En cours au Siège de l'ONU

AG/920

LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EST APPELEE A INTENSIFIER SES EFFORTS DANS LE DOMAINE DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX

25 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/920


LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE EST APPELEE A INTENSIFIER SES EFFORTS DANS LE DOMAINE DE LA CONSOLIDATION DE LA PAIX

19990925

Les questions du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et plus particulièrement celle de la consolidation de la paix, ont dominé, cet après-midi, le débat général de l'Assemblée générale. Ainsi le Ministre des affaires étrangères de la Croatie, M. Mate Granic a appelé à une action politique appropriée pour assurer une paix durable dans la région des Balkans. Au titre de ces mesures, il a proposé la mise en place d'un régime bilatéral de sécurité, entre la République fédérale de Yougoslavie et la Croatie, pour succéder au régime assuré actuellement par la Mission des Nations Unies à Prevlaka. Si le Ministre croate a abordé la question de la consolidation de la paix sous l'angle politique, le Président de la Bulgarie, lui, l'a amenée sur le plan économique. Il a ainsi souhaité que la communauté internationale accorde l'importance requise aux efforts de reconstruction après-conflit. La région des Balkans, a-t-il dit, a payé au prix fort la paix au Kosovo, elle nécessite aujourd'hui une assistance directe. Le Président a rappelé que depuis huit ans son pays subit des pertes considérables dues à l'embargo imposé à l'Iraq et aux conflits en ex-Yougoslavie. Il a suggéré la création d'un mécanisme au sein de l'ONU pour indemniser les Etats du préjudice subi du fait des interventions internationales ou des sanctions.

Les efforts de maintien de la paix ont également été évoqués par le Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda qui a consacré une grande partie de sa déclaration au conflit dans la République démocratique du Congo (RDC). Signataire de l'Accord de paix de Lusaka du 10 juillet 1999, le Ministre a exprimé son ferme engagement à la mise en oeuvre de l'Accord qui, à sa grande satisfaction, a prévu un mécanisme pour répondre aux préoccupations de son pays en matière de sécurité. Le stade actuel du processus de paix en RDC a conduit le Ministre des affaires étrangères du Kenya, M. Bonaya Adhi Godana, à dire que l'Afrique attend du Conseil qu'il octroie en RDC un soutien d'une ampleur et d'une teneur équivalentes à celui qu'il a fourni à d'autres opérations de maintien de la paix dans le monde.

(à suivre - 1a)

- 1a - AG/920 25 septembre 1999

Ont participé au débat : le Président de la Bulgarie, M. Petar Stoyanov; le Président de la République d'El Salvador, M. Francisco Guillermo Flores Perez; le Premier Ministre de la Mongolie, M. Rinchinnyamyn Amarjargal; le Premier Ministre du Cap-Vert, M. Carlos Veiga; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie, M. Mate Granic; le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam, M. Nguyen Manh Cam; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya, M. Bonaya Adhi Godana; le Ministre des affaires étrangères de l'Irlande, M. David Andrews; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin, M. Antoine Kolawolé Idji; et le Ministre d'Etat chargé des affaires étrangères de l'Ouganda, M. Alfred Mubunda. Le représentant du Soudan a exercé son droit de réponse.

En début de séance, le Président de l'Assemblée générale a indiqué que le programme de travail et le calendrier provisoires des séances plénières de l'Assemblée pour la période du 29 septembre à la fin de novembre 1999 vient d'être publié. Il a informé les délégations qu'à l'issue de consultations, il a désigné le représentant permanent de la Namibie, M. Tunguru Huaraka, pour présider le Groupe de travail sur l'Agenda pour la paix, en remplacement de M. Nabil El-Araby (Egypte).

Lundi 27 septembre, l'Assemblée générale suspendra son débat général pour tenir sa session extraordinaire consacrée à l'examen et à l'évaluation de l'application du Programme d'action de la Barbade (1994) pour le développement des petits Etats insulaires en développement.

Allocution de M. Petar Stoyanov, Président de la République de Bulgarie

M. PETAR STOYANOV, Président de la République de Bulgarie : la communauté internationale s'était fixé dans le passé des objectifs ambitieux. Aujourd'hui, j'espère que l'expérience qu'elle a en outre acquise a atteint le niveau nécessaire pour restaurer la paix dans les régions en conflit. Les conséquences de la crise au Kosovo ont dépassé les frontières de la région. Avec l'adoption de la résolution 1244 du Conseil de sécurité, la communauté internationale a entériné la fin politique au régime établi par la guerre froide. Cette résolution a reflété le nouvel état des choses sur la scène internationale et mis en avant l'importance de la sécurité individuelle. Aujourd'hui, les droits et la dignité de l'individu, les libertés fondamentales et l'application du droit international ont même la primauté sur la souveraineté nationale. La résolution 1244 a également fait preuve de l'engagement des membres du Conseil de sécurité en faveur de la stabilité internationale. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la crise du Kosovo a servi de catalyseur des relations postbipolaires, d'un nouveau type de dialogue entre les Etats. Pour la première fois depuis la deuxième guerre mondiale, il est important de noter que quatre membres permanents du Conseil de sécurité participent à la même formation, la KFOR. Mieux encore, ils ont participé à des opérations de maintien de la paix, ce qui était impensable il y a dix ans.

