En cours au Siège de l'ONU

AG/914

LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE INVITEE A APPUYER LES EFFORTS EN COURS POUR CONSOLIDER LA PAIX AU MOYEN-ORIENT, EN AFRIQUE ET DANS LES BALKANS

23 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/914


LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE INVITEE A APPUYER LES EFFORTS EN COURS POUR CONSOLIDER LA PAIX AU MOYEN-ORIENT, EN AFRIQUE ET DANS LES BALKANS

19990923

La fragilité de la paix dans de nombreuses parties du monde et la nécessité de trouver des solutions durables aux problèmes qui ont le potentiel de déstabiliser des régions entières, ont été soulignées par plusieurs intervenants au cours du débat général de l'Assemblée générale qui se poursuivait ce matin. Dans les Balkans, au Moyen-Orient, en Afrique, la situation requiert un appui constant de la communauté internationale, et en particulier du Conseil de sécurité, appelé à assumer sa responsabilité en matière de maintien de la paix et de la sécurité dans le monde et à veiller au respect du droit international.

Evoquant la tragédie récente au Kosovo, le Président de l'Albanie, M. Rexhep Meidani a appelé à se battre afin d'isoler toute politique qui encourage la haine et les divisions ethniques, car cette politique anachronique, foyer des catastrophes humaines, a été et demeure une des causes principales de la déstabilisation de la région balkanique et du retard de son essor économique". La fin du conflit au Kosovo et le souci de la communauté internationale de transformer les Balkans de "baril de poudre" qu'ils étaient en une région de paix et de stabilité, ont offert aux pays de notre région une chance historique de développement, de prospérité et de démocratisation que nous avons décidé de ne pas laisser échapper, a assuré M. Meidani. Il a invité tous les pays de la région à coordonner leurs efforts pour s'intégrer dans l'Union européenne et l'OTAN, ensemble et non séparément.

Tout en se félicitant du rapprochement entre la Grèce et la Turquie, le Président de Chypre, M. Glafcos Clerides, a déploré le fait qu'en ce qui concerne la question chypriote, le Premier Ministre turc ait récemment remis en question les bases de négociation acceptées par la communauté internationale, alors que de nouvelles négociations sont prévues sous les auspices de l'ONU. Chypre doit être une République fédérale ayant deux communautés et deux zones, avec une seule souveraineté et une seule citoyenneté, a-t-il déclaré, excluant toute solution fondée sur une union totale ou en partie avec tout autre Etat, ainsi que toute forme de séparation. Une solution juste à la question de Palestine, qui est au coeur du conflit au Moyen-Orient, exige un renforcement des efforts internationaux, a déclaré le Président de l'Autorité palestinienne, M. Yasser Arafat. Pour

celui-ci, le Mémorandum de Sharm el-Sheikh, signé le 4 septembre entre la Palestine et Israël, représente un nouvel espoir de remettre sur la bonne voie le processus de paix, mais, il faut parallèlement qu'Israël mette fin aux violations des résolutions et dispositions internationales, y compris en ce qui concerne les colonies de peuplement, la confiscation des terres, notamment à Al-Qods Al-Sharif (Jérusalem) et dans ses environs. Le Ministre des affaires étrangères égyptien, M. Amre Moussa, a souhaité que la revitalisation du processus de paix permette de parvenir à un règlement pacifique global qui institue un Etat palestinien, mette fin à l'occupation des territoires syrien et libanais, et assure la sécurité pour tous. Il a, en outre, appelé Israël, seul Etat de la région à ne pas l'avoir encore fait, à ratifier le Traité sur la non prolifération nucléaire. L'élimination des armes de destruction massive est le moyen le plus sûr de parvenir à la sécurité dans la région du Moyen-Orient, a-t-il dit.

Sur le continent africain, on constate, comme l'ont fait remarquer M. Moussa et le nouveau Président du Nigéria, M. Olusegun Obasanjo, la mise en oeuvre d'une politique africaine résolue à mettre fin aux conflits par la voie du dialogue, de la réconciliation nationale et de la conciliation entre pays voisins. Si les organisations régionales ont un rôle essentiel dans le maintien de la paix et de la sécurité sur le continent, il est temps que le Conseil de sécurité assume son rôle en Afrique, notamment en Sierra Leone, a toutefois souligné M. Obasanjo. Pendant trop longtemps, le fardeau du maintien de la paix en Afrique de l'Ouest a été laissé uniquement à notre sous- région, ce qui, dans le cas du Nigéria, épuise financièrement ses capacités à faire décoller son économie, a-t-il expliqué. Malgré les réformes entreprises, de nombreux obstacles, dont en premier lieu le poids de la dette, continuent d'entraver le développement du continent africain et des pays en développement, laissés-pour- compte des bénéfices de la mondialisation. Partant, le Président nigérian a lancé un vibrant appel en faveur de l'allégement, voire de l'annulation définitive de la dette de ces pays. Ce n'est pas un appel à la charité mais une question de justice sociale et économique qui doit être corrigée si l'on veut assurer la paix et la stabilité au 21ème siècle, a-t-il affirmé.

