En cours au Siège de l'ONU

AG/913

LES PETITS ETATS ATTIRENT L'ATTENTION SUR LEUR VULNERABILITE FACE AUX ELEMENTS NATURELS, AUX CONFLITS ET AUX CRISES FINANCIERES

22 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/913


LES PETITS ETATS ATTIRENT L'ATTENTION SUR LEUR VULNERABILITE FACE AUX ELEMENTS NATURELS, AUX CONFLITS ET AUX CRISES FINANCIERES

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L'action des Nations Unies consiste à rétablir la paix en matière militaire mais aussi à garantir la justice sociale, la démocratie et le développement a rappelé cet après-midi, lors de la poursuite du débat général, le Président du Costa Rica, qui a estimé que l'Organisation ne devrait pas seulement se concentrer sur les travaux du Conseil de sécurité mais aussi prêter attention à ceux de l'Assemblée générale, du Conseil économique et social et du Programme des Nations Unies pour le développement. La fragilité des petits Etats face aux conséquences des crises financières mondiales a aussi été évoquée dans plusieurs interventions. Des petits pays comme le nôtre ont besoin du soutien constant de la communauté internationale pour garantir que notre développement ne soit pas sacrifié sur l'autel de la mondialisation et de la libéralisation des échanges, a déclaré le Premier ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, estimant qu'il est indispensable d'élargir la notion de droit de l'homme afin d'y intégrer les droits économiques et le droit au développement. A quelques jours de la Session spéciale de l'Assemblée générale consacrée à l'examen du Programme d'action pour les petits Etats en développement insulaire prévue au début de la semaine prochaine, le Premier Ministre a rappelé les obstacles rencontrés par certains pays, confrontés à des difficultés financières, économiques ou écologiques, dans l'application de ce Programme. Pour sa part, le Président du Costa Rica a proposé la création d'un Fonds prévisionnel, mécanisme financier souple et rapide capable de répondre aux urgences financières des petits pays vulnérables. De même, le Président du Suriname a estimé que la communauté internationale avait l'obligation morale de contenir les effets néfastes de la mondialisation et de garantir l'octroi d'un traitement spécial et différencié aux Etats en développement les plus vulnérables dans le système international, y compris le système financier et monétaire et le système commercial. Pour le Ministre des affaires étrangères de la Grèce, appuyé par son homologue danois, le fossé qui continue de se creuser entre pays pauvres et pays riches a marginalisé une grande partie de la population mondiale et provoqué l'apparition de problèmes sociaux dangereux, qui vont de l'immigration illégale et du trafic de drogues, au terrorisme, au travail des enfants et à l'exploitation sexuelle. Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque s'est déclaré défavorable à l'élargissement de l'OTAN à d'autres pays, expliquant que le nouveau concept stratégique de l'Alliance met l'accent sur une approche large des questions de sécurité, et envisage la nécessité de faire face non seulement aux conflits militaires, mais aussi au

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traitement des questions économiques, sociales, environnementales et politiques qui pourraient perturber la sécurité et la stabilité internationale. Evoquant de son côté les problèmes écologiques particuliers aux Etats insulaires, le Ministre des affaires étrangères de la Micronésie n'a pas manqué de lancer un appel afin que soient mises en oeuvre les dispositions de la Convention de Kyoto sur les changements climatiques.

Tout comme les crises financières, les conflits armés peuvent avoir des conséquences sur des pays tiers, comme l'a rappelé le Ministre des affaires étrangères du Turkménistan à propos de la situation en Afghanistan. Intervenant à son tour à ce sujet, le Ministre des affaires étrangères indien a indiqué que les désordres qui ont vu le jour en Afghanistan et la quasi anarchie qui règne dans ce pays, sont essentiellement le fait de forces extérieures et d'un retour vers un fondamentalisme et un obscurantisme médiévaux qui sont en ce moment exportés vers les Etats voisins. Pour le Pakistan en revanche, la paix en Afghanistan est vitale, car l'intégrité du territoire afghan est un élément central de la paix et de la stabilité dans la région d'Asie centrale. Le Ministre pakistanais a également évoqué le cas du Cachemire où il craint que le risque d'une expansion du conflit, dans un environnement nucléaire, constitue une menace très sérieuse pour la paix et la stabilité de l'Asie du sud mais aussi pour le monde entier. Affirmant de son côté que la province du Jammu et Cachemire est partie intégrante du territoire indien et le restera, le Ministre des affaires étrangères indien a insisté par ailleurs sur l'engagement de son pays en faveur d'un désarmement nucléaire total et généralisé. Prenant l'exemple de l'Afrique, le Président de Djibouti a estimé que le conflit actuel entre l'Ethiopie et l'Erythrée est un facteur de déstabilisation dans la Corne de l'Afrique. De son côté, le Président de la Zambie a demandé à l'Organisation d'autoriser le déploiement d'une force de maintien de la paix en République démocratique du Congo dotée d'un mandat et de moyens appropriés.

Ont participé au débat : le Président de la République de Djibouti, M. Ismail Omar Guelleh; le Président de la République du Costa Rica, M. Miguel Angel Rodriguez Echeverria; le Président de la République du Suriname, M. Jules Albert Wijdenbosch; le Président des Etats fédérés de Micronésie, M. Leo Albert Falcam; le Président de la République de Zambie, M. Frederick Chiluba; le Premier ministre de Saint-Kitts-et-Nevis, M. Denzil Douglas; le Ministre des affaires étrangères du Pakistan, M. Sartaj Aziz; le Ministre des affaires étrangères de la Grèce, M. George Papandreaou; le Ministre des affaires étrangères du Danemark, M. Niels Helveg Petersen; Le Ministre des affaires étrangères de l'Inde, M. Jaswant Singh; le Ministre des affaires étrangères du Turkménistan, M. Boris Shikhmuradov et le Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, M. Jan Kavan.

Le représentant du Pakistan a exercé son droit de réponse.

L'Assemblée générale poursuivra son débat général demain, mercredi 23 septembre, à partir de 10 heures.

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Allocution de M. Ismail Omar Guelleh, Président de la République de Djibouti

M. ISMAIL OMAR GUELLEH, Président de la République de Djibouti: alors que ce millénaire touche à sa fin, nous nous trouvons dans une ère de "globalisme" qui suit celle de la guerre froide, et la doctrine selon laquelle la poursuite de la prospérité économique et financière mènera obligatoirement à l'ouverture des marchés , à un plus grand mouvement international des ressources, des capitaux et de la main-d'oeuvre, est profondément enracinée. Ce système, nous dit-on, libèrera les sociétés et élargira les classes moyennes, qui en retour, feront pression en faveur des libertés politiques. Ce modèle exige plus d'ascendant de la part du secteur privé et moins de gouvernement. Mais pour les pays en développement, le coût social de ce changement est considérable, à la fois en termes financiers, humains et sociaux. Le filet de protection sociale fourni par les emplois gouvernementaux s'en est trouvé diminué et affaibli.

