En cours au Siège de l'ONU

AG/918

DROITS DE L'HOMME ET SOUVERAINETE DES ETATS : REDEFINITION DU RAPPORT ENTRE CES CONCEPTS RECOMMANDEE A L'ASSEMBLEE GENERALE

24 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/918


DROITS DE L'HOMME ET SOUVERAINETE DES ETATS : REDEFINITION DU RAPPORT ENTRE CES CONCEPTS RECOMMANDEE A L'ASSEMBLEE GENERALE

19990924

"Je demande à chaque diplomate dans cette pièce d'accepter le fait que l'équilibre traditionnel entre souveraineté des Etats et Droits de l'homme, entre l'Etat et le peuple, est en train de changer", a déclaré cet après midi M. Jozias van Aartsen, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas alors que reprenait le débat général de l'Assemblée générale. Soulignant ainsi les deux thèmes récurrents du débat général de ces derniers jours, M. Van Aarsten a fait observer qu'une préoccupation croissante pour le respect des droits de l'homme animait aujourd'hui l'humanité. Lui faisant écho, le Président de la Gambie, le Colonel Yahya Jammeh, a affirmé que tout en respectant le principe de non ingérence dans les affaires internes d'un pays, la communauté internationale se devait d'intervenir face à certaines atrocités, telles que le nettoyage ethnique.

Mme Andrea Willi, Ministre des affaires étrangères du Lichtenstein, a souligné pour sa part la prise de conscience universelle d'un besoin urgent de renforcer les activités de prévention et de remplacer le concept classique de souveraineté par un nouveau concept qui permette de maîtriser des situations de crises potentielles ou réelles. La communauté internationale reste bloquée dans une situation où l'exercice du droit à l'autodétermination - condition préalable à la jouissance de tous les droits de l'homme - est nié parce qu'il se voit confondu avec le droit à l'indépendance et à la création d'un Etat. Pour le Ministre des affaires étrangères de la Hongrie, M. Janos Martonyi, l'idée de la souveraineté nationale est de moins en moins une justification acceptable derrière laquelle les gouvernements peuvent s'abriter en cas de violations graves dans leurs pays des normes juridiques internationales. C'est également pour cette raison que le Président de la République de Slovénie, M. Jamez Drnovsek, a recommandé un renforcement de l'efficacité de la justice internationale.

La prospérité économique étant le premier garde fou contre l'explosion des conflits, source de violations des droits de l'homme, M. Lansana Conté, Président de la République de Guinée, M. Jammeh, et M. Janos Martonyi, ont tous insisté sur la nécessité d'éradiquer une pauvreté exacerbée par une mondialisation accrue, et ce afin de faire régner la paix et la sécurité dans toutes les régions.

(à suivre - 1a) - 1a - AG/918 24 septembre 1999

S'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. Bharrat Jagdeo, Président de la République de Guyane, a défendu l'idée d'une réelle coopération qui repose sur un concept d'assistance et de partage véritable. Les pays du groupe des 77 et la Chine se sont engagés à rechercher les moyens d'accélérer le développement et ont décidé d'organiser un sommet du sud à Cuba en prévision de la Conférence sur le financement du développement, a expliqué M. Jagdeo.

Le Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas , qui est également Président du Conseil de sécurité, a indiqué son intention de porter à l'attention du Conseil de sécurité la situation en Afrique tout en s'interrogeant sur la capacité du Conseil à mener à bien son mandat et notamment sur sa composition et l'exercice du droit de droit de veto.

Ont participé au débat : M. Lansana Conté, Président de la République de Guinée, le Colonel (à la retraite) Yahya Jammeh, Président de la République de la Gambie, M. Bharrat Jagdeo, Président de la République du Guyana, M. Janez Drnovsek, Premier Ministre de la République de Slovénie, Sir Michael Somare, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, M. Jozias van Aartsen, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. Yousef Bin Alawi Bin Abdullah, Ministre des affaires étrangères d'Oman, M. Janos Martonyi, Ministre des affaires étrangères de Hongrie, M. Halldor Asgrimsson, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur de l'Islande, Mme Andrea Willi, Ministres des affaires étrangères du Lichtenstein, le Prince Mohamed Bolkiah, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam, M. Win Aung, Ministre des affaires étrangères du Myanmar.

Les représentants des Etats-Unis, de Cuba et de l'Iraq ont exercé leur droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général le samedi 25 septembre à 9 heures.

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Allocution de M. Lansana conté, Président de la République de Guinée

M. LANSANA CONTE, Président de la République de Guinée : la multiplication des conflits sape les base de la paix et de la sécurité internationales et compromet dangereusement les efforts de développement de nos Etats. La République de Guinée ne saurait se taire ni occulter ses préoccupations face à la multiplication des foyers de tension et de conflits à travers le monde, singulièrement en Afrique. Toutefois, malgré cet environnement difficile, notre continent a pris courageusement en charge son destin en se dotant, sous l'égide de l'OUA, d'un mécanisme de prévention des conflits. Ce mécanisme, pourrait avec l'aide de l'ONU, jouer un rôle de premier plan dans le maintien de la paix sur le continent. L'Afrique a besoin de la coopération internationale pour conférer à cet instrument toute son efficacité au regard de l'ampleur et de la complexité de la tâche qui lui incombe.

L'Afrique de l'Ouest est une zone particulièrement éprouvée par les guerres fratricides au Libéria, en Sierra Leone et en Guinée-Bissau. Une attention particulière doit être portée au sort des jeunes de ces pays. Des milliers d'entre eux ont été entraînés dans ces guerres et ils ne connaissent que le métier des armes. Il est impératif de prévoir et d'assurer leur insertion économique et sociale pour éviter qu'ils ne soient la proie facile des seigneurs de la guerre.

La République de Guinée a été affectée par ces conflits et a été considérablement freinée dans ses objectifs de développement. L'impact des réfugiés et leur poids sur le pays a été énorme, faisant ainsi de la Guinée l'un des premiers pays d'asile au monde. Les réfugiés représentent plus d'un dixième de sa population. Malgré le soutien de la communauté internationale face aux crises et conflits en Afrique, il est regrettable de constater le traitement discriminatoire dont l'Afrique est l'objet dans le gestion du problème des réfugiés. Nous saluons dans ce contexte l'initiative des Nations Unies de faire de la République de Guinée le point d'appui de la stabilité dans la sous-région. Une conférence de solidarité avec la Guinée pour le renforcement de sa stabilité et de ses efforts de développement durable aura bientôt lieu à Bruxelles. Nous attendons beaucoup de cette rencontre et lançons un appel aux bailleurs de fonds afin qu'ils accroissent leur soutien à nos efforts de gestion des conséquences socioéconomiques de la présence massive des réfugiés sur notre territoire. Par ailleurs, nous demeurons profondément préoccupés par les luttes fratricides en Afrique centrale et nous exhortons toutes les parties concernées à donner une chance aux négociations et médiations entreprises.

