LE PRESIDENT ZAMBIEN DEMANDE AU CONSEIL D'AUTORISER LE DEPLOIEMENT D'UNE FORCE DE MAINTIEN DE LA PAIX EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
Communiqué de Presse
CS/1094
LE PRESIDENT ZAMBIEN DEMANDE AU CONSEIL D'AUTORISER LE DEPLOIEMENT D'UNE FORCE DE MAINTIEN DE LA PAIX EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
19990921Il y a un espoir de paix qu'il faudrait saisir, a-t-il observé
Le Président de la Zambie, M. Frederick Chiluba, a demandé cet après-midi au Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement d'une force de maintien de la paix en République démocratique du Congo (RDC) disposant d'un mandat et du personnel appropriés aux besoins sur le terrain. "Après une année entière de médiation, les belligérants ont choisi la voie de la paix pour résoudre leurs différends", a dit M. Chiluba, qui a appelé la communauté internationale à mettre rapidement à la disposition de cette mission les ressources adéquates pour préserver les acquis. Le Président zambien a présidé l'effort de médiation régionale qui a abouti à la conclusion de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka visant à mettre fin au conflit qui sévit en RDC depuis août 1998. Les parties ont à ce jour respecté l'Accord de manière générale, a précisé le Président zambien.
Dans l'immédiat, M. Chiluba a demandé au Conseil de dépêcher rapidement une équipe d'évaluation technique pour compléter le personnel de liaison militaire déjà présent en RDC et dans certains pays voisins. Cette équipe, dont le Secrétaire général a recommandé l'envoi dès que les conditions seront réunies pour qu'elle puisse s'acquitter de sa tâche, devra établir les contacts politiques et militaires nécessaires pour préparer les déploiements ultérieurs et évaluer l'état des infrastructures dans la zone de la mission. Si la force de maintien de la paix doit être à composition majoritairement africaine, a expliqué le Président de la Zambie, elle doit néanmoins être placée sous l'égide des Nations Unies, garantes de la paix et de la sécurité internationales. Le mandat de cette force, qui sera notamment chargée du désarmement des rebelles et de surveiller le retrait des forces étrangères, conjuguera maintien et imposition de la paix, a laissé entendre M. Chiluba. Répondant aux questions des délégations en ce qui concerne la sécurité du personnel, M. Chiluba a estimé que le fait que l'Accord a été signé à l'issue de négociations intensives entre toutes les parties devrait, en soi, servir de garantie. Personne ne devrait avoir de craintes pour ce qui est de la sécurité en RDC, a-t-il dit.
Le Président zambien a également plaidé pour que l'ONU facilite le processus de dialogue interne congolais en lui octroyant tout le soutien nécessaire, en particulier au niveau technique. Il a demandé à la communauté internationale de mobiliser l'aide humanitaire suffisante en faveur des réfugiés congolais et des personnes déplacées, de leur retour et de leur réinstallation. Soulignant le fait que la pauvreté est un obstacle au processus démocratique, M. Chiluba a invité les donateurs à aider financièrement à la reconstruction économique et au développement de la RDC.
Ont participé au débat les Ministres des affaires étrangères du Barheïn et du Gabon. Les représentants des Etats membres suivants du Conseil de sécurité sont également intervenus : Argentine, Brésil, Canada, Chine, France, Gambie, Malaisie, Namibie, Pays-Bas, Fédération de Russie, Slovénie, Royaume-Uni et Etats-Unis.
Rappel des faits
L'Accord de Lusaka, devant mettre un terme au conflit qui sévit depuis août 1998 en République démocratique du Congo (RDC), a été signé le 10 juillet 1999 par les chefs d'Etats de la RDC, de la Namibie, du Rwanda, de l'Ouganda et du Zimbabwe, et le Ministre de la défense de l'Angola. Les mouvements rebelles, Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), l'ont signé respectivement le 1er et le 31 août derniers. L'Accord comprend les modalités d'application d'un cessez-le-feu ainsi que la création d'une Commission militaire mixte comprenant deux représentants de chaque partie et dirigée par Général algérien Rachid Lallani nommé en juillet dernier par l'OUA en consultation avec les parties.