La domination économique est désormais entre les mains des firmes transnationales et des multinationales, les pauvres se retrouvant de plus en plus marginalisés. Il ne fait aucun doute que la rapidité de la mondialisation ou de l'expansion , ainsi que de l'intégration de l'économie internationale, se font à l'avantage d'un certain nombre de pays alors que dans les pays en développement, les populations se retrouvent de plus en plus en voie de marginalisation et de désespoir, incapables qu'elles sont de s'adapter au rythme rapide du changement. La Corne de l'Afrique a connu sa part de guerres et de conflits, de catastrophes naturelles et d'Etats qui s'effondrent. Mais notre nation pour sa part, est unie et nous le devons à la sagesse, à la persévérance et à la prévoyance de notre premier Président, M. Hassan Gouled Aptidon, qui s'est retiré du pouvoir de son plein gré. Djibouti continuera à oeuvrer en faveur d'une bonne gouvernance, de la démocratie et de l'indépendance, sans oublier le respect des droits de l'homme. L'Afrique est en proie à un certain nombre de conflits préoccupants auxquels participent des nations , des mouvements séparatistes et des factions. Notre première priorité doit viser à mettre fin à ces conflits et aux destructions qu'ils engendrent. C'est pourquoi les cessez-le- feu, la démobilisation des combattants, le désarmement, le règlement des conflits et la réinstallation des personnes déplacées sont des priorités importantes pour l'Afrique. Nous nous réjouissons de la résolution du conflit en Sierra Léone, et nous regrettons les guerres qui continuent de déchirer la Somalie et l'Angola, où des ingérences extérieures jouent un rôle considérable. Nous soutenons les recommandations du Rapport du Secrétaire général sur les conflits africains. La communauté internationale doit abandonner la pusillanimité dont elle a fait preuve au cours de ces dernières années quand elle aurait dû assumer les responsabilités qui sont les siennes sur le plan politique, financier et en matière de maintien de la paix. Nous devons renforcer les capacités des Nations Unies en matière d'aide humanitaire et de consolidation de la paix. L'Afrique, l'Organisation de l'unité africaine et les organisations sous- régionales, doivent assumer leurs responsabilités dans ce cadre. L'an dernier, notre prédécesseur à la tête de la République de Djibouti avait évoqué les violences et les hostilités qui ont éclaté entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Ce conflit est facteur de déstabilisation dans la Corne de l'Afrique, et le nombre de victimes qu'il a causé de part et d'autre est un des plus importants que le continent africain ait jamais connu. Les efforts de réconciliation déployés par l'OUA et un certain nombre de pays sont restés vains. A l'heure actuelle l'Ethiopie veut des éclaircissements sur les "accords techniques" proposés par l'OUA et nous espérons que les efforts en cours aboutiront à des résultats positifs. Concernant la Somalie, les Nations Unies y étaient intervenu en 1992 en vue d'y restaurer la paix, la stabilité, le droit et l'ordre, et à cet égard elles devaient aider le peuple de ce pays à relancer son économie, et sa vie sociale et politique. Mais ces initiatives se sont retrouvées au point mort quand l'opération de l'ONU a pris fin en raison de "l'absence de coopération suffisante de la part des factions somalies sur les questions de sécurité". Nous lançons aujourd'hui une série de propositions en vue de briser le long silence sur ce conflit oublié et le statu quo imposé par les chefs de guerre. Nous sommes pour une conférence de réconciliation qui permettra au peuple somalien d'exercer son droit démocratique dans le choix de ses dirigeants. Les factions menées par des chefs de guerre devront être transformées en partis politiques pouvant se mesurer dans le cadre d'un scrutin électoral. Un désarmement total et véritable de toutes les factions devra avoir lieu et la primauté du droit devra être instaurée. Dans cette logique, les pays qui, dans la Corne de l'Afrique et ailleurs, alimentent le conflit actuel, devront reconsidérer leur politique, et l'ONU ainsi que l'OUA, aidés par les pays de la région, oeuvreront en vue d'aider la Somalie dans sa transition vers la démocratie.

Dans une deuxième phase, si les chefs de guerre mettaient des obstacles au processus de paix, la communauté internationale devra prendre ses responsabilités et les poursuivre pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et violations flagrantes des droits de l'homme. Si la phase II n'arrivait pas à mettre fin aux activités des chefs de guerre, l'OUA, la Ligue arabe et les Nations Unies, devraient dans une troisième étape user de "tous les moyens nécessaires" pour trouver une solution à la question en se fondant sur le principe selon lequel aucun Etat ou chef de guerre ne peut impunément garder un pays en otage en se livrant à des violations flagrantes des droits de l'homme.

Allocution de M. Miguel Angel Rodriguez Echeverria, Président de la République du Costa Rica

M. MIGUEL ANGEL RODRIGUEZ, Président de la République du Costa Rica: le siècle à venir sera celui des droits et du développement humains. Il faut reconnaître que le grand échec des Nations Unies et de la communauté internationale, ces dernières années, a résidé dans la permanence, dans le monde, d'atroces conflits armés et de guerres civiles, qui provoquent des crises humanitaires et empêchent le développement pacifique des nations. Les véritables victimes de la guerre sont les enfants et les personnes âgées déplacés et réfugiés, les femmes violées, les jeunes assassinés, les travailleurs dont l'outil de travail est détruit, les étudiants dont les écoles sont bombardées, les blessés qui manquent de soins. Tant que persistera la guerre, il sera impossible de respecter les droits de l'homme. Nous condamnons ainsi les atrocités commises au Timor oriental contre la population civile dont la volonté, démocratiquement exprimée, doit être respectée. Nous saluons l'action rapide du Conseil de sécurité, qui permet un déploiement rapide d'une force internationale de paix sur ce territoire, dans le but d'éviter une crise humanitaire majeure. Cette crise nous montre que la communauté internationale doit être en mesure d'agir rapidement. Nous devons nous rappeler que les Nations Unies ont été créées pour éradiquer le fléau de la guerre, maintenir la paix et la sécurité internationales. Le Costa Rica appuie les efforts visant à réformer le Conseil de sécurité qui ne doivent pas se limiter à augmenter le nombre de ses membres, mais également à le revitaliser entièrement. Il y a cinquante ans, le Costa Rica a aboli l'armée et milite depuis en faveur de la démilitarisation.

Le Costa Rica considère que les crises humanitaires constituent, en elles-mêmes, des menaces pour la paix et la sécurité internationales. A cet égard, les Nations Unies et le Conseil de sécurité doivent prendre leurs responsabilités. Aujourd'hui, toute violation massive des droits de l'homme, tout urgence humanitaire mérite une réaction de la communauté internationale, coordonnée par l'Organisation. Pour que règne la justice au niveau mondial, il faut que règnent la légalité et les principes fondateurs de l'Organisation des Nations Unies. Dans ce contexte, nous rappelons l'importance de l'adoption du Statut de la Cour pénale internationale que nous invitons tous les pays à ratifier. L'action des Nations Unies consiste à rétablir la paix en matière militaire mais aussi en terme de justice sociale, de démocratie et de développement. L'action de l'Organisation ne doit pas se limiter exclusivement au Conseil de sécurité mais devra en outre porter sur l'Assemblée générale, le Conseil économique et social et sur le Programme des Nations Unies pour le développement.

