En cours au Siège de l'ONU

AG/915

UNE PLUS GRANDE COHESION DES ETATS MEMBRES, CONSIDEREE A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME CONDITION D'UNE CREDIBILITE ET D'UNE EFFICACITE ACCRUES DE L'ONU

23 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/915


UNE PLUS GRANDE COHESION DES ETATS MEMBRES, CONSIDEREE A L'ASSEMBLEE GENERALE COMME CONDITION D'UNE CREDIBILITE ET D'UNE EFFICACITE ACCRUES DE L'ONU

19990923

L'Uruguay réclame l'élargissement des pouvoirs de l'Assemblée en cas de situation de crise

"Chef d'oeuvre de la raison humaine, les Nations Unies ne sont cependant pas parvenues à tenir leur promesse de paix globale et n'ont pas davantage réussi à éradiquer le fléau de la pauvreté. La triste vérité est que les inéquités et les déséquilibres qui existent dans les relations internationales, que les Nations Unies sont supposées réduire, ont atteint ses organes les plus essentiels". Tel est le constat dressé par le Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie, M. Ali Alatas, devant l'Assemblée générale cet après-midi. A l'instar de nombreux autres intervenants depuis l'ouverture du débat général, M. Alatas a déploré le spectacle d'un Conseil de sécurité paralysé par l'usage du droit de veto, faisant observer que, bien qu'il consacre la grande partie de son travail aux conflits sévissant dans le monde en développement, ces pays y sont sous- représentés. Son homologue roumain, M. Andrei Gabriel Plesu, a fait observer que si les Nations Unies ne sont pas parfaites, elles sont perfectibles et sont après tout le seul forum mondial dont dispose la communauté internationale. Le Ministre des affaires étrangères du Liban, M. Salim El-Hoss, s'est réjoui, pour sa part, de l'émergence de tendances visant à instaurer un nouvel ordre international. Il a évoqué l'éventuelle reconnaissance du principe de la souveraineté relative, ou du devoir d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats, ou encore la marginalisation du rôle du Conseil de sécurité en tant qu'instrument de maintien de la paix et de la sécurité internationale. Dans le même esprit, le Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay, M. Didier Opertti, a plaidé en faveur d'un élargissant des pouvoirs de l'Assemblée générale qui lui permettrait de prendre des décisions dans certaines situations de crises.

La Ministre des affaires étrangères du Mexique, Mme Rosario Green, a mis en garde contre tout affaiblissement de l'Organisation et a plaidé en faveur d'une réforme qui lui permette de faire face aux nouvelles menaces à la paix dans le respect de la Charte. Pour Mme Lydie Polfer, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, l'ONU ne sera respectée et efficace qu'à condition qu'elle fasse preuve d'une cohésion forte entre ses Membres. La crise politique et humanitaire du Kosovo a illustré le fait que la communauté des nations ne disposait pas encore de la détermination ni des moyens adéquats pour prévenir des tragédies de cette envergure. Face à l'horreur du nettoyage ethnique, un certain nombre de pays ont dû assumer leurs responsabilités.

(à suivre 1a) - 1a - AG/915 23 septembre 1999

S'agissant de la situation en Iraq, le Ministre d'Etat aux affaires étrangères du Koweït, M. Suleiman Majed Al-Shaheen, a exhorté le Conseil à rester uni.

Prenant pour exemple la crise des Balkans, le Ministre des affaires étrangères de la Turquie, M. Ismail Cem, a préconisé la prudence et l'équilibre dans la résolution des conflits, ainsi que la prise en considération des réalités et des aspirations des populations concernées. Ainsi, pour ce qui est de Chypre, un compromis juste et durable ne peut être fondé que sur la réalité de deux peuples et deux Etats séparés. M. Alatas a, pour sa part, assuré que l'Indonésie veillerait à ce que la séparation du Timor se fasse de façon honorable, pacifique et amicale, dans le respect des nouvelles aspirations du peuple timorais exprimées lors du référendum du 30 août dernier.

Issus de régions vulnérables aux catastrophes naturelles, les Ministres des affaires étrangères du Mexique et de la Turquie ont plaidé en faveur de l'élaboration de mécanismes permettant de répondre rapidement et avec efficacité aux besoins des victimes de ces fléaux.

Des appels ont à nouveau été lancés par plusieurs intervenants en faveur d'un allègement de la dette des pays les plus pauvres, d'une réforme de l'architecture financière mondiale et de l'application des dispositions de l'Organisation mondiale du commerce prévoyant des préférences commerciales pour les pays en développement.

Ont participé au débat : M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président de la Guinée équatoriale; M. Pakalitha Bethuel Mosisili, Premier Ministre du Lesotho; M. Salim El-Hoss, Premier Ministre du Liban; Mme Lydie Polfer, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Luxembourg; M. Suleiman Majed Al-Shaheen, Ministre d'Etat pour les affaires étrangères du Koweit; M. Didier Opertti, Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay; M. Lakshman Kadirgamar, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka; Mme Rosario Green, Ministre des affaires étrangères de Mexico; M. Ali Alatas, Ministre des affaires étrangères de l'Indonésie; M. Ismail Cem, Ministre des affaires étrangères de la Turquie; M. Andrei Gabriel Plesu, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie; et M. Aleksandar Dimitrov, Ministre des affaires étrangères de l'ex- République yougoslave de Macédoine.

Les représentants de l'Iraq et du Koweït ont exercé leur droit de réponse.

Le débat général se poursuivra demain, vendredi 23 septembre à partir de 10 heures.

Allocution de M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président de la République de Guinée équatoriale

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la République de Guinée équatoriale: nous nous félicitons de l'admission aux Nations Unies de trois nouveaux Etats Membres, Kiribati, Nauru et le Royaume de Tonga. Les Nations Unies s'enrichissent ainsi de la pluralité et de l'universalité de l'humanité. Nous renouvelons notre plein engagement aux principes et objectifs qui ont donné naissance à l'Organisation des Nations Unies. Nous voudrions que toutes les femmes et tous les hommes puissent jouir de leurs droits à la liberté, à la dignité et à l'égalité. Malgré la fin de la guerre froide, les progrès des techniques nouvelles n'ont pas encore permis de garantir la paix et la sécurité à toutes les nations. Il importe d'adopter des mesures pour que les pays en développement améliorent les conditions de vie de leur population. L'éducation, les sciences et techniques devraient profiter à tous. Malgré les appels des pays du en développement à la construction d'un nouvel ordre économique mondial, plus juste et équitable pour tous, un système économique injuste persiste. Or, l'élément économique est essentiel au maintien de la paix internationale. Il importe de garantir, au moyen d'actions concrètes, la subsistance de l'homme. Le succès même des systèmes politiques africains en dépend.

C'est pourquoi, l'Afrique a besoin d'apports économiques, de transfert de technologies, pour construire de façon efficace la démocratie. Nous demandons à l'ONU d'appuyer la décision adoptée à Alger, d'accroître l'aide alimentaire aux millions de réfugiés africains dans des proportions équivalentes à celles apportées aux réfugiés d'autres régions. Il convient également que les pays africains accélèrent les mécanismes favorisant leur unité pour relever les défis de la mondialisation. Alors que l'économie est un élément essentiel, nous constatons qu'il n'y a pas de volonté réelle de coopération entre le Nord et le Sud, comme ce fut le cas par le passé. Nous assistons à des confrontations entre intérêts égoïstes, dont le plus fort sort à chaque fois vainqueur. Aujourd'hui, nous sommes loin des grands projets de coopération économique de l'après-guerre. La volonté politique d'aider le continent africain à se développer ne s'est pas maintenue. Nous nous félicitons toutefois de la décision du G7 concernant la remise de la dette des pays en voie de développement. De la même façon, nous nous réjouissons de l'initiative du Président des Etats-Unis d'Amérique visant à encourager les investissements en Afrique.

