NGO/312

PLAIDOYER EN FAVEUR D'UNE ALLIANCE RENFORCEE ENTRE L'ONU ET LES ONG LORS DE L'OUVERTURE DE LA CONFERENCE DPI-ONG

15 septembre 1999


Communiqué de Presse
NGO/312
PI/1174


PLAIDOYER EN FAVEUR D'UNE ALLIANCE RENFORCEE ENTRE L'ONU ET LES ONG LORS DE L'OUVERTURE DE LA CONFERENCE DPI-ONG

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C'est en appelant à une alliance renforcée entre les Nations Unies et la communauté des organisations non gouvernementales que le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a ouvert la cinquante-deuxième Conférence annuelle DPI-ONG sur le thème "les défis de la mondialisation: la recherche des nouvelles orientations". "La notion de communauté internationale existe véritablement et elle constitue l'unique voie à suivre mais nous devons trouver un terrain d'entente afin de lui donner un sens concret" a insisté M. Annan.

Dans son discours introductif de la Conférence, M. Kensaku Hogen, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information, a convenu de la nécessité de donner un visage humain au phénomène de la mondialisation. Dans la lutte pour plus de justice sociale, économique et politique, M. Oscar Arias, Prix Nobel, ancien Président du Costa Rica et Président de la Fondation Arias pour la paix et le progrès humain, a plaidé en faveur d'un rôle de chef de file des ONG. La Reine Noor al-Hussein de Jordanie, rendant hommage au travail des organisations non gouvernementales pour la priorité accordée aux populations marginalisées, a demandé que l'être humain soit au centre des débats relatifs à la mondialisation. Une préoccupation partagée par M. Carl Murrell, Président du Comité de planification de la Conférence des ONG associées au DPI, ainsi que par Mme Elaine Valdov, Présidente du Comité exécutif des ONG associées à DPI, qui se sont interrogés sur les moyens de redistribuer équitablement les bénéfices de la mondialisation.

La Conférence reprendra ses travaux à 15 heures. Elle entamera une discussion sur le commerce et la finance. La journée de jeudi sera consacrée à l’examen de la question portant sur la mondialisation et la main-d’oeuvre et les problèmes qui se posent dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture. Un groupe de réflexion examinera vendredi matin les nouvelles techniques de communication puis les modalités de renforcement et d’établissement de nouveaux partenariats.

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Déclaration introductive de M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à la communication et à l'information

M. KENSAKU HOGEN a souligné que la Conférence annuelle DPI-ONG constitue maintenant l'évènement le plus remarquable permettant de faire intervenir le monde associatif au Siège de l'Organisation. Il illustre le partenariat particulier qu'entretiennent les Nations Unies avec la communauté des organisations non gouvernementales. Il s'agit là d'une manifestation unique, a estimé M. Hogen, dans la mesure où le personnel des Nations Unies, les représentants des gouvernements et ceux des ONG se rencontrent sur un pied d'égalité pour débattre de nos objectifs communs. Evoquant le thème de la Conférence "les défis de la mondialisation", M. Hogen a par ailleurs indiqué que les Nations Unies, organisation à caractère international, est le lieu approprié pour un tel débat. Je pense, a-t-il indiqué que les discussions qui se dérouleront au cours des trois prochains jours, contribueront à élever notre débat sur la mondialisation et à lui donner un visage humain.

Déclaration de M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies

M. KOFI ANNAN a souligné l'importance qu'attachent les Nations Unies à la contribution des organisations non gouvernementale. Cette maison est votre maison, a-t-il déclaré. Evoquant à son tour le thème de la Conférence DPI- ONG, le Secrétaire général a estimé que le phénomène de mondialisation est devenu l'essence de la vie moderne. Ce phénomène doit être complètement intégré à nos modes de pensée. Mais comme nous l'avons constaté, ce n'est pas une tâche facile. Pour un grand nombre d'entre nous, la mondialisation est destabilisatrice. Elle est capable, presque comme un ouragan, d’un seul coup, de détruire les traditions, les vies humaines et les emplois. Elle peut exacerber les inégalités et bouleverser les traditions locales. Nous devons trouver des terrains d'entente afin de pouvoir donner un sens concret à l’expression "la communauté internationale" qui est devenue si à la mode. Le Secrétaire général a estimé que le ciment de la communauté internationale est une vision commune d'un monde meilleur, une vulnérabilité partagée face aux changements climatiques et aux armes de destruction massive, le cadre juridique constitue le droit international, le partage des opportunités et l'édification d'institutions communes comme celle des Nations Unies ou la Cour pénale internationale. Ensemble, a souligné M. Kofi Annan, nous sommes plus forts.