La crise du Kosovo a également souligné la nécessité de procéder à des réformes au sein même du système des Nations Unies. Par exemple, l'Organisation mondiale doit être dotée d'un mécanisme efficace pour indemniser les Etats voisins pour le préjudice causé par l'intervention internationale ou les sanctions. La Bulgarie soulève cette question parce que depuis huit ans, elle subit des pertes considérables en raison de l'embargo imposé à l'Iraq et des conflits en ex-Yougoslavie mais également parce que ce mécanisme améliorera certainement la crédibilité des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et motivera davantage les pays à y participer. Aujourd'hui, le peuple Balkan attend que la communauté internationale fasse preuve du même engagement en faveur de l'avenir de la région comme elle l'a fait au cours de la crise. Les menaces à la paix et à la sécurité devraient cesser de constituer le seul facteur mobilisateur de la communauté internationale et nous devons agir à cette fin. Les événements en ex- Yougoslavie ne sont pas dus à une certaine mentalité particulière dans les Balkans, ni à une prédisposition historique. Il y a un demi-siècle, l'Europe occidentale était la proie de guerres non moins sanglantes. La différence c'est qu'après la deuxième guerre mondiale, les pays de l'Europe occidentale étaient sauvés au même moment des griffes du fascisme et du communisme. Cela a contribué à établir une homogénéité démocratique qui, en retour, a permis aux vainqueurs et aux vaincus d'abandonner leurs divergences et d'édifier leur prospérité actuelle, tout en respectant les droits de l'homme et de préserver leur identité nationale. Malheureusement, les pays de l'Europe du Sud-Est ont eu un sort différent après la deuxième guerre mondiale.

Des Etats comme la Grèce et la Turquie - toutes deux membres de l'OTAN - ont préservé et bâti leur potentiel pour un développement démocratique libéral et pour une économie de marché, et le reste des pays de la région était contraint d'intégrer le système communiste soviétique. L'homogénéisation de l'Europe du Sud-Est ne pourra se réaliser que si la vision d'intégration de nos pays avec le reste des Etats européens est partagée à la fois par les pays des Balkans et les peuples de l'Europe de l'Ouest. Les efforts et la persévérance à cette fin constituent la garantie la plus sûre pour convertir l'ensemble de l'Europe en un continent de paix, de stabilité et de prospérité. La vision européenne commune s'applique pleinement à la future Yougoslavie. Il existe difficilement un pays qui ait un profond intérêt pour la réintégration la plus rapide possible de la Yougoslavie dans la famille des Etats balkans démocratiques que la Bulgarie. Il y a six mois, la Bulgarie avait appuyé fermement l'opération de l'OTAN visant à mettre fin à la violence ethnique contre la population albanaise au Kosovo. Aujourd'hui, avec la même fermeté, la Bulgarie s'oppose à la violence ethnique contre la population serbe de cette province. Les Balkans ont payé très cher le prix de la paix au Kosovo. Aujourd'hui, la région a besoin d'une assistance directe pour sa reconstruction. Les bénéficiaires prioritaires devraient être clairement les pays et les régions les plus sensiblement affectés. Par ailleurs, les pays des Balkans ont déjà fait preuve de volonté pour adopter une nouvelle approche en ce qui concerne leurs relations. Les différentes formes d'aide que les pays voisins ont généreusement offert au cours des récentes catastrophes naturelles ont marqué un pas positif. De même, la formation de la Force multinationale pour la paix en Europe du Sud-Est - constituée de contingents de pays ennemis dans le passé - constitue un autre fait important.

Allocution de M. Francisco Guillermo Flores Perez, Président de la République d'El Salvador

M. FRANCISCO GUILLERMO FLORES PEREZ, Président de la République d'El Salvador : au cours des dernières décennies la région de l'Amérique centrale, comme le reste du monde en développement, a progressé dans la voie de la consolidation des droits et libertés politiques et de l'établissement d'institutions démocratiques à tous les niveaux. Le monde en développement regrette, à cet égard, que la réponse des nations développées à cet engagement renouvelé en faveur des droits et libertés politiques diffère diamétralement de celle qu'elles réservent lorsqu'il s'agit des droits et libertés économiques. Les nations développées continuent à ériger des barrières protectionnistes comme seule réponse aux efforts de libéralisation économique des pays en développement. Il faut s'interroger sérieusement sur les raisons de cette dichotomie entre les droits et libertés politiques et les droits et libertés économiques. Les pays en développement ne demandent pas la charité au monde. Ils veulent tout simplement construire des nations dignes de leurs efforts de développement. Quel intérêt peuvent-ils trouver à l'ouverture

de leurs marchés si les pays développés continuent de répondre par la fermeture des leurs ? Si les droits et libertés politiques ne conduisent pas aux droits et libertés économiques, il deviendra difficile aux dirigeants des pays en développement de justifier leurs choix démocratiques. Déjà, dans certains de ces pays, des voix s'élèvent pour réclamer le retour de l'autoritarisme dont le souvenir est brouillé par les frustrations économiques et sociales engendrées par les inégalités d'accès aux marchés internationaux. Les dirigeants ne sont pas jugés sur ce qu'ils font mais sur ce qu'ils n'ont pas fait. Evitons donc que demain les jeunes nous condamnent pour n'avoir pas voulu ouvrir le monde aux libertés, à toutes les libertés.

Au nom de cette même liberté, El Salvador souhaite évoquer devant l'Assemblée générale la question de la République de Chine à Taïwan. Lorsqu'un peuple élit ses mandataires, fixe ses priorités et construit la perspective de ses relations avec le monde, ce peuple mérite le droit de participer aux délibérations de cette enceinte. El Salvador entretient depuis longtemps des relations de tous types avec la République de Chine à Taïwan. Il trouve inquiétant que depuis plusieurs années, une réponse n'ait pu être trouvée à la question de l'admission de ce territoire au sein des Nations Unies. Il est paradoxal que dans le contexte actuel "de concorde", il ne soit pas possible de prendre des mesures pour encourager la paix entre les nations.

Suite du débat général

M. RINCHINNYAMYN AMARJARGAL, Premier Ministre de la Mongolie : la mondialisation et l'interdépendance accrues exigent que la communauté internationale redouble ses efforts de coopération pour être à même de relever les défis existants et futurs et d'assurer un environnement plus sûr à toutes les nations. La mondialisation et l'interdépendance montrent, en outre, l'importance croissante du multilatéralisme dans les affaires mondiales et, partant, la nécessité de renforcer davantage l'ONU et les institutions internationales. La réforme doit renforcer l'efficacité de l'ONU dans la résolution des problèmes mondiaux. La Mongolie partage le point de vue du Secrétaire général selon lequel il faut passer "d'une culture de la réaction à une culture de la prévention". Dans cet esprit, elle signera la semaine prochaine un mémorandum d'accord avec l'ONU sur des arrangements transitoires par lesquels elle s'engage à participer aux opérations futures de l'ONU en fournissant du personnel qualifié, des observateurs militaires et du personnel médical.