Les efforts déployés par les pays en vue de bâtir la démocratie doivent être appuyés par ceux qui ont une plus grande expérience en la matière. A cet égard, le recours aux sanctions est le plus souvent contreproductif. Les Nations Unies devraient accorder à de tels pays une assistance en vue d'assurer la promotion économique, sociale, technique et culturelle, en tenant compte de leurs particularités. Le système des Nations Unies, tel qu'il fonctionne à l'heure actuelle, nous paraît incapable de faire face aux défis

de notre temps, tant au niveau de la prise de décisions que de l'efficacité de ces dernières. Fondée sur un esprit démocratique, les Nations Unies devraient mettre en place des procédures tenant compte de la pluralité de ses membres, jusqu'au Conseil de sécurité.

Mon pays met en oeuvre un programme de transition au multipartisme qui permet à la population de participer à la prise de décisions politiques. La Guinée équatoriale est désormais partie à tous les traités relatifs aux droits de l'homme et a pris toutes les mesures législatives et réglementaires nécessaires à la protection de ces droits. Toutefois, l'insuffisance des infrastructures empêche mon peuple de profiter pleinement de toutes les prestations auxquelles il devrait avoir droit. Je souhaite conclure en affirmant la volonté de mon pays de contribuer au maintien de la paix et de la sécurité internationales, à la promotion de relations d'amitié et de coopération réciproque entre tous les Etats.

Suite du débat général

M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Lesotho: la tragédie du Kosovo a soulevé la question du rôle du Conseil de sécurité dans des crises similaires. Le Conseil qui a la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales doit assumer cette fonction avec sérieux et rigueur et résister à la tentation d'examiner ces questions à la lumière des inquiétudes et des préoccupations nationales. Lorsqu'il est paralysé par des intérêts étroits, la tentation de recourir à des actions unilatérales augmente.

La prolifération des conflits en Afrique a un impact négatif sérieux sur nos capacités de développement puisqu'ils sapent les efforts visant à améliorer les conditions de vie de la population et ralentissent les progrès sur la voie de la transformation économique, sociale et politique du continent. En Angola, alors que l'UNITA continue de parfaire sa machine de guerre, les perspectives de paix sont de plus en plus difficiles à saisir. Les pays de l'Afrique australe qui continuent de chercher une solution à la crise angolaise, demandent le soutien de la communauté internationale sous la forme d'un renforcement des sanctions à l'encontre de l'UNITA et de son chef, M. Savimbi, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire aux victimes de ce conflit. Autre source de préoccupation, le conflit en République démocratique du Congo fait également peser des risques sur la sécurité dans la région tout entière. La signature récente de l'Accord de Lusaka par le Rassemblement congolais pour la démocratie devrait ouvrir la voie à une solution permanente et pacifique. Le Lesotho estime que l'Accord-cadre de l'Organisation de l'unité africaine demeure la seule option viable pour résoudre le conflit entre l'Ethiopie et l'Erythrée et appelle les deux parties à mettre en oeuvre le plus rapidement possible ses arrangements techniques. Le Lesotho se réjouit du cessez-le-feu en Sierra Leone mais juge difficile d'accepter que ceux qui ont des récriminations à faire valoir à l'encontre d'un gouvernement légitimement élu puissent parvenir, par les armes, à un accord de partage du pouvoir, d'autant plus lorsqu'ils ont été accusés des pires atrocités. Il est certain que ceux qui ont des récriminations à l'égard de leur gouvernement ont le droit de défier sa gestion, mais cela devrait se faire dans les limites de l'ordre constitutionnel.

Dans tous ces conflits, il est dramatique de constater la détérioration inacceptable du respect des normes du droit humanitaire. Face au nombre de victimes civiles de crimes haineux commis dans les conflits, il est impératif de créer un nouvel organe juridique permettant d'étendre le règne du droit dans sa conception la plus large. A cet égard, le Lesotho se félicite de l'adoption du statut de la Cour pénale internationale qu'il a l'intention de ratifier prochainement.

Le Lesotho appuie le programme de réforme du Secrétaire général. Pour le monde en développement, la tâche essentielle à laquelle doit faire face la communauté internationale est de rapprocher les démunis des nantis au-delà du gouffre qui les séparent. A moins que nous ne redoublions nos efforts, nos tentatives de faire baisser les crimes sociaux seront vaines et l'immigration illégale de personnes à la recherche de meilleures conditions de vie se poursuivra.

Le Lesotho est l'un des pays les moins avancés de la planète et consacre donc une partie de ses maigres ressources à la lutte contre la pauvreté. A cette fin, le Gouvernement a augmenté son budget annuel en faveur de l'éducation de 4% et a l'intention de rendre l'éducation primaire gratuite en 2000. Le Lesotho s'étonne du scepticisme de certains de ses partenaires du développement en ce qui concerne la durabilité de ce programme. Le Lesotho se félicite des diverses initiatives en faveur de l'allègement de la dette. Alors qu'il s'est engagé avec succès à s'acquitter de ses obligations financières internationales, le Lesotho fait face aujourd'hui à un lourd fardeau de la dette qui entrave ses efforts de développement. Partant, il demande l'assouplissement des facteurs d'éligibilité dans le cadre de l'Initiative en faveur des pays pauvres fortement endettés afin que des pays comme le Lesotho puissent en bénéficier. La vente récente des réserves d'or de certains pays a eu pour conséquences une chute substantielle des prix de ce métal précieux et la fermeture de certaines mines en Afrique du Sud, entraînant des pertes d'emplois, non seulement en Afrique du Sud, mais aussi dans des pays voisins comme le Lesotho. Prenons bien soin de ne pas créer une crise de l'emploi en Afrique si peu de temps après la crise financière en Asie. S'agissant du financement du développement qui doit être examiné en 2001 par l'Assemblée générale, il importe de réaliser que si l'on ne prend pas des mesures audacieuses pour trouver des ressources à cet effet du développement, l'avenir de nombreux pays sera vraiment sombre. La communauté internationale aura là une occasion unique d'entamer le nouveau millénaire en faisant un geste politique d'envergure en faveur du développement économique de l'élimination de la pauvreté.

M. SALIM AL HOSS, Président du Conseil des Ministres, Ministre des affaires étrangères du Liban: la particularité de cette session ne tient pas seulement au fait qu'il s'agit de la dernière session que tient l'Assemblée générale au cours du siècle qui fut témoin de sa naissance, mais également en ce qu'elle coïncide avec l'émergence de tendances nouvelles qui engagent les Etats à dépasser certains principes cardinaux sur lesquels s'était fondée l'Organisation, pour instaurer un nouvel ordre international duquel l'ONU serait respectueuse, mais pas nécessairement un ordre que l'on essaierait de faire cadrer avec les paramètres de l'Organisation. A titre d'exemple, j'évoquerai l'éventuelle reconnaissance du principe de la souveraineté relative, ou du devoir d'ingérence dans les affaires intérieures des Etats, ou encore la marginalisation du rôle du Conseil de sécurité en tant qu'instrument de maintien de la paix et de la sécurité internationales. A notre sens, ces concepts doivent faire l'objet d'une concertation et d'un dialogue plus amples, de manière à remporter l'adhésion consensuelle de tous et assurer ainsi le bien et la sécurité de l'humanité dans son ensemble. L'histoire des peuples a démontré qu'aucune entité, aucun système ne sauraient persister et s'inscrire dans la durée s'ils n'avaient pour fondements la justice et l'équité. Un tel système ne peut être sélectif, ni adopter une politique de deux poids deux mesures, exerçant la coercition sur les uns et se montrant laxiste envers ceux qui sont responsables d'injustices, ni se montrer prodigue envers les uns et indifférent aux privations des autres.