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Un autre grand sujet de préoccupation du continent africain touche aux questions économiques et de coopération internationale. Une approche globale et volontariste de la problématique du développement telle que définie par la deuxième Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l'Afrique mérite l'adhésion de la communauté internationale. Malheureusement, le dialogue Nord-Sud est dans l'impasse tandis que les disparités entre les pays riches du Nord et les pays non développés du Sud s'aggravent. Les effets de la mondialisation se traduisant par l'érosion de nos économies, il est plus nécessaire que jamais soient prévus des délais d'adaptation de nos pays au commerce mondial. Nous exhortons par ailleurs les pays donateurs à redoubler d'efforts pour atteindre l'objectif de 0,7 % de leur PNB au titre de l'Aide publique au développement. En outre, sans un traitement favorable de la dette des pays africains, aucun programme de redressement économique ne peut produire les effets escomptés. Nous appelons de tous nos voeux la tenue d'une conférence internationale sur la dette extérieure de l'Afrique. La République de Guinée poursuit actuellement un dialogue avec le Club de Paris, le Groupe consultatif et les bailleurs de fonds en vue d'un réaménagement significatif de sa dette extérieure.

Allocution du Colonel Yahya Jammeh, Président de la République de Gambie

M. COLONEL YAHYA JAMMEH, Président de la République de Gambie : tous les Etats grands et petits devraient contribuer aux efforts collectifs pour l'amélioration de notre monde. Nous devons nous engager à travailler et vivre en paix, nous devons respecter le droit souverain des nations à exister sans peur et sans être intimidés par d'autres nations. L'Assemblée générale devrait, par exemple, réviser sa position pour réhabiliter la République de Chine au sein des Nations Unies.

Au cours d'une transition de deux années vers notre constitution démocratique, notre gouvernement a immédiatement entrepris une restructuration intensive socioéconomique en bâtissant, entre autres, des écoles, des hôpitaux, des routes et en développant nos infrastructures. La Gambie, comme beaucoup d'autres pays en développement, a été contrainte de revoir ses priorités de développement en recherchant un environnement de vie plus approprié pour sa population. Ainsi mon Gouvernement travaille avec la banque mondiale, l'Union européenne et les agences spécialisées des Nations Unies dans le but d'éradiquer la pauvreté, l'illettrisme et la maladie. Nous nous sommes engagés en faveur de la constitutionnalité démocratique qui ne peut exister en situation de misère extrêmes.

L'absence de sécurité et de paix dans une partie du monde a des conséquences sur le reste de la planète. C'est pourquoi,en République de Guinée-Bissau, afin d'aider à la restauration de la paix, nous avons coopéré à l'ECOMOG. Nous avons également participé aux efforts de médiation en ce qui concerne la région de la Casamance au Sénégal.

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En Sierra Leone, aussi, nous nous réjouissons de l'Accord de paix entre le Gouvernement et le RUF qui devrait libérer son peuple de la terreur. La communauté internationale a une obligation d'aide dans l'application des accords de Lomé et nous lançons un avertissement quant à la nécessité d'une action rapide du Conseil de sécurité. De même nous félicitons l'OUA dans le rôle qu'elle a joué dans la résolution du conflit entre l'Erythrée et l'Ethiopie. Les Nations Unies devraient participer vivement au processus de mise en place d'un accord de cessez-le-feu dans ce conflit. De même, nous exhortons la communauté internationale à adopter ces mesures réelles pour permettre la résolution du conflit en Angola. Dans le cas de la Somalie, la communauté internationale doit intervenir en envoyant un signal clair aux chefs militaires soulignant leur attitude intolérable pour la société civile. Mon gouvernement appuie également le droit du peuple palestinien à disposer d'une terre de paix. De même mon Gouvernement ne permettra jamais que la situation entre l'Iraq et le Koweït ne soit pas réglée. Dans le cas du désarmement de l'Iraq, le conseil de sécurité ne devrait pas demeurer divisé et laisser croire qu'un pays peut dicter les termes d'une coopération avec la communauté internationale. Cependant une distinction très nette doit être faite entre le régime et son peuple. En ce qui concerne les régimes de sanction, Cuba a depuis trente huit ans souffert de sanctions qui sont inefficaces et inhumaines et nous demandons que soit immédiatement levé le blocus économique sur ce pays.

Il est important que tout en respectant le principe de la non-ingérence dans les affaires internes d'un Etat, il faut convenir que lorsqu'un Etat dépasse toutes les limites et s'engage dans une politique de nettoyage ethnique, la communauté internationale se doit de réagir. Nous insistons sur le fait qu'une vie en Angola ou dans d'autres parties de l'Afrique n'a pas moins de valeur qu'une vie au Kosovo ou au Timor oriental. Le Conseil de sécurité doit donc établir des critères régissant la mise en place de toute intervention humanitaire.

Nous savons que la pauvreté est à la base de nombreux conflits surtout en Afrique. Nous espérons que les recommandations de la session extraordinaire de l'Assemblée générale consacrée à la mise en oeuvre des recommandations du Sommet mondial sur le développement social seront suivies. En ce sens, ma délégation lance un appel pour l'élimination de la dette externe du continent africain. Nous notons avec satisfaction la réunion du Conseil économique et social en juillet à Genève et le fait qu'il ait porté une attention particulière au développement de l'Afrique. L'objectif de l'Union des Etats africains créé à Syrtre récemment, n'est pas de former un bloc militaire mais une association économique et politique qui permette de résoudre le problème de la pauvreté en Afrique.

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Aux vues du rapport sur le développement humain de 1999, où il a été dit que la mondialisation ne devrait pas seulement améliorer les profits mais le bien-être des individus, il devrait exister une plus grande coopération entre le Nord et le Sud. Nous attendons avec impatience l'Assemblée du millénaire qui pourrait permettre de renforcer notre volonté d'éliminer la pauvreté au seuil du nouveau siècle. Notre seul espoir de survie réside dans notre attachement au maintien de la sécurité internationale. Les Nations Unies représentent à cet égard nos espoirs et nos aspirations. Malgré les critiques acerbes de certains, nous pouvons envisager le rôle de l'Organisation au 21ème siècle. Mais l'Organe qui a le plus besoin d'urgentes et de sérieuses réformes demeure le Conseil de sécurité. Sa composition devrait être démocratique et transparente.

Allocution de M. Bharrat Jagdeo, Président de la République du Guyana

M. BHARRAT JAGDEO, Président de la République du Guyana, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine : malheureusement, les menaces qui pèsent aujourd'hui sur la paix et la sécurité internationales s'accompagnent aussi de forces économiques et sociales dont l'impact négatif touche de nombreux pays. Au cours des réunions régionales qui se sont tenues jusqu'ici en prévision de la CNUCED X, des appels à la prudence ont été lancés quant aux pires excès de la libéralisation du commerce.

Ayant déjà bénéficié des Cycles de Tokyo et de l'Uruguay, les pays industrialisés se montrent maintenant impatients de tenir d'autres négociations, dites la mère de tous les cycles de négociations sur la liberté du commerce à l'aube du nouveau millénaire. Il a été expliqué qu'en théorie, les pays en développement peuvent également bénéficier de la libéralisation accrue. Toutefois, compte tenu de leur incapacité structurelle à tirer parti des nouvelles opportunités, ils encourent toujours le risque d'une plus grande marginalisation voire d'une éviction des marchés mondiaux. Les négociations passées ont fait des concessions importantes aux pays développés tout en ne proposant que très peu, en termes d'ouverture des marchés, aux pays en développement. En d'autres termes, le problème qui se pose véritablement est celui d'un déséquilibre des forces entre les parties contractantes; déséquilibre naturellement à l'avantage des plus forts. Il n'en reste pas moins que les pays en développement continuent à être encouragés à prendre part au nouveau cycle de négociations, dit cycle du millénaire. Ces pays sont conscients d'une chose; aucune amélioration ne sera possible sans l'inscription à l'ordre du jour de ce nouveau cycle de questions intéressant les pays en développement.