Revenant sur la question de la souveraineté des Etats, le Ministre des affaires étrangères du Canada, M. Lloyd Axworthy, a estimé que si ce principe demeure fondamental et un des principaux piliers de la paix et de la sécurité, il n'a rien d'absolu et ne peut servir à occulter les violations les plus graves des droits de la personne et des libertés fondamentales. Il est grand temps que les peuples représentés au sein de cette Assemblée amorcent une nouvelle réflexion sur leur influence et fassent entendre leur voix, a-t-il recommandé. Le Ministre a encore expliqué la difficulté de lancer des actions concertées par le fait que trop de pays cherchent encore à protéger leur prérogatives, continuent à participer à des jeux de pouvoir exclusifs, ou

à refuser d'acquitter leur contribution, paralysant ainsi l'ONU et l'empêchant de s'attaquer aux problèmes qui nuisent au bien collectif. Le Président nigérian a lui aussi évoqué la nécessité de revoir le fonctionnement de l'Organisation et a plaidé notamment en faveur d'un élargissement du Conseil de sécurité, réclamant deux siège au moins pour l'Afrique.

Ont participé au débat ce matin: M. Rexhep Meidani, Président de l'Albanie; M. Glafcos Clerides, Président de Chypre; M. Olusegun Obasanjo, Président et Commandant en chef des forces armées du Nigéria; le Prince Albert de Monaco; M. Lloyd Axworthy, Ministre des affaires étrangères du Canada; M. Amre Moussa, Ministre des affaires étrangères de l'Egypte; et M. Yasser Arafat, Président de l'Autorité palestinienne.

Le débat général se poursuivra cet après-midi à partir de 3 heures. Y participeront notamment : M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, Président de la Guinée équatoriale; M. Pakalitha Bethuel Mosisili, Premier Ministre du Lesotho; et M. Salim El-Hoss, Premier Ministre du Liban.

Allocution de M. Rexhep Meidani, Président de la République d'Albanie

M. REXHEP MEIDANI, Président de la République d'Albanie : je suis heureux de déclarer que l'année en cours a été marquée par de réels changements positifs en Albanie, dans les domaines politique et social, comme sur le plan économique. Mon pays a accompli des progrès dans le renforcement de ses institutions démocratiques et de la société civile, dans le respect des libertés et des droits de l'homme. Ainsi, des progrès notables ont été réalisés dans la mise en oeuvre de l'indépendance des trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire. Par ailleurs, l'Etat et le Gouvernement albanais ont donné la priorité au développement économique du pays en favorisant la libre initiative dans le processus de privatisation. A cet égard, nous apprécions la coopération bénéfique établie avec la Banque mondiale, qui s'est traduite par la mise en place de projets très importants. L'appui du Fonds monétaire international a grandement contribué à vivifier les finances de mon pays. L'objectif principal de la stratégie de mon pays demeure son intégration dans les structures euroatlantiques et son adhésion à l'Union européenne. Déjà, les relations entre l'Albanie et l'Union européenne ont été marquées par un net progrès qualitatif. L'intensification de la coopération dans divers domaines laisse augurer notre accession prochaine à un accord d'association.

Les travaux de cette session se déroulent alors que le Kosovo et la région entière déploient des efforts pour panser les plaies ouvertes par le régime de Milosevic. Les massacres de Raçak, Peja, les charniers que l'on découvre tous les jours resteront les témoignages d'un génocide sans précédent. Nous saluons la communauté internationale pour avoir cette fois, à la différence de ce qui s'est passé en Bosnie, montré sa ferme volonté de prendre des mesures efficaces pour instaurer la paix dans la région troublée des Balkans. Je souhaite, du haut de cette tribune, appeler tous les pays et surtout ceux de notre région, à collaborer avec le Tribunal international sur les crimes dans l'ex-Yougoslavie afin de dénoncer au grand jour les forfaits commis à l'encontre de la population albanaise du Kosovo. L'Etat albanais a mené une action diplomatique intense pour faire en sorte que les forces politiques au Kosovo adoptent une attitude commune et acceptent le Plan de Rambouillet. L'ONU, appliquant la résolution 1244 du Conseil de sécurité, joue actuellement, au lendemain de la crise du Kosovo, un rôle déterminant. La nouvelle administration civile est fiévreusement engagée à l'édification, la démocratisation et au raffermissement d'une société multiethnique. Nous soutenons tous les efforts des forces politiques internationales et kosovares en vue d'une coexistence pacifique entre les Albanais et les minorités ethniques au Kosovo. Nous souhaitons que l'ONU, comme les organisations qui la soutiennent, poursuivent leur action pour conjurer tout facteur négatif susceptible de compromettre une paix et un avenir sûrs au Kosovo. La fin du conflit au Kosovo et l'action de la communauté internationale ont offert aux pays de notre région une chance historique de développement, de prospérité,

de démocratisation que nous avons décidé de ne pas laisser échapper. Le Pacte de stabilité pour l'Europe du Sud-Est est le document fondamental de la consolidation des valeurs démocratiques, de l'essor économique et du renforcement de la sécurité de notre région. Mon Gouvernement est en train d'adopter des mesures en vue de réaliser les objectifs de ce Pacte.

Nous nous félicitons des efforts déployés par l'ONU en vue du raffermissement continu de son rôle dans la résolution des conflits. C'est pourquoi nous sommes favorables à la démocratisation et au renforcement du Conseil de sécurité afin qu'il soit mieux à même de refléter les nouvelles réalités internationales. Par ailleurs, nous sommes favorables à la réforme financière et budgétaire de l'Organisation.

