En cours au Siège de l'ONU

AG/909

PLAIDOYER A L'ASSEMBLEE GENERALE EN FAVEUR D'UN PARTAGE PLUS EQUITABLE DES BENEFICES DE LA MONDIALISATION

20 septembre 1999


Communiqué de Presse
AG/909


PLAIDOYER A L'ASSEMBLEE GENERALE EN FAVEUR D'UN PARTAGE PLUS EQUITABLE DES BENEFICES DE LA MONDIALISATION

19990920

Un plaidoyer en faveur d'un partage plus équitable des bénéfices de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie mondiale a été développé, cet après-midi, par la majorité des intervenants au débat général de l'Assemblée générale. Soulignant le fait qu'un cinquième de la population mondiale a été écarté de la prospérité, le Président de la République unie de Tanzanie, M. Benjamin William Mkapa, a invité la communauté des nations à repenser les mécanismes et politiques qui sous-tendent le fonctionnement de l'économie mondiale afin de créer un environnement international favorable au développement rapide des pays les moins avancés. Pour M. Mkapa, comme pour de nombreux intervenants après lui, cette intégration exige de la communauté internationale qu'elle aide les pays en développement à diversifier leur économie, trop souvent dépendante des seuls produits de base, qu'elle prenne des mesures audacieuses en faveur de l'allègement, voire de l'effacement de la dette, qu'elle favorise l'accès de ces pays aux technologies, et qu'elle tienne ses promesses en matière d'aide publique au développement. Outre le renforcement de la coopération régionale et internationale, la participation des pays en développement aux processus de prise de décision au niveau international doit être assurée. Parallèlement, ceux-ci doivent prendre des mesures en vue de créer un environnement favorable aux investissements étrangers. Pour le Président du Nicaragua, M. Arnoldo Alemán Lacayo, les disparités entre pays en développement et pays développés devraient être atténuées par des correctifs conjoncturels en vue de protéger les démocraties naissantes. Dans cette tâche, la participation de la société civile est fondamentale dans la mise en oeuvre des réformes en vue de renforcer les systèmes démocratiques.

Les gouvernements nationaux ont la responsabilité du développement social et du développement durable; ils doivent promouvoir et protéger la primauté du droit, les droits de l'homme et la démocratie. Ils doivent aussi combattre la corruption et mener des politiques économiques saines, car il ne fait aucun doute que l'aide au développement est plus efficace dans les pays gérés selon les principes de bonne gouvernance, a rappelé pour sa part le Premier Ministre de la Norvège, M. Kjell Magne Bondevik. La prévention des conflits, l'aide humanitaire et les efforts de développement doivent être menés de front, a rappelé le Premier Ministre. La Norvège qui soutient l'Initiative du Secrétaire général en faveur de l'Afrique, dégagera trois millions de dollars pour l'usage du Secrétariat à cet effet.

(à suivre 1a) - 1a - AG/909 20 septembre 1999

Evoquant la situation au Timor oriental, le Président du Portugal, M. Jorge Sampaio, a souligné le fait que les événements des dernières semaines qui ont ébranlé la conscience de la communauté internationale, ont forcé à réfléchir sur la responsabilité des Nations Unies dans la construction d'une société internationale plus juste et plus humaine. L'opinion publique a du mal à comprendre pourquoi si souvent deux poids et deux mesures sont utilisés là où les mêmes principes sont en jeu, a-t-il déclaré. Même si la réaction n'a pas été aussi prompte que les Timorais et le Portugal l'auraient souhaité, la décision du Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement d'une force de maintien de la paix montre que celui-ci n'est pas indifférent aux défis à son autorité. Que ce cas ne soit pas une exception, mais un exemple pour l'avenir, a suggéré M. Sampaio. A cet égard, le Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères du Royaume-Uni, M. Robin Cook, a estimé que si l'ONU veut avoir prise sur les parties en conflit, elle doit refléter davantage la réalité du monde moderne. Un léger élargissement du Conseil de sécurité serait un prix modique à payer pour l'accroissement tangible de la crédibilité qui résulterait d'une plus grande représentativité au niveau de ses membres permanents.

Le Président de la Colombie, M. Andrés Pastrana Arango, a fait appel à la compréhension de la communauté internationale face aux difficultés auxquelles se heurte son pays. "Nous comptons sur la solidarité et les contributions de la communauté internationale", a-t-il plaidé, en rejettant catégoriquement toute intervention ou ingérence étrangère dans les affaires internes de son pays. Pour mettre un terme à 40 ans de conflit civil, le Gouvernement a adopté le Plan Colombie qui a pour objectif la paix, la prospérité économique et le renforcement de l'Etat, a-t-il encore expliqué.

Les Chefs d'Etat et de Gouvernement suivants ont fait une déclaration : M. Benjamin William Mkapa, Président de la République unie de Tanzanie; M. Arnoldo Alemán Lacayo, Président du Nicaragua; M. Andrés Pastrana Arango, Président de la Colombie; M. Jorge Fernando Branco de Sampaio, Président du Portugal; Sheikh Hasina, Premier Ministre du Bangladesh; M. Kjell Magne Bondevik, Premier Ministre de Norvège; M. Samdech Hun Sen, Premier Ministre du Cambodge; M. Marc Forné Molné, Premier Ministre d'Andorre; et M. Mahendra Pal Chaudhry, Premier Ministre des Fidji. M. Amara Essy, Ministre des affaires étrangères de la Côte d'Ivoire, M. Robin Cook, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux affaires du Commonwealth du Royaume-Uni, et M. Jadranko Prlic, Ministre des affaires étrangères de Bosnie- Herzégovine, ont aussi fait une déclaration.

Le débat général se poursuivra demain mardi 21 septembre à partir de 10 heures. Prendront notamment la parole demain matin : M. Alberto Fudjimori, Président du Pérou; M. William Jefferson Clinton, Président des Etats-Unis; M. Robert Mugabe, Président du Zimbabwe; M. Alvaro Arzú Irigoyen, Président du Guatemala.

Allocution de M. Benjamin William Mkapa, Président de la République-Unie de Tanzanie

M. BENJAMIN WILLIAM MKAPA, Président de la République-Unie de Tanzanie : le XXème siècle a connu des progrès impressionnants dans les domaines scientifiques et de la technologie mais leurs bénéfices n'ont pas été partagés de façon équitable. Un cinquième de l'humanité a été laissé complètement à l'écart de la prospérité. L'Afrique a malheureusement été laissée à la traine en matière de développement. Malgré des réalisations macro- économiques positives au cours des dernières années, le foyer africain moyen consomme aujourd'hui 20 % de moins qu'il y a 25 ans. Parmi les nouveaux défis auxquels l'Afrique doit faire face, il y a les conflits, et la nécessité urgente de consolider la règle du droit, les droits de l'homme et la gouvernance démocratique. L'ONU a un rôle essentiel à jouer pour assurer que la réponse à ces défis soit appropriée. La Tanzanie souligne à nouveau la nécessité d'élargir et de renforcer la participation des pays en développement à la prise de décisions au niveau international. La démocratie et la bonne gouvernance sont tout aussi importantes pour l'humanité toute entière qu'elles le sont au sein même de chaque nation.

