LA PAIX ET LA COOPERATION POUR LE DEVELOPPEMENT DOIVENT S'INSPIRER DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES ET NON D'INTERETS EGOISTES
Communiqué de Presse
AG/926
LA PAIX ET LA COOPERATION POUR LE DEVELOPPEMENT DOIVENT S'INSPIRER DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES ET NON D'INTERETS EGOISTES
19990929La République démocratique du Congo dénonce la règle de deux poids et deux mesures de l'ONU pour le règlement des conflits
La question de la résolution des conflits, de la reconstruction une fois celle-ci réalisée, et du traitement que l'Organisation réserve à ces problèmes a été une nouvelle fois au centre du débat général, cet après-midi, à l'Assemblée. Cependant, le Président de la Guinée-Bissau, M. Malam Bacai Sanha, a apporté une note positive en réaffirmant la détermination de son pays à tenir les élections présidentielles et législatives à la date prévue du 28 novembre, afin de concrétiser ainsi le processus de réconciliation nationale, fondé sur une démocratie pluraliste, la bonne gouvernance et l'Etat de droit. Il a néanmoins fait remarquer que la grande majorité de l'humanité vit dans des conditions humiliantes et inacceptables pour la conscience collective, en raison de la prévalence d'intérêts égoïstes et contraires aux valeurs morales et politiques contenues dans la Charte de l'ONU. Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République du Congo a d'ailleurs invoqué l'Article 2 de la Charte, qui pose le principe de l'égalité souveraine des Etats Membres et condamne toute atteinte à l'intégrité territoriale et politique d'un pays, pour dénoncer le traitement discriminatoire dont l'Afrique, et surtout son pays est victime. Il s'est demandé par quel mystère les pays qui violent la Charte peuvent continuer à faire partie de l'Organisation. Il a fait état de l'occupation de son pays par des forces ougandaises, rwandaises et burundaises qui n'ont de cesse de piller les richesses minières du Congo avant d'en appeler aux Etats Membres pour qu'ils mettent tout en oeuvre pour que les pays en question respectent enfin l'accord de cessez-le-feu signé le 10 juillet dernier et reprennent simplement "leurs statut de voisin".
Le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle Zélande a, pour sa part, estimé que les Nations Unies doivent rester le point de référence fondamental dans les relations internationales, même si la réponse donnéE par le Conseil de sécurité aux conflits armés ne contribue pas toujours à renforcer la confiance dans l'Organisation. A cet égard il a souhaité une prompte réforme des méthodes de travail du Conseil de sécurité et l'élargissement de sa composition. Outre les divers conflits qui sévissent sur le continent africain, le Timor oriental, le Kosovo, ou encore la question
(à suivre 1a) - 1a - AG/926 29 septembre 1999
non résolue du désarmement de l'Iraq ont d'ailleurs été considérés par les intervenants comme autant de témoignages malheureux de cette nécessité. Pour les Ministres des affaire étrangères de la Pologne et de la Lituanie, la Charte a besoin d'être relue sous un angle nouveau et visionnaire dans le contexte des nouvelles réalités internationales. Ils ont estimé, comme leur homologue arménien, qui a annoncé que son pays signera le 1er octobre le Statut de la Cour pénale internationale, qu'il faut réexaminer la relation entre les Nations Unies et les arrangements de sécurité internationale.
L'objectif final d'une telle approche est d'évoluer vers une conception de la sécurité non plus fondée sur les Etats, mais sur le bien-être des individus, car, ainsi que l'a souligné le Ministre des affaires étrangères de la coopération et de la francophonie du Gabon, il est temps de s'attaquer sérieusement au problème de la pauvreté. Plusieurs intervenants, notamment ceux de la région des Caraïbes qui ont évoqué le "conflit économique de la banane", ont à cet égard plaidé en faveur d'un dialogue permettant de revoir les politiques et principes qui guident les relations économiques internationales. A l'image du Ministre des affaires étrangères de Saint-Vincent et les Grenadines, ils ont insisté sur l'importance d'instaurer un indice de vulnérabilité, qui serait dûment pris en compte par les institutions financières et commerciales internationales.
Le Président de la Guinée Bissau; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Jamaïque; les Ministres des affaires étrangères de la Pologne, de la Tunisie, de l'Arménie et de la Lituanie; le Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle Zélande; le Ministre d'Etat et des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Gabon; le Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint Vincent et les Grenadines; le Ministre d'Etat pour les affaires étrangères de la République démocratique du Congo; et le Chef de la délégation de Antigua et Barbuda, ont participé au débat général.
Les représentants du Rwanda, de l'Ouganda et de la République démocratique du Congo ont exercé leur droit de réponse en fin de séance.
L'Assemblée générale reprendra ses travaux demain matin le jeudi 30 septembre à partir de 10h.
Suite du débat général
M. SEYMOUR MULLINGS, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Jamaïque: l'accroissement du fossé entre pays pauvres et pays riches et la marginalisation dans l'économie mondiale d'un grand nombre de pays en développement sont des questions prioritaires demandant l'attention de la communauté internationale. Il n'est pas juste d'imputer cette situation à ces pays. Nous avons mis en place des programmes d'ajustement structurel et des politiques de stabilisation. Néanmoins, la doctrine actuelle de libéralisation des marchés et les modèles de déréglementation et de privatisation ne répondent pas aux espoirs placés dans les échanges commerciaux et les investissements. Dans un monde interdépendant, la dimension humaine, et notamment l'incidence croissante de la pauvreté et de toutes ses manifestations, continuent d'être une source de préoccupation pour l'ensemble de la communauté internationale. Il est donc essentiel d'établir en priorité un cadre de coopération pour le développement plus adapté et de mettre en oeuvre "l'Agenda pour le développement". Actuellement, nous assistons à un désengagement sur les questions touchant à la coopération pour le développement et à un durcissement des attitudes dans une atmosphère de compétitivité. Des accords particuliers couvrant des catégories de pays mais également des catégories de biens sont nécessaires.