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L'entrée de ces pays sur les marchés mondiaux est tributaire de la qualité de l'assistance qui leur sera offerte pour renforcer leur capacité de production et élargir leur accès aux marchés de l'exportation. L'entrée de ces pays dans les marchés mondiaux nécessite en outre une stabilisation du système financier et monétaire pour leur éviter les risques inhérents à la fluctuation des marchés monétaires. De même, compte tenu de la grande disparité qui caractérise aujourd'hui les capacités économiques des pays, des traitements spéciaux et différentiés sont nécessaires conformément aux principes de la partie IV des Accords du GATT et de sa clause législative de 1971. Dans le contexte de la mondialisation, il est de plus en plus urgent que la communauté internationale réfléchisse à une vision et à une stratégie modernes de développement qui puissent combler le fossé dangereux entre nations prospères et nations pauvres. Cette nouvelle approche doit se fonder sur un consensus international quant au développement et aux droits et obligations des partenaires. L'Initiative, prise par le G-8 à Cologne, visant à élargir la portée des mesures en faveur des pays les plus endettés est un pas dans la bonne direction. Il ne suffit toutefois pas à alléger le fardeau de la dette qui pèse toujours sur les épaules des pays en développement.

Cette question conjuguée au déclin de l'Aide publique au développement montre à suffisance la nécessité d'assurer au financement du développement une base plus solide et plus prévisible. Le Groupe des 77 et la Chine attache, par conséquent, la plus grande importance à la tenue de la Conférence de haut niveau prévue en l'an 2001. Le succès de la Conférence dépendra néanmoins du degré d'acceptation générale d'une approche plus inspirée de coopération au développement fondée sur un concept d'interdépendance et de partenariat véritables. Pour leur part, les pays du Groupe des 77 et la Chine se sont engagés à rechercher les voies et les moyens d'accélérer le processus de développement. C'est la raison pour laquelle ils ont décidé d'organiser un Sommet du sud à Cuba, en prévision de la Conférence sur le financement du développement. Ils entendent ainsi rechercher ensemble les moyens d'établir une base nouvelle d'intérêts communs; de renforcer la solidarité au sein du Groupe; de promouvoir la coopération entre leur pays; ou encore d'encourager l'échange d'informations et de technologies.

Suite du débat général

M. JANEZ DRNOVSEK, Premier Ministre de la Slovénie : nous sommes réunis ici non seulement pour la dernière fois au cours de ce siècle, mais pour la dernière fois au cours de ce millénaire et il est important que nous réfléchissions sur notre situation en tant que race humaine. En dépit des nombreux progrès réalisés et des raisons d'espérer, l'objectif ultime de la paix dans le monde reste une illusion. Le nombre de conflits ne cesse d'augmenter et il existe des millions de victimes civiles de politiques de déplacement, de destruction, d'intimidation et d'assassinat. Le Timor oriental et le Kosovo ne sont que deux exemples tragiques des conflits actuels, qui sont de plus en plus des conflits internes.

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Comment doit réagir la communauté internationale face aux violations flagrantes des droits de l'homme? Quand et comment peut-elle décider qu'un gouvernement ne veut pas, ou ne peut pas éviter une catastrophe humanitaire? Quand et selon quels critères peut-elle décider de recourir à ses moyens d'intervention? Ce sont là des questions sur lesquelles doivent se pencher tous les Etats Membres des Nations Unies. Cette nouvelle forme de conflits requiert de la communauté internationale qu'elle trouve de nouvelles approches et de nouveaux moyens pour protéger les populations civiles car les conflits armés actuels représentent désormais des problèmes humanitaires qui ne touchent plus seulement les nations directement concernées. Dans ce contexte la Slovénie accueille favorablement les initiatives visant à promouvoir la sécurité humaine, à la fois physique et légale. De nouvelles méthodes de prévention de conflit et de nouveaux concepts de maintien de la paix sont en cours d'élaboration tels que la diplomatie préventive et le déploiement préventif. La Slovénie considère qu'à l'orée du nouveau millénaire, la promotion et la protection des droits de l'homme doit être le principe sous- jacent à toutes les activités des Nations Unies et de la communauté internationale.

En tant que membre élu au Conseil de sécurité, nous participons au maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nous estimons qu'il faut accorder une importance particulière aux initiatives de prévention dans des situations qui constituent une menace potentielle pour la paix internationale afin de trouver des solutions pacifiques avant qu'elles ne se transforment en conflit armé. La nouvelle nature des conflits armés s'est également répercuté sur le rôle du Conseil de sécurité dans sa responsabilité première en matière de maintien de la paix internationale. Nous prenons note de la volonté croissante des organisations régionales à partager cette responsabilité au niveau régional. Par ailleurs, nous constatons l'écart croissant entre les normes et le droit humanitaire international et la réalité sur le terrain. Ceux qui commettent des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité doivent être traduits devant les juridictions appropriées devant la justice. Cela relève en premier lieu de la responsabilité des Etats qui doivent agir à la fois à travers leurs systèmes juridiques nationaux et collectivement, à travers un système de justice international effectif.

Les efforts déployés en matière de désarmement représentent un élément important dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. En dépit des progrès récents dans ce domaine, il est impératif de renforcer les efforts de désarmement dans les domaines des armes de destruction massive et des armes conventionnelles.

- 8 - AG/918 24 septembre 1999

M. MICHAEL T. SOMARE, Ministre des affaires étrangères de la Papouasie- Nouvelle-Guinée : depuis l'arrivée au pouvoir de mon Gouvernement le 14 juillet dernier, cinq priorités ont été définies. Il s'agit de restaurer l'intégrité des institutions d'Etat, de stabiliser le taux de change de notre monnaie, de contenir l'inflation et de rétablir un dialogue constructif avec nos partenaires de développement. Nous travaillons à la stabilisation de notre budget national, à la privatisation de certaines institutions, à la création de meilleures conditions pour le secteur privé et à la poursuite du processus de paix de Bougainville. Mon pays souffre actuellement des retombées des crises économiques ayant touché nos partenaires commerciaux asiatiques et nous sommes contraints d'adopter des programmes de réformes importants pour protéger nos économies et nos citoyens. Les institutions financières internationales ont répondu positivement à notre appel tandis que l'Australie, la Chine, le Japon et la Nouvelle-Zélande ont indiqué leur soutien à nos programmes d'ajustement structurel. La Papouasie-Nouvelle- Guinée ne peut réaliser et développer ses programmes actuels de réformes que si elle bénéficie d'un soutien financier extérieur. Le "Partenariat dans la région Asie-Pacifique" est la seule alternative.