Les processus de libéralisation et de mondialisation de l'économie ont des incidences profondes sur l'Afrique et les pays les moins avancés. La communauté des nations devrait repenser les mécanismes et politiques qui sous-tendent le fonctionnement de l'économie mondiale afin de créer un environnement international favorable au développement économique rapide des pays les moins avancés (PMA). Nous avons besoin d'un système qui ait comme pilier la croissance, la stabilité et l'équité sociale, et qui facilite l'intégration des PMA dans l'économie mondiale. Ces pays, en particulier en Afrique, restent handicapés par la faiblesse de leur capacité d'offre, ce qui, dans un environnement économique international défavorable, limite leur capacité de bénéficier de la mondialisation. Les pays africains ont besoin d'un plus grand appui financier et technique. L'objectif à long terme de nos efforts de développement est d'améliorer la production de biens et services de qualité. Nous sommes conscients de nos limites. Nos économies reposent en effet encore largement sur la production de produits de base. La Tanzanie prie donc instamment la communauté internationale de fournir des ressources et une assistance technique afin d'aider ces pays à diversifier leur économie, et d'augmenter son appui au fonds commun pour les produits de base. L'ONU devrait réexaminer la question de la création d'un fonds spécial pour la promotion de la diversification en Afrique. Nous espérons que la réunion de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle donnera un nouvel élan à la mise en oeuvre des mesures d'aide aux PMA.

Le fardeau de la dette est l'un des principaux obstacles au développement de l'Afrique. Si les initiatives d'allégement de la dette apportent un certain répit, il reste impératif que des mesures plus audacieuses soient prises d'urgence, y compris l'effacement de la dette, pour avoir un impact sur la pauvreté. L'allégement de la dette dans le cadre de l'initiative en faveur des pays pauvres fortement endettés ne peut servir de substitut à un accroissement de l'aide bilatérale, et ne peut non plus être financé par la réallocation de l'aide promise. La Tanzanie déplore la réduction spectaculaire de l'aide publique au développement et estime que cette tendance doit être inversée d'urgence. L'ONU et la communauté internationale devraient aussi faciliter et financer l'accès des pays en développement aux technologies à des conditions favorables, y compris par le don.

La Tanzanie oeuvre étroitement avec d'autres pays pour trouver une solution pacifique aux conflits dans la région des Grands Lacs, en particulier au Burundi et en République démocratique du Congo. Le processus de paix au Burundi avance bien, les obstacles principaux restant les arrangements de sécurité et l'instauration d'un processus démocratique impliquant toutes les parties. La communauté internationale doit continuer à appeler les protagonistes à participer pleinement au processus de paix d'Arusha et décourager toute tentative de faire dérailler les négociations. En République démocratique du Congo, le défi est de mettre rapidement en oeuvre la trêve, y compris en envoyant des observateurs de l'Organisation de l'unité africaine et une force de maintien de la paix de l'ONU, comme prévu. S'agissant de l'Angola, la Tanzanie estime qu'il est contreproductif que l'ONU retire ses observateurs car cela enverrait un message négatif, laissant entendre que la communauté internationale abandonne ce pays. Elle devrait plutôt appuyer résolument le Gouvernement angolais et condamner Jonas Savimbi pour crimes de guerre. La Tanzanie dénonce les marchands d'armes qui innondent le continent africain d'armes.

La Tanzanie qui accueille plus de 800 000 réfugiés, appelle à un accroissement de l'aide en faveur de ceux-ci et pour que le Haut Commissariat des Nations Unies et les organisations humanitaires qui travaillent dans la région reçoivent également un plus grand soutien. La Tanzanie invite aussi la communauté internationale à continuer de fournir un appui au Tribunal pénal international pour le Rwanda jusqu'à ce que tous les criminels de guerre aient été jugés.

Allocution de M. Arnoldo Alemàn Lacayo, Président de la République du Nicaragua

M. ARNOLDO ALEMAN LACAYO, Président de la République du Nicaragua : il serait dangereux que les possibilités offertes par la mondialisation ne se traduisent pas en changements tangibles permettant de promouvoir l'amélioration des niveaux de vie et le développement durable. Des disparités se sont révélées entre pays en développement et pays développés et celles-ci doivent être palliées par des correctifs conjoncturels en vue de protéger les démocraties naissantes. Dans cette tâche, la participation de la société civile est fondamentale pour aider à mettre en oeuvre des réformes en vue de renforcer les systèmes démocratiques. Ainsi au Nicaragua, cette année, les deux principales forces politiques qui ont obtenu plus de 90% des votes aux dernières élections, ont réussi à élaborer un programme de restructuration économique qui sera soumis à l'Assemblée nationale. Le Nicaragua a également lancé un difficile processus d'ajustement structurel afin de jeter les bases stables d'une transformation dynamique, car il est temps de laisser derrière soi le cycle des violences fratricides dont les conséquences ont affecté tous les indicateurs de développement humain et ont contribué à accroître la dette extérieure. Cette nouvelle politique économique a obtenu l'appui de la communauté internationale et a favorisé la signature d'un nouvel accord d'ajustement structurel avec le FMI (ESAF) qui nous permettra, au bout de trois ans, de bénéficier de l'initiative en faveur des pays pauvres lourdement endettés (HIPC)

L'année dernière, au moment où nous nous battions pour répondre à tous ces défis, nous avons été frappés par le cyclone Mitch. Grâce à la solidarité internationale, nous avons pu atténuer ses effets dévastateurs et redoubler nos efforts en vue d'atteindre un nouvel équilibre. Ainsi en mai de cette année, le Groupe consultatif pour la reconstruction et la transformation de l'Amérique centrale a, lors de sa réunion à Stockholm, offert au Nicaragua un soutien global échelonné sur une période de 3 ou 4 ans d'un montant de 2,5 milliards de dollars américains. Cet appui nous a permis de privilégier les programmes sociaux, notamment dans l'éducation et la santé ainsi que l'aide aux petits agriculteurs qui ont été frappés par le cyclone Mitch. La mise en oeuvre disciplinée du programme d'ajustement structurel (ESAF) a conduit à l'adoption d'une résolution du FMI, jointe à celle adoptée précédemment par la Banque mondiale, qui a ouvert la porte à l'Initiative HIPC au Nicaragua, ce qui lui donne une nouvelle indépendance financière.

Le Nicaragua exprime sa reconnaissance aux Nations Unies qui lui ont permis de s'attaquer aux problèmes posés par l'environnement, la bonne gouvernance, l'extrême pauvreté, l'accès des populations défavorisées aux services publics et la modernisation des institutions démocratiques. Le Nicaragua s'est en outre attaché à remplir les engagements pris au Sommet de la Terre en 1992, grâce à la collaboration des Nations Unies et du Conseil national pour le développement durable (CONADES). Il est devenu partie aux conventions sur la biodiversité et les changements climatiques et participe aux grands projets concernant le Couloir biologique méso-américain et le Couloir biologique de l'Atlantique. Le Nicaragua s'est employé à déminer la zone frontière avec la Honduras grâce au soutien de l'Assemblée des Etats américains et aux Nations Unies.

Il est difficile de conclure cette déclaration sans revenir sur le sort des 22 millions de personnes qui, à l'aube du XXIe siècle, ne sont toujours pas représentées aux Nations Unies. Mon Gouvernement soutient et continuera de soutenir, avec une solidarité ferme et fraternelle, le droit de la République de Chine à Taiwan qui est depuis un demi siècle une réalité qu'on ne pourrait remettre en question.