Le défi que pose le régime actuel de la banane dans le cadre de la Convention de Lomé et le jugement rendu par l'Organisation mondiale du commerce sont porteurs d'un message décourageant et témoignent de l'indifférence de certains à l'égard de la situation critique qui affecte certains Etats. Nous n'en connaissons pas encore le résultat final mais la survie des économies des Etats des Caraïbes est menacée. La tendance à la baisse de l'aide publique au développement est un autre signe décourageant. Les contributions au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sont passées par exemple de 1,1 milliard de dollars en 1994 à 718 millions de dollars en 1999. Nous avons soutenu les initiatives visant à promouvoir une meilleure coordination et efficacité et rentabilité de l'assistance technique dans les activités opérationnelles des Nations Unies. Nous avons constaté néanmoins que le processus de réforme de l'Organisation visait plutôt à faire des économies et à centraliser les ressources sans augmenter le montant des fonds consacrés à la coopération pour le développement sous l'égide des Nations Unies. Le processus en cours consiste en une contraction des activités de développement des Nations Unies au niveau des pays et en un désengagement de l'Organisation. Nous appelons de nouveaux engagements, à un nouveau partenariat entre pays développés et pays en développement et à un dialogue permettant de revoir les politiques et principes qui guident les relations économiques internationales. La mondialisation a en outre une dimension plus insidieuse lorsqu'elle touche à la sécurité des Etats. Dans notre région d'Amérique latine et des Caraïbes, il existe encore des différends territoriaux. Nos efforts visent à développer une plus grande
intégration au sein de la Communauté des Caraïbes et de l'Association des Etats des Caraïbes. L'embargo contre Cuba est une source de tension et fait peser la menace d'un conflit, ce qui est particulièrement troublant pour les Etats de la région.
M. BRONISLAW GEREMEK, Ministre des affaires étrangères de la Pologne: je souhaiterais me concentrer sur trois questions dans mon discours: les libertés de l'homme (il s'agit notamment de repenser le principe de souveraineté et d'ingérence humanitaire), les défis actuels par rapport au système de sécurité internationale tel qu'il est défini dans la Charte des Nations Unies et les contradictions de la mondialisation auxquelles il s'agit de faire face grâce à une meilleure coopération internationale.
Le système de sécurité internationale tel que le définit la Charte des Nations Unies est né des enseignements tirés d'une guerre mondiale dévastatrice. La plupart des conflits aujourd'hui sont de nature interne aux pays. Pouvons-nous faire face à ces nouveaux défis sur la base des concepts et notions existants? Par ailleurs, nous avons fini par comprendre que les principes de souveraineté absolue et de non-ingérence ne sont plus justifiables. A cet égard, le Rwanda illustre ce que le Kosovo aurait pu devenir si nous n'étions pas intervenus en 1999. L'impératif d'agir soulève enfin la question du droit même d'agir. Nous avons reconnu que les murs de la souveraineté ne peuvent être utilisés pour légitimer les violations des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Toutefois, la bannière de l'intervention humanitaire ne devrait pas servir de prétexte pour imposer un contrôle et une domination politique de l'extérieur.
Contrairement à certaines affirmations, nous ne pensons pas que le contenu de la Charte des Nations Unies soit désuet. La Charte a besoin d'être relue sous un angle nouveau et visionnaire dans le contexte des nouvelles réalités internationales. Concernant par exemple le Chapitre VIII de la Charte, nous remarquons que la plupart des conflits aujourd'hui sont de nature locale. C'est pour cette raison que la relation entre les Nations Unies et les arrangements de sécurité internationale devrait être approfondie. La Pologne soutient à cet égard une augmentation des responsabilités des organisations régionales dans la prévention des conflits et dans la gestion des crises. En ce qui concerne la réforme de l'Organisation, il convient avant tout de se pencher sur les moyens d'améliorer l'efficacité et de renforcer l'autorité du Conseil de sécurité. Enfin, et malgré ses ressources limitées, la Pologne est prête à participer aux efforts de la coopération internationale, en partageant notamment avec d'autres notre expérience de la réforme du système politique et économique qu'a connu notre pays au cours des dix dernières années. Il est enfin impératif que la mondialisation devienne un processus à visage humain, à cet égard il convient de se concentrer sur la lutte contre la marginalisation, la responsabilité des gouvernements et l'égalité des chances. La coopération internationale devrait, quant à elle, s'ouvrir davantage aux autres acteurs de la société civile et les Nations Unies devraient la rendre plus active. C'est dans ce contexte que la Pologne accueille favorablement l'initiative du Secrétaire général de la CNUCED. C'est enfin avec optimisme que j'envisage le siècle prochain, optimisme que je justifie avant tout par la libération des nations et des peuples ainsi que par la compréhension universelle des droits de l'homme.
Allocution de M. Malam Bacai Sahna, Président de la République de Guinée-Bissau
M. MALAM BACAI SANHA, Président de la Guinée-Bissau : à l'aube du prochain millénaire, l'Afrique, y compris malheureusement l'Afrique occidentale, connaît une recrudescence de conflits armés qui menacent la paix et la stabilité régionales. De la crise libérienne à la Sierra Leone en passant par la Guinée-Bissau, notre région connaît des périodes de violence fratricide avec des causes diverses, parmi lesquelles le manque d'efficacité et la perte de l'autorité de l'Etat, la mauvaise gestion, la violation des droits de l'homme et la corruption ainsi que la détérioration des conditions de vie de la population. Pour avoir vécu les horreurs de la guerre, le peuple de Guinée-Bissau aujourd'hui plus que jamais aspire à vivre dans la paix et la sécurité, et à un futur où il jouirait complètement de ses droits fondamentaux. La Guinée-Bissau désire également promouvoir la réconciliation nationale fondée sur une démocratie pluraliste dans le cadre d'une bonne administration et d'un Etat de droit. C'est pourquoi, il a récemment été organisé à Bissau une conférence de réconciliation et d'unité nationales, conditions indispensables à la promotion socio-économique. Nous voulons aussi réaffirmer devant cette assemblée notre détermination à organiser les élections législatives et présidentielles comme prévu le 28 novembre prochain. Nous saisissons l'occasion pour lancer un appel pressant à la communauté internationale pour qu'elle appuie la Guinée-Bissau dans ses efforts au retour à l'ordre constitutionnel.