Au 21e siècle, les personnes et les peuples feront valoir leur droit au développement humain, qui passe par la liberté, de droits de l'homme, l'Etat de droit, le pluralisme, la compétence, la solidarité, l'harmonie avec la nature. Autant de valeurs particulièrement importantes pour le Costa Rica, deuxième pays d'Amérique latine en matière de développement humain et plus ancienne et plus solide démocratie de la région. Fidèle à sa tradition humanitaire, le Costa Rica a mis en place une politique d'immigration très généreuse, en donnant à des centaines de milliers d'immigrants illégaux de la région, soit plus de 10% de notre population, la possibilité de normaliser leur situation, avec des exigences minimales, de façon à leur permettre de jouir, comme tous les nationaux, des acquis de nos institutions de bien- être social. Nous espérons que cet exemple sera suivi par d'autres pays vers lesquels se dirigent les immigrants chassés par la guerre, la pauvreté, les catastrophes naturelles et les conflits ethniques. Le Costa Rica a fait de gros efforts pour accueillir ces personnes et nous demandons que l'on continue à nous aider à renforcer nos systèmes de santé, d'éducation et nos services de base. Nous luttons contre le travail des enfants, l'exploitation sexuelle des mineurs en ouvrant des espaces aux mères adolescentes et en luttant contre les agressions dont les femmes sont victimes. Le Costa Rica est aujourd'hui considéré comme le pays le plus sain de l'Amérique Latine, avec un haut niveau d'alphabétisation en matière informatique, à la pointe en matière de conservation et de la protection de l'environnement, et dont le niveau de développement est comparable à celui des pays développés. Nous savons que des progrès restent à faire, notamment en matière de développement. Le Costa Rica prône un ordre économique et commercial plus juste qui apporterait aux pays les plus petits des options plus nombreuses en matière de développement et puissent accéder à de nouveaux marchés. Les nations réunies ici doivent définir un schéma financier international qui protègerait les petits pays en cas de crise financière. Les petites économies ne provoquent pas les crises, mais en subissent les conséquences et ont besoin d'aide. Le Costa Rica propose la création d'un Fonds de précaution, un mécanisme financier souple et rapide capable de répondre aux urgences financières des pays petits et pays vulnérables qui sont bien souvent oubliés par la communauté financière internationale. Le Costa Rica plaide en faveur de la mise en place d'un système international qui récompenserait les pays respectueux de l'environnement et sanctionnerait les autres. Avec la Norvège, nous avons effectué la première transaction mondiale de certificats en matière de gaz à effet de serre. Nous rappelons qu'en matière d'environnement, les obligations sont partagées par tous, et que le moment est venu de passer des paroles aux actes.

Allocution de M. Jules Albert Wijdenbosch, Président de la République du Suriname

M. JULES ALBERT WIJDENBOSCH, Président du Suriname: cent jours exactement nous séparent aujourd'hui du prochain millénaire, ce qui rend la présente session unique et offre l'occasion de réfléchir à la question de savoir où en est notre monde. Cette réflexion doit nous orienter et nous conduire vers les moyens de relever les nouveaux défis que pose notre monde caractérisé par des bouleversements rapides. Elle doit également nous permettre de tirer les enseignements des expériences passées afin de ne pas répéter les erreurs commises. Le processus de mondialisation en cours, a accru l'influence des marchés profitant d'un côté à un petit groupe de pays d'entreprises et de personnes, tout en marginalisant, de l'autre, la majorité des pays en développement. Les gouvernements de ces derniers, touchés par la chute sans précédent des prix des matières premières associée à la réduction de l'Aide publique au développement, risquent désormais de ne plus pouvoir satisfaire aux besoins socio-économiques de leur population, et de devoir faire face par conséquent à l'instabilité politique. Les autres conséquences de l'élargissement du fossé entre les pays riches et les pays pauvres sont, avec les conflits politiques et l'instabilité, la montée de la pauvreté, l'augmentation des flux migratoires, la dégradation de l'environnement, qui à long terme auront des effets négatifs non seulement pour les pays en développement mais aussi pour les pays développés. La communauté internationale a donc l'obligation morale de contenir ces effets néfastes, afin que les bénéfices de la mondialisation soient partagés par tous. Elle doit aussi garantir l'octroi d'un traitement spécial et différentiel aux Etats en développement les plus vulnérables dans le système international, y compris le système financier et monétaire et le système commercial.

Comme nous le rappellent les violents conflits qui ont éclaté en Europe, en Afrique et au Extrême-Orient, nous vivons dans un monde tout à fait explosif où l'intolérance religieuse et les tensions ethniques n'ont cessé d'augmenter. Cette situation a favorisé l'apparition de nouvelles doctrines sécuritaires remettant en question la diplomatie multilatérale et ses instances, en particulier les Nations Unies. L'ONU et son organe central du maintien de la paix, le Conseil de sécurité, sont marginalisés ou utilisés de telle sorte qu'ils ne peuvent plus prendre les mesures qui s'imposent pour mettre fin aux crises. A cet égard, le Suriname juge particulièrement inquiétante la récente intervention militaire de grande envergure qui a eu lieu dans une certaine région du monde. Cette intervention n'a pas seulement affaibli la capacité des Nations Unies mais elle peut aussi être perçue comme une violation du droit international, qui a toujours reposé sur le principe selon lequel une nation ne peut pas s'ingérer dans les affaires internes d'une autre sans l'assentiment du Conseil de sécurité. Le Suriname considère bien entendu qu'une politique brutale de nettoyage ethnique exige une intervention, mais celle-ci doit être ordonnée par le Conseil de sécurité et par lui seul. La multiplication des conflits violents qu'ils soient interétatiques ou internes, leur cruauté due à l'utilisation indiscriminée des armes conventionnelles et de petit calibre, appellent au renforcement des Nations Unies dans les années à venir. La réforme et la restructuration du Conseil de sécurité, qui passe par une démocratisation grâce à l'augmentation du nombre de ses membres, et une plus grande transparence de ses travaux, devrait donc permettre d'améliorer la capacité de cet organe à parvenir à une meilleure sécurité. Parallèlement l'élimination des armes de destruction massive, en particulier les armes nucléaires, demeure l'une des premières priorités des pays avides de paix, dont le Suriname fait partie. L'attention doit aussi être portée au trafic illicite et à l'utilisation des armes conventionnelles et il est nécessaire d'élaborer une convention internationale en régulant le volume de production. Le trafic des drogues est devenu une autre menace grave à la sécurité de nombreux pays, en particulier à celle des plus petits et des plus vulnérables d'entre eux, comme le Suriname.

En ce qui concerne les autoroutes de l'information, et notamment l'Internet, qui sont aujourd'hui les principaux moyens d'échanger des informations, il faut bien reconnaître que le développement de ces technologies nouvelles comporte le risque d'accentuer davantage la marginalisation des pays les plus vulnérables. C'est pourquoi, lorsqu'on parle de l'utilisation de cette technologie, il faut accorder une attention égale aux effets négatifs qui peuvent intervenir dans les parties du monde qui y ont un accès limité. Le Gouvernement du Suriname estime que l'Etat ne peut plus jouer le rôle traditionnel d'organe dirigiste et pleinement responsable des stratégies de développement, voire du bien-être social. Le développement exige en effet un Etat efficace ayant un rôle de catalyseur et de facilitateur encourageant et complétant les activités du secteur privé. Dans cette perspective, la bonne gouvernance n'est pas un luxe mais une nécessité absolue. C'est pourquoi le 25 mai prochain, le peuple du Suriname désignera, par la voie d'élections libres tenues à bulletins secrets, son nouveau gouvernement national.

Allocution de M. Leo Albert Falcam, Président des Etats fédérés de Micronésie

M. LEO ALBERT FALCAM, Président des Etats fédérés de Micronésie: je souhaite la bienvenue à nos voisins des Iles du Pacifique, la République de Kiribati, la République de Nauru et le Royaume de Tonga au sein de la famille des Nations Unies. Je tiens à exprimer les sincères condoléances du peuple des Etats fédérés de Micronésie aux familles des victimes des tremblements de terre qui ont frappé la Turquie, la Grèce et, hier seulement, Taïwan. Nous déplorons la violence qui se déroule au Timor oriental, au moment ou la population de cette région cherche à exercer son droit à l'autodétermination. Nous éprouvons une profonde sympathie pour les innocentes familles de Russie, qui sont exposées à des attentats à la bombe sans merci, ainsi que pour toutes personnes qui souffrent aujourd'hui de la violence, du terrorisme et des violations des droits de l'homme. Nous exprimons également nos condoléances au sujet de la mort de Sa Majesté Hassan II, roi du Maroc.

