LE COMITE DE LA DECOLONISATION SE FELICITE DU COURS DU PROCESSUS D'AUTODETERMINATION AUX TOKELAOU ET ENTEND DES PETITIONNAIRES DE GUAM

29 juin 1999


Communiqué de Presse


LE COMITE DE LA DECOLONISATION SE FELICITE DU COURS DU PROCESSUS D'AUTODETERMINATION AUX TOKELAOU ET ENTEND DES PETITIONNAIRES DE GUAM

19990629 Le Comité spécial chargé d'étudier la situation en ce qui concerne l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a pris note du fait qu'un gouvernement national élu au suffrage universel dans le cadre d'élections villageoises a pris ses fonctions en 1999 aux Tokélaou, aux termes d'une résolution sur ce territoire adoptée ce matin. Le Comité spécial a également noté que le Gouvernement néo-zélandais a pris des mesures législatives pour transférer la responsabilité de la fonction publique tokélaouane du Commissaire des services de l'Etat néo-zélandais aux Tokélaou. Il s'est aussi félicité de la déclaration sur la coopération entre la Nouvelle-Zélande et les Tokélaou concernant l'aide publique au développement, qui fixe les grandes lignes et la structure générale de l'aide publique au développement qu'apportera la Nouvelle-Zélande aux Tokélaou.

Avant l'adoption de cette résolution, le Comité spécial avait entendu l'Ulu o Tokélaou, autorité suprême des Tokélaou, et l'Administrateur des Tokélaou faire part du souhait des Tokélaouans de s'acheminer à leur propre rythme vers un acte d'autodétermination et de définir leur propre développement constitutionnel en tenant compte des particularités de leurs traditions et de leur environnement. Les membres du Comité spécial se sont particulièrement félicités des relations de coopération et de collaboration entre le territoire et la Puissance administrante dont, ont-ils dit, le Comité doit s'inspirer dans l'examen des autres territoires non autonomes.

Dans le cadre de l'examen de la situation à Guam, le Comité spécial a entendu le Gouverneur de Guam et le Vice-Président de la Commission de la décolonisation de Guam. Ces deux intervenants ont souligné qu'à l'heure actuelle Guam ne peut être décrit comme un territoire non autonome mais "comme une propriété du Gouvernement américain". Ils ont également indiqué que le référendum d'autodétermination prévu en décembre 1999 serait sans doute reporté. Les Chamorro - décrits par la loi organique comme toute personne présente à Guam avant 1950, et ce, quelle que soit son origine - seraient automatiquement habilités à participer au scrutin. D'après les intervenants, le peuple chamorro n'est donc pas une entité raciale mais un concept politique. Les interventions ont donné lieu à un échange de vues avec les délégations.

Le Comité spécial poursuivra ses travaux jeudi 1er juillet à 15 heures pour examiner la question des îles Falklands (Malvinas).

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Examen des questions des territoires non autonomes

Guam

M. CARL T.C. GUTIERREZ, Gouverneur de Guam, a rappelé que l'année dernière, l'audition de pétitionnaires de Guam a été essentielle au processus du Comité spécial. Il ainsi souligné qu'à cette époque, la Puissance administrante - les Etats-Unis - avait tenté de mettre fin aux discussions tripartites et d'encourager les Nations Unies à agir sans refléter pleinement les points de vue du peuple de Guam. Finalement, et parce que les membres du Comité spécial avaient insisté sur la nécessité d'entendre les pétitionnaires de Guam, une approche plus équilibre et plus durable a pu s'instaurer. Les consultations avec le peuple des territoires non autonomes, a poursuivi le Gouverneur, sont des éléments vitaux à la mise en place d'un processus de décolonisation équitable et durable. Il n'existe pas, a-t-il insisté, d'alternative aux points de vue des populations concernées, lorsqu'il s'agit en particulier de prendre une décision sur leur avenir. L'objectif majeur du Comité spécial doit donc être la réalisation d'une pleine autonomie, et le retrait d'un territoire de la liste des territoires non autonomes, sans l'instauration d'une autonomie, laisserait certains territoires dans un perpétuel statut colonial.

