LE HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES APPELLE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A SOUTENIR LES EFFORTS DEPLOYES EN AFRIQUE EN VUE DE LA RESOLUTION DES CONFLITS
Communiqué de Presse
CS/1072
LE HAUT COMMISSAIRE POUR LES REFUGIES APPELLE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE A SOUTENIR LES EFFORTS DEPLOYES EN AFRIQUE EN VUE DE LA RESOLUTION DES CONFLITS
19990726 Soulignant les signes d'espoir, elle demande des ressources adéquates pour financer les programmes en faveur des réfugiés sur le continentLe Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, Mme Sadako Ogata, a appelé ce matin la communauté internationale à appuyer les efforts des dirigeants africains en vue de la résolution des conflits en Afrique, un continent qui compte quelque six millions de réfugiés. Faisant le point de la situation au cours d'un débat au Conseil de sécurité sur le thème de la promotion de la paix et de la sécurité : assistance humanitaire aux réfugiés en Afrique, au Conseil de sécurité, Mme Ogata s'est déclarée encouragée par les signes positifs constatés lors du dernier Sommet de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) du 12 au 14 juillet derniers à Alger. "Nous devons être réalistes. Il y aura des délais et des revers sur la voie de la paix et de la prospérité, mais pour la première fois depuis des années, j'ai eu le sentiment que l'élection de quelques dirigeants remarquables, leur présence lors du Sommet et les développements sur le terrain offraient l'espoir de progrès. Ces avancées positives vers la paix font naître l'espoir que de nombreux réfugiés pourront rentrer chez eux prochainement", a-t-elle dit. Toutefois, pour réaliser cet objectif, la communauté internationale doit agir rapidement pour appuyer la mise en oeuvre des accords politiques, comme l'Accord de Lomé, conclu entre les parties en conflit au Sierra Leone, et l'Accord de Lusaka relatif à la situation en République démocratique du Congo. Ces Accords offrent des possibilités réelles de résoudre des problèmes de réfugiés parmi les plus graves en Afrique.
En ce qui concerne l'Afrique centrale, la situation la plus urgente est, selon Mme Ogata, celle des réfugiés rwandais qui ont fui leur pays en 1994 à la suite du génocide et ne sont toujours pas rentrés chez eux, et dont la grande majorité se trouve en RDC et en République du Congo. Le Haut Commissaire a annoncé, à cet égard, que le HCR allait reprendre son aide au rapatriement des réfugiés rwandais en RDC, à partir de ses bureaux de Bukavu et de Goma. Il offrira, en outre, aux réfugiés rwandais se trouvant en République du Congo la possibilité de rentrer chez eux ou de s'installer dans les régions nord de leur pays d'accueil. Mme Ogata a toutefois jugé moins prometteuses les perspectives
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d'une solution au problème des réfugiés burundais. Le Haut Commissaire a mis l'accent sur deux problèmes majeurs auxquels son Bureau doit faire face dans la région, celui du maintien du caractère civil des camps de réfugiés et celui des enfants soldats de plus en plus nombreux parmi les réfugiés en provenance de la RDC et de la République du Congo.
A l'instar de Mme Ogata, plusieurs délégations ont reconnu que la résolution des problèmes de réfugiés passe par la lutte contre la pauvreté et contre l'afflux illicite d'armes légères qui sont à la fois la cause et la conséquence des conflits générateurs de mouvements de population. Un domaine dans lequel la communauté internationale se doit également d'agir est celui de la consolidation de la paix et de la reconstruction d'après conflit, seuls susceptibles d'assurer la sécurité à long terme. Dans ce processus, les pays qui accueillent des réfugiés devraient, eux aussi, recevoir une assistance adéquate de la part de la communauté internationale qui, dans le cas de l'Afrique, permettrait d'éviter que des pays en délicate transition démocratique ne soient déstabilisés par des conflits limitrophes et les flux de réfugiés qu'ils occasionnent. Tout en soulignant l'insuffisance des ressources disponibles, Mme Ogata a mis en avant les limites du mandat de son Bureau et appelé l'ONU et la communauté internationale à assurer le suivi des actions entreprises.
Plusieurs délégations ont déploré la disparité entre l'aide accordée aux réfugiés africains et aux réfugiés dans d'autres parties du monde comme au Kosovo. Lorsqu'un réfugié du Kosovo reçoit 1,6 dollars, un réfugié africain ne reçoit que 11 cents, a rappelé le représentant de la Chine. Mme Ogata s'est déclarée consciente de cette disparité qu'elle a imputée à la proximité, aux intérêts stratégiques de certains pays et à l'extraordinaire attention dont a bénéficié cette crise. Elle a aussi rappelé que les problèmes de l'Afrique avaient aussi bénéficié, il y a peu, d'une attention et d'une aide importante de la communauté internationale.
Les membres suivants du Conseil de sécurité ont fait une déclaration : Namibie, Gabon, Chine, France, Bahreïn, Brésil, Slovénie, Gambie, Canada, Etats-Unis, Fédération de Russie, Pays-Bas, Royaume-Uni, Argentine, et Malaisie.
En début de séance, une minute de silence a été observée à la mémoire du Roi Hassan II du Maroc décédé vendredi dernier. "Le Roi Hassan II a consacré sa vie entière au service de son pays et de la cause de la paix, de la stabilité et de la prospérité dans le monde. Sa disparition se fera douloureusement sentir", a déclaré le Président du Conseil, M. Agam Hasmy (Malaisie), en présentant au nouveau Roi Sidi Mohamed VI, à la famille du Roi Hassan II et au peuple marocain les condoléances du Conseil de sécurité.
