AG/924

LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE DEMANDE DES RESSOURCES FINANCIERES ADEQUATES POUR LE DEVELOPPEMENT DES PETITES ILES

28 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/924


LA SESSION EXTRAORDINAIRE DE L'ASSEMBLEE GENERALE DEMANDE DES RESSOURCES FINANCIERES ADEQUATES POUR LE DEVELOPPEMENT DES PETITES ILES

19990928

Des mesures sont préconisées concernant notamment les changements climatiques et les mouvements transfrontières de déchets dangereux et radioactifs

L'Assemblée générale, réunie en session extraordinaire consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement (Barbade, 1994), a adopté ce soir, à l'issue de ses travaux, une déclaration politique par laquelle elle demande à la communauté internationale de fournir des moyens efficaces, notamment des ressources financières adéquates, prévisibles, nouvelles et supplémentaires, en vue de pleinement mettre en oeuvre le Programme d'action et notamment d'aborder des questions complexes telles que la pauvreté. Les participants à la session extraordinaire demandent aussi à la communauté internationale de fournir un appui aux programmes et projets de renforcement des capacités et des institutions dans les petits Etats insulaires en développement. Des efforts accrus devront, en outre, être déployés pour aider ces Etats à se procurer les écotechnologies dont ils ont besoin pour parvenir à un développement durable et appliquer le Programme d'action.

La session extraordinaire a aussi recommandé une série de mesures pour la poursuite de l'application du Programme d'action de la Barbade. Dans un texte faisant le point des "progrès accomplis dans l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement et initiatives en la matière", des mesures urgentes sont préconisées dans les domaines sectoriels suivants: changements climatiques, catastrophes naturelles et écologiques et variabilité climatique, ressources en eau douce, ressources côtières et marines, énergie et tourisme. Pour ce qui est des moyens d'exécution, la session extraordinaire recommande notamment aux petits Etats insulaires en développement de redoubler d'efforts pour achever la mise en oeuvre des stratégies nationales de développement durable et, le cas échéant, des stratégies sous-régionales et régionales, de préférence avant la date butoir de l'an 2002. Le renforcement des capacités et la mobilisation des ressources sont considérés indispensables à la poursuite de l'application du Programme d'action.

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Il est également urgent de promouvoir l'intégration durable des petits Etats insulaires en développement dans l'économie mondiale, notamment en prenant des mesures et dispositions spécifiques. Répondant aux préoccupations des petites îles, le texte invite, à cet égard, la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à tenir dûment compte des difficultés spécifiques de ces pays dans les travaux qu'elles mènent actuellement et à examiner en particulier les effets que peut avoir sur la situation des petits Etats insulaires en développement l'érosion du système des préférences commerciales, ainsi que les problèmes qu'ils rencontrent pour ce qui est de la diversification et de l'accès aux marchés. La session extraordinaire préconise de conclure les travaux quantitatifs et analytiques sur l'établissement d'un indice de vulnérabilité pour les petits Etats insulaires en développement, si possible d'ici l'an 2000. L'établissement d'un tel indice, tenant pleinement compte des problèmes et de la fragilité spécifiques des petits Etats insulaires, et du lien entre ces problèmes et la vulnérabilité économique, permettrait de mieux identifier les obstacles auxquels se heurte le développement durable des petits Etats insulaires. Il pourrait, en outre, éventuellement compléter les autres critères utilisés lors de la prise de décisions concernant la coopération avec les petits Etats insulaires en développement, y compris le traitement préférentiel à leur accorder. Le texte encourage, en outre, le transfert d'écotechnologies, le renforcement du Réseau informatique des petits Etats insulaires en développement (SIDSNET) et le renforcement de la coopération et des partenariats internationaux.

Ces deux documents ont été transmis à la plénière par le Comité spécial plénier, établi par la session extraordinaire et chargé de la négociation des paragraphes qui étaient restés en suspens. A l'issue de ses négociations, celui-ci est finalement parvenu à un consensus sur les deux documents. Ce soir, la plénière de la session extraordinaire a donc pu adopter, par consensus, la Déclaration et le texte sur les "progrès accomplis dans l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement et initiatives en la matière".

Le rapport du Comité spécial a été présenté par son Président, M. John Ashe (Antigua-et-Barbuda). Les représentants de la Finlande (au nom de l'Union européenne), des Etats-Unis, du Guyana (au nom du Groupe des 77 et la Chine) ont expliqué leur position. Le représentant des Samoa a fait une déclaration générale au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires. Le Président de l'Assemblée générale, M. Théo-Ben Gurirab, a déclaré, en conclusion, que le véritable travail commençait véritablement maintenant et a demandé aux délégations de partir avec la volonté d'agir et de mettre en oeuvre les documents adoptés.

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Par le biais de son Comité spécial plénier, la session extraordinaire de l'Assemblée générale - 27 et 28 septembre - a donc principalement poursuivi la négociation des dispositions de fond restées entre crochets depuis la dernière session de son Comité préparatoire qui s'était réuni une première fois les 23 et 30 avril 1999 et avait repris ses travaux du 9 au 13 septembre derniers. Les paragraphes restés en suspens portaient sur la question des mouvements transfrontières de déchets dangereux et radioactifs. Un point sur lequel nombre de petits Etats insulaires en développement ont insisté, au cours du débat, faisant part de leurs préoccupations devant les risques que font peser sur leur environnement fragile le transport et les transbordements dans leurs eaux territoriales de telles substances. Ces considérations et le souci de protéger l'environnement marin de la région des Caraïbes ont incité le Guyana, au nom du Groupe des 77 et la Chine, et le Mexique, à présenter un projet de résolution visant à reconnaître la mer des Caraïbes en tant que zone spéciale dans le contexte du développement durable, méritant une protection appropriée. Sur recommandation de son Comité spécial, l'Assemblée a toutefois décidé de renvoyer cette question à sa Deuxième Commission pour examen plus avant au titre du point de l'ordre du jour intitulé "Environnement et développement durable". Le texte, qui représente l'état des consultations sur cette question à la date du 24 septembre 1999 est transmis à l'Assemblée par une lettre (A/S-22/6) datée du 24 septembre 1999, adressée au Président de l'Assemblée générale par le Représentant du Canada auprès de l'ONU, qui a mené les consultations officieuses.

Avant l'adoption des documents finaux, la session extraordinaire a terminé son débat général en entendant les Ministres des affaires étrangères, Ministres de l'environnement et hauts responsables gouvernementaux des pays suivants : Thaïlande, Bahamas, Madagascar, Indonésie, Burkina Faso, Pays- Bas, Bangladesh, République unie de Tanzanie, Maldives, Kiribati, Maurice et Guinée-Bissau. Les représentants des pays suivants ont fait une déclaration : Zimbabwe, Kazakhstan, Roumanie, Arabie saoudite, Nicaragua, Guatemala, République démocratique populaire lao, Colombie, Gambie, Monaco, Israël, Espagne, Malaisie, Antigua et Barbuda, et République de Corée. Sont également intervenus les observateurs de la Communauté européenne (au nom de la Commission européenne), du Saint-Siège, de l'Ordre militaire souverain de Malte, de Guam, des îles Vierges américaines, du Secrétariat du Commomwealth, du Forum du Pacifique Sud, des Samoa américaines, de l'Association des Etats des Caraïbes, de la Communauté des Caraïbes, et d'Anguilla. Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes ont fait une déclaration : Association pour la préservation des Caraïbes, "Pacific concerns resource centre", et le Mouvement panafricain.

En début de séance, l'Assemblée a approuvé le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs sur les pouvoirs des représentants à la 22ème session extraordinaire de l'Assemblée générale, publié sous la cote A/S-22/8.

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ADOPTION DU RAPPORT DU COMITE SPECIAL PLENIER (A/S-22/9)

Le Comité spécial plénier a tenu deux séances officielles les 27 et 28 septembre 1999 pour examiner le point 8 de l'ordre du jour relatif à l'examen et évaluation de l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement. A l'issue de ses travaux, le Comité a décidé, sur la proposition de son Président, de recommander à l'Assemblée générale, à sa 22ème session extraordinaire, d'adopter les projets de textes tels que révisés. La Déclaration et les progrès accomplis dans l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement et initiatives en la matière figurent dans le rapport de la Commission du développement durable constituée en Comité préparatoire de la session extraordinaire de l'Assemblée générale, publié sous la cote A/S-22/2/Add.1. Les révisions apportées au texte figurent aux paragraphes 10, 14 et 15 du rapport du Comité spécial.

DECLARATION

"Nous, Etats participant à la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement,

Réunis à l'ONU les 27 et 28 septembre 1999,

Réaffirmant les principes et engagements concernant le développement durable qui figurent dans la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement, Action 21, la Déclaration de la Barbade et le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement,

Rappelant la décision que l'Assemblée générale a adoptée à sa dix-neuvième session extraordinaire, ainsi que les décisions prises par la Commission du développement durable à ses quatrième, sixième et septième sessions,

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Constatant que les petits Etats insulaires en développement aspirent tous au développement économique et à l'amélioration des conditions de vie de leurs populations et restent fermement résolus à préserver le patrimoine naturel et culturel dont dépend leur avenir, et considérant que le présent examen de la poursuite de l'application du Programme d'action vise à faire fond sur les accords déjà conclus par les petits Etats insulaires en développement et la communauté internationale en ce qui concerne le développement durable, donne une idée des progrès accomplis sur la voie du développement durable par les petits Etats insulaires en développement et leurs régions et identifie les domaines auxquels une attention spéciale doit être accordée pour promouvoir le développement durable,

Rappelant que les petits Etats insulaires en développement doivent faire face à des problèmes particuliers en matière d'environnement et de développement parce qu'ils sont écologiquement fragiles et économiquement vulnérables, que leurs efforts pour réaliser un développement durable se heurtent à des difficultés particulières et qu'en raison de leurs caractéristiques spécifiques, ils ont souvent des difficultés à profiter du développement économique mondial et à parvenir ainsi à un développement durable,

Réaffirmant que la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement visait à transformer Action 21 en politiques, actions et mesures spécifiques à prendre aux niveaux national, régional et international pour permettre aux petits Etats insulaires en développement de faire face à ces contraintes et de réaliser un développement durable,

Considérant que les petits Etats insulaires en développement sont les gardiens d'une proportion importante des océans du monde et que leur diversité biologique est très importante, et qu'ils sont le fer de lance de la lutte contre les changements climatiques, et que leur vulnérabilité et leurs difficultés particulières font ressortir la nécessité d'agir d'urgence pour appliquer le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement,

Considérant également que les solutions trouvées à cet égard peuvent fournir des exemples utiles à d'autres pays,

Considérant en outre que des efforts considérables ont été déployés à tous les niveaux pour appliquer le Programme d'action et qu'il est nécessaire que ceux-ci continuent à être soutenus par un appui efficace de la communauté internationale, notamment sur le plan financier, un renforcement des institutions et une amélioration de la coordination, un renforcement bien ciblé des capacités et l'adoption de mesures visant à faciliter le transfert d'écotechnologies conformément à l'alinéa b) du paragraphe 34.14 d'Action 21,

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Ayant examiné les rapports d'activité sur l'application du Programme d'action et les vues exprimées par les délégations à la session extraordinaire,

Convaincus que l'application du Programme d'action doit être accélérée et que des progrès doivent être réalisés dans les domaines interdépendants du renforcement des capacités, du financement et du transfert de technologie, et que les arrangements institutionnels devraient être renforcés pour contribuer à son succès,

1. Prenons note avec satisfaction des efforts déployés par les petits Etats insulaires en développement pour tenir les engagements pris dans le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement et de l'appui fourni par la communauté internationale, et notons que ces efforts ont été affectés par les contraintes touchant les ressources financières et autres ainsi que par des problèmes économiques et environnementaux au niveau mondial;

2. Prenons également note avec satisfaction des efforts continus déployés par les petits Etats insulaires en développement pour formuler des stratégies nationales de développement durable;

3. Encourageons les efforts déployés par toutes les parties pour créer un environnement permettant aux petits Etats insulaires en développement de s'attaquer à des problèmes fondamentaux en vue de parvenir à un développement durable;

4. Demandons à la communauté internationale de fournir des moyens efficaces, notamment des ressources financières adéquates, prévisibles, nouvelles et supplémentaires, conformément au chapitre 33 d'Action 21 et aux paragraphes 91 à 95 du Programme d'action, en vue de pleinement mettre en oeuvre le Programme et notamment d'aborder des questions complexes telles que la pauvreté ainsi que le souligne le paragraphe 6 du document de suivi;

5. Demandons à la communauté internationale de fournir un appui aux programmes et projets de renforcement des capacités et des institutions dans les petits Etats insulaires en développement et, le cas échéant, d'appuyer la création de centres de formation et d'autres efforts pertinents de renforcement des capacités;

6. Demandons que des efforts accrus soient déployés pour aider les petits Etats insulaires en développement à se procurer les écotechnologies dont ils ont besoin, comme prévu dans le Programme d'action, pour parvenir à un développement durable et appliquer le Programme d'action;

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7. Demandons au Secrétaire général d'améliorer les arrangements institutionnels existants dans le cadre des Nations Unies pour apporter un appui efficace aux petits Etats insulaires en développement, afin que le système des Nations Unies contribue plus activement à promouvoir et à faciliter le développement durable de ces Etats;

8. Nous félicitons des efforts que ne cesse de déployer l'Alliance des petits Etats insulaires en développement pour promouvoir les intérêts et faire connaître les préoccupations de ces Etats, notamment en ce qui concerne la mise en oeuvre du Programme d'action;

9. Souscrivons à l'ensemble des initiatives de grande envergure en vue de la poursuite de l'application du Programme d'action, telles qu'elles sont décrites dans les recommandations de la Commission du développement durable constituée en comité préparatoire de la vingt-deuxième session extraordinaire."