Pour ce qui est du conflit de Bougainville, nous constatons que la paix continue de se consolider et nous pouvons nous attendre à ce que le rôle et la taille du Groupe régional de surveillance de la paix soient modifiés. Le rétablissement des services de police, juridiques et correctionnels fourniront une aide importante à l'instauration de la paix. Dans l'éventualité où les parties au conflit ne sont pas en mesure de convenir d'arrangements constitutionnels avant la fin de cette année, nous souhaitons que le Conseil de sécurité autorise la prorogation du mandat de la Mission des Nations Unies à Bougainville. Pour ce qui est du processus de décolonisation, qui compte parmi les grandes réalisations des Nations Unies, nous nous félicitons des progrès réalisés dans la mise en oeuvre de l'Accord de Nouméa en Nouvelle- Calédonie et demandons instamment à toutes les parties d'honorer l'esprit et la lettre de l'Accord. La Décennie pour l'élimination du colonialisme touchera à sa fin l'année prochaine et nous demandons instamment aux puissances administrantes et aux membres du Comité spécial de travailler de concert à l'établissement d'un nouveau programme d'action pour l'année 2000 et au-delà. Nous demandons à toutes les parties en présence au Timor oriental de respecter les résultats du référendum. Nous souhaitons que les dirigeants du Timor oriental fassent la paix avec leur voisins. En même temps, il est important qu'ils reconnaissent que c'est le Gouvernement indonésien qui a permis un tel processus référendaire.

Nous demandons la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade pour le développement des petits Etats insulaires. Nous suivrons et appuierons les travaux futurs de la session extraordinaire des Nations Unies sur les petits Etats insulaires qui se tiendra les 27 et 28 septembre prochains.

- 9 - AG/918 24 septembre 1999

L'un des défis les plus importants qui attend les Nations Unies est le renforcement de la capacité de la communauté internationale à intervenir rapidement lors de catastrophes naturelles. Au sujet de la question des océans, nous nous joignons à ceux qui demandent que soit établi, lors de cette Assemblée générale, un processus consultatif permettant d'améliorer la coordination et la gestion des programmes relatifs à la protection des océans et des mers. Nous sommes préoccupés par une tendance qui s'est manifestée lors de la réunion récente de la Jamaïque de l'Autorité du droit de la mer, selon laquelle un certain nombre de pays essaient d'échapper à leurs obligations internationales envers l'environnement. Nous sommes préoccupés, en particulier, par le fait que certains pays semblent avoir placé l'intérêt de l'investisseur au-dessus de celui de la communauté internationale. Nous prenons note, en particulier, de la rétention d'informations que pratiquent certains Etats sous le couvert de la confidentialité. Pour ce qui est des essais nucléaires, nous réaffirmons notre adhésion à une zone exempte d'armes nucléaires dans la région du Pacifique Sud et notre soutien à toutes les zones exemptes d'armes nucléaires. Nous demandons aux Etats dotés de l'arme nucléaire et ceux à capacité nucléaire de mettre un terme à tous les essais, à la fabrication de telles armes et de prendre des mesures en vue de leur destruction. Ceci devrait également s'appliquer à toutes les armes de destruction massive. Des mécanismes compensatoires devraient être établis en faveur des victimes de telles armes.

M. JOZIAS VAN AARTSEN, Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas : la plupart des conflits actuels se déroulent sur le continent africain. Mais l'Afrique n'est pas seulement une terre de malheurs, elle est aussi une terre de joies, d'espoirs et nous devons nous débarrasser de nos préjudices et penser positivement. Malgré les difficultés, l'Afrique a déjà énormément accompli et le prochain siècle pourrait tout à fait devenir "le siècle de l'Afrique". Dans son rapport sur le sujet, le Secrétaire Général a mis en lumière le lien entre conflit et prospérité. Ainsi nous pensons que les membres du Conseil de sécurité devraient examiner cette question en profondeur et en tant que Président du Conseil, nous avons organisé un débat public ouvert la semaine prochaine, au cours duquel M. Kofi Annan nous fera part de ses observations sur la question.

Je voudrais aborder la question du renforcement de l'efficacité des Nations Unies. A plusieurs occasions, j'ai admiré l'habilité des Nations Unies à gérer l'urgence. En ce qui concerne l'anticipation des crises, les défaillances des systèmes d'alerte ou le manque d'informations ne peuvent être blâmés. C'est la réaction inadéquate des décideurs qui est en cause. La démocratie préventive existe non seulement à travers les efforts bilatéraux des principales nations ou les bons services du Secrétaire Général, mais par le Conseil de sécurité qui peut être, comme au Timor oriental, plus actif. Dans la discussion sur la réforme de ce Conseil, la question du droit de veto est un élément essentiel.

- 10 - AG/918 24 septembre 1999

Le fait qu'un seul Etat Membre puisse empêcher la communauté internationale d'agir face à d'atroces brutalités affecte aussi bien le pouvoir que la force morale de cette Organisation. On peut affirmer que sans ce droit le veto les Nations Unies n'auraient peut-être pas survécu au cours des cinquante dernières années. Mais on peut également affirmer qu'avec ce droit de veto les Nations Unies ne survivront pas aux cinquante prochaines années. Dans le monde multipolaire d'aujourd'hui, l'inaction répétée du Conseil de sécurité entraînerait des actions parallèles en dehors du cadre des Nations Unies, aggravant chaque fois un peu plus la marginalisation de l'Organisation, en tant que gardienne de la paix internationale.

Parler de manque de volonté politique est une platitude. C'est aussi une vue très partielle de la réalité. Avec l'amélioration des moyens de communication, les peuples, mieux informés des événements, attendent bien plus. Et l'écart entre ce qui est espéré et ce qui est possible devient de plus en plus visible. Alors que la misère humaine est dévoilée par les autoroutes électroniques, la diplomatie, elle, progresse par les sentiers. Je pense que nous sommes proche d'identifier le véritable obstacle. Au cours de ce débat, de nombreuses interventions ont manifesté un élément commun : elles ont mis en parallèle la notion de souveraineté avec celle des droits de l'homme ainsi que celle d'intégrité territoriale avec celle d'intervention humanitaire. Pour plus d'un millénaire, la notion de souveraineté a servi de fondement à l'architecture de nos politiques. Toutefois la place des droits de l'homme dans les relations internationales est en grande partie une idée d'après guerre. Aujourd'hui nous considérons comme une règle du droit international le fait qu'aucun Etat souverain n'a le droit de terroriser ses citoyens.

Je voudrais demander à chacun d'accepter le fait que l'équilibre traditionnel entre la notion de souveraineté et les droits de l'homme, entre l'Etat et le peuple, est en train de changer. Nous interprétons aujourd'hui les objectifs de la Charte comme devant protéger les droits humains des individus et non de ceux qui les maltraitent. Nous devrions de ce fait orienter nos discussions vers les problèmes des personnes et non pas ceux des Etats. De son côté, un Conseil de sécurité plus fort qui joue son rôle de leader, crédible et rapide doit accorder sa priorité aux hommes et non aux intérêts politiques.

M. YOUSEF BIN ALAWI BIN ABDULLAH, Ministre chargé des affaires étrangères d'Oman : à l'aube du prochain millénaire, la communauté internationale doit concentrer son attention sur la restructuration de l'Organisation et des institutions associées telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire internationale et autres institutions régionales et internationales, afin qu'elles fonctionnent efficacement pour la prospérité et la sécurité de tous. Il est important d'assurer un fonctionnement efficace de ces institutions internationales par l'injection de contributions financières et techniques des pays développés.