La Mongolie poursuit ses réformes démocratiques et la transition vers une économie de marché. Malgré les difficultés, le Gouvernement est profondément déterminé à voir les choix qu'il a faits il y a dix ans couronnés de succès. Dans cette voie, la Mongolie accorde une grande importance au soutien et à l'assistance des pays donateurs et des organisations internationales. Le premier objectif de notre stratégie de développement

est d'accélérer la croissance économique en promouvant la stabilité macroéconomique et le développement du secteur privé. L'une des priorités est la création d'un environnement économique flexible et ouvert qui favorise le libre flux des capitaux étrangers et assure un environnement compétitif, appuyé par des politiques gouvernementales stables et un secteur financier moderne. Tout en poursuivant cette politique, le Gouvernement accorde une attention particulière aux dimensions sociales des réformes économiques, à savoir l'allégement de la pauvreté, la diminution du chômage et la protection des groupes vulnérables de la population.

Le renforcement du régime de non-prolifération nucléaire demeure l'une des premières priorités mondiales. La Mongolie croit que la création de zones exemptes d'armes nucléaires dans différentes parties du monde doit être encouragée. Elle s'est elle-même déclarée zone exempte d'armes nucléaires et a pris les mesures nécessaires pour institutionnaliser ce statut. L'an dernier, l'Assemblée générale a adopté une résolution sur la sécurité internationale de la Mongolie et son statut de pays non nucléaire. L'adoption de cette résolution constitue une contribution importante à la sécurité de la Mongolie, mais aussi, en raison de notre situation géographique stratégique, à la sécurité régionale. La mise en oeuvre des dispositions de cette résolution, en coopération avec les autres Etats Membres, y compris les cinq puissances nucléaires et les Nations Unies, est l'un des objectifs principaux de notre politique étrangère. Le Parlement de la Mongolie envisage actuellement l'adoption d'une législation définissant le statut de zone exempte d'armes nucléaires de notre pays. Au cours d'une réunion régionale récente sur le désarmement qui s'est tenue en Mongolie, la question de la sécurité internationale et du statut de pays non nucléaire de la Mongolie a été examinée. Nous pensons qu'identifier et définir ce statut contribuera à renforcer la stabilité et la confiance dans le Nord-Est de l'Asie.

En ce qui concerne le financement du développement, la Mongolie pense que la réunion intergouvernementale de haut niveau qui doit se tenir en 2001, devrait examiner les diverses possibilités de promouvoir la stabilité financière et le développement. A cet égard, un allégement de la dette des pays en développement fortement endettés constituerait une contribution à leurs efforts de développement. La Mongolie appuie l'universalisation de l'Organisation mondiale du commerce et estime que le nouveau cycle de négociations commerciales multilatérales doit permettre de faciliter l'intégration des pays en développement dans l'économie mondiale. L'expansion de la coopération internationale pour le développement doit porter un accent particulier à l'aide aux pays les plus vulnérables, de plus en plus marginalisés et insécurisés. Une situation géographique défavorable constitue un obstacle majeur aux efforts de développement des pays en développement enclavés. Les problèmes de ce groupe de pays demandent une attention accrue et le soutien de la communauté internationale. La quatrième Conférence d'experts gouvernementaux des pays en développement enclavés et de transit

qui s'est tenue récemment à New York, s'est penchée sur les mesures qui permettraient d'alléger les difficultés de ces pays. La Mongolie souhaite que l'Assemblée générale souscrive à ces mesures. Dans le Nord-Est de l'Asie des efforts sont en cours pour conclure un accord sous-régional sur les transports de transit. Cet accord permettra de créer un cadre légal visant à faciliter ce type de transport non seulement dans la sous-région, mais aussi au-delà.

M. CARLOS ALBERTO WAHNON DE CARVALHO VEIGA, Premier Ministre de la République du Cap-Vert : le progrès auquel nous aspirons coexistera toujours, nous ne l'ignorons pas, avec la différence, et même l'inégalité. Mais les proportions choquantes et l'ampleur du phénomène de la pauvreté de nos jours doivent susciter un sentiment de refus qui rend impératif de corriger à tout prix cette situation. Les mesures palliatives que nous cherchons à introduire et à maintenir ne doivent pas nous tranquilliser et ne peuvent pas s'installer comme des solutions définitives. Il est urgent que l'on cesse de traiter la pauvreté comme un sous-produit acceptable ou inévitable du processus économique et social et qu'on vienne à la considérer comme une défaillance sérieuse de ce même processus qui doit être attaquée et corrigée au plus tôt.

Parler de la pauvreté nous amène nécessairement à évoquer la situation prévalante dans le continent africain. Le fait que l'Afrique reste à l'écart du développement constitue aussi un échec du système international. Finalement, si les conflits en Afrique sont générés par des causes multiples, le sous-développement économique en est reconnu comme un facteur puissant. Il est donc lamentable d'assister à la réduction de l'aide au développement en Afrique, qui a un impact négatif direct sur les conditions de vie des populations.

Cet impact s'aggrave davantage lorsque la réduction de l'aide publique au développement est pratiquée à l'égard des petits Etats insulaires en développement, dont une partie affiche des indicateurs de développement humain relativement acceptables et même des PNB par habitant plus élevés que ceux qu'on trouve au bas de l'échelle mondiale. Cette qualité, et la bonne conduite de ces pays-là, sont parfois le justificatif d'une chute précipitée et désastreuse de l'APD. Tout en saluant les mesures récemment prises et annoncées par des pays et des groupes de créditeurs particulièrement solidaires avec l'Afrique, il faut dire que cette question se traite depuis longtemps avec trop de parcimonie, de retard et de lenteur.