La Commission militaire mixte est chargée notamment de faciliter le désengagement des forces belligérantes, de vérifier le cantonnement et le désarmement de tous les groupes armés, et de contrôler et vérifier le retrait des forces étrangères. Le 6 août dernier, le Conseil de sécurité a autorisé le déploiement de 90 membres de personnel militaire de liaison des Nations Unies dans les capitales des Etats signataires de l'Accord pour une période de trois mois. Ce personnel doit, entre autres, aider la Commission militaire mixte et les parties à mettre au point les modalités d'application de l'Accord.
L'Accord comprend également des propositions visant à faciliter la constitution "d'une force appropriée" qui serait déployée par les Nations Unies en collaboration avec l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) pour assurer l'application de ses dispositions. Il envisage également des opérations dites "d'imposition de la paix" comme la "traque" et le désarmement des groupes armés, le dépistage des criminels de guerre et le transfert des "génocidaires" présumés au Tribunal pénal international pour le Rwanda.
Exposé de M. Frederick Chiluba, Président de la Zambie
M. FREDERICK CHILUBA, Président de la Zambie, a déclaré qu'il venait devant le Conseil porteur d'un message d'espoir et de paix de la part des populations de la région des Grands Lacs en général et de la République démocratique du Congo (RDC). En particulier, après une année entière de médiation des gouvernements de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), les combattants en RDC ont choisi la voie de la paix pour résoudre leurs différends. Les armes se taisent peu à peu et le carnage vient à sa fin. Il y a maintenant un espoir de paix. Lorsque la rébellion a commencé en RDC, le 2 août 1998, les Chefs d'Etat et l'Organisation de l'unité africaine ont immédiatement entrepris des efforts en vue de trouver une solution rapide et pacifique au conflit. Les Chefs d'Etat ont réalisé que ce conflit avait à la fois une dimension interne et une dimension externe qui devaient nécessairement être prises en considération. A cette fin, ils sont convenus de cinq principes de base sur lesquels devait reposer la solution au conflit : cessation immédiate des hostilités; respect de la souveraineté, de l'unité et de l'intégrité territoriale de la RDC; retrait des forces étrangères de la RDC; nécessité de répondre aux préoccupations de sécurité de la RDC et des pays voisins; et nécessité d'élargir l'espace politique en RDC et de faciliter un dialogue politique interne qui prenne en considération les intérêts de tous les Congolais. Pour intégrer le mouvement rebelle dans le processus de médiation, un mécanisme de proximité a été établi, comprenant la Zambie en tant que Président de l'effort de médiation régional, et le Secrétaire général de l'OUA. A partir de mars 1999, les rebelles congolais ont été directement impliqués dans les négociations.
Le 10 juillet 1999, les Chefs d'Etat des pays parties au conflit ont signé l'Accord de cessez-le-feu lors d'une cérémonie à Lusaka. Malheureusement, en raison de divergences au sein du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), ce mouvement rebelle n'a pas signé l'Accord à cette occasion, ni non plus le Mouvement pour la libération du Congo (MLC). Ce n'est qu'après de nouvelles consultations que ces mouvements ont finalement signé l'Accord. Le 1er août, M. Jean-Pierre Bemba, dirigeant du MLC, a signé l'Accord au nom de son groupe. S'agissant du RCD, une formule unique a été mise au point comprenant la signature de l'Accord par 50 membres fondateurs du mouvement. La signature de l'Accord par le RCD qui s'est déroulée à Lusaka le 31 août 1999, a marqué pour la Zambie l'accomplissement du mandat qui lui avait été confié. L'Accord est entré en vigueur 24 heures après les dernières signatures et jusqu'à présent, le Comité politique et la Commission militaire mixte, créés par l'Accord, ont pu commencer à travailler. Les réunions du Comité politique et de la Commission militaire mixte les 2 et 3 septembre dernier à Lusaka ont vu la participation de représentants de tous les belligérants au conflit, à l'exception du MLC, dont les représentants n'ont pu se déplacer pour des raisons logistiques. Pour surmonter les difficultés initiales liées à la représentation des deux factions du RCD, la réunion a mis au point une formule permettant leur participation à toutes deux. La réunion a également entériné la nomination du Général algérien Rachid Lallali, à la tête de la Commission militaire mixte. La Zambie s'est vu octroyer le statut d'observateur permanent au sein du Comité politique et de la Commission militaire mixte.