- 11 - AG/918 24 septembre 1999

Ces institutions doivent avoir pour objectif de réformer les économies des pays en développement, qui composent la plus grande part du marché mondial grâce à la fourniture des ressources naturelles et des matières premières. Le développement de ces pays contribuera, en conséquence, à l'instauration d'une économie mondiale plus stable. S'il faut se féliciter du rôle important de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international dans l'assistance aux économies asiatiques touchées par la dernière crise financière et le rétablissement de la confiance dans les marchés asiatiques, il faut néanmoins encourager ces deux institutions à revoir leurs conditions de prêts pour mieux venir en aide aux pays en développement. Dans la plupart des cas, ces conditions, par les problèmes sociaux et politiques qu'elles engendrent, empêchent les prêts d'atteindre leurs objectifs.

Dans le contexte actuel de mondialisation, il faut lancer un appel en faveur d'un équilibre plus grand entre pays développés et pays en développement. Il appartient aux premiers de prendre des mesures plus audacieuses dans le sens d'une annulation de la dette; d'une révision des coûts de la valeur ajoutée et de la création de nouveaux mécanismes économiques d'octroi des prêts, de régulation de la taille des industries et de la baisse de l'inflation mondiale. Il faut aussi encourager la création d'un système international chargé d'établir des rapports régionaux, sur une base périodique, pour permettre à chaque région de surmonter ses difficultés économiques. Le développement économique et les échanges commerciaux constituant le pont entre les êtres humains; les négociations menant à l'admission de nouveaux membres des pays en développement au sein de l'OMC doivent reconnaître que l'intérêt pour ces pays en développement d'une adhésion à l'OMC est que celle-ci est prometteuse de croissance commerciale et industrielle et de consolidation des capacités de concurrence.

Pour Oman, l'établissement d'un équilibre réaliste entre les intérêts des pays développés et des pays en développement doit être l'objectif principal de la troisième réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce. Cet équilibre doit s'inspirer des leçons de la guerre froide et de l'émergence du nouvel ordre mondial. Aujourd'hui, Oman nourrit l'espoir d'accéder à l'Organisation mondiale du commerce et de jouer pleinement son rôle. Il remercie tous les partenaires commerciaux qui l'on encouragé à présenter sa candidature et est disposé aujourd'hui à travailler étroitement avec tous les membres pour consolider le système commercial multilatéral. Oman accorde une importance particulière à la prochaine réunion ministérielle en ce qu'elle lancera une nouvelle phase de négociations multilatérale qui pourrait contribuer à tracer la voie d'un commerce mondial libre et prospère. La libération du secteur privé constitue un des problèmes les plus complexes auquel sont confrontés les pays en développement.

- 12 - AG/918 24 septembre 1999

Bien que la libéralisation de ce secteur ait profité aux pays en développement notamment en terme de flux de capitaux étrangers, de technologie, de compétences administratives et techniques modernes, il est à craindre que cette libéralisation s'accompagne de défis considérables inhérents à la loi de la concurrence. Oman espère que la communauté internationale apportera une assistance aux pays en développement pour consolider leur secteur privé et leur assurer ainsi leur part du marché mondial des services.

M. JANOS MARTONYI, Ministre des Affaires étrangères de la République de Hongrie : l'une des tâches les plus brûlantes devant les Etats et des organisations internationales au tournant de ce siècle est de mettre fin à l'aggravation de plus en plus rapide des inégalités qui se creusent entre les différentes régions du monde. De ce point de vue, une attention particulière devra être réservée au continent africain en proie à de multiples crises et conflits. Les inégalités sont une source majeure de l'émergence et de la prolifération des intégrismes de tous ordres, de l'intolérance et de la violence. La communauté internationale doit prendre conscience de l'importance qu'il y a à traiter de manière adéquate les problèmes globaux, tels que l'écart grandissant entre les niveaux de développement économique, la dégradation de l'environnement, les dangers posés par le crime organisé, les migrations incontrôlées, les maladies... Dans ce contexte nous tenons à relever le rapport qui existe entre mondialisation et intégration régionale.

A notre époque, la plupart des conflits ont lieu à l'intérieur des Etats, essentiellement sous forme d'affrontements ethniques ou religieux qui, trop souvent, mènent à des crises humanitaires importantes. D'où le grand débat qui s'est instauré dans la vie internationale sur la manière dont le monde devra réagir à des situations dramatiques ayant trait à la violation massive et flagrante des droits de l'homme, lorsque notre organisation mondiale se trouve paralysée. Grâce au développement du droit international, la souveraineté nationale est de moins en moins une justification acceptable derrière laquelle les gouvernements pourraient s'abriter en cas de violations graves dans leurs pays des normes légales internationales. A l'époque de la mondialisation, c'est l'intérêt collectif qui représente l'intérêt national. Compte tenu de l'expérience de cette dernière décennie dans le voisinage immédiat de mon pays, il faut dire ouvertement qu'il serait illusoire de s'attendre à une démocratisation en République fédérative de Yougoslavie si les choses restent inchangées à Belgrade. Dans ce contexte, nous soulignons l'importance de la mise en oeuvre des décisions du Tribunal international pour l'ex-Yougoslavie. Le Pacte de stabilité créé pour répondre aux besoins des pays de l'Europe du Sud-Est pourra jouer un rôle important dans la réhabilitation et le développement de la région. La communauté internationale est à nouveau mise à l'épreuve dans le cas du Timor oriental. Nous nous félicitons de la décision du Conseil de sécurité autorisant le déploiement au Timor oriental d'une force multinationale pour restaurer la paix.

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Les événements tragiques au Kosovo et au Timor oriental ne font que confirmer l'universalité des droits de l'homme et l'importance du règlement des conflits à temps et par des méthodes appropriées. Ils montrent aussi la valeur d'une collaboration harmonieuse entre l'ONU, les organisations régionales et des groupements particuliers d'Etats. Parmi les phénomènes qui menacent la sécurité dans le monde, une attention soutenue devra être consacrée au problème de la non-prolifération des armes de destruction massive. Dans ce contexte, nous regrettons que le Traité de non-prolifération (TNP) ne puisse pas encore exercer son influence favorable sur le processus de désarmement nucléaire et de non-prolifération. Nous voudrions également souligner la responsabilité des 44 Etats dont la ratification est indispensable à l'entrée en vigueur de ce Traité et rappeler que mon pays l'a déjà ratifié. Je ne saurai passer sous silence l'action qui vise à établir une Cour pénale internationale, institution indispensable à nos yeux pour agir face aux crimes contre l'humanité et aux crimes de guerre. Nous espérons que le nombre de signatures et de ratifications du Statut de Rome continuera à s'accroître et que les questions en litige ayant trait à l'acceptation de la Cour seront réglées au plus tôt. L'autorité et le prestige de l'ONU dépendent, dans une large mesure, de la capacité des Etats Membres de réformer l'Organisation. Les acquis obtenus jusqu'à présents dans ce domaine sont des éléments précieux quoique insuffisants, notamment en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité. Nous nous attendons à ce que le Sommet du Millénaire soit en mesure de donner l'élan nécessaire à la poursuite dynamique de la réforme onusienne.