En Angola, les hostilités ont malheureusement repris quand les perspectives d'application du Protocole de Lusaka se sont évanouies malgré une intervention des Nations Unies qui, il faut le reconnaître, n'a pas réussi. L'incapacité avérée de la communauté internationale de faire respecter scrupuleusement par toutes les parties et tous les Etats concernés les engagements qu'ils ont pris en vertu des accords négociés sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies, y compris des résolutions de ses organes,

a contribué à l'émergence de ce conflit puisqu'elle n'a pas empêché l'UNITA de se réarmer fortement et de faire obstacle à l'extension de l'administration de l'Etat à tout le territoire angolais. Une préoccupation prioritaire doit être la réunion des conditions nécessaires pour faire face à la catastrophe humanitaire sans précédent qui retombe sur l'Angola.

Le Cap-Vert suit avec la même solidarité fraternelle l'évolution de la situation chez le pays voisin de la Guinée-Bissau, où le Gouvernement s'apprête, avec le concours des Nations Unies et de la communauté internationale, à mener des élections libres et démocratiques.

Nous accueillons avec plaisir les indices les plus récents qui reflètent la décision des Nations Unies d'intervenir dans le maintien de la paix en Afrique, notamment dans les cas de la République démocratique du Congo, de la Sierra Leone et, espérons-le, bientôt en Erythrée et en Ethiopie.

Parmi les questions déjà à l'examen que cette session a hérité de la précédente, la réforme du Conseil de sécurité est un élément clé de la restructuration et de la revitalisation des Nations Unies. Elle est, depuis quelques années, le sujet d'une négociation continuelle. La divergence essentielle réside, à notre avis, dans la primauté absolue accordée par certains à la préservation de l'efficacité du Conseil et, par d'autres, à la représentativité du corps actuel des Etats Membres.

Nous croyons qu'accroître l'efficacité du Conseil, tout en élargissant le nombre des membres, est un défi à notre portée. A notre avis, il ne faut pas accorder plus de poids à l'importance de l'écart, déjà minime, entre les principales propositions faites dans ce domaine qu'à la nature spéciale des principes fondamentaux de la participation représentative. Comment, par exemple, pourrait-on, en privilégiant l'efficacité, refuser d'accorder aux pays africains, qui représentent presque 30% des Nations Unies, au moins deux sièges permanents dotés de pleins pouvoirs ? Nous émettons nos voeux, Monsieur le Président, pour que sous votre direction éclairée, nous fassions un bond en avant dans l'examen de ce point important de notre ordre du jour pendant cette session de l'Assemblée générale.

M. MATE GRANIC, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Croatie : la situation en Europe du Sud-Est est revenue au point de départ avec le retour de l'épicentre de la crise en République fédérale de Yougoslavie et au Kosovo, où elle a éclaté il y a plus d'une décennie. L'intervention militaire de la communauté internationale, appuyée par tous les pays de la région, y compris la Croatie, doit maintenant être suivie d'une action politique appropriée. Comme la communauté internationale a condamné les violations des droits de l'homme, il est clair que les énergies doivent maintenant être axées sur l'établissement d'une paix juste et durable. En ce qui concerne la question de Prevlaka - question de sécurité -,

tout comme les autres questions résultant de l'agression et des prétentions territoriales de la République fédérale de Yougoslavie, les négociations bilatérales ont été sans succès. La simple raison est que la République fédérale de Yougoslavie ne souhaite pas accepter les frontières internationalement reconnues de la Croatie. Ce n'est que lorsque la République fédérale de Yougoslavie acceptera Prevlaka comme une question liée purement à la sécurité et non pas un différend territorial et s'abstiendra d'abuser de cette question dans les relations internes serbo-monténégrines, qu'un règlement sera possible. L'ouverture des passages frontaliers avec la République de Monténégro a - par la libre circulation des personnes et des marchandises - contribué de manière considérable à la stabilité régionale et à la transformation démocratique du Monténégro. A cet égard, la Croatie a proposé la mise en place d'un régime bilatéral de sécurité pour succéder au régime en cours administré par la Mission des Nations Unies à Prevlaka. De l'avis de la Croatie, toute prorogation du mandat de cette Mission ne profitera qu'à ceux qui souhaitent le statu quo indéfini des négociations, ce qui est contraire aux relations de bon voisinage et aux intérêts de stabilité de la région.

La question juridique clé découlant de la désintégration de l'ex- République fédérale socialiste de Yougoslavie demeure celle de la succession. Tant que cette question ne sera pas réglée, les perspectives d'une normalisation durable dans la région sera sapée pour tous les Etats successeurs. La responsabilité de cet état incombe principalement à la République fédérale de Yougoslavie, qui persiste à rejeter les conclusions de la Conférence conjointe ONU-Union européenne sur l'ex-Yougoslavie, ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale. Au cours de l'année dernière, la Croatie a persévéré dans sa détermination d'élargir et d'enrichir le contenu et le champ d'application de ses relations bilatérales spéciales avec la Bosnie-Herzégovine. La Croatie continuera à la fois à appuyer la mise en oeuvre des Accords de Dayton concernant la Bosnie-Herzégovine et à maintenir son engagement pour garantir les droits des Croates dont le nombre est le plus faible des trois entités en Bosnie-Herzégovine. La protection de leurs droits ne peut se faire que par une application de bonne foi des Accords et par la bonne volonté des deux autres entités. Par ailleurs, le nouveau Pacte pour la stabilité en Europe du Sud-Est est établi sur une base rationnelle assurée par la perspective d'inclusion des Etats de la région au processus d'intégration euro-atlantique. Toutefois, son succès dépendra de l'évaluation individuelle des progrès réalisés par les Etats respectifs, établie selon des critères simples, clairs et transparents. La Croatie apporte son plein soutien au processus lié au Pacte et réaffirme sa détermination de continuer à participer activement à sa mise en oeuvre. En dépit de difficultés économiques, le Programme national pour le retour et l'installation des personnes déplacées, des réfugiés et des personnes exilées est mis en oeuvre avec succès. Le Gouvernement croate maintient des relations intensives avec le Tribunal international pour