Pour le Gouverneur, la perspective d'une pleine autonomie ne pourra s'éclaircir que si le peuple des territoires non autonomes deviennent les égaux des Puissances administrantes ou égaux dans le système politique des Puissances administrantes. L'indépendance, qui est peut-être la forme la plus évidente de décolonisation n'est pas la seule forme d'autonomie qui établit un statut égal, a estimé le Gouverneur. Il a défendu son point de vue en expliquant que la pleine intégration d'un territoire dans le système politique d'une Puissance administrante constitue également une forme de pleine autonomie. Quelque part entre l'indépendance et l'intégration, il existe aussi le statut égal de souveraineté partagée ou de libre association, a dit le Gouverneur en ajoutant " notre loi reconnait ces trois formes de statut, notre statut actuel ne correspond à aucune d'entre elles".

Le Gouverneur a aussi plaidé pour que le Comité spécial permette un accès plus large des peuples des territoires non autonomes aux instruments de droit international et au système des Nations Unies. Il a cité pour exemple l'accès à la Cour international de justice qui, a-t-il estimé, permettrait au Comité spécial et aux Nations Unies de disposer d'opinions de juristes spécialisés. Enfin, le Gouverneur a réitéré sa proposition d'accueillir à Guam le prochain Séminaire régional du Comité spécial en l'an 2000. Cela permettrait au Comité, a-t-il dit, de visiter l'île et de collecter de informations de première main sur les voeux de la population.

Commentant la déclaration du Gouverneur de Guam, le représentant de la Côte d'Ivoire a relevé une "contradiction" entre les dires du Gouverneur et ceux de la Puissance administrante. Cette dernière décrit en effet le statut territoire comme celui d'une autonomie alors que le Gouverneur affirme le

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contraire. Pour le représentant de la Côte d'Ivoire, ce type de contradictions montrent à suffisance l'importance qu'il y a à consulter directement les populations des territoire non autonomes. Quant à l'invitation lancée au Comité spécial à tenir son prochain Séminaire régional à Guam, le représentant a demandé si la Puissance administrante en est informée et en cas de refus, s'il est possible de passer outre à sa décision. A cette question, le Gouverneur de Guam a répondu que la Puissance administrante entend pour la première fois cette proposition, en ajoutant que les Etats-Unis ne pourraient s'opposer à la tenue du Séminaire à Guam. A l'instar du Représentant de la Côte d'Ivoire, le Représentant de la Papouasie- Nouvelle-Guinée a relevé le "statut de territoire non autonome de Guam" décrit par le Gouverneur. Il a donc estimé que dans ce contexte, il faut prendre très sérieux le Séminaire de l'an 2000 à Guam, qui permettra aux délégations de visiter le territoire et d'obtenir des informations concernant les gens ordinaires. Intervenant également, le représentant de la Tanzanie est revenu sur la question de l'accès à la Cour internationale de Justice. Rappelant que seuls les Etats peuvent saisir la Cour il a demandé si la requête du Gouverneur signifie que le territoire prétend au statut d'Etat et donc à l'indépendance entière et totale. Le peuple de Guam ne s'est pas encore prononcé, a dit le Gouverneur en ajoutant que les précédents référendum ont montré sa préférence pour une option qui lui permettrait d'intervenir dans la gestion du territoire par la Puissance administrante. L'accès à la Cour internationale de justice, a-t-il dit, constituerait une procédure de dernier recours au cas où la Puissance administrante et le Comité étaient dans l'impossibilité de faire respecter les voeux de la population qui doit se prononcer une nouvelle fois à la fin de cette année ou au début de l'année prochaine.

