AG/923

ASSEMBLEE EXTRAORDINAIRE: IL FAUT AIDER LES PETITS ETATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT, CONFORMEMENT AUX ENGAGEMENTS DE RIO

28 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/923


ASSEMBLEE EXTRAORDINAIRE: IL FAUT AIDER LES PETITS ETATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT, CONFORMEMENT AUX ENGAGEMENTS DE RIO

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Ces Etats souffrent, entre autres, de la faiblesse de leurs institutions et d'un manque de main d'oeuvre qualifiée

La session extraordinaire de l'Assemblée générale a noté, ce matin à la deuxième journée de sa réunion consacrée à un examen et à une évaluation d'ensemble du Programme d'Action de la Barbade, que le développement durable des petits Etats insulaires ne pourra être réalisé sans l'aide financière et autres de l'ensemble de la communauté internationale. Tel est, en tout cas, l'avis de la majorité des intervenants, qui ont insisté sur l'accroissement de l'aide financière étrangère aux Etats insulaires en développement, dont les difficultés sont multiples et parfois insurmontables, comme c'est le cas des catastrophes naturelles, qui, de l'avis des principaux donateurs et récipiendaires, nécessitent la coopération de l'ensemble des Etats de la communauté internationale. Il a été admis qu'il faut construire des partenariats plus efficaces avec le monde développé. C'est l'avis, entre autres, du Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, qui a indiqué que "la notion de gouvernement à l'échelle mondiale", qui tient compte des besoins des petits Etats insulaires dans les domaines de la santé, de l'éducation et des questions de population devra prendre corps. Ce partenariat, doit reposer sur la notion d'interdépendance des objectifs de croissance économique, de développement social et de protection de l'environnement, a estimé, pour sa part, le représentant des Etats-Unis. La forme d'une aide technique, qui comprend des programmes de formation dans le domaine de la gestion des ressources en eau, du tourisme, de l'environnement et des eaux usées devra être examinée. Toutefois les structures d'un tel partenariat sont déjà en place puisque les petits Etats insulaires font partie de plusieurs alliances avec les pays donateurs qui sont, entre autres, la Carribean Basin Development (CBD) et leur association à l'Europe communautaire, grâce à la Convention de Lomé (ACP) et au système généralisé des préférences.

(à suivre 1a) - 1a - AG/923 28 septembre 1999

L'Assemblée extraordinaire a entendu les intervenants suivants: le vice- premier Ministre et Ministre des ressources naturelles et de l'environnement de Bélize, le vice-premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Yémen, les Ministres des affaires étrangères de Singapour, d'Haïti, du Pakistan, du Bhoutan de Trinité-et-Tobago, du Sri Lanka, du Lesotho et du Portugal. Le Ministre des affaires étrangères et de la coopération des Comores, le Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de la Nouvelle-Zélande, le Ministre des affaires étrangères et des Sénégalais de l'extérieur du Sénégal, le vice-Ministre aux affaires étrangères de l'Italie et du Vanuatu, le Secrétaire d'Etat à l'environnement de l'Irlande, le Secrétaire d'Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark et des Philippines, le Sous-Secrétaire d'Etat aux affaires internationales des Etats-Unis, le porte- parole du Gouvernement du Royaume-Uni pour le développement international à la Chambre des Lords. Les représentants des pays suivants sont intervenus: El Salvador, Afrique du Sud, Venezuela, Suède, Turquie, Fidji, Luxembourg, Emirats arabes unis, Bélarus, Costa Rica, Cuba, Maroc.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général cet après- midi.

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EXAMEN ET EVALUATION D'ENSEMBLE DE L'APPLICATION DU PROGRAMME D'ACTION DU DEVELOPPEMENT DURABLE DES PETITS ETATS INSULAIRES EN DEVELOPPEMENT

Débat

M. JOHN BRICEÑO, vice-premier Ministre et Ministre des ressources naturelles et de l'environnement de Belize: dans le contexte de la mondialisation des économies et de la libéralisation des marchés, Belize se trouve désavantagé par rapport à ses partenaires commerciaux. Belize souffre d'un accès de plus en plus restreint aux marchés internationaux. Il appartient à l'Organisation des Nations Unies de trouver des solutions à ces questions. Le nouvel ordre économique mondial était sensé accroître le niveau de vie de tous les peuples. La Déclaration de Marrakesh de 1994 reflétait le souhait général de mettre en place un système commercial plus juste et plus équilibré. Cette Déclaration reconnaissait la nécessité de prévoir un traitement préférentiel et différencié pour les économies en développement et les pays les moins avancés. L'élan récent qui a impulsé le processus de mondialisation et de libéralisation du commerce a crée une fausse impression de prospérité pour certain tout en approfondissant le fossé entre pays en développement et pays développés. Les petits Etats insulaires en développement doivent pouvoir compter sur les institutions chargées de réglementer les échanges commerciaux au niveau international. Ces institutions doivent comprendre que la durabilité des économies développées dépend des petites nations en développement. Nous, Etats en développement, devons être conscients de la nécessité de diversifier nos économies.

Notre présence au sein d'un système commercial juste exige une redéfinition de nos économies. Nous sommes également conscients de nos limites financières et technologiques qui sont des facteurs qui handicapent ce processus de diversification. Comment devenir des partenaires à part entière. Dans ce contexte, nous attendons avec impatience la tenue prochaine du cycle de négociations de Seattle prévu à la fin de l'année. Ces négociations doivent être marquées par un examen des effets de la mise en oeuvre des accords conclus lors des dernières négociations et des réformes engagées pour atténuer les effets négatifs des accords commerciaux conclus après le Cycle de l'Uruguay. Notre plus grand défi est de faire en sorte que les petits Etats insulaires en développement tirent eux aussi comme le monde développé avantage des effets de la mondialisation et de la libéralisation des échanges.

Le préservation de notre environnement est par ailleurs essentiel à notre survie. De larges franges de notre population dépendent des ressources maritimes et forestières. En permanence, des déchets sont déversés dans nos océans et nos mers tandis que les émissions de gaz des pays développés continuent d'endommager la couche d'ozone. Ces questions font partie des préoccupations principales de Belize. Nous devons mettre un terme au transport de matériel radioactif à travers la mer des Caraïbes. Les petits Etats insulaires ne sont pas équipés pour faire face à une catastrophe majeure qui aurait des répercussions non seulement sur notre environnement mais également sur celui de la communauté internationale dans son ensemble. Il nous appartient de faire tout notre possible pour faire de la mer des Caraïbes une zone spéciale dans le contexte du développement durable. Nous devons collectivement entamer des négociations pour mettre un terme à l'accumulation des gaz à effet de serre et nous demandons instamment à nos partenaires de fournir des ressources supplémentaires aux pays en développement pour lutter contre les effets des changements climatiques.

M. ABDULKADER BAJAMMAL, vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la République du Yémen: il incombe à la communauté internationale d'améliorer la qualité de vie des habitants de notre planète, quel que soit le lieu où ils résident et de porter assistance à ceux qui vivent dans des conditions difficiles. S'il nous appartient de traiter des questions relatives à l'écosystème, il nous faut en premier lieu éliminer les problèmes traditionnels liés aux relations interétatiques. La République du Yémen possède une zone côtière de 2 500 kilomètres et sa souveraineté s'exerce sur pas moins de 133 îles. C'est pourquoi notre pays est préoccupé par la question du développement des îles, de façon générale et ceux des petits Etats insulaires en développement en particulier. Nous sommes animés par la volonté de promouvoir, au niveau régional, une coopération étroite dans les domaines de l'économie, du commerce, de l'environnement, du tourisme ou encore de la culture. Notre pays a déployé des efforts importants dans le domaine économique, en vue de promouvoir le développement durable. Mais ces efforts sont mis à mal par la faiblesse de nos infrastructures et l'absence de moyens de gestion modernes. Il serait important de passer d'une aide d'urgence pour résoudre les problèmes de famine ou de pauvreté à un stade de développement durable fondé sur le renforcement des capacités.

Au cours de ces huit dernières années, la République du Yémen a mis l'accent sur les réformes économiques et structurelles et a privilégié le secteur de l'environnement, de la population et du développement social. Dans cette action, nous rencontrons de sérieuses difficultés. En ce qui concerne l'environnement nous devons faire face à la désertification, à la pollution, à l'épuisement des ressources en eau. Aussi, souhaitons-nous lancer un appel depuis cette tribune, et demander que l'assistance tant régionale qu'internationale soit renforcée aux niveaux institutionnel et gouvernemental, dans la mesure où ces problèmes dépassent le cadre des frontières nationales. Nous devons donc faire de la question de l'environnement un sujet de préoccupation mondial. Par ailleurs, nous soutenons tous les efforts et intentions manifestés par les pays donateurs, afin de trouver des solutions à ce problème à travers un cadre d'action, visant la création d'un nouvel ordre mondial fondé sur la justice, le partenariat et la solidarité.

