En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7120

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 3 SEPTEMBRE 1999

3 septembre 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7120


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DE L’ONU, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES A NEW YORK, LE 3 SEPTEMBRE 1999

19990903

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Le Porte-parole (parle en anglais): Le Secrétaire général vient de faire une déclaration au Conseil de sécurité. Il ne prononcera pas de déclaration liminaire devant vous. Il prendra tout de suite vos questions. Le premier intervenant sera le représentant de l'Association des correspondants de l'ONU.

Le Secrétaire général (parle en anglais): Bonsoir, je crois que vous avez tous entendu ma déclaration; je n'aurai donc pas besoin de faire de remarques liminaires.

Question (parle en anglais): Félicitations, Monsieur le Secrétaire général, je vous souhaite la bienvenue au nom de l'Assocation des correspondants de l'ONU.

Maintenant que nous sommes parvenus là, est-ce que vous voyez d'autres obstacles pour une transition - sinon pacifique, du moins finale vers l'indépendance ? Et si ces obstacles existent, quels seraient-ils ?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Je crois qu'il y a plusieurs phases. La phase la plus importante et la plus critique a été l'organisation du scrutin et nous sommes reconnaissants du fait que les choses se soient bien passées dans l'ensemble. Il y a eu des violences, il y a eu des morts parmi la population et le personnel de l'ONU. Nous nous félicitons de ce que les gens ne se soient pas laissé intimider et qu'ils soient allés voter en grand nombre.

La phase suivante commence à partir de maintenant jusqu'à novembre - fin octobre/novembre - au moment où le nouveau parlement indonésien doit approuver les résultats ou les confirmer et accepter les arrangements de transition, ou au moins aller dans le sens de ces arrangements. Ensuite, nous devrons les mettre en place. Dans l'intervalle, nous allons travailler en étroite coopération avec les autorités indonésiennes et le Gouvernement portugais, qui sont signataires de l'Accord, pour mettre sur pied les mesures suivantes et travailler en coopération avec lui. J'ai des assurances du Gouvernement indonésien qu'il travaillera en étroite coopération avec nous.

Il est important dans les quelques mois à venir de maintenir la sécurité et l'ordre public dans la région et de s'assurer que les manifestations ne débordent pas.

Question : Certains chefs de la résistance au Timor oriental pensent que la situation va s'aggraver, qu'il y aura plus de violences. Qu'est-ce que vous dites à ces chefs de la résistance ?

Le Secrétaire général : Evidemment, c'est difficile à dire. Même le 30 août, les gens disaient qu'il ne pouvait pas y avoir d'élections parce qu'il y aurait des violences. Néanmoins, ces élections se sont bien déroulées. Je suis en contact avec le Gouvernement indonésien qui nous a dit qu'il ferait de son mieux. Il vient d'expédier des bataillons militaires sur place et j'espère qu'il va encore augmenter davantage leur nombre si besoin est. Ils ont pris certains engagements et j'espère qu'ils vont les respecter. Jusqu'à maintenant, ils ont fait de leur mieux.

Question (parle en anglais): Quelle est votre évaluation générale de la situation en matière de sécurité et combien de victimes de plus, y compris parmi le personnel de l'ONU, va-t-on permettre, avant de prendre la décision d'envoyer quelque chose de plus énergique que des troupes indonésiennes, pour s'occuper de la sécurité ?

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Le Secrétaire général (parle en anglais): Je dirais tout d'abord que la situation en Indonésie est très compliquée. Lorsque nous évaluons la situation de la sécurité au Timor oriental et le vote, nous n'examinons que nos propres intérêts en la matière, les résultats du scrutin et tout ce qui s'ensuit. Mais l'Indonésie elle-même est un pays en transition. C'est un pays qui a fait l'expérience des élections, c'est un pays qui gère un changement interne, c'est un pays qui est en train de déterminer ce que sera le prochain gouvernement et qui sera le prochain président. Nous devons également accepter le fait que ce processus n'est pas acceptable pour tous en Indonésie et qu'il doit être très bien géré par le gouvernement. Et je crois que dans l'évaluation de la situation, nous devons faire preuve de réalisme et comprendre les conditions.