Malgré les progrès accomplis dans la lutte pour la liberté et la dignité humaines, la grande majorité de l'humanité vit dans des conditions humiliantes et inacceptables pour la conscience collective. Cette situation est provoquée par des intérêts égoïstes et contraires aux valeurs morales et politiques inscrites dans la Charte de l'ONU. L'exemple du Timor oriental illustre bien cette situation. A cet égard, nous exprimons notre solidarité fraternelle au peuple héroïque du Timor oriental et nous condamnons les actes perpétrés par les milices indonésiennes. Nous saluons aussi la réaction, bien que tardive, de la communauté internationale et nous lançons un appel pour l'intensification des efforts et de l'appui technique, matériel et financier pour la reconstruction du pays. La Guinée-Bissau accorde son soutien à l'ONU et à l'OUA dans leur recherche incessante d'une solution pacifique aux problèmes qui affectent notre continent africain. Dans ce contexte, la situation en Angola constitue une grande préoccupation pour notre pays. Elle requiert une action énergique de la communauté internationale. Nous exigeons de l'UNITA l'application inconditionnelle du Protocole de Lusaka.
S'il est vrai que la paix et la sécurité constituent une condition indispensable à l'effort de développement socio- économique, il n'est pas moins vrai que l'amélioration des conditions de vie du citoyen est l'une des raisons de la stabilité sociale et politique. L'un des obstacles à la poursuite de ces objectifs est la dette extérieure, qui est pour nous une préoccupation constante. C'est pourquoi, nous saluons l'initiative en faveur des pays pauvres très endettés prise par le G7. Avant de terminer, nous voulons réaffirmer notre détermination à tenir les élections en Guinée-Bissau à la date prévue, mais nous savons que la démocratie ne s'arrête pas avec les élections. Il est donc absolument nécessaire d'assurer un soutien au programme spécial d'urgence pour notre pays, de façon à garantir le caractère irréversible des gains démocratiques afin d'atteindre un développement soutenu pour notre pays.
Suite du débat général
M. DON MCKINNON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande: les Nations Unies doivent rester le point de référence fondamental dans les relations internationales. Les conflits armés, souvent internes et ethniques, continuent à représenter un défi moral pour notre comunauté de nations. Il est regrettable que lorsque les journaux télévisés nous montrent des preuves évidentes d'actes violents et inhumains commmis à l'encontre des plus vulnérables, l'on puisse en même temps nous annoncer que le Conseil de sécurité n'arrive pas à se mettre d'accord sur une action collective. L'on se demande alors si la confiance que l'on a dans l'ONU est méritée. Un Conseil de sécurité qui perd la confiance des peuples du monde court le risque de devenir inadéquat. Les événements qui ont eu lieu au Kosovo et au Timor oriental ont mis en avant l'importance des actions du Conseil de sécurité. Au Timor oriental, les événements qui ont suivi le résultat de la consultation électorale ont été tragiques et ont provoqué une vive réaction de la communauté internationale. L'envoi d'une mission mandatée par le Conseil de sécurité, et dirigée par l'Ambassadeur de Namibie, à Jakarta et à Dili a été une étape clé. La Nouvelle-Zélande est fière de contribuer, avec d'autres nations et sous la direction de l'Australie, à la Force multinationale dont le déploiement a été autorisé par les Nations Unies et qui opère au Timor oriental. La Nouvelle-Zélande est également prête à participer à l'opération de maintien de la paix prévue dans la résolution 1264 du Conseil de sécurité. La Nouvelle-Zélande appelle le Conseil de sécurité à créer cette opération, qui fera partie de l'administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental, dès que possible. La Nouvelle Zélande participe aux efforts entrepris par les agences humanitaires pour aider les nombreuses personnes qui ont été déplacées. Elle est d'avis que les personnes responsables des crimes commis contre l'humanité au Timor oriental devraient être traduites devant les tribunaux. Il faut assurer au Timor oriental une transition vers une indépendance qu'il a choisie lors du vote du 30 août. Les Nations Unies ont un rôle clé à jouer.
Au Kosovo, l'on a du également faire face à une grave crise humanitaire. Le Conseil de sécurité a été incapable d'agir. La Nouvelle-Zélande estime qu'une action collective, devant mettre fin à une catastrophe humanitaire qui implique un génocide et les plus horribles crimes commis à l'égard de l'humanité, ne devrait jamais être tenue en otage par un veto. Lorsque c'est le cas, le Conseil de sécurité perd sa crédibilité. Depuis la Conférence de San Francisco en 1945, la Nouvelle-Zélande est opposée au véto. Les intérêts nationaux des cinq Membres permanents ne peuvent prendre le pas sur la volonté de la majorité des autres membres du Conseil. L'adoption de la résolution 1244 a prouvé que l'Organisation des Nations Unies est au Kosovo, comme au Timor oriental, indispensable. Durant toute l'année dernière, le Conseil de sécurité a été quasiment paralysé sur l'importante question du désarmement de l'Iraq de ses armes de destruction massive. Cette question, qui menace la sécurité de la région, demeure non résolue. La raison en est, encore une fois, la division entre les Membres permanents du Conseil de sécurité qui, en pouvant recourir au veto, bloquent toute action. Cette situation est inacceptable.