Allocution de M. André Pastrana Arango, Président de la République de Colombie

M. ANDRE PASTRANA ARANGO, Président de la République de Colombie: l'Organisation des Nations Unies doit procéder à une mise à jour de son mandat en tant que source de développement social et économique et de force de préservation de la paix. Personne ne conteste aujourd'hui les principes qui ont inspiré la Charte des Nations Unies. Son application représente le meilleur et le plus sûr moyen d'obtenir et de consolider les bienfaits de la paix dans le monde.

Au cours de l'année passée, la Colombie a déployé des efforts considérables afin de mettre un terme à quarante ans de conflit civil. Nous avons à présent convenu d'un programme pour mener des négociations entre notre gouvernement et les FRAC, le groupe de guerilleros le plus ancien et le plus important du pays. Mais comme tout le monde le sait, nos négociations s'inscrivent dans le cadre d'un conflit qui ne comprend pas de cessez-le-feu. Les années passées ont été difficiles pour la Colombie et l'enseignement le plus important que nous en avons tiré est que la paix est un objectif de première importance pour la Colombie. Non pas la paix à tout prix mais une paix authentique. Nous, Colombiens, avons pris la responsabilité de parvenir à la paix.

Notre pays a besoin de la compréhension de la communauté internationale pour faire face à ses difficultés. A cette fin la Colombie a créé un groupe stratégiques pour la paix, la prospérité économique et le renforcement de l'Etat, appelé Plan Colombie. Ce plan permet de défendre la Colombie face à la menace du trafic des stupéfiants et de garantir aux citoyens le libre exercice de leurs droits et libertés. C'est pourquoi nous comptons sur la solidarité et les contributions de la communauté internationale.

Dans l'enceinte de cette Assemblée, je déclare solennellement que la Colombie rejette toute intervention ou ingérence étrangère dans ses affaires internes. L'époque de l'intervention est révolue. L'heure est venue de la coopération.

Au cours des dernières vingt années, la Colombie a mené la lutte contre la drogue et a affronté les cartels. Le trafic de drogue est devenu plus fracturé, plus international et de ce fait plus difficile à combattre. Il n'y aura pas de paix en Colombie tant que les trafics juteux de stupéfiants et le marché noir continueront à approvisionner les groupes illégaux dans notre pays. L'Amérique latine est la victime la plus récente de la crise asiatique. Nous devons par conséquent envisager de donner la priorité à la mise sur pied d'une nouvelle structure financière. Cela ne sera rendu possible que si intervenait une augmentation des ressources financières de la part des institutions financières multinationales.

Le monde est cependant encore insatisfait de lui-même. Des forces déstabilisatrices et non équilibrées menacent les réalisations obtenues jusqu'ici. Il nous faut donc revitaliser la coopération internationale pour mieux parvenir à la globalisation et pour que ses fruits soient distribués de façon plus équitable. Après plus de cinq décennies d'existence des Nations Unies, nous avons partiellement atteint les résultats promis. Mais l'ordre qui a été annoncé selon lequel les Nations Unies garantiraient la paix, la sécurité et le développement n'a pas encore pu se construire. Il nous faut revigorer la capacité de réponse du Conseil de sécurité face aux crises dans toutes les régions. C'est à cette fin que la Colombie a présenté sa candidature pour obtenir un siège au Conseil de sécurité pour la période 2001- 2002.

Il nous faut doter d'une vision globale le système des Nations Unies. Le XXème siècle a démontré que, par-delà les horreurs et la cruauté, ce qui était considéré comme une utopie a triomphé: les Nations Unies ont fini par l'emporter. La Colombie ne veut pas et ne sera pas un simple témoin des changements de notre époque. Elle offre sa contribution modeste mais engagée vers un avenir meilleur de l'humanité.

Allocution de M. Jorge Fernando Branco de Sampaio, Président de la République portugaise

Dr. JORGE FERNANDO BRANCO DE SAMPAIO, Président de la République portugaise: je m'adresse à cette Assemblée encore sous le choc de la vague d'émotion, d'indignation et de révulsion qui a frappé le monde entier à la suite de la tragédie qui s'est abattue sur le peuple du Timor oriental après l'annonce des résultats du référendum sur l'avenir du territoire organisé de manière exemplaire par les Nations Unies le 30 août dernier. Quiconque a vu les images des Timorais le jour du vote, serrant leur carte d'électeur, attendant en bon ordre le moment tant espéré d'exprimer leur volonté, a été saisi d'émotion et a perçu sur ces visages et dans ces gestes l'appel universel de la démocratie de la liberté et de la justice.

L'histoire nous apprend que la naissance d'une nation est souvent une conquête par son peuple, le résultat d'un processus douloureux. Le cas du Timor oriental ne fait pas exception. Par son courage, sa détermination et sa volonté à combattre et à souffrir, le peuple du Timor oriental a conquis son droit de devenir une nation indépendante.

Les événements de ces dernières semaines ont ébranlé la conscience de la communauté internationale et nous ont forcé à réfléchir sur la responsabilité des Nations Unies comme organe représentatif de cette communauté, chargé de la construction d'une société internationale plus juste et plus humaine.

L'opinion publique mondiale qui se forme sous nos yeux à la suite de la globalisation des moyens de communication attend ces réponses de notre part, et a du mal à comprendre pourquoi si souvent deux poids et deux mesures sont utilisés là où les mêmes principes sont en jeu. Nous savons tous que la communauté internationale n'a pas toujours su faire face à ces défis. Nous devrions donc rendre hommage à la réaction énergique de la communauté internationale face à la vague de violence et de terreur qui a frappé le Timor oriental au cours des dernières semaines, et à la mobilisation de la force internationale dont le but est de garantir la paix et la sécurité de ce territoire, de protéger et d'appuyer la Mission des Nations Unies pour le Timor oriental (MINUTO) et de faciliter les opérations d'assistance humanitaire. Dans ce cas particulier, outre les dramatiques aspects humains, c'était la crédibilité même de l'ONU qui était en cause.

Même si la réaction n'a pas été aussi prompte que les Timorais l'auraient mérité et que le Portugal l'aurait souhaité, l'adoption par le Conseil de sécurité de la Résolution 1264 montre au monde que le Conseil ne reste pas indifférent aux défis à son autorité, et qu'il ne leur permet pas de rester sans réponse. Que ce cas ne soit pas une exception, mais un exemple pour l'avenir. La rapidité de réaction du Conseil de sécurité est une condition de son autorité et de son efficacité.

Pour moi, les points suivants sont prioritaires : notre première tâche est de garantir la sécurité au Timor oriental. Deuxièmement, il faut envoyer de toute urgence de l'aide humanitaire au Timor oriental. Troisièmement, il faut s'occuper de la situation des plus de 100 000 Timorais qui ont été déportés vers l'Indonésie ou ont fui le Territoire et se trouvent maintenant pour la plupart au Timor occidental. Quatrièmement, accélérer le transfert de l'autorité effective du Territoire aux Nations Unies, ainsi que cela a été prévu par l'Accord du 5 Mai en conséquence du résultat du référendum tenu le 30 mai. Tout délai serait inacceptable. Il est également important de définir un agenda pour le retrait total, aussi rapidement que possible, des forces indonésiennes du Territoire. C'est la seule possibilité de restaurer la paix et la stabilité dans la région et de poser les bases d'une relation saine entre le futur Etat du Timor et l'Indonésie, un pays dont nous espérons qu'il sera capable de consolider les prémices démocratiques annoncées dans son processus actuel de transition.