Israël entreprit, en mars 1978, une agression unilatérale contre le Liban, à la suite de laquelle un dixième de notre territoire fut occupé, provoquant l'adoption, par le Conseil de sécurité, de sa résolution 425 du 19 mars 1978 qui demande à Israël de retirer immédiatement et inconditionnellement ses forces de la totalité du territoire libanais. Or voici que vingt-et-un ans après son adoption, cette résolution n'a toujours pas été exécutée, tandis que se poursuit l'occupation israélienne d'une portion du Sud-Liban et de la vallée de la Bekaa-Ouest.

Le 14 juillet dernier, le Liban célébra le jour commémoratif du prisonnier libanais, et nous réitérons, du haut de cette tribune internationale, notre appel pour l'intensification des efforts et pressions, aboutissant à la libération de détenus libanais gardés en otage jusqu'à ce jour dans les prisons israéliennes, par la reconnaissance de la Cour suprême israélienne, de même que la libération de ceux qui sont détenus en territoire libanais occupé, notamment dans les camps de détention de Khiam, qui comptent dans leurs rangs bon nombre de malades ou personnes âgées auxquels le CICR n'a toujours pas accès et auxquels il ne peut donc pas prodiguer les secours humanitaires nécessaires ; cela en violation de la 4ème Convention de Genève relative à la protection de civils en temps de guerre. Le Liban voudrait insister, à cette occasion, sur son droit à être indemnisé pour les pertes en vies humaines et les dommages qu'il a subis de longues années durant, du fait des agressions et des exactions israéliennes commises contre son territoire et sa population civile.

Mais, alors que semblaient s'ouvrir des perspectives nouvelles de reprise de négociations de paix, les déclarations faites dernièrement par des hauts responsables israéliens n'augurent rien de bon. Le Liban, en cette occasion, tient à attirer l'attention de la communauté internationale sur le fait qu'un règlement pacifique ou une paix solide et durable ne seront pas envisageables tant qu'il ne sera pas permis aux réfugiés palestiniens, notamment ceux d'entre eux que le Liban a accueilli sur son sol et qui se comptent par centaines de milliers, de bénéficier du droit au retour. L'implantation des réfugiés au Liban, que refusent aussi bien Palestiniens que Libanais sera, dans le cas de sa consécration dans les faits, une source de tension constante, de nature à menacer la sécurité et la stabilité du Moyen-Orient dans son ensemble. Nous sommes très désireux de voir les Etat-Unis et la Fédération de Russie jouer leur rôle pleinement dans la recherche d'une paix juste et globale, comme garants de la bonne exécution de l'accord qui sera éventuellement conclu. Parallèlement, nous misons grandement sur un rôle européen efficace sur un double plan, politique et coopérationnel, au cours de négociations relatives à l'accord de paix et après la conclusion de cet accord. Nous comptons tout particulièrement sur le rôle de la France qui nous a toujours accordé son appui.

Le Liban, qui cherche à devenir membre de l'Organisation mondiale du commerce, s'emploie à l'heure actuelle à relancer son économie et assainir ses finances, selon les critères des instances internationales afin d'être partie prenante au développement mondial et aux échanges économiques et commerciaux, sur un pied d'égalité avec les autres Etats et sur la base de l'intérêt mutuel.

Notre pays, qui s'emploie actuellement à parachever son relèvement, à réformer et à renforcer ses institutions nationales et à consacrer un Etat de droit, désire être aussi l'exemple privilégié de la coexistence qui prend appui sur la modération, la tolérance et le sentiment d'appartenance à un même creuset national. Nous sommes résolus à retrouver notre rôle privilégié dans la région et dans le monde, un rôle qui intégrerait notre identité arabe dans tous les domaines d'action et d'influence.

Mme LYDIE POLFER, Vice-Premier Ministre, Ministre des affaires étrangères et du commerce extérieur du Luxembourg: l'ONU ne sera respectée et ne saura être efficace qu'à condition qu'elle fasse preuve d'une cohésion forte entre ses Membres. Il appartient à l'Organisation de jouer un rôle pivot dans un environnement international qui est en train de se globaliser et en même temps de se fragmenter. Tous les Etats Membres sont directement responsables de veiller à ce que leur contribution à l'oeuvre commune et à ses avancées ne fasse défaut. Tel fut le cas lors de la décision de créer une Cour pénale internationale. Nous avons ainsi franchi une étape importante sur le plan de l'éthique et de la moralité internationales en nous dotant d'un instrument grâce auquel les responsables d'atrocités en temps de guerre et de crimes contre l'humanité seront mis devant leurs responsabilités. Le Luxembourg ratifiera le statut de la Cour dans les meilleurs délais et espère que celle-ci deviendra rapidement une réalité. Le rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) sur le développement humain est consacré cette année à un examen approfondi du phénomène de la mondialisation. Il met en lumière les effets bénéfiques et les opportunités de ce processus. Mais il montre en même temps les conséquences négatives qui sont graves et préoccupantes : instabilité des relations financières, chômage élevé, précarité de l'emploi, ravages causés par le SIDA, croissance accélérée des inégalités entre le Nord et le Sud, extension de ces inégalités sur le plan du savoir, marginalisation sans cesse plus grande d'une grande partie des pays en développement. Il faut assurer une dimension sociale et éthique à la mondialisation, se mettre d'accord sur de nouvelles règles de la bonne gouvernance mondiale, et sauvegarder l'environnement. La lutte contre la pauvreté, que l'ONU a déclarée un objectif prioritaire, ne peut se mener uniquement sur le plan économique. Elle doit s'inscrire dans un plan d'ensemble qui s'adresse également à des facteurs connexes comme le manque de structures familiales d'accueil, les déficits en matière d'éducation et de santé, ainsi que les insuffisances des structures administratives. C'est dans cet esprit que le Luxembourg est en voie de satisfaire aux objectifs de l'ONU en consacrant, à partir de l'an 2000, 0.7% de son PNB à l'aide publique au développement. Le Gouvernement du Luxembourg a décidé de porter cet effort à 1% du PNB dans les cinq années à venir.

Le Luxembourg est convaincu que les principes démocratiques, le respect des droits de l'homme, le fonctionnement de l'état de droit et la gestion transparente et ordonnée des affaires publiques sont des éléments essentiels qui favorisent le développement. Il est difficile d'ignorer la multiplication des drames humanitaires et le fait que les notions de souveraineté, de respect des frontières sont régulièrement remises en cause. L'adhésion stricte à la notion de souveraineté étatique dans le sens traditionnel du terme ne suffit plus pour tenir compte des réalités actuelles. Il faudra explorer des formes nouvelles de vivre ensemble en société qui soient respectueuses de la personnalité de chacun. Le Conseil de sécurité souffre de l'inadéquation des structures après une période de plusieurs décennies durant lesquelles il n'a pas été possible de procéder à une révision en profondeur. La crise politique et humanitaire que vient de traverser le Kosovo a illustré le fait que la communauté des nations ne disposait pas encore de la détermination ni des moyens adéquats pour prévenir des tragédies de cette envergure. Face à l'horreur du nettoyage ethnique, un certain nombre de pays ont dû assumer leurs responsabilités. La détérioration dramatique de la situation sur le terrain et l'absence de réalisme à la table des négociations ont rendu une action militaire inévitable. L'engagement de la communauté internationale dans la construction dans les Balkans de sociétés pluriethniques, multiculturelles et démocratiques offre aux dirigeants et à la population serbe la perspective d'un avenir pacifique, sûr et prospère. En ce qui concerne la situation en Afrique, l'on ne saurait accepter que son sort s'éloigne du champ d'action de la communauté internationale. Il faudra maîtriser la diversité des situations sur les plans politique, du développement et de la démocratisation des sociétés. Cet objectif ne se réalisera qu'à travers une action soutenue et concertée de la communauté internationale et du système des Nations Unies agissant dans une perspective à moyen et à long terme. Le Luxembourg entend s'associer pleinement à cet effort. Il se félicite qu'une force multinationale ait été dépêchée au Timor oriental sous l'autorité de l'ONU afin de mettre rapidement fin aux violences et aux exactions, et de rapatrier les populations dans des conditions décentes. Le Luxembourg appuie les efforts du Secrétaire général et de la MINUTO en vue de poursuivre le processus qui mènera à l'indépendance au Timor oriental.