Allocution de M. Glafcos Clerides, Président de la République de Chypre

M. GLAFCOS CLERIDES, Président de la République de Chypre : à l'aube du XXIème siècle, il est important que les Etats Membres réaffirment leur engagement vis-à-vis de l'Organisation des Nations Unies. L'ONU doit être à même de répondre le plus efficacement possible à des défis complexes tels qui les conflits - à la fois internationaux et internes - l'élimination de la pauvreté, le développement durable, le terrorisme, le trafic de drogue, les épidémies, les catastrophes naturelles et la prolifération d'armes de destruction massive. Le rôle que peut jouer l'Organisation ne doit pas être sous-estimé. Chypre soutient les efforts de réforme entrepris par l'ONU pour pouvoir être plus efficace.

Le récent tremblement de terre en Turquie a montré la fragilité des êtres humaines face aux catastrophes naturelles. Chypre renouvelle sa sympathie au peuple turc pour les énormes pertes subies et appelle la communauté internationale à continuer à aider la Turquie dans les efforts de reconstruction qu'elle devra entreprendre dans les régions dévastées. Chypre se félicite que, malgré les différends politiques existant, la Grèce et Chypre ont été parmi les premiers pays qui sont intervenus pour aider la population turque. De la même façon, Chypre félicite la Turquie d'avoir apporté son aide à la suite du tremblement de terre qui a eu lieu en Grèce et salue le nouvel esprit d'amitié qui a commencé à émerger entre les deux pays.

Cela fait cette année un quart de siècle que la Turquie a envahi de façon illégale le territoire de Chypre dont elle occupe 37%. Chypre pourrait aujourd'hui évoquer le nettoyage ethnique que la Turquie a opéré à l'encontre des Chypriotes grecs - qui a conduit 180 000 d'entre eux à devenir des réfugiés sur leur propre territoire -, citer le drame des Chypriotes grecs portés disparus et les nombreuses violations des droits de l'homme commises à leur encontre. Chypre s'abstiendra de pointer un doigt accusateur vers la Turquie car il est préférable de regarder vers l'avenir plutôt que vers le passé. Chypre attend que le Secrétaire général des Nations Unies invite les deux parties à prendre part à des négociations sous les auspices de l'ONU afin de trouver une solution globale au problème de Chypre. Cette initiative a reçu l'aval de la communauté internationale et notamment du Groupe des 8 pays les plus industrialisés, du Conseil de sécurité, de l'Union européenne et du Mouvement des pays non alignés. Nous savons tous que la communauté internationale s'efforce de persuader la Turquie et le leader Chypriote turc M. Denktash de ne pas poser de préconditions.

Il est regrettable que, le 16 septembre, le Premier Ministre de la Turquie, ait insisté dans une déclaration publique sur deux conditions préalables à ces négociations -- à savoir la reconnaissance de ce qui est appelé la "République turque du nord de Chypre" et le fait que ces négociations doivent se faire entre deux Etats plutôt qu'entre deux communautés comme cela l'est demandé par les résolutions du Conseil de sécurité--, et sur le fait que l'embargo économique contre les Chypriotes turcs doit être levé. Ce que le Premier Ministre de la Turquie appelle "embargo" est le résultat d'une décision de la Cour européenne et est lié au fait que la prétendue "République turque du nord de Chypre" n'est pas un Etat reconnu. Les négociations doivent se faire dans le cadre des paramètres établis par la communauté internationale conformément aux résolutions du Conseil de sécurité. Chypre doit être une République fédérale ayant deux communautés et deux zones, avec une seule souveraineté et une seule citoyenneté. Toute solution doit exclure d'une part une union soit totale soit en partie avec tout autre Etat et d'autre part toute forme de sécession. Un partenariat entre les deux communautés est nécessaire pour trouver une solution durable. Le principe de statut politique égal des parties constituantes doit permettre de leur donner les mêmes droits, pouvoirs et fonctions. La Constitution doit prévoir une participation égale des parties constituantes dans le Gouvernement fédéral et garantir les droits de l'homme et les libertés fondamentales de tous les citoyens de la fédération. Une telle fédération, en devenant membre de l'Union européenne, pourra prospérer et jouir d'une paix et d'une stabilité fondée sur le droit international. Elle sera supervisée par une force internationale, constituée par le Conseil de sécurité, qui pourra intervenir au cas où des actes illicites mettraient en danger l'une des communautés ou l'intégrité territoriale de l'Etat fédéral. Il est essentiel de trouver une solution viable qui permette de guérir les blessures du passé. Il n'est pas bon de vouloir que celles-ci se fassent suivant de nouveaux paramètres. Les paramètres permettant de trouver une solution viable au problème de Chypre figurent déjà dans les résolutions pertinentes des Nations Unies. Les deux côtés doivent faire preuve de volonté politique, de courage et de flexibilité.

Allocution de M. Olusegun Obasanjo, Président et Commandant en chef des forces armées de la République fédérale du Nigéria