La tenue de ces réunions très rapidement après les dernières signatures de l'Accord est une indication claire de l'engagement honnête des parties envers la mise en oeuvre de l'Accord de cessez-le-feu. Les parties à l'Accord de cessez-le-feu ont à ce jour respecté l'Accord qui tient de manière générale, a affirmé M. Chiluba. Il s'est déclaré convaincu qu'avec le soutien de la communauté internationale, le processus de mise en oeuvre se poursuivra sans heurt. Le fait que l'Accord a été signé à la suite de consultations intensives entre les parties en conflit devrait servir de garantie et personne ne devrait avoir de crainte relative à la sécurité en RDC. M. Chiluba s'est félicité de la réaction rapide de l'ONU qui a envoyé une équipe de personnel de liaison militaire en RDC et dans les pays voisins, ce qui confirme son engagement envers l'instauration de la paix en RDC. Il a émis l'espoir que les autres phases du déploiement du personnel de l'ONU, y compris l'envoi d'une équipe d'enquête technique en RDC, démarreront rapidement.
Tout en reconnaissant la responsabilité de l'Afrique dans le règlement de ses propres problèmes, M. Chiluba a rappelé que la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationale incombe au Conseil de sécurité. Partant, il a lancé un appel au Conseil de sécurité pour qu'il envoie une force de maintien de la paix en RDC, ayant un mandat et une ampleur appropriés pour répondre aux problèmes complexes dans ce pays. Le cessez-le-feu prévoit que cette force aura pour tâche notamment de désarmer les forces rebelles congolaises et les milices étrangères qui devront être retirées et réintégrées dans leurs sociétés respectives. Il est clair que ces tâches vont au- delà du Chapitre 6 de la Charte. Les coûts ne doivent pas être placés à l'avant plan lorsqu'il s'agit de définir le mandat et l'ampleur d'une force de maintien de la paix. Pourtant, les coûts constituent souvent un élément déterminant lorsqu'il s'agit de l'Afrique, alors que dans d'autres régions, aucune dépense n'est épargnée. Partant, M. Chiluba a lancé un appel à des contributions généreuses en faveur de la région. Evoquant le grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées qui souffrent depuis longtemps, il a demandé que des ressources soient mises à disposition pour leur permettre de rentrer dans leur pays.
M. Chiluba a demandé à la communauté internationale d'apporter son soutien au processus de dialogue interne congolais et une aide pour la reconstruction économique et le développement de la RDC. Malheureusement, souvent le Conseil est lent à soutenir les efforts de paix en Afrique, alors que les pays de ce continent représentent le groupe le plus important à l'ONU.
Débat
M. ABDULLA AHMED SALMAN AL-KHALIFA, Ministre des affaires étrangères de Bahreïn, a souhaité que toutes les parties au conflit en RDC fassent preuve de détermination à mettre en oeuvre cet accord de paix pour lequel il n'existe pas de solution de rechange. Le Ministre a lancé un appel au Conseil de sécurité pour que celui-ci concentre toute son attention sur des actions visant à atténuer les tensions en Afrique. Il a demandé également que le Conseil prenne des mesures de règlement des litiges. Le temps est venu pour la communauté internationale de trouver des solutions aux crises africaines et de permettre aux Etats africains de travailler au redressement de leurs économie. Nous demandons également à la communauté internationale de venir en aide aux victimes des conflits.