M. SULEIMAN MAJED AL SHAHEEN, Ministre des affaires étrangères du Koweït: en dépit des importants progrès réalisés en vue de l'amélioration de la condition humaine, certains faits continuent de constituer autant de défis à relever par la communauté internationale. On peut citer, à titre d'exemple, le fait qu'un cinquième de la population mondiale souffre de la faim, que des centaines de millions de personnes vivent en- dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, des massacres sont commis sur des groupes ethniques ou politiques afin de liquider les forces d'opposition dans certains pays ou pour consolider certaines dictatures. Autant de faits qui mettent en péril la paix et la sécurité, bien au-delà des frontières nationales. A cet égard, le terrorisme et le trafic de drogues constituent de telles menaces, que la communauté internationale doit s'en saisir de façon plus sérieuse.

Ma délégation est d'avis que la communauté internationale ne doit pas sous-estimer le rôle, la vision et les réalisations du système des Nations Unies. L'Organisation a sauvé l'humanité d'un nombre important de tragédies potentielles. Nous espérons que le Sommet du millénaire, qui se tiendra à New York au mois de septembre prochain, sera l'occasion de réaliser des avancées. Dans tous les cas, nous sommes convaincus que la coopération internationale, la coordination et la consolidation des efforts humains seront toujours indispensables à tout effort déployé en vue de traiter des problèmes récurrents et interdépendants du système des Nations Unies. Nous espérons que ce rendez-vous permettra de donner naissance à une nouvelle voie pour le futur, et qu'il ne sera pas uniquement un moment symbolique. Cette nouvelle voie devra accorder la priorité aux questions de justice pour tous, d'égalité, de coexistence harmonieuse, de dialogue entre les cultures, de promotion et de respect des droits de l'homme et de développement économique et social. L'élargissement de la composition du Conseil de sécurité et l'amélioration de la transparence de ses procédures sont également une question importante dont il faudra traiter lors du Sommet du millénaire. Le temps est venu de permettre à l'ensemble des Etats Membres de contribuer au processus de décision.

Le Conseil de sécurité a fait procéder, en janvier dernier, à une évaluation du respect par l'Iraq de ses obligations. Il en est résulté, notamment, qu'il demeure un nombre important de problèmes qui n'ont pas encore été résolus en ce qui concerne le désarmement. Le Groupe spécial a également souligné la nécessité d'envoyer à nouveau des équipes d'inspection le plus vite possible. Pour des raison humanitaires, l'Etat du Koweït exhorte l'Iraq à mettre fin immédiatement à la situation de ses prisonniers afin, qu'ils puissent rentrer dans leurs foyers. Nous pensons que seule une coopération sincère avec la Commission tripartite peut permettre de trouver une solution à cette question humanitaire. Alors qu'un effort est actuellement réalisé pour élaborer une nouvelle résolution relative aux obligations que l'Iraq doit respecter pour se conformer aux recommandations faites à la suite de l'évaluation, nous souhaiterions insister sur la nécessité pour les membres du Conseil, de conserver une unité sur la question. Nous souhaitons également réitérer notre volonté de préserver l'indépendance, la souveraineté ainsi que l'unité et l'intégrité territoriales de l'Iraq. L'Etat Koweïtien soutient tous les efforts accomplis en vue de résoudre, de façon pacifique - y compris le recours à la Cour internationale de justice - le différend qui oppose les Emirats arabes-unis et la République islamique d'Iran à propos des trois îles du Golfe. Nous espérons que la Commission tripartite ministérielle, établie par le Conseil de coopération des Etats arabes du Golfe, sera capable de faire aboutir les négociations, en vue d'un règlement pacifique du conflit. Au niveau régional, et compte tenu de la proximité de la région du Golfe avec l'Inde et le Pakistan, avec qui l'Etat de Koweït entretient des relations amicales, nous appelons les deux pays à résoudre leur différend sur Jammu-et-Cachemire de façon pacifique, et en respectant les résolutions compétentes du Conseil de sécurité. Nous pensons que les richesses économiques de ces deux pays feraient mieux d'être utilisées à l'amélioration du bien être des populations plutôt qu'à la sécurité. La confiance mutuelle et la coopération devraient prévaloir sur la rivalité et l'équilibre de la terreur.

Le Koweït se félicite de l'Accord de Sharm El-Sheik qui stipule les mesures à prendre afin de progresser dans la voie de la mise en oeuvre des Accords de Wye River. Toutefois, nous exigeons de l'administration israélienne qu'elle fasse ce qui est en son pouvoir afin de sauver le processus de paix et de reprendre les négociations sur tous les fronts. Israël doit faire preuve d'un engagement honnête vis-à-vis des principes et des dispositions contenues dans le processus de paix et dont se font l'écho les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et la formule de l'échange de la terre contre la paix.

M. DIDIER OPERTTI BADAN, Ministre des affaires étrangères de l'Uruguay et Président sortant de l'Assemblée générale: l'ONU doit jouer un rôle central en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, et accorder une attention spéciale aux conséquences dramatiques des excès du nationalisme. Lutter contre les préjugés, le fondamentalisme religieux et la discrimination, et faire de la tolérance un principe de base et un lien entre les individus et les peuples sont des devoirs auxquels les Nations Unies ne peuvent se dérober. En tant qu'Etats Membres, nous devons nous attaquer à ces questions. La réforme de l'ONU et du Conseil de sécurité en particulier doit demeurer un exercice prioritaire qui doit continuer à progresser, au rythme voulu et en fonction des attentes de la communauté internationale. Cette réforme doit se fonder sur un équilibre, entre les besoins immédiats et l'efficacité, entre la rigidité et la flexibilité, entre principes inéluctables et appréciation correcte des nouvelles réalités, un équilibre que l'Assemblée s'est efforcée de maintenir en adoptant sa résolution 53/30 relative à cette question. Il est de notre devoir de donner une nouvelle impulsion à ce processus sur la base des progrès déjà réalisés. Les institutions internationales constituent la meilleure garantie d'un ordre international plus juste. Aujourd'hui, il n'y a plus de place pour une société internationale élitiste, typique de l'ordre mondial fondé sur la confrontation du temps de la guerre froide. Il importe de proposer de nouvelles formules afin d'éviter les blocages qui entraînent dans de nombreux cas le recours au droit de veto, donner au Conseil de sécurité le moyen de surmonter ce droit de veto, et accorder à l'Assemblée générale, dans certaines conditions, de nouvelles compétences qui lui permettent de prendre des décisions dans certaines situations, comme dans le cas de situations requérant le recours légitime à la force. La crise récente au Kosovo pourrait servir d'exemple de l'effet paralysant du Conseil de sécurité. L'on a vu les conséquences humanitaires terrifiantes de cette situation au moment où un cadre d'action international légitime et efficace était nécessaire. L'Uruguay accorde beaucoup d'importance à l'amélioration des règles de procédure et des méthodes de travail du Conseil de sécurité et est convaincu que les propositions élaborées par le Groupe de travail spécial seront adoptées.

Le thème principal de l'Assemblée du millénaire devrait être la viabilité future de l'ONU car ce sujet ne manquerait pas de soulever des questions fondamentales telles que : devons nous instaurer un nouveau système de sécurité internationale ? La mondialisation exige-t-elle de nouvelles stratégies de la part de l'Organisation mondiale du commerce ? Quelles devraient être les nouvelles stratégies concrètes en vue de l'élimination de la pauvreté ? Que doit-on revoir dans le système de protection des droits de l'homme pour les approfondir et en améliorer les respect ? Il est clair que pour qu'il soit couronné de succès le Sommet du millénaire doit avoir un ordre du jour qui reflète les attentes des Etats Membres, lesquels ne sont pas encore parvenus à un consensus à cet égard. L'initiative du dialogue entre les civilisations, proposée par l'Iran, est le genre de sujet qui touche au fond de la question du rôle de l'ONU et qui devrait donc être examiné plus avant.