M. OLLUSEGUN OBASANJO, Président et Commandant en chef des forces armées de la République fédérale du Nigéria : depuis son entrée en fonction il y a environ quatre mois, notre administration a mis en place un cadre institutionnel visant à réconcilier les intérêts divergents et les différents groupes de la société. Nos institutions démocratiques fonctionnent à présent avec efficacité et nous avons opté pour une politique d'inclusion à tous les niveaux de gouvernement. Ainsi, le Cabinet, par exemple, comprend des représentants de tous les partis politiques enregistrés. Notre administration a lancé des initiatives visant à revitaliser l'économie afin de créer un environnement favorable aux investissements et à la croissance économique. Un cadre juridique approprié a été mis en place pour protéger les investissements étrangers et le rapatriement des profits légitimes. Parmi les autres initiatives qui ont été prises, on peut citer une campagne anti-corruption vigoureuse; la promotion de la transparence et de l'obligation de reddition faite aux pouvoirs publics; l'abolition des décrets et dispositions qui faisaient obstacle aux investissements étrangers; la création d'opportunités d'emplois; la privatisation d'entreprises étatiques clefs, comme les compagnies d'électricité et de télécommunications; des mesures visant à redresser les cas flagrants d'injustice à l'égard des minorités ethniques, en particulier dans les zones pétrolifères de la région du Delta du Niger, et à traiter les problèmes d'environnement; l'ouverture d'enquêtes sur les violations des droits de l'homme qui ont eu lieu dans le passé; et le renforcement de la capacité des institutions responsables du maintien de l'ordre public afin de promouvoir le respect de la loi et de l'ordre, et la sécurité, et de s'attaquer avec davantage d'efficacité au problème du trafic de drogue.

Des défis monumentaux se posent à l'Afrique dans le cadre des efforts visant à améliorer la qualité de vie sur le continent. Nous devons combattre le fléau de la pauvreté et de la détresse matérielle qui a été une caractéristique persistante de notre histoire. En outre, il est tragique de constater que l'Afrique, le continent le moins développé et le moins à même d'absorber les chocs externes, doit encaisser les effets négatifs de la mondialisation de l'économie. Des statistiques sombres indiquent que la marginalisation bien connue du continent s'est transformée en une véritable rupture des liens avec le reste du monde. Et cette tendance se poursuit indépendamment des efforts des pays africains pour mettre en place des réformes économiques ambitieuses et maintenir une stabilité macro-économique, en particulier par l'introduction d'un environnement plus ouvert et plus favorable aux investissements. La recherche d'une gestion meilleure et plus équitable de l'économie mondiale exige que l'on se penche sur l'évolution peu satisfaisante du système commercial multinational. La grande majorité des pays en développement n'ont pas été en mesure de tirer des bénéfices de leur appartenance à l'Organisation du commerce mondial (OMC) et les perspectives commerciales de l'Afrique continuent d'être handicapées par la non-application des dispositions spéciales et préférentielles favorisant les pays en développement, et les mesures de plus en plus protectionnistes imposées à l'encontre de nos produits d'exportation. En outre, le faible niveau de l'assistance technique et financière, qui nous aurait permis de tirer avantage des possibilités limitées d'accès aux marchés, continue d'accentuer la marginalisation de nos pays dans l'économie mondiale.

Il ne fait aucun doute que l'obstacle le plus important que rencontrent les pays en développement est leur dette chronique. Certains pays africains dépensent aujourd'hui jusqu'à quatre fois plus en remboursement du service de la dette que dans les domaines de l'éducation et de la santé. On estime que pour chaque dollar donné dans le cadre de l'aide publique au développement, trois dollars reviennent dans les pays riches en remboursement du service de la dette. La diminution de la dette des pays en développement n'est pas un appel à la charité mais une question pressante de justice sociale et économique qui doit être corrigée si l'on veut assurer la paix et la stabilité au 21ème siècle. Le Nigéria propose en conséquence une annulation définitive de la dette; une éligibilité limitée aux dettes non remboursables; une remise de la dette qui ne dépende pas des conditions institutionnelles pénibles des programmes d'ajustement structurel; la reconnaissance que le prêteur et l'emprunteur assument des responsabilités conjointes pour les dettes qui ont été contractées dans des circonstances moralement discutables; et l'annulation de la dette au profit des petits gens. Les Nigérians s'attendent à juste titre à ce que la démocratie apporte des améliorations tangibles dans leur vie. Notre administration ne pourra toutefois répondre à ces aspirations sans une diminution substantielle du fardeau de la dette.

Il n'est un secret pour personne que l'essentiel de la richesse de l'Afrique a été sorti de façon illégale du continent par des régimes corrompus et des individus non patriotes travaillant en collaboration avec des partenaires étrangers. Le Nigéria et de nombreux pays africains seraient en mesure de rembourser une grande partie de leur dette si seulement ils pouvaient récupérer une partie des capitaux partis illégalement vers l'étranger. Il est temps de s'attaquer de façon collective à cette question et de déployer à cette fin un effort concerté, en élaborant une convention internationale pour le rapatriement vers l'Afrique et le monde en développement de tous les capitaux transférés illégalement hors de ces pays. Une telle convention est juridiquement faisable et moralement durable. Elle obligera les banques impliquées à indiquer la source des transferts illégaux et à les rapatrier vers les pays d'origine, tout en rendant responsables devant le droit national et international les auteurs de tels actes.

Parmi les autres défis immédiats auxquels doit faire face le continent, il y a, outre la pandémie du VIH/sida, les conflits sur le continent, au nombre de 19 pour la seule Afrique sub- saharienne. Le Nigéria et toute la sous région de l'Afrique de l'Ouest ont consacré d'énormes ressources à la résolution de ces crises, à commencer par le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau. Lors du Sommet récent de l'Organisation de l'unité africaine, à la suite d'un appel lancé par le Nigéria, il a été décidé de déclarer l'année 2000, Année de la paix, de la sécurité et de la stabilité en Afrique. Si le maintien de la paix et de la sécurité internationales demeure la responsabilité première du conseil de sécurité, le rôle complémentaire des groupes régionaux et sous-régionaux s'est également avéré essentiel pour le maintien de la paix aux niveaux régional et mondial, comme en témoigne le succès de l'ECOMOG au Libéria et en Sierra Leone. Le moment est toutefois venu que le Conseil de sécurité assume toutes ses responsabilités, spécifiquement en Sierra Leone et autres points chauds en Afrique. Pendant trop longtemps le fardeau du maintien de la paix en Afrique de l'Ouest a été laissé uniquement à notre sous-région, ce qui épuise financièrement le Nigéria. Pour que notre pays décolle économiquement, cette situation doit cesser. L'ONU doit faire davantage pour fournir la logistique et le soutien financier nécessaire aux efforts régionaux de construction et de maintien de la paix, ainsi que pour renforcer le bien-être des réfugiés à travers le monde sans discrimination.