Le représentant de la Côte d'Ivoire a repris la parole pour s'informer sur la situation du peuple chamorro. Il a demandé l'avis du Gouverneur sur l'assertion de la Puissance administrante selon laquelle "la constitution américaine ne permet aucune discrimination et interdit donc de mettre l'accent ou de privilégier un groupe ethnique particulier". Qu'en est-il de la politique d'immigration qui a tendance à réduire le pourcentage de la population chamorro qui se chiffre tout de même à 47%, s'est interrogé le représentant. Répondant à la question de l'immigration le Gouverneur a répondu qu'un dialogue est engagé avec la Puissance administrante sur l'élaboration d'une politique propre à "ce petit territoire disposant de ressources limitées". Il s'agira donc d'atténuer les conséquences négatives du phénomène de l'immigration, a ajouté le Gouverneur. Répondant à la première question de la Côte d'Ivoire, qui a été appuyé par le Chili, le Gouverneur a indiqué que la loi organique définit les chamorro comme le peuple qui était présent sur le territoire avant 1950, et ce quelle que soit leur origine. Ce sont donc eux qui seront habilités à voter lors du scrutin.

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Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a aussi repris la parole pour demander comment se déroule le processus double engagé au Congrès américaine pour ce qui est du statut de libre association de Guam avec les Etats-Unis. Les actions et le dialogue se poursuivent, a répondu le Gouverneur.

Le représentant de la Tanzanie a lui demandé quel est le degré du problème de la propriété foncière et quelles sont les mesures qui ont été prises pour rendre leurs terres aux propriétaires originaux. Le Gouverneur a rappelé, à cet égard, que peu de temps après la deuxième guerre, Guam a perdu un tiers de la surface de l'île à des fins militaires. Il a fallu deux à trois décennies avant que les conditions en soient réunies pour le retour des terres à leurs propriétaires. Aujourd'hui, il faut espérer un processus plus rapide de récupération des terres dont les Etats-Unis n'ont plus besoin.

Le Président du Comité spécial a clos la série de question en souhaitant des informations sur le statut des immigrants. La question de l'immigration est un problème important à Guam, a dit le Gouverneur en illustrant ces propos par le fait qu'au cours du mois dernier, l'île a accueilli 600 Chinois. Dans l'attente du règlement de leur cas par le système juridique américain, Guam prend en charge tous les frais. Il est donc facile de comprendre que l'immigration a un impact négatif sur les ressources financières de Guam. Ce problème est d'autant plus important qu'il pourrait également avoir un impact sur les résultats d'un éventuel scrutin a précisé le représentant de la Syrie.

M. RONALD RIVERA, Vice-Président de la Commission de la décolonisation de Guam, a déclaré que le souhait d'autonomie n'est pas nouveau pour le peuple de Guam. Cela fait plusieurs décennies qu'il recherche l'autodétermination à l'intérieur du cadre constitutionnel de la Puissance administrante. A moins que Guam ne soit pleinement intégré dans le système de la Puissance administrante, le système constitutionnel américain continuera à considérer Guam comme une possession légale des Etats-Unis. D'après le système constitutionnelle de la Puissance administrante, Guam est la propriété du Gouvernement américain. Des initiatives pour permettre un processus d'autodétermination du peuple de Guam ont été prises. Malheureusement, après 13 ans de demandes faites par le peuple de Guam d'engager un processus de décolonisation, Guam n'est toujours pas autonome. Du point de vue de la Puissance administrante, Guam n'est toujours pas sur la voie d'un gouvernement autonome. Le processus d'un territoire non autonome demandant l'autonomie exige les efforts de plus d'une partie. Pour permettre un gouvernement autonome dans une situation coloniale, il faut que la puissance administrante essaie activement de décoloniser. L'autonomie ne se passe pas spontanément à la suite d'un accord. Il faut passer d'un statut de sujet à un statut d'égalité. Le Comité doit continuer à aider les peuples coloniaux à se placer sur un terrain d'égalité. Pour établir le statut de Guam il faut voir comment les cours des Etats-Unis ont interprété la Constitution américaine et ont permis que des actions non démocratiques soient commises par les organes exécutifs et législatifs de la Puissance administrante. La Puissance administrante considère légalement Guam comme propriété des Etats-Unis mais

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non partie des Etats-Unis bien qu'elles lui appliquent ses lois. Guam est une propriété de la Puissance administrante. Le Constitution de la Puissance administrante s'applique à Guam. Ce problème ne peut simplement être mis de côté comme étant une question interne. Il est exprimé dans de nombreuses conventions internationales. L'appropriation des terres et des ressources marines d'un territoire non autonome est un anathème pour le rôle responsable d'une puissance administrante.