L'Uruguay considère qu'il est essentiel que les normes du Traité sur la non-prolifération nucléaire et celles du Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires soient reconnues et acceptées par tous les Etats Membres. L'utilisation abusive des armes légères et de petit calibre constitue un domaine dans lequel l'ONU doit jouer un rôle fondamental. L'Uruguay croit profondément à la nécessité de passer d'une culture de conflit à une culture de la paix. L'entrée en vigueur de la Convention prévoyant l'interdiction des mines antipersonnel constitue un signe optimiste dans cette direction. L'adoption des statuts de la cour pénale internationale a, sans aucun doute, représenté une avancée majeure dans la recherche de moyens efficaces de protéger les droits de l'homme au niveau international. L'Uruguay participe activement au processus d'élaboration de ses règles et procédures complémentaires pour lui donner les moyens de fonctionner correctement. Parmi les nombreux défis à relever, il demeure essentiel de déployer les efforts maximums pour faire des Nations Unies un point de référence pour tous les Etats, des plus puissants aux plus faibles. Les premiers pour qu'ils se soumettent à l'ordre international, les seconds pour qu'ils s'ajustent à celui-ci et trouvent dans l'Organisation leur meilleur protecteur et l'accès à la modernisation qui favorisera leur intégration.

M. LAKSHMAN KADIRGMAR, Ministre des affaires étrangères du Sri Lanka: j'ai noté avec intérêt que lors de votre déclaration d'ouverture de cette Assemblée vous vous êtes référé avec force détails au problèmes des enfants soldats. Cela me fait particulièrement plaisir du fait que, à partir du rapport Graca Machel, j'avais été le premier à aborder le sujet des enfant- soldats devant cette Assemblée lors de ma déclaration en 1997. Vous vous êtes référé au travail fait par des organisations intergouvernementales et non-gouvernementales pour sauver les enfants. Vous les exhortiez de continuer "à blâmer et condamner les gouvernements qui ne font pas assez pour protéger la vie de nos enfants et leur avenir". Mais dans certains pays, les gouvernements ne sont pas à blâmer. Au Sri Lanka aucun gouvernement, ni avant l'indépendance il y a 50 ans ni après, n'a jamais recruté des enfant de moins de 18 ans au sein de ses forces armées. Dans mon pays, seuls les Tigres de Libération de l'Eelam Tamouls ont recourt à cette abominable pratique. Ces groupes rebelles se sont mis en dehors de toute loi. Ils ne reconnaissent aucune convention. Certains d'entre eux, dont le LTTE, agissent impunément dans des pays voisins sous couvert d'innocentes organisations charitables religieuses sociales. En vérité, tous les pays qui protègent ces organisations sous le prétexte de lois d'asile et d'immigration libérale savent, ou pourraient aisément découvrir que ces fonds servent à alimenter ces guerres dans lesquelles de jeunes enfants seront impliqués. Cela est vrai, mais cela cessera de l'être lorsque, je prie et je l'espère, la Convention pour la répression du financement du terrorisme sera adoptée au cours de cette cinquante-quatrième session de l'Assemblée générale, obligeant tous les Etats signataires à harmoniser leur législation nationales avec les exigences de la Convention. Depuis 1997 il y eu d'importants progrès concernant la question des enfants-soldats. Une conférence mondiale sera organisée l'an prochain. Au Sri Lanka, nous avons décidé de mettre en place un centre de réhabilitation des enfants qui désertent l'armée rebelle.

Le défi consistant à combattre la pauvreté humaine doit nécessairement rester la principale des priorités. A cet égard, la communauté internationale doit aller au-delà de l'initiative en faveur des pays les plus pauvres ou fortement endettés. En révisant les critères de classement, nous pourrions étendre le nombre de pays bénéficiant de réductions substantielles à la fois de l'ensemble et du service de leur dette. Les recommandations du groupe spécial d'économistes du Mouvement des pays non alignés est de première importance pour organiser l'indispensable travail concernant le Programme pour le Sud. Le Centre du Sud à Genève pourrait être un mécanisme possible de coordination pour faciliter la mise en oeuvre de ce Programme pour le Sud. Il devient de plus en plus évident que les bienfaits de la mondialisation sont passés à côté du monde en développement, malgré sa stricte adhésion aux principes des politiques d'ajustement structurel. Le groupe spécial d'économistes, établi à l'initiative du MPA sur une proposition du Sri Lanka a conclu qu'il n'y avait que très peu de chances pour les pays en développement d'être représentés au sein des discussions et conseils où les différents aspects du processus de mondialisation sont discutés, suivis et adaptés. L'optimisme initial concernant la globalisation et la libéralisation a été remplacé par l'anxiété et l'inquiétude. Le Sri Lanka, en tant que président du Groupe des 24, s'est particulièrement intéressé à établir un consensus parmi les pays en développement sur les sujets de la réforme de l'architecture financière globale et de la mise en oeuvre des accords de l'OMC.

Le phénomène de nations réunissant leurs ressources et leur forces en faveur de la sécurité collective ou du développement économique est propre à la deuxième moitié de ce siècle. L'Asie du Sud n'est pas une exception, la seule différence étant que ce mouvement de coopération régionale a commencé relativement tard, il y a à peine 15 ans. Au Sommet de la SAARC (Association de l'Asie du Sud pour la coopération régionale) qui s'est tenu à Colombo à l'invitation du Sri Lanka l'année passée, la décision a été prise, puis mise en oeuvre de commencer à rédiger un traité de régime de libre-échange. Le sommet de Colombo a manifesté notre détermination à nous équiper en tant que région pour maximiser les possibilités offertes par le processus de la mondialisation. Nos ministres du commerce se sont rencontrés régulièrement pour préparer la session ministérielle de l'OMC à Seattle. Depuis le Sommet de Colombo, nous avons crée un réseau entre nos banques centrales et nos ministères des finances pour renforcer notre capacité à anticiper et à réagir face aux développements du système financier international. J'invite d'autres pays, particulièrement à l'Ouest, à suivre l'exemple des Etats-Unis qui ont mis hors-la-loi les organisations terroristes. Il est trop bien connu pour le répéter ici que le Bouddhisme défend et prêche la non-violence et la paix dans son message universel et refuse toute forme de violence et de destruction de la vie. Il serait approprié de rendre hommage à Bouddha en déclarant Wesak, le jour sacré des bouddhistes à travers le monde journée spéciale aux Nations Unies. C'est la recommandation faite par une conférence bouddhiste internationale qui s'est tenue à Colombo en novembre dernier et qui a réuni des délégués de 26 pays. Une résolution à cet effet, soutenue par un certain nombre de pays, sera introduite, avec votre permission, devant l'Assemblée générale au cours de cette session.