Je voudrais également dire que dans le cadre de cet Accord, le Gouvernement indonésien a promis d'assurer l'ordre public. Nous avons rencontré des difficultés mais je pense que, vu les ressources et la manière dont les élections se sont déroulées, il a clairement fait un effort. Je suis en contact avec le Gouvernement indonésien et nous tous, toute la communauté internationale lui demande de tenir ses engagements.

Au moment où nous allons de l'avant, d'autres dispositions, d'autres mesures seront peut-être nécessaires. Nous parlons aux Indonésiens; nous allons leur présenter nos propres idées et notre propre planification, mais je ne pense pas qu'à ce stade aujourd'hui, je dirai d'envoyer des troupes des Nations Unies.

Question (parle en anglais): Toujours sur les mesures de sécurité. Nous nous souvenons très bien de ce qui s'est passé au Congo et le scénario semble quelque peu similaire. Qu'avez-vous l'intention de faire au cas où les choses tournent pour le pire ?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Je ne suis pas en mesure de discuter de plans d'urgence ou de plan confidentiel. Nous faisons des plans, nous réfléchissons, cela fait longtemps que nous le faisons, nous travaillons avec des amis et avec le Gouvernement indonésien.

Question (parle en anglais): Est-ce que vous pouvez nous dire si vous envisagez au non l'idée d'une coalition de certains pays régionaux (Australie, Nouvelle-Zélande, etc.) qui ont exprimé leur intérêt de constituer une présence de maintien de la paix immédiate ?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Je croyais avoir dit clairement que je n'allais pas discuter des plans d'urgence.

Question (parle en anglais): J'ai devancé la réponse du Secrétaire général.

Question (parle en anglais): Sur la question de savoir si l'Indonésie doit donner son approbation à une force: je crois que le Portugal estime que ce n'est pas le cas puisqu'aucun pays, à part l'Australie, ne l'a reconnu, mais l'ONU opte en faveur de cette idée puisqu'elle administre le territoire. Est-ce que vous avez discuté de cette possibilité avec l'Indonésie et de la question de savoir si elle doit donner son accord ?

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Le Secrétaire général (parle en anglais): Tout d'abord, je vois l'Ambassadeur du Portugal au premier rang. Il a souri quand vous avez parlé en son nom.

Je dirai que j'ai discuté avec les autorités indonésiennes et, dans le cadre du processus et des négociations, nous discutons de beaucoup de choses, y compris d'une présence de l'ONU. Nous n'avons envoyé aucune présence des Nations Unies, même pas de civils, sans l'autorisation des autorités indonésiennes. Cela ne semble pas vous satisfaire.

Question (parle en anglais): Comment allez-vous rassurer la population du Timor oriental qui n'est pas informée au sujet du processus diplomatique que vous décrivez, sur le fait que leurs besoins de sécurité seront pris en compte pendant la période de transition ?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Nous avons fait preuve de notre détermination à oeuvrer avec le Gouvernement indonésien et à lui faire tenir les engagements qu'il a pris dans le cadre de l'Accord et à l'égard de la communauté internationale et nous ne sommes pas les seuls. Il y a plusieurs capitales dans le monde qui oeuvrent avec le gouvernement et avec nous. Comme je l'ai dit, j'ai envoyé l'Ambassadeur Marker à Jakarta, jeudi, pour discuter avec le Général Wiranto et le Ministre des affaires étrangères Alatas. Et à la suite de cette discussion, deux bataillons supplémentaires ont été envoyés. Ils sont, je crois, disposés à les renforcer le cas échéant.

Les résultats sont maintenant clairs et je pense que ce vote rend clairement compte des aspirations du peuple du Timor oriental. Il s'est exprimé et j'espère qu'avec ce message très clair, les partisans de l'intégration comprendront qu'ils sont au bout du chemin et qu'il ne sert à rien de se livrer à une violence aveugle. Mais il est à mon avis important que le Gouvernement - c'est à dire, les militaires, la police, les autorités - soient fermes et vigilants; ils devront arrêter les auteurs des violences, les châtier et montrer clairement qu'ils sont sérieux et qu'ils réprimeront les éléments violents et les éléments criminels. J'espère fermement que le Gouvernement indonésien va adopter une position ferme.