Le Portugal a annoncé son entière disposition à participer à toutes ces tâches. Conscient des responsabilités qui lui incombent vis-à-vis du peuple frère du Timor oriental et de la solidarité inconditionnelle qui unit les deux peuples, le Portugal s'est déclaré dès la première heure prêt à intégrer la force multinationale. Pour éviter tout retard compte tenu de ce que chaque minute compte en ce qui concerne les vies et la souffrance, nous avons accepté, alors que nous étions déjà prêts, à reporter notre participation à la force à une étape ultérieure.

Concernant l'assistance humanitaire et la reconstruction du Timor oriental, nous faisons et nous continuerons de faire notre maximum. Je voudrais appeler fermement, ici-même, la communauté internationale, les institutions spécialisées des Nations Unies et les organisations non gouvernementales à contribuer à cet effort.

Permettez-moi de terminer mon allocution en formant un voeu et un espoir : que l'Assemblée générale puisse entendre aussi rapidement que possible la voix libre et souveraine du Timor Lorosae.

Suite du débat général

M. SHEIKH HASINA, Premier Ministre de la République du Bangladesh : le Bangladesh remercie le Secrétaire général et les Etats Membres pour leur soutien et leur aide à la suite des inondations catastrophiques qui ont frappé le pays l'an dernier, et qui ont été sans précédent dans notre histoire. Le Bangladesh est gravement préoccupé par le déclin récent des contributions des pays donateurs aux activités de développement de l'ONU, et en particulier en faveur du Programme des Nations Unies pour le développement. Le Bangladesh attache une grande valeur à l'aide multilatérale en tant que source fiable et sûre de services d'experts impartiaux et appelle instamment les pays donateurs à tenir les engagements qu'ils ont pris devant le Conseil d'administration du PNUD pour le cadre pluriennal de financement, afin de permettre à des pays comme le Bangladesh de planifier leurs programmes de développement en conséquence. Pour sa part, le Bangladesh utilise déjà plus de la moitié des fonds de pays disponibles auprès du PNUD pour des programmes visant à améliorer la gouvernance, ce qui nous permet d'éliminer les contraintes faisant obstacle à une accélération du développement. Il est temps que les donateurs reconnaissent les progrès que nous avons réalisés et accroissent leurs ressources en faveur de ces programmes. Aujourd'hui, la démocratie a pris fermement racine au Bangladesh. Le système parlementaire a été renforcé et le droit de vote des citoyens est garanti. Mon combat aujourd'hui est d'assurer le droit de la population à l'alimentation, en d'autres termes, à l'émancipation économique.

Au niveau régional, le Bangladesh a pris des mesures en faveur de la paix. Ainsi, dès son entrée en fonction, mon Gouvernement a pris l'initiative de résoudre la question du partage des eaux du Gange avec l'Inde. J'ai visité l'Inde et le Pakistan, après les essais nucléaires menés par ces deux pays, demandant instamment que nous fassions tous le maximum pour préserver la paix dans la région et consacrer nos ressources limitées au développement économique et social. Un accord a été conclu en décembre 1997 entre le Gouvernement et les représentants du peuple tribal qui vit dans la partie sud- est de notre pays, sans la médiation de tiers. Cet accord a permis de ramener la paix après plus de deux décennies de conflit dans cette région.

Le Bangladesh est conscient du fait que la clef de son développement et du progrès réside dans les investissements en faveur de la population. Nos efforts visent donc à transformer nos vastes ressources humaines en une force productive. Nos programmes de développement ont pour objectif l'atténuation rapide de la pauvreté. Nous avons adopté des politiques visant à renforcer les infrastructures socio-économiques du pays. Nous avons identifié différents secteurs sociaux prioritaires, y compris l'éducation, la santé,

l'atténuation de la pauvreté et le contrôle de la croissance de la population. Des mesures concrètes ont été prises en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes. L'efficacité du micro-crédit dans l'autonomisation des femmes a été phénoménale. Les femmes ont également été poussées à participer aux processus de décision à tous les niveaux.

Sans développement, il ne peut y avoir de paix et sans coopération, il ne peut y avoir de développement. Il n'existe pas d'autre option que la coopération sincère entre les pays développés et en développement en faveur de l'élimination de la pauvreté et du développement. Des mesures spéciales devraient être prises par la communauté internationale pour aider les pays les moins avancés dans leurs efforts de développement et d'intégration dans l'économie mondiale. Si l'on n'assure pas la dignité et le respect des droits des citoyens, le monde ne pourra être juste et pacifique. L'ONU est l'unique organe universel qui traite de tous les domaines de l'activité humaine. Elle a été le catalyseur de nombreuses initiatives qui ont permis d'améliorer les conditions de vie des peuples du monde. Il est essentiel que la communauté internationale assure un suivi coordonné et intégré des grandes conférences mondiales en vue d'assurer la mise en oeuvre efficace et complète des décisions qui ont été prises. Il est nécessaire que l'ONU puisse continuer à satisfaire les besoins de l'humanité au cours du prochain siècle. A cette fin, nous avons besoin de Nations Unies efficaces. Le monde a besoin de l'ONU. Mais les Nations Unies ont aussi besoin du monde. Tous les pays doivent faire leur possible pour assurer que l'Organisation soit solide et stable.

M. KJELL MAGNE BONDEVIK, Premier Ministre du Royaume de Norvège: la tragédie du Timor oriental nous montre une fois de plus que devant la violence, la communauté internationale se tourne vers les Nations Unies pour la résolution des conflits et le maintien de la paix. Les Nations Unies sont indispensables. La mondialisation nous pose des dilemmes politiques et moraux. Afin de nous assurer que celle-ci profite à tous, nous devons renforcer le système multilatéral, soutenir les Nations Unies ainsi que leur action en faveur de la paix et de la sécurité internationales et du développement durable. Afin de construire un partenariat mondial en vue d'éradiquer la pauvreté, commençons par mobiliser la volonté politique et les ressources financières en vue de réduire de moitié la pauvreté mondiale d'ici à 2015. C'est une question de volonté politique et cela peut être fait. Les gouvernements nationaux ont la responsabilité du développement durable et de subvenir aux besoins sociaux, ils doivent promouvoir et protéger la primauté du droit, les droits de l'homme et la démocratie. Ils doivent également combattre la corruption et mener des politiques économiques saines, car il ne fait aucun doute que l'aide au développement est plus efficace dans les pays gérés sur la base des principes de bonne gouvernance.

Pour sa part, la communauté internationale doit s'efforcer de multiplier les opportunités économiques pour le monde en développement. La première étape consiste à accroître le transfert de l'aide publique au développement du Nord vers le Sud. A cet égard, la Norvège se situe bien au-dessus du montant préconisé par les Nations Unies et entend augmenter son aide au développement pour atteindre un pourcent de son Produit intérieur brut. La deuxième étape consiste à établir des partenariats en vue de permettre aux gouvernements nationaux de définir leurs propres priorités et d'intégrer le secteur privé au processus de développement. En troisième lieu, il faudrait que l'aide au développement et l'allégement de la dette fonctionnent ensemble, afin que les pays créditeurs assurent un nouveau départ à leur débiteurs. La Stratégie d'allégement de la dette de la Norvège est prévue à cet effet. Nous appuyons également l'initiative du Groupe des 7 en faveur de l de la dette des pays lourdement endettés. En quatrième lieu, l'accès des pays en développement aux marchés mondiaux doit être facilité et nous devons nous pencher sur ce problème lors de notre prochaine rencontre sur le commerce mondial au sein de l'Organisation mondiale du commerce.