L'Organisation doit être capable de relever efficacement les défis qui se présentent à elle, notamment lorsqu'il s'agit d'aider de petites nations, comme cela a été le cas à Bougainville et dans les Iles Salomon, qui n'ont pas d'autre recours. Une réforme de la méthode de travail et de la composition du Conseil de sécurité est nécessaire. Il ne faut pas que les petits pays continuent à être désavantagés. La composition du Conseil doit refléter de façon équitable l'ensemble des Etats Membres. Il est pour cela nécessaire de redéfinir les groupes régionaux qui, en fait, reflètent une géographie politique des années 60. La Nouvelle-Zélande s'inquiète des tendances qui apparaissent en ce qui concerne le financement des opérations de maintien de la paix. Il ne faut pas que certaines régions, parce qu'elles n'arrivent pas à attirer une aide des donateurs, ne puissent recevoir la réponse à laquelle elles ont droit en tant que Membres des Nations Unies. Toutes les opérations doivent être soumises aux mêmes critères lorsqu'il s'agit de leur financement. La question des arriérés des Etats Membres de l'Organisation, dans le cadre du budget ordinaire et du budget des opérations de maintien de la paix, doit être réglée. Il est capital que les Etats Membres s'acquittent à temps de leurs responsabilités financières. La Nouvelle-Zélande est d'avis que l'aide publique au développement continue d'être un outil essentiel pour permettre aux pays en développement de renforcer leurs capacités nationales et d'assurer un développement économique et social durable. Elle encourage les initiatives prises pour financer le développement et alléger la dette de ces pays.
M. SAID BEN MUSTAPHA, Ministre des affaires étrangères de Tunisie : dans la perspective d'une nécessaire vision nouvelle du maintien de la paix et de la sécurité internationales, nous voudrions principalement développer les axes suivant : d'une part l'approche de l'armement et du rôle des armes dans le monde, d'autre part celui relatif à l'appaisement des conflits, et enfin la transformation du développement économique et social en une composante essentielle de la paix.
Le monde aujourd'hui dispose d'énormes arsenaux. Il est de prime importance que les pays nucléaires prennent promptement des mesures en vue d'éliminer ces armes, particulièrement au vu des limites du Traité sur la non-prolifération nucléaire et de l'impossibilité de le considérer comme un substitut au désarmement nucléaire total. La Tunisie apporte également son soutien à tous les efforts tendant à réduire le risque de prolifération des armes de petit calibre et les transferts internationaux de ces armes.
Malgrès les succés remportés par notre Organisation dans le maintien de la paix, plusieurs guerres persistent et je voudrais évoquer à ce propos la question de l'intervention humanitaire qui demande l'examen appronfondi de la souveraineté des Etats et de la necessité d'apporter secours aux civils. De son côté, l'Afrique s'est fixé comme priorité de faire règner la sécurité sur le continent et de favoriser son essor, mais elle a pour cela besoin d'un soutien accru de la part de la communauté internationale, car malgré des efforts colossaux, des difficultés multiples entravent encore la mise en oeuvre des programmes de développement dans ces pays, notamment le problème de l'endettement.
Face à la mondialisation et aux mutations actuelles, la Tunisie effectue des démarches en vue d'établir un espace euro- méditérranéen servant de cadre de coopération et de dialogue socio-culturel. Si ce phénomène de mondialisation n'était pas maitrisé, il aboutirait à davantage de difficultés et de dysfonctionnements dans les relations internationales. Nous constatons par ailleurs avec préoccupation que l'objectif d'aide publique au développement fixé 0,7% du PNB des pays développés n'est toujours pas atteint. Le Président de la République tunisienne à, dans cette optique, appelé à la création d'un fonds mondial de solidarité pour lutter contre la pauvreté. La Tunisie a également appelé à l'instauration d'un mécanisme chargé de réglementer le système financier international de manière plus favorable au développement des pays du Sud.
L'année 1999 représente pour la Tunisie une nouvelle étape dans le développement du processus démocratique, car elle sera marquée par des élections présidentielles et législatives pluralistes, basées sur la transparence totale et le libre choix du citoyen. La Tunisie a entrepris au cours de ces douze dernières années de profondes réformes dans ces domaines,
comme la révision de la constitution dans le sens de la consécration du pluralisme politique de la suppression des tribunaux d'exception et de l'adaptation de notre législation aux conventions et traités internationaux relatifs aux droits de l'homme. Dans cet esprit la Tunisie s'est attelée à promouvoir la liberté de la femme en consacrant l'égalité des sexes.
Nous souhaiterons enfin souligner la nécessité d'une réforme du Conseil de sécurité pour qui débouche sur la satisfaction des revendications des pays en développement, quant à leur représentation au sein du Conseil de sécurité. En conclusion je voudrais réitérer la fidélité de la Tunisie aux principes et aux objectifs des Nations Unies, la Tunisie ayant participé à de nombreuses opérations de maintien de la paix depuis le début des années soixantes.
M. VARTAN OSKANIAN, Ministre des affaires étrangères de l'Arménie : alors que le XXème siècle arrive à son terme, il est clair que tous les pays du monde, développés, en développement ou en transition, seront touchés de manière significative par la mondialisation, qui dans l'ensemble et grâce à l'élargissement des marchés ainsi qu'à une répartition plus efficace des ressources financières, devrait aboutir à l'amélioration des niveaux de vie. Toutefois, aucun pays ne bénéficiera de cette tendance de manière spontanée et automatique. Il faudra pour cela que la coopération régionale et les processus d'intégration en optimisent les effets positifs. Pour notre part, tant au niveau national que régional, nous nous efforçons de nous adapter aux tensions multiples découlant des transformations économiques, culturelles et politiques qui ont suivi la fin de l'empire soviétique. Ces problèmes sont en fait source de tension à la fois sur le plan national mais aussi entre les pays. Pourtant l'Arménie ne se perçoit nullement comme éternellement condamnée à la marginalisation. Au contraire, elle est convaincue que grâce à une coopération étroite, qu'elle soit politique, économique ou liée à la sécurité, la stabilité et la prospérité durables y émergeront. A cette fin, la coopération au sein d'organisations économiques régionales, comme le mécanisme de coopération économique de la mer Noire, est essentielle. C'est pourquoi, nous déplorons sincèrement l'embargo imposé sur notre pays par la Turquie et l'Azerbaïdjan.