S'agissant de la démocratisation des organes de l'ONU, le Nigéria lance un appel pressant pour qu'au cours de cette session, l'Assemblée générale parvienne à un accord sur les modalités de réforme et d'élargissement du Conseil de sécurité qui puisse être adopté au cours de l'Assemblée du millénaire au plus tard. Comment l'ONU peut-elle continuer à justifier une situation dans laquelle l'Afrique est le seul continent qui ne dispose pas d'un siège permanent au Conseil de sécurité ? L'Afrique, avec ses 53 Etats Membres, devrait se voir accorder au moins 2 sièges permanents, à la hauteur de la taille du continent, mais aussi de sa contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Suite du débat général

Son Altesse Sérénissime, le Prince Héréditaire ALBERT DE MONACO : de nombreux et douloureux événements se sont déroulés depuis notre précédente session dont certains auront de lourdes conséquences pendant plusieurs années encore. Le conflit du Kosovo avec les milliers de réfugiés et les grandes souffrances qu'il a engendrées est parmi les plus marquants. L'ensemble du système des Nations Unies s'est mobilisé, comme jamais sans doute il ne l'avait fait auparavant, pour rassembler les ressources nécessaires en vue de venir en aide aux populations à la dérive. Menée au nom de la défense du principe d'humanité et de ceux des droits de l'homme, l'intervention armée et le rôle déterminant du Tribunal Pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie apparaissent comme précurseurs d'un renforcement de la volonté de la Communauté internationale de faire respecter les valeurs fondamentales de justice et de dignité humaine qui ont inspiré la Charte de San Francisco.

Il convient à ce sujet de rappeler le débat très instructif que le Conseil de sécurité a consacré, le 12 février, à la protection des civils touchés par les conflits armés au cours duquel furent longuement évoqués les conflits internes plus nombreux, de nos jours, que ceux entre Etats. Les 16 et 17 septembre dernier, un nouveau débat s'est déroulé au Conseil de sécurité sur le même thème et a heureusement abouti à l'adoption de la Résolution 1265 très exigeante à la fois pour les Etats et la communauté internationale. Elle souligne notamment qu'il incombe aux Etats de mettre fin à l'impunité et de poursuivre les personnes qui sont responsables de génocide, de crimes contre l'humanité et de violations graves du doit international humanitaire. La Principauté de Monaco fait siennes sans réserve ces recommandations qu'elle considère de la plus haute importance.

Au Kosovo, au Timor oriental comme dans les conflits souvent oubliés ou méconnus qui se déroulent surtout en terre africaine, ce sont les êtres les plus faibles et les plus vulnérables, en particulier les enfants, qui pâtissaient le plus. Alors que la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant aura dix ans, le 20 novembre prochain, il nous appartient plus que jamais de veiller à ce que les enfants, en temps de paix comme en temps de guerre, bénéficient de la plus stricte protection contre toutes les formes de violence et d'assujettissement. Après la déclaration présidentielle de juin 1998, la Résolution 1261 adoptée ce 25 août, par le Conseil de sécurité devrait présenter, nous l'espérons tous, une contribution décisive à la solution du douloureux problème posé par le sort des enfants en période de conflits armés.

Mon pays, très engagé à ce titre, abrite le siège de plusieurs organisations internationales non gouvernementales consacrées à la protection de l'enfance. Ces associations collaborent concrètement avec les organisations spécialisées de l'ONU. Pour sa part, l'Etat monégasque contribue activement et régulièrement aux actions menées pour améliorer le sort des enfants les plus déshérités. Si la personne de l'enfant réclame protection celle de la femme mérite également de la part de la communauté internationale la plus grande attention. Il est une des préoccupations du Gouvernement Princier qui y répond par des mesures concrètes dans le domaine social et éducatif. Une participation substantielle des femmes aux responsabilités politiques ainsi qu'aux décisions économiques peut aussi contribuer à assurer davantage de justice sociale tout en apportant à l'économie de nouveaux élans et de précieux équilibres. Les Autorités de mon pays en sont convaincues et s'emploient à aménager et à compléter la législation monégasque afin de la rendre, en tous points, conforme à la lettre de la Convention des Nations Unies sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes afin qu'à très brève échéance Monaco puisse être Partie à ce texte essentiel.

