LE CONSEIL EXPRIME SA PREOCCUPATION FACE A LA SITUATION POLITIQUE ET HUMANITAIRE EN ANGOLA ET EN IMPUTE LA RESPONSABILITE A L'UNITA
Communiqué de Presse
CS/1083
LE CONSEIL EXPRIME SA PREOCCUPATION FACE A LA SITUATION POLITIQUE ET HUMANITAIRE EN ANGOLA ET EN IMPUTE LA RESPONSABILITE A L'UNITA
19990824Il demande, en particulier à l'UNITA, de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et exige qu'il assume ses obligations découlant du Protocole de Lusaka
A l'issue de consultations officieuses sur la situation en Angola, le Président du Conseil de sécurité, M. Martin Andjaba (Namibie), a fait cet après-midi, au nom des membres du Conseil, la déclaration suivante :
Le Conseil de sécurité se déclare profondément préoccupé par la détérioration de la situation politique, militaire et humanitaire en Angola, par les souffrances infligées à la population et par l'augmentation alarmante du nombre des personnes déplacées, qui a maintenant largement dépassé les 2 millions, sans compter les personnes déplacées se trouvant dans des régions actuellement inaccessibles aux organismes à vocation humanitaire, dont le nombre demeure inconnu.
Le Conseil réaffirme que la cause principale de la crise actuelle en Angola réside dans le manquement des dirigeants de l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) aux obligations que leur impose le Protocole de Lusaka, et exige à nouveau que l'UNITA s'acquitte immédiatement et sans condition de l'obligation qui lui est faite de démilitariser et de permettre l'extension de l'administration de l'Etat aux zones tenues par elle. Il réaffirme sa conviction qu'une paix durable et la réconciliation nationale ne peuvent être assurées que par le dialogue politique.
Le Conseil se déclare préoccupé par la situation critique des personnes déplacées, à qui font défaut denrées alimentaires, médicaments, logements, terres arables et autres moyens d'existence. Il se déclare en outre gravement préoccupé par le nombre d'enfants souffrant de malnutrition, ainsi que par la multiplication des cas de maladies telles que la poliomyélite et la méningite causée par la difficulté d'accéder à des eaux salubres et par le manque d'hygiène. Il rend hommage, à cet égard, au Gouvernement angolais et aux organismes des Nations Unies pour le travail remarquable qu'ils accomplissent dans le cadre de la lutte menée contre les maladies en Angola. Il se déclare préoccupé également par le sort des groupes vulnérables, enfants, femmes, personnes âgées et handicapés, notamment, qui sont particulièrement exposés et auxquels une assistance spéciale est nécessaire.
- 2 - CS/1083 24 août 1999
Le Conseil se déclare préoccupé de constater que la poursuite du conflit en Angola a entraîné une augmentation du coût de l'assistance humanitaire. Il note l'insuffisance des contributions versées comme suite à l'Appel interinstitutions des Nations Unies pour 1999 et demande à nouveau à la communauté des donateurs d'apporter des contributions généreuses, tant financières qu'en nature, de façon que les organismes à vocation humanitaire puissent venir efficacement en aide aux personnes déplacées. Il se félicite que le Gouvernement angolais ait annoncé le mise en place d'un plan d'assistance humanitaire d'urgence.
Le Conseil se déclare également préoccupé de constater que la poursuite du conflit et les difficultés d'accès que continuent de rencontrer les organismes d'assistance les entravent dans l'action qu'ils mènent en vue de venir en aide à ceux qui sont dans le besoin. Il prie instamment le Gouvernement angolais, et en particulier l'UNITA, de donner accès à toutes les personnes déplacées en Angola et de faire le nécessaire pour faciliter l'acheminement de l'assistance humanitaire à toutes les populations dans le besoin du pays.
Il demande instamment aux deux parties, en particulier à l'UNITA, de garantir la sécurité et la liberté de circulation du personnel humanitaire, y compris le personnel de l'ONU et le personnel associé, qui porte secours aux personnes déplacées. Il demande instamment que le principe de neutralité et d'impartialité soit respecté dans l'acheminement de l'assistance. Il rend hommage à la détermination et au courage de tous ceux qui s'emploient à soulager la souffrance humaine en Angola, y compris le Bureau de coordination des affaires humanitaires, le Programme alimentaire mondial, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance et les autres organismes d'aide.
Le Conseil engage instamment les deux parties à assurer le plein respect des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Il demande instamment à l'UNITA de mettre fin aux atrocités qu'elle commet, y compris le meurtre de civils et les attaques dirigées contre les agents des organismes d'aide humanitaire, et exige qu'elle libère tous les étrangers, y compris les membres des équipages russes, qu'elle garde en détention. Il se déclare préoccupé par les informations suivant lesquelles la pose de mines a repris, tant dans les zones précédemment minées que dans d'autres.
Le Conseil demeurera activement saisi de la question.
Rappel des faits
La déclaration du Conseil de sécurité fait suite à la réunion d'information que le Conseil a tenue, ce lundi 23 août, avec les chefs du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), du Programme alimentaire mondial (PAM), et du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires.
- 3 - CS/1083 24 août 1999
Selon ces entités, on compte aujourd'hui en Angola environ 2 millions de personnes déplacées et plus de 3 millions vivant dans des régions inaccessibles à l'aide humanitaire dont les agents ne couvrent que 30% du territoire. En juillet 1999, les annonces de contribution, à la suite de l'appel conjoint interinstitutions pour l'Angola, s'élevaient à 39 millions de dollars, soit 38% du montant demandé. C'est en février 1999 que les Nations Unies ont mis fin à une opération de maintien de la paix de dix ans en Angola, faute d'avoir pu assurer un respect complet des accords de paix, dit Protocole de Lusaka de 1994, par les parties au conflit, à savoir le Gouvernement angolais et l'UNITA. Néanmoins, le Conseil de sécurité a créé un Groupe d'experts chargé d'enquêter sur l'application des sanctions à l'égard de l'UNITA. Les sanctions, dont certaines ont été imposées dès 1993, concernent notamment des embargos sur les armements, le pétrole, les diamants et les mouvements de fonds.
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