M. HALLDOR ASGRIMSSON, Ministre des affaires extérieures et du commerce extérieur de l'Islande : nous devons faire en sorte que le processus de réforme des Nations Unies n'affecte pas l'image que le public a de notre Organisation. Nous devons également nous assurer que ce processus ne pèse pas sur le moral des fonctionnaires internationaux desquels nous dépendons pour la conduite des opérations qui se révèlent souvent dangereuses. Une approche constructive de la réforme est donc vitale pour l'avenir des Nations Unies. Il est indispensable de renforcer la capacité de l'ONU de relever les défis complexes du monde contemporain. Les délibérations répétitives du Groupe de travail sur la réforme des Nations Unies ne peuvent qu'affaiblir l'Organisation. Il convient d'examiner non seulement les structures mais également la substance. Nous accueillons avec satisfaction l'accent mis par le Secrétaire général sur la création d'une culture de prévention. Comme il l'a justement fait remarquer, nos pratiques et nos modes d'organisation sont axés sur la réaction plutôt que sur la prévention.

Lors d'une réunion de haut niveau cette année du Conseil économique et social, l'Islande a porté une attention particulière à la situation des populations pauvres urbaines des zones côtières. L'Islande pour sa part jouit d'une économie florissante grâce à son industrie de la pêche qui est à l'origine de création d'emploi.

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Il est évident qu'un secteur de la pêche développé peut constituer un élément central permettant d'assurer la sécurité alimentaire des pays en développement comme la Namibie, le Mozambique et le Malawi. Des partenariats entre l'Islande et des pays en développement ont mené à des transferts de technologie dans ce domaine. Nous estimons que de nombreux pays en développement pourraient tirer d'énormes avantages de l'utilisation rationnelle des océans. Près de la moitié des programmes islandais de coopération pour le développement ont été axés sur la recherche et la formation dans le domaine de la pêche, l'accent ayant été mis sur l'utilisation durable des ressources. Lors de la septième session de la Commission du développement durable qui a eu lieu en début d'année, nous avons pris note de la nécessité d'abolir les subventions d'Etat contribuant à la surproduction du secteur de la pêche dans le monde. Nous avons participé activement aux discussions portant sur la nécessité d'améliorer la capacité de coordination au sein du système des Nations Unies pour ce qui est de la gestion des océans. Nous estimons que les efforts déployés à cet effet doivent être puisés au sein des ressources existantes et doivent tenir compte de la nécessité de ne pas confier les problèmes régionaux ou locaux de gestion de la pêche à des organismes internationaux.

L'Islande préside actuellement le Conseil de l'Europe. Nous mettons l'accent sur la valeur et l'importance de la coopération entre le Conseil de l'Europe et les Nations Unies dans le domaine des droits de l'homme. Nous avons assisté à des exemples concrets de coopération au Kosovo où le Conseil de l'Europe travaille de concert avec les Nations Unies et d'autres organisations internationales en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité et du Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud Est sous l'égide de l'Union européenne. Les mesures de prévention sont au coeur des préoccupations des activités du Conseil de l'Europe relatives aux droits de l'homme, à la démocratie et à la primauté du droit. Par ailleurs, les islandais ne sont pas étrangers aux catastrophes naturelles et nous avons décidé de rejoindre les rangs de l'Equipe de coordination et d'évaluation des catastrophes naturelles des Nations Unies.

Mme ANDREA WILLI, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein : à l'heure de la mondialisation, les Etats de la communauté internationale doivent travailler main dans la main pour relever efficacement les défis actuels. Dans ce contexte, les Nations Unies apparaissent comme le forum idéal de discussions et de recherche de solutions des problèmes pour autant qu'elles soient dotées des instruments adéquats. Les dernières années ont été marquées par des réformes importantes dont la nécessité est accentuée aujourd'hui par les défis de mondialisation. Ces défis exigent aussi une participation plus active des acteurs non gouvernementaux, composantes des forces économiques, dans l'examen des questions et les processus de prise de décisions. En matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, il est évident que la crédibilité des Nations Unies dépend, pour une large part, de la crédibilité même du Conseil de sécurité.

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Cette crédibilité a au cours des dernières années, été mise à rude épreuve. La communauté internationale ne peut donc plus se permettre d'ignorer l'origine du problème. A cet égard, l'élément essentiel consiste en un respect strict de la Charte des Nations Unies et en une réforme du Conseil de sécurité. Le moment est donc venu de reconnaître que la question du veto est au centre d'une réforme crédible et durable du Conseil de sécurité. A la lumière du cas du Kosovo, nombreux sont ceux qui aujourd'hui se posent des questions sur la manière de concilier le rôle dévolu au Conseil de sécurité par la Charte et l'intervention humanitaire en l'absence d'un mandat du Conseil. Les organisations régionales devront-elles désormais assumer un rôle qui va au-delà des dispositions du Chapitre VII de la Charte ? Ces questions sont intéressantes, les réponses moins évidentes.

La question du Kosovo a montré pourquoi la prévention des conflits doit devenir le concept clé de la résolution des conflits. Si ce concept suscite parfois de la réticence et des hésitations, il n'en reste pas moins que chacun reconnaît aujourd'hui un sentiment d'urgence et un besoin important de renforcer les activités de prévention et de remplacer le concept classique de souveraineté par un nouveau concept qui permette d'appréhender avec détermination et efficacité des situations de crises potentielles ou réelles. Depuis plusieurs années, le Liechtenstein n'a cessé de préconiser des idées et fait des suggestions sur une approche préventive en ce qui concerne en particulier le droit à l'autodétermination. La communauté internationale reste bloquée dans une situation où l'exercice du droit à l'autodétermination - condition préalable à la jouissance de tous les droits de l'homme -est nié parce qu'il se voit confondu avec le droit à l'indépendance et à la création d'un Etat. L'autodétermination ne conduit pas forcément à la désintégration d'un Etat. Elle facilite au contraire la coexistence pacifique entre les Etats et les communautés jouissant d'un certain degré d'autonomie comme expression de leur droit à l'autodétermination. Il est temps de se libérer d'une pensée biaisée et archaïque et de reconnaître que l'exercice du droit à l'autodétermination peut prévenir la désintégration violente des Etats et la naissance de conflits internes avec leurs aspects ignobles et leur lot de souffrances sans fin.

M. MOHAMED BOLKIAH, Ministre des affaires étrangères de Brunéi Darussalam : à l'aube du XXIème siècle, la communauté internationale peut choisir de continuer à consacrer ses maigres ressources financières à des tentatives de règlement de ce qu'il faut bien appeler "les problèmes d'hier"; étant donné que certains d'entre eux datent de la création de l'Organisation comme la question de Palestine et d'autres encore du siècle précédant voire d'une douzaine de siècles ou plus. Il n'en reste pas moins que la communauté internationale consacre ses maigres ressources humaines et matérielles à apporter des remèdes temporaires à ses problèmes d'hier.

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Il faut bien reconnaître que malheureusement, ces problèmes seront toujours le lot de l'Organisation tant il est vrai qu'ils existent dans tous les continents, toutes les régions et toutes les sous-régions et même aujourd'hui dans le sud-est asiatique. Si réels qu'ils soient, ces problèmes ne doivent pas constituer le seul objectif de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité parce qu'il existe une alternative qui consiste à appuyer fermement et sincèrement le Secrétaire général dans ses efforts tendant à mener la communauté internationale vers ce que l'Organisation est capable de faire, de manière unique, à savoir : identifier les causes des tensions potentielles voire des conflits inévitables; coordonner les efforts internationaux pour les résoudre; et appliquer des solutions efficaces.