l'ex-Yougoslavie. Toutefois, elle n'est pas pleinement satisfaite des résultats obtenus jusqu'à ce jour. Les mises en accusations prononcées jusqu'ici ne reflètent pas de manière adéquate l'ampleur des crimes commis par les différentes parties. Personne n'a encore été inculpé des crimes commis contre les Croates bosniaques. La République fédérale de Yougoslavie continue à abriter le criminel de guerre Mile Martic et les auteurs des crimes haineux commis à Vokovar. Ceci est un obstacle majeur à la réconciliation.

La Croatie attache une importance particulière aux questions liées au déminage et à la destruction des mines antipersonnel. En dépit des nombreux travaux accomplis dans ce domaine, des centaines de milliers de mines subsistent sur le territoire de Croatie. Ayant ratifié la Convention d'Ottawa l'année dernière, la Croatie a accueilli à Zagreb en juillet dernier une Conférence régionale sur les mines antipersonnel, et échange ainsi son expérience et son expertise en vue d'éliminer ces armes.

M. NGUYEN MANH CAM, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Viet Nam : il est regrettable que nombre de réalisations nées de la mondialisation ne soient pas mises uniquement au service de l'homme, et qu'elles soient bien au contraire utilisées de mauvaise foi, voire abusivement aux dépens de l'humanité. La course aux armements surtout nucléaires et aux nouveaux types d'armement de plus en plus sophistiqués, dangereux et meurtriers consomme non seulement des ressources considérables mais risque encore de détruire la vie et l'environnement. Au cours de cette année, la situation de certaines régions a placé la communauté internationale devant un défi de la politique du diktat d'un groupe de pays et d'organisations régionales. L'attaque militaire unilatérale à l'encontre de pays souverains dans les Balkans et dans le Golfe, ont créé des précédents dangereux. Il n'est pas possible, pour les Nations Unies, d'édifier la paix et la sécurité ni de les garantir pour tous si le droit international et la Charte des Nations Unies ne sont pas strictement mis en oeuvre. Aujourd'hui, la paix et la sécurité sont liées de manière dialectique et cohérente au développement. Le développement est devenu un facteur important du concept de la sécurité dans sa large acceptation.

Force est pourtant de constater que la face cachée et les impacts négatifs du double processus de régionalisation et de la mondialisation se font de plus en plus sentir. Les Nations Unies pourront et devront devenir un appui pour les pays membres impliqués dans ce double processus. L'Organisation doit promouvoir les liens entre la paix, la sécurité et le développement de manière à ce que la mondialisation et la régionalisation n'évoluent pas dans le sens contraire aux besoins, au niveau de développement et aux spécificités de chaque Etat de chaque région. L'ONU s'est donné pour objectif de réduire d'ici l'an 2015 de 50% le niveau actuel de pauvreté et de famine dans le monde. Il est évident qu'afin d'atteindre cet objectif,

la mobilisation des forces endogènes dans chaque Etat revêt une signification cruciale. Cependant, le concours extérieur nécessaire à la création des conditions et d'un environnement favorable au développement est aussi importante, voire indispensable. Les Nations Unies, à travers l'Assemblée générale, pourront jouer un rôle important dans la promotion de la coopération Nord-Sud.

Le rôle de l'Assemblée doit d'ailleurs être renforcé en ce qu'elle est l'organe principal du système des Nations Unies, présenté par la plupart des pays membres comme la démonstration complète des principes de démocratisation et d'égalité entre les Etats. La réforme du Conseil de sécurité constitue, elle, le secteur le plus important. Pour le Viet Nam, il faut un Conseil plus représentatif, plus démocratique, plus transparent et plus responsable. Le Viet Nam estime que la réforme doit mener à l'attribution d'un siège permanent à un représentant des pays en développement. Dans la région de l'Asie, la garantie de la paix et de la sécurité reste toujours une préoccupation commune. Le Viet Nam souhaite que les pays en dehors de la région, surtout ceux qui possèdent des armes nucléaires, coopèrent avec les pays de cette région pour que ces derniers puissent concrétiser le Traité instituant une Asie du Sud-Est dénucléarisée. Le Viet Nam apprécie le soutien au Traité qu'ont déjà manifesté la Chine et la Fédération de Russie.

M. BONAYA ADHI GODANA, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Kenya : le Kenya est convaincu que la pauvreté est la cause profonde des conflits qui affectent diverses régions du monde. Les pays africains ont pris des initiatives pour résoudre les divers conflits qui font rage sur le continent. Bien que des progrès aient été enregistrés, de nombreux conflits demeurent insolubles. Dans la région, le Kenya, aux côtés des autres membres de l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), s'est activement engagé dans la recherche d'une solution aux conflits au Soudan et en Somalie. Lors de sa dernière réunion en juillet à Nairobi, le Sous-Comité pour le processus de paix au Soudan a convenu de créer un Secrétariat permanent en vue de faciliter les négociations visant à résoudre le conflit dans le Sud de ce pays. Le Kenya qui préside ce Sous-Comité, a bon espoir que ce nouvel arrangement contribuera de manière positive à la conclusion d'un règlement négocié. La communauté internationale devrait reprendre son soutien à la Somalie et l'ONU devrait s'impliquer davantage dans les efforts régionaux en cours. La nouvelle initiative présentée le 22 septembre dernier devant cette Assemblée par le Président Guelleh de Djibouti, qui préside l'IGAD, mérite d'être examinée avec sérieux. L'intégrité territoriale de la Somalie doit être respectée. Les entités régionales qui auraient vu le jour pendant cette période de l'histoire de la Somalie devraient être considérées comme des composantes d'un futur gouvernement d'unité nationale. Notre engagement en faveur d'une Somalie unie ne peut faiblir.