La communauté internationale existe véritablement et elle constitue l'unique voie à suivre. Le Secrétaire général a cité des actes de solidarité dont a fait preuve la communauté internationale comme l'aide internationale massive apportée lors du tremblement de terre en Turquie, les pressions exercées en faveur de l'allègement de la dette des pays les plus pauvres, la signature d'un Traité d'interdiction des mines antipersonnel en encore l'envoi d'une force de maintien de la paix au Timor oriental. Le Secrétaire général a reconnu que la communauté internationale n'avait pas fait assez pour prévenir le génocide au Rwanda et pour aider le continent africain. Les intérêts et les idées s'opposeront toujours, a estimé M. Kofi Annan, mais nous devons faire preuve de volonté politique et nous montrer disposés à définir des intérêts

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nationaux qui répondent aux impératifs de la mondialisation. Evoquant le Forum du Millénaire en mai de l'an 2000, M. Kofi Annan a appelé à une alliance renforcée avec la communauté des organisations non gouvernementales. Il a évoqué à cet effet la création d'un site Web renforcé pour les ONG. Il s'est félicité de la mobilisation des ONG contre les armes de petits calibre et le phénomène des enfants soldats et les a appelées instamment à poursuivre leur combat.

Déclaration de Sa Majesté la reine Noor el-Hussein de Jordanie

"L'écart grandissant entre les individus et pays les plus riches et les plus pauvres est fondamentalement injuste et sérieusement déstabilisant", a déclaré ce matin Sa Majesté la Reine Noor au cours de la séance d'ouverture de la 52ème conférence annuelle DPI-ONG. Elle a rappelé que depuis quelques années, la mondialisation était considérée comme le remède universel aux maux de la planète. L'ouverture des frontières, les avances formidables de la technologie et l'expansion rapide des marchés devaient permettre d'apporter prospérité et opportunités à toutes les populations. Toutefois, Sa Majesté a déploré le fait que le niveau de vie de 48 pays, y compris celui de la Jordanie, ait diminué significativement ces dernières années. Il est temps de replacer l'humain au centre du débat de la mondialisation et de considérer véritablement les menaces contre la sécurité humaine posées par la marginalisation, la pauvreté et l'abus des droits de l'homme. Ainsi la Reine Noor a insisté sur le fait que les bénéfices de la mondialisation devraient être partagés équitablement entre tous et générer un nouveau sens des responsabilités de chacun.

Évoquant les changements des principes de base de travail des gouvernements, des milieux d’affaires et d’autres organisations, et le fait que les frontières aujourd'hui soient plus fonctionnelles que géographiques, ainsi que le développement du cyber espace, elle a noté qu'il était toujours difficile pour les gouvernements d'effacer le sentiment d'insécurité des citoyens face à ces évolutions et de leur fournir un environnement stable pour qu'ils participent à la vie sociale et économique.

Puis Sa Majesté a abordé le thème de la coopération entre gouvernements, ONG, les entreprises locales et multinationales. En effet, les multinationales ont aussi un intérêt à maintenir la sécurité tout autour du monde sans laquelle aucun commerce ne peut avoir lieu. Il est donc primordial que chaque entreprise adopte une éthique de travail.

La Reine Noor a ensuite salué le travail des organisations non gouvernementales grâce auxquelles un nouveau sens des responsabilités a pu être crée. Les ONG travaillent avec les organisations locales et donnent la priorité aux plus pauvres et aux plus marginalisés. Elles permettent également de maintenir une pression sur les gouvernements et les entreprises et se soucient de l'aspect humain, soutenant en particulier la cause des femmes. Une alliance entre les gouvernements, les ONG et les entreprises pourraient permettre un développement durable pour tous et créer un système fort et flexible, a-t-elle estimé. Plus que jamais les opinions des minorités et des individus