L'économie actuelle, en raison de sa complexité et de sa mondialisation devenue irréversible, impose, plus que jamais, de meilleurs équilibres au niveau national comme au niveau international. C'est un des constats que les Ministres de l'économie et des finances des 44 Etats et Gouvernements, membres de l'Organisation internationale de la Francophonie , ont pu faire, à Monaco, le 14 et 15 avril dernier, à l'occasion de la première Réunion qui les a rassemblés. La Déclaration de Monaco, proclamée au terme de leurs travaux, par les Ministres de l'économie et des finances francophones rappelle, avec solennité, le lien fondamental qui existe entre le développement économique, la démocratie et la bonne gouvernance. Soulignant l'importance des prochaines négociations commerciales multilatérales, cette Déclaration mentionne la vocation de l'Organisation mondiale du commerce à accueillir en son sein tous les membres de la communauté internationale de même que l'importance d'améliorer le système commercial international pour qu'il contribue davantage au développement durable et aux attentes réelles des populations. La Principauté de Monaco, qui a organisé avec l'Agence intergouvernementale de la Francophonie cette première Rencontre s'est engagée, quant à elle, à contribuer activement à la mise en oeuvre de la Déclaration de Monaco et à faciliter la création d'un centre permanent francophone de recueil et d'échange d'information économiques dont les récents Sommets des Chefs d'Etat et de Gouvernement qui s'est déroulé, au Canada, du 3 et 5 septembre, a décidé d'entériner l'installation en terre monégasque.

M. LLOYD AXWORTHY, Ministre des affaires étrangères du Canada: c'est au nom des peuples que nos prédécesseurs ont fondé les Nations Unies et posé les jalons de son action, et non pas pour les Etats-nations, les ministres, les ambassadeurs et le secrétariat. Les personnes qui, sur la base d'un argument qui a fait son temps, à savoir la souveraineté de l'Etat, s'opposent à une stratégie pour la sécurité des personnes, ne nous facilitent pas la tâche. Certes, la souveraineté de l'Etat demeure un principe fondamental et un des principaux piliers de la paix et de la sécurité. Cependant, elle n'a rien d'absolu et ne peut servir à occulter les violations les plus graves des droits de la personne et des libertés fondamentales. Il est grand temps que les peuples représentés au sein de cette assemblée amorcent une nouvelle réflexion sur leur influence, et qu'il fassent entendre leur voix.

Le fardeau le plus lourd revient au Conseil de sécurité. La recherche de la paix dans le monde touche en plus en plus la sécurité des personnes, d'autant que les conflits modernes font un nombre démesuré de victimes parmi les civils. Dans le monde où nous vivons, la protection des personnes doit être une préoccupation centrale du Conseil. Cela n'ira pas sans heurts, toutefois. Il est légitime de s'interroger sur les objectifs, les limites et les critères de la participation du Conseil à une action humanitaire, qui soulèvent également des problèmes délicats au regard du principe de la non-ingérence. Nous devons disposer de critères précis et cohérents pour évaluer et décider de mener ou non une action humanitaire, y compris de manière coercitive. En raison de la dimension humaine des sanctions, le Conseil n'a d'autre choix que de transformer cet argument massue en mesure bien ciblée, qui atteint ceux-là même qu'elle vise. Le Conseil doit en outre se montrer résolu à les mettre en oeuvre après leur adoption. C'est ainsi que, en sa qualité de Président du Comité des sanctions contre l'Angola, le Canada s'emploie à élaborer des mesures plus coercitives pour limiter le trafic des armes et des diamants et de faire en sorte que l'UNITA ait encore plus de difficultés de faire la guerre. Il est temps, en outre, de s'attaquer à la nouvelle économie de guerre, dans laquelle certaines entreprises, des mercenaires et des seigneurs de la guerre entretiennent des rapports directs, perpétuant la misère et les conflits, et continuant de faire des victimes parmi les civils.

L'agenda pour la sécurité humaine met en relief la nécessité de nous attaquer sans tarder au problème de la représentativité du Conseil et de son processus de prise de décisions - notamment la menace en l'utilisation injustifiée du droit de veto - lorsque cela peut compromettre, compliquer ou ralentir une action internationale ferme et urgente visant à protéger les peuples.

Les question soulevées par le Secrétaire général dans son rapport sur la protection des civils touchés par les conflits armés concernent tous nos peuples. Dans cette optique, le Canada se réjouit d'avance à l'idée de collaborer avec le Secrétaire général Kofi Annan et les autres membres à la création d'un groupe d'"Amis des civils touchés par les conflits armés" qui aidera à guider ces efforts. Le fait de donner aux Nations Unies la capacité d'agir rapidement, en particulier par la création d'un état-major onusien à déploiement rapide, constituerait un pas important dans cette direction. Nul doute que la présence de casques blancs soit tout aussi indispensable que celle de casques bleus : nous devons y accorder la même attention. Dans la mesure du possible, nous pourrions commencer par améliorer notre capacité nationale respective à apporter une contribution aux Nations Unies, initiative qu'a entreprise mon gouvernement et qu'il s'applique à améliorer.

En accord avec le Secrétaire général, nous estimons également qu'il faut mieux protéger les travailleurs d'organismes humanitaires qui risquent leur vie pour aider les victimes de conflits. C'est pourquoi le Canada demandera l'adoption d'un protocole additionnel à la Convention sur la sécurité du personnel des Nations Unies et du personnel associé. Ce document fournira la protection juridique voulue à tous les employés qui travaillent dans des régions touchées par des conflits, y compris aux membres des ONG et aux employés recrutés sur place.

Enfin, l'Assemblée peut faire en sorte que la sécurité des personnes soit au coeur des préoccupations dans un plus grand nombre d'actions internationales. L'accent sur le coût humain donne également l'impulsion aux efforts pour s'attaquer aux autres types d'armes, y compris le défi posé par les armes légères pouvant être utilisées à des fins militaires. Que ce soit dans les zones de conflits ou dans les rues de quartier, il y a lieu de s'alarmer du coût en perte de vies humaines que représentent ces armes. De plus, en raison de l'ampleur de la menace qu'elles constituent, nous nous devons d'agir à l'échelle mondiale. Un projet de conférence sur le trafic illicite des armes légères a d'ailleurs été déposé à l'Assemblée. Nous devrions nous entendre pour convoquer cette conférence, et donner une grande portée à son ordre du jour.