PROGRES ACCOMPLIS DANS L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE DES PETITS ETATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT ET INITIATIVES EN LA MATIERE

Six domaines sectoriels appelant l'adoption de mesures urgentes ont été identifiés dans cette analyse. Il s'agit des problèmes liés au changement climatique, aux catastrophes naturelles, aux ressources en eau douce, à l'énergie, au tourisme et aux ressources côtières et marines. A cet égard, compte tenu des vues et des préoccupations des petits Etats insulaires en développement, selon lesquels les mouvements transfrontières de déchets dangereux et radioactifs ne sont pas traités de manière adéquate par les régimes juridiques internationaux existants, un appel est lancé aux Etats et aux organisations internationales concernées pour qu'ils continuent à examiner ces sujets de préoccupation de manière spécifique et approfondie et au Secrétaire général pour qu'il fasse rapport à l'Assemblée générale, à sa cinquante-sixième session au plus tard, sur les efforts accomplis et les mesures prises et sur les progrès réalisés.

L'analyse propose ensuite des moyens d'exécution que devraient adopter les petits Etats insulaires en développement, dans le cadre d'un partenariat étroit avec la communauté internationale. Il leur est ainsi proposé d'achever, de préférence avant la date butoir de l'an 2002, la mise en oeuvre des stratégies nationales de développement durable et le cas échéant, des stratégies sous-régionales. L'analyse préconise que ces stratégies soient élaborées par le biais de politiques de participation transparentes et, si possible, d'indicateurs et de critères précis pour évaluer les progrès réalisés. A cette fin, le renforcement des services nationaux et régionaux de statistiques et d'analyses est encouragé.

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Le renforcement des capacités étant identifié comme un moyen d'exécution essentiel, les petits Etats insulaires et la communauté internationale sont appelés à renforcer ces capacités par la promotion de l'éducation, l'utilisation accrue des approches traditionnelles et des compétences autochtones en matière de formation et de sensibilisation, la création de partenariats entre les secteurs privé et public et la consolidation des centres régionaux de recherche technique et scientifique.

De toute évidence, poursuit l'analyse, la mobilisation des ressources constituera l'un des principaux défis que devront relever les petits Etats insulaires en développement. Il leur est suggéré notamment de faire davantage appel au Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et d'inviter les institutions financières internationales à poursuivre leurs engagements en faveur de projets et programmes de développement durable. Un autre défi important consistera pour les petits Etats insulaires à s'adapter aux structures nées de la mondialisation. L'analyse exhorte la communauté internationale, en général, à prendre en considération les points faibles et les handicaps des petits Etats insulaires dans le cadre du commerce international et à la CNUCED, en particulier, d'examiner les débouchés commerciaux de ces Etats.

La mondialisation ayant facilité le transfert de technologie, les petits Etats insulaires et la communauté internationale sont invités à élaborer des mesures relatives aux technologies non polluantes, à promouvoir l'accès aux informations sur les écotechnologies et leurs modalités de transfert, à promouvoir la participation du secteur privé et la création d'alliances stratégiques entre les institutions de recherche et de développement et les utilisateurs potentiels de technologies.

L'analyse exhorte aussi les petits Etats insulaires en développement, en coopération avec la communauté internationale, de conclure, si possible d'ici l'an 2000, les travaux quantitatifs et analytiques sur l'établissement d'un indice de vulnérabilité. Les petits Etats insulaires sont également encouragés à adhérer à la Perspective mondiale en matière d'environnement qui permettra de recueillir des données de base plus précises sur l'environnement. L'analyse met aussi l'accent sur le rôle décisif que le système des Nations Unies pourrait jouer pour assurer une mise en oeuvre réussie du Programme d'action de la Barbade. Les Nations Unies sont invitées à faire un usage plus rationnel des ressources disponibles, à trouver de nouveaux moyens de mobiliser des ressources et à renforcer les mécanismes de coordination de façon à fournir aux petits Etats insulaires un appui ciblé et cohérent qui corresponde à leurs priorités.

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Une mise en oeuvre réussie du Programme d'action suppose, par ailleurs, l'instauration de partenariats entre toutes les parties prenantes, en particulier les communautés locales, les ONG et le secteur privé ainsi qu'une reconnaissance du rôle et de la fonction de l'Alliance des petits Etats insulaires en développement. L'Alliance est d'ailleurs invitée à s'approprier davantage pour le renforcer, le Réseau informatique des petits Etats insulaires en développement (SIDNET). Pour l'analyse, ce Réseau, mis en place avec la collaboration du PNUD, peut beaucoup contribuer à la mise en oeuvre réussie du Programme d'action.

Explications de position

Le représentant de la Finlande, au nom de l'Union européenne, a déclaré que l'Union européenne aurait préféré voir, dans la Déclaration, une référence plus précise aux Etats les moins avancés des petits Etats insulaires en développement. L'Union européenne se félicite néanmoins de ce que le thème de la pauvreté, qui avait été identifié comme domaine prioritaire à la Conférence de Rio et au cours de l'examen quinquennal de l'application des recommandations de la Conférence, soit reflété dans la Déclaration. Le document sur les progrès accomplis se concentrant sur la nécessité de partenariats, l'Union européenne demeure disposée à travailler avec les petits Etats insulaires en développement dans le cadre des politiques conjointes de coopération au développement tant par le biais de la Commission européenne que par les canaux bilatéraux et multilatéraux dont elle dispose ainsi que ses Etats membres.

Le représentant des Etats-Unis a relevé que le document adopté aujourd'hui par l'Assemblée générale encourage le système commercial multilatéral à envisager l'octroi de traitements spéciaux et différentiels aux petits Etats insulaires. Le représentant a interprété cette disposition comme compatible avec la philosophie commerciale des Etats-Unis et leurs politiques d'accès aux marchés en faveur des pays en développement, sans pour autant étendre leur portée. Pour le représentant, le libellé du document ne préjuge aucunement de la position des Etats-Unis quant à l'octroi de traitements spéciaux et différentiels, que ce soit par le biais de négociations bilatérales, régionales ou multilatérales. Il ne préjuge pas non plus des intiatives régionales américaines visant à offrir aux pays en développement un accès additionnel à son marché par le biais de programmes tels que le "General System of Preferences", l'Initiative pour le bassin des Caraïbes, l'"African Growth and Opportunity Act" ou encore les négociations visant la création d'une zone franche dans les Amériques. Même si le libellé du document n'offre pas aux petits Etats insulaires un statut spécial et différentiel unique, les Etats-Unis conviennent que les plus désavantagés des petits Etats insulaires devraient bénéficier d'une assistance technique et d'une aide au renforcement de leurs capacités de la part des membres de l'OMC afin de faciliter ainsi leur intégration dans le commerce mondialisé.

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Le Représentant du Guyana a déclaré que le Groupe des 77 et la Chine considèrent que le document à l'étude constitue une base valable pour une deuxième phase dans l'application du Programme d'action. Le groupe tient à souligner son engagement dans la mise en application du Programme d'action qui permet une approche ciblée, appropriée aux besoins spécifiques de chaque île. La vulnérabilité économique continuera à poser des problèmes particuliers aux petits Etats insulaires qui cherchent à participer à l'économie mondiale et au commerce. Le succès de leur participation est indispensable à leur survie économique et à leur capacité de réaliser un développement durable. Le Groupe est donc favorable à une coopération renforcée entre tous les partenaires et au soutien des Nations Unies à la mise en oeuvre du Programme d'action.

Déclarations générales

Le représentant des Samoa, prenant la parole au nom de l'Alliance des petits Etats insulaires, a remercié tous les participants à la session extraordinaire. Les documents qui viennent d'être adoptés mettent un terme à un processus qui nous occupe depuis près d'un an, à commencer par la Conférence des donateurs en février dernier. Il a rendu hommage au système des Nations Unies et au Secrétaire général pour cette initiative. La session a permis une grande prise de conscience qui augure favorablement de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade.

Concluant les travaux de la session extraordinaire, le Président de l'Assemblée générale, M. Theo-Ben Gurirab (Namibie), a fait observer que le travail ne commence véritablement qu'à présent. Les documents ont été adoptés par un consensus clair. En l'absence de ressources et de la bonne volonté des nations riches et des institutions multinationales, l'avenir restera incertain. Le temps est court et il faut faire ce qu'il faut. Nous devons partir d'ici avec la volonté d'agir et de mettre en oeuvre les documents que nous venons d'adopter. Les plans de développement adoptés à Rio et à la Barbade restent aussi pertinents que lorsqu'ils ont été adoptés. La session extraordinaire a permis de rappeler à la communauté internationale d'honorer ses engagements et de mettre en oeuvre les programmes adoptés. Les résultats seront jugés au tribunal de l'opinion publique. Les affaires des petits Etats insulaires en développement sont l'affaire de l'humanité toute entière. L'ONU et ses institutions ont un rôle à jouer. L'ONU doit soutenir ces Etats en difficulté.

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EXAMEN ET EVALUATION D'ENSEMBLE DE L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU DEVELOPPEMENT DURABLE DES PETITS ETATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT

Fin du débat général

M. SURIN PITSUWAN, Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande: l'arrivée récente de trois petits Etats insulaires - les Républiques de Kiribati, Nauru et le Royaume du Tonga - au sein de la famille des Nations Unies nous rappelle que tous les Etats, quels que soient leur taille, ont un rôle à part entière et important à jouer pour faire avancer la cause de la paix et de la prospérité dans le monde. Nous devons aussi nous rappeler que les petits Etats insulaires ont des besoins et des intérêts propres sur lesquels il convient de se pencher. En effet, s'ils jouissent d'une indéniable beauté naturelle, leurs écosystèmes restent fragiles et extrêmement vulnérables. La montée du niveau de la mer, les catastrophes naturelles, les accidents liés au trafic maritime, le manque d'eau potable, les ressources côtières et marines et les problèmes liés au tourisme font pression sur les économies et les écosystèmes de ces îles. La communauté internationale et les petits Etats insulaires doivent coopérer pour relever ces défis, comme stipulé dans le programme d'action de la Barbade de 1994.

Les changements climatiques et leurs effets sur la montée du niveau de la mer posent le problème de la survie même de certains Etats insulaires en développement. C'est pourquoi, les pays industrialisés doivent limiter les émissions de gaz à effet de serre conformément à la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques et aux traités qui y sont associés. Pour sa part, la Thaïlande soutient les efforts en ce sens et le Gouvernement a lancé divers programmes visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre. La Thaïlande soutient également l'assistance - aux niveaux bilatéral et multilatéral - apportée aux petits Etats insulaires quand ils doivent faire face à des catastrophes naturelles ou causées par l'activité humaine. Sur le plan économique, notre pays accorde un traitement commercial préférentiel à certains petits Etats insulaires et propose des réductions tarifaires unilatérales sur un certain nombre de produits en provenance de ces Etats, de façon à améliorer leur niveau d'exportations. Les pays industrialisés ont les moyens d'améliorer l'accès aux marchés et d'accorder un traitement préférentiel aux petits Etats insulaires dans le cadre des accords de l'Organisation mondiale du commerce.

Mme JANET G. BOSTWICK, Ministre des affaires étrangères des Bahamas: la session extraordinaire intervient à un moment critique puisque les préoccupations mises en avant à la Barbade sont encore plus prononcées aujourd'hui. La survie même des petits Etats insulaires en développement est en jeu. Il y a tout juste quelques jours, l'archipel des Bahamas a subi l'impact de l'ouragan Floyd qui a causé des dommages importants aux infrastructures et propriétés.

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La tâche de reconstruction après une telle catastrophe est particulièrement écrasante pour un petit Etat comme les Bahamas qui ne dispose que d'une capacité limitée. En 1994, la Commission des Bahamas pour l'environnement, la science et la technologie a été mise en place pour donner des avis consultatifs et coordonner les questions liées au développement durable, et à la protection et la préservation de l'environnement. En 1995, un ambassadeur pour l'environnement a été nommé. La Commission est responsable du développement des stratégies gouvernementales en matière d'environnement.