M. DANNY WALLACE, Ministre d'Etat pour l'environnement de l'Irlande: le programme national d'assistance pour le développement s'est considérablement accru. Depuis le Sommet de Rio, les ressources consacrées à l'aide publique au développement ont triplé et le Gouvernement irlandais s'est engagé à réaliser des progrès plus importants en vue de réaliser l'objectif de 0,7% du PNB. Les populations des petits pays insulaires en développement doivent bénéficier de la solidarité de la communauté internationale pour survivre et prospérer. La mondialisation et l'évolution rapide du commerce électronique peuvent servir d'instruments utiles à la réduction du handicap de l'éloignement, pourvu que des stratégies appropriées soient mises en place au niveau national. Toutefois, il existe également un risque que les communautés pauvres, mal équipées pour tirer profit des nouvelles technologies, soient davantage marginalisées. Les petits Etats insulaires pourraient être particulièrement exposés à ces risques. L'Irlande accorde une place particulière aux petits pays insulaires, en particulier les plus pauvres et les plus vulnérables, dans l'ensemble des politiques multilatérales de développement. A cet égard, l'Irlande espère oeuvrer davantage avec les institutions multilatérales pour le développement afin d'appuyer la mise en oeuvre du Plan d'action de la Barbade dans certains domaines clefs. L'Irlande s'est déjà engagée dans l'élaboration de projets de renforcement de capacités nationales dans la région des Caraïbes et du Pacifique, en étroite coopération avec la CNUCED. Elle appuie également les petits Etats insulaires en développement dans leur partenariat avec l'Union européenne. Le mandat de l'après-négociations de Lomé prévoit que l'on tienne compte de la vulnérabilité des petits Etats insulaires.

Il faudrait par ailleurs clarifier et définir les relations entre la vulnérabilité établie et les ressources de l'assistance internationale pour le développement. Le Plan d'action de la Barbade a prévu de mettre au point des indices qui reflètent la vulnérabilité économique et la fragilité écologique des petits états insulaires. A cet égard, l'Irlande se félicite et appuie tous les travaux accomplis dans ce domaine. Elle se félicite en particulier de ce que le Comité pour les politiques de développement reconnaisse que la vulnérabilité soit prise en compte dans la classification des pays les moins avancés. La prochaine conférence internationale sur les pays les moins avancés sera l'instance appropriée pour évaluer les progrès réalisés dans la prise en compte de cette question dans la détermination de pays les moins avancés. Les questions telles que l'élimination de la pauvreté, le développement des ressources humaines et institutionnelles, ainsi qu'une coopération régionale étroite demeureront au centre des stratégies des petits Etats insulaires pour parvenir à un développement durable. Les petits Etats insulaires sont caractérisés par l'indépendance et le courage de leurs peuples. Ces talents sont encouragés à développer les institutions qui permettront aux petits pays insulaires à préserver leur identité. Des institutions nationales solides, capables d'élaborer et de mettre en oeuvre des stratégies pour le développement sont essentielles.

M. SHUNMUGAM JAYAKUMAR, Ministre des affaires étrangères de Singapour: lors de la Conférence de la Barbade, nous avons reconnu la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement à la vague de libéralisation des économies et des échanges commerciaux. En 1999, les défis que doivent relever les Etats insulaires sont les mêmes. Certains problèmes ont été aggravés par les effets des changements climatiques et l'impact de la crise financière de 1997. La faiblesse de leurs ressources humaines, la dimension réduite de leur marché national font qu'ils ont une base économique étroite. Sans ressources naturelles, nombre de ces Etats dépendent d'une seule activité économique comme le tourisme ou la pêche. L'économie de ces îles s'en trouve fragilisée. Une catastrophe naturelle ou une simple fluctuation des devises peuvent engendrer des conséquences catastrophiques sur leurs économies. Pourtant, les petites îles en développement n'ont pas failli à leurs engagements dans le cadre de la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade et d'Agenda 21 défini lors du Sommet de la planète Terre à Rio. Elles ont compris l'importance de la protection de leur environnement.

Singapour par ailleurs comprend trop bien comment les petits Etats insulaires en développement doivent faire face aux nombreux problèmes de développement, en particulier le développement des ressources humaines. Nous sommes heureux d'annoncer aujourd'hui l'octroi d'une aide à la coopération technique sur cinq ans qui comprend des programme de formation dans le domaine de la gestion des ressources en eau, du tourisme, de l'environnement et des eaux usées. Nous croyons fermement en la coopération Sud-Sud. La résurgence de la coopération technique entre pays en développement témoigne du dynamisme, de l'esprit d'initiative et d'innovation des pays du Sud.

La BARONNE AMOS, Porte-parole du Gouvernement sur le développement international à la Chambre des Lords du Royaume-Uni de Grande Bretagne: l'objectif du Royaume-Uni, qui possède des liens historiques et culturels avec de nombreux Etats insulaires, est d'oeuvrer en étroit partenariat avec ces petits Etats insulaires en développement afin de parvenir à un avenir sûr et prospère.

L'élimination de la pauvreté est le principal objectif du Royaume-Uni en matière de développement international. Nous estimons que le Programme de la Barbade, aussi complet qu'il soit, ne met pas suffisamment l'accent sur l'importance fondamentale de la lutte contre la pauvreté dans la recherche du développement durable. Nous espérons que les discussions à venir accorderont plus d'attention aux personnes vulnérables, et s'emploieront à trouver des solutions leur permettant d'accéder aux bénéfices de la croissance. Prenant acte des besoins les plus importants des petits Etats insulaires en développement, notre programme d'assistance au développement met également l'accent sur le renforcement des capacités nationales et des institutions afin que les gouvernements puissent subvenir aux besoins de leurs citoyens en matière de santé et d'éducation, grâce à des réformes du système judiciaire et à la lutte contre la criminalité, la corruption et le trafic illicite des drogues.

Nous savons que les financements conditionnels ne sont pas suffisants pour parvenir à l'élimination de la pauvreté et au développement durable. Le commerce est un secteur essentiel et de nombreux petits Etats insulaires sont particulièrement vulnérables dans ce domaine. Ils dépendent d'une gamme d'exportations peu diversifiée et sont au surplus éloignés des centres où se prennent des décisions internationales pouvant avoir de grandes conséquences pour leur économie.

Dans le cadre de discussions récentes concernant l'avenir du régime commercial de la banane, nous avons mis l'accent sur la situation des producteurs des petits Etats insulaires afin qu'il soit tenu compte de leur vulnérabilité économique liée au fait qu'ils sont dépendants de la production de banane et disposent de possibilités limitées de diversification des cultures ou de la production.

En ce qui concerne les changements climatiques, auxquels les petits Etats insulaires sont particulièrement vulnérables, le Royaume-Uni s'efforce de réduire les émissions de gaz carbonique sur son territoire et s'emploie à concrétiser les engagements pris par les pays développés à Kyoto. En outre, notre budget d'aide au développement est en augmentation et nous renforçons nos programmes d'aide au développement avec nos partenaires des petits Etats insulaires en développement.