Question (parle en anglais): Y a-t-il eu des preuves cette semaine que certains éléments parmi les militaires indonésiens n'accepteront pas les résultats du vote d'aujourd'hui ? Étant donné les risques de violence dans les jours et les semaines à venir, quelles mesures d'évaluation l'ONU utilise-t-elle pour déterminer à quel moment une force internationale serait nécessaire ?

Le Secrétaire général (parle en anglais): Tout d'abord, je dois dire que c'est une supposition. Il y avait des gens qui pensaient que la consultation n'aurait pas lieu en raison des éléments dont vous parlez aujourd'hui. Or, elle a eu lieu, avec des violences minimes en ce jour du 30 août. Le Gouvernement indonésien a pu assurer l'ordre public ce jour-là. Et nous lui demandons de l'assurer de la même manière et de maintenir le même calme pendant les quelques prochains mois. Bien sûr, il y aura quelques problèmes ici et là et des contretemps, mais je crois que grâce à la détermination et à une planification, il est en mesure de le faire.

Question (parle en anglais) : Vous parlez de la violence des groupes militaires en la qualifiant d'insensée. Dans certains cas, elle l'est, mais ces derniers jours, la rumeur était que certains de ces groupes s'efforcent de redessiner le Timor en se livrant à des actes de violence dans leurs bastions près de la frontière qui longe la région la plus occidentale du Timor. Quelle serait l'attitude de l'ONU si l'on s'efforçait de renverser les résultats par la force ou par cette tactique?

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Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je crois que les résultats ne peuvent être renversés par la force; ils sont clairs et écrasants. Nous pensons que les autorités travailleront avec nous pour éliminer tous les éléments qui souhaiteraient s'emparer de villes ou d'enclaves dans la région. Je crois qu'elles en ont la capacité. En fin de compte, au fur et à mesure des arrangements de transition, il y aura une présence internationale de plus en plus importante qui devra s'assurer que cela ne se produit pas.

Question (parle en anglais) : Pensez-vous que la situation de la sécurité s'améliorerait si les Etats-Unis et la Grande-Bretagne arrêtaient de vendre des minutions et des armes à l'Indonésie?

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je crois que l'absence d'armes dans une telle situation est toujours utile. Les gens ne peuvent utiliser des armes pour s'entre-tuer s'ils n'en ont pas. Dans tous les cas dont nous parlons, nous essayons de retirer les armes des rues parce que c'est le risque que nous courons avec des armes.

Je vous ai donné une réponse générale parce que je ne sais pas combien d'armes ces deux pays vendent à l'Indonésie. Je n'ai pas les faits, je ne sais pas combien ils en vendent. Mais mon opinion est que moins il y a d'armes, mieux c'est. Sans armes, la situation serait bien différente, je crois.

Question (parle en anglais) : Pour nous tourner vers l'avenir, les difficultés telles que celles que nous connaissons ici pourraient encourager les gouvernements Membres à mettre en place une force de déploiement rapide, qui accompagnerait toute opération des Nations Unies chargée de surveiller les élections, là où les parties ne sont pas toutes désireuses d'avoir des élections pacifiques? Une présence qui se trouverait au large des côtes, par exemple, dès le tout début du processus des élections institutionnelles.

Le Secrétaire général (parle en anglais) : Je voudrais que cela soit aussi facile que vous le dites de convaincre les gouvernements de nous fournir des contingents. Même dans des cas où il y avait un mandat très clair et un besoin manifeste d'une force de maintien de la paix, nous n'avons pas toujours pu obtenir d'eux qu'ils fournissent du personnel. J'ai indiqué en l'occurrence qu'il y avait trois phases, et je pense que sans aucun doute à la troisième phase, quand nous en serons à la transition, une présence des Nations Unies, y compris des contingents, sera nécessaire. Mais c'est à la troisième phase.

D'ici là, y aura-t-il besoin de contingents? Y aura-t-il une situation de force majeure qui exigera une présence militaire internationale? Je n'en sais rien. Mais à la troisième phase, il y aura une présence des Nations Unies plus importante et je suis certain qu'elle comprendra une présence militaire qui s'efforcera d'assister les Timorais dans leur période de transition.

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