Les Bahamas entendent éviter tout cynisme et toute accusation de ne pas respecter ses engagements. Nos expériences récentes nous obligent à être pragmatiques et orientés vers l'action. Nous sommes prêts à consolider les partenariats fondés sur les résultats et l'action conjointe qui nous ont permis de réaliser des progrès face aux défis auxquels nous sommes confrontés. Parmi les exemples notoires de partenariats réussis de ce type, on peut citer le Mémorandum d'accord actuellement développé dans les Caraïbes et le Plan des Caraïbes pour l'adaptation aux changements climatiques mondiaux. Cette dernière initiative représente une mesure importante pour aider les pays du CARICOM à se préparer au réchauffement des températures, à l'élévation du niveau de la mer et aux changements climatiques. Malgré les progrès, beaucoup reste à faire en ce qui concerne le transfert d'écotechnologie, le renforcement des capacités, la formation de scientifiques qualifiés. Les possibilités de formation et l'assistance internationales doivent être renforcées. Les Bahamas encouragent instamment les Nations Unies et les organisations internationales à établir un indice de vulnérabilité qui reflète précisément la situation des petits Etats insulaires d'ici à l'an 2000. Reconnaître la mer des Caraïbes comme une zone spéciale lui permettrait de bénéficier d'une protection spéciale. Ses utilisateurs seraient tenus de respecter ce statut et, en cas d'accident lié au transport maritime, on pourrait améliorer les mesures d'urgence afin de prévenir la dégradation de l'environnement. Les Bahamas espèrent que la résolution visant à reconnaître la mer des Caraïbes comme une zone spéciale pourra être adoptée par consensus à un moment opportun. Le Programme de la Barbade a donné les moyens initiaux de faire face aux problèmes des petits Etats insulaires en développement. Le moment est venu pour la communauté internationale de reconnaître que la survie de ces pays est un impératif pour tous. Nous espérons que cet examen entraînera un renouvellement des engagements pris à la Barbade.

Mme LILA RATSIFANDRIHAMANANA, Ministre des affaires étrangères de Madagascar: si par notre taille, nous sommes une grande île, nous sommes confrontés chaque jour aux problèmes communs des petits Etats insulaires: cyclones tropicaux, cataclysmes écologiques tels que les déversements d'hydrocarbures en mer, pillage de nos richesses biologiques, érosion des côtes marines, détérioration du patrimoine culturel face à l'agression des cultures occidentales, etc. Les défis sont d'ordre économique, politique, social, environnemental et culturel.

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Au niveau international, Madagascar a procédé l'an dernier à la ratification de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. Sur le plan régional, le pays participe, avec la Commission de l'océan Indien (COI), à la mise en place d'une politique régionale de développement durable. Au niveau national enfin, le Gouvernement malgache a mis en place un Plan d'action environnemental donnant priorité à la gestion des zones côtières et la biodiversité. Il s'efforce également de promouvoir l'écotourisme et le tourisme de découverte dont les impacts socioéconomiques pour le pays ne sont plus à démontrer.

Le volet commerce a aussi son importance. L'intégration régionale apparaissant comme une réponse à la mondialisation, Madagascar a été le premier pays de la COI à notifier le Secrétariat général en janvier dernier de sa décision d'appliquer, sur une base réciproque, la première étape de l'abaissement tarifaire de 80% cette année pour les produits en provenance des pays membres. Cette préférence est un prélude à une zone de libre-échange. Cela dit, tous ces efforts n'ont aucune chance de réussir dans la durée sans le soutien de la communauté internationale. L'exécution du Programme d'action de la Barbade dont s'inspirent ces initiatives repose sur l'instauration d'un partenariat tripartite aux niveaux national, régional et international. Tout en souscrivant aux domaines d'action prioritaires définis dans le document final de notre réunion, nous voudrions mettre l'accent sur le renforcement de l'assistance technique, institutionnelle et financière dans les secteurs suivants: conservation, gestion et utilisation durable des ressources et des écosystèmes littoraux, lutte contre les mouvements des déchets, soutien aux mécanismes et arrangements régionaux et sous-régionaux dans le domaine du commerce en particulier.

M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie: l'Indonésie compte quelque 17 000 îles dont la plupart partage les défis et les contraintes des petits Etats insulaires en développement. L'Indonésie appuie donc sans réserve la poursuite de la mise en oeuvre au niveau du système des Nations Unies du Programme d'action de la Barbade. Elle constate que, dans l'ensemble, l'élan initial donné à la mise en oeuvre de ce Programme d'action connaît aujourd'hui un ralentissement dû aux forces de la mondialisation et de la libéralisation du commerce ainsi qu'à une large adhésion à un paradigme de développement favorisant les forces toutes puissantes du marché au détriment de la coopération multilatérale. Cet état de fait a conduit à un déclin de l'assistance bilatérale et multilatérale aux petits Etats insulaires en développement et à la perte de leur compétitivité sur le marché mondial. Les îles du Pacifique, en particulier, ont enregistré une nette diminution de leurs revenus à l'exportation dans la mesure où le pouvoir d'achat de leur partenaires asiatiques a été réduit par les conséquences de la crise financière.

- 14 - AG/924 28 septembre 1999

Au cours des discussions préparatoires du mois d'avril dernier, comme lors de la Conférence de la Barbade, les pays donateurs sont convenus d'assurer la mise en oeuvre du Programme des ressources financières, prévisibles, nouvelles et additionnelles. Force est de reconnaître cependant que les efforts en la matière n'ont pas été à la hauteur de ceux déployés par les pays en développement eux-mêmes. De plus, compte tenu du cours rapide de la mondialisation et du caractère inadéquat de la technologie des petits Etats insulaires, il leur sera de plus en plus difficile d'attirer les investissements étrangers et d'autres flux financiers. Le défi majeur des jours à venir touchera donc le domaine de la mobilisation des ressources nécessaires au respect des priorités et des responsabilités identifiées dans le Programme d'action, en ce qui concerne en particulier, le renforcement des capacités, la création d'institutions et le transfert d'écotechnologie.

Sur le front du commerce international, les défis des petits Etats insulaires en développement se compliquent davantage en raison de la politique de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui, au lieu d'aider ces Etats à accroître leur compétitivité, a choisi de contester leur droit à un traitement préférentiel. La communauté internationale doit oeuvrer à renverser cette tendance et à examiner sérieusement la question de l'accès des petits Etats insulaires en développement aux marchés et celle de l'amélioration de leur compétitivité dans le commerce mondial. Pour ce qui est du transport transfrontière des déchets dangereux, l'Indonésie accueille avec satisfaction les progrès enregistrés au cours des consultations informelles dans le sens d'un mécanisme international impliquant tous les Etats et les organisations internationales pertinentes pour étudier tous les problèmes liés à cette question.

M. YOUSSOUF OUEDRAOGO, Ministre d'Etat, Ministre des affaires étrangères du Burkina Faso: le Programme d'action adopté à la Barbade en 1994 représentait un engagement solennel de la communauté internationale à soutenir les Etats insulaires dans leur effort de promotion d'une croissance soutenue et d'un développement durable. Les petits Etats insulaires ont, malgré de nombreuses difficultés, pleinement assumé leurs responsabilités en ce qui concerne la mise en oeuvre du Programme. Mais les efforts qu'ils ont déployés doivent, de façon plus significative et plus résolue que jamais, être soutenus par la communauté internationale. Des actions plus rigoureuses sont indispensables pour faire face aux conséquences des changements climatiques et des catastrophes naturelles et écologiques; à la raréfaction des ressources en eau douce; aux dangers posés aux ressources côtières et marines dont la préservation est capitale et pour trouver des solutions aux questions liées à la promotion d'un tourisme durable.

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L'avenir du Programme d'action est tributaire de la capacité et de la volonté de la communauté internationale à mobiliser les ressources financières indispensables à sa mise en oeuvre, dans le respect des engagements pris en 1994 à la Barbade et réaffirmés lors de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée au suivi du Sommet de Rio.

M. JAN PRONK, Ministre de l'environnement des Pays-Bas: les petits Etats insulaires en développement se caractérisent par une situation géographique particulière qui les rend vulnérables aux influences extérieures. Cette vulnérabilité distincte fut reconnue pour la première fois par la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (CNUCED), puis dans l'Agenda 21 et plus récemment par le Programme d'action de La Barbade. A cette fragilité économique vient s'ajouter une vulnérabilité au plan écologique. Ainsi, la diversité biologique unique au monde des petits Etats insulaires, à cause de leur petite taille, de leur isolement et de la précarité de leurs écosystèmes, est parmi les plus sérieusement menacées au monde. Par conséquent, il serait nécessaire, sinon d'interdire, du moins de réguler l'importation ou les mouvements transfrontières de matières ou de déchets radioactifs. De nombreux petits Etats insulaires en développement sont également vulnérables aux phénomènes de changement climatique. Dans ce contexte, il faudrait les aider à surmonter les effets néfastes de tels phénomènes et renforcer leur capacité institutionnelle de les prévenir. Tout comme les autres pays en développement, les petits Etats insulaires en développement auront accès aux ressources financières et autres formes d'assistance qui seront aménagées conformément au Protocole de Kyoto.

Dans un passé récent, les petits Etats insulaires en développement ont déployé des efforts considérables pour mettre en oeuvre le Programme d'action de la Barbade. Ils se sont fermement engagés dans la voie du développement durable. Ils tentent de tirer le meilleur parti du tourisme, des sources d'énergie renouvelables, opportunités inhérentes à leur situation particulière. C'est effectivement la voie qu'il faut suivre et le reste de la communauté internationale doit soutenir les efforts déployés en ce sens, dans un esprit de solidarité et de responsabilité vis-à-vis de l'écosystème mondial. Dans ce contexte, les Pays-Bas accordent la préférence à la coopération multilatérale. La protection de notre planète est l'affaire de tous, ce qui requiert la mise en oeuvre de politiques de développement durable appropriées. Si leur mise en oeuvre incombe en premier lieu aux Gouvernements concernés, ceux-ci doivent être soutenus par une coopération internationale et régionale. Les Pays-Bas continueront à assumer leurs responsabilités en la matière.

M. TICHAONA J.B. JOKONYA (Zimbabwe): depuis l'adoption du Programme d'action de la Barbade en 1994, les progrès significatifs accomplis aux niveaux national et régional ont démontré que les petits Etats insulaires en développement ont conscience de leur responsabilité première en matière de développement durable.

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Au cours de ces cinq dernières années, ces Etats ont mis en oeuvre des politiques macro-économiques afin de favoriser leur intégration dans l'économie mondiale. Ces même pays ont également réalisé que leur survie reposait sur une action commune dans l'exploitation de leurs ressources naturelles. De solides partenariats ont ainsi vu le jour afin de maximiser les opportunités et de minimiser les contraintes rencontrées par les Etats de façon individuelle.

Il est toutefois regrettable que faute d'un soutien international suffisant, les efforts déployés par les petits Etats insulaires en développement ne se soient pas accompagnés des bénéfices maximaux. Le dialogue établi par la communauté internationale n'a pas abouti à des décisions, de nombreuses décisions n'ont pas été traduites dans les faits. Ainsi, les petits Etats insulaires en développement continuent d'être menacés par la marginalisation économique en raison de faiblesses persistantes qui ne sont toujours pas traitées. Aussi est-il nécessaire de réactiver les partenariats afin de stimuler l'investissement et la création d'emplois dans les petits Etats insulaires en développement. Cela s'impose de façon particulière dans les secteurs des énergies renouvelables, du tourisme, de l'agriculture, de la pêche, de l'exploitation des ressources marines. La communauté internationale devrait adopter des mesures afin de créer un environnement favorable aux investissements et stimuler l'assistance extérieurs, de mobiliser les ressources financières, de faciliter le transfert de technologie et de permettre un renforcement des capacités fondé sur l'éducation, la formation, l'éveil des consciences et le développement institutionnel. Dans le domaine de l'environnement, là encore, les efforts nationaux n'ont pas reçu un soutien approprié de la part de la communauté internationale. Les petits Etats insulaires en développement ne devraient pas se retrouver à gérer par eux-mêmes les conséquences du phénomène El Niño et autres catastrophes naturelles. L'engagement de la communauté internationale à mettre en oeuvre le Programme d'action de la Barbade au moyen de ressources financières adéquates a échoué. Alors que nous entrons dans un nouveau millénaire, espérons que la communauté internationale viendra en aide aux petits Etats insulaires en développement.

M. ABDUS SAMAD AZAD, Ministre des affaires étrangères du Bangladesh: en tant que pays peu développé le Bangladesh s'identifie au Programme d'Action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement. Tout comme d'autres pays développés, les petits Etats insulaires ont des besoins en matière de construction institutionnelle, de santé, d'éducation, de promotion sociale, de lutte contre la pauvreté et de protection contre les catastrophes naturelles. Toutefois leurs difficultés sont souvent uniques et l'approche devrait être particulière.