M. DONALD MCKINNON, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande: nous devons dresser le bilan de l'action entreprise à la suite de l'adoption du Programme d'action de la Barbade, pour ce qui concerne la question des petits Etats insulaires en développement. Ces Etats doivent faire face à un certain nombre de problèmes tels que les effets des changements climatiques, la gestion du tourisme ou la menace de la pollution marine. Le programme d'action de la Barbade a défini des responsabilités nationale, régionale et internationale pour traiter de telles questions. A cet égard, des progrès ont été réalisés. Pourtant, beaucoup reste à faire pour construire les partenariats plus efficaces qui permettront d'assister plus sérieusement les petits Etats insulaires en développement en favorisant leur développement durable et en améliorant la qualité de vie de leurs populations. Il ne fait aucun doute que l'engagement des petits Etats insulaires dans la voie du développement durable est aujourd'hui une réalité, au moment même où le soutien dont ils ont tant besoin de leurs partenaires du monde développé se fait attendre. C'est la raison pour laquelle nous invitons les pays donateurs à déployer tous les efforts possibles afin de renverser cette tendance à la baisse de l'Aide au développement. Au-delà de la question des ressources, les pays donateurs et les institutions concernées doivent coordonner leurs action, tant entre eux qu'avec les gouvernements et les institutions régionales compétentes. Le Sommet de Rio a mis en évidence l'interdépendance mondiale et la dimension mondiale des problèmes tels que la pollution marine, les changements climatiques. Il avait été admis lors de ce Sommet que les petits Etats insulaires ne pouvaient faire face, seuls, à de tels problèmes. Tout comme aucun Etat. Ainsi, le reste du monde ne saurait ignorer la contribution des petits Etats insulaires au développement durable mondial. Les principales difficultés rencontrées par les petits Etats insulaires en développement sont clairement identifiées: fragilité économique et écologique. Ce que nous devons faire, c'est rechercher de nouveaux partenariats, de nouvelles façons de travailler ensemble. Depuis longtemps déjà, mon pays accorde une attention particulière à la situation des petits Etats insulaires en développement. Plus de la moitié de notre aide au développement est consacrée aux besoins des Etats insulaires du Pacifique Sud, des Caraïbes et de l'océan Indien. Des ressources additionnelles ont été débloquées pour faire face aux nouveaux défis que rencontrent ces Etats.

M. FRITZ LONGCHAMP, Ministre des affaires étrangères d'Haïti: la plupart des petits pays insulaires sont exposés aux catastrophes naturelles. Dans l'Archipel des Caraïbes tout particulièrement, ces Etats sont régulièrement balayés par les ouragans et les cyclones. Jusqu'à présent, ils souffrent des dégâts non encore réparés causés en octobre 1998 par les cyclones Georges et Mitch. Dans cette même région, les irruptions volcaniques représentent un danger de taille, notamment à Montserrat. De même, la désertification gagne du terrain en plusieurs endroits. Les populations privées d'eau et d'autres ressources indispensables au maintien de la vie ne cessent d'augmenter les flux migratoires qui déstabilisent l'équilibre social dans les villes et principalement les grandes monopoles. En dépit des faiblesses structurelles réelles, Haïti croit que le droit à l'éducation, à la santé et à la vie dans un environnement sûr et sain font partie des droits fondamentaux de l'homme. C'est ainsi qu'en application des engagements de l'Agenda 21, Haïti est en train de s'engager au rythme qui est le sien, dans l'expérience du développement durable. Au niveau institutionnel, la création en 1995 d'un Ministère de l'environnement, d'un Ministère à la condition féminine et d'un Secrétariat d'Etat à la population a donné un élan notable aux initiatives visant à la protection de la biodiversité et à la valorisation des ressources humaines.

Lors du second Sommet de l'Association des Etats des Caraïbes à Santo Domingo, en avril 1999, les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont convenu d'appuyer les efforts de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) pour que la Mer des Caraïbes soit déclarée Zone spéciale dans le contexte du développement durable. La région continue d'être utilisée pour le transport de déchets toxiques et nucléaires, mettant cruellement en danger la flore, la faune et les vies humaines. Nous aimerions profiter de cette session extraordinaire pour inviter les gouvernements, les organisations du système des Nations Unies, les institutions non gouvernementales et la communauté internationale à soutenir cette initiative de la Caraïbe dans le cadre du développement durable. L'homme doit être au centre de tout programme de développement durable. C'est dans cette optique que le gouvernement haïtien plaide pour qu'une attention particulière soit accordée aux couches les plus vulnérables de nos populations. En ce sens, le Programme de développement durable des petits pays insulaires en développement revêt une grande signification dans le contexte de la mondialisation où plusieurs sociétés sont menacées de marginalisation.

M. SOUEF MOHAMED EL-AMINE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération des Comores: tout en reconnaissant que la promotion et la pratique du développement durable sont devenues une priorité globale, nous devons convenir que leur application concrète dans les petits Etats insulaires est cruciale, compte tenu de l'interdépendance et des relations étroites entre les facteurs du développement et de l'environnement. Ainsi les problèmes tels que la détérioration continue de l'environnement marin, côtier et forestier, les problèmes énergétiques, la vulnérabilité économique et écologique des nations insulaires et l'insuffisance de ressources doivent être pris en compte lorsqu'il s'agit de traiter la question du développement durable des nations insulaires. En un mot, les petits Etats insulaires en développement représentent un cas particulier tant du point de vue de l'environnement que du développement.

Le Gouvernement comorien fait siennes les préoccupations environnementales. En effet, la politique nationale de l'environnement sous-tend l'intégration de la dimension environnementale dans la politique et le développement économique du pays, en assurant une gestion durable et rationnelle des ressources existantes. Les Comores ont adopté un Programme d'appui aux associations pour la protection de l'environnement et un Programme de gestion des déchets.

Dans le domaine de la sécurité maritime, une initiative régionale a conduit à l'élaboration d'un projet de coopération entre les pays de la Commission de l'océan Indien, en ce qui concerne le secours en mer et la lutte antipollution. D'autre part, un plan d'action régional a été mis en place pour faire face aux aléas des catastrophes. Par ailleurs, les efforts des petits Etats insulaires en développement devraient être soutenus par les organisations intergouvernementales et non gouvernementales pour assurer, d'une part l'accès à des mécanismes financiers et des ressources financières suffisantes, et d'autre part, pour renforcer nos capacités notamment dans la valorisation du potentiel humain. Dans le domaine du commerce, nous sollicitons que les nouvelles négociations au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), en matière agricole, tiennent compte des besoins spéciaux de ce groupe de pays afin d'éviter que la libéralisation n'ait des effets négatifs sur leur capacité de développement durable.

M. SARTAJ AZIZ, Ministre des Affaires étrangères du Pakistan: les spécificités structurelles et écologiques des petits Etats insulaires en développement les rendent à la fois uniques et vulnérables. Ces facteurs concourent également aux défis du développement durable à relever par ces Etats et il faudra que la communauté internationale soutienne leurs efforts en ce sens. Le Pakistan, qui a activement participé au Sommet de Rio et à la Conférence de la Barbade, accorde une grande importance à la réalisation de leurs objectifs. En dépit de leurs sérieux efforts pour mettre en oeuvre le Programme d'action de la Barbade, les petits Etats insulaires en développement n'ont pas reçu l'aide attendue de la part de la communauté internationale. Ce n'est pas tant la question de l'aide financière qui rend les nations insulaires dépendantes d'une action globale, mais les menaces climatiques aux conséquences désastreuses. Un ouragan important peut détruire des années de travail en quelques heures. Les petits Etats insulaires sont également exposés aux effets négatifs du nouvel ordre économique mondial, compte tenu du fait qu'ils dépendent largement des importations et que pour cela ils ont besoin de se procurer des devises qu'ils obtiennent grâce aux exportations. Celles-ci sont rendues difficiles en raison des accès limités de leurs produits aux marchés internationaux, ce qui entrave le développement de leurs économies. L'érosion constante du traitement préférentiel commercial et la baisse continue de l'Aide publique au développement ont un impact majeur sur le développement durable des nations insulaires. Il faudra par conséquent faciliter l'intégration des économies des petits Etats insulaires dans l'économie mondiale de manière durable. Pour cela, il faudra renforcer les mécanismes existants de traitement préférentiel d'accès aux marchés internationaux des pays en développement. Il faudra également promouvoir le développement et la mise en application d'un index de vulnérabilité intégré. Il apparaît clairement que les recommandations et autres engagements contenus dans la Déclaration et le Programme d'action de la Barbade en 1994 n'ont pas été suivis. La communauté internationale n'a pas honoré ses engagements financiers ni pris les mesures nécessaires pour faire face aux changements climatiques, ce qui menace l'existence même d'un certain nombre de petites îles.