Jeune république en transition, se réveillant du long cauchemar du totalitarisme d'Etat, l'Arménie doit, au-delà de son adaptation à l'économie de marché et à la démocratie, résoudre le problème du conflit du Karabakh. Ceci doit être entrepris de manière simultanée car en réalité ces trois problèmes sont interdépendants. L'Arménie doit en premier lieu s'assurer que la population arménienne du Karabakh est en sécurité sur son propre territoire. Nous ne pouvons accepter rien de moins que l'assurance que le droit inaliénable de la population du Karabakh n'est pas nié et bafoué. C'est pourquoi, l'Arménie s'est activement engagée dans de multiples forums à résoudre le conflit avec l'Azerbaïdjan. Pour sa part, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), en sa qualité de coprésidente du Groupe de Minsk, s'efforce de réconcilier des principes a priori inconciliables. Nous avons toujours été opposés à toute approche orthodoxe ne considérant qu'un seul aspect du problème et avons défendu une approche plus flexible. C'est donc avec un réel intérêt que l'Arménie et les autorités du Haut-Karabakh ont reçu le projet de proposition des coprésidents du Groupe de Minsk lors de leur dernière visite dans la région. Cette nouvelle proposition est plus réaliste. Défendant par des moyens pacifiques le droit à l'autodétermination du peuple du Nagorno-Karabakh, l'Arménie se sent solidaire des autres combats pour l'autodétermination qui se déroulent de part le monde. Elle salue ainsi le courage du Gouvernement indonésien pour avoir accepté la tenue du Référendum au Timor oriental, ainsi que les développements récents survenus dans le processus de paix au Moyen-Orient. L'Arménie reconnaît les différents résultats obtenus en matière de désarmement tout au long du XXème siècle, mais elle estime qu'il reste encore beaucoup à faire, notamment en faveur du contrôle régional et mondial des armes. Dans cette optique, nous espérons que notre candidature pour devenir un membre à part entière de la Conférence sur le désarmement recueillera un large soutien. Nous appuyons aussi la proposition russe en faveur d'une convention des Nations Unies pour lutter contre le terrorisme nucléaire, ainsi que l'initiative de tenir en l'an 2000 une conférence mondiale ou une session extraordinaire sur le terrorisme. Enfin, le 1er octobre prochain, nous signerons le Statut de la Cour pénale internationale, devenant ainsi le 87ème Etat signataire.
Le maintien de la paix et de la sécurité est l'une des fonctions principales des Nations Unies, et notamment du Conseil de sécurité, malheureusement il faut bien reconnaître avec un certain désarroi, que cette collectivité, la communauté des nations, n'a pas entièrement répondu aux espérances des populations. Ce n'est certes pas à cause du manque de textes, qu'il s'agisse de charte, de conventions ou de déclarations universelles que des événements tragiques et des actions meurtrières peuvent se dérouler. L'Arménie et les Arméniens ont d'ailleurs, de par leur histoire, un angle unique de perception de tels événements. Nous remarquons l'usage de plus en plus fréquent du terme de génocide, ce qui nous remet tristement en mémoire le génocide dont nous avons été victimes en 1915. Pour nous, il n'est rien qui contribue davantage à la répétition de telles horreurs, que le manque de volonté et le refus des complices de dire la vérité.
M. JEAN PING, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères de la coopération et de la francophonie du Gabon: en cette période de transition et d'expansion, certaines nations accummulent progrès et prospérité alors que d'autres, notamment les pays africains semblent voués à la misère. Le lourd fardeau de la dette nous réduit au rang d'esclaves des temps modernes et constitue une menace permanente contre la stabilité de nos Etats. Le temps est venu de s'attaquer sérieusement au problème de la pauvreté. Nous devons évoluer vers une conception de la sécurité centrée non plus sur celle des Etats, mais surtout sur le bien- être des peuples afin de réaliser une véritable culture de paix, notamment en Afrique où, malgré certains progrès, de nombreux conflits persistent.
On ne peut imaginer un monde en paix si la communauté internationale ne se mobilise pas pour sortir du cercle vicieux "sous-developpement-violence-sous-developpement". Bien que vivant en paix, le Gabon supporte néanmoins le fardeau de la guerre. Il a accueilli récemment 50 000 réfugiés, entraînant de graves perturbations intérieures. Face à l'ampleur de cette situation à laquelle mon pays n'était pas préparé, le Président de la République gabonaise a réuni en août dernier un mini-sommet à Libreville qui a examiné les possibilités d'une meilleure prise en charge par les Africains eux-mêmes, avec le soutien de la communauté internationale, des problèmes des réfugiés et des personnes déplacées. A cette occasion le Président Bongo a proposé la création d'une cellule africaine d'intervention humanitaire d'urgence. Je lance ici un appel pressant à la communauté internationale afin qu'elle apporte une plus grande assistance aux réfugiés africains, notamment par un programme d'urgence visant à soulager leur souffrance et à faciliter leur retour dans leur pays d'origine.
Concernant le développement, la situation du Gabon est précaire. Mon pays n'est pas un émirat africain, malgré ses potentialités en matière première. A cause de ce cliché, les institutions financières et monétaires internationales nous classent parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure, nous interdisant ainsi l'accès à des conditions souples pour nos emprunts et pour le traitement de notre dette. Récemment nous avons entrepris des réformes structurelles nécessaires à notre arrimage à l'économie globalisée. Ainsi nous avons libéralisé notre économie en démantelant les barrières tarifaires, en privatisant les entreprise parapubliques, en mettant en place un nouvel environnement juridique et institutionnel propice l'investissement et l'épanouissement du secteur privé, et en créant des dispositifs de coopération régionale. Toutefois les investissements directs étrangers ont jusqu'ici évité notre continent. Les instances dirigeantes de notre pays se sont par ailleurs attachées à promouvoir la démocratie en amorçant une transition sans heurt vers le pluralisme politique. Des élections ont amené à la réélection de notre Président, M. Bongo, dans un contexte politique et social apaisé, gage de la légitimité démocratique.
La démocratie qui a pour corollaire la bonne gouvernance, l'Etat de droit et le respect des droits de l'homme constitue un maillon essentiel de la transition vers une culture de paix. Une paix durable est, en effet, la condition préalable de l'exercice de tous les droits et devoirs de l'être humain, c'est l'irremplaçable terreau où doit germer le développement et la démocratie. Il appartient donc au système des Nations Unies et aux Etats Membres de faire en sorte que ces buts et principes qui nous sont chers soient une réalité pour tous dans le nouveau millénaire.