Informations fournies par le Haut Commissaire aux droits de l'homme
Mme SADAKO OGATA, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé que son Bureau consacre plus de 40% de ses ressources à l'Afrique. Elle s'est réjouie de l'esprit d'ouverture et des signes positifs en vue de la résolution des problèmes du continent qu'elle a pu constater lors du Sommet récent de l'Organisation de l'unité africaine (OUA). "Nous devons être réalistes", a-t-elle toutefois averti. "Il y aura des délais et des revers sur la voie de la paix et de la prospérité, mais pour la première fois depuis des années, j'ai eu le sentiment que l'élection de quelques dirigeants remarquables, leur présence lors du Sommet et les développements sur le terrain offraient l'espoir de progrès". Le défi auquel nous devons faire face, a-t-elle poursuivi, est d'agir rapidement pour appuyer la mise en oeuvre des accords politiques conclus. Pour le HCR, l'Accord de Lomé concernant la Sierra Leone, de même que celui de Lusaka relatif à la République démocratique du Congo - même si ce dernier n'a pas encore été signé par toutes les parties -, offrent des possibilités réelles en vue de la solution de problèmes de réfugiés parmi les plus graves en Afrique. Le HCR s'occupe d'environ 6 millions de personnes sur ce continent, qui ont fui la pauvreté ou les conflits, ou les deux.
La plupart des quelque 500.000 réfugiés sierra-léonais se trouvent en Guinée et au Libéria qui leur ont offert l'asile, malgré leurs difficultés. Les réfugiés du Sierra Leone ont souffert de violences incroyables, a rappelé Mme Ogata, soulignant n'avoir jamais vu de séquelles physiques et psychologiques aussi graves. Partant, elle a demandé que toutes les ressources nécessaires soient fournies à la Sierra Leone et aux gouvernements de la région pour que l'Accord de Lomé puisse être mis en oeuvre rapidement. La paix est à portée de main, mais elle est encore fragile, a-t-elle dit. D'un point de vue humanitaire, des ressources seront nécessaires pour assurer le retour des réfugiés et des personnes déplacées au niveau interne. Le rapatriement prendra du temps, mais il importe de s'y préparer le plus rapidement possible, tout en continuant à aider les populations locales qui accueillent les réfugiés. Mme Ogata a également lancé un appel en faveur d'une aide aux nombreuses personnes amputées.
De même il est essentiel que l'Accord de Lusaka reçoive un soutien international net et vigoureux pour que toutes les parties au conflit puissent y adhérer et que l'on mette fin à la guerre. Près de 150.000 réfugiés ont quitté la RDC et un grand nombre de personnes sont déplacées à l'intérieur du pays. Mme Ogata a indiqué avoir demandé au Président Kabila, lors du Sommet de l'OUA, de garantir l'accès des agences humanitaires aux personnes dans le besoin et avoir reçu de sa part une réponse positive. L'assistance humanitaire peut aussi contribuer au processus de paix et constituer un premier pas vers la stabilisation du pays et de la région. Partant, Mme Ogata a lancé un appel à toute les parties au conflit pour qu'elles permettent l'acheminement de l'aide humanitaire aux personnes dans le besoin.
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En Afrique centrale, on est passé d'une situation de mouvements massifs de réfugiés à une situation de conflits multiples et liés entre eux, et de crises de déplacements de population à plus petite échelle, a expliqué le Haut Commissaire, soulignant que le risque de déplacements plus importants et plus dramatiques continue d'exister. Dans cette situation, il est difficile de mettre en place un programme de protection des réfugiés qui tienne compte des préoccupations de sécurité des pays. Le HCR continuera donc de s'efforcer de résoudre les situations individuelles de déplacement, alors que le processus de paix de Lusaka se poursuit.
De l'avis de Mme Ogata, la question la plus urgente est celle des Rwandais qui ne sont pas encore rentrés chez eux depuis le génocide, et dont les deux groupes les plus importants se trouvent dans les deux Congo. Si des améliorations dans la sécurité et la stabilité interne au Rwanda favorisent une solution à ce problème, la présence d'éléments armés parmi les réfugiés continue d'être un grave problème dans plusieurs pays. Cette situation a des implications en termes de sécurité, lesquelles affectent et ralentissent, à leur tour, le processus de paix. A cet égard, Mme Ogata a fait part de deux décisions importante prises lors d'une visite récente dans la région. La première est que le HCR va, à partir de ses bureaux de Bukavu et de Goma, reprendre son aide au rapatriement des Rwandais qui se trouvent toujours dans l'Est de la RDC. Elle a indiqué, à cet égard, avoir reçu des assurances de la part des rebelles contrôlant ces régions que l'accès serait garanti aux personnes désireuses de rentrer chez elles et que le principe du rapatriement volontaire serait respecté. Les Présidents du Rwanda et de la RDC ont apporté leur soutien à cette initiative. D'autre part, le HCR offrira aux Rwandais qui se trouvent en République du Congo-Brazzaville de rentrer chez eux ou de s'installer dans les régions nord de leur pays d'accueil, où ils pourront bénéficier d'une aide en vue de leur intégration locale. Ce programme est en train d'être discuté avec les autorités de Brazzaville, a précisé Mme Ogata.