M. RALPH MARAJ, Ministre des affaires étrangères de Trinité- et-Tobago: le processus de mondialisation a creusé l'écart entre pays riches et pays pauvres. Les petits Etats insulaires en développement se retrouvent en marge de ce processus. Dès lors, comment de tels Etats, ne disposant que de ressources limitées et d'une faible population, pourraient-ils concourir avec les pays industrialisés? En février dernier, lors de la réunion des pays donateurs mon pays a présenté 22 projets. Nous n'avons reçu aucun engagement ferme de la part des pays donateurs pour assurer leur mise en oeuvre. Cela signifie-t-il que l'on attend des petits Etats insulaires qu'ils financent ces projets eux-mêmes? En réalité, la petite taille et la vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement nécessitent qu'une attention spéciale soit accordée aux questions de population, d'éducation et de santé si l'on veut parvenir à un développement durable. Bien que des progrès ont été accomplis dans ces domaines, la position des petits Etats insulaires en développement reste menacée. Nous, habitants de ces pays, affirmons qu'il faut réinventer le concept de gouvernement mondial qui tienne pleinement compte de nos besoins particuliers. Mon pays est déçu par l'absence d'engagement ferme de la communauté internationale et des pays donateurs d'honorer les obligations souscrites il y a cinq ans à la Barbade. Les petits Etats insulaires ne sont pas responsables des changements climatiques et du réchauffement de la planète, ils sont en revanche, ceux qui en souffrent le plus. Les questions de la biodiversité, de la préservation de l'écosystème, du développement durable des générations présentes et futures ne concernent pas que les petits Etats insulaires. Une action décisive est plus que jamais nécessaire, car c'est toute l'humanité qui est menacée. M. DOMINGO SIAZON, Secrétaire aux affaires étrangères des Philippines: mon pays, constitué d'environ 7 000 îles, s'identifie pleinement avec les aspirations des petits Etats insulaires en développement. Les petites îles sont vulnérables aux réactions violentes de la nature. Elles le sont particulièrement aux menaces de la montée du niveau de la mer, et elles subissent immédiatement l'impact des changements imprévisibles des conditions atmosphériques. Les ouragans George et Mitch ont causé des dommages considérables dans les Caraïbes. Le récent phénomène El Niño a affecté sensiblement les Philippines, causant un déclin de 6,7% du secteur agricole et son PNB a reculé de moitié par rapport à l'année précédente. Tsunamis a tué plus de 2 000 personnes et détruit un nombre considérable de logements et de cultures en Papouasie-nouvelle-guinée. Depuis l'adoption du Plan d'action de la Barbade, des progrès tangibles ont été réalisés dans certains domaines clefs. Pour la préservation de la biodiversité, la plupart des petits Etats insulaires en développement ont ratifié la Convention sur la biodiversité et un certain nombre d'entre eux ont commencé à préparer des études de pays sur la biodiversité et les stratégies nationales et des plans d'action en matière de biodiversité. Le Projet des Bahamas sur la gestion des données en matière de biodiversité constitue une avancée historique. L'Examen mondial de la biodiversité dans les petits Etats insulaires a également été accompli par le Centre mondial pour le contrôle de la conservation, et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a entrepris une étude des utilisations et de l'état des arbres et des forêts dans les petits Etats insulaires en développement.

Les petits Etats insulaires en développement continuent grâce à leurs maigres ressources financières et humaines de poursuivre les efforts visant à répondre aux problèmes de la biodiversité et aux autres questions urgentes de développement durable. Concernant les problèmes de gestion des ressources côtières et marines, il reste beaucoup à faire pour faire face aux problèmes de l'érosion des plages, de la perte des lignes côtières, de la dégradation des récifs de corail et de la pollution marine et côtière. La capacité insuffisante de recyclage des déchets aggrave ces difficultés. Il faut renforcer le contrôle et la surveillance des stocks de poissons dans les zones autour des petits Etats insulaires en développement, afin d'assurer une gestion durable des ressources marines sur lesquelles leur économie dépend. Les petits Etats insulaires en développement demeurent hautement vulnérables en ce qui concerne leurs besoins énergétiques. Dépendant pour la plupart des importations de pétrole, ces pays subissent de manière sensible l'impact des fluctuations du prix du pétrole. Le recours au bois pour le chauffage, la déforestation ou la conversion de forêts en terrains agricoles, exacerbe l'érosion déjà dramatique de leur sol et les problèmes posés par l'approvisionnement en eau. Les petits Etats insulaires en développement ont besoin d'une assistance technique et financière, de gestion renforcée pour faire les investissements nécessaires dans les sources d'énergie locales. Les installations en matière de transports et de télécommunications continuent de créer des difficultés dans les petits Etats insulaires. Les monopoles privés et publics perpétuent une triste situation des coûts élevés des télécommunications et d'une faible qualité des services de transports maritimes ou aériens. Il est indispensable que des investissements étrangers dans ces secteurs soient développés pour permettre aux petits pays insulaires en développement de participer et de bénéficier du commerce mondial et du développement.

M. LYONPO JIGMI Y. THINLEY, Ministre des affaires étrangères du Bhoutan: petit pays enclavé et en développement, le Bhoutan veut, par sa participation à cette session, démontrer sa solidarité avec les petits Etats insulaires en développement, exprimer son accord avec leurs préoccupations, et soutenir leur quête du bien-être. Nous avons en commun avec ces Etats une grande aspiration au développement et un profond engagement pour la protection de l'environnement de la planète. Les petits Etats insulaires en développement représentent plus de 25% Etats Membres des Nations Unies, et une importante partie de la communauté internationale.

Au cours des cinq années qui se sont écoulées depuis la Conférence mondiale sur le développement durable des petits Etats insulaires en développement qui s'est tenue à la Barbade en 1994, ces Etats ont déployé de grands efforts afin de mettre en oeuvre les dispositions du Programme d'action aux niveaux national et régional. Toutefois, la mise en oeuvre de plusieurs des engagements de la Barbade est entravée par de sérieuses contraintes. Les petits Etats insulaires ne sont tout simplement pas en mesure de supporter le fardeau de la lourde responsabilité qui leur est confiée, à savoir préserver les biens les plus précieux de l'humanité, sans pour autant recevoir une aide accrue de la communauté internationale.

Il est clair que l'aide internationale n'a pas été à la hauteur des engagements pris dans le cadre du Programme d'action de la Barbade. La baisse constante de l'aide publique au développement ne facilitera en rien l'application du Programme d'action. Nous espérons non seulement que cette session extraordinaire de l'Assemblée générale permettra l'examen et l'évaluation de la mise en oeuvre de ce Programme, mais aussi qu'elle sera l'occasion pour la communauté internationale de renouveler son soutien à sa mise oeuvre.

Mme ELLEN MARGRETHE LOJ, Secrétaire d'Etat et Ministre des affaires étrangères du Danemark: le Gouvernement danois s'associe à la déclaration faite par le représentant de la Finlande au nom de l'Union européenne. La communauté internationale est dans l'obligation d'aider les petits Etats insulaires en développement à faire face à leurs besoins spécifiques, besoins qui ont été reconnus par Action 21 et développés davantage dans le Programme d'action de la Barbade. Le Danemark reconnaît la vulnérabilité particulière des nations insulaires et accueille favorablement la volonté renouvelée des petits Etats insulaires et de la communauté internationale de mettre en oeuvre le Programme d'action de la Barbade. A cet égard, trois questions sont importantes, à savoir la détérioration constante de l'environnement marin et ses effets à long terme sur la biodiversité marine et la santé humaine; les problèmes d'eau potable et de dégradation des sols ainsi que la fréquence accrue et l'importance des catastrophes naturelles qui touchent chaque année les petites îles. Il est impératif de redoubler d'efforts pour aider les nations insulaires à faire face à ces problèmes. Toutefois, les questions les plus importantes sont l'amélioration de la situation des femmes et des groupes de population les plus pauvres et l'aide aux petits Etats insulaires les moins développés.

Dans le cadre du suivi du Programme d'action de la Barbade, le Danemark soutient les activités de programmes multilatéraux dans les domaines de l'environnement et du développement en partenariat avec les Etats insulaires. La Convention de Lomé est un élément essentiel dans la coopération entre l'Union européenne et les petits Etats insulaires en développement. Pour la période 1996-2000, l'Union européenne accorde plus d'un milliard d'euros à l'aide au développement de l'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, ce qui en fait le plus grand partenaire du développement des petits Etats insulaires. En plus de cela, le Danemark collabore avec les Etats insulaires dans certains projets, notamment dans le domaine des changements climatiques et de l'énergie durable.