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La majorité de ces problèmes ont des dimensions plus générales et ne peuvent être combattus individuellement par un Etat, comme par exemple l'élévation du niveau de la mer, les catastrophes naturelles, et l'atteinte portée à la biodiversité. Ces fléaux proviennent souvent d'activités dangereuses auxquelles ces pays ne prennent pas part. Les contraintes économiques découlent à des problèmes de superficie, d'éloignement et des problèmes géographiques méritent une attention et des mesures particulières.

Nous remarquons qu'il reste beaucoup à faire pour atteindre les objectifs de la Conférence de Rio de 1992. Les petits Etats insulaires ont de leur côté fait des efforts appréciables en matière de coopération régionale, mais l'aide internationale a décru (de 2,36 milliards de dollars en 1994 à 1,96 en 1997), conjointement à la suppression des zones économiques préférentielles, affaiblissant ainsi ces fragiles économies. Ce Programme nécessite une augmentation de ressources et non une diminution. Il nous faut renouveler notre engagement et accomplir nos objectifs.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakhstan): l'appui du Kazakhstan à la recherche de solutions aux problèmes rencontrés par les petits Etats insulaires vient de ce que le pays fait également face à la plupart de ces problèmes, et en particulier, à ceux liés à l'écologie et à l'environnement. Il est largement reconnu aujourd'hui que les graves problèmes rencontrés par le Kazakhstan en matière d'environnement sont principalement imputables à l'assèchement de la mer d'Aral et aux conséquences de longues années d'essai nucléaires. Le Kazakhstan partage aussi, avec les petits Etats insulaires en développement, les problèmes nés de la distance qui le sépare des marchés à l'exportation compte tenu de l'absence d'accès aux routes commerciales internationales. Le Kazakhstan adhère donc à l'idée avancée par la dix-neuvième session extraordinaire de l'Assemblée générale d'appeler la communauté internationale à prendre en considération les problèmes particuliers des petits Etats insulaires et à apporter un ferme appui aux efforts de ces Etats dans le domaine du développement durable, efforts compromis par leur petite taille, leur isolement géographique, leur instabilité en matière d'environnement et leur vulnérabilité face au changement climatique et aux turbulences économiques. Le Kazakhstan ne peut que se féliciter des initiatives visant à doter les petits Etats insulaires de moyens efficaces notamment de ressources financières nouvelles et additionnelles pour les aider dans leurs efforts de développement durable.

M. JAKAYA KIKWETE, Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale de Tanzanie: comme les petits Etats insulaires, la Tanzanie est un pays en développement, et les problèmes de ces Etats sont aussi les nôtres. En outre, il faut rappeler que la Tanzanie résulte de l'union entre l'ancienne République du Tanganyka et la République populaire de Zanzibar, qui est elle-même une île.

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Située dans l'Océan indien, cette dernière compte environ 800 000 habitants et jouit d'un degré d'autonomie dans certains secteurs économiques, en particulier dans celui du commerce, des investissements et du tourisme. Zanzibar tente aujourd'hui de diversifier son économie afin de développer le tourisme et d'attirer des investissements étrangers. Elle cherche aussi à résoudre un certain nombre de problèmes en matière d'environnement, de développement et de transit commercial, et recherche le soutien de la communauté internationale dans cette tâche.

Ma délégation reconnaît l'importance du Programme d'action de la Barbade tout en soulignant que les petits Etats insulaires sont confrontés à de nouveaux défis que sont la mondialisation et la libéralisation du commerce. Ces pays, très vulnérables, souffrent d'être marginalisés sur le plan économique, et le manque de ressources financières constitue un obstacle majeur à la mise en oeuvre du Programme d'action. La baisse du montant de l'Aide publique au développement accordée aux petits Etats insulaires (qui est passée de 2 milliards 366 millions de dollars en 1994 à 1 milliard 966 millions en 1997) a de graves conséquences sur ces pays. Leur niveau technologique reste bas, leurs revenus sont modestes et leurs infrastructures insuffisantes. Ma délégation appelle la communauté internationale à accroître le montant de son aide financière et à fournir l'assistance technique et le transfert de technologie nécessaires pour permettre à ces pays de faire face à leurs contraintes en matière de développement économique de façon plus efficace.

M. ION GORITA (Roumanie): comme lors des précédentes réunions des Nations Unies concernant les petits Etats insulaires en développement (PEID), la communauté internationale réitère sa reconnaissance des contraintes spécifiques auxquelles sont soumis les PEID et le besoin d'une aide spéciale dans leurs efforts de mise en oeuvre du développement durable, due à leur petite taille, à leur vulnérabilité au changement climatique et à leur fragilité écologique. Grâce au soutien politique de la communauté internationale et financier des Etats donateurs, les résultats positifs obtenus dans tous les domaines d'actions nouvellement retenus contribueraient largement à la réussite du processus de développement durable.

En ce qui concerne cette réussite, la délégation roumaine pense qu'il faudra concentrer l'effort général sur deux champs d'actions principaux, qui sont de fait les plus grands défis à l'aube du prochain millénaire. Il s'agit d'abord de la question de la mondialisation. Le processus de mondialisation a entraîné des asymétries importantes entre les Etats développés et en développement, en particulier les Etats les moins avancés et ceux dotés d'économies de taille réduite.

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Pour éviter une marginalisation permanente due au nouvel ordre économique international visible dans les domaines du commerce, des investissements, des produits de base et des marchés de capitaux, les PEID doivent entreprendre des réformes internes de leurs politiques macroéconomiques afin de faciliter leur intégration dans l'économie mondiale. La coopération régionale constituerait un facteur complémentaire de réussite. Deuxièmement, il s'agit de l'importante question de la pauvreté. La pauvreté reste un problème majeur affectant la capacité des pays en développement, en particulier les PEID, à mettre en oeuvre leur développement durable. La communauté internationale, en particulier les Nations Unies, a un rôle important à jouer dans l'assistance et le soutien des gouvernements nationaux, en soutenant, renforçant les capacités et en mettant en place des objectifs internationalement reconnus. Enfin, il faudra souligner l'importante contribution de l'aide publique au développement (APD). La baisse de l'APD, ces dernières années, a affecté la qualité des programmes d'aide à la réduction de la pauvreté. De ce point de vue, nous défendons l'objectif pour tous les pays donateurs de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement.

M. FAWZI A. SHOBOKSHI (Arabie saoudite): le Royaume d'Arabie saoudite, en sa qualité de membre fondateur de l'Organisation régionale pour la protection de l'environnement marin et de l'Autorité régionale pour la protection de la mer Rouge et du Golfe d'Aden, mesure les difficultés qui assaillent les petits Etats insulaires qui ont particulièrement besoin de l'aide internationale pour surmonter les obstacles que leurs conditions climatiques, géographiques et topographiques posent à leur développement et à leur infrastructure. L'Arabie saoudite comme l'ensemble de la communauté internationale est préoccupée par l'évolution du climat et prend toujours en considération la protection de l'environnement marin dans tous ses projets, notamment le forage et le transport du pétrole et de ses dérivés. L'Arabie saoudite s'efforce d'utiliser les technologies les plus modernes malgré les dépenses supplémentaires que cela implique.

Reconnaissant le rôle joué par le pétrole dans le développement, l'Arabie saoudite s'attache à établir des indicateurs qui permettent d'expliquer les dangers du réchauffement de la planète aussi bien sur les humains que sur l'environnement, ainsi que ses effets sur les océans qui se répercutent ensuite sur les petits Etats insulaires en développement. Il convient, à ce propos, d'attirer l'attention sur l'article 3 de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques qui, dans la "Déclaration de Berlin", insiste sur le fait que les parties devraient parvenir à une formule renforçant l'adhésion des pays industrialisés et permettant de ne pas imposer d'obligations nouvelles aux pays en développement. Il est important de noter que la plupart des parties figurant à l'annexe 1 de la Convention n'ont pas rempli leurs engagements en ce qui concerne leur niveau d'émission de gaz à effet de serre ou leurs obligations techniques et financières.

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Il n'est pas logique que les pays développés imposent de lourdes taxes sur le pétrole, qui s'élèvent au double du montant de l'aide accordée aux pays en développement, alors que dans le même temps ils versent des subsides à la production d'énergie nucléaire et de charbon. En outre les pays industrialisés encouragent la production de combustibles fossiles, particulièrement de pétrole et de produits dérivés dans divers pays en développement, tandis qu'ils prennent simultanément des mesures pour contrôler leur propre consommation. Cette contradiction pénalise les pays en développement qui dépendent des revenus qu'ils tirent de leurs exportations.

M. ALFONSO ORTEGA URBINA (Nicaragua): notre proximité et notre relation avec les petits Etats insulaires des Caraïbes nous incitent à suivre de prêt leur situation. C'est dans cet esprit que le Nicaragua s'est porté coauteur du projet de résolution visant à faire reconnaître la mer des Caraïbes en tant que zone spéciale et espère qu'il sera approuvé. Les problèmes et difficultés des pays insulaires proviennent d'une part de phénomènes naturels et d'autre part de leurs circonstances socio- économiques spécifiques. La population des îles est dans les deux cas victimes de ces phénomènes. Au cours des trois dernières années, le phénomène El Niño a particulièrement touché les petits Etats insulaires, alors que d'autres difficultés comme les niveaux élevés de chômage, le développement insuffisant des infrastructures, l'explosion démographique, les effets négatifs qui peuvent résulter de la mondialisation renforcent la chaîne de la pauvreté dans ces pays. Pour progresser sur la voie du développement durable des petits Etats insulaires, il est nécessaire d'examiner l'ensemble des secteurs essentiels. Il faut en outre renforcer la capacité générale de chaque Etat insulaire afin de renforcer son autonomie et soutenir son processus de développement. Il est encourageant d'observer que les petits Etats insulaires ont fait preuve de beaucoup d'enthousiasme et d'énergie pour résoudre leurs problèmes. De son côté, la communauté des donateurs a commencé à coopérer avec les petits Etats insulaires sur la base de partenariats orientés vers les résultats. Tel fut le cas de la Conférence des donateurs de Sainte-Lucie et de la table ronde entre les petits Etats insulaires et la communauté des donateurs qui ont permis un dialogue franc et productif sur les problèmes des petits Etats insulaires et un intérêt renouvelé des donateurs pour ces pays. Le Nicaragua invite la communauté internationale à réaffirmer les engagements pris à la Barbade et à renforcer son aide aux petits Etats insulaires.

M. GERT ROSENTHAL (Guatemala): un grand nombre des problèmes rencontrés par les Etats insulaires sont aussi les nôtres: vulnérabilité face aux phénomènes naturels et aux crises financières; dépendance de certains produits de base que nous sommes contraints d'importer. La question du changement climatique nous préoccupe particulièrement. L'ouragan Mitch a, par exemple, anéanti en 24 heures 25 années de développement. Le Protocole de Kyoto va dans la bonne direction, à condition que les pays respectent leurs engagements en matière d'émission de gaz à effet de serre, et le Guatemala est disposé à contribuer à cette entreprise. Parmi les mesures engagées pour faire face aux catastrophes naturelles, nous avons mis en place un système d'alerte, engagé des travaux destinés à protéger les zones côtières et mis sur pied un mécanisme d'action rapide en cas d'urgence. Un accord de coopération en matière de catastrophe naturelle a également été signé dans le cadre de l'association des Etats des Caraïbes.

La dépendance excessive des hydrocarbures est un autre facteur de vulnérabilité écologique et économique pour les petits Etats, et la hausse des prix du pétrole, ces derniers moi,s donne un caractère prioritaire à cette question. Nous n'oublions pas non plus que pour faire face à ces problèmes, des ressources financières internes ou provenant de la communauté internationale sont indispensables. Il faudra intégrer aux critères traditionnels de mesure un indice de vulnérabilité.

M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao): en 1994, sur recommandation du Sommet planète Terre, l'Assemblée générale a convoqué à la Barbade la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires. Le Programme d'action arrêté par cette Conférence mettait en exergue 14 domaines d'intervention prioritaires aux niveaux national, régional et international, allant des ressources en eau douce au tourisme en passant par les changements climatiques, la biodiversité, les ressources marines, le développement des ressources humaines et la mobilisation financière indispensable à sa mise en oeuvre.

Au cours des dernières années, les petits Etats insulaires ont entrepris, sur le plan interne, des réformes au niveau macro-économique pour faciliter leur intégration à l'économie mondiale, et ont pris des dispositions au niveau régional en vue de maximiser les opportunités qui leur sont offertes et minimiser les contraintes auxquelles ils font face. Mais, malgré ces efforts, leur situation ne s'est pas beaucoup améliorée, et les Etats insulaires sont profondément préoccupés par leur marginalisation sur la scène économique internationale dans les secteurs du commerce, des investissements, des marchés de capitaux, et des matières premières. La communauté internationale devrait prendre des mesures visant à soutenir les efforts des petits Etats insulaires en améliorant l'environnement international au niveau des investissements, du transfert de technologies protégeant l'environnement naturel, et du développement des ressources humaines. Les pays enclavés et en développement dont nous faisons partie, sympathisent avec les petits Etats insulaires, nos deux groupes de pays étant à la fois vulnérables et fragiles, et leur avenir dépendant étroitement du renforcement de leur coopération avec la communauté internationale, et des partenariats qu'ils doivent établir entre eux.