Il faut espérer que le choix de la communauté internationale portera sur cette alternative, mue par la conviction que c'est ce que les Nations Unies font de mieux. Ainsi, le oui s'imposera à la question de savoir si le monde s'est amélioré au cours des cinquante dernières années et la raison en sera l'existence des Nations Unies. Au cours des dernières années, de nombreuses actions des Nations Unies ont illustré ce postulat. En coopération avec les diverses organes non gouvernementaux, l'ONU a résolument attiré l'attention des Etats membres sur les problèmes importants auxquels ils seront confrontés au cours du siècle prochain. Il s'agit là d'une diplomatie préventive de haut niveau et cet aspect du travail de l'ONU est la raison pour laquelle les Nations Unies ont survécu jusqu'ici et vu leur composition s'élargir. C'est aussi la raison pour laquelle les peuples du monde continuent de regarder cette Organisation avec espoir. Dans ce contexte, le renforcement du rôle de l'Organisation devient impératif et une mise en oeuvre des plans de réforme doit se faire sans délai. La communauté internationale commence peu à peu à cerner le type de relations qu'elle souhaite entretenir avec l'Organisation à savoir des relations dans lesquelles l'Organisation mondiale entreprendrait des tâches à la portée de son personnel sur le terrain sans jamais s'essayer à d'autres pour lesquelles elle n'est pas équipée. Que l'Organisation conseille, provoque, stimule et aide, c'est là la voie à suivre. A cet égard, Brunéi Darussalam est particulièrement encouragé par les plans du Secrétaire général concernant le prochain Sommet du Millénaire. Le pays attend avec impatience son analyse et ses propositions ainsi qu'une définition plus précise du rôle des Nations Unies. Il faut espérer que cette définition sera conforme au concept de "problèmes d'aujourd'hui" et suggérera "des solutions de demain."

M. WIN AUNG, Ministre des affaires étrangères du Myanmar : avec la fin de la guerre froide, le monde traverse une période de profonde transition marquée par les incertitudes et les situations instables. Les solutions recherchées et les mesures prises en vue de régler ces situations doivent strictement respecter les principes de la Charte des Nations Unies, notamment les principes de souveraineté et ceux qui régissent les relations internationales.

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L'une des questions importantes de la réforme des Nations Unies est celle de la réforme de la structure et des méthodes de travail du Conseil de sécurité. Pour ce qui est de l'élargissement de la composition du Conseil de sécurité, le Myanmar, en tant que membre du Mouvement des non-alignés, est en faveur d'un élargissement à 26 membres et portant à la fois sur les membres permanents et non permanents. Nous nous apprêtons à célébrer l'année prochaine l'Assemblée du millénaire et il est important qu'il ne s'agisse pas simplement d'une cérémonie mais que la réunion débouche sur des idées et des résultats concrets.

Il est évident que les plus grands défis à relever au cours du prochain millénaire sont le développement économique et l'élimination de la pauvreté. A cet égard, la mondialisation peut avoir à la fois des effets positifs et négatifs, elle peut offrir de nouvelles opportunités mais aussi apporter des problèmes nouveaux. Les pays en développement sont davantage touchés par les effets négatifs du processus de mondialisation tels que le crime international, y compris le trafic de drogue, de personnes et d'armes ainsi que par le terrorisme. Ces crimes représentent de véritables menaces pour la paix et la sécurité à la fois sur le plan national et régional. Dans le cadre des efforts de renforcement de la coopération régionale, je me réjouis de faire part à l'Assemblée générale du fait que le Myanmar a accueilli cette année en juin la deuxième réunion ministérielle de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) portant sur le crime international. Le Gouvernement du Myanmar accorde également une priorité absolue à la lutte contre la drogue, et a développé un plan pour éliminer totalement toutes la production de pavot avant quinze ans. Dans le cadre de ce plan, certaines régions ont été déclarées "zones exemples d'opium" et les paysans se tournent vers d'autres cultures.

Je saisis cette occasion pour informer l'Assemblée générale de l'évolution politique récente au Myanmar. Mon Gouvernement prend des mesures concrètes pour la réalisation d'un état démocratique, développé et pacifique et souscrit pleinement aux principes inscrits dans la Déclaration universelle des droits de l'homme. Dans le domaine des droits de l'homme, nous sommes ouverts à toute suggestion fondée et avons d'ailleurs accueilli cette année une mission du Comité international de la Croix-Rouge qui a visité les prisons. Nous avons accepté cet été une visite d'une mission de l'Union européenne avec qui nous espérons renforcer nos relations. De même, nous souhaitons améliorer nos relations avec les Etats-Unis. Je suis heureux de confirmer que nous sommes prêts à recevoir M. de Soto lors d'une visite dans notre pays, dans un avenir proche.

Le Myanmar a une société pluriethnique composée de groupes raciaux nationaux multiples ayant des origines culturelles et sociales différentes et le gouvernement actuel estime que l'harmonie raciale est impérative si l'on veut éviter que certains obstacles au développement national ne persistent.

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Le Myanmar est prêt à dialoguer avec tous les groupes, y compris l'Union nationale Karen (KNU). En vue de rétablir un climat de confiance, le Gouvernement a même accepté que certains groupes ethniques armés gardent leurs armes jusqu'à ce qu'un gouvernement démocratique soit mis en place conformément à la nouvelle constitution qui est en cours d'élaboration avec la participation de représentants des différents groupes raciaux et des partis politiques. A ce stade du processus de convention nationale nous sommes en train de chercher un consensus à la question épineuse du partage de pouvoir entre toutes les parties concernées. Le Myanmar compte sur le soutien de la communauté internationale dans ses efforts sincères de démocratisation. Le Myanmar est souvent décrit de l'extérieur comme un pays caractérisés par de nombreuses violations des droits de l'homme, le trafic de drogue et des conditions socioéconomiques chaotiques. Je vous invite tous à venir nous rendre visite et constater par vous-même que la paix et la tranquillité prévalent à travers notre nation et que notre peuple est heureux. Nous avons pour tradition l'harmonie et la liberté de culte, ce qui est repris dans le processus de convention nationale qui garantit la tolérance religieuse. Sur le plan économique, le Myanmar a connu une croissance considérable. Le Gouvernement met notamment l'accent sur la promotion du secteur privé ainsi que sur le développement des infrastructures.

Droits de réponse

Commentant les propos tenus ce matin par le Ministre des affaires étrangères de Cuba, le représentant des Etats-Unis a déploré que le représentant de Cuba n'ait pas résisté à l'envie de porter des attaques traditionnelles contre les Etats-Unis. Il a donc souhaité répondre aux fausses allégations, aux grossières exagérations et aux malentendus à propos des Etats-Unis et des politiques du Gouvernement proférés par le représentant de Cuba. Les Etats-Unis rejettent l'idée selon laquelle la décision d'une nation souveraine de limiter certaines formes de relations commerciales avec un autre pays relève d'un génocide. L'embargo américain contre Cuba vise à maintenir une pression sur le Gouvernement cubain afin de le contraindre à respecter les normes des droits de l'homme reconnues universellement et de mettre en oeuvre une démocratie pluraliste. La politique des Etats-unis est claire : elle consiste à tendre la main au peuple cubain et à lui donner espoir sans pour autant renforcer un gouvernement qui prive son peuple de ses choix économiques et politiques et qui ne respecte pas les droits de l'homme fondamentaux. Il faut être franc et constater l'échec de l'économie cubaine qui est due à une mauvaise gestion du Gouvernement cubain et en aucun cas à l'embargo américain.