En raison de la nécessité d'affranchir toutes nos populations de la peur, objectif central du rapport du Secrétaire général et des recommandations qu'il présente, les Nations Unies sont investies d'un rôle de premier plan en cette fin de siècle.

M. AMRE MOUSSA, Ministre des affaires étrangères de l'Egypte: le futur apporte avec lui de nouveaux défis dans les domaines de la science, de l'information, de la politique et de la sécurité. A cela s'ajoutent les problèmes hérités du vingtième siècle, comme celui du choc entre les civilisations et du dialogue entre les religions. La fin d'un millénaire ne met pas un terme à des problèmes qui se posent de façon continue. Celui du progrès, par exemple. Cela rend nécessaire une entente pour un nouvel agenda qui anticipe le futur, ses attentes et ses risques. A ce stade de mon intervention, je dois dire que des vents nouveaux soufflent sur plusieurs régions du monde. L'Afrique continue de souffrir de conflits ethniques et d'obstacles aux efforts de développement. Toutefois, nous pouvons constater la mise en oeuvre d'une politique Africaine résolue à mettre fin à de tels conflits par la voie du dialogue, de la réconciliation nationale et de la conciliation entre pays voisins. La décision prise ce mois ci à Sidra, visant à établir une Union africaine et à mettre en oeuvre, le plus rapidement possible, le traité instituant la Communauté économique africaine, traduit la volonté du continent d'avancer dans la voie de l'unité. Au Moyen-Orient, le processus de paix, d'importance centrale pour le rétablissement de la paix dans la région tout entière, est sur le point de franchir une étape nouvelle et positive. Nous espérons que cette étape mènera à un règlement pacifique global qui aboutira à la création d'un Etat Palestinien, mettra fin à l'occupation des territoires Syrien et Libanais, et qui assurera la sécurité pour tous. En dépit de son caractère central, le conflit au Moyen-Orient ne doit pas occulter d'autres problèmes tels que ceux du Sahara occidental, des Iles des Emirats arabes dans le Golfe, et de la question du Soudan. La situation de l'Iraq soulève également de multiples questions. Il faudra maintenant procéder à un examen nouveau, à la fois objectif et positif de la situation. Cet examen devra être fondé sur l'idée que les sanctions ne peuvent être permanentes. Aussi mon Gouvernement suit-il de près les efforts en cours au Conseil de sécurité afin de les supprimer.

Le futur ordre international doit être fondé sur le consensus et la convergence des intérêts. Il faudra parvenir à un consensus sur la régulation de la vie internationale. Ce consensus souhaitable, doit respecter les valeurs, les normes et les principes qui sont fermement ancrés dans la conscience humaine. Il doit réaliser la nécessaire conciliation entre les libertés individuelles, d'une part, et les droits collectifs à la sécurité, à la stabilité et au développement, d'autre part. Ce consensus doit favoriser le dialogue et l'interaction positive entre les politiques, les cultures et les civilisations. Il est logique de ne pas accepter l'imposition d'une vision unique des problèmes mondiaux. C'est pourquoi mon pays appuie la résolution adoptée par le Conseil de sécurité en vue de déclarer l'année 2002 : "L'année des Nations Unies pour le dialogue entre les civilisations". Cette question du dialogue entre les civilisations est liée à celle du terrorisme, lequel n'est pas propre à une religion ou une culture particulière. Les conventions internationales relatives à ce phénomène, isolées, devraient être compilées dans un Code général. L'Egypte souhaite renouveler l'appel lancé par le Président Hosni Moubarak, à la convocation d'un Sommet international sous les auspices de l'ONU. En ce qui concerne la question du désarmement au plan régional, j'ai plusieurs fois affirmé que l'élimination des armes de destruction massive, qui est le moyen le plus sûr de parvenir à la sécurité au Moyen-Orient, ne peut être réalisée que par un traité général applicable à tous, sans exception ni discrimination. Aussi, faudrait-il qu'Israël, seul

Etat de la région à ne pas l'avoir encore fait, ratifie le Traité de non-prolifération nucléaire. Pour ce qui est du processus de paix au Moyen-Orient, qui connaît actuellement une revitalisation, l'Egypte réaffirme, comme elle l'a toujours fait, qu'une paix globale, fondée sur la justice est la seule paix durable possible.

La question de l'éradication de la pauvreté est d'une importance vitale du point de vue de la stabilité mondiale, de la crédibilité de l'ordre international et de sa capacité de créer l'opportunité d'une vie meilleure pour tous. Le document présenté par mon pays, au nom du groupe des 15, lors de la quatre-vingt-septième session de l'Organisation internationale du travail et qui concerne une stratégie globale pour l'emploi, devrait être pris en considération lors de la revue à mi-parcours de la Déclaration de Copenhague et du Programme d'action. Cela permettrait de faire face aux impacts sociaux négatifs de la mondialisation et des crises financières.