La crise en République démocratique du Congo est une autre source de préoccupation en ce qu'elle menace non seulement la région des Grands Lacs mais aussi le reste du continent. Le Kenya s'est donc impliqué dans les tentatives visant à résoudre ce conflit. D'ailleurs, son offre d'accueillir à Nairobi le débat national congolais sur l'avenir politique du pays, est toujours valable. Le moment est venu pour le Conseil de sécurité d'intervenir de manière active et de fournir un soutien tangible au processus de paix en RDC. L'Afrique s'attend à ce qu'il octroie un soutien d'une ampleur et d'une teneur équivalentes à celui fourni à d'autres opérations de maintien de la paix dans le monde. La reprise des hostilités en Angola n'augure rien de bon pour l'avenir de ce pays et le chef de l'UNITA (Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola), M. Jonas Savimbi, doit mettre fin sans délai à tous les actes d'hostilité contre la population angolaise. De même, l'Ethiopie et l'Erythrée doivent faire preuve de la plus grande retenue et ne pas reprendre les combats.

Il ne peut y avoir de dérogation à la responsabilité première du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Mais, le principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures d'Etats Membres doit demeurer un élément cardinal de la conduite des relations internationales. Le Kenya a de sérieuses réserves quant au point de vue qui se développe selon lequel même la Charte de l'ONU laisse une certaine liberté d'action pour une intervention non onusienne. Il faut soigneusement peser le pour et le contre d'une telle approche, en gardant en mémoire les préoccupations légitimes de souveraineté. La souveraineté des Etats demeure en effet au centre du discours diplomatique. Toute dérogation à ce principe, dans le cas d'urgences humanitaires graves, doit reposer sur un consensus général au sein de l'ONU.

Sur le front économique, le Kenya estime que la lenteur des progrès de l'Afrique sur la voie de la croissance économique durable et du développement est directement liée à l'échec de la communauté internationale à mobiliser les ressources adéquates pour le développement. Cette situation est aggravée par les situations de conflit interne et la prévalence de maladies comme la malaria et le VIH/sida. Tout en se félicitant de l'Initiative en faveur des pays pauvres fortement endettés, le Kenya souhaite que l'on élargisse la couverture de cette initiative afin d'inclure davantage de pays endettés. Il faudrait aussi envisager de modifier les conditions de l'Initiative pour permettre à des pays non couverts, comme le Kenya, de participer sans perdre leur accès aux crédits qui leur seraient autrement accessibles. Les termes et conditions de cette Initiative sont fondés sur une approche au coup par coup qui ne contribuera pas à l'objectif global de l'annulation de la dette. Les mesures en faveur de l'allégement de la dette devraient être structurées de manière holistique et globale sans éroder la capacité future de l'Afrique à attirer des investissements, et être liées au développement social et économique du continent à long terme.

La prolifération des armes légères illégales et l'augmentation de leur utilisation criminelle sur le territoire kenyan, souvent par le fait de groupes traversant nos frontières, nous poussent à plaider en faveur d'une coopération internationale concrète et durable pour mettre fin au commerce illicite de ces armes. Le Kenya accueillera d'ailleurs avant la fin de l'année une réunion consacrée à cette problématique et à ses conséquences sur la sécurité et les conflits dans la région. Le Kenya tient toutefois à faire une distinction nette entre le droit légitime des Etats souverain à l'auto- défense et donc à se procurer l'armement à cette fin, et le commerce illicite d'armes légères impliquant des acteurs non étatiques.

Le Kenya juge impératif que la réforme du Conseil de sécurité débouche sur une plus grande responsabilité redditionnelle, une démocratie accrue et une représentation plus équitable. Les pays africains ont fait valoir avec persuasion qu'ils méritent au moins deux sièges permanents au sein du Conseil. Notre expérience récente, en tant que membre non permanent, nous a convaincus qu'il est urgent de restructurer cet organe pour que les pays en développement puissent jouer le rôle qui leur revient de droit dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

M. DAVID ANDREWS, Ministre des affaires étrangères de l'Irlande : cette année, la responsabilité des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix et la sécurité internationales a été mise à rude épreuve. La nécessité d'élaborer de meilleures stratégies préventives est flagrante et il est tout simplement inacceptable que les Nations Unies soient privées des ressources qui leur sont indispensables pour mener à bien la prévention des conflits. Nous devons nous pencher sur les moyens de soutenir le Secrétaire général dans les grands travaux qu'il a entrepris. Il possède des pouvoirs qui lui sont conférés selon la Charte et doit être encouragé à les exercer pleinement. En tant qu'Etats Membres, nous devons veiller à ce que le Secrétaire général jouisse de pouvoirs plus étendus.

Je souhaite rendre hommage au travail exceptionnel accompli par la Mission des Nations Unies au Timor oriental, MINUTO. L'Irlande, tout comme ses partenaires au sein de l'Union européenne, est fermement déterminée à ce que la population du Timor oriental jouisse de l'indépendance qu'elle a librement choisi.

La consultation électorale s'est déroulée de manière pacifique et reflétait le voeu clairement exprimé par le peuple du Timor oriental d'accéder à l'indépendance. Cette consultation a été suivie d'attaques systématiques et féroces contre la population. La Haut Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, a appelé à la création d'une commission d'enquête internationale et nous nous joignons à cet appel.

Je salue l'action décisive entreprise par le Conseil de sécurité et qui a permis l'adoption de la résolution 1264, bien que je regrette que cette action ne se soit pas déroulée plus rapidement. Toutes les dispositions de la résolution 1264 doivent à présent être appliquées en tout point. Le désastre humanitaire concerne le Timor oriental et occidental. Tous les réfugiés timorais, où qu'ils se trouvent, doivent pouvoir retourner chez eux.