M. ROBERT FOWLER (Canada) s'est félicité de ce que le débat se tienne dans le cadre d'une séance ouverte. Il a rendu hommage à tous ceux qui ont contribué à la signature de l'Accord de paix, et notamment au Président zambien. Cet Accord de paix est d'une importance vitale et il doit être traduit maintenant dans la réalité. Nous encourageons tous les Congolais à participer au dialogue national. A cet égard, la communauté internationale a un rôle important à jouer. Le Conseil de sécurité devra suivre de près la mise en oeuvre de l'Accord, déterminer les modalités d'intervention en faveur des réfugiés, les modalités de leur rapatriement et assurer la sécurité du personnel humanitaire. Il faudra engager des efforts de démobilisation et, en particulier, celle des enfants soldats. Le représentant a demandé au Président de la Zambie quel serait, selon lui, le délai pour la mise en place d'une opération de maintien de la paix en RDC.
M. YVES DOUTRIAUX (France) a rappelé le rôle joué par les organisations régionales et, notamment, celui de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADEC) dans la résolution du conflit. Le corollaire de la responsabilité du continent africain réside dans la capacité de la communauté internationale à soutenir les efforts de l'Afrique. Il nous appartient de mettre en oeuvre la résolution adoptée par le Conseil de sécurité après l'annonce de la signature de l'Accord de paix. Nous devons maintenant dépêcher dans la région une mission d'évaluation permettant d'amorcer la deuxième étape qui consiste en l'envoi d'observateurs militaires, puis la troisième étape qui consiste en l'envoi d'une force de maintien de la paix. La France est en faveur d'une telle force. Le représentant a demandé au Président de la Zambie si la Commission mixte militaire est en mesure de vérifier des allégations selon lesquelles il existe encore des mouvements de troupes dans le pays.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a remercié le Président zambien pour avoir conduit une diplomatie personnelle de niveau aussi élevé. Il a fait part d'une démarche conjointe du Royaume Uni et de la France en faveur de l'Afrique. Evoquant la lenteur du Conseil de sécurité pour ce qui est de la résolution des conflits en Afrique, il a expliqué que cela n'était pas dû à un manque de volonté mais plutôt à l'absence d'une structure de travail conjointe avec les dirigeants africains. Le continent africain est vaste et ses réalités sont complexes. Une opération de maintien de la paix nécessite une action coordonnée avec les pays de la région. Le représentant a demandé au Président de la Zambie quel rôle pourrait jouer le Conseil de sécurité dans la mise en oeuvre de l'accord de paix. Préfère-t-il, au contraire, que le continent africain se charge de faire respecter les obligations contractées par les parties. Est-ce qu'une conférence internationale pourrait contribuer à unir les dirigeants de la région des Grands Lacs? Et si c'est le cas, quelle serait la date qui serait en harmonie avec les efforts déployés par les dirigeants de la région?
M. QIN HUASUN (Chine) a estimé que le Conseil de sécurité devrait mieux contribuer à la solution des problèmes dont souffre le continent africain. Les Nations Unies devraient accorder davantage d'attention à la situation en RDC, car le conflit touche la région des Grands Lacs et également tout le continent africain. La mise en oeuvre de l'Accord de paix est une tâche difficile et exige pour cela l'intervention de la Communauté internationale.
M. JEAN PING, Ministre des affaires étrangères du Gabon, a appuyé les points de vues exprimées par le Président de la Zambie. Il a remarqué que pour la première fois en Afrique, une dizaine de pays est impliquée directement ou indirectement dans un conflit. Il est urgent que le Conseil de sécurité envisage l'envoi d'une force de maintien de la paix pour préserver les acquis récents. Nous souhaitons que le Conseil de sécurité puisse traduire dans les faits les recommandations du Secrétaire général des Nations Unies. Le signal est clair et nous attendons du Conseil qu'une action urgente soit entreprise. Les réfugiés et les personnes déplacées doivent également être associés à cette action. Nous constatons que le réfugié africain a un traitement différent du réfugié d'un autre continent.
Mme ANA MARIA RAMIREZ (Argentine) a souligné la nécessité de définir un mandat adéquat pour la force proposée de maintien de la paix en RDC. Un mandat adéquat est la clé du succès d'une opération de maintien de la paix, a-t-elle dit. La question des réfugiés et les problèmes de sécurité régionale devront également être pris en considération. Nous faisons face à une situation qui exige la mobilisation de l'ONU et de la communauté internationale, a observé la représentante. Elle a demandé au Président Chiluba de leur faire part des éléments fondamentaux qui permettraient d'aboutir à une paix durable dans la région des Grands Lacs.