Les perspectives d'une solution au sort des réfugiés burundais en Tanzanie semblent, par contre, moins prometteuses, a poursuivi le Haut Commissaire. Les pourparlers de paix d'Arusha continuent. Pendant ce temps, le rapatriement des réfugiés est actuellement limité à quelques individus par jour, a-t-elle expliqué, se déclarant extrêmement préoccupée par cette situation qui expose les réfugiés et la population locale à une situation de tension et d'insécurité à la frontière entre le Burundi et la Tanzanie, une situation qui trouverait une solution dans le rapatriement des réfugiés. Tout en demandant au Conseil qu'il appuie le processus d'Arusha, Mme Ogata a lancé un appel pour que la question des réfugiés soit traitée d'un point de vue humanitaire, dans le respect des normes internationales. Le HCR continuera, pour sa part, à aider la Tanzanie à assurer le caractère civil des camps de réfugiés. Il est prêt à reprendre les programmes de rapatriement volontaire et à aider à la réintégration des réfugiés burundais dans leur pays.
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Parmi les autres situations de conflits et de déplacements de personnes qui ne semblent pas prêtes d'être résolues rapidement, Mme Ogata a cité la situation au Sahara occidental, en Angola, au Sud du Soudan et en République du Congo où des milliers de personnes ont été forcées de fuir au cours des derniers mois. Parmi ces réfugiés, il y a des milliers de victimes d'actes de violence incroyable, y compris la torture et le viol. Au cours des derniers jours, 30.000 nouveaux réfugiés sont arrivés au Gabon, ce qui représente un développement inquiétant qui montre à quel point cette guerre peut être déstabilisatrice pour toute la région, en particulier parce qu'elle a lieu à proximité d'autres zones de conflit. Le HCR a déjà envoyé une équipe d'urgence à Libreville et est prêt à fournir un appui aux autorités en vue de protéger et d'aider les réfugiés. Il appelle le Gabon à leur donner l'asile et demande à la communauté internationale de se montrer plus ferme en vue de mettre fin au conflit en République du Congo.
Mme Ogata a attiré l'attention du Conseil sur la nécessité de mettre effectivement en oeuvre les accords de paix, en particulier les dispositions de ces accords liées à la sécurité. Les dirigeants africains ont pris des initiatives politiques pour résoudre les conflits. Il y a actuellement une très vive attente de la part des Nations Unies, pour que celles-ci apporte davantage de soutien et s'impliquent plus activement en termes de maintien et de construction de la paix.
Un autre aspect important sur lequel insiste le HCR est l'importance de la consolidation de la paix après les conflits. Evoquant la situation au Kosovo, Mme Ogata a indiqué que depuis la fin des hostilités, environ 730.000 personnes étaient rentrées chez elles. Ce rapatriement, organisé par les réfugiés eux-mêmes, est un succès pour la communauté internationale.
Elle s'est déclarée consciente du fait que l'on perçoit une disparité dans l'octroi de l'aide, par exemple entre les personnes déplacées au Kosovo et les réfugiés en Afrique. Les crises en Afrique ont bénéficié aussi d'une attention et d'un soutien financier importants. Certes, le Kosovo retient une attention politique sans précédent et reçoit un appui important, en particulier de la part des pays occidentaux. Indéniablement, la proximité, les intérêts stratégiques et l'extraordinaire attention des médias ont joué un rôle déterminant dans la qualité et le niveau de la réponse. Indéniablement, cela n'a pas été le cas dans d'autres situations, a-t-elle reconnu. Les indications positives du Sommet de l'OUA pourraient signaler un engagement renouvelé des gouvernements africains de prendre leur avenir et celui de leurs populations en main et de résoudre leurs problèmes non plus par la force mais de manière pacifique. Ceci constitue une condition préalable fondamentale pour l'aide internationale. La communauté internationale doit, pour sa part, faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les efforts visant à résoudre les conflits en Afrique et dans d'autres régions du monde.
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En conclusion, Mme Ogata a lancé un appel aux gouvernements pour que leur appui aux efforts de paix soient aussi équilibrés que possible, tout en assurant que son Bureau continuerait pour sa part à s'acquitter de ses responsabilités, en particulier envers ceux qui fuient leurs foyers en dehors des projecteurs de l'attention internationale.
Déclarations
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que 1,7 million de personnes sont déplacées à l'intérieur de l'Angola, tandis que 450.000 Sierra-Léonais sont en situation de réfugiés et plus de 200.000 sont déplacés de l'intérieur du pays. Quant à la République démocratique du Congo, elle compte en ce moment plus de 700.000 personnes déplacées et 300.000 réfugiés. Le nombre de réfugiés et de déplacés dans ces trois pays seulement, dépasse le nombre de personnes vivant en situation de réfugiés dans le reste du monde. Mais les ressources dévolues aux réfugiés dans le reste du monde sont de très loin supérieures à ce que reçoit l'Afrique dans ce domaine. L'exposé de Mme Ogata donne une bonne image de la situation en Afrique. La situation des femmes, des vieillards et des enfants, est pire que celle des autres groupes. Le manque de nourriture, d'eau potable, de médicaments, et de literie sont des problèmes auxquels font face les réfugiés tous les jours. En tant que Namibiens qui avons vécu récemment ce genre de situation, nous en connaissons les difficultés.
Il est important de s'attaquer aux causes des conflits qui touchent l'Afrique, si nous voulons prévenir le développement de nouveaux affrontements et minimiser leur impact sur les populations civiles. Les flots d'armes, et notamment la prolifération des armes de petit calibre, sont l'un des facteurs clefs des conflits de l'Afrique d'aujourd'hui. Certaines de ces armes continuent d'arriver malgré les embargos imposés par le Conseil de sécurité. Aussi en appelons-nous aux producteurs d'armes, pour qu'ils se soumettent aux résolutions du Conseil de sécurité et fassent preuve de retenue quand ils exportent des cargaisons d'armes vers notre continent en trouble. Les conflits africains pourraient être contenus par les efforts d'organes comme la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Mais les organisations régionales ont besoin de soutien logistique et financier pour réussir dans les tâches qu'elles se sont assignées, car leurs propres ressources sont limitées. Nous tenons à souligner, d'autre part, que la communauté internationale doit soutenir la reconstruction après-conflit, en aidant les pays dans leurs efforts de réconciliation et de reconstruction économique, qui peuvent assurer la sécurité à long terme.