Les lois de la Puissance administrante ont continué à saper le processus d'autonomie à Guam. La Puissance n'a toujours pas reconnu ce processus en dépit des appels répétés des autorités de Guam. La situation dans laquelle on est est pire que celle qui existait il y a plus de dix ans. En novembre dernier, M. Gutierrez a été réélu. Le concurrent du Gouverneur a demandé d'annuler l'élection. Les Etats-Unis ont déterminé qu'il fallait une nouvelle élection. Cela a conduit à un profond déséquilibre à Guam et n'a pas permis qu'il puisse y avoir une réconciliation entre les partis adverses. La Puissance administrante a le pouvoir d'annuler les élections et de nommer le Gouverneur de Guam. C'est le type d'autonomie que l'on a à Guam. Le système d'immigration légale de la Puissance administrante est en train de changer rapidement la démographie de Guam. Guam a demandé en 1987 de limiter l'immigration à Guam, notamment en mettant fin au statut de l'île comme lieu d'entrée aux Etats-Unis pour des raisons de naturalisation, pour empêcher une catastrophe démographique. Les Etats-Unis ne se sont pas prononcé sur cette question. De nombreux résidents de Guam sont devenus citoyens américains. La Puissance administrante conduit une politique d'assimilation par rapport au peuple de Guam. C'est à cause d'une situation comme celle là que les Nations Unies ont élaboré des principes directeurs afin d'empêcher l'immigration de colons qui peut constituer un obstacle majeur à l'autodétermination du peuple.

L'immigration illégale représente la moitié du nombre de celle admise légalement par les lois de la Puissance administrante. Les problèmes provenant de l'immigration et de l'arrivée de personnes liées à des activités criminelles ont des impacts négatifs sur la démographie et sur l'économie de Guam. Les effets de l'application des lois de la Puissance administrante viennent saper le processus de l'autonomie du peuple de Guam. Guam a demandé l'appui du Comité pour que de nouvelles mesures qui iront au delà des mots puissent être prises. Guam continue à figurer sur la liste des territoires non autonome à cause d'une Puissance administrante récalcitrante. La décolonisation demande l'engagement des colons et de la métropole. La Puissance administrante peut aller très loin pour rendre plus difficile le processus d'autodétermination. Il faut une approche responsable de la puissance administrante. La Charte parle du droit à l'autodétermination. Des décennies de résolutions n'ont pas été suffisantes pour encourager la décolonisation. On n'arrivera pas à éradiquer le colonialisme si les puissances administrateurs continuent à dicter les règles. L'ONU doit prendre de nouvelles mesures pour renforcer la capacité des territoires de faire valoir leurs droits. Le Comité doit continuer à défendre le droit fondamental des territoires non autonomes à l'autodétermination.

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Le représentant de la Côte d'Ivoire a souligné l'importance du point soulevé par M. Rivera en ce qui concerne l'absolue égalité qui doit exister entre les citoyens de la Métropole et les habitants des territoires à associer ou à intégrer. Les puissances administrateurs donnent l'impression que le statut des habitants des territoires est réglé. Guam n'est qu'un département d'outremer. Les habitants de Guam sont considérés comme des nationaux mais n'ont pas les mêmes droits que les citoyens américains. Le Comité doit rester vigilant pour ne pas atténuer le contenu de ses résolutions et prendre véritablement en compte les demandes des populations des territoires non autonomes.

Le représentant de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a évoqué le fait que le Gouvernement américain pouvait rejeter des lois adoptées par l'assemblée territoriale. Il a estimé que le processus entamé à Washington progresse et permettra de résoudre certaines difficultés qui viennent d'être évoquées. La Puissance administrante a un grand rôle à jouer. Elle devrait, en tant que plus grande démocratie du monde, pouvoir faire avancer le processus d'autodétermination.