M. FRANK E. LOY, Sous-Secrétaire d'Etat des Etats-Unis: les objectifs de croissance économique, de développement social et de protection de l'environnement sont interdépendants. Ils ne sont pas des objectifs secondaires et doivent être poursuivis comme un tout. Dans le cas contraire, nous ne pourrons en atteindre aucun. Pour de nombreux Etats insulaires, la question des changements climatiques est celle qui transcende toutes les autres. Ce sont les pays qui ont le plus à perdre des changements climatiques qui sont le moins à même de lutter contre ce phénomène. Il faudra, ainsi et avant tout autre chose, élaborer une série d'accords internationaux à cet effet. Pour ce qui est de la pêche côtière et en haute mer, nous estimons que la mesure la plus importante que peuvent prendre les pays qui ne l'ont pas encore fait est de ratifier les accords sur les stocks de poissons détachants ou grands migrateurs que les Nations Unies et la FAO ont élaborés et qui visent à promouvoir la viabilité de la pêche. Nous demandons aux pays, qui ne l'ont pas fait, de ratifier ces instruments. La destruction des récifs de coraux constitue en outre une des grandes tragédies de ce siècle. Ces récifs sont des systèmes écologiques qui attirent les touristes, accroissent les activités de pêche et préviennent l'érosion des zones côtières et les inondations. Ce sont-là certaines des questions pressantes auxquelles il faut répondre pour assurer le développement durable des petites îles en développement. Nous devons susciter l'intérêt du secteur privé. Les petites îles en développement doivent, avec l'aide de la communauté internationale, bâtir et renforcer leur propres capacités pour relever ces défis.

M. VALENTINO MARTELLI, Ministre d'Etat aux affaires étrangères de l'Italie: l'Italie a dès le départ fermement soutenu l'Alliance des petits Etats insulaires en développement, car, comme eux, elle a une longue expérience des problèmes liés à l'environnement. Nos vastes zones côtières et nos propres petites îles se caractérisent par un écosystème fragile. Partageant ainsi les mêmes caractéristiques et les mêmes problèmes, nous sommes disposés à mettre nos connaissances et nos expériences à la disposition des petits Etats insulaires en développement. Au cours des deux dernières décennies, l'opinion publique a exprimé sa préoccupation accrue face à la dégradation de la planète. Les petits Etats insulaires en développement sont l'un des centres de cette préoccupation. Les citoyens de part la planète demandent désormais qu'une action concertée soit entreprise à l'échelle mondiale. Ils veulent que des mesures efficaces soient prises pour garantir une vie et un monde meilleurs aux générations futures. La communauté internationale doit mettre tout en oeuvre pour que les tragédies telles celles de l'Exxon Valdez et de l'Amoco Cadiz ne se reproduisent pas.

L'Italie n'a eu de cesse d'exprimer sa préoccupation devant les immenses dommages causés à la planète par l'humanité. Les désastres naturels, comme les changements climatiques, la montée du niveau des mers, la dégradation des sols et la sécheresse sont des menaces pour nos vies comme pour celles des petits Etats en développement. Ces menaces contribuent à faire grossir les rangs des pauvres, alors que la pauvreté peut et doit être éliminée. Le Programme d'action de la Barbade, si prometteur, n'a malheureusement pas engendré une augmentation substantielle des ressources d'aide aux petits Etats insulaires en développement. Ce programme n'a d'ailleurs pas été suffisamment mis en oeuvre. Des ressources supplémentaires et une meilleure coordination sont nécessaires. Pour sa part, l'Italie est pleinement consciente de ses responsabilités envers les petits Etats insulaires dans leur quête du développement durable. L'an passé, elle a d'ailleurs entamé un programme visant à favoriser l'accès de ces nations aux techniques de simulation des changements climatiques les plus avancées. Chaque année, elle contribue à hauteur de 500 000 dollars au projet de préservation de l'héritage culturel des petits Etats insulaires mené par l'UNESCO. De plus, mon gouvernement vient d'approuver une contribution financière au programme visant à poster le Programme d'action de la Barbade sur le réseau mondial de communication ainsi qu'au Programme du Département des affaires économiques et sociales des Nations Unies ayant pour objectif de renforcer les capacités en matière d'administration publique et d'encourager la coopération régionale dans les Caraïbes. Le passage à un nouveau millénaire représente une occasion unique de modifier des types d'action surannés. Nous devons élaborer des projets plus simples et faire en sorte que l'aide soit fournie plus rapidement et de manière plus efficace. Pour avoir un effet plus direct et plus important, notre action devrait se concentrer sur les petits centres et les communautés locales. Il nous faut, maintenant et ici-même, passer des paroles sans contenu à l'action véritable, afin de donner aux petits Etats insulaires en développement tout l'appui qu'ils méritent.

M. CLEMENT LEO, Ministre adjoint des affaires étrangères de Vanuatu: nous sommes d'avis que les difficultés rencontrées par les petits Etats insulaires en développement ne sauraient être surmontées par ces Etats de façon isolée, sans une assistance et une coopération de la communauté internationale. La République de Vanuatu partage les mêmes problèmes environnementaux que les autres petits Etats insulaires en développement. Notre petite taille, notre situation géographique, notre isolement ainsi que le fait que nous sommes exposés aux catastrophes naturelles affectent nos capacités de développement. En dépit de ces difficultés, la République de Vanuatu a accordé une attention particulière à la mise en oeuvre des recommandations du Programme d'action de la Barbade. Ainsi, la gestion des déchets ou encore la gestion des ressources marines font l'objet d'une protection efficace. Pour ce qui est des ressources marines, nous bénéficions d'un soutien des institutions régionales et bilatérales et avons participé en 1997 à l'Année des Récifs de corail ainsi qu'aux Initiatives internationales concernant les Récifs de corail. Cela nous a permis de protéger un écosystème marin fragile, sur lequel repose en grande partie nos ressources alimentaires et économiques. Pour ce qui est des ressources en eau potable, une politique de gestion sera mise en oeuvre pour prendre en compte la diversité offerte par notre écosystème. Nous avons élaboré avec l'assistance de la Banque Asiatique de développement une législation en matière de protection de l'environnement. Nos législations plus sectorielles ont été révisées afin de mieux prendre en compte les impératifs du développement durable. Bien que des progrès aient été accomplis, nombre d'obstacles sont encore à surmonter. Ainsi, il convient de promouvoir les mécanismes de mise en oeuvre des programmes et buts du système des Nations Unies, de définir des indicateurs permettant de mesurer l'efficacité de l'application des accords internationaux et des décisions des Nations Unies. A la fin de ce millénaire, nous souhaiterions que les pays donateurs continuent de déployer leurs efforts. Nous souhaiterions également que ces efforts soient renforcés, tant de la part des pays donateurs que des petits Etats insulaires en développement.

M. RICARDO CASTANEDA-CORNEJO (El Salvador): au Sommet de Rio puis à la Conférence de la Barbade, la communauté internationale et les petits Etats insulaires en développement ont été exhortés à adopter une nouvelle stratégie en matière de développement et de protection de l'environnement. De nouvelles politiques et de nouveaux accords concernant la pêche ont été mis en oeuvre. Les pays d'Amérique centrale, et en particulier El Salvador, partagent les mêmes difficultés que les petits Etats insulaires en développement, en particulier la vulnérabilité aux ouragans. Les petits Etats insulaires en développement éprouvent de graves difficultés à gérer de manière efficace les déchets. Nombreux sont ceux qui connaissent une pénurie d'eau douce. C'est dans ce contexte peu encourageant qu'ils sont appelés à prendre part au processus de mondialisation. On comprend donc les handicaps qu'il leur faut surmonter pour que les petits Etats insulaires en développement aient la

moindre chance de participer au commerce international et assurer leur développement. Il est essentiel de renforcer l'aide internationale au développement pour permettre aux petits Etats insulaires en développement de trouver des solutions à leurs problèmes.

M. NORMAN PINO (Venezuela): la Commission du développement durable a conclu lors de sa septième session que l'application complète, efficace et à long terme du Programme d'action de la Barbade nécessitait une collaboration étroite et volontaire au sein de la communauté internationale.

Cependant, en dépit des progrès effectués depuis la tenue de la Conférence de la Barbade, il y a cinq ans, la communauté internationale ne s'est pas dotée de mécanismes de financement effectifs susceptibles de fournir aux petits Etats insulaires en développement les ressources financières nécessaires, qu'ils soient nouveaux ou supplémentaires, en conformité avec Action 21 et le Programme d'action de la Barbade. Au contraire, nous trouvons préoccupante la baisse continue du volume de l'aide officielle au développement, au moment même où l'on prétend demander davantage que les pays en développement participent au commerce international sur un pied d'égalité. A travers le Programme de coopération énergétique pour les Caraïbes et l'Amérique centrale, qui est également connu en tant qu'accord de San José, nous avons poursuivi, avec le Mexique, l'effort d'aide au développement nécessaire à la sous-région des Caraïbes, reconnaissant par-là les besoins particuliers de cette région. Haïti, la Barbade et la Jamaïque participent à ce programme, qui offre des possibilités de financement préférentiel à des projets qui tiennent compte des priorités nationales des pays bénéficiaires.