M. DENIS DANGUE REWAKA (Gabon) a déclaré que la présence de réfugiés ajoute un poids supplémentaire aux problèmes que rencontrent déjà les pays qui jouissent encore d'une certaine stabilité sur le continent africain. Sans paix, aucune politique de développement durable ne peut être mise en oeuvre, aussi est-il urgent de trouver des solutions aux causes de conflits qui
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sévissent sur le continent africain. Des mesures ont été adoptées dans le passé pour faire face à la situation des réfugiés en Afrique, mesures entérinées par certaines résolutions du Conseil. Le Gabon accueille actuellement des réfugiés en provenance du Congo Brazzaville. Il aimerait recevoir une aide du HCR pour soutenir les organisations locales gabonaises dans leur effort. Il y a eu quelques incidents du fait des actes de certains réfugiés armés qui se ravitaillaient dans les plantations des populations locales, et le Gabon aimerait recevoir une aide en formation de troupes de sécurité.
Notre pays a souscrit à toutes les conventions sur les réfugiés, a rappelé le représentant. Nous sommes conscients qu'il faut ouvrir aux personnels des organismes humanitaires toutes les opportunités nécessaires pour qu'ils puissent porter secours aux personnes en situation de réfugiés. En ce qui concerne le règlement des conflits, le Conseil de sécurité devrait s'efforcer d'être présent aussitôt qu'un pas est fait en vue de mettre en place un cessez-le-feu. En République démocratique du Congo, (RDC), nous demandons que les propositions faites par le Secrétaire général soient adoptées et mises en oeuvre dans les meilleurs délais et que des observateurs puissent être envoyés sur le terrain. Les pays recevant les réfugiés devraient par ailleurs être dotés des moyens nécessaires pour faire efficacement front.
M. HUASUN QIN (Chine) a estimé encourageant de voir les efforts déployés par la communauté internationale au cours des dernières décennies en faveur des réfugiés africains. Cette assistance a contribué à alléger les souffrances de ces réfugiés. La clef de la solution au problème des réfugiés, a-t-il estimé, est l'élimination des causes profondes des situations provoquant les mouvements de population. Les conflits qui ont éclaté sur le continent et l'absence de développement économique sont les causes principales du problème des réfugiés en Afrique. De nombreux pays africains en sont conscients et lors du dernier Sommet de l'OUA, les dirigeants africains ont montré leur ferme détermination à agir. La communauté internationale devrait également, sur la base du respect de la souveraineté nationale et de la non ingérence, accroître son assistance et contribuer davantage à une solution au problème des réfugiés en Afrique. Le représentant a rappelé qu'actuellement lorsqu'un réfugié Kosovar reçoit 1,6 dollar, un réfugié africain ne reçoit que 11 cents. Dans certaines situations d'urgence, il est certes essentiel de concentrer les ressources, a-t-il reconnu. Toutefois, cette disparité s'explique davantage par le fait que certains pays donateurs fournissent davantage d'aide à certaines régions en fonction de leurs intérêts nationaux, ce qui est inacceptable. Il faut éviter les déséquilibres entre les différentes régions, a affirmé le représentant.
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De l'avis de la Chine, le Conseil de sécurité est en mesure d'agir en faveur des réfugiés en Afrique en montrant sa préoccupation et en participant activement au règlement des conflits. La Chine note également qu'alors qu'un grand nombre de pays en développement sont touchés par des catastrophes naturelles, les ressources dans ces situations sont de plus en plus rares. Pourtant, ces situations peuvent avoir un impact sur la stabilité des pays. Dans la mesure de ses moyens, la Chine a fourni une aide aux pays africains, notamment par le biais du HCR, et continuera de le faire, a conclu le représentant.
M. ALAIN DEJAMMET (France) a déclaré que la mobilisation d'urgence en faveur des Kosovars ne devait pas, comme l'a stipulé Mme Ogata, occulter les besoins des autres régions, et notamment de l'Afrique. L'engagement de la communauté internationale devrait être renforcé, pour que l'Afrique n'ait pas une nouvelle fois le sentiment d'être victime d'une politique inégale. Plus d'un tiers des réfugiés du monde se trouvent sur le continent africain, et devant l'ampleur des tâches à accomplir pour faire face à la question, tous les moyens doivent être déployés. Dans son rapport sur les conflits en Afrique, le Secrétaire général avait proposé des mesures concrètes qui, malheureusement, sont loin d'être réalisées : création de zones de sécurité pour les enfants dans les zones en conflit; cessez-le-feu provisoires en vue d'acheminer l'aide humanitaire; assistance à l'accueil des réfugiés, et aide aux pays qui les accueillent.