Le Forum du Sud Pacifique actuellement sous la présidence des Etats fédérés de Micronésie, est une organisation spéciale qui est composée des chefs de gouvernement de seize nations du Pacifique. Pour ce qui est de la planification en matière de développement et de l'aide au développement, ainsi que des questions sociales et d'environnement, les Membres du Forum attachent un grand intérêt à l'établissement par les Nations Unies d'un "indice de vulnérabilité". Les critères actuels en matière d'attribution d'aides conditionnelles, commerciales et de classification critique, tels que le statut de pays les moins avancés, sont purement macro-économiques et ne tiennent pas compte des problèmes liés à l'environnement et à la nature auxquels notre région est exposée quotidiennement.

Il est regrettable que les parties à la Convention sur les changements climatiques soient encore très loin de mettre en oeuvre le processus de Kyoto, même si les informations scientifiques sur la question sont aujourd'hui irréfutables. Il faut prendre conscience de l'urgence de la situation, faute de quoi la Convention s'enlisera dans sa propre complexité. J'espère sincèrement qu'une grande majorité de personnes, et pas seulement dans le système des Nations Unies mais dans le monde entier, sont conscientes de la situation d'impuissance dans laquelle se trouvent les îles et les régions côtières face à la montée du niveau des océans.

Le passage dans notre région de cargaisons provenant des pays industrialisés et contenant des déchets radioactifs et du plutonium préoccupe également les Etats du Forum. Des discussions entre les experts juridiques des Etats du Forum et les représentants de la France, du Japon et du Royaume-Uni se sont déroulées du 16 au 17 septembre à Suva à ce sujet. Nous appelons les représentants des trois pays concernés à démontrer leur bonne volonté à explorer des solutions novatrices face aux préoccupations des membres du Forum. Nous ne souhaitons pas que nos populations soient mises en danger.

Allocution de M. Frederick Chiluba, Président de la République de Zambie

M. FREDERICK CHILUBA, Président de la République de Zambie: comme vous le savez, la création de l'Organisation des Nations Unies, avait pour but de renforcer la paix et la sécurité internationale. Mais aujourd'hui, hélas!, un certain nombre d'Etats vivent sous la menace de la dangereuse prolifération des armes de petit calibre et des armes légères acquises par des entités qui ne sont pas des entités étatiques. La prolifération et les transferts illégaux des petites armes, entre autres, sont responsables des armements utilisés dans les conflits qui se déroulent sur le continent africain. Nous lançons, par conséquent, un appel à tous les Etats, pour qu'ils soutiennent et renforcent les mécanismes de contrôle des transferts d'armes établis par les Nations Unies. Liée au problème des armes légères, se trouve la question des mines terrestres antipersonnel posées sur de vastes étendues des territoires de certains pays, et dont les impacts pèsent lourdement sur les services sociaux des nations affectées. Nous lançons un appel en faveur de la mise en oeuvre de la Déclaration de Maputo et de son Programme d'action sur l'élimination des mines, qui a été adoptée au mois de mai dernier. Seule une ONU forte et viable peut aider à atteindre cet objectif. Par conséquent notre pays est profondément préoccupé par la détérioration continuelle de la situation financière de l'Organisation. Si cette question n'est pas résolue de façon sérieuse, il y a peu de chance que la réforme de l'ONU soit efficacement menée.

La dette extérieure continue de représenter un obstacle majeur au processus de développement de la Zambie et d'autres économies africaines. Bien que nous ayons accueilli favorablement les résultats du dernier sommet du G-8 qui s'est tenu à Cologne en Allemagne, et qui concernaient l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés, les mesures proposées dans ce cadre restent en deçà de ce qu'il faudrait pour régler le problème de la dette des pays en développement, tant qu'elles ne se traduisent pas en termes de programmes économiques tangibles et réels. Le plafond de 100 milliards de dollars que s'est fixé le G-8 pour alléger le poids de la dette des pays pauvres, dont la majorité se trouve en Afrique, est insuffisant et aura peu d'effet, à moins que les termes d'éligibilité à l'Initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés ne soient revus, de manière à les rendre plus souples et mieux adaptés aux vrais besoins des pays concernés. Nous avons fait des efforts en vue de nous intégrer aux échanges économiques internationaux, et à cet égard, de nombreux pays africains se sont lancés dans des politiques de programmes d'ajustements structurels dont les résultats, malheureusement, se trouvent mis en péril par le poids excessif du service de la dette extérieure. De plus, la baisse de l'aide publique au développement et des investissements directs dans nos pays, rendent difficiles les réformes économiques et ralentissent notre rythme de croissance et de développement.

La pandémie du VIH-sida est un sujet de sérieuse inquiétude pour la Zambie et pour toute l'Afrique, cette maladie épuisant nos ressources financières et humaines qui sont déjà peu importantes, par la manière dont elle affecte nos populations jeunes et en âge d'activité. Nous lançons donc un appel à la communauté internationale pour qu'elle redouble ses efforts de lutte contre cette maladie qui est un fléau mondial, et à laquelle doivent être opposées des actions concertées. Je voudrais ici mentionner que la Zambie a accueilli du 12 au 16 septembre 1999 la onzième Conférence internationale sur le sida et les maladies sexuellement transmissibles en Afrique. La Conférence qui a arrêté un Programme d'action pour la lutte contre le sida au 21ème siècle sur notre continent, est un signe de l'engagement de l'Afrique à lutter contre la maladie. Nous espérons que l'ONU prendra en considération les résultats de cette Conférence et prendra la tête de la lutte contre cette pandémie.

Concernant les problèmes de conflits qui affectent l'Afrique, ceux qui ont cours en Angola et en République démocratique du Congo (RDC) sont non seulement une menace contre la paix et la sécurité, mais aussi un obstacle majeur au développement économique de la sous-région. La reprise des hostilités en Angola, due à l'intransigeance de l'UNITA sur les termes de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, doit nous amener à déployer tous les efforts nécessaires pour mettre fin à ce conflit. Quant à la RDC, j'ai, au nom des Etats de la région, mené des consultations pour un retour à la paix dans ce pays, dans le respect du mandat qui m'a été confié par les Chefs d'Etat de notre sous-région, et le 10 juillet, notre persévérance a porté fruit, quand les Chefs d'Etat des six pays parties au conflit ont signé l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Et après de nombreux efforts de médiation et de consultation avec les mouvements en conflit qui ne sont pas des entités étatiques, en l'occurrence la RCD et le MLC, nous avons pu aboutir à la signature de l'Accord de cessez-le-feu par ces parties au conflit les 1er et 31 août respectivement. Mais pour que la paix soit réellement rétablie en RDC, le soutien de l'ONU est indispensable. Je demande que l'Organisation autorise et soutienne le déploiement d'une force de maintien de la paix en RDC, avec un mandat et des moyens appropriés, et qu'elle envoie rapidement une équipe technique d'évaluation sur le terrain en plus de l'équipe de liaison militaire qui se trouve déjà dans le pays et dans les nations voisines. Des ressources adéquates doivent être mises à la disposition de la force de paix en République démocratique du Congo et un soutien approprié doit être apporté au processus de dialogue politique dans ce pays qui devrait aussi bénéficier d'une assistance humanitaire substantielle et d'une mobilisation de ressources pour l'aider dans sa reconstruction économique.