Je me félicite des initiatives de réconciliation nationale récemment entreprises dans plusieurs pays africains, y compris en Sierra Leone et dans la République démocratique du Congo. La patiente diplomatie et la détermination de dirigeants de ce continent a établi les fondements pour la résolution de certains conflits récents. Ces efforts méritent et nécessitent cependant le soutien et l'engagement de la communauté internationale.

Je souhaite souligner l'importante influence du fardeau de la dette sur les pays en développement, et particulièrement sur les pays pauvres les plus endettés. A cet égard, le lancement, il y a deux ans, de l'Initiative conjointe de la Banque mondiale et du FMI en faveur des pays lourdement endettés a fait naître l'espoir qu'une action concrète allait être entreprise pour atténuer la crise de la dette, et particulièrement de la dette multilatérale. Des progrès en ont effectivement découlé, mais l'Initiative a profité à peu de pays. L'Irlande regrette la baisse historique du volume de l'aide publique au développement.

En ce qui concerne la situation en Irlande du Nord, et suite à l'"Accord du vendredi saint" conclu en avril 1998 par les Gouvernements britannique et irlandais ainsi que huit partis politiques, il est vrai que la paix reste imparfaite. Dans certains endroits, les tensions entre les deux communautés sont inquiétantes. Mais, dans l'ensemble, l'Irlande est plus paisible qu'elle ne l'avait été depuis une génération. Les rapports entre les deux parties de l'Irlande, ainsi qu'entre l'Irlande et la Grande-Bretagne, sont plus étroits et plus sereins qu'ils ne l'ont jamais été. Les peuples ont toujours droit à la paix et en sont maintenant venus à l'exiger. Nous avons franchi une étape et ne saurions revenir en arrière.

Au cours de l'année qui vient de s'écouler, un grand nombre de mesures ont été prises pour assurer la mise en oeuvre concrète de l'Accord, et notamment en matière de droits de l'homme, de réconciliation et d'aide aux victimes de la violence. La Commission indépendante, qui a été créée conformément à l'Accord afin d'adopter des recommandations concernant un nouveau type de politique en Irlande du Nord, a travaillé avec une grande efficacité. Les gouvernements et les partis ont terminé le travail technique préparatoire nécessaire à la création des nouvelles institutions politiques prévues par l'Accord.

En dépit de ces progrès, nous n'avons pas réussi à résoudre certains désaccords. C'est pourquoi nous avons fait appel au Sénateur George Mitchell des Etats-Unis, qui a présidé les discussions qui ont abouti à l'Accord afin qu'il facilite les démarches. Nous devons appliquer l'Accord dans sa totalité, car il offre une généreuse et courageuse vision de tolérance et de coopération entre ceux qui se partagent l'île de l'Irlande. Nous ne devons pas laisser la réalisation de l'Accord à la génération à venir.

M. ANTOINE KOLAWOLE IDJI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Bénin : le Bénin est en paix à l'intérieur de ses frontières, avec ses voisins, avec l'ensemble de la communauté internationale mais nous sommes gravement préoccupés par les conflits atroces qui continuent de dévaster et de déstabiliser le continent africain. Le Bénin est disposé à continuer de soutenir les efforts consentis par l'Afrique elle-même, et ceux que les grandes puissances mettent à sa disposition dans le cadre de la prévention, du règlement et de la gestion durable des conflits. A cet égard, c'est le lieu de saluer l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et certaines organisations sous-régionales telles que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADEC) pour les initiatives courageuses qu'elles prennent en vue de faire de l'Afrique un continent où règnent la paix et la sécurité. Le Bénin loue également les efforts accomplis par le Nigéria, dans le cadre du Groupe de contrôle de la CEDEAO (ECOMOG) pour que la sous-région ouest-africaine en finisse avec les guerres et l'insécurité, qui sont des freins au développement et à tout progrès économique.

En cette ère de mondialisation accélérée, il importe de prendre conscience que le risque de marginalisation des économies les plus faibles et des peuples les plus vulnérables est bien réel, et il s'agit là d'un péril mortel. Pour parvenir à le conjurer, notre vision du XXIe siècle et nos perspectives d'avenir doivent être éclairées et renforcées par la mise en oeuvre effective des différents plans et programmes d'action adoptés depuis le début de cette décennie dans le cadre du système des Nations Unies. Dans ce contexte, la situation des pays en développement et des pays les moins avancés en particulier, mérite une attention plus accrue de la part de la communauté internationale qui doit consentir ces efforts pour créer des conditions propices à leur développement. Toutes les initiatives prises par la communauté internationale en faveur de l'Afrique n'auraient aucun impact sur le développement du continent si les pays africains eux-mêmes soutenus par les partenaires au développement ne redoublent d'efforts pour entreprendre les réformes qui s'imposent et pour mobiliser les ressources financières. L'amélioration des performances économiques passe obligatoirement par une solution rapide et durable des problèmes liés à la dette extérieure; l'apport de ressources financières nouvelles et additionnelles nécessaires pour répondre aux besoins croissants de financement; le transfert de technologies nouvelles et appropriées; la promotion d'un véritable système d'échanges internationaux ouvert et équitable; ainsi que des encouragements appropriés aux efforts de diversification et de modernisation des économies.