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jouent un rôle essentiel dans la création d'un consensus. Notre matériel de base est l'esprit humain, nos produits, les idées, a déclaré Sa Majesté. Elle a ensuite abordé le paradoxe du processus de la mondialisation où les petites innovations peuvent avoir d'immenses répercussions citant en exemple le crédit à petite échelle accordé aux femmes dans certains pays. Insistant sur l'importance du partage de la technologie et de l'éducation, elle a enfin rappelé que la véritable barrière réside à ce jour entre le niveau de connaissance des riches et celui des pauvres, notamment entre les personnes qui sont ou non connectées au système Internet. Il est important que les gouvernements des pays moins développés s'efforcent de répondre aux standards internationaux en matière de technologie, d'éducation et de production s’ils souhaitent bénéficier des effets de la mondialisation. Néanmoins, ils ne pourront le faire qu'en recevant l'aide des pays qui mènent cette mondialisation. A cet égard, la Reine Noor a souhaité que les principes d'éthique, d'égalité, d'inclusion, de sécurité, de développement durable soient incorporés à cette mondialisation. Dans ce processus de mondialisation, nous ne devons pas perdre la trace du visage humain et donner à chacun l'opportunité de participer, a-t-elle conclu.

M. OSCAR ARIAS, Prix Nobel, ancien président du Costa Rica et Président de la Fondation Arias pour la paix et le progrès humain, a souligné qu'au cours des dernières années, la communauté des organisations non gouvernementales est devenue encore plus visible sur le devant de la scène internationale. Leur présence dans l'arène politique est maintenant reconnue. Il reste néanmoins beaucoup à faire. Alors que nous approchons du nouveau millénaire, il nous faut affronter les nouveaux défis que pose le phénomène de la mondialisation. Les innovations technologiques et financières qui l’accompagnent doivent s'accompagner d'une prise de conscience nouvelle. Nous devons nous engager à subvenir aux nouveaux besoins d'un monde en crise. L'ordre économique mondial est soumis à des fluctuations rapides mais il existe une crise encore plus profonde et qui se manifeste par la persistance de la pauvreté qui touche un milliard de personnes dans le monde. Il s'agit aussi d'une crise morale en ce que 40 000 enfants meurent chaque jour de malnutrition et de maladies. Il s'agit également d'une crise démocratique en ce que 1,3 milliard de personnes disposent de moins d'un dollar par jour. Nous devons plus que jamais, a souligné M. Arias, accentuer l'ampleur de nos préoccupations morales.

A l'orée du nouveau millénaire, nous devons adopter la notion de citoyenneté mondiale qui implique les concepts de sécurité, de démocratie, et de justice à l'échelle mondiale. La première étape d'une pensée mondiale exige une définition de la paix qui aille au-delà des simples intérêts nationaux. La seconde étape exige de notre part que nous élargissions notre compréhension de la démocratie car celle-ci constitue une philosophie qui consacre la participation de la société civile. La troisième étape exige une redéfinition de la justice économique. Une démocratie réelle repose non seulement sur une redistribution du pouvoir politique mais également du pouvoir économique. A cet effet, il incombe aux organisations non gouvernementales de jouer un rôle de chef de file. Dans les domaines de la promotion de la femme, de la lutte contre le racisme, de la défense des consommateurs, des droits des

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travailleurs, de la protection de l'environnement, de la protection de l'enfant, et de la santé publique, les voix des organisations non gouvernementales peuvent s'élever en faveur du bien commun. Les ONG peuvent non seulement fait pression sur les Gouvernements mais elles peuvent également constituer des forces en action.

M. Oscar Arias a plaidé en faveur de la démilitarisation qui constitue selon lui l'un des principaux défis qui attend les ONG à l'aube du nouveau millénaire. En effet, la moitié des gouvernements investissent plus en dépenses militaires qu'en programmes de santé. Si nous attribuons 40 milliards de dollars chaque année à des programmes de lutte contre la pauvreté au lieu de les affecter aux dépenses militaires, le monde entier bénéficiera dans dix ans de services de santé de base, a expliqué M. Arias. Si nous injectons 40 milliards de dollars supplémentaires chaque année sur une période de dix ans, chaque habitant de la planète disposerait d'un revenu qui se situe au-dessus du seuil de pauvreté. Le total constituerait simplement 10 % des dépenses militaires mondiales. Pour cela, il nous faut travailler ensemble, a insisté M. Arias qui a évoqué son projet de Code international de conduite relatif aux transferts d'armes.