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M. NASTE CALOVSKI (ex-République yougoslave de Macédoine): l'assistance qu'il faut fournir aux petits Etats insulaires en développement est valable en ce sens qu'elle peut être largement bénéfique pour l'ensemble de la communauté internationale. La mondialisation conjuguée à la vulnérabilité de ces Etats, souligne l'importance des actions régionales et mondiales en leur faveur afin de prévenir toute marginalisation. A cet égard, la communauté internationale, et les Nations Unies en particulier, ont une responsabilité particulière. La marginalisation de ces Etats doit, en effet, être vue comme un problème mondial exigeant l'intensification de la coopération. En plus des effets néfastes de la mondialisation de l'économie et du commerce, les petites Etats insulaires en développement doivent également faire face au problème du changement climatique dont les pays développés sont responsables, au premier chef. Ces problèmes et d'autres problèmes tels que la dépendance de ces Etats des produits importés, le peu d'accès aux écotechnologies et l'isolement géographique peuvent trouver des solutions dès lors qu'existe une volonté délibérée de les résoudre. L'ex-République yougoslave de Macédoine voudrait voir ces "paradis sur terre" s'épanouir dans tous les aspects de leur développement.

M. ALFONSO VALDIVESO (Colombie): dans le cadre de l'intégration des Caraïbes, il faut souligner la création d'une zone de tourisme durable, assortie d'un Plan d'action immédiat qui bénéficiera aux Etats de la région qui dépendent du tourisme. Dans le domaine commercial, la Colombie a proposé l'établissement d'un "Tarif préférentiel caraïbéen" en vue de parvenir à une harmonisation progressive des tarifs douaniers nationaux. La promotion du commerce international en tant que moteur de la croissance économique figure en tête de liste des priorités de la région caraïbe. En outre, la Colombie soutient l'initiative visant à reconnaître la mer des Caraïbes comme une région spéciale au regard du développement durable.

Dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d'action en faveur du développement durable des petits Etats insulaires, la Colombie estime que toute nouvelle initiative, projet ou programme dans les régions qui demandent une intervention urgente ne seront possible qu'avec l'allocation de ressources nouvelles et suffisantes. Dans ce contexte, la Colombie en appelle aux pays donateurs, aux institutions des Nations Unies et aux institutions financières internationales pour qu'ils participent de manière décisive au Programme d'action. Dans la mesure où seul l'accroissement de la connaissance peut éliminer ou affaiblir les conséquences négatives des désastres naturels et environnementaux, il convient de consacrer les efforts internationaux dans les domaines de la formation et du partage de l'information afin de prévenir ces catastrophes. Il faudra favoriser les transferts d'écotechnologies et le renforcement des capacités, ainsi que la promotion de la coopération internationale dans ces domaines essentiels au développement durable.

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En outre, afin de mesurer la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement, il faut établir des paramètres qui tiennent compte des spécificités de chaque Etat et qui représentent de manière fiable la situation réelle des petits Etats insulaires en développement. La Colombie s'associe aux appels répétés des pays en développement et des petits Etats insulaires en faveur une mondialisation à visage humain.

M. BABOUCARR-BLAISE ISMAILA JAGNE (Gambie): en dépit des progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade, force est de constater que le développement durable aux niveaux national et régional souffre du déclin considérable de l'aide publique au développement qui aurait dû, au contraire, croître pour soutenir les programmes d'ajustements structurels et la restructuration économique. A ce jour, aucun mécanisme compensatoire n'a été envisagé pour venir en aide aux pays qui ont lancé des réformes aussi douloureuses. En outre, dans le contexte de la mondialisation et de la libéralisation la situation fâcheuse dans laquelle se trouve les petits Etats semble être ignorée. Le manque de ressources humaines et financières nous empêche de bénéficier des opportunités créées par la mondialisation. En outre l'accès de nos exportations aux marchés demeure un problème majeur qui accroît notre dépendance du fait des prix défavorables. Il faut donc redoubler d'efforts afin que nous ne souffrions plus de notre petite taille.

M. ISMAIL SHAFEEU, Ministre des affaires intérieures, du logement et de l'environnement des Maldives (donnant lecture d'un message de son Président): on dit souvent que les attentes déçues sont plus cruelles surtout lorsqu'on a promis beaucoup. C'est le cas du Programme d'action de la Barbade et des espoirs des petits Etats insulaires en développement. Il y a cinq ans, les petits Etats insulaires ont quitté la Barbade satisfaits et pleins d'espoir. La mise en oeuvre du Programme d'action devait permettre de relever de nombreux défis sur la voie du développement durable des petites nations insulaires. Nous attendions beaucoup, aujourd'hui, nous sommes déçus. Les petits Etats insulaires ont déployé de grands efforts pour mettre en oeuvre leurs engagements. Mais, les pays développés n'ont pas fait grand-chose. Sur de nombreux fronts, il y a eu un retour en arrière important. L'aide au développement a diminué; les besoins fondamentaux des petits Etats insulaires en matière de renforcement des capacités n'ont pas été satisfaits; le transfert des technologies et le développement de nouvelles technologies appropriées aux besoins des petits Etats insulaires n'a pas eu lieu; l'ONU et les organisations multilatérales n'ont pas rempli le rôle important qui leur avait été assigné; la Conférence des donateurs qui a eu lieu en février n'a abouti à aucun résultat. Entretemps, l'environnement a continué de se dégrader; le Protocole de Kyoto, bien que modeste, n'a toujours pas été mis en oeuvre.

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Or, on manque de temps. Déjà, le monde doit faire face aux conséquences des changements climatiques. Le phénomène El Nino a causé des dommages importants aux économies et écosystèmes nationaux. On a connu l'épisode le plus dramatique de blanchiment des coraux. Dans certains endroits, des récifs coralliens entiers ont été détruits. Des cyclones et des conditions climatiques extrêmes ont causé des dégâts importants, s'élevant à des milliards de dollars.

Aux Maldives, on assiste à une érosion importante des plages. L'avancée de la mer affecte la viabilité des communautés sur de nombreuses îles. Notre économie étant basée entièrement sur le bien-être de notre habitat naturel, nous sommes fortement menacés par la détérioration de l'environnement. Les Maldives respectent des pratiques durables dans les activités économiques. Des mesures sont prises pour protéger la biodiversité du pays mais tous ces efforts seront vains sans une action internationale efficace. Une première mesure qui doit être prise d'urgence est le sauvetage du Protocole de Kyoto. Il faut que tous les pays diminuent de manière substantielle leurs émissions de gaz à effet de serre. Les changements climatiques doivent constituer une priorité. Des ressources nouvelles et additionnelles doivent être fournies pour le développement durable. Les petits Etats insulaires doivent être appuyés dans la gestion et la protection des ressources côtières et marines. Les engagements de la Barbade doivent être respectés, car c'est notre survie même qui est en jeu. Le monde répond de moins en moins aux besoins des petits Etats insulaires. Nombre d'entre eux, y compris mon pays, risquent d'être retirés de la liste des pays les moins avancés. Or, les procédures actuellement utilisées pour évaluer le niveau de développement ignorent les limites inhérentes à nos petites économies. Notre retrait de cette liste pourrait avoir pour conséquence d'inverser les gains réalisés jusqu'ici. Des mesures spéciales doivent être adoptées pour assurer l'intégration des petits Etats insulaires dans l'économie mondiale. Toutes les possibilités pour sauvegarder les générations futures ne sont pas perdues mais les coûts de l'échec sont impensables. Si rien n'est fait, les petits Etats insulaires pourraient avoir comme épitaphe: "Jamais tant de communautés n'ont tant souffert d'un désir de si peu".

M. KATAOTIKA TEKEE, Ministre de l'environnement et du développement social de la République de Kiribati: mon Gouvernement accorde une grande importance à cette session extraordinaire. En effet, Kiribati fait de grands efforts pour créer les conditions facilitant des programmes de développement conformes aux objectifs de développement durable. Nous sommes en train de mettre en place un cadre législatif en matière d'environnement pour régler et contrôler l'impact des projets de développement sur notre fragile écosystème, et pour limiter et contrôler le niveau de pollution de toutes sortes de sources et d'activités. Malgré tout, il faudra encore travailler à la mise en oeuvre de cette législation, et développer et rendre obligatoire les normes et les mécanismes de gestion et d'exécution.

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Nous sommes bien trop conscients du fait qu'il faut offrir un environnement plus sain à notre population urbaine. A cette fin, le Gouvernement a obtenu un prêt de la Banque asiatique de développement pour améliorer la distribution d'eau et le système sanitaire au sud de Tarawa. Nous participons aux efforts régionaux et mondiaux pour faire face aux problèmes de diminution de l'ozone, de changement climatique, d'amenuisement de la biodiversité et de contrôle de la pollution maritime. Notre participation à tous ces programmes régionaux et internationaux utiles, nous ont permis de conclure à nos lacunes en matière de formation des ressources humaines, de savoir-faire technologique, d'instruments d'analyse utiles et de certaines données critiques. Dans cette situation, nous craignons que certaines possibilités de programmes de développement durables puissent nous échapper.

Permettez-moi maintenant de faire référence à certains éléments spécifiques. la gestion des zones côtières devrait être liée à la planification de l'utilisation des sols. Kiribati est également vulnérable face à des catastrophes comme les vagues des tempêtes et les tsunamis. Nous avons fait l'expérience de l'inondation de certains sols, et une documentation complète ainsi qu'une collecte de l'information concernant de tels événements nous aiderait à mieux comprendre le système climatique et la vulnérabilité des atolls. Les moyens pour recycler une plus grande variété de déchets doivent être recherchés et les investissements dans de tels domaines facilités. Un système de gestion et de contrôle de la pollution provoquée par des navires et des sources à terre, les instruments et l'information ad-hoc sont nécessaires. Les intérêts des petites îles en tant que propriétaires des ressources à l'intérieur de leur zone économique exclusive ont longtemps été ignorés, et un partage plus équitable des revenus qu'en tirent les nations qui pêchent en eaux lointaines serait justifié. Nous avons besoin des technologies et des infrastructures nécessaires pour accroître la collecte de l'eau de pluie, pour remettre en état les lentilles d'eau de source polluée, pour protéger et améliorer l'approvisionnement en eau des zones urbaines. Nos terres sont très réduites, et les conflits pour les utiliser comme lieux d'habitation humaine, comme infrastructures ou comme services publics augmentent. La dépendance de Kiribati à l'égard du pétrole fossile pour son développement continue. Nous devons faire plus d'efforts pour chercher à développer des technologies à la fois plus efficaces et meilleures pour l'environnement, en particulier des technologies faciles à utiliser dans les atolls. Des initiatives pour attirer les investissements dans ces régions sont indispensables.

M. JACQUES LOUIS BOISSON, Monaco, au nom des pays ayant le français en partage: le processus lancé à Rio de Jaunir en 1992 visait à promouvoir et à développer un partenariat mondial en vue de participer à la préservation de la planète pour les générations futures. Les petits Etats insulaires contribuent de manière significative à la durabilité mondiale dans de nombreux domaines importants.

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Outre leur biodiversité, leurs écosystèmes de récifs coralliens sont l'équivalent marin des forêts tropicales et jouent un rôle tout aussi important dans le maintien du délicat équilibre biologique de la planète. D'autre part, les vastes espaces marins qu'englobent les zones économiques exclusives des petits Etats insulaires en développement comprennent les quelques derniers réservoirs mondiaux de stocks de poissons non encore surexploités. Il faut donc renforcer le partenariat entre ces Etats et la communauté internationale, afin de mettre en oeuvre de façon effective le Programme d'action de la Barbade. Dans leur mise en oeuvre des stratégies de développement durable, ces pays bénéficieraient grandement d'une augmentation des ressources, y compris de l'aide publique au développement dont le déclin, ces dernières années, a eu un impact sur leur développement durable. Il importe aussi de renforcer et de développer les programmes d'assistance technique en faveur de ces Etats et de créer de tels programmes là où cela s'avère urgent.