Suite du débat général

M. DENZIL DOUGLAS, Premier Ministre de Saint-Kitts-et-Nevis: en tant que petit Etat, Saint-Kitts-et-Nevis est indigné par les violences survenues au Timor oriental depuis le référendum. Nous demandons instamment aux autorités indonésiennes de s'aquitter de leurs obligations et de coopérer avec la communauté internationale pour préserver la paix au Timor oriental. Dans quelques jours, les Nations Unies convoqueront une Session spéciale de l'Assemblée générale pour l'examen du Programme d'action pour les petits Etats en développement insulaires. Nous savons que la communauté internationale saura reconnaître les efforts accomplis par les petits Etats insulaires pour mettre en place les mesures énumérées dans ce programme d'action, sachant que ces efforts ont été affectés par des contraintes financières et par des facteurs économiques et écologiques. Les petits Etats insulaires, en particulier dans les Caraïbes, sont vulnérables et soumis aux caprices de la nature et aux difficultés engendrées par l'homme. La semaine dernière, nos frères des Bahamas ont souffert du passage d'un ouragan, l'Ouragan Floyd comme cela avait été le cas pour nous l'an dernier.

Des petits pays comme le nôtre ont besoin du soutien constant de la communauté internationale pour garantir que notre développement ne soit sacrifié sur l'autel de la mondialisation et de la libéralisation des échanges. Comment les cultivateurs de bananes de Sainte-Lucie, de Saint-Vincent-et-les-Grenadines et de la Dominique, comment les producteurs de canne à sucre de Saint-Kitts-et-Nevis peuvent-ils préserver l'intégrité de leur famille? Comment peuvent-ils maintenir un niveau de vie décent alors que les tentacules de la mondialisation tentent de les priver de leurs moyens de subsistance? Les Nations Unies, qui sont le meilleur garant des droits de l'homme, doivent contrecarrer les effets de la mondialisation qui nous privent de nourriture au lieu de nous en donner. Les règles actuellement en vigueur vont aboutir à une situation de déséquilibre entre les pays développés et les pays en développement. Saint-Kitts-et- Nevis estime que les Nations Unies sont la seule organisation objective capable de prévenir ce qui pourrait être une catastrophe pour les petits pays vulnérables. Un petit Etat comme le nôtre, qui vit essentiellement du tourisme et de l'agriculture, ne peut s'opposer à la libéralisation des échanges, mais ces règles ne peuvent fonctionner que si tous les pays ont atteint le même niveau de développement économique.

Les petits Etats insulaires dépendent en outre de leurs zones côtières. La mer des Caraïbes est une zone spécifique et Saint-Kitts-et-Nevis attend des Etats membres qu'ils appuient les efforts que nous déployons pour nous soustraire à la menace de la pollution produite par les navires ou les émissions de substances nocives. Malgré les difficultés économiques, le Gouvernement poursuit ses efforts pour proposer de nouvelles perspectives aux citoyens, même si cela est difficile. Il est indispensable d'élargir la

notion de droits de l'homme afin d'y intégrer les droits économiques et le droit au développement. Si nous ne parvenons pas à faire bénéficier tous les peuples de la démocratie et de la richesse économique, le risque de chaos sera réel.

M. SARTAJ AZIZ, Ministre des affaires étrangères du Pakistan: la paix demeure le défi le plus important de notre époque. La fin de la Guerre froide, le triomphe des principes démocratiques et la libéralisation des marchés ont apporté l'espoir d'une paix universelle, qui malheureusement continue de nous éluder. Les Nations Unies s'efforcent de combattre les conflits et les crises, alors que les approches unilatérales fondées sur la concentration de l'influence mondiale dans les mains de quelques-uns, n'ont pas toujours garanti une solution juste et durable à des problèmes complexes. Au cours de la dernière grande confrontation de la Guerre froide, 1,5 millions d'Afghans ont été tués et le pays a été détruit. Dix ans après la fin de l'intervention étrangère en Afghanistan, trois millions de réfugiés afghans se trouvent encore au Pakistan et en Iran. La réhabilitation et la reconstruction sont un droit du peuple courageux de l'Afghanistan et le développement économique, associé à l'éducation et à la modernisation sont le meilleur moyen de mettre un terme à la violence, de promouvoir les droits de l'homme et d'améliorer les conditions de vie de la population. La paix en Afghanistan est vitale pour le Pakistan car l'intégrité du territoire afghan est un élément central de la paix et de la stabilité dans la région d'Asie centrale. C'est pourquoi, le Pakistan n'a cessé d'oeuvrer en faveur de la paix et de la réconciliation dans ce pays et d'appuyer les efforts des Nations Unies ainsi que du groupe des "6 plus 2".

Les exemples du Kosovo et du Timor oriental sont riches d'enseignements. Nous savons désormais que l'aspiration d'un peuple à la liberté ne peut pas être niée indéfiniment, que le libre exercice du droit à l'autodétermination est indispensable à la paix, que l'autodétermination doit intervenir dans un environnement exempt de peur et du recours à la force, et que les Nations Unies sont le meilleur garant de l'exercice d'autodétermination. Ces conclusions avaient déjà été tirées pour la question du Cashmire, il y a 50 ans, lorsque l'ONU tentait de régler la question par la tenue d'une consultation populaire libre et impartiale. Solution alors rejetée par l'Inde. La répression indienne au Jammu et Cashmire a fait des milliers de victimes, jetant des centaines de milliers d'individus sur les routes de l'exode et entraînant trois guerres entre l'Inde et le Pakistan. Nos deux pays doivent aujourd'hui surmonter cet héritage malheureux. C'est à cet effet que le Premier Ministre du Pakistan a initié un dialogue pour régler la question du Cashmire, débouchant après le sommet de Lahore sur un engagement renouvelé et renforcé des deux pays pour régler la question. Mais l'Inde n'a fait preuve d'aucun désir véritable en la matière, ainsi que le prouve la crise de Kargil, région où elle a lancé une offensive militaire massive. En réponse à cette provocation, le Pakistan a fait preuve de modération et est disposé à reprendre le processus de Lahore. Posant des conditions à la reprise du dialogue, l'Inde ne fait qu'aggraver les tensions, poursuivant ses attaques le long de la Ligne de contrôle. A cet égard, le Groupe d'observateurs militaires des Nations Unies devrait positionner un nombre accru d'observateurs des deux côtés de la Ligne de contrôle. Le conflit du Cashmire n'est pas une dispute territoriale, ce qui en fait est en jeu ici, ce sont: le destin d'un peuple, la mise en oeuvre des résolutions du Conseil de sécurité, et le respect des droits fondamentaux du peuple du Cashmire, notamment son droit à l'autodétermination. Pour avancer vers un règlement de la question, la communauté internationale doit exiger de l'Inde de cesser immédiatement sa répression. Le risque d'une expansion du conflit, dans un environnement nucléaire, constitue une menace très grave pour la paix et la stabilité de l'Asie du sud mais aussi pour le monde entier. La promesse des Nations Unies de tenir une consultation sur l'autodétermination au Cashmire n'a toujours pas été tenue et dans cette perspective nous nous féliciterions de l'apparition d'un groupe de représentants véritables de la population du Cashmire s'attachant à promouvoir une solution conforme aux résolutions du Conseil de sécurité.