M. ALLAN CRUICKSHANK, Ministre des affaires étrangères, du tourisme et de l'information de Saint-Vincent-et-les Grenadines: dans le cadre de la mondialisation de l'économie, les Nations Unies, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale ont des rôles cléfs à jouer pour les pays en développement. Les budgets de nombreuses corporations transnationales, qui contrôlent le développement international, sont plus importants que les budgets nationaux de pays en développement comme Saint- Vincent-et-les Grenadines. Malgré les avancées technologiques de cette dernière décennie et l'accroissement du commerce mondial, les bénéfices de la mondialisation n'ont pas été équitablement distribués. Les pays en développement continuent à être marginalisés. Saint-Vincent-et-les Grenadines s'efforcent de diversifier leur économie, de trouver de nouvelles stratégies et options pour développer leur tourisme, leur services financiers et informatiques. Pourtant, la survie économique et la stabilité sociale de Saint-Vincent-et-les Grenadines restent liées au commerce des bananes. 40% des emplois du pays dépendent de l'industrie de la banane. L'écroulement imminent du marché de la banane montre que les petits Etats en développement continuent à se trouver confrontés aux pays puissants et aux grandes corporations. Le manque d'intérêt montré par les Etats-Unis en ce qui concerne la survie de Saint-Vincent-et-les Grenadines est inexplicable. Les conséquences inévitables de l'écroulement du marché de la banane seront une dislocation économique et sociale caractérisée notamment par le chômage, l'appauvrissement des fermiers et le crime.
Les politiques d'immigration de certains pays sont injustes et ne servent qu'à exacerber la désintégration sociale de nos sociétés qui subissent déjà de nombreuses pressions. Le gouvernement de Saint-Vincent-et-les Grenadines continue d'examiner, avec l'aide de nations amies, la façon de développer les infrastructures de l'aéroport qui se trouve sur l'île principale de Saint-Vincent. Cela permettra au pays de diversifier son agriculture et son économie. Saint-Vincent-et- les Grenadines examine, avec les autres membres de la communauté des Caraïbes (CARICOM), la possibilité de mettre en place un processus permettant de renforcer l'intégration régionale par l'établissement d'un marché et d'une économie unique d'ici l'an 2001. Les pays de la CARICOM s'efforcent de faciliter le mouvement des biens, des services, des capitaux et des personnes dans les pays membres. La région est également engagée à établir une zone de libre-échange pour les Amériques d'ici l'an 2004. La CARICOM a établi un mécanisme de négociation régional pour coordonner la participation de la région aux négociations commerciales extérieures. Saint-Vincent-et-les Grenadines est résolu à lutter contre le commerce international de la drogue. Le pays essaie de mettre en place, avec d'autres pays, des accords d'assistance mutuelle pour lutter contre les actes criminels. Les Gouvernements des petits pays en développement des Caraïbes paient un prix très lourd pour coopérer avec les pays développés dans la lutte contre le trafic de drogue. Le Gouvernement de Saint-Vincent-et-les Grenadines continuera à honorer ses engagements vis-à-vis des accords internationaux qu'il a signés. Des mesures ont été prises par le Gouvernement afin que l'argent de la drogue ne soit pas blanchi dans le système financier national. Les membres de la CARICOM reconnaissent la nécessité d'assurer une stabilité nationale et régionale, qui soit fondée sur les valeurs démocratiques, le respect des droits de l'homme et le développement économique et social. Saint-Vincent-et-les Grenadines accordent une priorité à l'éducation, à la formation et au développement des ressources humaines. Le pays attache également une grande importance à la protection de l'environnement, notamment aux ressources marines et côtières. Le développement du tourisme ne doit pas se faire au détriment des écosystèmes déjà trop fragiles.
M. YERODIA ABDOULAYE NDOMBASI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo : pourquoi les pays qui ne règlent pas leur contribution à l'ONU sont sanctionnés par la perte de leur droit de vote, alors que ceux qui violent l'Article 2 de la Charte sur l'égalité souveraine de tous les Etats ne sont pas sanctionnés. Quand les Burundais, Rwandais et Ougandais ont fondu sur notre pays, sans être provoqués et se sont livrés aux massacres et aux pillages, qui se poursuivent d'ailleurs encore aujourd'hui, ils l'ont fait avec une arrogance et une impunité générale qui n'est pas le cas de celui qui ne paie pas ses cotisations. Il vaut peut être mieux violer les frontières des autres pays, massacrer leurs habitants et violer les femmes que ne pas payer ses cotisations. Il y a là deux poids et deux mesures que nous ressentons comme une grande injustice, dénoncée par des voix illustres qui se sont exprimées à cette tribune. Pour ma part, je parle inspiré par la voix de Patrice Lumumba. Nous connaissons l'ONU. L'ONU est déjà venue rétablir la paix et le résultat a été que le drapeau des Nations Unies a servi de linceul au fils le plus illustre de la nation, Patrice Lumumba. Nous ne permettrons pas que ce même drapeau serve de linceul à celui qui a repris le flambeau de Lumumba. Je parle de mon Président, mon ami que certains rêvent d'enrouler dans le drapeau, comme naguère Lumumba. Voici l'ONU qui traîne à nouveau pour mettre fin à ce qu'elle appelle par euphémisme le conflit dans la région des Grands Lacs. Une armée étrangère occupe le pays, fait main basse sur ses richesses et vous appelez ça un conflit? Cela s'appelle la guerre. Loin de vous époumoner pour envoyer des "peacekeepers", il faudrait envoyer des gens qui mettent fin à la guerre. Nous sommons nos frères rwandais, ougandais et burundais de rentrer chez eux car ils n'ont rien à faire chez nous. Leur présence, leur occupation nous freine dans la reconstruction de notre pays. Ils sont venus nous attaquer comme des voleurs sans nous prévenir alors que nous étions en train de planter du maïs, des haricots et des arachides. Car, dans ce pays qui regorge de diamants et de ressources naturelles, c'est par le maïs, les haricots et les arachides que nous avions commencé à reconstruire.