M. RIVERA a évoqué les difficultés juridiques rencontrées avec la dernière élection du Gouverneur de Guam. Le statut de Guam est marqué par l'absence d'autonomie. Tout pouvoir exécutif et législatif américain peut prendre des décisions qui affectent le territoire de Guam et peuvent notamment perturber une élection démocratique. Cela fait douze ans que la loi régissant les relations entre les Etats-Unis et Guam est dans les limbes. Le rapport entre la Puissance administrante et Guam n'est pas vraiment régi par le souci de défendre l'autonomie de Guam mais plutôt les intérêts économiques des Etats-Unis.

Pour sa part, le Gouverneur de Guam a précisé que la population de Guam ne peut voter aux élections présidentielles ou pour le Congrès. Guam n'a pas de Constitution propre et est entièrement gérée par la Puissance administrante. Les citoyens de Guam peuvent élire leur Gouverneur mais la loi fédérale américaine peut révoquer le Gouverneur sans que le peuple ait son mot à dire. Le Gouverneur a déclaré qu'il est question de retarder la date du référendum prévu pour le 12 décembre. Il a espéré qu'à l'issue de celui-ci on pourra vraiment établir les aspirations du peuple de Guam. L'afflux systématique d'immigrants a un effet sur la situation du territoire de Guam. Les Chamorros ne sont pas un groupe racial mais est un concept politique.

Le représentant de la Tanzanie a demandé des précisions en ce qui concerne les modifications démographiques à Guam. Peut-on recenser les chamorros en vue du référendum? Le représentant de la Papouasie Nouvelle Guinée a demandé si la Puissance administrante coopère au recensement. Celui- ci est-il ouvert à une vérification par des observateurs de la transparence du processus du référendum. Le Gouverneur de Guam a déclaré que le système de recensement mis en place est extrêmement honnête. Les personnes recensées doivent fournir un certificat de naissance et prouver une ascendance chamorro ou guamienne. D'importants efforts sont faits pour que des erreurs

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administratives ou des incompétences n'entachent pas le processus. La Puissance administrante devrait inviter des représentants du Comité à venir vérifier la transparence du référendum.

Le représentant de Cuba a demandé des informations sur ce qui se passe actuellement au Congrès américain au sujet de Guam. Quelles sont les positions des républicains et des démocrates sur Guam? Le représentant de la Côte d'Ivoire a également demandé à avoir davantage d'information sur l'attitude des républicains ou démocrates au Congrès américain au sujet de la décolonisation de Guam. L'élection du Gouverneur a été contestée. Le Gouverneur de Guam continue-t-il actuellement à avoir les pouvoirs qui lui reviennent ou alors est-il dans une position différente. En ce qui concerne l'immigration, le territoire de Guam a-t-il reçu des réfugiés du Kosovo? Le représentant du Chili a déclaré que l'immigration est un sujet préoccupant. Quelle sera la situation de la population qui n'est pas chamorro d'après le plan de décolonisation? Le représentant a déclaré qu'il aimerait savoir si les partis républicain et démocrate représentent la population Chamorro.

Le Gouverneur a précisé que Guam dépend du Ministère de l'intérieur qui n'est pas le ministère le plus élevé en grade. La situation à Guam est déterminée par des fonctionnaires de niveau moyen. En ce qui concerne l'élection du Gouverneur, la loi précise que l'ancien Gouverneur restera en place jusqu'à ce qu'il y ait un nouveau gouverneur. On a pensé à Guam pour accueillir les réfugiés kosovars. Cependant ce projet n'a pas été mené jusqu'au bout. Le Gouverneur a précisé que seuls les Chamorros auront le droit de voter dans l'élection. Les autres groupes ethniques ne sont pas laissés de côté. Il y a des procédures pour permettre à la population de savoir si elle vote ou non et pourquoi. Il y a deux partis à Guam. Chacun est affilié au parti républicain ou démocrate des Etats-Unis.