Rappelons, au vu de la multiplication des guerres civiles au cours des années 1990, dans lesquelles sont souvent impliquées des présences étrangères. Les activités des Nations Unies se sont élargies en ce qui concerne la conduite de la diplomatie préventive, du maintien de la paix et de l'assistance aux populations. Face aux critiques de l'ONU, nous devons nous rappeler ses succès, nous souvenir que c'est nous, les Etats membres, qui lui confions ses mandats qui lui permettent d'agir. N'en faisons pas donc un bouc émissaire chaque fois que nous échouons. Nous devons donc accorder la priorité à l'ONU en ce qui concerne la prévention des conflits, la gestion des crises et le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Nous devons donc nous assurer que le Conseil de sécurité peut remplir sa fonction principale dans le domaine de la paix et de la sécurité internationales. Afin de renforcer la capacité des Nations Unies dans la prévention des conflits, tous les membres doivent s'acquitter de leurs obligations financières, car établir la sécurité mondiale ne se fait pas sans coût. L'ONU doit également développer plus avant sa coopération avec les organisations régionales et la Norvège en sa qualité de président de l'organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s'est employée à développer de nouveaux liens avec les Nations Unies. Cet été au sommet de Sarajevo nous nous sommes engagés à faire du Pacte de sécurité un élément clé de nos efforts pour assurer la paix, la démocratie et la sécurité en Europe du Sud-Est.

Nous devons accentuer nos efforts pour aider les nations en développement afin qu'elles deviennent moins vulnérables. A cet égard la Norvège attache une importance particulière à la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur la mise en oeuvre du Programme d'action de la Barbade pour le développement durable des petits Etats Insulaires. La prévention des conflits, l'aide humanitaire et les efforts de développement doivent être menés de front, comme l'a souligné le rapport du Secrétaire général sur les Causes des conflits en Afrique. La Norvège soutient entièrement l'initiative du Secrétaire général et dégagera trois millions de dollars qui seront à sa disposition à cet effet. Le développement et la paix en Afrique demeurent des priorités et la Norvège continuera à travailler avec ses partenaires africains.

Afin de faire face aux défis du prochain millénaire, nous devons construire un système multilatéral efficace. Pour cela, nous devons premièrement construire une organisation des Nations Unies plus forte dans les domaines de la sécurité mondiale et du progrès économique. Deuxièmement, nous devons utiliser les Nations Unies comme principal élément pour la paix, le développement, la démocratie et les droits de l'homme. Troisièmement, nous devons considérer la pauvreté et la prévention des conflits comme nos priorités.

M. SAMDECH HUN SEN, Premier Ministre du Royaume du Cambodge: le Cambodge est maintenant un état pleinement intégré, sans rebelles ni séparatistes, sans combats ni conflits internes pour la première fois depuis des décennies. Le sombre chapitre des combats, violences, turbulences et soubresauts est enfin clos. Nous avons organisé nous-mêmes des élections générales libres et ouvertes l'année dernière, sous le contrôle de la communauté internationale qui les a déclarées pleinement libres et justes. Après beaucoup de discussions entre les principaux partis élus et une plate-forme commune pour servir la cause du pays et de son peuple, un nouveau gouvernement de coalition a été mis en place. Les derniers représentants des Khmers Rouges génocidaires se sont rendus ou ont été capturés et attendent en détention leur procès pour crime de génocide. Nous sommes fermement résolus à faire tout ce qui est nécessaire pour garantir un procès public aux coupables de ce crime dans le pays par le passé. En faisant ce procès nous feront soigneusement la part entre d'un côté la nécessité de rendre justice à notre peuple qui a été victime de ce régime génocidaire, et de mettre enfin derrière nous ce chapitre sombre de notre histoire, et de l'autre, le besoin de poursuivre la réconciliation nationale et la sauvegarde de cette paix si chèrement payée ainsi que de l'indépendance nationale et de la souveraineté que nous estimons tant. Le Cambodge a rejoint un important groupe régional, l'ASEAN, et est déterminé à jouer un rôle responsable dans le cadre des affaires régionales et internationales.

Le Cambodge et son peuple se sont engagés en faveur de la démocratie pluraliste et du maintien et de la protection de la dignité humaine et des droits de l'homme. Dans tous nos efforts nous serons guidés par la primauté du droit qui garantit l'égalité de tous et assure des procédures et des pratiques communes à tous à travers un système judiciaire compétent et impartial comprenant des procédures intégrées d'appel et de résolution de ces questions.

Sur le front économique, nous avons poursuivi et poursuivrons des politiques tournées vers le marché avec des filets de sécurité pour les couches vulnérables jusqu'au moment où elles seront capables d'être compétitives avec les autres. Notre objectif principal est l'atténuation de la pauvreté. Notre politique économique, grâce à de généreuses aides extérieures dont nous sommes très reconnaissants, a débouché sur une croissance constante au cours des dernières années. Même durant la période de crise financière dans la région il y a deux ans, l'économie cambodgienne s'est maintenue à un assez bon niveau. La plus grande inquiétude du prochain siècle est que les progrès de la science et la technique au cours de ce siècle aient été consacrés à la production de toute sorte d'armes de destruction massive. A ce jour, de plus en plus de vies sont perdues, les tensions sociales et la haine se multiplient, provoquées par des différences religieuses et autres. Ce qui s'est passé a mené le monde vers un désordre complet où les riches et les puissants forcent les faibles et les pauvres à les suivre. Le monde est face a de nombreux défis vitaux comme le crime organisé, la drogue, le traffic humain etc. qui mettent en cause nos générations futures. Les dirigeants du monde ont une lourde et rare responsabilité, celle d'effectuer ces reflexions. Dans cet esprit, je voudrais exprimer l'appui vigoureux du Cambodge à un sommet du Millénaire des dirigeants de tous les pays pour l'An 2000.

Nous avons aussi besoin d'un calendrier à court et moyen terme d'un genre plus prosaïque. Notre priorité la plus absolue est d'éradiquer la pauvreté, cette plaie persistante et ce stigmate de l'Humanité. Les Nations du G8 se sont déjà accordées par le passé pour remettre les dettes des pays pauvres. Cette tendance doit être confirmée, et l'aide future devrait s'effectuer par des dons bien réfléchis plutôt que par des prêts.

Enfin et surtout, nous devons réévaluer le rôle des institutions communes et nous concentrer sur leurs aspects positifs. Les Nations Unies nous ont bien servi au cours du demi-siècle passé. Mais nous devons manifester une détermination plus ferme de les débarrasser des fonctions, comités et forums qui ont perdu leur sens et leur utilité. Les Nations Unies et ses institutions spécialisée doivent présenter un front uni au niveau des pays, notamment grâce au mécanisme du Coordonateur résident des Nations Unies, en d'autres termes, la présence unique des Nations Unies dans chaque pays avec des institutions spécialisées servant sous une seule direction, un peu comme un ambassadeur offrant un parapluie global à toutes les activités de son pays dans le pays hôte.