Les propositions de réformes au sein des organismes humanitaires comme le HCR sont soutenues par la France. La situation financière du HCR reste préoccupante en ce qui concerne l'Afrique. Actuellement, les programmes pour l'Angola sont financés à 50%, ceux vers la République démocratique du Congo (RDC), l'Ethiopie, le Soudan, ou l'Erythrée, à moins de 25%. L'Afrique connaît une transition difficile vers la démocratie, et ce continent a urgemment besoin d'aide et de soutien. La France, pour sa part, a maintenu le niveau de ses contributions à l'aide et au développement en faveur du continent. Le cas de la Guinée est urgent, ce pays accueillant en ce moment plus de 500.000 réfugiés sur son territoire. Mais quelles sont les perspectives ouvertes par les récents Accords en Sierra Leone? Qu'en-est-il après la signature de l'Accord de Lomé ? Toutes ces questions méritent une attention soutenue. Il en est de même pour la République démocratique du Congo, et pour l'Angola où la situation s'aggrave.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a déploré la poursuite dans certains pays africains de conflits qui continuent de provoquer des mouvements de réfugiés. Il a insisté sur la nécessité d'ouvrir des couloirs sûrs pour l'acheminement de l'aide humanitaire aux réfugiés dans les territoires où se déroulent des conflits,. A cet égard, l'assistance technique nécessaire doit être fournie à toutes les parties concernées. Bahreïn insiste sur la nécessité que toutes les organisations humanitaires se conforment
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au droit national et international, respectent la souveraineté des Etats dans lesquels elles travaillent et coopèrent avec eux. Il a appelé la communauté internationale à accroître son aide en faveur des pays qui accueillent des réfugiés. Ainsi, la communauté internationale devrait fournir une assistance technique et matérielle aux Etats africains et aux Etats en conflit en vue d'appuyer leur développement et de renforcer ainsi leur stabilité, ce qui permettrait d'éviter d'autres mouvements de population. Le représentant a demandé à Mme Ogata des précisions sur la question de la participation active de certains réfugiés aux conflits, soulignant que pour certains, il s'agit du seul moyen de survivre. Le moment est venu de trouver le moyen de sauver ces réfugiés impliqués de force dans les conflits.
M. GELSON FONSECA (Brésil) a rappelé que le Conseil avait déjà tenu trois débats sur le thème des réfugiés dans les conflits et a estimé que ce format est très enrichissant, compte tenu non seulement de la transparence qu'il apporte, mais aussi de la division des tâches qui existe au sein de l'Organisation pour traiter les problèmes de réfugiés. En ce qui concerne la présentation d'aujourd'hui sur la situation des réfugiés en Afrique, le Brésil juge que la question est grave, car elle implique à la fois un grand nombre de pays et un très grand nombre de personnes déplacées. C'est pourquoi, ainsi que l'a déclaré en mai dernier Mme Ogata lors d'une réunion d'information, il ne faut pas que la situation dramatique des réfugiés dans les Balkans nous fasse oublier la tragédie des autres réfugiés de par le monde. Le Brésil s'associe donc aux appels lancés à la communauté internationale pour qu'elle fasse montre du même niveau d'intérêt et d'engagement. Le représentant s'est également dit préoccupé par l'impact des flots de réfugiés sur la stabilité du continent africain, notamment en raison de l'infiltration des camps par des éléments armés. Dans ce contexte, le travail du HCR est d'une importance capitale et aussi difficiles qu'ils soient, ses objectifs restent inchangés, à savoir le retour et la réinsertion des réfugiés, la promotion de la tolérance entre les différentes ethnies et les groupes religieux et l'aide aux mesures visant à rétablir la confiance. Pour que la communauté internationale puisse apporter une solution aux crises humanitaires, il lui faut, dans le cadre d'un effort collectif intégral, soutenir les institutions locales et la mise en oeuvre de programmes postconflits. Dans le cas concret de l'Afrique et étant donné l'ampleur du problème des réfugiés, la tâche à remplir dépasse les moyens et les possibilités du HCR.
Rappelant que le Conseil de sécurité a pour objectif fondamental de contribuer à établir un environnement de paix, M. Fonseca a posé plusieurs questions à Mme Ogata. Il lui a notamment demandé vers quel type d'action sur le terrain en Afrique le Conseil devait s'orienter, afin notamment que le dialogue d'aujourd'hui se traduise en une coopération mutuelle efficace. Le représentant a également souhaité connaître l'opinion du Haut Commissaire concernant la manière dont la communauté des donateurs répond aux défis humanitaires en Afrique. Enfin, il a demandé à Mme Ogata de quelle manière
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elle évalue la coordination entre le HCR et l'OUA pour ce qui est du problème spécifique des réfugiés. M. Fonseca a fait remarquer en conclusion que les leçons apprises durant les années 90 mettent en garde la communauté internationale contre toute corrélation systématique entre la notion de responsabilité collective et le concept de sécurité collective dans le domaine humanitaire et c'est pourquoi le Brésil estime que lorsque le Conseil de sécurité s'implique dans les efforts internationaux déployés pour permettre l'accès aux réfugiés, il devrait privilégier les solutions acquises par un processus pacifique.
M. DANILO TURK (Slovénie) a noté que l'ONU devait faire face à l'accroissement des flots de réfugiés en Afrique. Nous prenons note de ce qui a été dit en ce qui concerne les événements dans la région des Grands Lacs. Nous soutenons l'appel lancé par Mme Ogata en qui concerne la relance et le respect du processus d'Arusha. La crise très grave que traverse en ce moment le continent africain sur le plan de la sécurité doit recevoir toute notre attention, et le Conseil devrait être prêt à soutenir toute initiative et toute percée qui se font en vue d'un cessez-le-feu dans les nombreux conflits qui secouent le continent. C'est là un des rôles cruciaux assignés au Conseil par la Charte. La situation des femmes et des enfants devrait particulièrement être prise à coeur par le Conseil, et la circulation des armes devrait devenir une question prioritaire. La communauté internationale est responsable de la solution à apporter à ce problème. La consolidation de la paix est une autre question qui, comme l'a dit Mme Ogata, est une condition sine qua non de la sécurité à moyen et long termes sur le continent. Il faut encourager la justice dans les zones en conflits si l'on veut résoudre les difficultés d'après-conflit, car il ne peut y avoir de paix sans justice.