Le représentant de Cuba a demandé au représentant de Guam si les forces armées des Etats-Unis se sont lancés dans un processus de réduction de leurs forces armées. Peut-on avoir des explications sur les installations militaires à Guam? Ont-elles souffert des réductions des forces armées américaines? Y a -t-il eu des retombées négatives sur l'économie de Guam du fait de ces réductions? Le Gouverneur de Guam a précisé que Guam a été frappé par la fermeture des bases militaires. La plupart des installations dans le port de Guam ont été fermées. Les chantiers navals ont été fermés. Plus de 10% du marché du travail a disparu. Les restrictions budgétaires ont énormément touché Guam. Guam fait des efforts pour diversifier son économie et développer son tourisme.

Question des Tokélaou

Adoption de résolution sur la question des Tokélaou (A/C.109/1999/L.7)

Aux termes de la résolution, adoptée sans vote, le Comité spécial note le souhait exprimé par les Tokélaou de s'acheminer à leur propre rythme vers un acte d'autodétermination. Il note en outre qu'un gouvernement national élu

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au suffrage universel des adultes dans le cadre d'élections villageoises a pris ses fonctions en 1999. Il félicite les Tokélaou de chercher à définir leur propre développement constitutionnel en tenant compte des particularités de leurs traditions et de leur environnement. Le Comité spécial les félicite également de leurs initiatives et des efforts qu'elles déploient pour établir, sur la base d'une large consultation de la population, une véritable "chambre des Tokélaou", reconnaissant le rôle du village en tant qu'élément fondamental de la société tokélaouane. Il note que, répondant au désir des Tokélaouans, le Gouvernement néo-zélandais a pris des mesures législatives pour transférer la responsabilité de la fonction publique tokélaouane du Commissaire des services de l'Etat néo-zélandais aux Tokélaou, le calendrier de passation devant être fixé d'un commun accord lorsque les Tokélaou auront arrêté le cadre d'emploi local qui conviendra.

Le Comité spécial reconnait la nécessité de donner de nouvelles assurances aux Tokélaou, les ressources locales n'étant pas suffisantes pour faire face à la dimension matérielle de l'autodétermination, et l'obligation à laquelle restent tenus les partenaires extérieurs des Tokélaou de les aider à concilier au mieux leur volonté d'autosuffisance et leur besoin d'aide extérieure. Le Comité spécial accueille avec satisfaction les assurances données par le Gouvernement néo-zélandais qu'il honorera ses obligations envers l'Organisation des Nations Unies en ce qui concerne les Tokélaou et respectera les voeux librement exprimés du peuple tokélaouan pour ce qui est de son statut futur. Le Comité se félicite de la déclaration sur la coopération entre la Nouvelle-Zélande et les Tokélaou concernant l'aide publique au développement, qui fixe les grandes lignes et la structure générale de l'aide publique au développement qu'apportera la Nouvelle-Zélande aux Tokélaou, le but étant de mieux répondre aux nouveaux besoins en matière de développement et d'administration publique, sur le moyen terme. Le Comité invite la Puissance administrante et les organismes des Nations Unies à continuer de prêter assistance aux Tokélaou, tandis qu'elles développeront leur économie et perfectionneront leur structure administrative dans le cadre de l'évolution constitutionnelle en cours.

Déclarations

Le ULU O TOKELAU, autorité suprême des Tokélaou, a rappelé que, en 1993, un nouveau chapitre de la population des Tokélaou s'est ouvert. Les Tokélaou ont progressivement reçu des fonctions et des pouvoirs qui étaient auparavant exercés par le Gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Il faut continuer à construire de nouvelles structures pour répondre aux besoins de gouvernance des villages et de la nation. Ceci est un aspect essentiel de son autodétermination. Il reste beaucoup à faire. Les Tokélaou sont engagés à aller de l'avant car cela fait partie d'une démarche pour savoir qui ils sont, ce qu'ils sont et quelle direction ils veulent prendre. Cette année est la première année de notre troisième gouvernement. Ses membres ont été élu pour une période de trois ans. Cette année, la Nouvelle-Zélande a accepté de terminer son contrôle du service publique national et a restitué aux autorités des Tokélaou la gestion des affaires des villages. Cette année a vu s'établir