Il est faux de dire que les Etats-Unis ont interdit la vente de médicaments et de fournitures médicales à Cuba. Ces ventes ont été autorisées depuis un certain temps et font spécifiquement l'objet d'une loi américaine. Le Gouvernement américain a pris des mesures concrètes pour procéder à la vente de ces produits et un certain nombre de livraisons a été confirmé.

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Ce sont les propres choix du Gouvernement cubain qui sont responsables du caractère inadéquat des soins de santé que les citoyens cubains sont en droit d'attendre. Dans une société démocratique, un gouvernement librement élu est responsable devant sa population pour ses choix de politiques économiques et des droits de l'homme. Le respect des droits de l'homme, le changement démocratique et la règle de droit pour le peuple et non au détriment du peuple sont les piliers de la prospérité et du développement économique. Le Gouvernement cubain continue de blâmer les autres pour ses propres fautes dont le prix est payé par le peuple de Cuba. Les Etats-Unis et beaucoup d'autres dans cette salle partagent la conviction d'une solution simple aux problèmes de Cuba. Le seul conseil que les Etats-Unis peuvent prodiguer au Gouvernement cubain consiste à commencer maintenant le processus de changement démocratique et de réformes économiques et à entendre les appels de la communauté internationale en faveur des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Les Etats-unis appellent Cuba à lever ses sanctions contre la liberté de son pays.

Commentant par ailleurs les propos tenus ce matin par le Ministre des affaires étrangères de l'Iraq, le représentant des Etats-Unis a estimé que la manière agressive et accusatrice avec laquelle le représentant de l'Iraq a évoqué les Etats-Unis et le dédain dont il fait preuve devant la communauté internationale montre à suffisance l'isolement dans lequel l'Iraq se trouve relégué et illustre la dialectique hostile et menaçante que le pays maintient dans la région. Il faut souligner que pas un membre du Conseil de sécurité, une organisation régionale, un expert international, personne à l'exception du Gouvernement iraquien ne semble croire que l'Iraq se conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. En ce qui concerne les zones d'exclusion aérienne, les Etats-Unis entendent préciser que la coalition qui patrouille dans ces zones ne visent aucune cible civile. Elle est là au contraire pour protéger les civils, en particulier les populations les plus vulnérables dans le nord et le sud du pays. Ces mêmes populations qui ont souffert des attaques militaires de l'Iraq. Depuis le mois de janvier, le régime iraquien a, à maintes reprises, attaqué la coalition pendant ses patrouilles de routine. La réponse de la celle-ci a donc été une réponse de légitime défense. A chaque riposte, la coalition essaye d'éviter la population civile. Cette préoccupation apparemment n'est pas partagée par le régime iraquien qui prend soin en effet de placer ses systèmes de défense aérienne à proximité des habitations civiles. Cette attitude montre, s'il en est besoin, le mépris de Saddam Hussein pour le bien-être de sa propre population. Elle met aussi en lumière le problème plus grave de la création cynique d'une crise humanitaire à des fins politiques.

- 20 - AG/918 24 septembre 1999

Le régime actuel en Iraq est le seul responsable des conditions de vie sur son territoire. Les Etats-Unis appuient, à cet égard, les conclusions du Secrétaire général selon lesquels le programme "pétrole contre nourriture" est aujourd'hui le seul canal essentiel de l'aide humanitaire. Depuis la création de ce programme, l'Iraq a reçu plus de 14 milliards de revenus pétroliers et seul un tiers de cette somme couvre les frais administratifs des Nations Unies et de la Commission de compensation. En revanche, le programme "pétrole contre nourriture" a fourni 10 milliards pour l'achat de biens. 94% des contrats ont été approuvés et plus de 7 milliards de nourriture, de médicaments, de fournitures médicales et de divers biens humanitaires ont déjà été livrés. En dépit de tout cela, le Gouvernement iraquien refuse de commander des suppléments nutritionnels pour les mères et les enfants; de commander des vitamines pour compléter les rations alimentaires; sortir des dépôts bondés des médicaments nécessaires; et d'accroître les dépenses pour les produits pharmaceutiques. Le régime iraquien sabote le travail humanitaire à la moindre occasion. Il dépense, en revanche, de l'argent dans la construction de palaces luxueux, les parrainages politiques et les efforts de réarmement. Pour sa part, le Gouvernement des Etats-unis est prêt à accroître l'aide humanitaire au peuple d'Iraq malgré les obstructions du régime. Il est également déterminé à empêcher l'Iraq de menacer la région et son propre peuple. Les Etats-Unis souhaitent voir l'Iraq reprendre sa place au sein de la communauté internationale comme membre respecté et prospère et respectueux de ses promesses et de ses obligations internationales. C'est malheureusement une chose que Saddam Hussein n'a pas voulu faire jusqu'ici.

Le représentant de Cuba a fait part de son indignation quant à la manière dont l'histoire de son peuple a été manipulée par le représentant des Etats Unis. Ceux qui défendent le blocus contre Cuba devraient s'inscrire dans une université américaine pour suivre des cours d'histoire contemporaine. Ce monde est marqué par des paradoxes incroyables et dans cette tragédie mondiale dont souffre l'humanité, les accusateurs sont curieusement les agresseurs, ceux qui imposent des blocus et causent des souffrances à des milliers d'innocents. Des représentants du Congrès des Etats-Unis ont présenté des initiatives pour lutter contre ce blocus qui constitue une violation du droit international et une tentative de génocide contre le peuple cubain. Les Etats Unis parlent de promotion de contacts entre les peuples et évoquent des éléments fallacieux pour atténuer les effets du blocus. Les Etats Unis, pays de la brutalité policière, applique des critères raciaux pour l'application de la peine de mort. Il existe une corruption institutionnalisée et l'on voudrait nous faire croire que les pauvres et les nantis ont les mêmes droits. S'il existait un gramme de bon sens, l'on devrait juger un pays où des milliers de personnes vivent dans les souterrains du métro, où des millions d'enfants ne bénéficient pas de sécurité sociale, où des millions de malades mentaux sont incarcérés.

- 21 - AG/918 24 septembre 1999

Le représentant de l'Iraq a estimé que les Etats Unis devraient être les derniers à parler de droit international et de respect de la Charte des Nations Unies quand l'on sait que ce pays exerce le terrorisme d'Etat sous sa forme la plus haineuse, à savoir par l'imposition de sanctions. Il s'agit d'une forme de génocide. Nous demandons par ailleurs au représentant des Etats Unis de prouver ses allégations selon lesquelles l'Iraq ne s'est pas conformé aux obligations découlant des résolutions du Conseil de sécurité touchant à son désarmement. Il est faux de dire que le Gouvernement n'a pas distribué vivres et médicaments fournis en vertu du programme "pétrole contre nourriture". Les Etats Unis sont les ennemis de la population iraquienne. La création de zone d'exclusion aérienne n 'est pas le fait des Nations Unies ou d'une quelconque décision du Conseil de sécurité mais des Etats Unis et du Royaume Uni. L'intervention du représentant des Etats Unis est un exemple de déformation de la réalité.

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