M. ROSARIO GREEN, Ministre des affaires étrangères du Mexique: le Mexique a toujours admis que les Nations Unies représentent le forum idéal pour proposer, négocier et trouver des solutions et des stratégies communes afin de faire face aux défis collectifs. Il est impératif que l'ONU puisse continuer à être à l'origine de politiques qui garantissent une paix et une sécurité internationales durables ainsi que le développement et le bien-être de toute la planète. Il est inquiétant de devoir constater que, loin de disparaître, les conflits se sont multipliés et que leur nature a changé. Aujourd'hui, les confrontations sont pour la plupart internes et présentent de ce fait des défis importants pour une organisation qui a été conçue pour résoudre des différends entre Etats. Les mandats ne sont pas suffisamment clairs et la façon de répondre à cette nouvelle réalité n'est pas assez bien définie. Cela contribue à diviser les Etats Membres, non sur l'objectif final qui est la paix, mais sur les moyens de la réaliser. Le Mexique continue à croire que la recherche de solutions aux conflits, qu'ils soient internes ou internationaux, doit se faire dans l'esprit de la Charte des Nations Unies. On ne peut permettre que l'autorité ou la légitimité de l'ONU soit endommagée. On ne peut accepter des actions qui sont en contradiction avec les intentions des fondateurs de l'Organisation et réduisent les droits de la communauté des Etats. Le Mexique estime que le recours à la force, même lorsqu'il est motivé par des préoccupations humanitaires, n'est pas une solution. Il réitère la nécessité de trouver une solution pacifique aux conflits et rejette fermement l'existence d'un droit d'intervention, particulièrement lorsqu'il est proclamé en dehors du cadre du droit international. Il faudra que l'Organisation puisse répondre aux nouvelles menaces à la paix et à la sécurité tout en respectant l'esprit de la Charte. Il ne faut en aucun cas courir le risque de réduire les outils de négociations internationaux et d'affaiblir l'Organisation. Il faut à la fois trouver des solutions durables, préserver la paix et protéger les vies et les droits de l'homme des personnes touchées par les conflits.

Des efforts concertés doivent être faits pour trouver des mécanismes rapides et efficaces permettant de répondre aux besoins des populations qui sont de par le monde victimes de catastrophes naturelles. Au niveau régional, les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes ont adopté des mesures pour promouvoir une coopération technique en cas de catastrophes naturelles. Cela inclut les mesures préventives et une aide apportée au moment de la catastrophe et durant la période de reconstruction. En ce qui concerne le système financier international et ses liens avec le développement social, il est important d'établir des mécanismes permettant de prévenir les crises financières et réduire leur impact, notamment sur les pays en développement, et de trouver suffisamment tôt des solutions adéquates. Pour qu'il puisse y avoir un système financier international qui soit stable, transparent et prévisible, il faut que les différents participants acceptent leurs responsabilités. Les différents pays doivent s'engager à suivre des politiques macro-économiques ayant pour objectif à la fois la croissance et la justice sociale. Un système bancaire solide est essentiel pour protéger les pays des mouvements de capitaux spéculatifs. Le système financier mondial doit réussir à réconcilier l'économie et la société. La croissance durable est la méthode la plus efficace pour réduire les inégalité et la pauvreté.

M. ALI ALATAS, Ministre des affaires étrangères de la République d'Indonésie: je pourrai aujourd'hui, faire devant vous le même discours qu'il y a un, deux ou trois ans, dans la mesure ou depuis lors, aucun changement significatif n'est intervenu dans les relations internationales. Toutefois, il faut reconnaître un certain nombre de développements positifs, tels que la signature de l'Accord de Sharm El-Sheikh par le Président de l'Autorité palestinienne et le Premier Ministre israélien, l'Accord-cadre sur le conflit entre l'Erythrée et l'Ethiopie, l'Accord de cessez-le-feu en République démocratique du Congo. Tous ces faits sont autant d'étapes encourageantes, dans la voie de solutions justes et durables. Dans le domaine économique, les investisseurs semblent de nouveau accorder leur confiance aux économies asiatiques. Récemment, le Groupe des Huit a décidé d'alléger la dette des pays les plus pauvres. Pourtant, notre monde reste caractérisé par la brutalité. En de nombreuses régions, la violence et les conflits armés persistent, provoquant des désastres humanitaires. En dépit de la présence de forces de maintien de la paix de l'ONU, Serbes et Kosovars continuent de se tuer au Kosovo, le dialogue a été abandonné en Afghanistan. Créées après la seconde guerre mondiale pour constituer un forum destiné à maintenir la sécurité et à résoudre les conflits dans le monde, les Nations Unies sont un chef d'oeuvre de la raison humaine. Elles ne sont pas parvenus à tenir leur promesse de paix globale, pas davantage n'ont-elles éradiqué le phénomène de la pauvreté. Pourtant, l'Organisation s'est efforcée de nous épargner les horreurs de la guerre nucléaire et a mis en oeuvre, au moyen de ses institutions spécialisées, de multiples activités de soutien au développement économique. Malgré cela nous avons laissé l'instrument de notre salut devenir insolvable, en un temps où beaucoup lui est demandé en tant que mécanisme central et catalyseur de la coopération multilatérale. Alors que ses organes devraient travailler de concert, nous assistons au spectacle d'un Conseil de sécurité paralysé par l'utilisation du droit de veto. La triste vérité est que les iniquités et les déséquilibres qui existent dans les relations internationales, que les Nations Unies sont supposées réduire, ont atteint ses organes les plus essentiels. Ceci est vrai pour les Nations Unies mais aussi pour les institutions multilatérales qui lui sont liées. C'est la raison pour laquelle il a été si délicat de réformer cette institution, de renforcer son pouvoir, et de faire en sorte que la composition du Conseil offre un reflet plus fidèle des réalités économiques, démographiques de notre époque. Alors que son travail se concentre sur des conflits se déroulant principalement dans le monde en développement, les pays en développement y sont sous-représentés. Pour la même raison, le désarmement n'a pas pu réaliser de progrès substantiel dans les dernières années. On peut observer une situation identique au sein des instances économiques multilatérales. La mondialisation aurait pu jouer un rôle clé dans l'unification de l'humanité et livrer un assaut décisif contre les problèmes de la pauvreté et du sous-développement. Nous aurions pu l'utiliser pour habiliter les peuples du monde entier. Nous aurions pu construire un partenariat plus équitable entre les mondes développés et en développement. Au lieu de cela, les économies les plus faibles ont été laissées à la merci du marché. Si le progrès consiste à réduire la pauvreté, à éliminer les penchants humains pour le conflit et la violence, alors j'ai bien peur que nous entrions dans le nouveau millénaire dans une situation comparable à celle que nous connaissons, il y a un siècle. La vérité est que nous connaissons les moyens de résoudre nos problèmes. Mais nous ne le faisons pas, car cela passe par des changements radicaux et profonds. Nous connaissons en Indonésie le prix à payer pour effectuer de tels changements. En réponse aux crises asiatiques, nous avons initié des réformes sociales, économiques et politiques. De nouvelles lois ont été votées pour permettre au peuple de participer à la prise de décisions.

Notre responsabilité vis-à-vis du Timor oriental a évolué. Il y a vingt quatre ans de cela, il était de notre responsabilité d'accepter le territoire en tant que province de notre République, afin de mettre fin à un carnage fratricide qui intervenait après le processus de décolonisation. Il nous appartenait alors de répondre aux volontés de liberté des Timorais, et nous l'avons fait en procédant à l'intégration des Timorais à notre République, ce qui constituait pour nous un fardeau. Aujourd'hui, nous nous devons de satisfaire les nouvelles aspirations exprimées par les Timorais qui souhaitent accomplir leur destin en dehors de notre République. A cet égard, nous nous assurerons que des chemins différents pourront être pris de façon honorable, pacifique et amicale.

M. ISMAIL CEM, Ministre des affaires étrangères de Turquie: il y a un peu plus d'un mois, un des séismes les plus meurtriers du siècle a frappé le nord de la Turquie, faisant plus de 15 000 morts, trois fois plus de blessés, et plus d'un demi million de personnes sans abri. On a vu à cette occasion tragique les meilleures qualités de la nature humaine et la Turquie tient à faire part de sa profonde gratitude à tous ceux qui étaient à ses côtés dans cette épreuve. Le Gouvernement a mobilisé toutes ses ressources humaines et matérielles pour surmonter les conséquences de cette catastrophe mais, vu l'ampleur de la tâche, l'aide continue de la communauté internationale reste importante. Après la vague récente de séismes dans le monde, la Turquie estime que l'ONU doit prendre de nouvelles mesures face aux catastrophes naturelles. C'est dans cet esprit, que la Turquie et la Grèce, pays voisin qui a également souffert récemment d'une catastrophe similaire, présentent un projet de résolution à l'Assemblée générale sur cette question. La Turquie espère que ce texte qui a été présenté hier par la Grèce recevra le soutien de l'Assemblée.