M. BABOUCCAR-BLAISE JAGNE (Gambie) a souligné le fait que la consolidation de la paix après les conflits exige des ressources, parfois difficiles à trouver. Mme Ogata a bien traduit l'esprit du Sommet de l'OUA, a-t-il dit. Les dirigeants africains s'efforcent de trouver des solutions aux conflits qui ravagent le continent mais celles-ci ne peuvent être mises en oeuvre sans le soutien de la communauté internationale. Ainsi, il ne faut épargner aucun effort pour mettre en oeuvre l'Accord signé sur la paix en RDC. De même l'Accord de Lomé accroît les espoirs de paix en Sierra Leone. Mais, là aussi un soutien de la communauté internationale est nécessaire. M. Jagne a lancé un appel pour que les pays, comme le sien, qui accueillent des réfugiés ne soient pas oubliés. Il a souligné le lien étroit entre la pauvreté, les conflits et les déplacements de population, et appelé à s'attaquer au mal à ses racines. La pauvreté constitue la cause principale des maux de l'Afrique, a-t-il dit. On ne peut qu'espérer que les problèmes de l'Afrique recevront la même attention que ceux d'autres régions, a encore dit le représentant. L'Afrique a besoin de la compréhension de la communauté internationale dans un esprit de partenariat et de solidarité, en particulier à l'heure où les dirigeants africains se montrent déterminés à trouver une solution pacifique aux conflits sur le continent.
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M. ROBERT FOWLER (Canada) a déclaré que le Canada continue d'être profondément préoccupé par le bien-être des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays en Afrique. Le Canada estime que les deux questions de la protection et de l'accès aux réfugiés sont d'une importance primordiale. Dans plusieurs pays d'Afrique déchirés par la guerre, les factions en conflit souvent bloquent ou refusent l'accès aux personnes déplacées et ignorent impunément les principes humanitaires. Le défi est particulièrement difficile à relever dans les conflits auxquels participent des groupes rebelles qui ne sont pas réellement obligés de rendre des comptes. En outre, le personnel humanitaire, tant local qu'expatrié, continue à être soumis à des menaces graves et chroniques. Ces violations de la sécurité humaine sont inacceptables et la communauté internationale et les gouvernements et peuples d'Afrique doivent s'efforcer de trouver des solutions novatrices pour y mettre fin.
Le Canada considère que l'atelier organisé à Kampala par le HCR en collaboration avec l'OUA au mois de mai dernier, est un bon exemple d'initiative visant à relever de tels défis. Nous estimons que cet atelier a fourni une bonne occasion de demander aux dirigeants africains de s'engager sur la question de la protection et de la sécurité des réfugiés, et nous demandons à Mme Ogata de nous dire quelles mesures ont été prises à la suite de cette réunion. En ce qui concerne les mesures novatrices prises par le Conseil de sécurité, nous tenons à rappeler qu'au mois de février, le Conseil a prié le Secrétaire général de préparer un rapport sur la protection des civils lors des conflits armés. Ce rapport sera achevé prochainement, et nous sommes convaincus qu'il comprendra des mesures pratiques sur les mesures que le Conseil pourrait adopter pour renforcer la protection dans cette région. Le Canada est conscient qu'il est essentiel que le Conseil accorde la même attention aux problèmes de sécurité quel que soit l'endroit où ils se posent. Nos sommes conscients que l'on a l'impression que les conflits africains sont négligés au profit des conflits européens. Cette impression ne doit pas s'installer, ou alors cette Organisation sera remise en question.
M. PETER BURLEIGH (Etats-Unis) s'est déclaré d'accord avec Mme Ogata pour dire que ce n'est pas en critiquant l'aide apportée aux victimes du Kosovo que les problèmes auxquels est confrontée l'Afrique seront résolus. Bien au contraire, la communauté internationale doit s'inspirer de la réponse apportée à la crise au Kosovo pour s'assurer que l'on parvienne aux mêmes résultats positifs en Afrique. Le représentant américain a indiqué que son Gouvernement est activement impliqué dans la facilitation des processus de paix et la résolution des conflits en Afrique, comme c'est le cas notamment pour la Sierra Leone et la République démocratique du Congo (RDC). Le Gouvernement américain s'est impliqué activement dans les processus de paix en Sierra Leone, en République du Congo et dans la Corne de l'Afrique, a rappelé le représentant.
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Il a aussi rappelé que des conflits importants dans la région des Grands Lacs ont affectés quelque 4,1 millions de personnes, parmi lesquelles notamment 950.000 sont des réfugiés et 2,2 millions seraient des personnes déplacées à l'intérieur de leur pays. Comme l'a indiqué Mme Ogata, le nombre de réfugiés a considérablement augmenté alors que des réfugiés du Congo- Brazzaville ont trouvé refuge au Gabon et que nombre de réfugiés de la RDC ont fui en République centrafricaine, a précisé M. Burleigh. Les réfugiés congolais continuent de fuir en Tanzanie et en Zambie. L'insécurité dans l'est de la RDC empêche la livraison de l'aide humanitaire. Les guerres tragiques qui se déroulent actuellement en Angola, en Somalie, au Soudan et entre l'Ethiopie et l'Erythrée sont également des sujets de préoccupations pour les Etats-Unis.