M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) a déclaré que pour toute opération de maintien de la paix, il faudrait définir un mandat pratique et réaliste. Une autre question qui se pose souvent au Conseil est celle de la coordination avec les organisations régionales. Il importe d'établir un meilleur mécanisme de coopération étroite avec l'OUA et la SADC. La présence du Président Chiluba au Conseil aujourd'hui représente à cet égard un pas dans la bonne direction, a-t-il dit. Pour les Etats-Unis, l'équipe d'évaluation technique devrait être dépêchée dès que possible pour qu'une décision puisse être prise le plus rapidement possible en ce qui concerne le déploiement d'une force de maintien de la paix en RDC. A cet égard, M. Burleigh a souligné l'importance de la sécurité du personnel qui sera déployé en RDC. Il a demandé à connaître les vues du Président Chiluba sur la Commission militaire mixte, en particulier les défis qui se présentent à elle. Il a demandé à avoir des précisions sur la question du désarmement, notamment sur la manière dont celui-ci pourrait se dérouler. Il a demandé en outre des informations sur l'avancement des préparatifs en vue du débat national en RDC.
M. BABOUCCAR-BLIASE JAGNE (Gambie) s'est réjoui de la présence du Président Chiluba devant le Conseil de sécurité et a souhaité que la coopération entre le Conseil d'une part et l'Afrique et ses organisations régionales, de l'autre, en soit renforcée. Ce type de réunion contribue à dissiper l'idée d'une lassitude à l'égard de l'Afrique, a-t-il dit.
M. AGAM HASMY (Malaisie) a estimé que la tenue de telles réunions est une grande contribution à la transparence du Conseil. Il a fait part de l'appui constant de son pays aux efforts visant à trouver une solution au conflit congolais. La Malaisie réitère son appui à l'Accord de cessez-le-feu et espère que l'on pourra procéder rapidement au déploiement civil et militaire de l'ONU dans la région. M. Hasmy a estimé que la future force de maintien de la paix devait recevoir un mandat valable avec un nombre suffisant de participants. Il a demandé au Président Chiluba s'il était optimiste en ce qui concerne le désarmement des Interhamwe dans les prochains six mois.
M. DANILO TURK (Slovénie) a estimé que l'occasion qui s'offre aujourd'hui est unique à bien des égards. Le Conseil est entré dans une ère nouvelle où l'unité de ses membres contribue au renforcement de son efficacité. Les tâches qui nous attendent en RDC comprennent des tâches à court terme, comme le déploiement d'agents de liaison, déjà entamé, ou les opérations de la Commission militaire mixte, dont le travail doit contribuer à renforcer le cessez-le-feu. A long terme, le Conseil devra envisager l'envoi d'une mission de maintien de la paix. La tenue d'une conférence régionale jetterait les bases de la coopération régionale et assurerait que la paix devienne irréversible, mais d'autres tâches, comme les enquêtes sur les massacres, renforceront également la paix à long terme. Le Conseil doit renforcer sa coopération avec l'OUA. Il faudra continuer à nouer des contacts semblables à l'avenir et répéter cette expérience aussi souvent que possible, a ajouté le représentant.
M. ENIO CORDEIRO (Brésil) a estimé que l'Accord constitue le point de départ d'un processus qui doit amener la paix et la stabilité dans la région. Le Conseil de sécurité devra jouer son rôle dans ce cadre. Il a appuyé entièrement les vues du Président Chiluba. Le Conseil ne doit pas moins épargner ses efforts pour l'Afrique que pour d'autres régions, a-t-il dit. Il a demandé au Président Chiluba des précisions sur l'ordre du jour du Comité politique et de la Commission militaire mixte. Il a interrogé M. Chiluba sur les premières mesures qui, selon lui, devraient être prises pour qu'une conférence internationale pour la région des Grands Lacs ait lieu dans un avenir proche.