Ces gens des collines sont d'abord venus par l'Ouest pour soit disant arrêter des génocidaires. Il sont repartis après avoir essuyé une première défaite. Puis ils ont jeté leur dévolu sur l'Est du pays. Ils sont venus pour une razzia mais n'ont maintenant plus le temps de la faire, car ils se battent entre eux. Ceux là qui sont venus nous enseigner la démocratie se livrent, pour se distraire de leurs occupations de rapine, à une petite partie de guerre sur notre sol. Ils viennent ensuite comme membres de l'ONU, parler dans cette enceinte, alors qu'ils amassent leurs armements et leurs troupes, et prennent des localités, mais sans les posséder, car leur action ne repose pas sur le consentement de la population qui se réfugie dans les collines. Ils continuent d'avancer bien qu'ils aient signé un Accord de cessez-le-feu le 10 juillet dernier. Ils cherchent à présent à encercler la ville de Mbuji Mayi, capitale du diamant, au risque de s'affronter entre eux. Ainsi, l'Ouganda commercialise une grande quantité de diamants qu'il ne produit pas chez lui. Dans cette enceinte ont été tenus des discours contre l'argent sale. Nous sommes outrés de voir que le cuivre, l'or, le cobalt et le diamant ensanglantés circulent à la bourse, sans que personne n'y mette le holà. Il faut refuser d'acheter ces produits de rapines. Il y a là encore deux poids et deux mesures. Il faut faire rendre gorge à ceux qui affirment que des génocidaires se trouveraient sur notre territoire depuis où ils mèneraient des actions au Rwanda. J'étais encore écolier quand je voyais les victimes des égorgements tantôt des Tutsi, tantôt des Hutu venir se réfugier chez nous. C'est là qu'est la racine de l'instabilité au Rwanda. Il faut aider nos frères rwandais à changer leur culture politique et à se démocratiser. L'obsession des groupes politiques est de prendre le pouvoir. C'est le robinet qui produit les Interhamwe qu'il faut fermer. Il faut que le Rwanda abandonne cette politique d'égorgement. Les Rwandais, Ougandais et Burundais doivent quitter notre pays et laisser la place aux observateurs de l'ONU. Nous devons les aider à récupérer leur statut de voisins. Qu'ils rentrent donc chez eux et, s'il y a des problèmes entre nous, nous les règlerons de manière pacifique. L'Accord de Lusaka a soulevé des espoirs qui ont été annihilés par des atermoiements, tantôt de la part des Rwandais, tantôt de la part des Ougandais. Nous voilà fin septembre et l'Accord conclu le 10 juillet dernier est toujours lettre morte. Il faut rappeler à nos frères qu'en tant que Membres de l'ONU, ils sont tenus de respecter la Charte. Il est incompréhensible et intolérable que ceux qui foulent aux pieds la Charte soient encore Membres de l'ONU. Nous avons déposé un livre blanc auprès du Conseil de sécurité contenant des témoignages irréfutables sur les atrocités qui ont été commises. Je vous invite à le consulter. Aidez nous à faire comprendre à nos frères rwandais, ougandais et burundais qu'ils doivent rentrer chez eux et laisser la place aux Nations Unies qui surveilleront les frontières. La chasse aux Interhamwe est un prétexte. S'ils n'ont pas pu, depuis deux ans, mettre un terme à leurs activités, c'est que cette tâche les dépasse. Qu'ils laissent alors l'ONU s'acquitter de cette tâche.
M. ALGIRDAS SAUDARGAS, Ministre des affaires étrangères de la Lituanie: ce siècle nous a donné beaucoup de leçons. Même si nous avons évité une nouvelle guerre mondiale, nous avons trop de fois été les témoins de guerres. Nous devrions développer des moyens pour prévenir les catastrophes humanitaires et alléger les souffrances humaines. La réforme la plus urgente à entreprendre au sein de la structure des Nations Unies concerne le Conseil de sécurité: son efficacité peut être améliorée en élargissant la représentation des pays en développement. Sa légitimité ainsi que le respect qu'il inspire en seront renforcés.
Concernant les opérations de maintien de la paix, la Lituanie a signé un accord des forces en attente dès le début de l'année 1998 et a fourni une description détaillée de la contribution qu'elle est en mesure d'apporter. Elle offre notamment des policiers civils qualifiés qui servent actuellement au Kosovo. Au sujet du désarmement, force est de constater qu'en réalité le désarmement nucléaire est instable: au moment où l'on observe la réduction d'ogives à un endroit, de nouvelles armes nucléaires sont mises au point ailleurs. Pour permettre la construction d'un monde plus sûr, je ne vois pas d'autre alternative que de réduire, d'éliminer et d'interdire strictement les armes de destruction massive et les moyens par lesquelles elles sont livrées. Par ailleurs, nous sommes d'avis que l'application des principes de l'OSCE, y compris le droit pour un pays de choisir ses propres arrangements de sécurité, est fondamentale pour assurer la paix et la sécurité. La Lituanie travaille par ailleurs activement à l'instauration de la sécurité et de la stabilité dans la région baltique, basée sur les relations de coopération et de bon voisinage. Enfin, concernant le protocole additionnel de la Convention sur l'élimination de toute les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), la Lituanie soutient la proposition faite par l'Autriche d'ouvrir à la signature ce nouvel instrument pour les droits de l'homme le 10 décembre prochain, à l'occasion de la Journée des droits de l'homme 1999. Les idéaux défendus au début de ce siècle par Woodrow Wilson célèbrent en cette fin de siècle leur deuxième naissance et je suis convaincu que, après des hauts et des bas qu'elle a connus, l'évolution de l'humanité se trouve finalement sur la bonne voie.