M. Burleigh a déclaré qu'il est malheureusement clair que les défis auxquels nous sommes confrontés en ce qui concerne les réfugiés sont immenses. L'expérience du Kosovo a montré que la communauté internationale, quand elle travaille de concert avec une vision claire et un objectif commun, peut faire d'immenses progrès en ce qui concerne la rapatriation et l'aide humanitaire apportée aux réfugiés. Le représentant a par ailleurs indiqué que, lors de la visite de Mme Ogata à Washington la semaine dernière, le Département d'Etat a annoncé une contribution supplémentaire de 11,7 millions de dollars au programme général du Haut Commissariat pour les réfugiés. Plus de la moitié de cette somme, soit 6,6 millions de dollars, sera consacrée à l'Afrique.
M. GENNADIY GATILOV (Fédération de Russie) a estimé que le travail humanitaire devait être renforcé de façon générale et protégé par le Conseil de sécurité. Ce travail, bien qu'imbriqué avec les questions relatives à la paix et à la sécurité, en est toutefois différent. L'aide humanitaire ne peut être utilisée comme moyen de pression contre l'une ou l'autre partie à un conflit, sous peine de créer un facteur susceptible d'attiser les tensions, a- t-il insisté. La Fédération de Russie est très préoccupée par les problèmes qui perdurent en Afrique. Elle partage le point de vue et les conclusions de Mme Ogata. La situation dans de nombreux pays où l'action militaire a provoqué de grands déplacements de population exige une action efficace de la communauté internationale, a-t-il dit.
Le représentant s'est félicité de l'attention qu'accorde le HCR dans l'espace postsoviétique, en particulier dans le cadre de la Conférence sur les problèmes de réfugiés dans la Communauté d'Etats indépendants (CEI). Cette Conférence a permis de faire comprendre à la communauté internationale la gravité des migrations dans la CEI. La Fédération de Russie espère que l'Accord conclu en juin dernier sur la prorogation du programme au-delà de l'an 2000 sera mis en oeuvre en vue de résoudre l'un des problèmes humanitaires les plus graves.
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Le représentant a ensuite évoqué la situation au Kosovo qui est toujours préoccupante. Il a déploré le fait que certains progrès récents, en ce qui concerne le rapatriement, aient été diminués considérablement par une nouvelle crise humanitaire. La population non albanaise continue de quitter en masse le Kosovo. Le nombre de nouveaux réfugiés dépasserait les 100.000, a-t-il dit. Ces personnes fuient la violence des Albanais et en particulier de l'Armée de libération du Kosovo qui chasse ouvertement la population non albanaise du Kosovo. La tragédie récente de Gracko illustre encore une fois cette tendance dangereuse. La communauté internationale doit octroyer une aide adéquate à ces nouveaux réfugiés. Une politique de deux poids deux mesures serait inacceptable, de même que l'octroi d'une aide au relèvement du Kosovo alors que la Serbie en serait privée. La création de conditions propices au retour des réfugiés dans la région est directement liée à l'action de la communauté internationale, a encore souligné le représentant, en insistant sur la démilitarisation complète de l'Armée de libération du Kosovo. Tout délai à cet égard pourrait avoir des conséquences graves, a-t-il averti. Il a émis l'espoir que les recommandations formulées par le Haut Commissaire seront prises en compte afin qu'une solution soit trouvée rapidement au problème des nombreux réfugiés et personnes déplacées dans le monde.
M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) a déclaré que son pays remercie le Conseil et Mme Ogata de mettre aujourd'hui l'accent sur la situation des réfugiés en Afrique, qui ne devrait pas être occultée par ce qui se passe au Kosovo. Les Pays-Bas soutiennent les actions du HCR, et sont prêts à fournir leur part des ressources nécessaires à la poursuite des efforts de secours humanitaires déployés en Angola. Nous estimons, d'autre part, qu'un effort devrait être fait par les institutions de Bretton Woods pour mettre en place un programme intégré de redressement en faveur du Rwanda. Nous demandons également au HCR et aux autres organismes des Nations Unies compétents, de nous faire connaître de manière plus précise l'évolution de la situation sur le terrain en République démocratique du Congo. Et, pour finir, nous aimerions, en ce qui concerne la Sierra Leone, dire que l'amnistie générale accordée aux violateurs des droits de l'homme nous semble remettre en question les principes de justice et de non impunité qui doivent être une des règles de base de la résolution des conflits et de la reconstruction.
M. DAVID RICHMOND (Royaume-Uni) a rappelé que son pays soutient fermement l'action du HCR, auquel il a encore octroyé 10,5 millions de dollars en mars dernier. Evoquant l'Accord de Lomé, le représentant a demandé si le HCR avait déjà des projets pour aider les réfugiés qui se trouvent en Guinée et ailleurs à rentrer en Sierra Leone. En ce qui concerne l'Accord de Lusaka relatif à la situation en République démocratique du Congo, il a souhaité recevoir des précisions sur la reprise du rapatriement des réfugiés rwandais. A cet égard, il a demandé plus précisément si le HCR prévoyait des problèmes en ce qui concerne les Interhamwe et les membres des ex-Forces armées rwandaises.
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M. FERNANDA ENRIQUE PETRELLA (Argentine) a estimé que le Conseil de sécurité devait accorder la plus grande attention aux aspects humanitaires des conflits. Pour trouver une solution aux conflits, il faut agir au niveau de tout le système et sur plusieurs fronts pour s'attaquer à la fois à leurs causes économiques et politiques. Les conflits en Afrique ne diffèrent guère des conflits dans d'autres régions du monde et se nourrissent comme ailleurs d'une situation économique précaire et de la faiblesse des gouvernements. Si l'on veut encourager les investissements dans ces pays, il faut établir auparavant un cadre politique qui permette d'en assurer la meilleure utilisation. Les tâches à accomplir sont énormes et les chiffres éloquents. Les accords de Lomé et de Lusaka ouvrent des possibilités importantes, et il importe d'examiner dès à présent la manière dont le Conseil peut collaborer avec le HCR dans le rapatriement des réfugiés.