Les ambitions de l'Inde menacent de jeter notre région dans une dangereuse course à l'armement nucléaire et conventionnel. En mai dernier, l'Inde a enfoncé le dernier clou dans le cercueil de la non-prolifération en Asie du Sud en conduisant une série d'essais nucléaires et en se déclarant Etat doté de l'arme nucléaire. Forcé de prouver sa capacité nucléaire et de rétablir l'équilibre fondé sur la dissuasion dans la région, le Pakistan a néanmoins proposé d'instaurer un "régime de modération stratégique", bientôt balayé par l'annonce de la "doctrine nucléaire" indienne. Cette politique va contraindre le Pakistan à renforcer lui aussi son arsenal nucléaire. La communauté internationale doit donc agir immédiatement et exhorter notamment l'Inde à renoncer à sa nouvelle doctrine nucléaire, à adhérer au Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires et à entamer des négociations véritables avec le Pakistan. Nous pensons qu'il est maintenant essentiel d'organiser une conférence sur les objectifs de la "modération stratégique" et la stabilité en Asie du Sud, à laquelle participeraient les membres permanents du Conseil de sécurité, les autres puissances concernées ainsi que l'Inde et le Pakistan. Mais la menace nucléaire n'est pas le seul fait de l'Asie du Sud et le Pakistan appuie l'objectif du désarmement nucléaire, par la négociation multilatérale notamment. Une autre menace de l'armement moderne est le terrorisme que le Pakistan condamne fermement.

La libéralisation des marchés, l'ouverture des systèmes politiques et les progrès techniques permettent désormais de transcender les frontières et les continents. Malheureusement, la plupart des pays en développement ont été laissés à l'écart des bénéfices de la mondialisation; la disparité des revenus n'a cessé de croître entre les pays et en leur sein-même et, ainsi que le prouve la crise financière asiatique, la croissance est souvent fragile. A elles seules les forces du marché ne permettront pas d'assurer des résultats économiques équitables pour tous les peuples. C'est pourquoi, la prochaine et dixième Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement devra fournir l'occasion de repenser les stratégies actuelles de développement. Des mesures sont requises dans le domaine du commerce, où les accords multilatéraux doivent être plus justes à l'égard des pays en développement et le protectionnisme fermement combattu. Dans le domaine des finances il faut parvenir à contrôler la volatilité des flux financiers et alléger le fardeau de la dette; et dans le domaine des technologies le fossé des connaissances entre pays développés et pays en développement doit être rapidement comblé. Dans un environnement marqué à la fois par la mondialisation et la fragmentation, des millions de personnes font reposer leurs espoirs sur les Nations Unies. L'Assemblée doit donc se mettre d'accord sur une série d'objectifs et de principes permettant de relever les défis posés par les conflits, la prolifération des armes et garantir un processus de mondialisation inéquitable.

M. GEORGE A. PAPANDREOU, Ministre des affaires étrangères de la Grèce: la mondialisation dans le domaine de l'information, des idées, de l'économie, de la démocratie et des droits de l'homme est le phénomène dominant des dernières années de ce siècle. Nous prospérons dans un climat d'ouverture, de liberté des échanges et de pensée, d'expression et de recherche. Nous nous exprimons par la langue du dialogue et des idées. Telle est notre tradition.

Nous devons faire en sorte que la démocratie devienne mondiale. Nous assistons avec intérêt aux nouvelles poignées de main qu'échangent les Israéliens et les Palestiniens. En ce qui concerne l'Inde et le Pakistan, nous osons espérer la non- prolifération. Nous nous émouvons lorsque des images de guerre nous parviennent d'Afrique.

Nous devons répandre la morale au niveau mondial. Du Kosovo au Timor oriental, nous nous sommes inclinés car nous étions mal préparés pour affronter des débats moraux à l'échelle internationale. L'innovation technologique remet en question certaines de nos certitudes les plus établies. Nous devons faire en sorte que la crainte n'entrave pas le développement scientifique, et que la curiosité ne porte pas atteinte à la courtoisie.

Le fossé croissant entre les pays pauvres et les pays riches a marginalisé une grande partie de la population mondiale et provoqué l'apparition de problèmes sociaux dangereux, qui vont de l'immigration illégale et du trafic de drogue, au terrorisme, au travail des enfants et à l'exploitation sexuelle.

Nous souhaitons que les Nations Unies soient un centre actif dans le domaine de la paix et de la justice. Nous croyons en des Nations Unies fortes et prêtes à agir efficacement contre ceux qui font la guerre, accordent protection au terrorisme et détruisent notre planète. Les Nations Unies doivent devenir un centre de pensée et de pratique démocratique pour le monde entier.

Suite à la Déclaration sur Chypre, faite par les dirigeants du Groupe des Etats du G-8 et suite aux résolutions 1250 et 1251 du Conseil de sécurité des Nations Unies, on peut espérer qu'une nouvelle initiative permettra de sortir de l'impasse. Nous devons montrer au monde et à nos enfants que nous pouvons vivre ensemble dans la paix et l'harmonie, et dans le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques, au sein d'une famille européenne élargie.

En ce qui concerne la paix dans les Balkans, il n'existe pas de "raccourci". Conformément à notre politique dans cette région, nous estimons que les frontières sont souveraines mais qu'à l'intérieur de ces frontières, nous devons faire de notre mieux pour protéger les minorités, le processus démocratique et les droits de l'homme.

En ce qui concerne nos relations avec la Turquie, un processus diplomatique est en cours depuis plusieurs mois avec mon homologue turc, M. Ismael Cem. L'aspiration des peuples à la démocratie, la sécurité et la prospérité peut permettre de surpasser des différends historiques.

M. NIELS HELVEG PETERSEN, Ministre des affaires étrangères du Danemark: nous vivons dans un monde dans lequel la mondialisation est de plus en plus importante, et dans lequel de nouveaux défis se présentent chaque jour. Les conflits internes et les violations flagrantes des droits de l'homme et du droit humanitaire font peser des menaces particulières et graves. Le terrorisme, le trafic de drogue et le crime international abondent dans ce contexte de mondialisation.

La communauté internationale doit disposer d'outils pour affronter de tels défis. Les crises du Kosovo et du Timor oriental ont soulevé des interrogations concernant les concepts classiques de souveraineté territoriale, de respect des droits de l'homme et du non-recours à la force dans les relations internationales. La communauté internationale ne peut rester inactive face à des violations honteuses et systématiques des droits de l'homme. Nous ne pouvons pas non plus rester sans agir lorsque les Nations Unies et leurs représentants, qui ont aidé un peuple à exercer son droit à l'autodétermination, sont discrédités.

Nous avons passé les cinquante dernières années à élaborer un important corps de règles de droit humanitaire applicables en temps de paix et de conflit armé, à commencer par la Déclaration universelle des droits de l'homme. Ce qui fait défaut, c'est l'application effective des règles existantes, en dernier recours par le biais du l'emploi de la force. La communauté internationale a la responsabilité d'agir face à une tragédie humanitaire telle que celle qui s'est produite au Kosovo et celle à laquelle nous assistons au Timor oriental.

Malheureusement, le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure de faire face à ses responsabilités face au nettoyage ethnique survenu au Kosovo. La paralysie du Conseil doit-elle susciter un assentiment aveugle? Non, la communauté internationale ne pouvait pas y assister sans agir alors que le principe de souveraineté étatique était détourné au Kosovo au profit du droit international humanitaire.

Pour ce qui est du Timor oriental, un accord a été atteint concernant le déploiement d'une force multinationale. Nous nous félicitons de cette mesure et nous exhortons le Gouvernement indonésien à coopérer pleinement avec la force multinationale.

Les personnes responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité doivent être traduites en justice. Les travaux des tribunaux spéciaux ont fait apparaître la nécessité d'une cour pénale internationale permanente afin de traduire en justice ceux qui ont commis des crimes de haine. L'adoption historique d'un statut pour une cour pénale permanente est une contribution de taille au rétablissement du droit et à la fin de l'impunité.