A la veille du 21ème siècle, la Turquie entend renforcer sa contribution à la paix et à la stabilité internationales. Située au carrefour de l'Europe et de l'Asie, elle aspire à la création d'une large zone de coopération et de prospérité, tout en poursuivant son rôle traditionnel de pont entre ces deux continents, et entre leurs cultures et leurs peuples. La Turquie est particulièrement engagée dans les efforts de paix dans les Balkans, au Moyen-Orient, dans le Sud du Caucase et en Asie centrale, où elle participe aussi aux efforts démocratiques et de développement économique. Dans le Caucase et en Asie centrale, la coopération peut rapidement apporter aux populations une plus grande prospérité. L'Asie centrale connaîtra un développement économique important, fondé sur la richesse de ses ressources humaines et naturelles. La Turquie, de par sa situation géographique, servira de terminal énergétique, connectant la richesse et les ressources de l'Asie et de l'Europe. Nous sommes déterminés à nous engager dans cette grande entreprise et à voir naître ces projets gigantesques au siècle prochain.

La Turquie partage la vision d'une Europe du Sud-Est pacifique, démocratique et prospère et continuera à apporter son aide et ses ressources à cette fin. La nécessité d'un programme de stabilisation et de reconstruction de grande ampleur et à long terme pour toute la région, et en particulier pour le Kosovo, est évidente. Les tragédies dans les Balkans ont montré qu'il fallait faire preuve de prudence et d'équilibre dans la résolution des conflits. Nous ne pouvons nous permettre d'agir de manière sélective ou montrer une préférence. Nous ne pouvons imposer des solutions qui ne correspondent pas aux réalités et aux aspirations des populations concernées. Il en va de même pour Chypre. Jusqu'en 1974, les Chypriotes turcs ont terriblement souffert en cherchant à protéger leurs droits et intérêts légitimes. On ne peut revenir à ces jours sombres. Un compromis juste et durable ne peut être fondé que sur les réalités existantes. Il y a deux peuples séparés, deux Etats séparés à Chypre. Ces deux Etats doivent pouvoir résoudre leurs différends de leur propre volonté. D'ici là, on peut améliorer les relations entre les deux parties en levant l'embargo injuste imposé aux Chypriotes turcs et en adoptant des mesures visant à empêcher la confrontation comme l'a proposé le Secrétaire général. La Turquie estime que l'option d'une confédération constitue la base d'un règlement réaliste et viable à Chypre.

Il y a trois mois, la Turquie et la Grèce ont entamé un nouveau dialogue. Des fonctionnaires de haut rang des ministères des affaires étrangères des deux pays se sont rencontrés à deux reprises pour explorer les possibilités de coopération dans les domaines du tourisme, de l'environnement, du commerce, de la culture, de la coopération régionale et de la lutte contre le crime organisé, l'immigration illégale, le trafic de drogues et le terrorisme. Ils sont convenus qu'il y avait dans ces domaines des opportunités de coopération et ont identifié des projets spécifiques à cette fin. La Turquie est déterminée à mener ce processus de dialogue au-delà de son cadre actuel et à l'élargir à d'autres domaines. Lors des séismes qui ont frappé les deux pays, l'émotion et la solidarité des populations turque et grecque ont montré qu'il n'y avait plus place pour la confrontation et les tensions. Ce message fort de la part de nos populations nous aidera, en tant que gouvernements, à avancer avec davantage de détermination.

La Turquie accueillera, en novembre prochain à Istanbul, le Sommet de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui aura un rôle important dans l'élaboration de l'architecture de sécurité et de coopération en dans l'espace euro-asiatique. Disposée à assumer de plus grandes responsabilités, la Turquie a présenté sa candidature pour devenir membre du Conseil de sécurité en 2001-2002 et demande le soutien de l'Assemblée à cette fin.

M. ANDREI GABRIEL PLESU, Ministre des affaires étrangères de la Roumanie: que nous l'aimions ou pas, la mondialisation est là. Ce que je veux dire par là est que, lorsque nous parlons de mondialisation, nous ne devons pas faire preuve de dogmatisme ou d'acquiescement béa. La mondialisation apporte autant de bienfaits que de risques. Il ne faut pas oublier que la première expérience de notre siècle avec mondialisation fut la guerre mondiale.

L'élément moral de la mondialisation s'appelle la solidarité. On peut dire que les Nations Unies ont anticipé - à travers leurs structures et leurs buts-mêmes - la mondialisation contemporaine. Les Nations Unies sont en quelque sorte la solidarité institutionnalisée. Appartenir à cette organisation signifie faire de cette solidarité la norme suprême de sa conduite.

Il faut être clair sur le fait que le seul bénéficiaire de toute forme de solidarité est l'homme. Les organisations internationales, les Etats, les gouvernements n'ont pas de légitimité propre et ne peuvent être jugés autrement qu'à travers leur influence sur les destins individuels. Un tel mode de penser s'est imposé récemment au sujet des interventions humanitaires, des droits de l'homme et de la réforme du système juridique international. Cette question est sensible et pleine de pièges. Mais en même temps il nous est impossible de tolérer toute forme d'injustice sociale et de crimes couverts par la non- ingérence dans les affaires internes. Indubitablement, le respect des droits de l'homme relève avant tout de la responsabilité des gouvernements nationaux et des institutions étatiques. Mais si ces derniers ne s'acquittent pas de cette tâche, il faut une institution capable de mettre en oeuvre le respect des normes internationales et il n'y a pas d'institution plus à même pour le faire que les Nations Unies.

Souvenons-nous ici des mots de Keynes :"ce qu'il y a d'important pour un gouvernement n'est pas ce que les individus font de toute façon, et de le faire un peu mieux ou un peu moins bien, mais de faire des choses que personne ne fait pour l'instant." Nous en Roumanie, comme beaucoup de pays d'Europe centrale et orientale, avons péniblement appris cette simple vérité au cours d'un difficile, parfois douloureux processus de transition, et nous continuons de le faire. C'est dans cet esprit et en reconnaissant la dimension internationale de la bonne gouvernance à une époque de changement global que la délégation roumaine a présenté un projet de Code de conduite démocratique qui sera examiné au cours de cette session de l'Assemblée générale de l'ONU. L'importance, et je dirais la nouveauté, de ce document est qu'outre l'énumération de principes et le rappel de buts généraux, il donne des modalités pratiques pour leur mise en oeuvre dans les sphères politique, juridique, administrative, économique et sociale. Enfin, il souligne le rôle crucial d'acteurs non-institutionnels, communautés des affaires, syndicats, ONG, société civile et médias - dans l'établissement de politiques et dans l'édification d'un consensus favorable à leur mise en oeuvre.

Les Nations Unies sont incomparablement équipées, tant par leur structure que par leurs capacités d'expertise, à rechercher des solutions spécifiques, et non standard, à des problèmes spécifiques. Concernant l'élargissement de la composition des membres du Conseil de sécurité et l'amélioration de ses réalisations, nous pensons qu'il convient de prendre en compte les intérêts de tous les groupes régionaux, y compris ceux d'Europe de l'Est qui ont vu la plus spectaculaire augmentation de leur nombre au cours des trois dernières décennies. La Roumanie a salué la création d'une Brigade d'intervention rapide des forces des Nations Unies (SHIRBRIG), dont elle fait partie. Les événements mondiaux récents ont démontré l'urgent besoin de la rendre opérationnelle le plus rapidement possible. Les contingents roumains ont pris part à plusieurs opérations de maintien de la paix, de soutien de la paix et de police au sein de l'ONU et en dehors et sont prêts à continuer d'améliorer et de diversifier leur contribution à de telles activités.