De l'avis de l'Argentine, les activités visant à la prévention des crises humanitaires pourraient être encadrées par des activités plus larges de maintien et de construction de la paix. Le Conseil peut continuer de surveiller la façon dont sont mis en oeuvre les accords de paix. Car les liens entre les conflits mal résolus, les crises humanitaires et le sous- développement sont à l'origine de la reprise des conflits. D'autre part, le personnel humanitaire doit bénéficier d'une plus grande sécurité. L'Argentine appelle les gouvernements et les parties en conflit à respecter le droit et les normes internationales pertinentes à cet égard. Les parties au conflit devraient reconnaître que le respect des conventions et normes humanitaires, en matière de droits de l'homme et dans le domaine de économique, représentent le premier pas pour montrer à la communauté internationale et aux donateurs leur véritable engagement vers la paix et leur volonté de construire l'avenir.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a dit que plusieurs des vues présentées aujourd'hui par Mme Ogata, bien qu'ayant déjà été discutées méritent d'être de nouveau entendues et débattues. Si une volonté des dirigeants africains existe en vue de résoudre les conflits qui déchirent le continent, alors la communauté internationale se doit de soutenir leurs efforts. Les fenêtres d'opportunités de résolutions de conflits ne restant pas indéfiniment ouvertes, le Conseil se doit de saisir au bond chaque occasion qui se présente en vue de mettre fin à une guerre civile ou de favoriser la mise en place d'un cessez-le-feu. Notre délégation est prête à soutenir tous les accords de paix et de cessez-le-feu qui se négocient en Afrique, a dit le représentant. Le travail de l'ONU n'a pas toujours connu que des échecs sur ce continent, mais il faut reconnaître que les questions auxquelles fait aujourd'hui face l'Afrique sont plus complexes que par le passé. Cependant, dans le respect de la Charte de l'Organisation, le Conseil se doit d'intervenir en matière de sécurité, partout où le besoin s'en fait sentir. La Malaisie espère que les informations données aujourd'hui par Mme Ogata donneront un nouvel élan au Conseil dans la recherche de solutions efficaces et durables aux questions de conflits internes et de réfugiés en Afrique.
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Réponses aux questions
Répondant aux questions des délégués, Mme SADAKO OGATA a exprimé sa satisfaction devant la reconnaissance de la responsabilité du Conseil en ce qui concerne l'action humanitaire. Le HCR peut accomplir certaines actions sur le terrain, a-t-elle dit, notamment en ce qui concerne la distribution de l'aide humanitaire et le maintien du caractère purement civil des camps de réfugiés. Nous avons aussi mené des actions de formation de la police locale dans le traitement des afflux de réfugiés, en vue d'éviter que les personnes déplacés ne s'auto-organisent pour maintenir elles-mêmes l'ordre dans les camps, ce qui pourrait favoriser les infiltrations d'éléments armés. Nous aimerions cependant recevoir une aide substantielle sur cette question, de la part des donateurs, pour que les camps de réfugiés restent des endroits purement civils et que ne se répètent certaines erreurs du passé. Nous avons aussi besoin que plus de ressources soient fournies aux forces de maintien de paix régionales comme l'ECOMOG, qui manquent parfois de logistiques et de moyens financiers pour aller au bout de leurs tâches. Le HCR espère aussi que la coopération entre l'ONU et l'OUA sera renforcée, en vue de mettre en place, en Afrique, des normes vraiment universelles de secours humanitaire et de résolution des conflits. D'autre part, se pose avec acuité la question de l'accueil des réfugiés dans les pays limitrophes des zones en conflit; ces pays ne devraient pas se voir déstabilisés du seul fait qu'ils ouvrent leurs frontières aux personnes fuyant les zones de combats. Concernant la question des couloirs humanitaires, l'efficacité de leur fonctionnement dépend essentiellement des parties en conflit, qui peuvent être seules garantes des conditions de sécurité. Quant à la question des ressources, nous demeurons dans une situation assez critique, la plupart des programmes restant à l'heure actuelle sous-financés. La consolidation de la paix dépend aussi des fonds que l'on reçoit, et nous aimerions que cela soit bien entendu, car la question de la pauvreté joue un rôle crucial dans les situations de conflit qui prévalent en Afrique. Parlant de la Sierra Leone, le représentant du HCR s'est rendu dans la plupart des zones du pays, y compris celles contrôlées par les rebelles, et nous pensons qu'il n'y aura pas à première vue, de retour massif de réfugiés dans leur zone d'origine comme ce qui s'observe au Kosovo. Quant à la question de l'amnistie accordée aux coupables de violations des droits de l'homme dans ce pays, c'est un problème qui a été traité de manière bilatérale entre les deux parties en conflit et le HCR n'y a pas eu un mot à dire.
En République du Congo (Brazzaville), nous négocions en ce moment en vue de créer deux zones d'accueil des réfugiés, où les populations déplacées pourraient s'installer et se consacrer à des activités productives comme l'agriculture, a indiqué Mme Ogata. Ceci permettrait d'éloigner de la tentation du combat un nombre appréciable de personnes. Au Gabon, nous allons voir quelles mesures mettre en place pour l'accueil des enfants soldats. On trouve aussi des enfants soldats parmi les réfugiés qui viennent de République démocratique du Congo en République centrafricaine. Mais leur prise en charge n'est pas vraiment du ressort du HCR, qui n'a pas les moyens et les compétences requis pour leur rééducation et leur réintégration sociale. Une collaboration doit donc se développer, sur cette question, avec d'autres institutions.
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