En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7082

OUVRANT LE PREMIER FORUM MONDIAL SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN, LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME QUE L'AVENIR DE L'HUMANITE NE SAURAIT ETRE UNE FATALITE

29 juillet 1999


Communiqué de Presse
SG/SM/7082


OUVRANT LE PREMIER FORUM MONDIAL SUR LE DEVELOPPEMENT HUMAIN, LE SECRETAIRE GENERAL ESTIME QUE L'AVENIR DE L'HUMANITE NE SAURAIT ETRE UNE FATALITE

19990729 Il engage les participants à faire part, durant les trois jours de réunion, de leurs idées sur la théorie et la pratique du développement

On trouvera ci-après, le texte du discours d'ouverture prononcé aujourd'hui par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, au premier Forum mondial sur le développement humain :

Je vous souhaite la bienvenue au Siège de l'Organisation des Nations Unies.

Le présent forum répond à un double objectif. Il marque à la fois la dixième année de publication du Rapport sur le développement humain et la première année d'une série de rencontres qui rassembleront chaque année des spécialistes et des professionnels du développement.

Je suis heureux de voir aujourd'hui parmi les participants de nombreux ministres et décideurs, mais aussi des chercheurs et des universitaires de renom. Je souhaite que vous profitiez de l'occasion pour échanger des idées. L'Organisation des Nations Unies, quant à elle, compte tirer beaucoup d'enseignements de sa participation au forum.

Ce n'est que justice que ce premier forum mondial, comme le dixième Rapport sur le développement humain, soit dédié à la mémoire de Mahbub ul Haq, en ce mois du premier anniversaire de sa mort prématurée.

Comme vous le savez, le Rapport était sa création. Et le présent forum sera une excellente occasion de poursuivre son oeuvre, surtout si nous en profitons pour repenser, résolument et dans un esprit critique, notre action en faveur du développement — voire notre façon même de concevoir le développement.

L'ONU n'a jamais tenté d'imposer un ligne de pensée dans le Rapport sur le développement humain. Les auteurs du rapport ont toujours été libres d'exprimer leurs opinions, mêmes les plus gênantes.

Qu'il en soit ainsi pour longtemps. C'est cette liberté qui leur a permis d'exercer une telle influence sur la théorie et la pratique du développement en l'espace de 10 ans seulement.

- 2 - SG/SM/7082 29 juillet 1999

Gardons-nous cependant du triomphalisme et de l'autosatisfaction. Car s'il est indéniable que nous avons affiné notre conception du développement, les résultats, eux, restent au mieux mitigés. Je pense naturellement aux conditions de vie des gens dans les pays en développement.

Depuis 10 ans que l'ONU publie le Rapport sur le développement humain, le nombre de personnes vivant dans la pauvreté absolue à travers le monde a considérablement augmenté. Le monde compte aujourd'hui 3 milliards de pauvres et 2 milliards de jeunes qui, bien qu’en pleine possession de leurs moyens, sont sans emploi. Ce n'est que lorsque nous aurons changé cette situation scandaleuse que nous pourrons commencer à nous féliciter du travail accompli.

Au cours de ces 10 années, le fossé entre pays riches et pays pauvres — et entre riches et pauvres à l'intérieur de nombreux pays — s'est creusé.

On attribue volontiers cette situation à la mondialisation, mais, d'après le rapport de cette année, les choses sont en réalité bien plus complexes qu'il n'y paraît.

La mondialisation a offert des possibilités nouvelles à nombre de personnes. Toutefois, si nous laissons faire sans intervenir, elle fait aussi de nombreuses victimes — un retour de manivelle peut en effet tout balayer.

Ce que nous attendons de spécialistes comme vous c'est, entre autres, qu'ils nous donnent des conseils sur la manière de gérer la mondialisation — comment en tirer le meilleur parti pour que tout le monde y trouve son compte.

Je pense que nous convenons tous qu'il faut mieux gérer les affaires, mieux gouverner, à l'échelle mondiale et à l'échelle nationale.

Il nous faut gérer les flux de capitaux, de façon à ne pas annihiler en un instant les acquis obtenus de haute lutte et à éviter que les craintes nées dans une région ne déstabilisent soudainement une autre région.

Nous devons gérer l'industrialisation et l'urbanisation de façon à ce qu'elles ne causent pas de dommages irréversibles à l'environnement mondial.

Nous savons tous qu'il y a à travers le monde des "biens publics" à préserver et des "maux publics" — ou, comme je les appelle, des "problèmes sans passeport" contre lesquels il faut lutter : réchauffement de la planète, maladies infectieuses, stupéfiants et criminalité internationale, terrorisme et prolifération des armes. À l'échelon national, nous attendons de l'État qu'il apporte des solutions à ces problèmes. Comment agir à l'échelle mondiale sans porter atteinte à la souveraineté nationale?

- 3 - SG/SM/7082 29 juillet 1999

Ou encore, qui dit développement dit investissement — public et privé, intérieur et étranger — nous en convenons tous. Mais comment convaincre ceux qui contrôlent les ressources financières de les déployer de manière à donner aux pauvres les moyens de sortir de la pauvreté? C'est là l'une des grandes questions de notre temps, sur laquelle se penchera une conférence que prépare l'ONU pour 2001. Mais, d'ores et déjà, il nous faut des idées.

Dans les années 90, nous avons organisé une série de grandes conférences sur divers aspects du développement : l'environnement mondial, les droits de l'homme, la population, le développement social, les femmes, les établissements humains. D'excellentes idées en sont issues et de nombreux engagements ont été pris — dont la plupart, malheureusement, n'ont pas été tenus. Comment allons-nous faire respecter ces engagements?

Il est très aisé, à l'aube du nouveau millénaire, de dresser un sombre tableau de l'avenir de l'humanité. Mais cet avenir ne saurait être une fatalité. Nous ne manquons pas d'idées. Ce que nous voulons savoir c'est comment nous y prendre.

C'est sur cette question qu'à mon avis, l'Assemblée et le Sommet du millénaire, et les réunions qui les précéderont, notamment le Forum non gouvernemental du millénaire, devraient être axés. Vous êtes notre meilleur espoir; si vous ne produisez pas d'idées, qui d'autre pourra le faire?

Ces trois jours sont une occasion unique à cet égard. Si vous en faites bon usage, nous en profiterons tous.

Je vais maintenant prendre place pour vous permettre de vous atteler à la tâche.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.