoption d'indices de vulnérabilité pour aider ces Etats à déterminer une voie vers le développement financier.

En tant que petit Etat insulaire en développement, la Barbade est également très engagée dans le domaine de la mise en oeuvre de pratiques visant à assurer un dévelopement durable dans tous les aspects de nos vies. La Barbade a participé activement à de nombreuses conférences internationales consacrées à ce concept de développement durable. La Barbade est en outre fière des progrès accomplis par le petits Etats pour respecter les engagements contractés dans le cadre du Programme de la Barbade dans tous les domaines de développement durable.

Par ailleurs, des progrès marquants ont été réalisés en faveur de la paix et de la sécurité dans la région de la Barbade. Mais, nous sommes convaincus que Cuba a un rôle à jouer dans cette région et qu'il faut la réintégrer dans l'hémisphère des Amériques. Nous demandons donc instamment la suspension de l'embargo, vestige anachronique de la guerre froide.

Le trafic illicite de drogues constitue également un frein au développement durable. Les Caraïbes sont géographiquement au centre de ces trafics de drogues et autres flux ilicites. C'est pourquoi la Barbade se veut la plaque tournante des efforts régionaux de lutte contre ces trafics, efforts qui reçoivent d'ailleurs le soutien de l'Union européenne, des Etats-Unis, du Canada et du Programme des Nations Unies pour le contrôle des drogues. La Barbade entend continuer à jouer un rôle en appuyant les efforts coordonnés de luttre contre le trafic de drogue au niveau régional et international.

La Barbade tient enfin à préciser que selon elle, L'ONU ne peut rester viable que si tous ses Membres payent leurs quote- parts et qu'elle est très préoccupée de la baisse de fonds de certaines institutions qui ne peuvent donc plus appuyer les efforts des pays en développement.

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