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des systèmes au niveaux des villages et de la nation pour contrôler les fonctions publiques. Cette année est également la première année d'un plan de financement à long terme entre les Tokélaou et la Nouvelle-Zélande. Une importante partie de ce plan est la création d'un fonds d'affectation spécial permettant aux Tokéalaou de se rapprocher du but qu'elles se sont fixé, à savoir une plus grande autonomie économique. La Constitution est un élément central pour permettre de placer les structures gouvernementales nationales dans le contexte des villages. Grâce à l'aide du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les Tokélaou se sont engagés dans des activités économiques visant à développer durablement et à long terme le pays. Cette année est une année charnière du fait que l'on met en place les postes centraux de la "Modern House of Tokélaou".

Les Tokélaou ont plus que jamais besoin de l'aide du Comité, maintenant et au delà de l'an 2000. Ils ont aussi besoin du soutien du Gouvernement de la Nouvelle-Zélande. Ce soutien doit être guidé par les souhaits du Conseil des anciens et des habitants des Tokélaou. La continuité est essentielle dans la phase actuelle. Le chemin conduisant à la décolonisation est nouveau pour les Tokélaou et à chaque tournant ils s'aperçoivent qu'ils ont de nouveaux problèmes à résoudre et de nouvelles ressources à trouver. Ce n'est pas un chemin que la tradition a enseigné au peuple des Tokélaou et les habitudes de 50 à 100 ans de colonialisme sont difficiles à laisser de côté. Les Tokélaou ont besoin de l'aide des Nations Unies et du Gouvernement de la Nouvelle- Zélande. Il faut une concertation et une action concertée entre les trois partenaires sans quoi l'autodétermination restera un rêve. En ce qui concerne les options pour le statut politique des Tokélaou, les Tokélaou ont exprimé en 1994 une préférence pour le statut d'association libre avec la Nouvelle- Zélande. La préférence pour l'association libre ne signifie pas que les Tokélaou rejette la possibilité de décider de choisir une autre option comme celle de l'intégration. Les Tokélaou aimeraient avoir davantage d'information sur ce que signifiera pour elles l'option de l'intégration par rapport à l'option d'association libre.

M. LINDSAY WATT, Administrateur des Tokélaou, a estimé que l'histoire de Tokélaou prouve la manière dont les Nations Unies, un territoire non autonome et une puissance administrante peuvent joindre leur efforts pour ajouter quelques notes bien venues à la "symphonie inachevée de la décolonisation" pour reprendre les mots du représentant de Sainte-Lucie lors du dernier Séminaire régional du Comité spécial. La preuve ainsi apportée est encore plus pertinente lorsque l'on considère qu'il n'y a pas si longtemps, les témoins extérieurs, dont les Nations Unies, par le biais de leurs missions de visite de 1976 et de 1986, auraient pu penser qu'ils voyaient aux Tokélaou le spectre d'un territoire condamné à " la colonie à perpétuité", a ajouté l'Administrateur en reprenant, une nouvelle fois, les propos du représentant de Sainte-Lucie. Aujourd'hui, a-t-il poursuivi, les caractéristiques uniques des Tokélaou ont montré que les arrangements relatifs au gouvernement n'ont eu qu'un impact minime sur la vie quotidienne de la population. La raison en est que pour cette population, la seule réalité gouvernementale et culturelle demeure le village. Dans ce contexte, le mode d'administration centralisé

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contrôlant le pouvoir est vu comme contraire à la tradition de Tokélaou. Ceci explique pourquoi les concepts d'autonomie et d'autodétermination ont été très longtemps difficiles à appréhender pour la population. Ces concepts, difficiles, par ailleurs, à traduire dans la langue locale, ont été vu très longtemps comme appartenant au monde extérieur, les chefs coutumiers ne les trouvant pas particulièrement pertinents.