Les pays ayant le français en partage estiment aussi que la situation particulière des petits Etats insulaires doit être prise en considération lors de la prochaine phase de négociations sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce, y compris la possibilité de leur accorder, le cas échéant, un traitement spécial et différencié. Il convient, d'autre part, de fournir à ces petits Etats un soutien efficace pour qu'ils améliorent et renforcent leurs capacités en matière de commerce international. L'assistance de la communauté internationale doit contribuer au progrès dans les domaines de la création d'un indice de vulnérabilité, de la mise en place de systèmes d'alerte précoce face aux catastrophes naturelles, de l'élaboration d'une législation environnementale appropriée, de la préservation des récifs coralliens, de l'accès aux écotechnologies et de la mise en place de plans intégrés de gestion des ressources en eau douce. Par ailleurs, face à l'immersion des déchets et à la pollution des eaux insulaires et des régions côtières de ces Etats, des mesures internationales plus rigoureuses doivent être prises contre les navires étrangers qui polluent les zones côtières. Des mesures régionales et internationales devraient ainsi compléter les politiques nationales en la matière. De plus, les organisations régionales et internationales devraient travailler en collaboration étroite avec les gouvernements nationaux pour réglementer les mouvements et transbordements des matières et déchets dangereux et radioactifs. Le droit des petits Etats insulaires en développement à interdire ou à réglementer l'importation des déchets dangereux doit être respecté conformément au droit international.

M. INOCENCIO F. ARIAS (Espagne): n'oublions pas que l'objectif final du Programme d'action de la Barbade est l'éradication de la pauvreté et l'augmentation du bien-être des populations et qu'à cette fin, il est important de maintenir une perspective sexospécifique dans toutes les actions entreprises dans ce domaine.

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La mondialisation irréversible pose des problèmes particuliers aux petits Etats insulaires en développement qui risquent d'être marginalisés du fait de leur situation géographique ou de leur petite taille. Il est donc essentiel d'adopter les mesures nécessaires afin de maintenir les revenus de ces pays qui dépendent d'exportations agricoles soumises aux fluctuations des marchés mondiaux et de leur assurer l'accès à nos marchés nationaux à des conditions privilégiées. Il est en outre crucial d'adopter également des mesures de prévention et de réduction des catastrophes naturelles et d'allouer les ressources nécessaires à atténuer leurs conséquences.

En ce qui concerne le tourisme, dont l'Espagne a une grande expérience, il est important de noter que celui-ci peut avoir des conséquences négatives sur l'accès à l'eau potable. Il entraîne un accroissement considérable de la consommation et des besoins en énergie et une surcharge des infrastructures nationales. En outre, du fait de la structure particulière du tourisme international, les bénéfices restent aux mains des grandes corporations du pays d'origine et profitent rarement aux petits Etats insulaires. L'Espagne est favorable à un tourisme durable qui respecte l'environnement dont les bénéfices sont justement partagés. Enfin, en ce qui concerne le transport de déchets radioactifs qui préoccupe tant les petits Etats, il serait important d'adopter des mesures strictes. L'Espagne est prête à participer à la recherche de solutions à ce problème et à collaborer aux efforts relatifs à l'initiative de la Déclaration faisant de la mer des Caraïbe une zone spéciale.

M. DORE GOLD (Israël): les problèmes des petits Etats insulaires sont des microcosmes des problèmes écologiques mondiaux. Nous devons comprendre que les succès des petits Etats insulaires en développement sont nos succès, et que les problèmes et dilemmes qu'ils rencontrent sont véritablement nos problèmes et nos dilemmes. Israël, qui est également un petit Etat côtier disposant de peu de ressources naturelles, a dû lui-même lutter pour faire face aux dangers d'une mer imprévisible, des changements climatiques et de l'équilibre entre les ressources marines et le développement agricole. Le MASHAV, Centre israélien pour la coopération internationale, se consacre à faire connaître les méthodes et l'expertise développées en Israël dans d'autres pays. Des centaines d'étudiants des petits Etats insulaires, notamment des Caraïbes et du Pacifique, ont bénéficié des cours du MASHAV, en particulier dans les domaines de l'agriculture et du développement rural, mais aussi en matière de gestion, de développement des communautés, et de formation sur le terrain. Des experts se sont rendus dans de nombreuses petites îles en développement. Israël est un leader mondial pour ce qui est du dessalement de l'eau de mer et de la gestion des besoins d'irrigation dans les climats côtiers comme les petites îles. Un autre domaine important pour Israël est l'aide en cas de catastrophe. Israël a ainsi envoyé une équipe médicale en Papouasie-Nouvelle-Guinée après le tsunami qui a frappé ce pays en 1998. Les liens entre Israël et les petits Etats insulaires en développement vont au-delà du transfert de techniques agricoles.

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Des partenariats ont été lancés avec un certain nombre de ces pays dans les domaines médicaux, de l'éducation et de la gestion. Il reste toutefois encore un grand potentiel de coopération. L'indépendance récente de plusieurs petits Etats insulaires marque la fin de la décolonisation. Nous entrons dans un nouveau siècle et les coalitions du passé doivent changer.

Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de Maurice, M. RAJKESWUR PURRYAG : il y a cinq ans, les petits Etats insulaires en développement et la communauté internationale, avaient, par l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de la Barbade, envoyé un message politique clair pour appeler à des actions conjointes et soutenues en faveur des petits Etats insulaires. Aujourd'hui, alors que la communauté internationale procède à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action, les petits Etats insulaires partagent le même sentiment de déception. Les actions internationales si nécessaires se sont fait attendre, en particulier celles qui concernent le flux des ressources et les mesures visant à atténuer les effets négatifs de certaines activités telles que l'émission de gaz à effet de serre. Aujourd'hui, les petits Etats insulaires en développement demandent des efforts plus soutenus dont une mise en oeuvre rapide des quelques 300 projets présentés à la Conférence des donateurs, en février dernier. Les petits Etats insulaires se félicitent, à cet égard, de la création de l'équipe spéciale conjointe du Secrétariat du Commonwealth et de la Banque mondiale sur les petites nations, chargée notamment d'établir un indice de vulnérabilité acceptable. Les petits Etats insulaires sont également encouragés par la référence au risque de marginalisation des petites économies faite dans la Déclaration ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce de 1998. Ils espèrent que la troisième Conférence ministérielle prendra des mesures concrètes pour traduire en réalité cette réflexion. Ils espèrent également qu'à l'issue des négociations en cours portant sur un accord post-Lomé IV, l'Union européenne continuera à accorder un traitement spécial aux petits Etats vulnérables de l'ACP. Les petits Etas insulaires se félicitent d'ailleurs des assurances données par l'Union européenne quant à la conclusion d'un nouvel instrument de coopération et de partenariat pour la décennie à venir.

Depuis le traitement inacceptable accordé par l'OMC à la question des bananes, les petits Etats insulaires sont convaincus que les dispositions traditionnelles relatives au traitement spécial et différencié accordé aux pays en développement ne suffisent plus. La promotion d'un développement durable des petits Etats insulaires doit être fondé, au contraire, sur les règles fondamentales de l'OMC et sur ses différents accords sectoriels. Maurice entend souligner que sa réussite économique est due, pour une large part, à l'accès préférentiel aux marchés que lui accorde l'Union européenne en vertu du Protocole sur le sucre et de la Convention de Lomé. Toutefois, les traitements préférentiels sont constamment remis en question et risquent de disparaître au profit d'accords commerciaux alternatifs proposés actuellement.

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Il faut donc appeler l'OMC à prendre la réalité pour ce qu'elle est et à préserver le traitement spécial et différencié conforme aux besoins en développement des petits Etats insulaires. A cet égard, Maurice propose que le Programme d'action de la Barbade aille plus loin que les questions purement environnementales et embrasse le spectre plus large du commerce, de l'investissement et des finances.

M. JOSE PEREIRA BATISTA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée-Bissau: la Guinée-Bissau est un petit pays à forte composante insulaire. Elle doit faire face, comme les autres pays insulaires, à des difficultés énormes dans son effort de développement dues en partie aux caractéristiques géographiques. L'irrégularité territoriale, le manque de moyens de transport et de communication, les structures économiques et sociales précaires et les problèmes de pollution marine et côtière font partie de la liste des contraintes. A ce réseau structurel fragile s'ajoute un conflit politique et militaire qui a duré de juin 1998 à mai 1999. Cette crise a causé d'énormes pertes en vies humaines, le déplacement de milliers de personnes, surtout dans l'archipel des Bijagos, avec des conséquences néfastes sur l'environnement et la destruction des infrastructures économiques et sociales. Le résultat a été la paralysie du tissu administratif, un grand nombre de personnes réfugiés dans les pays de la sous-région et le Portugal. La capacité de reconstruction et de relèvement du pays s'en trouve assez réduite. Dans ce contexte, aujourd'hui plus que jamais, il est impératif que mon pays bénéficie du Programme d'action de la Barbade qui constitue, à notre avis, un guide authentique pour la mobilisation de l'énergie et du potentiel des pays concernés et de la communauté internationale dans le but d'atteindre le développement soutenu.

Depuis la Barbade, des pas positifs ont été accomplis. La Guinée-Bissau fait partie des pays qui ont réalisé des projets dans ce cadre. Mais un grand fossé nous sépare encore des objectifs préconisés dans le Programme. Aussi, lançons nous un appel à la communauté internationale, et surtout aux pays industrialisés, pour qu'ils donnent un appui technique aux petits Etats insulaires. Cela permettra de renforcer leur potentiel et de relever le défi du développement durable, ainsi que de venir à bout des difficultés et obstacles inhérents à la participation au processus de mondialisation en cours. Il ne fait aucun doute qu'il y a un manque de ressources humaines qualifiées, de techniques appropriées et de possibilités financières adéquates dans nos pays. Ces obstacles empêchent l'application du Programme d'action. Il convient de trouver une meilleure voie. Nous lançons un appel à la communauté internationale et en particulier aux pays développés afin qu'ils honorent les engagements pris pour garantir l'appui nécessaire aux petits Etats insulaires en développement.

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M. HASMY AGAM (Malaisie): nous avons vu les dégâts récemment occasionnés par le passage des ouragans Mitch et George sur la côte Est des Etats Unis. Nous pouvons imaginer que des catastrophes naturelles de cette ampleur auraient eu des conséquences encore plus dramatiques pour les petits Etats insulaires. Très vulnérables en matière d'environnement, ils le sont aussi économiquement, dans le contexte actuel de la mondialisation et de la libéralisation des échanges. La Malaisie soutient l'appel lancé aux pays développés pour qu'ils prennent des mesures nationales visant à réduire l'émission de gaz à effet de serre de façon à lutter contre les changements climatiques et la montée du niveau de la mer. Les conséquences de ces phénomènes seraient dramatiques : terres submergées, perte de ressources en eau, menaces contre la production de vivres et sur la biodiversité. Le réchauffement de la planète pourrait aussi augmenter la fréquence et l'intensité des tempêtes, dévastatrices pour les petits Etats insulaires.

En accord avec le Protocole de Kyoto, la Malaisie va travailler étroitement avec ces pays pour s'assurer que les fonds seront utilisés de la façon la plus efficace dans la lutte contre les changements climatiques et la montée du niveau de la mer. Nous soutenons aussi l'appel des petits Etats insulaires visant à encourager la recherche et les technologies nouvelles en la matière. Ils faudrait aussi mettre en place un réseau d'observation capable d'étudier les changements climatiques à long terme.

M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda): les événements récents et les décisions de l'Organisation mondiale du commerciale ne sont pas de bon augure pour la mise en oeuvre des principaux aspects du Programme d'action de la Barbade. De nombreuses décisions prises au nom de la libéralisation des échanges ont pour effet de restreindre ou de limiter les préférences commerciales essentielles au développement économique des petits Etats insulaires. Au vu du risque accru de marginalisation qui touche les petits Etats insulaires dans ce contexte d'intégration économique et de commerce mondial, il faut souhaiter que le texte qui sera adopté appelant un traitement particulier pour les petits Etats insulaires sera dûment pris en considération lors des négociations commerciales du millénaire.

Ironiquement le revenu par habitant relativement élevé des petits Etats insulaires masque souvent la vulnérabilité de leur économie face aux catastrophes naturelles qui, en l'espace de quelques heures peuvent détruire leur infrastructure, leur base industrielle et leurs ressources agricoles. Il est donc urgent de définir des indicateurs plus fiables du développement des petits Etats insulaires. Il faut également souligner l'importance de l'établissement de l'indice de vulnérabilité sur lequel travaillent actuellement les institutions des Nations Unies en collaboration avec la Banque mondiale et le Secrétariat du Commonwealth. Une fois établi, cet indice devra être largement utilisé par les institutions financières multilatérales et les agences bilatérales.

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La multiplication des catastrophes naturelles qui frappent le région des Caraïbes pose des questions de survie d'une telle gravité que nous exhortons nos voisins continentaux des pays développés à diminuer leur recours aux hydrocarbures qui ont un effet de réchauffement de la planète. Regrettant que l'Assemblée générale n'ait pu parvenir à un accord sur la résolution appelant à faire de la mer des Caraïbes une zone spéciale de développement durable, nous nous réjouissons toutefois que cette question ait été renvoyée sous une forme différente devant la Deuxième Commission.