Le Venezuela est l'un des Membres fondateurs de l'Association des Etats des Caraïbes, qui fournit un cadre à nos efforts de coopération dans les secteurs du tourisme, du commerce et du transport qui sont considérés comme prioritaires pour le développement de la région. Le Venezuela est également membre observateur de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), avec laquelle nous avons passé un accord sur le commerce et les investissements.

Nous souhaitons que la mer des Caraïbes soit reconnue zone spéciale pour ce qui est du développement durable, que l'on prenne en compte ses spécificités et que l'on favorise la sauvegarde, la gestion et le développement durable de ses ressources dans l'intérêt du bien-être social et économique des habitants de la région. Nous soutenons également l'initiative visant à créer une zone de tourisme viable dans les Caraïbes qui est lancée par l'Association des Etats des Caraïbes.

M. HANS LINTON, Ministre des affaires étrangères de la Suède: pour les petits Etats insulaires le concept de développement durable représente un défi concret et pratique qui va de pair avec les questions environnementales. En effet, nous avons appris, au cours de la mise en application du Programme d'action de la Barbade, que l'impact de la dégradation de l'environnement, pour ces petits Etats, est bien réel et s'accompagne, souvent, d'effets socio-économiques. Dans ce contexte, le principe de "responsabilité conjointe mais différenciée" des états, énoncé à Rio mérite d'être à nouveau mis en lumière. Et cela, parce que le développement n'est pas un concept statique, mais un processus qui implique des rôles changeants et des relations évolutives au sein de la communauté internationale. C'est pourquoi, la Suède accueille avec satisfaction la détermination dont font preuve les petits Etats insulaires en développement, participant à cette session, pour mobiliser des ressources, faciliter des partenariats et promouvoir le facteur de durabilité dans leurs efforts de développement.

La Suède est fortement impliquée dans la poursuite de la coopération internationale pour le développement et fait partie des pays qui consacrent 0.7% de leur PIB à l'aide au développement. Or, le déclin régulier du volume de l'assistance internationale pour le développement lui semble alarmant, dans la mesure où il touche les populations les plus pauvres et notamment celles des petits Etats insulaires en développement.

La Suède participe par ailleurs au travail du Fonds pour la Protection de l'Environnement, en tant que pays donateur et directeur du Bureau. Le Fonds co-finance actuellement des projets dans plus de vingt-cinq petits Etats insulaires en développement. Ces projets se concentrent en priorité sur la conservation et la restauration de la biodiversité et sur les problèmes liés aux variations climatiques. Le financement de ces projets impliquent le Fonds pour la Protection de l'Environnement, mais également le secteur privé. Et, comme le soulignait hier le représentant de l'Union européenne dans sa déclaration, de tels partenariats avec le secteur privé ou des Organisations non-gouvernementales sont à même de fournir de nouvelles possibilités, en ce qui concerne les efforts pour le développement durable.

la Suède continuera de promouvoir des partenariats de ce type et attend avec impatience de pouvoir poursuivre la coopération internationale et la coordination en soutenant l'engagement politique exprimé lors de la présente session spéciale de l'Assemblée générale.

M. VOLKAN VURAL (Turquie): cinq années se sont écoulées depuis la Conférence de la Barbade. Aujourd'hui, il est clair que nos prévisions initiales au sujet du développement durable des petits Etats insulaires en développement se sont révélées exactes. Ces Etats sont situés dans des zones qui sont parmi les plus vulnérables de la planète. Ils sont plus exposés que le reste du monde à des menaces excessives liées à la nature et à leur environnement, mais disposent littéralement de moins d'espace. Les immenses difficultés auxquelles sont confrontés ces pays vulnérables ne peuvent clairement pas être résolues par eux seuls.

Les petits Etats insulaires en développement ont fait d'importants progrès dans l'application des priorités et pour atteindre les objectifs du Programme d'action de la Barbade. Ils ont mis en oeuvre des réformes économiques et sociales de grande portée qui ont suscité des changements dans les rapports entre les gens et dans leur gestion des ressources naturelles qui les entourent. Poursuivant le processus lancé au Sommet de Rio, les petits Etats insulaires en développement ont adopté une nouvelle manière de penser le concept de développement.

Nous nous réjouissons de ce que beaucoup des petits Etats insulaires en développement obtiennent des résultats satisfaisants selon les indicateurs du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Nous estimons que cela témoigne du bien-fondé des politiques entreprises par ces pays. Nous croyons aussi que leurs efforts devraient être soutenus par l'aide internationale.

Au XXIeme siècle, le tourisme sera la plus grande industrie de la planète. L'industrie touristique devra prendre ses responsabilités pour ce qui est de ses effets étendus. Il est généralement reconnu que les petits Etats insulaires en développement sont plus vulnérables aux effets du tourisme que d'autres destinations. Pour garantir une croissance durable de ce secteur, il faut leur fournir une aide économique et technique appropriée. Les revenus générés par le tourisme doivent être répartis équitablement au sein des communautés. Enfin, la protection de la nature et de leur héritage culturel doit recevoir une attention prioritaire.

M. AMRAIYA NAIDU (Fidji): il est regrettable que depuis 1994 peu de progrès aient été réalisés dans l'application du Programme d'action de la Barbade qui a bénéficié du faible soutien de la communauté internationale. Ma délégation note avec inquiétude que la communauté internationale n'a pas fourni les ressources financières adéquates et nouvelles, nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade. Nous demandons instamment aux pays développés d'allouer 0.7% de leur PNB, objectif internationalement accepté, à l'aide publique au développement, en particulier, aux petits Etats insulaires.

Dans le cadre de son processus de développement durable, Fidji fait face à un certain nombre de problèmes à moyen et long terme notamment l'augmentation nécessaire du niveau des investissements privés, la création d'emplois; la réduction de la dette nationale et la lutte contre la dégradation constante des sols et des ressources naturelles. Pour répondre à ces questions, le Gouvernement de Fidji a adopté un plan stratégique de développement durable et de progrès sociaux pour 1999-2001. D'autres initiatives visent l'élimination de la pauvreté, l'intégration des femmes dans le développement, le développement rural et urbain ainsi que la gestion des catastrophes. Le plan d'action dans le domaine du développement durable prévoit, entre autres, la création d'un Conseil national pour le développement durable ainsi que d'unités de gestion environnementales au sein des différents ministères et le renforcement de l'Agence de l'environnement. Ce plan comprend également la formulation de politiques nationales dans les domaines de la gestion intégrée des ressources, la gestion des déchets, le développement durable humain et la conservation de l'énergie. Nous rencontrons des difficultés à mettre pleinement en oeuvre ces plans, compte tenu du fait que nous devons simultanément faire face aux effets adverses de la mondialisation. En matière de commerce international, les traitements commerciaux préférentiels sont vitaux pour les économies des petits Etats insulaires en développement, alors même qu'ils vont à l'encontre du principe de libre-échange. Le développement durable des pays en développement et des pays développés ne saurait passer uniquement par le libre-échange, mais dépend également de la capacité de nos systèmes commerciaux à trouver des mécanismes et des règles afin que tous les pays puissent bénéficier équitablement des avantages du commerce international. Par conséquent, ma délégation lance un appel au système des Nations Unies et à la communauté internationale pour la mise en place d'un système de commerce international équitable.