M. JASWANT SINGH, Ministre des affaires extérieures de l'Inde: le 20ème siècle a été le plus sanglant de tous, mais il a aussi été celui des transformations les plus profondes, sur les plans politiques, sociaux et technologiques, que le monde ait jamais connu. En ce siècle, des dynasties ont disparu et des révolutions ont effacé des empires de la face de la terre. Ce siècle a aussi été celui de la montée des droits des personnes, de la démocratie, et celui au cours duquel un colonilisme centenaire a été renversé par la vague des colonisés qui réclamaient leur terre, leur âme et leur liberté. L'humanité est aujourd'hui mieux nourrie, mieux logée, et en meilleure santé que ne l'étaient ses ancêtres. Mais de nombreuses couches de la société vivent toujours dans le besoin, la faim, la maladie et la pauvreté, même dans les sociétés dites développées. Ce siècle a été le plus sanglant de tous, depuis que l'humanité s'est mise à utiliser la science pour développer ses moyens de guerre et de tueries. Nous y sommes passés de la mitrailleuse aux missiles nucléaires intercontinentaux à ogives multiples, et les armes chimiques ont vu le jour.

Aujourd'hui, c'est la mondialisation qui est à l'ordre du jour. Bien qu'elle semble apparemment conduite par des forces impersonnelles du marché, elle est en réalité menée par la volonté de s'assurer une hégémonie politique et financière. Mais on oublie qu'au tournant du siècle dernier, le monde était déjà mondialisé en termes d'indicateurs économiques. Il s'en est suivi un choc en retour, qui remplaça la coopération par la confrontation et entraîna le monde dans sa Première guerre mondiale. Serions-nous aujourd'hui en train de répéter les erreurs de ce passé? En Inde, nous ne pensons pas que le libéralisme débridé puisse offrir le moindre choix et la moindre liberté à ceux qui ne peuvent même pas, au départ, faire partie des fameux "marchés" dont on nous parle. C'est pourquoi nous sommes convaincus que l'Etat doit continuer à protéger les faibles et ceux qui sont dans le besoin. C'est aussi ça, la démocratie. Les droits qui sont au centre des préoccupations de l'ONU ne peuvent s'épanouir sans développement économique et sans croissance, car les souffrances des populations pauvres, qu'elles soient dans les pays du Sud ou dans ceux du Nord, sont aussi dues à la marginalisation créée par la pauvreté. Nous pensons par conséquent que le développement devrait être le thème récurrent des actions de l'ONU, et que le système multilatéral de promotion du développement devrait être renforcé et soutenu. Les mouvements de capitaux qui se font aujourd'hui sans aucun contrôle affectent de façon négative les pays en développement, qui sont notamment victimes des transferts brutaux des capitaux à court terme. Il faut donc que l'ONU prenne l'initiative de la réunion urgente d'une Conférence internationale sur le financement du développement!

Sur un autre plan, les désordres qui ont vu le jour en Afghanistan et la quasi anarchie qui règne dans ce pays, sont essentiellement le fait d'ingérences extérieures et d'un retour vers un fondamentalisme et un obscurantisme médiévaux qui sont en ce moment exportés vers les Etats voisins. Nous demandons à cette Assemblée d'être sensible aux souffrances du peuple afghan et de soutenir la formation d'un gouvernement réellement représentatif dans ce pays. Le terrorisme menace toutes les sociétés ouvertes et libres, et l'Inde a été cette année victime du terrorisme transfrontière et a subi des actes d'agression prémédités. En février dernier pourtant, notre Premier Ministre, M. Vajpayee, avait tendu une main amicale et pacifique à notre voisin, le Pakistan, et une série d'accords avaient été signés dans le cadre de la Déclaration de Lahore. Mais cet acte de bonne volonté a été trahi par une attaque des forces régulières pakistanaises contre l'Inde. Les Conventions de Genève ont été gravement violées quand nos soldats faits prisonniers ont été victimes de tortures, de traitements inhumains et même, tués, alors qu'ils étaient détenus. Mais je réaffirme que la province du Jammu et Cachemire est partie intégrante du territoire indien et le restera. Nous sommes profondément déçus par l'hostilité du Pakistan, alors que dans notre région aujourd'hui, les pays devraient coopérer en vue de trouver des solutions aux questions de développement.

Concernant la question du désarmement nucléaire, elle reste d'actualité et ce, depuis 1946, date à laquelle l'ONU a adopté une résolution dans ce sens. L'Inde réaffirme son engagement en faveur d'un désarmement nucléaire total et généralisé, et l'an dernier, notre Premier Ministre a déclaré que notre pays était partie prenante à des discussions comprenant le Traité sur l'interdiction complète des essais nucléaires. Notre position sur cette question demeure la même. Nous sommes aussi prêts à joindre à des négociations constructives en vue de l'élaboration d'un traité interdisant la production de matières fissiles à des fins militaires et à la fabrications d'engins nucléaires. Mais la Conférence du désarmement à Genève n'a enregistré sur cette question aucune avancée. Tâchons de dépasser les blocages qui existent, et essayons donc de voir les choses au-delà de la question des matières fissiles. M. BORIS SHIKHMURADOV, Ministre des affaires étrangères du Turkménistan: il faut à plusieurs titres tirer les enseignements de l'année qui vient de s'écouler et qui a été marquée par nombre de bouleversements militaires et politiques. A cet égard, nous avons accordé une attention particulière à la partie du rapport sur les activités de l'Organisation où le Secrétaire général s'efforce de fournir une analyse approfondie et complète des conflits actuels. Le fait que 90% des conflits sont aujourd'hui internes montre qu'il est pertinent d'accorder toute l'attention nécessaire au statut d'Etat et aux orientations appropriées en matière de développement. La préservation de l'intégrité sociale, l'harmonie interethnique et le bien-être social, associés à un rythme raisonnable de réformes peuvent désormais être considérés comme les critères universels de base permettant le développement d'une nation, loin de tout conflit.

C'est la huitième fois que le Turkménistan participe au débat général en tant qu'Etat indépendant et le pays a fondé ses relations internationales sur la sincérité et la réciprocité des intérêts mutuels, ainsi que sur la neutralité et le non- alignement. Dans ce contexte, j'aimerais attirer l'attention sur la situation préoccupante de l'Afghanistan. Notre position à cet égard est parfaitement transparente et claire: neutralité pour ce qui est des parties concernées, adoption d'une attitude constructive, prise en compte objective de la réalité de l'Afghanistan, et volonté d'encourager les parties à reprendre le dialogue et à reconstruire le pays. C'est dans cette perspective que nous avons pris l'initiative en début d'année de tenir des pourparlers directs inter-afghans. Selon nous, ce processus n'a pas reçu le soutien approprié des pays extérieurs, et notamment de ceux qui sont davantage prompts à faire des déclarations de bonnes intentions et à faire progresser leurs intérêts propres plutôt qu'à prendre des décisions pratiques pour aider le peuple afghan. Nous avons toutes les raisons de soulever cette question car nous sommes en fait dans une situation peu appropriée à une organisation telle que les Nations Unies, celle-ci finançant une mission spéciale en Afghanistan qui, au lieu d'oeuvrer pour la restauration de la paix, a suivi certains procédés peu acceptables.