M. LEE SEE-YOUNG (République de Corée): depuis 1994, des progrès considérables ont été réalisés dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade, tant au niveau national qu'international. Pourtant, les petits Etats insulaires continuent de faire face à des défis importants. Des problèmes écologiques comme l'élévation du niveau de la mer et les catastrophes naturelles dues au réchauffement de la planète ont des conséquences dévastatrices pour ces pays, menaçant leur survie même. En outre, l'accélération du processus de mondialisation menace de les marginaliser davantage en raison de la faiblesse de leur capacité de tirer profit de la mondialisation. Pour relever ces défis et contribuer à l'intégration de ces pays dans l'économie mondiale, il est vital que la communauté internationale renouvelle ses engagements de la Barbade et forge un partenariat mondial authentique. En premier lieu, il importe d'inverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement en faveur des petits Etats insulaires afin de renforcer leur capacité de mettre en oeuvre le Programme d'action. La communauté internationale devrait aussi prendre des mesures pour faciliter l'accès de ces pays aux marchés et promouvoir les échanges et les investissements dans ces pays. Nous lançons un appel urgent en faveur de la conclusion rapide des négociations sur le mécanisme de Kyoto, comme le prévoit le Protocole de Kyoto. Le transfert d'écotechnologies est essentiel pour le renforcement des capacités et la création d'un environnement favorable. A cette fin, il faut promouvoir une plus large participation des petits Etats insulaires aux initiatives en faveur de technologies saines et aux partenariats public-privé. Dans cette optique, la République de Corée, en coopération avec l'ONU, accueillera en février prochain le Forum de haut niveau sur la coopération Sud-Sud en matière de transfert de technologie. L'accent doit également être mis sur le respect par toutes les parties des conventions relatives aux changements climatiques, à la biodiversité et aux déchets dangereux. Le Gouvernement de la République de Corée attache depuis longtemps une grande importance à ses liens avec les petits Etats insulaires. En 1995, nous avons rejoint le Forum du Pacifique Sud en tant que partenaire du dialogue.

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Depuis l'an dernier, nous participons aux réunions de l'Association des Etats des Caraïbes en tant qu'observateur. Ces initiatives reflètent notre engagement à partager avec ces pays l'expérience et les connaissances que nous avons acquises grâce à notre propre processus de développement dans un esprit de coopération Sud-Sud. La République de Corée espère que cette session extraordinaire sera l'occasion pour la communauté internationale de réaffirmer ses engagements en faveur des petits Etats insulaires.

M. LUIGI BOSELLI, Chef de la délégation d'observation de la Communauté européenne aux Nations Unies, au nom de l'Union européenne: certains petits Etats insulaires s'adaptent bien au nouvel ordre mondial, en se spécialisant dans le tourisme, les télécommunications ou autres; d'autres, en revanche, ne se sont pas encore adaptés et continuent de recourir à l'aide de donateurs internationaux et bilatéraux. Nous nous félicitons de voir que le Programme d'action de la Barbade a permis d'agir efficacement dans de nombreux pays, et que leurs plans et politiques ont été revus pour se conformer à ce Programme. Entre 1995 et 1997, l'aide européenne aux petits Etats insulaires a oscillé entre 700 et 900 millions de dollars par an. Priorité est donnée aux pays les moins développés. 40% de ce montant est fourni par l'Union européenne, et 60% par les 15 membres de façon bilatérale, ou bien par l'intermédiaire d'organisations internationales ou non gouvernementales. La Communauté européenne se félicite de la convergence de vues exprimées par les pays ou organismes donateurs, les organisations internationales et les petits Etats insulaires au cours de cette session extraordinaire. Cela nous permet de dépasser les difficultés que nous avons eues à trouver un terrain d'entente sur des sujets tels que le transport des déchets radioactifs ou encore la mondialisation et la libéralisation des échanges. La Communauté européenne prend part à l'élaboration d'un indice de vulnérabilité des petits Etats et d'un accord de coopération post-Lomé visant à reconnaître les difficultés particulières des Etats insulaires en développement. L'Union européenne considère que le critère de la pauvreté, bien que très important, n'est pas le seul à prendre en compte au moment de l'attribution d'une aide. Toutefois, et en accord avec d'autres pays donateurs et certains pays en développement, l'Union n'est pas prête à accorder un traitement spécial et différencié aux petits Etats insulaires en matière d'aide au développement.

Mgr. RENATO MARTINO (Saint-Siège): ma délégation s'intéresse à l'issue de cette session spéciale parce que le Saint-Siège a toujours reconnu l'homme comme élément central des préoccupations du développement durable. Ceci étant dit, il est vrai que l'amélioration de la qualité de vie pour tous, en particulier pour les habitants des petits Etats insulaires, doit demeurer le principe directeur à la fois aujourd'hui et lors de la mise en oeuvre du Programme d'action. La discussion autour des petits Etats insulaires révèle qu'aucune personne et qu'aucun groupe ne peut vivre isolé. Ce qui affecte les uns affecte les autres.

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Tous les domaines essentiels abordés lors de ce processus de suivi sont l'objet d'une direction responsable et d'une réelle solidarité humaine, ce qui doit également rester le point de départ de toute discussion concernant l'accès aux services sociaux de base. Au regard des progrès accomplis lors de la discussion, le Saint-Siège voudrait réaffirmer un fois de plus que le simple fait de donner de l'aide, aussi louable et nécessaire soit-il, reste insuffisant pour répondre à tous les aspects de solidarité humaine dont souffrent ceux qui sont dans le besoin. L'Eglise catholique continuera de développer et de promouvoir des programmes spécifiques dans les domaines critiques qui visent à améliorer la vie humaine dans certaines régions parmi les plus pauvres et les moins développées des PEID et, ce faisant, à améliorer la vie de tous.

M. JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH, Ordre militaire souverain de Malte: la communauté internationale doit agir rapidement et de façon concertée pour soulager les pays victimes de catastrophes naturelles comme les ouragans qui ont ravagé l'an dernier les Caraïbes et le Pacifique. Il faut non seulement reconstruire, mais aussi créer des emplois et aider au développement afin de combler le fossé entre les riches et les pauvres. Il faut également s'assurer que la mondialisation facilite les échanges interculturels. Nous sommes conscients des difficultés rencontrées par les petits Etats insulaires qui doivent se développer sans mettre en danger leur écosystème, fournir à leur population un niveau de vie satisfaisant et, en même temps, apporter des réponses à des problèmes spécifiques tels que l'approvisionnement en eau potable ou la fourniture de soins médicaux.

Dans le passé, l'Ordre souverain a été lié à trois îles : Rhodes, Malte en mer Méditerranée et Saint-Kitts-et-Nevis dans les Caraïbes. Mais, plus que de rappeler des faits historiques, je suis ici pour vous proposer de vous aider à préserver un héritage fragile et vulnérable et vous faire profiter de notre expérience dans les domaines hospitaliers et médicaux. Il ne s'agit pas là d'une offre généreuse mais d'un devoir de notre part. Le sous-développement, la pauvreté, la marginalisation, le poids de la dette extérieure, le manque de ressources et les catastrophes naturelles représentent un danger pour la paix internationale et le développement durable. Les activités de l'Ordre, présent dans plus d'une centaine de pays, et l'aide que nous avons récemment apportée aux populations victimes des ouragans Charlie et Mitch sont autant de preuves de nos capacités et de notre bonne volonté.

M. ROBERT A. UNDERWOOD (Guam): l'importance des petits Etats insulaires vient, en fait, de leur petite taille en ce sens qu'ils peuvent donner un avant-goût des catastrophes écologiques auxquelles la communauté mondiale sera confrontée au cours du prochain millénaire. La fragilité de leurs écosystèmes et l'interdépendance de leurs communautés font peut-être de ces petits Etats insulaires le prototype idéal des solutions aux questions mondiales.

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Comme ces Etats seront les premiers à expérimenter les effets du changement climatique et de la montée des océans, le succès ou l'échec de la communauté internationale vis-à-vis de ces phénomènes se jugera d'abord sur les côtes des petits Etats insulaires. C'est conscients de cette relation que les pays développés et les organisations internationales, en particulier les Nations Unies, manifestent un intérêt croissant pour les problèmes rencontrés par les petits Etats insulaires. De l'avis de Guam, la coopération internationale est particulièrement nécessaire dans les domaines concernant le changement climatique, la recyclage des déchets, le contrôle et le transbordement des déchets dans les eaux internationales, l'alimentation en eau douce et la gestion des pêches. Par rapport aux petits Etats insulaires, Guam connaît un problème supplémentaire qui est celui de la confiscation de ces terres par l'armée américaine. Guam accueillerait donc avec satisfaction toute mesure des Nations Unies visant à encourager les Etats-Unis à appliquer les normes internationales à l'examen de ce différend. Guam encouragerait également les Etats-Unis à faire preuve de plus de souplesse à son égard et à l'autoriser à être représenté au sein des organisations régionales. Les relations entre Guam et les Etats-unis sont, par ailleurs, envenimées par la question de l'immigration et le fait que le Gouvernement américain exerce un contrôle total sur la question. Du point de vue économique, il est de notoriété publique que lorsque le Japon éternue, Guam a la grippe. Avec la fin de la crise économique en Asie, Guam se remet doucement d'une grippe sévère. A la lumière de tous ces problèmes, Guam se félicite de la tenue de la Session extraordinaire de l'Assemblée générale, session essentielle, opportune et utile à un monde économique interdépendant.

M. CARLYLE CORBIN, Ministre des affaires étrangères des îles Vierges américaines: les problèmes des petits Etats insulaires font l'objet de débats aux Nations Unies depuis plusieurs décennies. L'adoption du programme de la Barbade en 1994 et les résolutions concernant les petits Etats insulaires adoptées durant les cinq années suivantes sont autant d'exemples prouvant que la communauté internationale reconnaît que la situation particulière des ces Etats doit faire l'objet d'une aide spécifique dans leur processus de développement. Nous avons pour notre part toujours considéré le Programme d'action de la Barbade comme un outil favorisant le développement durable, plutôt qu'uniquement destiné à résoudre des problèmes environnementaux. Nous reconnaissons que l'accélération du processus de mondialisation exerce des pressions sur les économies des petits Etats insulaires.

Les changements climatiques et les possibles conséquences de la prolifération des gaz à effet de serre ne doivent pas nous faire oublier que notre avenir dépend aussi de données économiques. La réunion des donateurs en février dernier a mis en lumière le rôle de l'ONU pour ce qui est de la mobilisation des ressources, et nous espérons que la communauté des donateurs va répondre favorablement aux besoins des petits Etats insulaires, en particulier en matière de transfert de technologie et de fourniture d'énergie renouvelable.

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Nous prenons également part aux préoccupations déjà exprimées à propos du transport par voie maritime de matières nucléaires sur la mer des Caraïbes, et des éventuelles conséquences catastrophiques que ces pratiques pourraient avoir sur la population et l'écosystème de cette région.

Chef EMEKA ANYAOKU, Secrétaire général du Commonwealth: les petits Etats sont un sujet important pour nous. Pas moins de trente-deux de nos membres sont des petits pays, et parmi ces derniers, vingt-cinq sont des petits Etats insulaires en développement (PEID). Plus de trois cinquième de l'assistance au développement du Secrétariat du Commonwealth contribue au développement durable des petits Etats, couvrant de nombreux points du Programme d'action de la Barbade de 1994 que nous examinons ici. Grâce aux actions d'un bureau des petits Etats, le Commonwealth assiste quelque neuf petits Etats du Commonwealth à maintenir une représentation aux Nations Unies. Suite à une mission spéciale entreprise l'année dernière à la demande des chefs de gouvernement du Commonwealth, nous avons créé avec la Banque mondiale une force d'appoint qui évalue concrètement comment la communauté internationale peut aider les petits Etats à surmonter les différentes contraintes dues à leur vulnérabilité, afin d'accélérer leur développement économique.

Comme contribution au débat général, je voudrais suggérer six domaines prioritaires où une action urgente est indispensable pour accélérer le développement soutenable des petits Etats. Les petits Etats vulnérables ont un besoin urgent d'assistance pour développer et mettre en oeuvre des plans nationaux, sous- régionaux et régionaux d'adaptation au changement climatique et à l'élévation du niveau de la mer. Il faut des financements, à la fois suffisants et en temps voulu, pour améliorer la préparation aux catastrophes ainsi que pour aider à la reconstruction et la réhabilitation des infrastructures détruites par des catastrophes naturels. Troisièmement, les organisations de développement multilatérales, régionales et bilatérales devraient prendre en compte la vulnérabilité de ces petits Etats lors de l'élaboration de leurs programmes d'assistance. Quatrièmement, il faudrait un moratoire sur les décisions retirant aux petits Etats le statut de pays les moins avancés des Nations Unies jusqu'à ce qu'une méthodologie bien établie - incluant des indicateurs de vulnérabilité - ait été développée pour guider ce genre de décision. Il faut étendre le traitement spécial et différencié pour les petits pays les plus vulnérables. Enfin, toutes les institutions actuellement engagées dans le renforcement des capacités des petits Etats doivent développer une stratégie cohérente et coordonnée pour aider au développement des ressources humaines et au renforcement institutionnel dans les pays qui subissent des contraintes dans les domaines-clefs de la gestion et de la planification économique et environnementale.