Aujourd'hui, a souligné l'Administrateur, les Tokélaou sont sur la voie de l'autodétermination mais compte tenu de leurs caractéristiques spécifiques, elles ne sont peut-être pas tout à fait prêtes à devenir autonomes dans un proche avenir. Le territoire est néanmoins sur la voie de l'autodétermination essentiellement parce qu'il a reconnu qu'un siècle où les contacts avec le monde extérieur se multiplient a fait naître des besoins nouveaux et que les moyens et codes traditionnels ne permettent plus des modes de vie productifs et durables. La population a donc accepté l'idée d'une capacité de gouvernement à l'échelle nationale et de la modernisation des structures des trois villages. Conformément à la volonté de la Nouvelle-Zélande de respecter les voeux de la population pour une plus grande autonomie, il est prévu que la responsabilité du service public des Tokélaou soit confié au territoire d'ici au 30 juin 2000. Cette année déjà, les Tokélaou ont expérimenté une nouvelle ère politique puisque pour la première fois le Fono général a été élu démocratiquement. Ainsi chaque village a pu élire six délégués pour un mandat de trois ans.

Expliquant pourquoi les Tokélaou ne sont toujours pas prêtes à l'autodétermination, l'Administrateur a souligné que les raisons trouvent leur source dans la culture et l'histoire du territoire. Il ainsi souligné qu'il existe toujours un risque lorsqu'une société évolue en s'éloignant des traditions. Par exemple, les coutumes sont le coeur du système, mais la population réalise aujourd'hui que les lois et les pratiques fondées sur la coutume ne sont plus suffisantes. Le défi consiste donc à élaborer des règles et pratiques qui peuvent être à la fois comprises et respectées par la population mais aussi reconnues comme conformes aux principes de la communauté internationale. Les Tokélaou, a souligné l'Administrateur font de leur mieux. Le territoire a renoncé à emprunter les "habits constitutionnels" des autres et a préféré forger ses propres arrangements gouvernementaux et constitutionnels en fonction de ses besoins et de sa tradition tout en cherchant à établir un bon équilibre entre la tradition et l'extérieur.

Le représentant de la Côte d'Ivoire, saluant le travail effectué par le Puissance administrante aux Tokélaou pour une assurer une transition harmonieuse, a relevé néanmoins relevé une certaine condescendance dans les propos de l'Administrateur des Tokélaou lorsqu'il affirme que le peuple n'est pas encore prêt à l'autodétermination. La clé du problème, a souligné le représentant, se trouve dans l'éducation politique. Il revient à la puissance administrante de faire savoir à la population qu'il existe d'autres statuts que la décolonisation. Commentant ces propos, l'Ulu o Tokélaou a rappelé qu'avant la première mission de visite des Nations Unies en 1976, le peuple des Tokélaou n'avait jamais pensé à l'autodétermination. Aujourd'hui, il a

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opté pour une démarche graduelle et prudente. Pour sa part, le représentant de la Syrie a demandé ce que peut faire le Comité spécial pour faire avancer le processus d'autodétermination des Tokélaou. A cette question, l'Ulu o Tokélaou a jugé nécessaire que les Nations Unies continuent de superviser le processus car parfois "nous sommes pris de court dans nos relations avec la Puissance administrante". Les Nations Unies peuvent donc apporter leur appui, leurs conseils.

Le respect de la culture est une chose importante, a estimé le représentant de la Bolivie, en se félicitant, avec le représentant de Fidji, de la bonne coopération entre la Nouvelle-Zélande et Tokélaou. A la lumière de cette situation, le représentant a demandé que le mot décolonisation soit redéfini puisque manifestement Tokélaou ne peut être décrit comme un territoire exploité, corollaire de la colonie, et la Nouvelle-Zélande comme une puissance coloniale. Les représentants de la Papouasie-Nouvelle-Guinée et du Chili ont également salué "ce très bon exemple de collaboration entre un territoire non autonome et sa Puissance administrante". Le Comité spécial a beaucoup à apprendre de ce type de "relations dignes" ont estimé les délégations. * *** *

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