Ce nouveau partenariat avec l'Afrique doit se donner pour ambition de permettre à l'ensemble des pays africains, de bénéficier des bienfaits de la mondialisation. C'est cette vision de développement qui a amené le Bénin à accepter d'accueillir à Cotonou, en février 1999, la réunion des représentants résidents du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) opérant en Afrique pour réfléchir sur la problématique du développement de l'Afrique au prochain millénaire. Cette Conférence a recommandé notamment une approche pour le développement fondée sur la promotion de la paix et de la sécurité à l'intérieur des Etats et entre eux, l'intégration réelle du continent africain dans l'économie mondiale, et la création d'un observatoire régional africain pour la mondialisation. Dans le cadre de ses réformes économiques, le Bénin a engagé des actions en matière d'assainissement des finances publiques, de libéralisation de l'économie, de lutte contre la corruption, et de préservation de la paix sociale et de la stabilité politique. Le Bénin qui vient de renouveler son Parlement, procédera prochainement aux élections municipales en vue de mieux ancrer la démocratie à la base. La quatrième Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, qui se déroulera à Cotonou en décembre 2000, n'aura de sens et de portée que si tous les démocrates acceptent d'y contribuer sincèrement, permettant de faire faire à la démocratie un bond décisif à l'échelle de la planète.

M. ALFRED MUBUNDA, Ministre d'Etat chargé des affaires étrangères de l'Ouganda : la mondialisation a participé à marginaliser davantage les économies africaines. A cet égard, la contribution des sociétés transnationales au déséquilibre du système économique exige un rôle plus actif des Nations Unies dans les efforts communs pour réglementer les activités de ces acteurs non gouvernementaux pourtant puissants. L'Ouganda propose donc à la communauté internationale de faire renaître le Centre et la Commission des Nations Unies sur les sociétés transnationales.

La déclaration de l'Ouganda devant l'Assemblée générale serait incomplète si elle ne soulignait pas l'engagement du pays en faveur du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. En 1994, le monde a été le témoin du génocide au Rwanda qui a coûté la vie de près d'un million de personnes. Entre 1997 et 1998, un événement similaire a failli se produire dans la République démocratique du Congo. Hormis ses préoccupations légitimes quant à sa sécurité et son intégrité territoriale, l'Ouganda juge inacceptable que des violations massives du droit à la vie se reproduisent dans son voisinage où à n'importe quel endroit dans le monde. L'Ouganda se félicite, en conséquence, de l'évolution du droit humanitaire international qui ne protège plus le génocide du manteau de l'interdiction de l'ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat. Le caractère résolument obsolète de ce principe doit conduire la communauté internationale à adopter une convention autorisant une intervention automatique en cas de violations massives du droit à la vie. A cet égard, l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale est venu comme un soulagement dans la région des Grands Lacs.

Les ramifications du génocide au Rwanda sont toujours d'actualité et la région demeure un foyer potentiel de violations des droits de l'homme similaires voire plus graves. La situation dans la région des Grands Lacs, et en particulier dans la République démocratique du Congo, a été une source de préoccupations non seulement pour les pays de la région mais aussi pour la communauté internationale. Avec l'appui de cette dernière, les pays de la région ont travaillé sans relâche à la promotion d'une issue pacifique à la crise congolaise. Il faut saluer, dans ce contexte, les efforts du Président de la Zambie qui ont abouti à la signature d'un Accord de cessez-le-feu dit Accord de Lusaka.

L'Ouganda a clairement manifesté son engagement à la mise en oeuvre de cet Accord comme tous les signataires. Il n'est donc plus nécessaire, dans ces circonstances, d'inclure cette question à l'ordre du jour de la session actuelle de l'Assemblée générale. L'Accord de Lusaka couvre essentiellement les deux causes principales du conflit dans la République démocratique du Congo, à savoir les causes internes et les causes externes. Pour ce qui est des causes externes, un mécanisme a été établi pour régler les préoccupations relatives à la sécurité de la République démocratique du Congo et de ses pays voisins, dont l'Ouganda. La crise au Burundi a elle permis d'introduire un nouvel élément dans la gestion des crises, à savoir l'action collective. Comme il était devenu évident que le Burundi était sur le point de suivre le Rwanda sur la voie du génocide, la région a pris la décision ferme et collective d'imposer des sanctions au régime du Président du Burundi. Finalement, l'engagement des parties burundaises en faveur du processus de paix a conduit les dirigeants de la région à suspendre les sanctions. Si tout indique aujourd'hui que le processus de paix d'Arusha est sur le point de porter ses fruits, il faut néanmoins regretter la lenteur des choses. En ce qui concerne le Soudan, l'Ouganda est convaincu que le lien entre Etat et religion constitue la question fondamentale de la crise soudanaise. Dans une société multireligieuse et multiculturelle comme le Soudan, la seule voie de bonne gouvernance consiste à garantir la liberté de culte, l'égalité et le respect pour tous. Au niveau bilatéral, l'Ouganda est préoccupé par l'hostilité accrue qui caractérise ses relations avec le Soudan comme l'attestent les violations constantes de son intégrité territoriale et l'appui actif apporté par le Soudan aux groupes rebelles. L'Ouganda a néanmoins adhéré et continuera d'adhérer à toutes les initiatives de réconciliation malgré l'échec des précédentes tentatives comme celles du Président iranien, du Président Libyen ou de l'ancien Président sud-africain, M. Nelson Mandela.

Droit de réponse

Le représentant du Soudan, répondant aux observations formulées par l'Ouganda, a rappelé que son pays respecte le peuple et le Gouvernement ougandais avec qui il a des liens étroits. L'année dernière, le représentant d'un certain Etat avait qualifié le dirigeant ougandais d'un nouvel Hitler. Les actes commis par l'Ouganda visent à réaliser des objectifs personnels ambitieux. La politique et les pratiques établies par le Président ougandais visent à s'approprier les richesses de certains pays. Le représentant a fait remarquer que l'Ouganda est la partie qui apporte un appui financier et militaire aux rebelles dans le sud du Soudan. L'Ouganda a rejeté toute tentative de médiation de l'Iran et de la Jamahiriya arabe libyenne en vue de régler le différend. L'Ouganda n'a jamais respecté ses promesses. De ce fait, l'Ouganda a montré une fois de plus qu'il a des desseins dans certains pays de la région.

Documentation

Le programme de travail et le calendrier provisoires des séances plénières de l'Assemblée générale mentionné par le Président figurent au document A/INF/54/3.

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