M. YASSER ARAFAT, Président de l'Autorité palestinienne et Président du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP): cela fait deux années consécutives que je viens devant cette assemblée de représentants de la communauté internationale pour chercher le renouvellement de son appui à la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien. La Palestine a besoin d'une recrudescence des efforts internationaux qui seuls peuvent permettre d'aboutir à une solution juste de la question de la Palestine qui est au coeur du conflit du Moyen- Orient. Le prochain Sommet du millénaire peut être l'occasion décisive d'arriver à la paix au Moyen-Orient. La Palestine doit pouvoir y participer en tant qu'Etat Membre et occuper la place qui lui revient dans la famille des nations. La Palestine a signé le 4 septembre avec le nouveau Premier Ministre d'Israël, M. Barak, le Mémorandum de Sharm el-Sheikh qui vise la mise en oeuvre de toutes les obligations de la période intérimaire dans le cadre de l'Accord d'Oslo, du Mémorandum de Wye River et du Protocole d'Hébron, et la reprise des négociations sur le statut permanent. Il faut espérer que la signature du Mémorandum permettra de mettre fin à la pratique de l'ancien Gouvernement d'Israël qui consistait à retarder et interrompre la mise en oeuvre des accords conclus paralysant complètement ainsi le processus de paix. Le Mémorandum de Sharm-el-Sheikh représente un nouvel espoir de remettre sur la bonne voie le processus de paix du fait qu'il réaffirme la mise en oeuvre des accords existants et les obligations qu'ils impliquent dans le cadre d'un calendrier précis. La Palestine remercie tous ceux qui ont contribué à la signature du Mémorandum. Le soutien de la communauté internationale est la garantie du succès définitif du processus de paix au Moyen-Orient. Il faut donc que la communauté internationale continue à le soutenir et à le revitaliser. Toutes les résolutions relatives au conflit au Moyen-Orient, qu'il s'agisse de la Palestine, de la Syrie ou du Liban, doivent être pleinement mises en oeuvre. La Palestine réaffirme son engagement en faveur du processus de paix et à la mise en oeuvre des accords

signés. Il faut espérer qu'Israël mettra pleinement en oeuvre ces accords, concernant notamment les phases de redéploiement figurant dans les accords de Wye River et d'Oslo, la libération des prisonniers, ainsi que les autres obligations de la période de transition qui incluent un passage en toute sécurité entre la Cisjordanie et la bande de Gaza et la construction du port de Gaza.

La Palestine demande que le Gouvernement d'Israël cesse immédiatement toute mesure qui viole les résolutions et le droit international et détruit toute chance d'arriver à la paix. Ces mesures incluent les activités de peuplement, la confiscation de la terre, notamment à Al-Qods Al-Sharif (Jérusalem) et dans ses environs, le siège de la ville de Bethlehem et des territoires palestiniens. La poursuite des pratiques de peuplement réduira les espoirs et les attentes générés par la signature du Mémorandum de Sharm el-Sheikh. La Palestine espère qu'il y aura des changements tangibles dans les actions d'Israël. Le droit des Palestiniens à l'auto-détermination, l'établissement d'un Etat indépendant ayant pour capital Al-Qods Al-Sharif, et le droit des réfugiés palestiniens de revenir chez eux, conformément à la résolution 194 du Conseil de sécurité, doivent devenir des réalités. La réalisation du droit des Palestiniens d'établir un Etat indépendant ayant Al-Quods Al-Sharif pour capitale permettra de garantir l'établissement de la paix au Moyen-Orient de façon permanente. Elle validera la Charte des Nations Unies et les nombreuses résolutions adoptées par l'ONU. Les droits de la population palestinienne ne doivent pas être réduits du fait des années d'oppression. Le peuple palestinien a le droit d'avoir un état indépendant et il faut que les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité soient pleinement mises en oeuvre et que le principe de la terre contre la paix - c'est à dire le retrait total d'Israël de tous les territoires occupés en 1967- soient respectés. Quatre millions de Palestiniens vivent en exil et dans des camps de réfugiés et continuent à attendre le moment où ils pourront revenir chez eux. Il est essentiel de trouver une solution au problème des réfugiés. Ceux-ci ont le droit de revenir chez eux. La Palestine remercie la communauté internationale, les deux coparrains du processus de paix - à savoir les Etats-Unis et la Fédération de Russie-, l'Union européenne, la Chine, le Japon et la Norvège pour leur soutien. La Palestine remercie également le Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et le Comité spécial chargé d'enquêter sur les pratiques israéliennes pour leurs importantes contributions.

La Palestine se félicite des progrès accomplis dans la résolution des conflits sur le continent africain. Il est essentiel de garantir le développement économique et social de l'Afrique. En ce qui concerne l'Iraq, il est attristant de voir que la souffrance de la population continue d'augmenter. La situation en Afghanistan et au Timor oriental reste préoccupante. L'augmentation de la pauvreté dans le monde est inquiétante et il est regrettable de constater que le fossé entre pauvres et riches continue de se creuser aux niveaux individuel, des pays et des régions. Des efforts doivent être déployés pour chercher des moyens de remédier à cette situation. Les pays du Nord doivent davantage travailler en partenariat avec les pays du sud et partager avec ceux-ci de façon plus réaliste et plus juste les bénéfices de la mondialisation. Il est important de reconnaître le rôle clé de l'ONU et de lui assurer les moyens de continuer à être le centre où s'harmonisent les efforts des Nations dans les relations politiques internationales.

La célébration de Bethlehem 2000, qui est à la fois religieuse et spirituelle, est hautement importante et doit permettre de transmettre un message d'espoir pour tous les peuples. La Palestine se félicite de la résolution adoptée l'année dernière sur cette importante question et appelle la communauté internationale à continuer à lui accorder toute son attention cette année.

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