Le Royaume du Cambodge estime nécessaire de respecter strictement la Charte des Nations Unies et de renforcer le rôle du Conseil de sécurité dans le processus de maintien de la paix dans le monde, et appelle la communauté internationale à faire davantage de contributions au PNUD afin qu'il puisse continuer à fournir des aides au développement aux pays les moins développés. M. MARC FORNE MOLNE, Premier Ministre de la Principauté d'Andorre: la mondialisation définit l'être humain de notre génération. Ce phénomène mérite qu'en cette Assemblée générale des Nations Unies et les dirigeants des Nations de la Terre réfléchissent à ce sujet, chacun depuis sa propre perspective. L'universalité de ce forum en fait le lieu idéal pour engager une réflexion mûre sur la mondialisation et effets qu'elle entraine. L'Etat d'Andorre est une entité juridique et différenciée antérieure à l'apparition des nationalismes; c'est un nationalisme pré-moderne. Notre essence nationale ne se base pas uniquement sur notre langue, le catalan, mais nos institutions sont également le pilier de notre communauté: une vie parlementaire et démocratique qui a commencé en 1419 et une culture de paix qui perdure de façon ininterrompue depuis 1278. Il est nécessaire aujourd'hui, à l'aube du nouveau millénaire, de savoir orienter la mondialisation. Elle est probablement la plus grande opportunité pour le genre humain mais son potentiel ne pourra se développer que si elle s'accompagne de principes politiques de haut niveau. Les Nations Unies jouent à cet égard un rôle indispensable. La force politique de l'Organisation provient de la défense des droits de l'homme et de la résolution pacifique des conflits.

Nous ne pouvons ignorer le fait que 20% de la population mondiale vit dans des conditions d'extrême pauvreté et que 1500 millions de personnes n'ont pas d'accès ni à l'eau, ni aux soins médicaux de base. Quel peuple global voulons-nous construire si ces chiffres ne cessent de s'accroître? Les Nations Unies ont identifié les mesures à prendre et le Sommet social de Copenhague en 1995 a tracé la voie que nous avons commencé à suivre. Pourquoi n'essayons-nous pas, dans les décennies à venir, de faire appliquer par les organisations économiques, telles que l'Organisation Mondiale du commerce (OMC), le Fond monétaire international (FMI) et la Banque mondiale les documents de l'ONU? Si nous n'y parvenons pas, la mondialisation restera ce qu'elle est maintenant, à savoir une dictature de la grande finance sur les peuples et leurs représentants. Le conflit récent au Timor oriental est un bon exemple des possibilités qui s'offrent aux Nations Unies mais aussi des dangers auxquels elles doivent faire face. D'un coté nous assistons à un processus long et fructueux qui conduit par le biais des consultations à une résolution de la question qui est univoque. D'un autre coté, la violence qui a éclaté après les consultations a nécessité une réaction rapide afin de contenir le massacre. La capacité de réaction de l'ONU et de la mobilisation rapide des forces des Etats qui la composent devient alors essentielle.

Je peux vous garantir que la principauté d'Andorre, un petit Etat Membre de l'ONU depuis seulement 1993, s'efforcera de faire en sorte que la volonté de faire des Nations Unies l'instrument d'une mondialisation positive ne soit pas vaine. La Principauté d'Andorre a été le deuxième Etat, après l'Italie, à avoir signé le statut de la Cour pénale internationale et j'ai le plaisir de vous annoncer aujourd'hui que mon gouvernement transmettra à notre Parlement une copie du statut pour qu'il soit ratifié, une fois que l'étude juridique et la traduction en catalan seront achevées. L'avènement de l'an 2001 laisse penser que, par le fait de la rotation tournante au sein du groupe occidental, la Principauté d'Andorre fera partie du Conseil Economique et Social (ECOSOC) au sein duquel notre Etat entend défendre notamment la lutte contre la pauvreté.

En 1998, chaque Andorran a destiné à peu près six dollars américains de son budget annuel aux contributions aux Nations Unies, soit un chiffre assez important par rapport aux habitants de pays plus grands dont le revenu per capita est élevé. Une bonne partie des contributions de la Principauté d'Andorre a été destinée aux contributions volontaires pour le désarmement.

Il est juste qu'un petit Etat comme le mien, qui a été béni par 721 ans de paix ininterrompue participe aux activités de l'ONU en ce qui concerne la création d'une culture de la paix. L'Organisation des Nations Unies est certes imparfaite, certaines taches restant en suspend telles que la réforme du Conseil de sécurité ou encore la revitalisation de l'ECOSOC, mais l'ONU est le meilleur organisme dont nous disposons pour orienter le monde imprévisible du troisième millénaire vers une culture de la paix et de solidarité internationales.

MAHENDRA PAL CHAUDHRY, Premier Ministre de la République des Fidji: Fidji joint sa voix à celle des autres Etats Membres de l'ONU pour appeler le Gouvernement indonésien à faciliter une transition pacifique et ordonnée vers l'indépendance au Timor oriental, et se déclare disposé à participer à la force de maintien de la paix qui y sera déployée. Fidji invite la communauté internationale à fournir au Timor oriental l'aide nécessaire pour reconstruire son économie. Fidji, qui participe déjà aux opérations de l'ONU au Liban, dans le Sinaï, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, reste disposé, en ce qui concerne la région du Pacifique, à aider la Papouasie-Nouvelle-Guinée à assurer une paix permanente à Bougainville. Dans les îles Salomon, nous sommes disposés à coopérer avec le Gouvernement, à son invitation et sous les auspices de l'ONU, pour maintenir et renforcer la paix et promouvoir la compréhension entre les peuples de cet Etat voisin. Le principe qui guide Fidji dans ce cadre est le respect des droits souverains des pays concernés et le maintien des droits et libertés démocratiques des peuples.

Le nouveau Gouvernement des Fidji, issu des élections de mai dernier, s'est fixé pour priorité d'aider les pauvres, ceux qui disposent de petits revenus, et ceux qui vivent dans la pauvreté absolue, et de promouvoir une croissance économique favorable au développement humain. Dans toute société, chaque citoyen a droit à partager les bénéfices de la croissance, du développement et du progrès. Au niveau mondial, il faut s'employer à promouvoir un commerce international plus équitable favorisant la croissance et la prospérité, tout en préservant la justice économique et sociale. La mondialisation et notre interdépendance croissante doivent aller de pair avec un engagement international fort et sincère en faveur d'arrangements spéciaux pour les économies en développement. L'objectif doit être de créer de nouvelles opportunités pour que ces pays puissent augmenter leurs revenus par leurs propres efforts en tant que participants au système de commerce mondial.

C'est pour cette raison que Fidji, à l'instar des autres pays du Pacifique, d'Afrique et des Caraïbes, est profondément reconnaissant à l'Union européenne pour les arrangements commerciaux spéciaux prévus dans le cadre de la Convention de Lomé. En effet, c'est le Protocole du sucre de la Convention de Lomé qui permet de maintenir la viabilité de cette industrie très importante dont dépendent 300 000 des 800 000 habitants du pays, tout en nous permettant d'acquérir l'efficacité nécessaire au renforcement de notre compétitivité. De la même manière, l'accord commercial spécial conclu entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande d'une part et les nations du Pacifique Sud de l'autre, a été un facteur positif dans l'accroissement des importations de la région vers ces deux pays, tout en stimulant l'émergence de nouvelles industries dans le secteur manufacturier. Nous aider en augmentant les opportunités de commerce et les investissements est la meilleure forme d'aide, puisqu'elle nous permet de réaliser de plus hauts niveaux de croissance et de progrès en comptant sur nos propres capacités. Partant, nous appelons à un soutien accru de l'ONU en faveur de politiques globales contribuant à une augmentation des investissements de capitaux étrangers dans les pays en développement. Une telle aide permettrait, en stimulant la croissance économique, de créer des emplois, de diversifier nos économies, de créer un environnement favorable à la croissance et de renforcer les économies des petits Etats insulaires. A cet égard, Fidji exprime l'espoir que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les petits Etats insulaires en développement parviendra à un consensus sur un régime commun d'aide internationale visant à soutenir leurs efforts en vue de la réalisation du développement durable.