M. HUBERT WURTH (Luxembourg): hier, Mme Satu Hassi, Finlande, s'est exprimée au nom de l'Union européenne, illustrant notre engagement concernant les petits Etats insulaires en développement. Leur situation intéresse le Luxembourg. En tant que petit pays nous comprenons le sentiment de vulnérabilité des pays isolés disposant de peu de moyens. Certes le Luxembourg ne dispose pas de littoral, mais il lui appartient néanmoins de définir sa relation par rapport à son environnement et de briser son isolement. Le fait de se situer sur un important point de passage international est un enjeu difficile comportant des responsabilités et des risques. Les petits Etats doivent être accompagnés dans leurs choix de développement car ils ne peuvent se permettre de commettre des erreurs. Il est justifié de mettre l'accent sur les défis touristiques et les contraintes géographique et naturelles auxquelles ils doivent faire face, afin de dégager des formes de coopération nouvelles. Nous savons gré à l'Organisation des Nations Unies d'oeuvrer pour attirer l'attention sur ces faiblesses et aider à la recherche d'éléments de réponse. La prise de conscience des problèmes d'autrui est indispensable à la mise en oeuvre d'une solidarité efficace et concrète. Ainsi est-il crucial de mettre au point l'indice de vulnérabilité préconisé par les petits Etats insulaires en développement. Le Luxembourg entend participer à cette volonté de solidarité. Notre gouvernement vient d'augmenter notre aide publique au développement qui atteindra 0,7% du PNB dès l'an 2000 et sera ensuite portée à 1%. Pour ne pas disperser notre effort, nous avons décidé de développer des programmes de coopération bilatéraux avec 10 partenaires, et notamment avec la République du Cap-Vert. Cette coopération est née de la présence d'un nombre important de cap-verdiens au Luxembourg. En exposant son angle d'approche la délégation du Luxembourg entend illustrer son engagement pour la réussite des objectifs définis à Rio et à la Barbade.

M. MOHAMMAD SAMHAN (Emirats arabes unis): sa délégation se rallie à la position exprimée par Guyana au nom du Groupe des 77 et la Chine. Dans le cadre des objectifs définis par l'Agenda 21 et le Plan d'action de la Barbade, la communauté internationale devrait, en concertation avec les petits Etats insulaires en développement, coordonner les programmes visant à réduire les difficultés propres à ces pays. L'absence de ressources financières et techniques constitue un obstacle majeur dans la mise en oeuvre de ces objectifs et marginalise davantage les petits pays insulaires en développement. Les pratiques illégitimes exercées par l'Iran sur les trois îles des Emirats arabes unis occupés mettent en jeu d'avenir de ces territoires sur le plan économique et sur le plan écologique. La coopération est indispensable pour permettre aux petits Etats insulaires en développement de bénéficier de la mondialisation. Dans le cadre de la coopération régionale et internationale, les Emirats arabes unis échangent leurs expertise et expériences avec les autres pays insulaires en développement. Il est essentiel d'éliminer le fardeau de la dette pour que les petits pays insulaires soient à même de procéder à leur développement.

M. ALYAKSANDR SYCHOV (Bélarus): le phénomène de la mondialisation a renforcé la vulnérabilité des Etats les moins développés et, particulièrement, celle des petits Etats insulaires en développement. C'est pourquoi nous nous félicitons de l'initiative visant l'examen des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade. Dans ce contexte, on peut remarquer que les petits Etats insulaires en développement ont obtenu des résultats inégaux. Le processus de développement, tel qu'il se déroule aujourd'hui, démontre qu'une assistance accrue de la communauté internationale aux petits Etats insulaires en développement est nécessaire. Pour sa part, mon pays entretient avec ces Etats des liens économiques, scientifiques et culturels qui témoignent de notre volonté d'apporter notre contribution à la mise en oeuvre du Programme d'Action de la Barbade. Les perspectives récentes de développement de la coopération sont encourageantes. Nous estimons que les efforts futurs devront être centrés sur le potentiel économique. Ainsi, faudrait-il aider à la diversification des économies des petits Etats insulaires en développement. A cet égard, l'éradication de la pauvreté doit constituer une priorité. Il convient également d'atténuer les conséquences des changements climatiques. Tous ces aspects de la coopération avec les petits Etats insulaires en développement devront être reflétés dans les documents que nous adopterons à l'issue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale.

M. BERND NIEHAUS (Costa Rica): le Costa Rica reconnaît et apprécie la contribution des petits Etats insulaires à la Communauté internationale. Les petits Etats comme le nôtre sont dotés d'importantes ressources naturelles. Il possèdent une grande biodiversité, des récifs de corail, une grande variété d'oiseaux marins, des espèces animales et végétales uniques au monde. La préservation de ces richesses constitue en soi une responsabilité particulière, qui n'est cependant pas exclusive. Toute la communauté internationale doit coopérer avec nous pour protéger l'environnement. C'est pourquoi nous plaidons pour la mise en place d'un système international qui récompense ceux qui prennent soin de l'environnement et sanctionne ceux qui le polluent et le détruisent; un système dans lequel les pays développés partageraient leurs ressources avec les pays en développement de façon à faire profiter toute l'humanité d'un environnement sain.

Le développement des petits Etats est possible et nécessaire. Nous demandons à cet égard l'élaboration d'un ordre économique mondial plus juste et plus équilibré, qui permette à l'ensemble des nations d'accéder aux bénéfices de la mondialisation et donne aux petits pays en développement les moyens de mieux écouler leurs produits sur les marchés des pays développés. Les petits Etats, insulaires ou non, sont profondément vulnérables et souvent victimes de catastrophes naturelles. Le passage du cyclone Mitch en Amérique centrale a laissé de profondes blessures et mis en péril les conditions de vie de la population. Les petits Etats sont aussi victimes des fluctuations de l'économie mondiale, et subissent les conséquences de crises survenues dans d'autres parties du monde, provoquant une hausse des prix (du pétrole notamment) et une chute de ceux des matières et autres biens que nous produisons. Nous pensons qu'il serait utile de mettre en place des mécanismes financiers internationaux qui donnent une réponse rapide, souple et adéquate aux diverses crises qui handicapent les petits Etats. Notre Président propose ainsi la création d'un fonds de prévoyance visant à répondre aux urgences financières des petits Etats les plus vulnérables.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba): ma délégation est convaincue que cette session extraordinaire sur les petits pays insulaires en développement sera couronnée de succès. Le fossé se creuse entre les pays riches et les pays pauvres. L'ordre international est injuste et la mondialisation qui est imposée marginalise les pays en développement, en particulier les plus pauvres. La pollution et les autres problèmes posés à l'environnement sont la conséquence d'un système inégalitaire qui s'impose à tous. Il faudra harmoniser les conditions de vie avec les ressources limitées dont disposent les pays en développement. En dépit de la loi extra-territoriale Oaks-Burton, imposée par les Etats-Unis, Cuba déploie des efforts considérables pour réaliser ses objectifs de développement. Cuba fait sienne la déclaration du Guyana, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, de faire de la région des Caraïbes une zone exempte de pollution et d'autres formes de dégradation de l'environnement et de ses ressources marines.

M. LAKSHMAN KADIRGAMAR (Sri Lanka): le thème du développement des petits Etats insulaires est très cher au Sri Lanka en tant que petit Etat insulaire sans pour autant faire partie de l'Alliance des petits Etats insulaires, à cause, semble-t-il, de la taille de sa population. La plupart des questions abordées au cours de la présente Session extraordinaire de l'Assemblée générale préoccupent le Sri Lanka, et notamment les problèmes de la dépendance

énergétique, du tourisme en relation avec la protection de l'environnement et de l'héritage culturel, la fragilité des écosystèmes côtiers, l'irruption d'eau salée dans les réserves d'eau douce, l'élévation du niveau de la mer, les fortes précipitations, et la gestion des zones économiques exclusives.

Nous sommes conscients des risques d'inondation et même de submersion des petites îles à cause de l'élévation du niveau de la mer. Cette Session extraordinaire offre l'occasion à 40 Etats Membres des Nations Unies de lancer un appel à la compréhension de la communauté internationale en vue de son assistance face aux conditions difficiles qu'ils doivent affronter.

Malheureusement le Sri Lanka qui n'est pas en mesure d'offrir une contribution financière, est néanmoins disposé à fournir toute coopération et assistance en son pouvoir. Les possibilités d'assistance sont nombreuses: la coopération entre pays de l'hémisphère sud, les organisations régionales dans la région de l'océan indien, ainsi que le Commonwealth et son Secrétariat qui comprennent beaucoup de petites îles qui furent, comme Sri Lanka, des territoires coloniaux. J'espère que grâce à ces organismes et à la coopération les difficultés rencontrées par les petits Etats insulaires pourront être atténuées.

M. DUMISANI S. KUMALO, Afrique du Sud: cette session extraordinaire de l'Assemblée générale donne à la communauté internationale l'occasion de réaffirmer l'engagement qu'elle a pris à la Barbade afin que le Programme d'action pour le développement durable des petits Etats insulaires en développement puisse être mis en oeuvre efficacement et avec succès. Lors du Sommet du Mouvement des pays non alignés (NAM) qui s'est tenu l'année dernière à Durban en Afrique du Sud, les Chefs d'Etat et de Gouvernement ont réaffirmé qu'il était nécessaire d'assurer des ressources prévisibles et adéquates ainsi qu'un transfert de technologies respectueuses de l'environnement et de promouvoir des accords commerciaux non discriminatoires. La mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade a été freinée par le manque de ressources financières et par des contraintes à la fois économiques et environnementales. L'Afrique du Sud se félicite de la tenue aux Nations Unies, en février 1999, d'une Conférence des pays donateurs pour les petits Etats insulaires en développement. Un suivi des engagements pris lors de cette Conférence doit être entrepris.