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M. NOEL LEVI, Secrétaire général du Forum du Pacifique Sud: les débats de ce matin intéressent tout particulièrement le Forum du Pacifique Sud, qui comprend quatorze petits Etats insulaires indépendants, avec leur propre gouvernement, ainsi que L'Australie et la Nouvelle-Zélande. Du point de vue du Forum, une évaluation globale du Plan d'action de la Barbade ne pouvait plus attendre. Cependant, nos capacités nationales individuelles à traiter seul de ces problèmes sont limitées. Il est donc vital que les organisations internationales utilisent notre réseau d'organisation régionales pour augmenter l'efficacité de leur activités de partenaire au développement.

Nous pensons que les travaux portant sur l'indice de vulnérabilité économique ont désormais atteint le point où ils peuvent être utilisés pour des décisions politiques. Les dirigeants du Forum du Pacifique Sud soulignent à nouveau l'importance d'appliquer un tel indice de vulnérabilité comme méthode plus équitable pour déterminer le niveau de développement d'un pays. La fragilité des PEID n'est pas seulement limitée aux facteurs économiques. Dans notre région, un indice de vulnérabilité environnementale a été développé par la Commission de géoscience appliquée du Pacifique Sud, soutenu par la Nouvelle-Zélande.

Une décision cruciale a été de travailler à l'établissement d'une zone de libre échange entre îles membres, créant ainsi un ensemble économique plus large pour permettre l'intégration dans l'économie mondiale. Malgré tout, de telles approches et initiatives nationales et sous-régionales n'auront que peu d'effet tant qu'il n'y aura pas de reconnaissance, de soutien et d'action internationale.

M. TOGIOLA TULAFONO, Lieutenant Gouverneur des Samoa américaines: les Samoa s'associent à ses voisins dans l'appui de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade. Tout retard dans son application met en danger nos ressources limitées. La gestion des ressources pose des problèmes particuliers à des territoires aussi petits que nos îles, mais tout effet sur nos îles a des répercussions énormes sur le monde. L'Océanie est l'une des dernières frontières du monde et il faut se poser concrètement la question du son rôle. Dans la conjoncture actuelle, de fortes pressions s'exercent sur notre culture et notre régime foncier traditionnel dont la préservation est capitale pour nos populations. Nous savons que nous devons désormais pour résoudre nos problèmes nous efforcer de considérer l'île dans sa totalité et non plus seulement notre village. Cette approche, par exemple, est valable pour la protection des récifs de corail. Nous avons la responsabilité de renverser le courant de détérioration de la planète et de veiller à ce que tous nos actes individuels en tant que nations soient propices à la santé de notre planète.

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M. SIMON MOLINA DUARTE, Association des Etats des Caraïbes: l'Association, organisme consultatif de coopération et d'actions concertées, lance un appel aux Nations Unies pour qu'elles établissent avec elle des relations de coopération étroites pour assurer la mise en oeuvre de mesures favorables aux Etats des Caraïbes, mesures d'ailleurs conformes en tous points aux recommandations du Programme d'action de la Barbade. Au mois d'avril dernier, Saint Domingue a accueilli le deuxième Sommet des chefs d'Etat, membres de l'Association qui a abouti à l'adoption de deux Déclarations portant, d'une part, sur une stratégie à moyen et à long terme pour réaliser les objectifs de la constitution de l'Association et d'autre part, sur la création d'une zone de tourisme durable aux Caraïbes. Un Protocole d'accord a d'ailleurs été signé à cette fin. Une fois créée, cette zone sera la première de ce type dans le monde. Compte tenu de la vulnérabilité des pays des Caraïbes, les ministres des affaires étrangères, des Etats membres de l'Association, ont conclu un accord de coopération régionale en matière de catastrophes naturelles. La résolution visant à reconnaître la région de la mer des Caraïbes en tant que zone spéciale dans le contexte du développement durable, méritant une protection particulière, reflète la volonté politique de tous les membres de l'Association de coordonner les efforts sectoriels pour la gestion des Caraïbes.

M. EDWIN CARRINGTON, Secrétaire général de la Communauté des Caraïbes: en tant que groupe réunissant douze petits Etats insulaires et trois Etats de faible élévation, la Communauté des Caraïbes est le plus important groupe économique de petits Etats Membres des Nations Unies. Les Etats Membres de la CARICOM sont vulnérables à quasiment tous les problèmes classiques qui se posent aux petits Etats. Nombre des catastrophes qui les affectent sont liées aux changements climatiques et au réchauffement de la planète, deux phénomènes auxquels les petits Etats contribuent peu, mais dont ils sont les premiers à souffrir. Or, selon les dernières informations, ces catastrophes pourraient augmenter en nombre et en intensité et causer davantage de pertes humaines et de dégâts économiques et sociaux. C'est pourquoi, lorsqu'on évalue la qualité de la vie dans ces pays, il importe de tenir compte d'un indice de vulnérabilité approprié. Les Etats de la CARICOM ont des économies fortement ouvertes dépendant principalement des exportations agricoles, lesquelles sont commercialisées à la faveur d'arrangements préférentiels. Ces économies sont actuellement affectées négativement par le processus de mondialisation et la libéralisation du commerce mondial, ainsi que par le démantèlement des systèmes de préférences commerciales. Le cas des bananes en est l'exemple le plus dramatique. La vulnérabilité et la volatilité des revenus tirés des exportations sont bien connus. Il n'est donc pas surprenant que neuf des quatorze Etats indépendants de la CARICOM font partie des 25 pays les plus vulnérables dans le monde.

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La session extraordinaire et la prochaine réunion ministérielle de l'Organisation du commerce mondial sont l'occasion idéale pour la communauté internationale de s'attaquer aux sources de la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement. C'est une occasion que la communauté internationale ne peut laisser passer. Au niveau régional, des actions et programmes ont été entrepris dans les domaines de la protection des ressources marines, de l'élévation du niveau de la mer, et de l'atténuation des effets des catastrophes. En outre, un projet de résolution des Nations Unies visant à faire reconnaître la mer des Caraïbes en tant que zone spéciale dans le contexte du développement durable a été présenté avec le soutien de toute la CARICOM. Le programme de travail de la CARICOM a, depuis 1995, mis un accent spécial sur le développement durable. Un an après la Barbade, les ministres responsables de l'environnement se sont réunis à Trinité-et-Tobago pour évaluer la mise en oeuvre du Programme d'action et créer un mécanisme de suivi. La tâche a été confiée au secrétariat de la CARICOM et au bureau de Port of Spain de la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes. Malheureusement, bien que nos deux organisations continuent de travailler ensemble de manière étroite, aucune n'a les ressources nécessaires pour rendre ce mécanisme suffisamment efficace. Pour compenser nos limites et nos faiblesses, nous avons approfondi nos mécanismes d'intégration et créé l'Organisation des Etats des Caraïbes de l'Est. Cet arrangement devrait faciliter notre intégration dans l'économie mondiale. Nous attendons de la communauté internationale qu'elle adopte et mette en oeuvre les politiques, y compris en fournissant les ressources nécessaires, pour donner une nouvelle impulsion au Programme d'action de la Barbade.

M. HUBERT HUGHES, Ministre principal et Ministre des Finances, du développement économique et du tourisme d'Anguilla: sans entrer dans la particularité du statut d'Anguilla par rapport à la Grande-Bretagne, je me réjouis de participer directement au nom de mon peuple à ce débat sur le développement durable des petits Etats insulaires. Si la Conférence de la Barbade avait mis l'accent sur les problèmes environnementaux, il est nécessaire aujourd'hui dans le contexte de la mondialisation de se pencher sur les questions relatives à la libéralisation du commerce et à la compétition internationale, car il est impossible que de petits Etats insulaires soit compétitifs avec les grands pays industrialisés.

Il est important de prendre en considération les problèmes spécifiques que posent notre insularité, car en tant qu'îles éloignées les unes des autres, nous ne pouvons partager nos infrastructures. Il est nécessaire que la puissance administrante d'un territoire non indépendant comme Anguilla comprenne qu'en dépit de sa petite taille notre île a besoin d'un aéroport et d'un port pour faire face à ses besoins dans le cadre du développement durable. Nous sommes également préoccupés des dangers qui planent sur notre environnement et sur notre identité que nous souhaitons préserver dans le processus de développement.

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Ainsi une aide en provenance des principaux organismes d'assistance en vue du développement de notre infrastructure économique, nous mettrait à l'abri d'investisseurs étrangers sans scrupules. Le revenu par habitant d'Anguilla dû à la croissance rapide du tourisme et des hauts salaires versés aux directeurs internationaux exclut l'île de nombreux programmes d'aide des Nations Unies, en dépit du fait que les employés locaux perçoivent de très bas salaires. Il faudrait réviser cette estimation de nos besoins afin qu'elle soit plus juste et plus fiable.

M. ATHERTON MARTIN, Directeur exécutif de l'Association pour la préservation des Caraïbes: il est nécessaire que les pays donateurs considèrent le Programme d'action en faveur du développement durable des petits Etats insulaires comme le cadre de leur coopération et de leur collaboration pour la mise en place de stratégies de développement au lieu de se limiter à une approche sectorielle par projets. De nouveaux partenariats doivent s'instaurer pour que la mer des Caraïbes soit désignée comme zone spéciale dans le contexte du développement durable. Cette appellation est indispensable si l'on considère l'importance de la mer comme zone de paix, source de nourriture et ressource de transport et de tourisme. Nous appelons donc au retrait de toutes les bases militaires et à la révision des accords maritimes. Les organisations non gouvernementales expriment leur soutien complet aux gouvernements des petits Etats insulaires en vue de la cessation du transport de substances dangereuses, comme les déchets radioactifs et autres qui menacent les populations, la faune et la flore de ces régions. Nous en appelons aux gouvernements des petits Etats insulaires pour qu'ils demandent de meilleurs prix pour leurs produits. Nous invitons les nations qui pratiquent la pêche dans les eaux des petits Etats insulaires à aider ces derniers à développer leurs capacités. Il conviendrait enfin que la communauté internationale suive les conseils du Président de la Banque mondiale et place les besoins humains parmi les priorités du développement.

Mme TABANAKAYAU TUBANAVAU-SALABULA, Directrice adjointe du Pacific Concerns Resource Centre: Nous sommes préoccupés par le fait que le paragraphe 24.c(iii) relatif au transport des déchets dangereux et toxique dans la mer des Caraïbes du Programme d'action de la Barbade ne soit plus reconnu par la communauté internationale. Ce rejet est une atteinte sévère à l'opposition globale exprimée par les gouvernements des Caraïbes et de l'océan Pacifique et par le Forum du Pacifique-Sud contre les récents transports de MOX radioactif dans leurs eaux. D'autres gouvernements se trouvant le long de cette route, comme l'Afrique du Sud et le Sénat australien ont également exprimé leur opposition à ces transports.

Cinq ans après, l'esprit de la Barbade est un lointain souvenir. Revenus sur terre, nous apprenons que le Programme d'action de la Barbade n'a pas entraîné de changement important dans la coopération de la communauté internationale avec les PEID.

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Dans notre projet pour la Convention de Lomé par exemple, nous avons trouvé qu'en général, les personnes responsables du développement et de la coopération à la Commission européenne n'avaient jamais entendu parlé du Programme d'action de la Barbade.

M. OOMAR KARABARY, Représentant du Mouvement panafricain: le phénomène de sécheresse, de plus en plus répandu ces dernières années, menace l'agriculture, en particulier la production de canne à sucre, principale source de revenu des îles, à l'exception des Maldives et des Seychelles qui vivent essentiellement du tourisme. La montée du niveau de la mer est également inquiétante, en participer pour les 1 100 îles qui constituent l'archipel des Maldives. Le trafic de drogues, qui touche certaines îles situées entre l'Asie et l'Afrique, les politiques directives de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ou encore les effets de la mondialisation et de la libéralisation du commerce figurent parmi les principaux problèmes rencontrés par les petits Etats insulaires.

Les organisations non gouvernementales de l'océan Indien invitent les pays à lutter contre la pollution afin de limiter le réchauffement du globe et préserver l'environnement. Elles invitent aussi les pays d'Afrique et d'Asie à coopérer avec les îles de l'océan Indien pour lutter contre le trafic de drogues. Sur le plan économique, elles appellent des pays comme l'Australie, le Canada ou encore l'Union européenne à annuler la dette de certains petits Etats insulaires afin de leur permettre d'être plus à l'aise financièrement pour faire face aux graves problèmes qu'ils rencontrent.

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