Pour ce qui est de la réforme de l'ONU, Fidji préconise un accroissement du nombre des membres permanents et non permanents du Conseil de sécurité, fondée sur une représentation plus équitable des diverses régions. Fidji met également l'accent sur la nécessité de revoir la composition des groupes régionaux au sein des Nations Unies. Ainsi, les pays de la région du Pacifique Sud sont actuellement divisés entre le Groupe des pays asiatiques et le Groupe des pays d'Europe occidentale et autres pays. L'Australie et la Nouvelle-Zélande font partie de ce dernier Groupe, alors que Fidji et d'autres Etats insulaires du Pacifique Sud sont membres du Groupe asiatique. Une telle configuration est non seulement discriminatoire d'un point de vue ethnique, mais elle est aussi artificielle et sans objet. Le moment est donc venu pour que les Etats du Pacifique soient autorisés à avoir leur propre groupe régional distinct au sein de l'ONU, comme c'est déjà le cas à l'Organisation mondiale de la santé et à l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture. M. AMARA ESSY, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Côte d'Ivoire: depuis plusieurs années notre Organisation s'est engagée sur la voie de sa rénovation. Le Sommet du Millénaire, convoqué en septembre prochain, consacrera le lancement de l'ONU du XXIe siècle et il est dès lors plus qu'urgent de faire aboutir le projet d'élargissement du Conseil de sécurité. Nul doute qu'en élargissant la repésentation du collège des membres permanents et non permanents, où l'Afrique devrait avoir toute sa place, on contribuera à corriger aussi le déficit de visibilité politique dont souffre le Conseil de sécurité. Un Conseil de sécurité confirmé dans son autorité ne peut en rien signifier une réduction du rôle de l'Assemblée générale, qui forte de la légitimité que lui confère sa représentativité, doit être au coeur du système.

Depuis deux ans, notre Organisation porte une attention particulière aux conflits qui déchirent l'Afrique. Forte de la conviction que la guerre n'est pas une fatalité et que les clés de la paix sont accessibles, la Conférence des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA) a fait de la restauration de la paix sur le continent la première de ses priorités pour les années à venir. Cet objectif ne sera atteint que si la communauté internationale mobilise et appuie résolument les efforts de l'Afrique. Il n'est pas dans mon propos d'ignorer ce qui a été fait par les pays amis et je voudrais en outre rappeler la mise en place dans mon pays, à Zambakro, d'un centre de formation militaire spécialisé aux méthodes de maintien de la paix, ouvert à tous les Etats africains.

L'Accord qui a été signé à Lusaka (Zambie) le 10 juillet dernier et auquel viennent de se rallier toutes les branches du rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) doit beaucoup à la persévérance du Secrétaire général et au travail de persuasion accompli par son envoyé spécial. L'ONU pour sortir notre continent de la spirale de la violence agit tant en amont qu'en aval des crises, conjugant ses efforts avec ceux de l'OUA et des organisations régionales et sous-régionales. L'ONU a expérimenté en Centrafrique une mission préventive de maintien de la paix, qui jusqu'à ce jour, a atteint ses objectifs, empêchant ainsi le pays d'amorcer la descente aux enfers que paraissaient préfigurer les mutineries à répétition de 1996 et 1997. La perspective de voir l'Organisation déployer prochainement une force de maintien de la paix de plus de 20 000 hommes pour la mise en oeuvre de l'Accord de Lusaka en République démocratique du Congo annonce un effort accru de la communauté internationale pour restaurer la paix et la sécurité en Afrique. Il faut toutefois veiller à ce que cet effort ne se dissipe pas et à ce que ne se renforce pas le sentiment bien ancré dans l'opinion africaine que notre continent est l'objet d'un traitement discriminatoire par rapport aux autres régions du monde. Ce qui a été possible au Kosovo doit l'être en Angola, au Congo, en Sierra Leone. Le fait de redonner vie au principe des opérations de maintien de la paix dotées "d'éléments de dissuasion crédibles et de ressources crédibles" ne doit pas nous dispenser de revoir ou plutôt de préciser le Chapittre VIII, relatif à la coopération entre l'ONU et les organisations régionales. Trop d'incertitudes subsistent sur l'étendue et les modalités de cette coopération et sur le rôle dévolu au Conseil de sécurité en la matière.

L'Afrique pèse certes très peu dans les statistiques de l'économie mondiale mais elle recèle des potentialités dont dépend en grande partie l'avenir de l'Humanité. Elle doit participer pleinement aux efforts visant à construire une nouvelle architecture financière mondiale. Il est aussi important qu'à la veille des grandes négociations commerciales engagées sous l'égide de l'Organisation mondiale du commerce, les intérêts des pays en développement ne soient pas sacrifiés sur l'autel de la mondialisation. C'est d'ailleurs dans le cadre des efforts du Secrétariat pour renforcer les moyens mis au service du développement qu'a été créé le Groupe pour le développement réunissant différents organes opérationnels dont le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) et le Fonds pour la population (FNUAP). Cela a conduit à une plus grande rationalisation des activités, une gestion plus cohérente de l'aide et une simplification des procédures. Ces progrès ne doivent pas masquer les appréhensions que nourrit la baisse continue de l'aide publique au développement qui se situe aujourd'hui en-deça de 0,20% du PNB mondial. La question de la dette préoccupe vivement les pays africains qui lors du Quatrième sommet extraordinaire de l'OUA à Syrte ont mandaté le Président en exercice de l'OUA, M. Bouteflika et les présidents Obasanjo du Nigéria et MBeki de l'Afrique du Sud pour négocier avec les créanciers en vue d'aboutir à une annulation totale de la dette africaine. En vue de définir une stratégie globale d'aide au développement, nous appuyons donc la tenue d'une conférence mondiale consacrée au financement du développement qui devra fixer des objectifs précis. Je voudrais lancer un appel solennel à tous les pays donateurs pour inverser la tendance et augmenter leurs contributions au système des Nations Unies.

A présent l'Afrique a réalisé que le temps joue contre elle, face à l'accélération d'une mondialisation dont les effets ne paraissent pas toujours en sa faveur. A la lumière de cette constatation, la Quatrième Session extraordinaire des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'OUA qui s'est réunie à Syrte (Libye) vient de décider de la création d'une union africaine et d'un parlement panafricain en l'an 2000. L'Afrique ne pourra exister que si l'union africaine devient elle-même une vraie puissance.

Mr. ROBIN COOK, Secrétaire d'Etat du Royaume-Uni : il y a à peine un demi-siècle, le Premier Ministre britannique de l'époque, Clement Attlee, présentait la Charte des Nations Unies au Parlement. Les Nations Unies et ses institutions ont exécuté des programmes à travers le monde qui ont accru le potentiel des êtres humains en tant qu'individus sur de chaque continent. Nous devons nous féliciter de ces réalisations, parce que cela nous donne confiance pour relever les défis de demain. Mais nous devons aussi être francs et reconnaître là où nous avons échoué. Nous avons évité la guerre mondiale. Mais nous n'avons pas empêcher un monde où prolifère les conflits.