Le développement durable des petits Etats insulaires en développement est une question complexe du fait que ces Etats ont une superficie et des ressources limitées, sont souvent isolés et ont une grande fragilité écologique. La vulnérabilité de ces pays est également liée au fait qu'ils sont particulièrement affectés par les changements climatiques et les catastrophes naturelles. L'Afrique du Sud estime que les Nations Unies devraient s'efforcer de faciliter l'établissement d'un index de vulnérabilité qui prendrait en compte la vulnérabilité économique et environnementale des petits Etats insulaires en développement. Au Sommet de Durban, les Chefs d'Etat et de Gouvernement du Mouvement des pays non alignés ont appelé la communauté internationale à soutenir la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade, et notamment les initiatives prises pour établir un index de vulnérabilité des petits Etats insulaires en développement. La communauté internationale a le devoir d'aider ces petits Etats afin que ceux-ci puissent, notamment en améliorant leur compétitivité et en diversifiant leur économie, bénéficier au même titre que les autres pays de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie.

M. JACQUES BAUDIN, Ministre des affaires étrangères du Sénégal: en tant que pays côtier, adossé dans sa partie occidentale aux rives de l'Atlantique, mon pays mesure pleinement les obstacles qui entravent la marche des petits Etats insulaires en développement vers la réalisation du développement durable. Nous subissons également, comme nos amis insulaires, certains phénomènes liés à la dégradation de l'environnement marin et côtier. Le Programme d'Action de la Barbade contient un ensemble cohérent de mesures à court, moyen et long terme, que les petits Etats insulaires en développement, en partenariat avec la Communauté internationale, devraient mettre en oeuvre pour inverser les tendances négatives affectant la réalisation du développement durable. Ma délégation salue les efforts déployés aux niveaux national, régional et international dans la mise en oeuvre du programme d'action de la Barbade. Dans des domaines aussi vitaux que l'approvisionnement en eau potable, l'énergie, les transports et télécommunications des progrès significatifs ont été enregistrés. Mais il est évident que beaucoup reste à faire. Ainsi, ma délégation fait siennes les conclusions du Secrétaire général appelant à des contributions financières additionnelles au titre de l'Aide publique au Développement pour la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade. Dans un monde d'interdépendance, la beauté naturelle des îles, leur richesse culturelle et leur diversité biologique constituent un patrimoine indivis dont la sauvegarde nous incombe à tous, conformément au principe de la Responsabilité Commune mais différenciée. Relever ce défi est dans l'ordre du possible, nous en avons les moyens.

M. JAIME GAMA, Ministre des affaires étrangères du Portugal: les petits Etats insulaires en développement partagent un nombre considérable de désavantages. Tous ces problèmes ont été identifiés lors de l'élaboration du Programme d'action de la Barbade, il y a cinq ans. Résultats du déploiement d'efforts louables, des progrès importants ont été réalisés dans la mise en oeuvre des stratégies de développement durable. De tels efforts ont bénéficié du soutien de la communauté internationale qui semble parfaitement consciente de l'héritage mondial que représentent la culture et la biodiversité des petits Etats insulaires en développement. L'importance des stratégies de protection des ressources marines de ces Etats ne fait aucun doute pour le Portugal. Mon pays reconnaît également les efforts déployés par ces Etats pour surmonter les difficultés liées aux changements climatiques avec l'assistance des organisations régionales et internationales. Il est fondamental que les petits Etats insulaires en développement adoptent des mesures permettant de réduire les impacts liés à l'élévation du niveau de la mer, de façon intégrée et coordonnée. Des petits Etats insulaires en développement sont aussi confrontés aujourd'hui aux phénomènes de la mondialisation et de la libéralisation du commerce. Dans un tel contexte, des mesures devraient être prises aux niveaux national, régional et international en vue d'assurer la mise en oeuvre sur le long terme de programmes de développement durable. Les stratégies visant à remédier aux effets néfastes de la mondialisation devraient reconnaître l'importance de partenariats à tous les niveaux, y compris le rôle du secteur privé. L'assistance aux petits Etats insulaires en développement doit être basée sur des programmes spécifiques intégrés, tenant compte des besoins particuliers de ces Etats. Finalement, je souhaite renouveler l'engagement du Portugal à renforcer la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade. M. MOTSOAHAE THOMAS THABANE, Ministre des affaires étrangères du Lesotho: ma délégation appuie pleinement les aspirations des petits pays insulaires en développement pour leur développement économique et l'amélioration de leurs conditions de vie, ainsi que pour la conservation de leur patrimoine naturel et culturel pour les générations futures. Le Lesotho est un petit pays en développement enclavé doté d'un écosystème montagneux fragile et confronté à des difficultés dues à l'absence d'accès à la mer, aggravées par sa marginalisation sur les marchés mondiaux. C'est pourquoi, le Lesotho adhère pleinement aux revendications des petits Etats insulaires en développement. La communauté internationale doit s'engager à prendre de nouvelles mesures concrètes pour appuyer les petits Etats en développement dans les domaines du renforcement des capacités nationales, du transfert des technologies écologiquement rationnelles et de la mobilisation des ressources. La délégation du Lesotho se félicite du processus d'examen et d'évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme d'action adopté à la Barbade en 1994, dans le cadre de la Conférence mondiale sur les petits Etats insulaires en développement. Les engagements pris en vue de garantir le succès de cette mise en oeuvre visent notamment à mettre fin à la détérioration de l'environnement et à faire que les pays en développement assistent les pays développés dans leur lutte contre les menaces posées à l'environnement en leur fournissant des ressources financières supplémentaires.

Le Programme d'action demeure indubitablement un cadre inestimable pour les efforts de développement durable déployés par les petits Etats insulaires en développement. A cet égard, le Lesotho note avec satisfaction les mesures prises par les gouvernements, les commissions et organisations régionales, le système des Nations Unies, ainsi que les organisations non gouvernementales en vue d'appuyer la mise en oeuvre du Plan d'action. Des ressources financières adéquates sont cruciales à cette mise en oeuvre. La mobilisation de ressources demeure un défi important lancé aux petits Etats insulaires en développement et les partenaires au développement doivent y répondre avec détermination au cours de cette session extraordinaire pour donner l'élan nécessaire à une meilleure mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade.

M. AHMED SNOUSSI (Maroc): les petits Etats insulaires en développement continuent de faire face à des obstacles inhérents à leur situation géographique qu'ils ne sauraient surmonter sans une coopération internationale renforcée. Leurs efforts méritoires pour réaliser des avancées remarquables dans le processus du développement durable souffrent énormément des problèmes liés à leur superficie étroite, leur éloignement, leur fragilité et leur vulnérabilité au changement climatique, les coûts élevés de l'énergie, des infrastructures, des transports et des communications, les catastrophes naturelles et l'insuffisance des ressources en eau douce, et la surexploitation des ressources halieutiques. Les petits pays insulaires en développement méritent l'assistance de la communauté internationale d'autant plus qu'ils sont les gardiens consciencieux d'une proportion importante des océans et de la diversité biologique de notre planète et qu'ils sont engagés dans une lutte de survie contre la variabilité du climat et l'élévation du niveau de la mer qu'elle pourrait engendrer. La délégation marocaine appelle les pays donateurs à mobiliser davantage leurs moyens pour renforcer la coopération qu'ils accordent aux petits Etats insulaires en développement en inversant au plus vite le rythme de la baisse continue de l'aide publique accordée et en assurant une meilleure utilisation des fonds investis. Avec les pays bénéficiaires, ils devraient également coordonner les programmes mis en oeuvre afin de garantir la réalisation des objectifs qui leur sont assignés. Il serait souhaitable que ces Etats accèdent notamment au Fonds mondial de l'environnement. Dans le domaine de la technologie et du savoir faire, les petits pays insulaires en développement ont besoin d'un accès concessionnel et préférentiel aux éco- technologies, notamment pour atténuer l'impact des émissions de gaz à effet de serre, exploiter les sources d'énergies renouvelables et lutter contre la pollution de l'eau douce.

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