Mme ELAINE VALDOV, Présidente du Comité exécutif des organisations non gouvernementales associées au Département de l'information, s’est interrogée sur le nouveau siècle qui va naître. Marquera-t-il l'évolution de l'humanité et si oui, qui sera responsable de cette évolution, les Nations unies, les entreprises, le groupe des 500 individus les plus riches ou les populations ou vous? Rappelant l'ambiguïté des actes qui ont marqué le siècle et la répercussion des gestes de chacun, Mme Valdov a insisté sur le fait qu'il nous faut, aujourd'hui, porter le manteau de la responsabilité, nous ONG et membres des Nations Unies. Elle s'est demandée s’il était possible de créer un monde nouveau dans lequel vivent en harmonie les êtres humains. Ce ne sera que par les efforts communs des Nations Unies, des ONG, des gouvernements que nous créerons un monde meilleur qui accueille le mariage de la mondialisation et de l'humanité, a-t-elle déclaré. La mondialisation devrait par ailleurs inclure les domaines de l'éducation, de l'assistance médicale, le transfère rapide d'informations, le transfert de la technologie.

Dénonçant la marginalisation et la pauvreté de nombreux êtres, le nettoyage ethnique de certaines populations, elle s’est demandé si nous ne pouvions pas apprendre de nos erreurs. Elle s'est demandé également si l'esprit humain pouvait être mis au service de la mondialisation et agir.

Considérant que les choses passionnantes de ce siècle ne résident pas dans l'évolution technique mais dans un nouvel aspect de l'expérience humaine Mme Valdov a espéré que nous puissions mettre fin au chaos, à la guerre, à la faim, à la maladie et réintroduire dans le monde le progrès, le développement et la paix. En effet, selon le rapport sur le développement humain issu par le Programme des Nations Unies pour le développement nous devons réécrire les

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règles qui gouvernent la mondialisation. A cet égard les ONG pourront réduire la marginalisation des enfants et des femmes, de ceux qui n'ont pas la capacité de faire face aux progrès de la technologie, des pauvres et des illettrés. Mme Valdov a souligné l'écart entre les jeunes générations qui ne vivent que grâce à la technologie dans un monde spécial et les générations plus âgées prêtes à défendre leur monde. Notre rôle est de mener cette mondialisation d'après des valeurs et un important sens des droits de l'homme. Notre responsabilité est de ne pas avoir peur de la mondialisation et ne pas en faire ce qu'elle n'est pas. L'avenir est entre vos mains, a conclu Mme Valdov.

M. CARL MURRELL, Président du Comité de planification de la Conférence ONG-DPI, abordant le choix du thème de la Conférence, a expliqué qu'il fût relativement aisé, la difficulté résidant plutôt dans le regroupement des opinions diverses sur ce qu'est la mondialisation.

Il y a tant de questions auxquelles il faudrait répondre, en particulier : qui devrait mener la mondialisation? comment en redistribuer les bénéfices? quelles sont les alternatives à cette mondialisation? doit-on laisser ceux qui en bénéficient le faire au détriment de vies humaines et au dépend de la planète? M. Murrell a estimé que l'enjeu est ainsi de définir de nouvelles directions pour cette mondialisation, directions qui permettront d'en faire bénéficier un plus large secteur de la population.

M. Murrell a rappelé les différents domaines qui seront abordés au cours des prochains jours tels que commerce et finance, travail, alimentation et agriculture, culture et technologie de la communication ainsi que leurs effets sur les droits de l'homme.

Soulignant la place tenue par les ONG pour la défense des droits de l'homme et les efforts qu'il reste encore à faire, il a signalé que les ONG ont organisé des séances de travail à l'heure du déjeuner qui permettront d'aborder des sujets tels que l'environnement, les droits de l'homme, la santé, l'appel de La Haye pour la paix, l'éthique, le Forum du millénium, le développement, la restructuration de l'Assemblée générale, la religion et le système Internet.

Après avoir remercié tous ceux qui, au Département de l’information, avaient travaillé d’arrache pied à la préparation de la Conférence, M. Murrell a émis l'espoir que nous fassions de la Terre, notre monde à tous, une planète De justice et de paix.

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