Les terribles scènes dont nous avons été témoins les dernières années au Kosovo, en Sierra Leone, au Timor Oriental et dans beaucoup d'autres lieux mettent en évidence l'urgence qu'il y a à améliorer nos capacités de prévention des conflits et d'empêcher ceux qui ont déjà commencé de s'aggraver.

Tout d'abord il faut s'attaquer aux causes premières des conflits, à commencer par la pauvreté qui les engendre. La meilleure manière de promouvoir la paix est la prospérité et la meilleure manière d'empêcher les conflits est de promouvoir le développement durable. La prochaine Assemblée du Millénium doit rendre réel l'engagement de diviser par deux le nombre de personnes en situation de pauvreté extrême et de réduire le nombre de nations surendettées. Deuxièmement, nous devons promouvoir les droits de l'homme et la bonne gouvernance. Troisièmement, nous devons couper l'approvisionnement en armes qui alimentent les conflits. Lors du débat de vendredi au Conseil de sécurité, nous avons eu la possibilité de soutenir les mesures visant à mettre un terme au commerce illicite d'armes légères, de promouvoir des moratoires régionaux sur ces dernières et de limiter les arsenaux d'armes militaires aux organes responsables des gouvernements légitimes. Quatrièmement, nous devons mettre un terme au commerce illégal de diamant et autres matières précieuses qui servent à financer les armes légères, et trop souvent les mercenaires qui entretiennent ces conflits. Enfin nous devons contrer la culture de l'impunité. Les deux tribunaux pénaux internationaux ont montré ce qui pouvait être fait.

Mais nous ne réussirons pas toujours à prévenir les conflits. Nous devons donc être mieux équipés pour restaurer la paix quand les guerres éclatent. Si nous voulons répondre de manière satisfaisante aux conflits, alors les Nations Unies doivent se développer dans trois directions : la crédibilité, le consensus et la capacité.

Si les Nations Unies veulent garder la responsabilité de pousser les parties à résoudre leurs conflits, elles doivent être plus représentatives du monde contemporain. Une légère augmentation de la taille du Conseil de sécurité serait un prix modeste à payer pour un accroissement majeur de sa crédibilité découlant d'une plus grande représentativité de ses membres permanents. Mais une plus grande crédibilité serait inutile sans consensus sur les occasions où l'autorité des Nations Unies doit être invoquée. Nous avons la responsabilité commune d'agir quand nous sommes confrontés à un génocide, à des déplacements forcés de populations ou des ruptures majeures du droit humanitaire international. Mais la crédibilité exige non seulement l'expression du consensus, mais aussi la capacité d'agir. Les Nations Unies ne peuvent rien faire excepté lorsque nous, les Etats membres, sommes disposés de les doter des moyens appropriés. La Grande-Bretagne a signé un Accord provisoire concernant les forces en attente que nous sommes en principe prêts à mettre à disposition dans une situation de conflit d'urgence.

Mais au Kosovo, nous avons découvert qu'il était moins difficile de rassembler une force armée pour mettre fin à la force militaire que de réunir une force de police des Nations Unies pour maintenir l'ordre public. C'est pourquoi je voudrais annoncer que la Grande-Bretagne va donner suite à l'Accord provisoire avec les Nations Unies concernant un accord semblable permettant d'accroître le nombre de policiers du Royaume Uni disponible pour les opérations des Nations Unies. Cela inclura l'engagement d'un escadron d'intervention rapide, prêt à être déployé dans un très bref délai en cas de besoin. Nous allons également établir avec les Nations Unies une session de formation pilote en Grande-Bretagne pour entraîner les polices du monde entier afin qu'elles puissent prendre part aux missions des Nations Unies.

M. JADRANKO PRLIC, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie- Herzégovine: mon pays a réalisé des progrès considérables depuis la dernière Assemblée générale dans l'application des Accords de Paix de Dayton, je dirais même des progrès encourageants dans les domaines du renforcement de la paix, de la stabilisation des institutions communes et de celle des deux entités ainsi que dans la promotion des valeurs démocratiques, des droits de l'homme et des libertés. Malgré les lacunes, ces progrès sont la preuve que la Bosnie-Herzégovine sort lentement mais surement de sa stagnation politique, humanitaire et économique. C'est aussi la preuve que notre pays sort des doutes et des réserves qui ont longtemps existé entre les deux entités. Bien sûr il reste un grand nombre de questions auxquelles nous devons encore travailler concernant l'application de la paix et des conclusions du Conseil d'application de la paix contenues dans les documents de Bonn et de Madrid. Les institutions communes de Bosnie-Herzégovine ont travaillé avec grande efficacité et dans un esprit de coordination cette année. De plus 272 000 personnes déplacées et 343 000 réfugiés ont pu regagner les deux entités. Cependant le retour des réfugiés et des personnes déplacées, et plus particulièrement ce que l'on appelle le retour des minorités constitue l'une des questions humanitaires, économiques et politiques les plus douloureuses car il se heurte à des ralentissements, des manipulations et des exploitations politiques. Nous n'acceptons cependant pas cette situation.

Nous avons également engagé la réforme du système judiciaire, qui se reflète notamment dans la reconstruction en cours du Ministère de l'Intérieur et dans les progrès réalisés concernant la coopération avec le Tribunal international pour les crimes en Ex-Yougoslavie. Nous avons également enregistré des progrès dans la reconstruction des infrastructures bien que la réparation des capacités industrielles n'ait atteint qu'un tiers du niveau qui existait avant la guerre. C'est pour cette raison que la Bonsie-Herzégovine aura besoin dans le futur de l'aide internationale pour une période de temps plus longue. La Bosnie-Herzégovine accélère également ses activités visant à construire une société démocratique et à élargir les droits humains et les libertés civiles et par là-même à remplir les conditions d'admission au Conseil de l'Europe. A cet égard, le Groupe de travail consultatif l'assiste afin de surmonter les problèmes techniques, légaux et organisationnels.

La présence de la Communauté internationale et son rôle en Bosnie- Herzégovine restent indispensables. Je crois que l'une des preuves du progrès auquel nous assistons dans mon pays a été l'organisation et l'accueil du Sommet du Pacte de stabilité en Europe du Sud-Est qui a eu lieu à Sarajevo les 29 et 30 juillet 1999. Je suis profondément convaincu que les félicitations qui nous été adressées lors de ce Sommet ne relèvent pas de la simple expression de courtoisie diplomatique. Mon pays et la Croatie ont manifesté leur contribution à ce sommet par la signature de l'Accord sur les frontières. La garantie du succès des objectifs contenus dans le Pacte de stabilité qui sont la paix, la prospérité et la sécurité dans notre partie du monde dépendent de la détermination et de la disposition de l'Union européenne, de l'OSCE, du Conseil de l'Europe, des Nations Unies et de l'OTAN. Lors des dix dernières années nous avons été les témoins de la capacité et de l'efficacité des organisations internationales, et notamment des Nations Unies. Même si l'Organisation n'est pas parvenue à réaliser tous ses objectifs, elle a été en mesure de sauvegarder la paix dans le monde. Je suis convaincu que si l'Organisation des Nations Unies a eu le courage de changer le monde, elle peut et elle doit trouvé la détermination se changer elle-même. Mon pays a aujourd'hui plus confiance en lui-même. Je citerai ici la décision prise par mon pays de réduire de 15% ses dépenses militaires par laquelle nous espérons montrer l'exemple à d'autres pays.

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