La tragédie des Balkans a fait la une pendant toute l'année qui s'est écoulée. Il est réconfortant de noter que la solidarité transatlantique a une fois de plus, résister à un test vital au cours des mois derniers. Le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est est la preuve de l'efficacité d'une telle approche audacieuse et nouvelle, un programme complet et orienté vers l'avenir qui propose de traiter toute la région avec des mesures spécifiques réparties en trois volets : sécurité internationale, développement économique, renforcement de la démocratie et des institutions. La Roumanie s'est félicitée dès le début de ce Programme, elle en fait partie et fera son possible pour la meilleure mise en oeuvre possible.

M. ALEKSANDAR DIMITROV, Ministre des affaires étrangères de la République de Macédoine: La Macédoine regrette que l'une des caractéristiques principales de l'année passée a été le manque de respect flagrant des valeurs fondamentales de la société démocratique. En plus des tragédies majeures auxquelles le monde a été confronté, on a pu observer une tendance grandissante vers des conflits armés et des tensions internes et externes. La grave crise humanitaire au Kosovo a eu de lourdes conséquences sur la stabilité et la sécurité de la région et au delà. Elle a eu des effets particulièrement adverses sur la Macédoine qui a dû accueillir un grand nombre de réfugiés, dont le nombre était supérieur à 360 000 soit 18% de sa population totale. La Macédoine a été confrontée à une situation économique, sociale et politique difficile, tendant à la déstabiliser, surtout du fait que la communauté internationale n'a pas réagi avec assez de rapidité à la crise. Les conséquences adverses pour l'économie de la Macédoine, déjà en difficulté, sont énormes et se montent approximativement près de 660 millions de dollars. De nombreux travailleurs ont perdu leur emploi du fait de la perte de marchés et de l'augmentation des coûts du transport. Le taux de chômage a atteint 40%. La population de la Macédoine a fait preuve d'une grande humanité, tolérance et solidarité à l'égard des réfugiés malgré les pressions sociales, politiques et économiques. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui il y a encore 30 000 réfugiés kosovars en Macédoine. La communauté internationale doit continuer à déployer tous les efforts possibles pour assurer leur retour en toute sécurité chez eux. Les forces de maintien de la paix de l'OTAN ont été déployées en Macédoine afin de soutenir les efforts internationaux visant à trouver une solution politique à la crise. L'assistance financière et le soutien de la communauté internationale est indispensable à la reprise de l'économie nationale qui subit encore les conséquences de la crise. La Macédoine demande aujourd'hui à la communauté internationale d'honorer les engagements qu'elle a souscrits durant la crise.

La Macédoine se félicite des efforts qui ont été faits pour mettre pleinement en oeuvre la résolution 1244 du Conseil de sécurité. Elle a fermement soutenu l'adoption du Pacte de stabilité comme l'un des documents les plus importants pour la région et pour l'Europe. La Macédoine est prête à jouer un rôle actif en vue de favoriser sa mise en oeuvre, contribuer à la reconstruction, à la stabilité de la région et à son intégration dans les structures européennes. L'un des aspects essentiels du Pacte concerne le développement économique et la reconstruction. Il est important que les Balkans participent davantage à l'évolution économique, politique et démocratique européenne. Il faut consolider l'Europe du Sud-Est et développer des stratégies préventives durables. La stabilité régionale peut être assurée à long terme par le développement économique, la démocratie, le respect des droits de l'homme, et la coopération bilatérale et régionale. L'une des meilleures garantie pour la sécurité de la région serait que les Etats de la région soient des membres à part entière de l'Union européenne et de l'OTAN. La Macédoine a réussi à rester à l'écart des 4 conflits armés qui ont eu lieu durant la dernière décennie sur le territoire de l'ex- Yougoslavie. Elle s'est engagée à poursuivre les réformes qu'elle a engagées, en se fondant sur les normes européennes, dans le domaine politique, économique et démocratique tout en respectant pleinement les droits de l'homme, notamment les droits des minorités. La Macédoine est prête à travailler en coopération avec les pays voisins et à promouvoir des activités permettant d'assurer la pleine mise en oeuvre du Pacte de stabilité. La promotion et la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales sont des domaines clefs et il est capital de renforcer tous les organes des Nations Unies qui en sont chargés.

Cette année marque le 10ème anniversaire de l'adoption de la Convention sur les droits de l'enfant. Bien que cette Convention ait été ratifiée par presque tous les Etats, sa mise en oeuvre est loin d'être pleinement réalisée. Un grand nombre d'enfants continue à être privé de ses droits fondamentaux. Il est essentiel que la protection des enfants soit pleinement garantie. La Macédoine aimerait voir, au cours du prochain siècle, une amélioration du développement économique et de la coopération économique internationale afin que puisse être comblé le fossé qui sépare les pays développés des pays en développement. L'augmentation de la pauvreté dans le monde et le chômage sont des problèmes fondamentaux qui doivent figurer en tête des préoccupations de la communauté internationale afin d'être éliminés. La mondialisation et la libéralisation de l'économie devraient s'accompagner d'une diminution des barrières et d'un meilleur transfert des biens et des services afin que tous les pays puissent en bénéficier. L'importance du rôle de l'Organisation exige que celle-ci puisse s'adapter à la réalité des situations et des problèmes. La réforme de l'ONU doit se poursuivre afin de donner à l'Organisation les moyens de répondre aux défis qu'elle aura à relever dans le futur.

Droit de réponse

Le représentant de l'Iraq répondant aux propos tenus cet après-midi par le Ministre des affaires étrangères du Koweït a affirmé que les sanctions prises par le Conseil de sécurité ne sont pas un moyen approprié d'apporter des solutions à la situation. Il a ajouté que de telles sanctions ont provoqué une véritable catastrophe humanitaire dans son pays. Le représentant du Koweït, a-t-il insisté a oublie que ces sanctions ont été la cause de la mort d'un demi million d'enfants car les sanctions sont une arme limitée qui manque parfois sa cible et conduit à des dégâts dans la population civile. Elles sont équivalentes à un "génocide".

S'agissant de l'UNSCOM, le représentant a affirmé que l'ancienne commission spéciale a servi d'outil d'espionnage de l'Iraq au bénéfice des Etats-Unis. Le fait que la Commission ait détruit des documents a mis en évidence son manque de professionnalisme. Les accusations d'espionnage ont été confirmées par le Secrétaire général lui même.

Il a déclaré que la question des Koweïtiens disparus est exploitée à des fins politiques par le Koweït. Le moment est donc venu de lever les sanctions contre l'Iraq et de mettre fin à l'agression dont elle est quotidiennement victime, de la part des Etats-Unis et de la Grande Bretagne. De telles agressions, constituent des violations de la Charte des Nations Unies et du droit international.

Prenant à son tour la parole, le représentant du Koweït a reconnu que les sanctions peuvent s'accompagner d'effets négatifs. Mais l'Iraq ne devait s'en prendre qu'à lui-même puisque ces sanctions ont été prises à la suite de violations du droit international par l'Iraq.

Le Koweït a-t-il précisé n'a fait simplement que rappeler que l'Iraq se refuse de participer aux travaux de la Commission tripartite. Quand à la question des prisonniers de guerre, nous sommes habitués aux tentatives de falsification des faits par l'Iraq. Le Gouvernement de l'Iraq sait que les résolutions du Conseil de sécurité doivent être appliquées pour que les sanctions soient levées. Il appartient donc à l'Iraq de prendre les mesures qui s'imposent en ce sens.

Répondant au représentant du Koweït, le représentant de l'Iraq a estimé que le Conseil de sécurité ne prend pas en ce qui concerne son pays les mesures qui conviennent, en raison d'un projet politique américain dont l'objet est de faire tomber le régime iraquien. Par ailleurs, il a indiqué que son pays a pris part, dans un esprit de coopération totale, aux travaux de la Commission.

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