M. ARNOLD PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a demandé au Président de la Zambie la composition que les pays africains et les signataires de l'accord envisagent pour la force de maintien de la paix. Cette force sera-t-elle composée d'Africains ou est-ce que sa composition sera ouverte?
Réponse du Président de la Zambie aux questions des membres du Conseil
M. CHILUBA a répondu qu'il était difficile en général de s'attendre à une cessation des hostilités dès la signature d'un accord de paix. Ce problème n'est pas propre à l'Afrique. Il a ajouté que le cas de la RDC est pourtant différent de celui de l'Angola dans la mesure où cet accord de paix est le produit de nombreuses heures de réunion. Aucune partie à l'accord n'a exprimé de doute quant à son contenu. Il s'agit de leur accord et personne n'a exprimé de préoccupation au sujet de l'engagement des parties à l'Accord de paix.
Le mandat de la force de paix que nous demandons doit comprendre un volet de maintien de la paix mais également d'imposition de la paix, a-t-il ajouté. La force qui travaillera avec la Commission militaire et le Comité politique, devra être en mesure de désarmer les forces rebelles. Il a expliqué que les membres de la force de paix pouvaient provenir de l'Organisation de l'unité africaine. Il faut que ces troupes soient acceptées par la RDC et il semble alors qu'elles seront à majorité africaine. Nous lançons un plaidoyer pour que des fonds nécessaires soient disponibles dans les plus brefs délais pour mettre en place cette force afin de conserver les acquis. Nous demandons à cet égard toute la coopération du Conseil de sécurité. Même si les contingents seront africains, nous souhaitons que cette force soit placée sous l'égide des Nations Unies.
La sécurité du personnel humanitaire et des forces de maintien de la paix est assurée, a souligné le Président. La Commission militaire mixte et le Comité politique, autrefois ennemis, travailleront avec un degré élevé de responsabilité et appuieront la force de maintien de la paix déployée dans le pays. Voilà l'esprit qui règne au sein des forces en présence dans le pays aujourd'hui. La Commission militaire mixte et le Comité politique se sont réunis et ont commencé leur travaux. Le 10 octobre, la Commission se réunira de nouveau, ce qui signifie sans doute que des progrès seront réalisés.
Dans la région des Grands Lacs et en Afrique, a souligné le Président, nous nous sommes rendus compte de l'importance de la coopération aux niveaux régional et international. Nos efforts nationaux ne sont pas suffisants. Les organisations régionales nous permettent de coopérer avec le monde extérieur et nous souhaitons vivement poursuivre une telle coopération. Il nous faut néanmoins assumer nos propres responsabilités et l'aide que nous demanderons viendra en complément de notre action. Répondant à la question relative à l'engagement de la communauté internationale en RDC, le Président a fait valoir le rôle que doit jouer le Conseil de sécurité, garant de la paix et de la sécurité internationales. Les Nations Unies et les autres pays dans le monde peuvent nous aider. Il a été question d'une conférence de paix élargie pour dissiper les tensions dans la région des Grands Lacs. Si nous l'organisons, nous veillerons à ce que l'Organisation des Nations Unies y soit associée. Nous avons une dette envers l'ONU qui a un rôle à jouer dans la quête incessante de la paix en Afrique.
Pour ce qui est du processus de dialogue interne, un retard s'est accumulé mais des efforts ont déjà été faits. Nous recherchons un modérateur qui devra veiller à ce que le lieu de rencontre et la logistique soit acceptée par les parties pour que le débat se poursuive. Le Président a indiqué que les rebelles avaient souhaité un élargissement de l'espace politique et la démocratisation des institutions. De mon côté, a ajouté le Président, j'ai lancé un appel aux Nations Unies pour qu'elles jouent un rôle dans la fourniture d'experts qui aideraient à traiter de la question du débat interne ainsi que du développement économique du pays. Le Président a lancé un appel en vue de l'allégement de la dette des pays africains, la pauvreté pouvant se poser en obstacle à l'instauration de tout système démocratique.
* *** *