Nous partageons l'opinion communément exprimée qu'il est nécessaire que le système des Nations Unies subisse au XXIème siècle une réforme rationnelle. L'Assemblée du millénaire sera une étape importante à cet égard et le Turkménistan apporte son soutien total à une telle initiative. Cette Assemblée pourrait en effet donner l'occasion unique d'identifier les problèmes futurs et d'adopter une attitude créative pour renforcer et améliorer cette institution unique qu'est l'ONU. Le Turkménistan partage l'opinion qu'il faut aussi réformer le Conseil de sécurité, en modérant notamment l'usage du veto. Toutefois pour améliorer réellement la situation, nous estimons qu'il est avant tout essentiel d'adopter une approche bien pesée et équilibrée. Je tiens à souligner que la politique de neutralité suivie par le Turkménistan participe pleinement de l'élaboration et de la mise en oeuvre d'un système de prévention des conflits et la réalisation du développement, évoquée par le Secrétaire général. Ce dernier reconnaît que la lutte pour le contrôle des ressources économiques est l'une des causes principales des conflits. Etat de la région de la mer Caspienne, extrêmement riche en hydrocarbures, nous sommes convaincus qu'il peut parfaitement y avoir des zones d'intérêts communs, en revanche nous sommes fermement opposés à l'idée que ces zones deviennent des sphères d'influence. Nous souhaitons donc éviter que le travail sur le statut de la mer Caspienne cesse d'être une question de droit international pour devenir un problème politique et nous sommes prêts à accepter tout partenariat constructif ainsi qu'un compromis raisonnable et clair.

M. JAN KAVAN, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque: cette année marque une étape importante pour la République tchèque qui est devenue, en même temps que la Hongrie et la Pologne, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) au printemps dernier. Nous basant sur l'article I du Traité de Washington, qui fait référence à la Charte des Nations Unies et engage ses signataires à résoudre les conflits internationaux par des voies pacifiques, nous pensons que cet élargissement historique de l'OTAN qui survient à la fin de la guerre froide, contribuera à améliorer la stabilité et la sécurité bien au delà de notre région. Nous soutenons l'élargissement de l'OTAN à d'autres pays. Le nouveau concept stratégique de l'Alliance met l'accent sur une approche large des questions de sécurité, et envisage la nécessité de faire face non seulement aux conflits militaires, mais aussi au traitement des questions économiques, sociales, environnementales et politiques qui pourraient perturber la sécurité et la stabilité internationales. Si l'OTAN a démontré qu'elle était dotée des mécanismes lui permettant de gérer les crises et les urgences humanitaires, nous pensons cependant que le potentiel de l'Alliance serait mieux utilisé en développant une coopération efficace avec les Nations Unies, qui ont des compétences dans la restauration des administrations civiles et des infrastructures.

Le développement en Europe, dépend de plus en plus d'une plus grande intégration. C'est pourquoi notre pays s'est fixé pour première priorité de politique étrangère, une entrée réussie à long terme dans l'Union européenne (UE). Nous menons des négociations dans ce sens avec les Etats Membres et les Etats associés à l'UE, et nous attachons une importance primordiale aux aspects sociaux et environnementaux de l'intégration européenne. La désintégration du monde bipolaire que nous avions connu a réveillé de vieilles menaces qui sommeillaient et a créé de nouveaux centres d'instabilité, et la tragédie du Kosovo et d'autres crises nous ont amené à prendre conscience de l'importance du principe de la sécurité des êtres humains, garante et précondition de la paix et de la sécurité internationale. Notre pays, à cet égard, soutient la tâche du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Nous pensons que les efforts de la communauté internationale devraient aboutir à de justes châtiments pour les atrocités commises, car comme l'a dit M. Robin Cook, nous devons faire échec à la culture d'impunité. Les violations massives et systématiques des droits de l'homme ne peuvent être acceptées, quel que soit le lieu où elles sont commises, pour reprendre les termes du Secrétaire général, M. Kofi Annan. L'ONU reste l'outil d'excellence pour la résolution des conflits et le maintien de la paix, et notre pays attache une grande importance au recours aux opérations de maintien de la paix dans les situations de crise. Nous soutenons le déploiement rapide de ces opérations, car la célérité du déploiement paraît être un moyen clef de mettre fin aux violences. Les ressources nécessaires et adéquates doivent être mises à la disposition de l'Organisation et de ses opérations, qui sont en ce moment fort limitées du fait que certains Etats Membres ne satisfont pas à leurs obligations financières. Concernant la mission des Nations Unies au Kosovo, nous soutenons pleinement l'action du Représentant du Secrétaire général, M. Bernard Kouchner, qui a besoin de l'appui de la communauté internationale dans ses efforts, y compris ceux qui sont dans le sens de la transformation de l'UCK en un Corps non militaire de protection du Kosovo. Mais, la République tchèque est inquiète du fait que l'établissement d'une société multiethnique et démocratique au Kosovo semble remise en question par les attaques perpétrées contre la population serbe de la province, chaque jour moins nombreuse, et par la montée de l'influence de la mafia et de l'esprit de revanche. Nous sommes d'accord avec le Secrétaire général quand il dit que l'engagement en faveur des droits de l'homme doit être universel s'il veut être légitime. Par conséquent, notre engagement en faveur de la paix et de la stabilité ne peut s'arrêter avec la cessation des hostilités sur le terrain, et nous devons nous montrer justes vis à vis de tous les groupes ethniques et de toutes les régions.

Droit de réponse

Le représentant du Pakistan, exerçant son droit de réponse, a réagi à l'accusation portée contre son pays par le Ministre de l'Inde, selon laquelle le Pakistan ferait preuve d'une hostilité systématique envers l'Inde. Cette affirmation est fausse et hypocrite, a-t-il affirmé. Depuis son indépendance, les ambitions de l'Inde sur la région proche et au-delà, sa politique d'hégémonie et d'expansion ont été largement prouvées. L'Inde a imposé son occupation par la force en de multiples occasions. Ce sont les mêmes ambitions qui ont poussé l'Inde à acquérir la puissance nucléaire poussant la région d'Asie du sud dans une course aux armements nucléaires. Le Pakistan a surtout souffert de l'agression de l'Inde et ne fait donc que réagir en autodéfense. Si effectivement la région du Jammu-Cashmire est au coeur de la nation indienne, alors il s'agit d'un coeur pourri car il est privé depuis plusieurs décennies de son droit inaliénable à l'autodétermination et à la parole, a poursuivi le représentant. Si le Cashmire est au coeur de la nation indienne alors il est fondé sur la violation des résolutions du Conseil de sécurité. Dans ce cas, la nation indienne elle-même est construite sur l'oppression et la violence, ce dont aucune nation ne pourrait s'estimer fière. Si c'est là la réalité, moins on en parlera, mieux cela vaudra. En vérité, le Cashmire n'a jamais fait partie de l'Inde, comme le réaffirment plusieurs résolutions du Conseil de sécurité. D'ailleurs la population du Cashmire a tout simplement refusé de participer aux récentes prétendues élections indiennes, rejetant ainsi l'autorité indienne. Kargile, évoquée également par le représentant de l'Inde est en fait l'illustration de la lutte du peuple du Cashmire pour son droit à l'autodétermination. Le Ministre indien a aussi accusé le Pakistan d'avoir torturé des soldats indiens et tué d'autres en captivité, or il n'y a pas d'accusations plus mensongères car le Pakistan respecte les Conventions internationales pertinentes. Il est de notoriété publique que l'Inde a favorisé le terrorisme au Pakistan, ce qui a occasionné la mort de centaines et de milliers d'individus. Les sentiments pieux n'ont aucun sens s'ils ne sont pas mis en pratique. L'Inde parle de paix alors qu'elle alimente une impressionnante machine de guerre. L'Inde doit mettre un terme à sa répression au Cashmire et entamer le dialogue pour résoudre toutes les questions en suspens.

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