M. PATRICK ALBERT LEWIS, Antigua-et-Barbuda: je me réfère à la définition donnée par le Secrétaire général de la mondialisation et souhaite dire que, manifestement, la mondialisation conduit à un amenuisement de la souveraineté des Etats, les pays les plus faibles et le plus petits étant les grands perdants de ce processus. Ce qui est triste c'est de constater que nous avons conscience, dans les temps modernes, de l'absence d'un commerce libre. Tous les désastres qui affligent la production de la banane aux Caraïbes auront des conséquences non seulement sur les pays producteurs de la banane mais aussi sur l'ensemble de la communauté des Caraïbes. Nos pays s'efforcent de sortir de leur dépendance de l'aide. Au sein de la CARICOM, nous ne souhaitons pas faire figure de mendiants internationaux au risque de faire évoluer la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, où certains pays dominants exercent une pression telle sur notre mode de vie, qu'à un moment donné nous ne pourrons agir qu'en fonction de la volonté de certains.
Les Nations Unies ne devraient pas être considérées comme une institution des pays dominants des cinq groupes régionaux. Elles devraient bien plutôt représenter un organe qui s'oppose aux tentatives des entreprises multinationales d'étouffer le moteur des pays souverains. Nous réitérons aujourd'hui ce que nous avons déjà dit par le passé: ce que l'on fait subir aux pays producteurs de bananes est un acte de guerre. Malgré le 29ème rang que l'on accorde à Antigua-et-Barbuda dans le rapport du développement humain sur la base de son revenu par tête de 8 000 dollars en 1998, on ne mentionne pas le fait que notre pays occupe un rang très élevé dans l'indice de vulnérabilité du fait notamment de la fréquence des ouragans, notre pays ayant connu quatre ouragans au cours des dix dernières années.
Par conséquent, mon pays souhaite, en premier lieu, que l'indice de vulnérabilité soit mis au point par le Secrétariat du Commonwealth et le Groupe d'étude de la Banque mondiale et soit présenté dès que possible aux organisations internationales. Dans un deuxième temps, il est urgent que l'Organisation mondiale du commerce accorde un traitement spécial et différentié aux petits Etats insulaires. Nous souhaitons, dans un troisième temps, réitérer l'appel lancé par notre Premier Ministre, M. Lester B. Bird, en 1995 en vue de la création d'un fonds pour les catastrophes. Mon pays reste pour sa part disposé à contribuer au progrès de l'humanité et insistera, comme par le passé, sur le principe du multilatéralisme. Ensemble, nos pays, qu'ils soient grands ou petits, peuvent progresser vers la paix, la cohésion et l'allégement de la pauvreté dans le siècle à venir.
Droits de réponse
Le représentant du Rwanda a déclaré que sa délégation n'avait pas l'intention de prendre la parole mais que, après avoir entendu la déclaration du Ministre de la République démocratique du Congo (RDC), elle estime qu'il faut mettre les choses au point. La communauté internationale connaît la tragédie que le Rwanda a connue et qui a cumulé dans le génocide de 1994. La première agression était une agression contre le Rwanda. L'armée responsable de l'agression s'est permis de recruter dans les camps de réfugiés qui étaient situés à la frontière entre le Rwanda et la RDC. Ce que le Président Kabila ne peut nier c'est l'aide qu'il a obtenue du Rwanda dans la lutte contre la dictature de Mobutu. La RDC a officiellement reconnu cette aide. Il y a de nombreux exemples qui montrent clairement les causes de la crise en RDC qu'il est inutile de ranimer. Il y a la crise interne de la RDC et la crise de la RDC avec les pays de la région. Il faut faire la part des choses entre les faits et la fiction. Le type de discours qui vient d'être prononcé par le représentant de la République démocratique du Congo devant une assemblée comme celle-ci est inopportun. Dans le paragraphe 1 de la résolution 1161 (1998) du Conseil de sécurité, il est question de réactiver la Commission internationale d'enquête afin de collecter des informations concernant notamment l'envoi d'armes aux forces armées dans la région de l'Afrique centrale en violation des résolutions du Conseil de sécurité 918 (1994) et 1011 (1995). Les armes ont été obtenues malgré l'imposition de l'embargo. Ceci est une situation choquante. Il faudrait que l'Assemblée se réfère au Comité des sanctions qui devrait être activé pour évaluer ce qui se passe sur le terrain. Il faut désarmer les criminels qui ont perpétré le génocide afin de régler définitivement le problème.
Le représentant de l'Ouganda a, quant à lui, rappelé que les troupes de son pays se trouvent en République démocratique du Congo suite à un accord bilatéral survenu entre les deux pays. C'est pourquoi, il a dénoncé avec énergie les allégations fausses et gratuites formulées cet après-midi par le représentant de la République démocratique du Congo. L'Ouganda est pleinement disposé à respecter les Accords de Lusaka, signés en juillet dernier. Le représentant a ajouté qu'il est inutile de rappeler que sans l'appui de son pays, la République démocratique du Congo serait encore aujourd'hui le Zaïre sous la dictature du Président Mobutu. Les allégations de cet après-midi sont une violation de la lettre et de l'esprit des Accords de Lusaka, pourtant signés par le Président de la RDC, M. Kabila, a-t-il conclu.
Le représentant de la République démocratique du Congo a reconnu l'existence d'un génocide au Rwanda en 1994. Il a toutefois indiqué que ce génocide a été perpétré par des Rwandais, contre des Rwandais et sur le sol rwandais. Pas un seul ressortissant congolais n'a pris part à ces crimes, a-t-il affirmé. Au contraire, le Congo a dû acceuillir des milliers de réfugiés rwandais sur son sol, plongeant l'Est de son pays dans l'anarchie. Même sous prétexte que le Congo accueille ces réfugiés, il n'est absolument pas acceptable que le Rwanda envahisse le territoire congolais à la poursuite de ses ennemis. La vérité est que le Rwanda a envahi la RDC dans le but inavoué de s'approprier ses ressources. Pour sa part, le Congo est fermement engagé à respecter et à appliquer les Accords de Lusaka. Si les autres signataires avaient vraiment l'intention de faire la paix, ils n'amasseraient pas en ce moment-même des troupes en RDC. Pour démontrer une fois de plus sa bonne volonté, la RDC a d'ailleurs demandé au Secrétaire général de l'ONU d'accélérer le processus de paix en envoyant le plus rapidement possible des troupes de maintien de la paix dans la région des Grands lacs.
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